Azeroth Adventurers' Chronicles
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.


Site consacré à des écrits basés sur l'univers de World of Warcraft.
 
AccueilRechercherDernières imagesS'enregistrerConnexion
Le Deal du moment :
Bon plan achat en duo : 2ème robot cuiseur ...
Voir le deal
600 €

 

 Lunev et Lillenta - Supplication à Elune

Aller en bas 
AuteurMessage
Lil
Admin
Lil


Messages : 1504
Date d'inscription : 01/07/2013

Feuille de personnage
Race: Kaldorei
Classe: Prêtresse de la Lune
Occupations: Défendre, soigner

Lunev et Lillenta - Supplication à Elune Empty
MessageSujet: Lunev et Lillenta - Supplication à Elune   Lunev et Lillenta - Supplication à Elune EmptyJeu 26 Déc - 15:23

Elle se sentait désemparée, impuissante. Lunev se mordit la lèvre pour ne pas pleurer tant elle était bouleversée. Elle regarda ses mains tremblantes, trop petites et fragiles pour soulever les vases d’eau sacrée que les Prêtresses déversaient sur la grande statue d’Elune. Ses mains ne pouvaient pas redresser les épaules de l’elfe en face d’elle, ni par la force, ni par la douceur. La douleur qu’elle percevait ne lui permettrait pas d’avoir une quelconque influence dessus. Pas encore.
-Tu ne veux pas me dire ton nom ? murmura-t-elle.
L’elfe ne bougea pas. Elle était assise par terre, comme Lunev, mais Lunev était à genoux, mains suppliantes posées dessus. Elle, elle avait ses genoux tout repliés contre elle, les bras serrés autour, son menton posé dessus. Son visage était vide, mais pour quelqu’un de sensitif, c’était presque pire que des larmes.
Lunev redoutait de s’éloigner d’elle. On l’avait juste prévenue qu’une nouvelle orpheline rejoignait le Temple ; mais à présent qu’elle voyait dans quel état l’elfe de la Nuit était, elle ne pensait même pas à s’enfuir loin de tout ce qu’elle percevait, même si cela lui compressait le cœur. Comme si sa présence pouvait changer quelque chose, se dit-elle avec désespoir.
-Tes cheveux sont tout emmêlés, remarqua gentiment Lunev.
Elle hésita, mais ne s’éloigna pas d’un pas, n’alla pas chercher de brosse. Alors elle s’agenouilla derrière l’elfe et entreprit de démêler sa chevelure avec ses doigts. Cela lui prit un moment pour ordonner chacune des mèches, retirer les ondulations et les nœuds, mais réussit. Elle sourit, admirative, devant l’épaisse chevelure blanche qui coulait dans le dos de l’enfant.
-Tu seras bien ici, dit doucement Lunev. Les Prêtresses sont très gentilles, et…
-C’est la Forêt que je veux, murmura très vite la petite elfe avant de se mettre à pleurer à chaudes larmes.
Démunie, Lunev la regarda cacher son visage contre ses jambes pour que son chagrin déchirant reste caché.
-La forêt ? répéta-t-elle malgré elle. Mais… c’est grand… sauvage… dangereux.
-Tu ne l’as jamais vue, devina l’autre elfe entre deux sanglots. Moi, je l’aime.
Lunev baissa la tête. Des deux, elle était la plus jeune, cela se voyait. Mais même si elle avait eu cent ans de plus, se dit-elle avec tristesse, elle n’aurait pas le courage de sortir de la ville. La simple pensée de le faire l’angoissa, et elle passa une main troublée dans ses cheveux bleu sombre.
-D’al ni bandu, je voudrais juste savoir ton nom.
-Lillenta.
-C’est joli, apprécia Lunev, heureuse d’avoir une réponse.
Lillenta émit une plainte, à mi-chemin entre le cri et le sanglot.

