Azeroth Adventurers' Chronicles
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 Mathenna - Renaissance

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Lil
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MessageSujet: Mathenna - Renaissance   Mathenna - Renaissance EmptySam 7 Déc - 13:26


I- "Je le ferai demain"


L’homme se réveilla en sursaut. Il passa par réflexe une main sur son visage. Il était couvert de sueur.
Il rejeta sa couverture de lin râpeuse et se leva pour aller boire un verre d’eau. Le soleil ferait son apparition dans quelques heures.
Finalement, il n’y tint plus et décida d’y aller. Il alluma une torche et s’engagea dans un petit couloir en bois qui menait à l’extérieur.
Chaque fois qu’il y allait, il avait le cœur brisé. Et chaque fois ses mains tremblaient en prenant la hache.
Ils l’avaient prévenu. Qu’il fallait ne voir dans cette chose que le monstre. Ou on n’en finirait pas.
C’était si peu répandu. Ce fléau venait d’apparaître. Et il fallait que ça la touche, elle. Il aurait préféré mourir.
Il aurait dû le dire. Il en était conscient. Si Mordrad avait su qu’il était amoureux de Thenn, il ne lui aurait pas demandé de la tuer. Le chef des gardes était sévère, pas cruel.
Il arrivait dans une petite cour. Une grande cage solide était installée sous un porche. C’était lui qui l’avait placée là.
Il ne voulait pas qu’elle souffrit de la pluie. Pour la dixième fois, il se reprocha sa sensiblerie.
« Ce n’est plus Thenn », avait assené Mordrad. « C’est un monstre à abattre pour éviter qu’il ne se multiplie. »
Il avait tenté de s’en convaincre. Il avait essayé, mais n’y arrivait pas.
Il revoyait ses yeux sans cesse dans ses rêves. Personne n’avait des prunelles comme ça, un peu mauves, un peu vertes.
L’homme s’agenouilla devant la cage. Il distinguait le poil noir à travers les barreaux, alors que sous sa forme humaine elle avait des cheveux blond vénitien qui ondulaient. Les reflets roux étaient restés dans la fourrure, de même qu’un éclat vert dans les yeux à présent dorés.
Mais c’étaient désormais les seuls indices sur la personne que cette louve maudite avait été. Il empoigna la hache posée plus loin.
Il devait ouvrir la cage et la tuer. Maintenant. Retarder l’échéance ne servait à rien. Autant le faire dans le sommeil de la bête.
La hache tomba avec bruit sur les pavés, déclenchant un grondement dans la cage. L’homme recula.
« Je le ferai demain », se promit-il.
Une main en visière, il contempla le lever du soleil.

Une centaine de jours l’homme tint bon. Il lui apportait de la viande et une petite bassine d’eau tous les jours. La Lune, plus d’une fois, refléta le tranchant de la hache qu’il empoignait encore et encore sans jamais se décider.
L’alchimiste royal vint le trouver un matin où les températures redevenaient douces. Il affirmait qu’il pensait avoir trouvé quelque chose pour que l’esprit humain reprenne le dessus.
-Soit ça la tue, soit ça marche, Karell. Je ne sais pas pourquoi vous n’avez pas exécuté les ordres, mais elle servira de test.
Muet, Karell hocha la tête. Il le guida jusqu’à la cage. Thenn, parfaitement réveillée, se ramassa sur elle-même. Karell, avec l’aide d’un autre garde, l’immobilisa difficilement. Bon gré mal gré, elle avala le contenu d’une fiole. Pendant une minute, elle ne bougea plus. Puis un hurlement animal sortit de sa gorge. Elle convulsa. Karell avait le cœur au bord des lèvres, mais il la maintint fermement.
L’alchimiste observa la louve.
-Apportez-moi de l’eau.
Le second garde amena la bassine restée dans la cage. Le scientifique y jeta une poignée de plantes et une goutte d’une potion dorée. Le mélange sembla bouillir. Il le fit glisser dans la gorge de Thenn dans son intégralité.
