Azeroth Adventurers' Chronicles
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 Laedera - Retour au Point de Départ

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Laedera
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Laedera


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MessageSujet: Laedera - Retour au Point de Départ   Laedera - Retour au Point de Départ EmptyVen 23 Aoû - 20:44

Laedera - Retour au Point de Départ Screen45

Il n’y a plus rien, le vide absolu. Un froid glacial me pénètre jusqu’aux os, mais je ne peux même pas bouger pour tenter de me réchauffer. Je flotte dans une mer de ténèbres, intangible. Je sens des présences, oppressantes, effrayantes, mais ne peux les voir. J’ai commis la plus grosse erreur de ma vie, qui doit bien être finie vu ce qui m’entoure. Je ne m’attendais pas à me trouver dans un petit paradis en mourant, mais pas non plus à ça.
Mes sens s’engourdissent alors, je ne ressens plus rien. Je n’essaie pas d’appeler, car je sais qu’il n’y a personne pour m’entendre et me tirer de là. J’essaie cependant de garder un maximum de conscience, car je refuse de disparaître dans la mort.


***
Je courais à travers la forêt, priant pour qu’il soit encore dans les parages.
Tiens, cette scène me dit quelque chose.
Mon frère avait pris la fuite au matin, avant que je ne m’éveille, tout ça pour ne pas me voir alors que je n’avais plus que quelques heures tout au plus avant que l’on ne doive se séparer. Le connaissant, je savais pourquoi : il se sentait trahi, abandonné par la seule personne qui l’ait jamais aimé. Moi, sa demi-sœur.
Enfin, je le retrouvai au bord de la rivière qui séparait la forêt d’Elwynn en deux, nous étions à la berge sud. Il fixait l’autre côté avec un regard vague, ses yeux bleu saphir vaguement lumineux vides de toute émotion, et son visage doux était déformé par une expression de désarroi émouvante. Combien de temps aurait-il pu rester là si je n’étais pas allée le chercher ? Mon père aurait pu s’en occuper, mais s’il l’avait fait mon frère aurait encore été puni. Comme s’il ne l’était pas déjà assez.
-Elvyr, l’appelai-je doucement.
Il sursauta et se retourna vers moi avec une expression surprise qui se changea en tristesse. Ses oreilles pointues semblèrent s’affaisser doucement, comme pour traduire ses sentiments.
-Salut, murmura-t-il.
-Je suis venue te ramener à la maison. Maman s’inquiète pour toi, et je voulais au moins te dire au revoir…
Il se détourna tandis qu’il se relevait. Je le vis tenter d’essuyer discrètement une larme pendant qu’il me tournait le dos, mais dès qu’il me refit face de nouvelles commencèrent à affluer, et il ne put les retenir.
-Bon sang, pourquoi il faut que tu partes aussi vite ? dit-il en essayant de maîtriser son chagrin. On devait aller là-bas ensemble, c’est ce qu’on s’était dit.
-J’aurais bien voulu que tu viennes, répondis-je d’un ton peiné. Mais Maître Harlein n’a pas arrêté de me dire que tu es trop jeune pour l’école.
-Je sais, il me l’a dit aussi.
J’avais beaucoup de peine rien qu’en le voyant. On n’avait qu’un seul parent en commun, mais il était un frère pour moi, je l’aimais autant que mes parents, peut-être même encore plus qu’eux. Quand il était petit, c’était surtout moi qui m’occupais de lui, notre mère avait fini par ne plus pouvoir le regarder sans se rappeler qu’elle avait trahi mon père avec un elfe. Et celui-ci n’avait quasiment aucune affection pour le bâtard qu’il avait accepté de garder par amour pour sa femme, même blessé par sa trahison.
C’était toujours moi qui étais auprès de lui, comme une mère, sauf qu’il s’agissait de mon frère. Même si j’avais deviné très tôt que nous ne partagions pas le même sang, j’étais toujours prête à m’occuper de lui, et il n’avait que moi à Colline-aux-Corbeaux. Nous étions inséparables, on ne trouvait que rarement l’un sans l’autre, et au moindre problème nous nous retrouvions réunis. Ainsi, nous avions partagé le même rêve, celui de partir loin de notre ville natale pour devenir des explorateurs. Ce vœu était apparu quand nous avions découvert -presque en même temps- nos dons pour la magie, et s’était concrétisé au fur et à mesure que nous nous entrainions.
Notre entrainement commun avait porté ses fruits, mais pas comme nous l’escomptions cependant. Deux jours auparavant, un Mage itinérant s’était arrêté à Colline-aux-Corbeaux, et nous lui avions fait une démonstration de nos talents magiques. Il avait l’air vraiment impressionné, ce qui nous avait convaincu que nous n’étions pas loin de la réalisation de notre rêve. Jusqu’à ce qu’il nous fasse part de sa décision, après avoir discuté avec nos parents : seule moi pouvait le suivre à Hurlevent, Elvyr était encore bien trop jeune pour partir aussi loin du foyer familial. Je m’étais insurgée, nous avions supplié, et même mon père et ma mère s’étaient étonnés qu’il ne puisse pas me suivre alors que nous étions du même niveau. Mais l’administration était très stricte à l’époque, et tant que le demi-elfe n’avait pas l’âge requis (que j’atteignais de justesse), il ne pouvait pas intégrer l’école. Finalement, j’avais accepté à contrecœur de partir seule, en espérant que les deux années qui me sépareraient d’Elvyr passeraient vite.