La Forêt l’attirait.
-Tu es bien imprudente, déclara Semena. Nous faisons partie de la nature, soit… Mais faut-il être fou pour tout quitter pour elle, d’y tuer, d’y vivre !
Lillenta ne répondit pas. Semena ne s’était jamais remise de la mort de son fils, décédé alors qu’il combattait des bêtes sauvages au cœur de la forêt. Son père Anvroc, derrière elle, haussa les épaules avec fatalisme tout en lui adressant un clin d’œil.
-Continue ainsi et bientôt tu tourneras le dos à la civilisation ! Reste sous la protection d’Elune dans nos villages ! s’écria l’elfe.
-La Déesse ne m’abandonnera pas, dit la petite d’une voix claire.
-Tu es pieuse et courageuse, deviens sentinelle… Mais de grâce ne suis pas la voie de ton père !
Lillenta haussa les épaules. Semena, découragée, partit en bougonnant.
La petite elfe reprit sa contemplation de la Forêt, avant d’aller se rasseoir dans un coin de la maison.
-Papa, où est maman ?
Cette question ce devait être la centième fois qu’elle la posait. Le pire, songea le Chasseur en affûtant son couteau, ce n’était pas cela ; c’était de ne pas avoir de réponse à donner.
-Je ne sais pas, Lil’.
-Elle s’est perdue ? demanda la petite, pelotonnée dans une couverture de lin.
-Oui. Elle s’est perdue.
La petite elfe médita cette réponse, observant le moindre geste de son père, qui finissait la découpe d’un quartier de venaison. Puis elle en demanda une autre.
-Toi, tu ne vas pas te perdre ?
La détresse était sensible dans sa voix, mais Anvroc préféra fixer son regard sur son travail pour ne pas l’affronter encore.
-Non, Lil’. Un Chasseur ne se perd jamais.
-Et maman n’était pas Chasseresse.
-Non. Mais elle était très courageuse. Sage aussi.
-Il y en a qui m’ont dit que son esprit avait rejoint Elune.
-Non, ta mère est vivante… Une prêtresse a cherché sa trace, elle n’a trouvé de réponse que dans ses prières ; Elune l’aurait sauvée pour qu’elle puisse la servir.
Le Chasseur cacha mal sa grimace en continuant sa découpe précise.
-Et après, elle reviendra ? questionna la petite sans se soucier du scepticisme de son père.
-Je ne sais pas.
-Alors on ira la chercher.
-Oui. On ira la chercher.
Lillenta sourit et écarta ses mèches blanches pour continuer d’admirer le travail.
-Tu me remmèneras en forêt ?
Son père poussa un léger soupir en jetant la carcasse à l’extérieur.
-Peut-être. C’est dangereux la Forêt, Lillenta.
-Pas avec Lordel.
Un félin sombre entra dans la maison, la carcasse jetée un instant auparavant entre les dents, et tourna la tête en entendant son nom.
-Plus tard j’aurai plein de familiers aussi, décida la petite en agitant ses mains pour illustrer ses propos.
-Je ne te vois pas avec cinq familiers, dit son père en se relevant.
Il y avait un rire dans sa voix, pour une fois. Il souleva sa fille à deux bras et la secoua gentiment.
-Tu te ferais dévorer avant de faire deux pas !
La petite tenta de se dégager en riant, mais après dix minutes de négociations, il accepta de l’emmener en lisière ; il scella sa monture, posa sa fille dessus et monta derrière d’un bond souple. Il dédaigna les rênes, ayant lui-même fabriqué un large collier de cuir marqueté pour son sabre-de-nuit. Il saisit le collier d’une main puissante, lui donna une secousse ; sa monture bondit souplement, dévorant les mètres de chemins tranquilles et bientôt se coula dans les ondulations du terrain verdoyant de la lisière de la forêt. Une fois là, Anvroc ralentit sensiblement le rythme, pour finalement arrêter sa monture. Il sauta à bas de son sabre-de-nuit, vérifia la présence de son couteau et tendit les bras vers Lillenta, mais celle-ci était déjà sur le sol. Il hocha la tête et avança lentement, suivi de Lordel mais aussi, plusieurs mètres au-dessus, d’un aigle.