La worgen sembla perdre conscience. L’alchimiste ordonna aux gardes de la mettre à l’arrière du chariot sur lequel il était venu. Le second garde resta à côté du corps pour le surveiller. Karell revint dans la cour.
-Des étrangers sont arrivés sur nos terres, Karell. Ils sont encore peu et espèrent que cet incident restera isolé. Mais ils demandent à voir Thenn.
-Agissez comme bon vous semble, articula Karell. Mais s’il vous plaît… Mettez-moi juste au courant de ce qui arrivera à Thenna.
-Thenna ?
Le garde haussa les épaules.
-Un surnom. Tout le monde appelle Thenn comme ça. Donc ?
-Donc nous attendrons déjà de voir si votre Thenna survit.


Dernière édition par Lillenta le Dim 8 Déc - 12:01, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Mathenna - Renaissance   Mathenna - Renaissance EmptyDim 8 Déc - 12:01

II - "Vulnérable"


Elle ouvrit les yeux d’un coup.
Elle était allongée par terre, mais elle ne sentait pas le vent dans sa fourrure. Ah, elle était donc à l’intérieur.
Elle se releva rapidement à quatre pattes. Mais là aussi, quelque chose clochait. Ses membres étaient musclés, mais trop fins. La moitié de son corps était recouvert d’une matière fluide rouge : du tissu.
Rouge. Elle avait identifié une couleur.
Elle réfléchissait. Trop… humain.
-Vous êtes restée très longtemps sous une forme de louve, déclara une voix grave et paisible. Nous ignorons comment vous avez réussi, seule, à vous retransformer, mais nous pensons que c’est dû à la proximité des eaux sacrées que nous avons apportées. Il vous faudra du temps avant de redevenir vous-même, sans doute…
Thenn tourna la tête. Un homme était debout, à quelques mètres de là. Ils étaient dans une sorte d’immense grotte naturelle, qu’elle ne connaissait pas.
L’homme était très grand. Ses yeux lumineux et sa longue barbe bleu-vert désignaient clairement qu’il n’était pas humain, ce qui fit reculer Thenn en grondant.
-Je suis un Druide, Thenna – c’est bien comme ça qu’on vous appelle ? Et un elfe de la nuit, même si cela pour vous ne veut pas dire grand-chose… Mon peuple et le vôtre êtes liées, pourtant. Nous espérions que vous n’étiez qu’un cas isolé, et que vous resteriez l’une des seules à souffrir de cette malédiction, mais malheureusement cela se propage…
Il soupira, puis s’assit à même le sol. Il continua de lui parler. Thenn secouait la tête lorsque les phrases prenaient un sens.
-Je vous laisse, conclut-il. Vous avez des vêtements posés par terre, sur votre gauche, si vous le souhaitez… Je reviens bientôt.
Thenn le laissa partir sans réagir, puis retira le lin rouge qui la recouvrait. Elle passa ses mains, hésitante, sur son corps. La fourrure sous ses doigts lui manqua immédiatement. Elle se sentait vulnérable. Les stries de sa peau, qu’elle sentait sous ses doigts, indiquaient qu’on lui avait infligé des coups de fouet pour la faire rentrer dans sa cage. Elle en revoyait les barreaux tordus mais solides.
Sn visage était petit à côté de celui auquel elle s’était habituée. Elle retroussa son nez, passa sa langue sur ses lèvres roses et une main dans ses cheveux blond vénitien. Ils ondulaient jusqu’à ses épaules, à présent.
Elle se sentait décidément fragile sous cette forme. Ses sens étaient moins accrus, elle était plus petite, elle aurait plus vite froid. C’était une évidence. Et de toute façon, d’après ce qu’avait dit la personne étrange qui lui avait rendu visite, elle avait eu des mois pour s’habituer à être louve.