Quelle erreur.
-On se retrouvera vite, ne t’en fais pas, lui dis-je pour tenter de le rassurer.
-Si je ne m’enfuis pas avant, ou pire, répliqua-t-il avec amertume.
-Ne t’en fais pas, je suis certaine que nos parents vont finir par te montrer tout leur amour. Je vais leur demander, en partant.

-Mais c’est de toi dont j’avais besoin ! s’exclama-t-il d’un ton plein de reproche, me surprenant.
Quoi ?
-Oui, qu’est-ce que tu croyais qui allait se passer une fois que tu partirais ? Que le temps allait passer tout seul, qu’il n’arriverait rien, et qu’on se retrouverait dans la joie et la bonne humeur à Hurlevent avant de faire une tournée dans le monde ?
Oui. Et j’avais eu tort, je l’ai amèrement constaté par la suite. Mais pourquoi me parlait-il comme ça, nos adieux ne se sont jamais déroulés ainsi. Nous rentrions à la maison, puis c’était tout.
-Tu nous as tous trahis, Lædera ! poursuivit Elvyr, de plus en plus enragé. Tu as trahi notre rêve en devenant une Démoniste, tu as trahi les nôtres en ne revenant pas nous aider quand les morts-vivants étaient à nos portes, et tu as encore trahi tes amis avec ce que tu viens de faire ! Une traîtresse, voilà tout ce que tu es ! Traîtresse !
Mais qu’est-ce qui se passe ?! Elvyr ne m’a et ne m’aurait jamais dit des choses pareilles ! Quelque chose ne va pas !

Je mis du temps à me rendre compte que la situation avait changé. Il y a quelques instants, je me revoyais jeune adolescente, retrouvant Elvyr avant de devoir partir avec maître Harlein pour Hurlevent. J’étais alors spectatrice. Maintenant, mon demi-frère se tenait devant moi, dans sa taille d’enfant, alors que j’étais à présent moi-même, dans l’apparence que j’avais avant de « mourir ». Même s’il était plus petit en taille, j’avais l’horrible impression qu’il était plus grand et qu’il me regardait de haut. Et tout à coup, il me poignarda en plein cœur avec un couteau sorti de nulle part.
Je crie de douleur. Il éclate de rire.
Alors que je tombe au sol, celui-ci s’effrite, et le décor change. Je crois être seule, parce que mes sens sont tout embrouillés, je m’imagine être à l’agonie alors que je ne porte aucune trace de blessure ; mon cœur souffre néanmoins le martyre, comme s’il avait vraiment été transpercé. Quand j’arrive à relever la tête, je ne peux retenir un cri d’horreur : je suis au milieu d’un carnage. Des morts-vivants attaquent des humains, certains armés qui tentent désespérément de repousser leurs assaillants, d’autres sont sans défense et ne peuvent que se recroqueviller sur eux-mêmes quand les monstres fondent sur eux pour les dévorer vivants. Il ne me faut alors qu’une seconde supplémentaire pour réaliser où je me trouve, et à quel moment : nous sommes à Colline-aux-Corbeaux, la nuit où les morts du cimetière ont été relevés et ont attaqué les vivants de la ville.
La nuit où mes parents sont présumés morts, et Elyvr disparu.
Je tente de me relever, mais le sol se met à trembler et je suis déstabilisée. J’essaie quand même de faire quelque chose, d’utiliser ma magie –elle ne vient pas-, d’invoquer mes serviteurs démoniaques –aucune réponse de ce côté non plus. Rien à faire. La confusion règne autour de moi, et je suis impuissante. Des gens que je connaissais meurent devant moi et je ne peux pas les aider. La peur d’être à mon tour dévorée par ces morts-vivants nait rapidement en moi, maintenant que je prends conscience que je n’ai aucun pouvoir. Puis je les vois, mes parents qui sortent de la foule des zombies, leurs traits commençant à s’altérer au fur et à mesure qu’ils se rapprochent.
-Non… , murmurai-je.
Mon père se transforme en premier, puis ma mère. Ils deviennent des goules hideuses sous mes yeux terrorisés. J’essaie de reculer quand quelqu’un me saisit solidement par les épaules. Je tourne la tête. C’est Elvyr, mais avec des traits démoniaques qui me font penser à un eredar.
-Papa et maman ont hâte de te revoir Lædera. Ils ont très faim.
Les morts-vivants se ruent sur moi, pendant que je crie de terreur sans pouvoir m’enfuir.