Il vit avec plaisir que sa fille ne faisait pas plus de bruit qu’un chat, qu’elle observait tout de ses yeux grands ouverts et qu’elle se fondait dans la forêt d’une manière aussi naturelle que la sienne. Il était certain qu’elle deviendrait Chasseresse, quoi qu’en dise Semena.
-Papa, murmura soudain Lillenta, pointant de sa main un fourré sombre. Là-bas.
Le Chasseur saisit un glaive lunaire dans son dos par précaution, suivi par les grands yeux chaleureux de sa fille.
Deux petites pattes maladroites sortirent de sous le fourré, puis un museau félin, deux oreilles couvertes d’une fourrure douce, et enfin un petit tout entier. Lillenta ne laissa pas le bébé panthère les détailler plus avant et jeta un reste de venaison que son père avait mis de côté.
Le petit renifla la viande avec inquiétude, puis posa une patte possessive dessus et en tira de longues bouchées affamées. Lillenta avança de quelques pas, espérant pouvoir le toucher, mais il recula et feula. En réponse, Lordel émit un rugissement modulé qui effraya tout à fait la panthère. Le petit fila se réfugier à l’abri des regards et Anvroc attrapa sa fille par la taille pour aller la remettre sur son sabre-de-nuit.
-Déjà ! laissa échapper Lillenta.
-Je repars ce soir, Lil’, tu le sais. Il faut que j’aille me préparer et rejoindre les autres.
-Tu vas blesser des gens à la place d’être à la maison ?
Son père prit le temps de remonter sur sa monture et de lancer un coup de collier avant de répondre dans le vent de la course.
-Ne dis pas ça, Lillenta. Les alliances que nous pouvons forger te protègeront peut-être un jour… Et protègent nos forêts contre nos ennemis.
Ils s’arrêtèrent devant la petite maison perchée qu’ils habitaient.
-Ecoute-moi, dit-il en mettant un genou à terre devant sa fille. Dans une lune, je serai de retour. Tu sais à qui t’adresser pour la nourriture et pour dormir – tu vas où tu veux, mais demande à un Chasseur de t’accompagner si tu veux retourner en forêt. Est-ce que c’est clair ?
-Oui, papa, soupira Lillenta.
Son père prit un instant pour passer sa main dans les longs cheveux blancs de sa fille, admirant sa frimousse si typique de son peuple, en songeant qu’un beau jour elle deviendrait une femme et y ferait apposer des marques. Il l’embrassa sur le front et tourna les talons. Lillenta le retint une seconde en jetant ses bras autour de ses jambes, puis elle dut le laisser récupérer quelques affaires à la maison et partir, suivi de ses familiers – excepté un jeune ours, qu’il laissait avec elle.
Le temps passa à la fois rapidement et lentement.
Lillenta prenait l’habitude de ces périodes de solitude, même si son père lui manquait plus qu’elle ne voulait l’admettre. Elle rendit des visites presque quotidiennes aux maîtres chasseurs et consacra beaucoup de temps à apprendre seule à fabriquer l’invention de son père, un collier de monte pour sabre-de-nuit ; elle tressa le cuir, apprit à le tanner de ses mains encore maladroites, mais n’arrivait pas bien sûr à faire exactement le même. Elle prenait soin, aussi, de l’ours que son père avait laissé à la maison, lui donnant de larges rations de viande et l’emmenant parfois en lisière de la forêt, toujours accompagnée d’un Chasseur, même si elle s’estimait capable de marcher à vingt mètres des arbres.
A la lune suivante, elle préparait son repas lorsque l’ours, qui mangeait tranquillement dans son coin dehors, s’immobilisa et lança une plainte gutturale.