Elle se mit debout, lentement. Mais elle n’avait pas de mal à marcher. Simplement, sans ses griffes qui s’enfonçaient dans la terre, c’était moins évident.
Elle attrapa un des morceaux de tissu qui traînaient à terre et le secoua. Une robe brune. Elle fronça son nez et le relâcha. Elle en attrapa un autre, qui se révéla être une chemise blanche. Mh… Mieux.
Elle repêcha également un pantalon beige. Pour enfiler tout ça, c’était une autre histoire. Le temps de se rappeler ce qu’était une manche et à quoi servaient tous les trous, le Druide était revenu. Il l’aida prudemment, en évitant soigneusement de la regarder de trop. Thenn finit par comprendre ce qu’il y avait de gênant à être nue devant quelqu’un d’autre, et se laissa tomber au sol pour serrer ses genoux contre elle, en grondant pour la deuxième fois. Le grondement qui sortait de sa gorge était assez similaire à celui qu’elle pouvait émettre en tant que louve, et la réconfortait.
Le Druide soupira.
-Thenna, quand vous serez prête, vous allez tout droit, je serai au bout avec l’autre elfe de la nuit qui m’a accompagnée pour ce voyage.
Thenn, occupée à passer son bras dans le tissu, ne répondit pas. Elle finit de s’habiller en quelques minutes, puis se remit debout. Elle posa une main légère sur son bras, sa jambe. C’était un peu inconfortable de se sentir prisonnier de tissu, engoncé dans du lin, mais d’après l’autre, c’était plus convenable. Là, elle était d’accord. Et puis, elle finirait par se réhabituer.
Elle marcha lentement vers le fond des grottes. Les petites lumières naturelles qui émaillaient son parcours étaient présentes là aussi. C’est ainsi qu’elle vit l’autre elfe de la nuit. Elle était grande aussi, mais un peu moins que son compagnon. Elle avait des cheveux blancs et ses yeux tout aussi lumineux étaient entourés de marques faciales mauves. Elle se tourna vers Thenn avait un gentil sourire et lui tendit la main.
Elle aussi lui parla longtemps. Elle décida d’expliquer à la worgen d’où venait cette malédiction. Thenn ne comprit pas tous les mots et n’arrivait pas à parler, seulement à gronder. Elle perçut cependant l’urgence et l’inquiétude dans la voix de la Druidesse. Elle comprit aussi très bien ce qu’elle voulait en lui désignant les coupes dorées devant elle. Il fallait qu’elle y boive. Comme elle reculait, méfiante, l’elfe n’insista pas.
-Thenna, dit-elle doucement, nous espérions que nous n’aurions pas besoin d’amener ces eaux exceptionnelles, mais votre cas nous fait craindre que vous ne serez pas la seule à en avoir besoin… L’alchimie qui vous a permis de tenir n’agira pas éternellement. Il sera beaucoup plus sain de vous maîtriser naturellement.
Elle ne comprenait rien et s’adossa à la paroi de pierre.
-De toute manière, nous pensons que lorsque vous avez été amenée ici, vous avez inconsciemment bu à ces coupes. Sans la bénédiction, ce n’est certes pas…
Le reste se perdit dans un brouillard. Thenn s’accroupit et cacha son visage dans ses mains. Elle ne voulait pas en entendre plus. C’était trop pour elle, trop d’un coup.
Le Druide qui attendait dans un recoin fit un signe à sa compagne et ils s’éloignèrent, laissant la jeune femme seule.
Thenn ne dormit pas très bien. Dans ses rêves se mêlaient l’odeur de la forêt, l’odeur de la cage rouillée, le grondement de sa gorge, le visage étrangement humain qui venait tous les jours devant les barreaux, et deux autres visages aussi, un d’homme âgé et l’autre de jeune femme. Quand elle comprit que le visage lui ressemblait, elle s’éveilla en sursaut.
Il faisait presque noir, mais les faibles lueurs qui éclairaient la nuit ici se reflétaient quand même sur les coupes en face d’elle. Hypnotisée, elle s’approcha et y contempla son reflet.
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MessageSujet: Re: Mathenna - Renaissance   Mathenna - Renaissance EmptyMar 10 Déc - 18:24

III- "Mieux en Louve"


Sa frimousse avait mûri depuis la dernière fois où elle l’avait vue. Ses yeux avaient une couleur étrange, mais il faisait trop sombre pour qu’elle en voie vraiment les teintes. Ses cheveux ondulaient, libres. En regardant ses traits, elle nota des différences avec le dernier visage de son rêve. Elle s’en approcha tant que son nez puis ses lèvres touchèrent le liquide.
De toute façon, elle avait soif. Se souvenant que les deux elfes paraissaient beaucoup tenir au fait qu’elle y boive, elle vida les trois coupes, indifférente aux murmures qu’elle entendit dans son dos, qui récitaient des paroles inconnues.
Elle se retourna. Le Druide lui sourit. Thenn tenta de lui sourire en retour, et finit par y réussir.
-Comment vous sentez-vous ?
Elle se racla la gorge, gronda, mais eut beaucoup de mal à répondre.
-Mieux en louve, chuchota le filet de voix qu’elle avait réussi à produire.
-Je vous déconseille de vous retransformer de suite. Habituez-vous d’abord à être sous votre forme humaine. Vous allez déjà très vite… Des personnes à votre place auraient été immédiatement effacées par l’instinct animal. Vous avez tenu des mois, c’est incroyable que votre esprit reprenne le dessus si vite.
Lorsqu’ils la laissèrent de nouveau, elle se rallongea, mais ne s’endormit pas. Elle passa le reste de la nuit à fouiller sa mémoire pour tout se rappeler. Elle se souvenait mal d’avoir été mordue et de ses mois en tant que louve, elle n’en gardait que les sensations.
Mais elle finit par recouvrer rapidement sa mémoire pleine et entière, et se sentit alors plus sereine. Savoir qui elle était l’aidait beaucoup.
Elle revoyait le vieil homme de son rêve lui servir un repas chaud, à elle dont les pieds ne touchaient même pas terre, et à une petite fille un peu plus jeune qu’elle, qui lui ressemblait beaucoup.
-Claré, murmura-t-elle.
Comment avait-elle pu oublier un instant sa sœur ?
Elle en parla avec la Druidesse lorsque celle-ci revint avec de la viande et de l’eau. Enfin… elle tenta de formuler des phrases.
-Votre chef, Mordrad, a laissé entendre que vous étiez morte, dit-elle doucement. C’est ce que vous étiez censée être. Donc votre famille ne s’attend à vous voir revenir…
Thenn inclina la tête sur le côté. Elle dépassa la peine qui lui mordait le cœur pour demander pourquoi.
-L’homme qui était censé vous exécuter a pris soin de vous pendant tout le temps que vous étiez enfermée, expliqua son interlocutrice. Il vous a gardée en vie, nourrie, jour et nuit…
Thenn avait écouté le début, mais pas la fin. Elle passa instinctivement sa langue sur ses dents et ses lèvres en voyant la viande. Mais ce serait plus pratique à manger sous forme de louve.
Elle se transforma. Son corps se tendit d’un coup, ses griffes jaillirent, sa fourrure douce la recouvrit, sa chevelure poussa. Il ne fallut qu’un instant pour qu’elle se rassoie calmement et attaque la viande avec bel appétit.
-Matigan ! appela la Druidesse.
L’autre elfe de la nuit arriva rapidement, puis s’arrêta, interdit, en voyant Thenn dévorer son quartier de viande, confortablement assise en tailleur.
-Elle s’est transformée avec un instinct incroyable, ça lui est venu très naturellement, indiqua la Druidesse à voix basse, encore surprise.
-Je ne pense pas qu’on puisse en faire une Druidesse, sourit Matigan. D’après ce que m’a dit Mordrad, elle était une excellente recrue pour les Guerriers. Il paraît tenir à son retour.
Thenn finit son morceau, puis, sous le regard anxieux des deux elfes, redevint humaine. Mais définitivement, quelque chose la gênait. Elle se sentait vraiment mieux en étant louve. Tout lui paraissait plus clair, même son esprit. Elle laissa échapper une plainte de protestation et de frustration.
Des jours entiers s’écoulèrent. Thenn se sentait toujours un peu partagée, pas toujours sûre d’elle, mais savait qu’elle voulait retrouver sa place parmi les Gardes. Quand elle se sentit prête à reprendre son poste, elle demanda à récupérer son équipement. Quand la Druidesse lui apporta un paquet soigneusement conservé, Thenn l’ouvrit avec délices. Avec plaisir, elle put renfiler son vêtement moulant, les différentes plaques pour protéger les points vitaux et les muscles. Elle quitta alors Matigan et sa compagne, tout en leur promettant qu’elle tenterait de les revoir un jour.
Lorsqu’elle ressortit, il pleuvait. Elle alla en premier voir Mordrad, qui la reçut sans un battement de cils et l’assigna à la protection extérieure du Manoir des Grisetête. Et lui conseilla de se faire discrète. Le plus possible.
Thenn était déjà acharnée au travail avant de se faire mordre, décidée à devenir une Guerrière accomplie pour protéger la famille royale. A présent qu’elle avait frôlé la mort de si près, elle était enragée. Elle était souvent la première levée et la dernière couchée, méprisant les ordres qui voulaient qu’elle veille un temps limité pour son tour de garde. Les soirs où elle s’ennuyait, elle rentrait parfois dans le Manoir, élargissant son périmètre de patouille. Elle répétait les gestes de base jusqu’à pouvoir les effectuer sur les mannequins les yeux fermés, perfectionna ses techniques jusqu’à battre son propre maître en duel.
Mais si Thenn était à présent réaccoutumée à son corps d’humaine, celui de louve lui paraissait toujours plus naturel, plus habituel. Parfois, la sauvagerie ou la rage inondaient ses veines de worgen, la poussant à affermir son contrôle sur ses émotions et son corps.
La plupart du temps, elle s’entraînait, dormait et mangeait à l’écart. Seuls quelques gardes avaient haussé un sourcil en la voyant. Quant à Karell, il avait écarquillé les yeux à sa vue et ses mains avaient failli lâcher son épée. Elle lui avait adressé un sourire hésitant, ne comprenant pas bien son trouble. Ce n’était qu’un collègue, même si elle s’était promis d’un jour lui parler pour comprendre pourquoi elle était encore en vie.
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MessageSujet: Re: Mathenna - Renaissance   Mathenna - Renaissance EmptyJeu 12 Déc - 19:18

IV- "Monstre"



Un soir, alors qu’elle était assise en tailleur face au feu de camp, son épée posée à plat sur ses genoux, il vint la trouver. Il posa son regard sur les flammes qui dévoraient les bûches, puis sur le visage serein de Thenn. La pluie ne cessait de tomber depuis des jours et les mèches de la jeune femme en étaient encore trempées.
-Tu vas bien, Thenna ?
-Oui. Et toi ?
-Je vais bien, murmura-t-il.
Un silence de quelques secondes s’installa, avant que la worgen ne se décide à le rompre.
-Je peux te poser une question ?
-Tout ce que tu voudras.
-Pourquoi n’as-tu pas obéi à Mordrad lorsque je n’étais pas… moi-même ?
Elle lâcha des yeux le feu pour plonger dans le regard doré de Karell. Celui-ci ne répondit pas. Il hésita, soupira, puis finalement se pencha doucement vers elle. Sa bouche chaude se posa sur la commissure des lèvres de la jeune femme. Thenn, figée, le regarda partir sans pouvoir réagir. Finalement, un sourire hésitant s’étira sur ses lèvres.
Karell avait peut-être huit ans de plus qu’elle, mais chacun savait qu’il n’osait quand même pas lui parler. Avoir failli la perdre lui avait rendu le sens des perspectives.
Le temps continuait de défiler, absolu, effrayant. Thenn contrôlait de mieux en mieux la moindre parcelle de son arme, de son corps, de son esprit. Elle tentait d’oublier la bouche chaude de Karell en s’épuisant au travail. Et vint le jour où Genn Grisetête en personne passa en revue sa garde.
Chacun savait pourquoi. La peur des worgen montait, la rumeur enflait, empoisonnait la cité, poussait les Gardes à faire des rondes supplémentaires et à se réveiller au moindre bruit. Lorsque le roi passa devant elle, Thenn releva un peu le menton, pour admirer la stature de l’homme dressé sur son cheval qui toisait les Gilnéens au garde-à-vous. Genn traitait la Garde avec justice et fermeté et était certainement au courant que parmi eux servait une worgen, mais continua son chemin sans s’arrêter. Thenn baissa de nouveau la tête. Discrète, elle devait être le plus discrète possible.
Ce soir-là, sous la pluie battante qui tombait toujours, elle prit enfin un moment pour elle et demanda une pause à Mordrad. L’impressionnant Guerrier la jaugea du regard, puis fit un signe de tête en guise d’assentiment.
Thenn se changea, et pour la première fois depuis des mois, enfila une tenue de civile. Une fois vêtue d’une chemise blanche et d’un pantalon noir, elle chaussa ses bottes et se couvrit d’une large cape bleu et rouge. Puis, sans un bruit, elle quitta les abris des Gardes et s’enfonça dans la ville.
Gilnéas était encore animée à cette heure normalement, les marchands appelant les passants, ignorant le ciel souvent gris ces jours-ci. Mais la pluie torrentielle qui détrempait les ruelles et les toits avait dû décourager les Gilnéens de faire autre chose qu’allumer un bon feu de cheminée, car Thenn ne vit que deux enfants courir à perdre haleine dans une rue pour rejoindre le Quartier de la Cathédrale.
Elle longea les porches et les murets, jusqu’à arriver à quelques mètres du mur de Grisetête. Elle rejeta son capuchon en arrière et s’avança sous une porte cochère. Elle se mordit la lèvre, arrangea une mèche de ses cheveux et frappa à la porte.
Presque immédiatement, une jeune femme lui ouvrit. Thenn étudia, le cœur serré, les grands yeux verts, la chevelure blonde, le visage serein. Elle avait devant elle la petite fille de son rêve, avec quelques années en plus.
-Thenna ? murmura sa sœur en plaquant une main sur son cœur.
-C’est moi, Claré.
Elle aurait pensé que sa sœur lui sauterait au cou, qu’elle la ferait entrer, qu’elle lui donnerait des nouvelles de la famille. Elles avaient toujours été complices. Mais Claré resta sur le pas de la porte, à fixer sa sœur avec une expression effrayée.
-Claré ? dit doucement Thenn en tendant les bras.
Sa sœur recula d’un pas, une main tremblante sur la porte.
-On sait… On sait que vous pouvez vous contrôler quelques minutes… Puis vous attaquez ! On sait que tu es devenue comme ces monstres qui hantent les rues, menacent mes enfants, pars, pars, je t’en supplie !
Thenn resta abasourdie quelques secondes.
-Claré, que dis-tu là ? Qui donc vous a dit…
-Quelqu’un, jeta la blonde en reculant encore. Va-t’en !
-Ecoute-moi !
-Non ! Pars ! MONSTRE !
La porte claqua violemment, puis se fit entendre le grincement d’une clé dans la serrure. Et Thenn se retrouva seule.
Il faisait presque nuit noire. La pluie dégoulinait sur ses cheveux, brouillait sa vue, coulait le long de ses bras inertes. Elle ne bougea pas, se contentant de fixer la porte de sa maison. Elle entendit deux voix d’enfants babiller.
Elle ne savait pas que Claré avait eu des enfants. Mais la peine qu’elle ressentait était trop intense pour qu’elle sache ce qui faisait le plus mal, l’expression de sa sœur, apprendre d’un coup qu’elle était tante, ne pas savoir comment allait son grand-père, voir claquer la porte ou se sentir perdre tout ce à quoi elle tenait.
Au bout d’un temps infini, elle s’aperçut qu’elle se remettait à marcher en direction des baraquements des Gardes. En apercevant la silhouette de la famille Grisetête à travers un vitrail, elle se dit qu’elle avait eu tort.
Non, elle n’avait pas perdu tout ce à quoi elle tenait. Il lui restait sa loyauté.
Elle s’assit en tailleur devant un petit feu, protégé par un large porche. Elle frissonnait sans le sentir, repassant encore et encore dans sa tête les grands yeux épouvantés de sa sœur. Puis une question pointa dans son esprit. Qui était allé avertir Claré qu’elle était devenue une worgen ?
Peu de gens étaient au courant. Moins de personnes savaient ce qui lui était arrivé, mieux c’était, scandait Mordrad.
Elle ne voyait pas qui aurait vendu la mèche, et encore moins pourquoi.
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MessageSujet: Re: Mathenna - Renaissance   Mathenna - Renaissance EmptyDim 15 Déc - 13:34

V - "Appelez-moi Mathenna"


Quand vint l’heure de prendre son tour de garde, elle se ressaisit à moitié et se mit à patrouiller d’un pas de somnambule, interrogeant et vérifiant d’une voix morne. Elle alla faire un tour à l’intérieur du Manoir comme elle en avait pris l’habitude.
Il lui fallut une minute pour comprendre que quelque chose clochait.
Thenn cessa de se poser des questions et de penser à sa sœur. Elle se métamorphosa, consciente d’être bien plus efficace en tant que louve. Elle fit silencieusement le tour des pièces du rez-de-chaussée, entra dans la chambre de Tess Grisetête qui, en voyant le visage de louve, ne cria ni ne pleura mais sourit.
Thenn dégaina son arme et écouta avec attention le moindre bruit qui pouvait s’avérer suspect. Elle balaya la pièce du regard et son cœur se serra.
Au total, cinq gardes manquaient.
Soudain, deux hurlements se firent entendre, puis le bruit de fers qui s’entrechoquent et des grondements sourds.
Tess, à présent parfaitement réveillée, se dressa dans son petit lit et tendit les bras vers Thenn, visiblement apeurée.
La worgen se dit juste que la princesse était peut-être un peu dingue sur les bords d’instinctivement rechercher la protection d’un animal sauvage, puis se concentra sur les problèmes.
Les problèmes en question, quatre énormes worgen sauvages, venaient en effet d’exploser la porte de la chambre. Ils avaient les cuirasses qui les identifiaient comme Gardes, mais étaient visiblement incapables de se servir d’une épée.
Thenn n’avait aucun moyen de savoir qui avaient été les quatre monstres. Ils menaçaient la famille royale, c’était tout ce qu’il lui fallait savoir.
Quand deux des loups se jetèrent sur elle, elle esquiva d’abord, prenant leurs armes au passage. Elle planta deux lames dans le cou du premier, puis décapita le deuxième sans se faire toucher. Elle prit ensuite appui sur un mur, rebondit sur un worgen pour atteindre l’autre. Elle leur tomba littéralement dessus.
Elle passa sous une main griffue, fit chuter un loup, assomma à moitié l’autre, finit par ressortir indemne de la mêlée après avoir planté un dernier poignard. Elle jeta un regard à Tess qui était recroquevillée sur elle-même. Thenn redevint humaine pour prendre la petite dans ses bras et la bercer doucement, le cœur battant.
Elle perçut soudain un gémissement.
Thenn reposa la princesse dans son lit et s’élança hors de la chambre.
Elle courut jusqu’à l’entrée.
Un corps, dans une flaque de lumière dispensée par une torche.
Karell.
Thenn tomba à genoux à côté de l’homme. Il ne lui fallut qu’un coup d’œil pour savoir qu’il n’en avait plus pour très longtemps. Les yeux d’or du Guerrier semblaient lui sourire, juste sous des mèches de cheveux collés de sang. Il tendit une main tremblante vers elle, qu’elle attrapa et serra fort.
-Tu diras à Mordrad… Un cinquième s’est enfui, mais je l’ai blessé à mort.
Elle hocha à peine la tête, le regard rivé au visage de son ami.
-Tu es jolie.
Elle haussa les sourcils malgré elle, un sourire hésitant sur ses lèvres. Elle réprima le flot de larmes qui montait, montait.
-Ma Thenna…
Il papillonna, ferma les yeux. La jeune femme se pencha et posa ses lèvres au coin des siennes. La main du Guerrier dans la sienne se fit molle, désarticulée.
Puis elle s’effondra en travers du corps, immobile, silencieuse, tâchant leurs vêtements de sang et de larmes.

-Karell ?
Elle avait du mal à voir ; il faisait si sombre ! Elle ne savait pas où elle était. Thenn sentait une main chaude sur sa jambe remonter jusqu’à son cou, puis un corps commencer à peser sur le sien.
Elle savait qui l’homme était, ne réagit pas lorsqu’il l’embrassa. Les baisers descendirent dans sa gorge, sa respiration s’accélérait ; elle tenta de noyer son malaise, son trouble en embrassant son ami. Sa jambe nue se posa dans son dos, elle rechercha sa chaleur. Karell posa alors sa bouche juste au coin de ses lèvres.
Thenn se réveilla en sueur. C’était peut-être la millième nuit où ces rêves possédaient son esprit, mais cela n’atténuait pas ses sensations. Elle posa une main sur sa poitrine pour réguler son souffle, palpa sa bouche, son cou, ses hanches. Tremblante, elle se mit debout.
Sa transformation, l’attaque, le rejet de sa sœur, la mort de Karell l’ébranlaient.
En silence, lentement, elle se rendit à la petite salle d’eau des Gardes. Ses mains s’agrippèrent au baquet d’eau, elle contempla son reflet blafard dans le petit miroir craquelé. Elle aurait bien pleuré, mais elle avait vidé toutes les larmes de son corps avant d’aller voir son chef pour lui faire un rapport sur les évènements au Manoir.
Elle inspira profondément et chassa toutes les ténèbres de son cœur de son mieux, puis attrapa une paire de ciseaux qui traînait à côté du baquet. Elle inclina la tête sur le côté, ouvrit les lames, et coupa net quelques mèches ondulées qui tombèrent sur le sol. Elle coupa de nouveau, encore et encore, faisant crisser les lames dans sa chevelure, sans acharnement, d’un air presque absent, mais serein.
Les lames tailladaient sa peine, son cœur en morceaux, la vie qu’elle avait perdue, ne lui laissait plus que ses valeurs et ses maigres certitudes. Elle se taillait des promesses à elle-même, tout en cheveux et en reflets.
Le lendemain matin, le soleil se déversait généreusement dans les rues et sur les toits, une terrible ironie pour Thenn qui se rendait à l’assemblée des Gardes que le roi avait convoquée. Lorsque celui-ci leur ordonna de préparer l’évacuation des civils, la worgen sortit du recoin où elle s’était dissimulée pour, comme toujours, se faire oublier de ses collègues. La pièce se vida rapidement après les ordres jetés, et elle s’agenouilla devant Genn Grisetête, baissant la tête.
-Tu es la petite Thenn qui a éradiqué une menace importante hier soir, dit-il d’une voix grave. Que puis-je faire pour toi ?
-Appelez-moi Mathenna désormais, votre majesté.
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