***
Je reprends conscience alors que les crocs fantasmatiques allaient me déchirer la chair. Le Néant m’entoure toujours, froid, oppressant. Après quelques brèves secondes de silence, un rire retentit en écho pendant que j’essaie de comprendre ce qu’il m’est arrivé.
-Quel effet ça fait, d’être tout à coup sans puissance quand tout autour est une menace ? fit une voix proche avec un ton sarcastique. Je commence à comprendre que tu sois aussi bêtement arrivée ici, Démoniste.
-Qui est-ce ? m’exclamai-je, la voix un peu tremblante bien que j’essayai de rassembler tout mon sang-froid. Montrez-vous, espèce de lâche !
Un autre rire accueillit ma tentative peu convaincante de cacher ma frayeur en invectivant le… truc qui se trouvait à côté de moi dans ces ténèbres.
-Qu’est-ce que c’est pathétique ! Tu crois vraiment que je ne peux pas sentir ta peur, ton angoisse et tes doutes ? J’ai vu ce qui se terre dans tes pensées, tes pires cauchemars. Tu cherches la vérité, la vengeance, mais tu n’as aucun pouvoir… d’où ta présence ici.
Je ne répondis pas. Je le voyais venir avec ses gros sabots (à mon avis il devait en être pourvu, s’il s’agissait bien de ce à quoi je pensais). La raison pour laquelle je me trouvais ici, dans cet océan des ténèbres, était très proches des causes qu’il avait énoncées : je voulais savoir ce qui était réellement arrivé au Bois de la Pénombre, ce qui était advenu de mes parents et de mon frère dont le sort m’échappait toujours, mais aussi trouver les responsables de la malédiction de mon pays, et les faire payer. J’avais eu Morbent Lagangrène, avec d’autres aventuriers, mais cela ne suffisait pas pour sauver mon pays, et j’étais certaine que c’était à Kharazan, la forteresse maudite en ruine, que j’aurais des indices sur un moyen de dissiper la pénombre éternelle. Sauf que je manquais de puissance pour m’y rendre, ce qui me conduisit à m’en prendre à un sorcier eredar pour lui voler ses pouvoirs… ce qui fut un échec, et pour une raison qui m’échappait, cela m’envoya dans cet endroit sinistre, qui devait probablement être le Néant Distordu.
-Tu ne manques pas d’audace, mortelle, repris le démon, cela me plaît. Il ne tient qu’à toi de songer à une allégeance favorable à ta quête de pouvoir.
Voilà, il l’avait dit. Si je voulais de la puissance, en clair je devais devenir une esclave de la Légion Ardente, comme d’autres Démonistes mal avisés l’avaient fait par cupidité. Mais ce démon risquait d’avoir des surprises, car j’avais eu des maîtres un peu plus sages que ces derniers.
Le démon sembla s’impatienter, et reformula plus explicitement son offre. Je l’envoyai promener. Mon premier Maître, Armantus Griffe-de-l’Ombre, m’avait initiée à sa vision de l’utilisation de la magie démoniaque : prendre les ressources d’un ennemi mortel pour les retourner contre lui. Aucun marchandage, aucune concession, le démon devait rester sous mon contrôle si je l’invoquais, ou il devait être anéanti. Dans le cas présent, je ne pouvais pas trop agir ainsi, vu que l’être qui se tenait en ma présence n’était pas l’un de mes serviteurs, et que je ne disposais pas d’assez de magie pour l’éliminer. Je le regrettai assez vite, quand je sentis un soudain afflux de magie gangrenée entrer en moi.
-Mortelle arrogante ! rugissait le démon. Tu seras à la Légion, ou tu souffriras pendant une éternité !
J’essayais de ne pas laisser échapper les hurlements de douleur qui ne demandaient qu’à sortir en tornade de ma bouche. Pas question de lui donner satisfaction en lui montrant que je souffrais.
Le supplice dura un temps indéfinissable, entrecoupé de nouvelles semonces, puis de visions de cauchemar à chaque fois que le démon essuyait un énième refus de ma part. L’énergie gangrenée commençait à introduire en moi des pulsions dévastatrices, une envie de chaos, et je m’efforçais de ne pas y succomber. C’était la leçon d’un dernier mentor, non pas un Démoniste ni quelqu’un versé dans les arts magiques plus obscurs, mais tout l’inverse : une elfe de la nuit, soit tout ce qui peut haïr ce qui se rapproche de près ou de loin aux démons.
Heureusement pour moi, elle était ouverte d’esprit à force de voyages, et après m’avoir témoigné pas mal de réserve, elle avait fini par se rapprocher de moi, et me donner des conseils pour maîtriser ma magie démoniaque, afin que je ne puisse pas devenir une autre Démoniste choisissant les penchants chaotiques de ces énergies. Il n’y avait pas de magie dans son enseignement, seulement des maximes de discipline fondamentales. Ne pas chercher la puissance pour la puissance. La vengeance pour la vengeance détruit la vie. Et plein d’autres, qui me permirent de tenir bon face aux assauts pernicieux de mon geôlier.
Ce long combat mental me sembla effectivement durer une éternité, mais j’étais déterminée à tenir bon. Peut-être que des camarades verraient que je mettais bien trop de temps à revenir de mon voyage, peut-être certains se doutaient-ils qu’il m’arrivait quelque chose de grave et que j’avais besoin d’aide. Il se pouvait aussi qu’en ce moment même un ami soit en train de réfléchir à un plan pour me tirer de ce guêpier. Ces pensées me renforcèrent dans ma résolution de ne rien lâcher, et je pus tenir bon face à toute la terreur qui m’était infligée dans les visions de souvenirs distordus.

Après une durée indéterminable, le démon finit enfin par arrêter de me tourmenter, pour lancer une série d’injures en eredun. Du peu que je connaissais cette langue, je comprenais qu’il me maudissait un bon million de fois, ma mère aussi, pour avoir engendré une mortelle aussi agaçante, et aussi qu’il était sur le point de m’achever tellement c’était frustrant de ne pas réussir à obtenir quoi que ce soit de moi alors que je crevais de peur et qu’il sentait parfaitement que j’étais à bout après tout ce temps. Il n’avait pas tort sur le dernier point : les tortures qu’il m’avait fait subir avaient duré très longtemps, et même si je ne parvenais pas à saisir le passage exact du temps, je sentais néanmoins qu’il s’en était écoulé énormément. Je sentais déjà que je ne pourrais peut-être pas aller plus loin, et c’était déjà un miracle d’avoir pu tenir jusque-là, après s’être fait tuer plusieurs centaines de fois par mon frère, avoir assisté à sa mort et celle de mes parents, et bien d’autres horreurs, dont une meute de worgens m’encerclant de tous les côtés et prête à me déchiqueter.
-Finissons ce jeu fatiguant, mortelle ! s’écria le démon. Soumet-toi à la Légion maintenant, et tu auras encore une chance de garder un minimum de dignité dans nos rangs, sinon je ferai de toi une esclave encore plus misérable que ce que tu es, et tu souffriras dans la servitude !
-C’est tout ce que vous avez ? répondis-je d’un ton sarcastique, bien qu’avec une voix brisée.
-Dernière chance, gronda-t-il.
Je pris un moment de réflexion. De toute évidence, je ne pourrais pas aller plus loin. Personne n’était venu me porter secours, peut-être parce qu’ils ne le pouvaient tout simplement pas. Je regrettais qu’ils ne puissent même pas connaître mon destin, mais j’espérais juste qu’ils comprendraient que leurs recherches deviendraient inutiles très rapidement, car il n’y aurait plus personne à sauver.
-Xar il romath da tidesbi ! m’exclamai-je, avec tout le souffle qu’il me restait.
J’entendis un bourdonnement de colère tout autour de moi, puis un hurlement de colère. Le démon prononça ma sentence pour avoir insulté leur dieu : la mort. J’eus alors la sensation de ne plus pouvoir respirer. J’essayais de lutter par instinct, mais je me savais condamnée. C’était mieux qu’une éternité de souffrances, comme je me le disais pour tenter de me rassurer alors que la mort se rapprochait à grands pas.
Soudainement, j’entendis une explosion derrière moi, puis une forte lumière sembla surgir d’un petit vortex. Je sentis quelque chose m’enserrer doucement, puis je fus tirée en arrière, vers le portail. Les démons hurlèrent, puis les ténèbres disparurent pour laisser place à un ciel orageux et un paysage aride et inhospitalier.
J’étais de retour dans les Terres Foudroyées.
Je me retrouvais dans les bras de quelqu’un en armure. Je voulus me retourner pour voir mon sauveur, quand tout s’embrouilla autour de moi, et je constatai avec angoisse que je ne pouvais plus du tout respirer ! Des lucioles se mirent à danser devant mes yeux, avant que je ne m’évanouisse. J’entendis tout de même mon sauveur crier mon nom avec un ton paniqué, puis, plus rien.

***
Une couverture simple mais chaude m’entourait, et je reposais sur un petit matelas assez confortable. En ouvrant les yeux, je découvris une petite pièce, dans laquelle se trouvaient quelques rangées de lits superposés, et un bureau avec des potions et des ingrédients étranges. Je sus, rien qu’en voyant les lieux, que j’étais en sécurité : je devais être dans une base humaine, ou une ville. Alors que j’essayais de me relever, ma tête se remit à tourner dans tous les sens et je fus sur le point de tomber.
-Oh non ! Vous ne devez pas vous relever aussi vite, voyageuse !
Quelqu’un accourut pour m’aider à me stabiliser. Une draeneï, que je pris pour une eredar avant de me souvenir que j’étais sortie du Néant Distordu. Elle s’occupa de me faire boire un remède médicinal pour que je puisse me rétablir, et à ma demande, m’expliqua où j’étais et comment j’étais arrivée ici :
-Ce sont les sentinelles de l’entrée qui vous ont amenée à moi. Ils m’ont raconté qu’un Chevalier de la Mort vous transportait, inconsciente. Il vous a laissée devant eux, et est reparti sans dire un mot.
-Un Chevalier de la Mort ? Comment ?
-Un elfe de sang, apparemment. Les gardes ont cru qu’il voulait nous attaquer, mais après qu’il soit parti personne n’a pensé à essayer de le rattraper… on pensait que vous pourriez nous expliquer ce qui était arrivé, de toutes façons.
Cependant, je ne voulus rien lui dire. Elle était sympathique avec moi alors que j’étais une Démoniste (ce n’était pas tant exceptionnel, je connaissais d’autres draeneï qui m’aimaient bien, même s’ils avaient généralement la mauvaise habitude d’avoir un air assez méfiant quand j’avais un serviteur démoniaque avec moi en-dehors d’un combat), mais je craignais sa réaction si je lui annonçais à elle ce que j’avais fait. De toutes façons, cela ne serait pas facile avec qui que ce soit, encore moins pour mon amie et mentor elfe de la nuit.
Heureusement, elle se montra assez compréhensive, et ne me posa pas plus de questions. Dans les jours qui suivirent, elle s’occupa soigneusement de moi, et me permit de me rétablir rapidement. J’étais impatiente de quitter les Terres Foudroyées, et je sentais que je n’y retournerais pas avant un certain temps.

***
Mon voyage avait pris un bon bout de temps à partir de Rempart-du-Néant, mais je ne m’arrêtais quasiment pas tellement j’étais impatiente de m’éloigner des Terres Foudroyées, craignant que les démons ne puissent me rattraper si je trainais trop. Le Défilé de Deuillevent ne fut pas non plus facile à traverser, fort heureusement je réussis à semer les ogres qui se lançaient à ma poursuite sur mon chemin. Après quelques jours de repos à Sombre-Comté, je pus repartir vers ma destination finale : Hurlevent.
Je ne pensais cependant pas à un retour tel que fut le mien.
A peine les grandes portes furent-elles passées qu’une vision troublante s’offrit à moi : les deux grandes tours encadrant la statue de Turalyon étaient dévastées, noircies et brûlantes, et l’effigie de Trollemort avait été brisée. Incapable de saisir ce qui avait pu arriver, je demandai à un garde ce que cela signifiait. Il me regarda comme si j’étais une folle :
-Comment ça, pourquoi tout est ravagé ? Ca fait bien deux ans qu’Aile-de-Mort nous a fait sa maudite visite, ma bonne dame !
-Aile-de-Mort ? m’étonnais-je. Il n’est pas… mort ?
-Ben si, heureusement ! Il y a eu la bataille auprès du Maelström, avec les Aspects, Thrall, ça fait pas longtemps mais quand même, la nouvelle s’est vite répandue. Un monstre pareil qui voulait tout détruire, pas étonnant que tout le monde attendait sa mort !
Il dut comprendre, en voyant mon expression désorientée, que je ne voyais pas du tout de quoi il parlait.
-Vous allez bien ? demanda-t-il finalement.
-Euh… Oui oui, très bien… Donc Aile-de-Mort qui était vivant est venu tout casser ici il y a deux ans, puis on l’a tué, si j’ai bien compris.
-Exact. Bon, il n’a pas tout détruit, encore heureux, mais la Vallée des Héros est dans un sale état et le Parc… et bien, en cendres. Littéralement. Le reste se porte bien par contre, si ça peut vous rassurer.
-D’accord… Et tout ça, ça s’est passé combien de temps après la chute du Roi Liche ?
-Euh… A peine quelques mois il me semble. Mais où diable étiez-vous donc pendant que le Cataclysme menaçait le monde ?
Je ne lui répondis pas, et me hâtai de partir à toute vitesse. Qu’il me croie bizarre, folle, peu importe, tout ce que je venais d’apprendre ne me rassurait pas du tout. Je n’avais eu aucune notion du temps dans le Néant Distordu, je pensais qu’il ne s’y déroulait que des jours, au maximum quelques petits mois. Mais deux ans ! Un cataclysme s’était déroulé pendant ce temps-là, et je revenais alors qu’il venait de prendre fin. Tout cela impliquait des changements… peut-être cela expliquait-il pourquoi est-ce qu’il me semblait voir des worgens débouler dans les rues, bavarder amicalement avec des races de l’Alliance, que cela semblait normal mais pas à moi au point que je croyais rêver – cauchemarder plutôt.
Mais dans ce cas, qu’était-il arrivé à mes camarades ? Les connaissant, ils devaient s’être tirés vivants du Cataclysme, c’étaient des gens forts. Mais comment réagiraient-ils en me retrouvant, après deux ans de silence, sans jamais avoir pu savoir où j’étais ni si j’étais vivante ou morte ?
Je m’arrêtai au bord du Parc… ou plutôt de ce qu’il en restait. Moi qui croyais que mon projet pour obtenir plus de puissance me permettrait d’accélérer les choses dans ma quête d’une solution pour sauver mon pays, jamais je ne m’étais autant trompé : je n’avais rien gagné, j’avais perdu deux années. J’étais restée la même qu’à mon entrée dans le Néant Distordu, il ne me restait qu’un petit surplus de magie gangrénée, la connaissance de nouveaux sortilèges que mes Maîtres ne m’avaient jamais montré, mais en quoi cela pourrait-il m’aider pour mener à bien mon objectif ? Surtout dans un monde que je ne pourrais peut-être pas reconnaître : jusqu’où les dégâts s’étendaient-ils ? Non, je ne pouvais plus marcher seule à présent. Je ne pouvais plus me le permettre, sinon je courrais droit dans le mur. Avec un peu de chance, ma guilde comprendrait, une fois la stupéfaction passée, ils m’aideraient…
Mais s’ils ne me suivaient pas après ça?
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