La petite se statufia de même, son couteau à la main. Elle resta ainsi sans bouger jusqu’à ce qu’une elfe de la Nuit arrive en courant vers sa maison, les bras tendus, la bouche ouverte pour crier quelque chose qu’elle n’entendit pas. Elle avait un visage si défait, angoissé, que Lillenta sortit en courant, la bouscula et martela de toute la force de ses jambes les routes jusqu’à ce qu’elle aperçoive un attroupement.
Elle fit volte-face, courut jusqu’au groupe. Elle s’attendait à devoir écarter les elfes, mais ils le firent d’eux-mêmes, silencieux.
Anvroc était allongé au milieu d’eux, agité de tressautements. Son visage était trop pâle, faisant ressortir les cercles sanglants qui s’élargissaient sur son torse et coulaient d’une grave blessure au-dessus de sa ceinture de cuir. Sa chevelure cuivrée s’étalait jusque dans les pattes de Lordel, qui émettait des plaintes répétées et tournait en rond.
Lillenta se jeta à genoux à côté de son père, sans parvenir à croire ce qu’elle voyait. Son cœur battait à une vitesse folle.
-PAPA !
-Lil’… ? marmonna le Chasseur en grimaçant avec peine.
-Papa, il faut appeler un soigneur !
-Ils m’ont déjà permis de survivre jusqu’ici, fit remarquer son père avec un calme étonnant.
-Non… Appelez… un soigneur, quelqu’un ! cria Lillenta à la ronde en posant ses mains sur les blessures, comme pour les guérir.
Les elfes autour restèrent silencieux, ce qui la désespéra et la mit en colère. Mais avant qu’elle ne crie de nouveau, rendue folle par l’angoisse, son père parvint à saisir son poignet.
-Lillenta, écoute-moi. Quoi que tu choisisses de faire… de ta… vie, fais-le si cela te rend heureuse. Sois fidèle à Elune et à… ses enfants. Sois sérieuse… Ne…
-Non, non, papa, pas toi, murmurait Lillenta, clouée sur place, crucifiée par le spectacle de son père agonisant.
-Ta mère et moi… fiers… de toi, soupira le filet de voix qu’il parvenait à produire entre deux gémissements de douleur. Et puis, ta mère était… une femme remarquable…
Il tendit l’autre main vers son familier, qui eut un frisson au même moment que son maître. Anvroc sombra dans l’inconscience.
Lillenta n’écouta pas les sanglots autour d’elle ni les chants funèbres, aussi beaux soient-ils. Elle secoua le corps de son père, dégagea son arc dans son dos, poussa Lordel, mais personne ne réagit.
Elle émit un hurlement animal, mêlé de larmes terribles, saisit sa chevelure, leva la tête au ciel, abattit brutalement ses paumes sur le couteau de chasse d’Anvroc, les faisant saigner. Elle hurla des paroles que personne ne comprit, mêlant supplications à Elune et à son père, cris de rage et sanglots qui lui arrachaient son souffle. Quelqu’un arriva derrière elle et la traîna en arrière, la laissant se débattre comme une folle. Là-bas, son père restait allongé, immobile, trop blanc encore, affalé les yeux tournés vers la Lune, loin d’elle. Elle se démena, hurlant encore, puis elle pleura tant qu’elle éprouvait des difficultés à respirer ; sa vision se troubla, arrachant à ses prunelles la vue du seul être à qui elle tenait autant. Elle sentit soudainement un choc à l’arrière du crâne, se sentit mollir, et quelqu’un éteignit toutes les lumières du monde.

Lunev se réveilla en sursaut. A côté d’elle, Lillenta venait de pousser une plainte dans son sommeil. L’orpheline s’assit et la veilla jusqu’à ce qu’elle retrouve un visage plus paisible, même couvert de larmes. Les mains jointes sur ses genoux, baignée de la lumière de la Lune, Lunev pria toute la nuit.
Revenir en haut Aller en bas
https://azadchronicles.forumgaming.fr
 
Lunev et Lillenta - Supplication à Elune
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Azeroth Adventurers' Chronicles :: Les Écrits :: Récits et Nouvelles :: Nouvelles-
Sauter vers: