Azeroth Adventurers' Chronicles
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 Jin'teran - L'âme du Voleur

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Laedera
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Laedera


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MessageSujet: Jin'teran - L'âme du Voleur   Jin'teran - L'âme du Voleur EmptySam 8 Mar - 14:27

Jin'teran - L'âme du Voleur Screen44

Le signal à l’horizon n’était pas celui qu’ils espéraient. Un nuage de fumée noire s’était répandu à l’explosion d’une fusée, ce qui avait augmenté la tension dans leur unité : c’était le signal de retraite. Leurs camarades avaient été découverts avant d’arriver au point où ils devaient placer les explosifs pour faire diversion, afin que le gros des gardes du corps de Karena Lievan, la sorcière  morte-vivante qu’ils traquaient, soit détourné pendant qu’ils pourraient passer derrière ses défenses et l’assassiner tout en récupérant l’artéfact démoniaque qu’elle avait dérobé. Mais dès lors que la fusée noire avait été tirée, ça signifiait que l’équipe chargée d’organiser la diversion avait été découverte, et que la mission était donc compromise.
- Par les tripes puantes de Garithos ! jura un réprouvé. C’était juste au-dessus de l’armurerie, comment ça se fait qu’ils s’y soient faits prendre ?! Les gardes du Syndicat n’y passent pas à cette heure !
- On dirait que t’as fait une erreur pendant que t’étais en reconnaissance, dit Jin’teran d’un ton sombre.
- Ah, ça, non, vous ne pouvez pas me dire ça ! protesta l’autre. J’ai passé trois jours complets à regarder, analyser, décortiquer leurs patrouilles ! À cette heure-là, il n’y a personne dans l’armurerie, vos compagnons et les autres n’auraient du croiser personne !
- Ah oui, dans ce cas pourquoi c’est le signal de retraite qu’on a vu dans le ciel, mec ?
- Mais j’en sais rien ! Je vous l’ai dit, les patrouilles...
- “Ne passent pas par là à cette heure de la journée”, merci on a compris, pas la peine de nous chanter quatre fois le refrain.
Le troll reporta son attention sur l’intérieur de Stromgarde, qu’ils pouvaient voir depuis les remparts qu’ils avaient escaladé, en essayant de ne pas laisser l’angoisse qu’il ressentait au fond surgir. Il peinait déjà à s’empêcher d’être en colère contre le réprouvé, qui n’avait manifestement pas bien fait son travail. À présent, il fallait espérer que le groupe qui devait installer la diversion puisse se frayer un chemin jusqu’au point de ralliement, de préférence sans que les Nécrotraqueurs qui avaient accompagné ses camarades de la Main Brisée ne se fassent identifier par leur uniforme...  (quelle bêtise d’en avoir un tout indiqué pour un ordre d’assassins, tout de même, autant porter une pancarte autour du cou pour signaler qui les envoyait et pour quelle raison) sinon leur cible serait alertée, et il serait plus dur de l’atteindre la prochaine fois.
Les membres de son groupe avaient déjà commencé à déserter le rempart, ne restant plus que lui et le réprouvé - qui ne cessait de grommeler qu’il ne pouvait pas avoir fait d’erreur, ce qui donna très envie à Jin’teran de lui jeter un couteau dessus pour lui signifier de se taire une bonne fois pour toute. L’inquiétude commença à se pointer, mais il la chassa de son esprit aussitôt ; il devait rester lucide, continuer d’analyser.
Comme aucun de ses camarades en bas ne revenait il examina avec plus d’attention les membres du Syndicat dans le quartier, et repensa aux événements des dernières de minutes en les décortiquant minutieusement. Ils avaient remarqué le fumigène dans le ciel, et étaient sur leurs gardes, pourtant aucun signal d’alarme n’avait été transmis pour eux... et pourquoi est-ce qu’il ne voyait aucun signe de la part de ceux qui étaient tombés sur le groupe, ni même de ses camarades ? Depuis le temps, au moins quelqu’un aurait dû sortir de l’armurerie, aller prévenir le reste des malfrats en faction si les patrouilleurs du Syndicat étaient victorieux. Ils auraient dû le faire, dès que le signal avait été tiré, comprendre que les intrus n’étaient pas seuls. Ce n’était pas normal.
- Mec, il se passe un truc louche ici.
- C’est pas à moi qu’il faut le dire..., grommela le réprouvé.
- Y’a pas eu d’alerte, aucun signe d’une embuscade réussie, pas un de ces humains qui court vers la maison pour prévenir votre sorcière.
- Mais alors... Ils n’ont rien remarqué ?
- Ils ont vu la fumée, pour sûr. Mais rien qui montre que l’un des leurs a trouvé les nôtres et s’est bagarré avec eux. Et Kardrath était celui qui avait les fusées. Il aurait vu qu’ils s’en tireraient sans sonner l’alerte générale, et il aurait pas tiré. Et même si c’était une fausse alerte, il aurait trouvé un moyen pour nous indiquer qu’il y avait erreur.
- Pourtant, il l’a tirée.
- Le Syndicat doit pas être le seul ennemi ici, comprit le troll.
C’était la seule explication, et elle n’était pas rassurante. Stromgarde était une grande ville, et abritait des tas d’ennemis, qui en avaient tout autant à l’extérieur... La Main Brisée et les Nécrotraqueurs n’étaient donc pas seuls avec le Syndicat, et ceux-ci étaient infiltrés par des adversaires furtifs également. Jin’teran révisa toutes les données de sa mémoire pour essayer d’anticiper de qui il s’agissait, et cela ne lui prit pas bien longtemps. Les renégats d’Alterac avaient deux grands ennemis, la guilde des Voleurs de Ravenholdt, qui n’avait aucune raison de s’en prendre à des agents de la Horde (et à sa connaissance, aucun de ceux qui étaient parti sur le terrain en avance n’avaient eu de conflits avec ces assassins réputés), et...
- L’Alliance, murmura-t-il.
- Oh, alors, ça, tombe mal, grommela le réprouvé. Il va falloir prévenir les autres et nous organiser.
- Vas les rejoindre vite, mec, moi je vais voir s’il y a pas des survivants et peut être moyen de rattraper tout ça.
- Quoi ? Jin’teran, vous ne pouvez pas aller tout seul dans un territoire ennemi, encore moins si ces racailles de l’Alliance rôdent dans les parages ! Et qui pourrait avoir survécu, sérieusement ?
- Kardrath. Il survit toujours.
En réalité, il n’en était pas tellement certain lui-même, même si son chef et meilleur ami avait acquis une réputation de trompe-la-mort dans leur ordre. Il espérait pourtant de tout son être que l’orc s’en soit encore tiré, refusait fermement la possibilité qu’il soit mort. Kardrath, originaire du clan originel de la Main Brisée avant que celui-ci ne devienne la guilde des Voleurs de la Horde, en plus d’être son ami, était celui qui l’avait permis de développer tous ses talents dans la voie des assassins des ombres depuis qu’il avait rejoint cette faction. Il devait en avoir le coeur net, se hâter dans le cas où Kardrath était encore en vie et pouvait peut-être être sauvé s’il se dépêchait. Malgré les protestations du Nécrotraqueur, Jin’teran invoqua les ombres furtives pour disparaître aux yeux malhabiles et remis du poison sur des dagues ; il devrait redoubler de précaution dans les rues arpentées par les agents du Syndicat, qui étaient Voleurs pour la plupart. Le troll bondit du rempart sur le toit délabré d’une maison, et commença à se frayer un chemin vers l’armurerie.


* * *
- Troll ! Relevez-vous, nous avons besoin d’aide !
Jin’teran sortit de sa torpeur stupéfaite à l’appel qu’on lui faisait. Derrière lui se tenait un de ces orcs qui était arrivé sur leur île. Il portait nombre d’entailles récentes, qu’il avait très certainement obtenu au cours du précédent combat, mais il ne semblait pas du tout gêné par elles. En même temps, ce n’étaient que de légères coupures, pas de quoi inquiéter un être que le troll savait avoir une nature de guerrier, après avoir été témoin des prouesses des orcs au combat.
L’orc reporta son attention sur lui, après avoir jeté un regard circulaire sur les ruines de leur village, dévasté par les murlocs monstrueux qui avaient surgi des marées à l’improviste. Ils avaient tant perdu dans cette attaque, alors qu’ils étaient concentrés sur les humains... lui aussi avait énormément perdu.
- Ils ne vous ont pas non plus épargné ici, commenta la peau-verte.
- Non. Y’a pas beaucoup de survivants, les huttes sont foutues... Notre chef, Sen’jin, il a été capturé d’après les autres. Et ma femme... !
Le seul fait d’y repenser, de l’avouer le mis presque hors de lui. Il attrapa son couteau et le plongea dans le crâne d’un des seuls murlocs morts, qui était resté pourrir au milieu du village. Pourquoi n’avait-il pas été là à ce moment, par tous les Loas ?! Il aurait pu aider, peut être qu’il aurait pu empêcher que les monstres visqueux ne fassent autant de ravages, même s’il avait dû y périr pour cela.
- Ne vous laissez pas aller à la colère, troll, surtout pas au combat. Elle altère votre jugement et votre capacité à contrôler vos frappes efficacement, et entraine la défaite à coup sûr. Et nous avons besoin de guerriers capables en cette heure difficile.
- Et vous êtes qui pour parler de contrôler la colère ? ricana Jin’teran. Vos amis, ils ont pas été enlevés aussi ? Ils vont être sacrifiés à la Sorcière des mers... par des murlocs, mutés. Vous sentez vraiment pas de colère face à ça ? Je vous ai bien vu, vous les orcs, la haine que vous avez dans les yeux en regardant ces humains.
- Je
suis en colère, troll. J’enrage à la pensée que notre chef de guerre, le plus noble et honorable que j’aie connu après Marteau-du-Destin, se soit fait enlever par des murlocs. Les créatures les plus grotesques de ce monde, vous vous imaginez ! Mais je suis plus qu’un guerrier orc, je suis un Voleur. Je suis une ombre dans les ombres, je ne dois pas être remarqué, je dois savoir et pouvoir frapper vite et juste, au bon moment, et disparaître tout de suite après. Je dois faire preuve de contrôle à chaque instant, et encore plus au moment où mon chef et mes frères ont besoin de l’aide de ceux qui peuvent encore se battre. Donc, même si la colère vit en moi, troll, je ne peux pas la laisser déborder, sinon j’échouerai dans la mission qui me revient, de protéger le chef de guerre. Qu’en dîtes-vous ?
Intéressant. Il ne s’attendait pas à trouver un être qui parvenait aussi bien à conserver son sang-froid tout en ressentant la colère au plus profond de son âme. Ce qui suscitait également toute son attention, c’était que l’orc s’était appelé “Voleur”... une ombre parmi les ombres. C’était l’art  qu’il pratiquait déjà, même s’il ne portait pas le même titre. Ils étaient donc assez  proches malgré tout. Jin’teran ferma les yeux, prit un moment pour refouler toute la rage et la haine qu’il avait éprouvé en voyant son village natal dévasté, en constatant l’absence de son chef, de ses frères et de sa bien-aimée, après l’attaque. Quand il les rouvrit, il était prêt.
- Allons chasser de la poiscaille, mec, dit-il avec un sourire carnassier que l’orc lui rendit.
Jin’teran et Kardrath se fondirent dans les ombres, et allèrent à la poursuite des ennemis de la Horde et des Sombrelances.

* * *


- Je savais bien que tu pouvais pas être mort comme ça, murmura-t-il accroupi auprès du corps blessé de Kardrath.
Il en était quand même le premier étonné. Ce coup-ci, les blessures du Voleur étaient bien plus graves que tout ce qu’il avait pu le voir recevoir en cinq ans de service commun. Il avait cru que cette fois, l’orc ne s’en serait pas sortit, pourtant en se rapprochant il avait pu apercevoir sa poitrine qui continuait à se soulever faiblement, ses yeux récemment redevenus marrons cligner de temps à autre dans un état semi-léthargique.
Réagissant au son de sa voix, Kardrath ouvrit complètement les yeux, et chercha son camarade troll du regard. Il lui adressa un faible sourire, avant de grimacer de douleur. Nul doute là-dessus, il souffrait beaucoup de ses blessures.
- L’Alliance..., marmonna-t-il.
- Je m’en doutais. Combien ?
- Ils étaient cinq. Les gars en ont tué trois, avant de tomber. Les survivants sont un humain et une humaine... Le mâle est un boucher, il a abattu la réprouvée et Hordrak à deux secondes d’intervalle.
- L’humaine ?
- Se tenait plus en retrait, mais elle sait se battre.
- Compris. Je suis allé voir si quelqu’un s’en était sorti, je suis content que tu respires encore mon frère. Il doit bien y’avoir un moyen de...
- Je suis condamné mon frère..., annonça douloureusement l’orc. L’humain m’a planté bien quinze fois ses dagues pleines de poison dans le corps, avant de me laisser agoniser là. Le poison est dans tous mes membres... C’est trop tard pour moi. Je fais un dernier effort pour pouvoir te parler avant la fin.
- Non, je vais t’aider à t’en sortir. Mec, c’est toujours toi qui survis même dans les missions-suicide, pourquoi pas là ?
- Je ne me suis jamais pris quinze poignards empoisonnés à la suite.
Continuer d’argumenter serait une perte de temps, et Jin’teran se rendait bien compte en examinant son camarade qu’il avait dépassé le stade où il aurait encore pu intervenir pour neutraliser le venin. Cette fois-ci, la rage s’imposa dans son corps et son esprit. Ses mains, si sûres et fermes d’habitude, se mirent à trembler sous son influence, et il sentit même ses yeux le piquer avec l’amertume de ne rien pouvoir faire pour son meilleur ami, alors qu’il était aux portes de la mort. Kardrath parvint, lentement mais sans gémir malgré la douleur, à saisir le bras de son camarade.
- Jin’, chasse la colère tout de suite. Les ennemis sont partout, et il y a une mission en cours. Survis, et là tu auras le temps de verser pour ma mort toutes les larmes que tu peines déjà à garder.
- Tu me demandes de pas réagir alors que les salauds de l’Alliance t’ont massacré, alors qu’on était même pas sur leur territoire, même pas en mission contre eux ?! répliqua-t-il en haussant un peu la voix.
Le troll réalisa que les paroles de son ami étaient quand même sensées, qu’il ne pouvait pas se permettre de hurler toute sa rage, pas quand des centaines d’adversaires étaient juste à côté. Fort heureusement, il n’avait pas assez élevé la voix pour alerter qui que ce soit ; rien n’indiquait que personne ne venait vérifier qu’il n’y avait rien d’anormal, ils avaient eu de la chance.
Cela dit, peut-être que l’ennemi savait aussi disparaître du regard. Non, ça ne servait à rien de faire une hypothèse là-dessus. C’était une certitude. Kardrath voulut recommencer à parler, mais le Voleur lui fit discrètement signe de se taire. Le silence se fit, mis à part pour les bruits venant de l’extérieur, cependant même ainsi le troll pourrait détecter le moindre son suspect dans la salle. Il se concentra, son ouïe décuplée par le pressentiment de danger, et sonda comme il le pouvait les alentours. Puis, au milieu du vide sonore, il perçut quelque chose. Un souffle, à peine maîtrisé pour être difficilement audible, mais était accéléré, comme si celui qui le produisait retenait un fou-rire.
“Ça, c’est le boucher,” devina Jin’teran.
Il se retint de sourire à l’idée qu’il allait la mettre mal au meurtrier de son meilleur ami, et murmura au plus bas de sa voix un avertissement à l’orc, en lui faisant comprendre qu’il voulait le piéger. Kardrath hocha légèrement la tête, et se mit à parler tout aussi bas, pour que l’humain aie l’illusion qu’il pourrait prendre Jin’teran par surprise, sans se douter que l’orc ne faisait que marmonner les extraits d’un lok’tra dans un dialecte complexe de la langue orque et que le troll n’en écoutait aucun mot malgré son air concentré. Très rapidement, le troll sentit que quelque chose était derrière lui, et se rapprochait.

L’humain surgit de l’ombre et tendit les bras pour planter ses dagues dans le cou du troll. Son expression de triomphe se changea subitement en surprise, puis en horreur, dès lors que Jin’teran avait fait volte-face en moins d’une seconde pour parer son attaque, le faire trébucher, avant de porter le coup de grâce en appuyant avec la force de ses deux bras une de ses dagues, en plein dans le coeur de son ennemi. Malgré l’armure de cuir, la lame transperça aisément la couche défensive, et ressortit de la chair du Voleur mort toute ruisselante de sang humain.
Kardrath ne put retenir un petit rire satisfait. Le troll non plus ne put s’empêcher de sourire cruellement à l’idée d’avoir induit le Voleur en erreur et de l’avoir ainsi trompé. Cependant, il devait contrôler sa fierté ; c’était bien cela qui venait de perdre l’humain. Il avait bien eu envie de lui infliger le même traitement qu’il avait donné à son ami, de le scarifier à mort, lui implanter tous les poisons qu’il avait en réserve (et en tant que Voleur Sombrelance, il en avait toute une variété) et le laisser mourir là, à la merci du temps ou du premier qui le trouverait. Ce que l’humain avait fait à Kardrath n’était pas honorable, mais Jin’teran, en tant que membre de la Horde, devait agir avec honneur à chaque instant, même s’il était un Voleur. Il releva sa victime par le col de son armure, préparant sa dague tandis que l’humain hoquetait de terreur, sans pouvoir articuler un seul mot.
- On marche pas sur un serpent sans se faire mordre, fit dédaigneusement le troll avant de s’en retourner auprès de son camarade.
Il restait à présent l’humaine, à laquelle il lui faudrait faire plus attention ; si elle “se tenait  plus en retrait”, ce n’était pas forcément parce qu’elle était une novice, faible, mais plus vraisemblablement une combattante réfléchie, qui analysait les situations dans lesquelles elle se trouvait, et frappait quand nécessaire... dommage qu’elle n’ait pas dirigé l’équipe de l’Alliance, si sa théorie était juste elle n’aurait pas ordonné ce massacre. En tout cas, il fallait écarter l’hypothèse qu’elle était une novice. Seul un fou enverrait une apprentie dans un territoire rempli d’ennemis. Au moins, Kardrath était vengé.
- Merci mon frère, murmura l’orc. Maintenant, il faut finir la mission.
- Ça sera pas tout de suite, malheureusement. Les autres gars, ils se sont barrés quand ils ont vu le signal de retraite. Je crois pas pouvoir me charger seul de la sorcière des réprouvés et lui voler l’artefact en le gardant intact.
- Si, tu es largement capable d’accomplir la tâche que Gordul m’a confiée. Je te fais confiance...
- Et comment tu voudrais que je passe les gardes en face de la piaule dans laquelle elle se cache, mec ? Je sais me battre, les ombres elles me cachent bien, mais c’est pas un cadavre ambulant de pacotille, c’est une sorcière morte-vivante, elle a des défenses magiques qu’on peut pas casser en un coup de dague. En plus, elle a son artefact que les réprouvés disent qu’elle va détruire si elle a le temps de comprendre qu’elle va perdre. Et je parle pas de ses gardes du corps... Grâce aux idiots de  l’Alliance, on a plus de diversion.
- Je peux faire la diversion, dit l’orc. Je vais rassembler les explosifs que nos camarades transportaient, et les faire sauter ici même pendant que tu vas chercher la cible.
Kardrath semblait vraiment insister pour que lui, Jin’teran, se mette tout de suite en quête de la sorcière et termine maintenant la mission. D’un côté, c’est vrai qu’ils avaient eu la chance de ne pas avoir encore été repérés, et l’orc allait mourir quoi qu’il arrive, autant que son dernier souffle lui permette d’atteindre leur objectif. Mais la mission ne requérait pas que d’exécuter Karena Lievan, la sorcière qui avait dérobé un artefact démoniaque à Fossoyeuse, il fallait aussi rapporter ledit artefact... et il y avait de grands risques pour qu’elle essaye de le détruire s’ils échouaient à l’attaquer selon le plan dressé par les Nécrotraqueurs.
- Je suis condamné, continua Kardrath, dans une ville pleine d’ennemis, aucune échappatoire... Si je dois mourir, je préfère que ce soit dans un dernier acte pour permettre à mon ami de réussir la mission qui nous a été confiée, pour la Horde.
- Pour la Horde... Et quand on pense que c’est le démon des réprouvés qui nous a appelés là-dessus. Sans son appel, ça ne se serait jamais passé !
- C’est vrai, mais cette requête était une erreur autant pour ma vie et celle de nos camarades que pour ce Varimathras. Il y a une dernière chose... que tu dois savoir, la raison pour laquelle il vaudrait mieux que tu mettes fin à la mission maintenant... en tuant la sorcière. Même si elle va détruire l’artefact.
Jin’teran haussa un sourcil, intrigué. Lui et ses camarades de la Main Brisée avaient remarqué au cours des trois derniers jours que Kardrath semblait différent, s’exprimer comme s’il faisait attention à ses mots, même s’ils n’avaient pas songé utile de l’interroger, pressentant qu’il devait avoir reçu une mention particulière dont il n’avait pas le droit de parler. Qu’était-ce donc ?
- On nous a dit que la sorcière, Karena Lievan, avait fui Fossoyeuse en emmenant avec elle un artéfact démoniaque qui venait d’être subtilisé à la Ligue des Explorateurs. Quand il m’a donné l’ordre de mission, Gordul m’a aussi confié un ordre secret.
- Tu ne nous en as pas parlé ?
- Il fallait que je sois le seul à savoir, pour prendre seul la responsabilité de la destruction de l’artéfact que veulent les réprouvés. Ce n’est pas un objet anodin, d’après Gordul, c’est un artéfact qui contient un résidu de l’âme d’un puissant nathrezim qui a été banni il y a longtemps de cela... Varimathras peut être du côté des réprouvés, mais il n’est pas certain pour nous qu’il supporte la Horde, et nous nous méfions de lui. Une relique telle que celle que Lievan a dérobée ne doit pas repasser à sa portée, et doit être détruite tant que nous avons l’occasion de faire passer ça pour un accident ; je devais m’en charger, mais comme ma fin est proche... Il n’y a que toi pour accepter de porter à bien cet ordre... ainsi que la responsabilité qui va avec, quand les réprouvés vont l’apprendre. Pas bien terrible, mais il va falloir veiller à ce qu’ils ne le prennent pas trop mal, la Horde trouve des intérêts dans notre alliance.
Le troll hocha la tête en silence. Il accepterait cette tâche, et la mènerait à bien comme son ami n’avait pu réussir... l’Alliance avait bien des comptes à rendre, dorénavant. Kardrath remit à son ami une dague, qui lui avait été remise par Gordul et avait été enchantée pour détruire l’orbe démoniaque et le fragment d’âme du nathrezim. Les deux camarades se serrèrent fraternellement le bras, puis Jin’teran se releva et disparut dans l’ombre, pendant que l’orc se hissait sur ses bras avec le peu d’énergie qui lui restait. Jin’teran le regarda ramper avec acharnement vers les corps de leurs compagnons décédés, refusant de faiblir malgré sa souffrance visible. Il adressa un dernier salut à Kardrath, confiant le salut de son âme à Bwonsamdi, avant de se faufiler hors de l’armurerie. Dans la rue, une patrouille commençait à se rapprocher, fidèle à l’horaire que le Nécrotraqueur avait rapporté, qui se révélait correct en fin de compte...
Jin’teran se glissa derrière leur formation de trois hommes, vigilant quant à ne pas se faire remarquer comme les agents du Syndicat étaient aussi habitués aux ombres furtives, et jeta une petite bombe dans une ruelle juste à côté d’eux, qui explosa dans un bruit sec. Les gardes allèrent voir ce qu’il se passait. Ils seraient probablement plus sur leurs gardes en voyant les restes de l’engin explosif, mais Kardrath aurait le temps de faire exploser l’armurerie... malgré toute sa volonté pour garder ses sentiments sous contrôle, le troll sentit son coeur se serrer de tristesse en pensant que son meilleur ami allait mourir, même si son ultime sacrifice était volontaire et dans un souhait de pouvoir agir pour la Horde. Combien d’êtres chers lui resteraient désormais, dès qu’il aurait été réduit en cendres dans l’explosion ?
Un seul...

L’explosion fut fulgurante, renversant instantanément au sol tous les agents du Syndicat qui étaient proches. Jin’teran s’était déjà éloigné et était prêt, à côté de la masure qui abritait Karena Lievan. Le chagrin surgit à la vue du nuage de flammes qui bondit jusqu’au ciel, transportant les restes de Kardrath, les réduisant en cendres à chaque seconde. Il fit en pensée le serment de ne pas décevoir la confiance de son ami, et attendit à présent que les gardes de la sorcière réagissent, ce qu’ils firent rapidement.
- Qu’est ce que c’était ? demanda une femme.
- L’armurerie vient d’exploser, madame ! expliqua un des gardes.
- Ça ne peut pas être un accident. Vous, dit-elle en désignant une grosse partie des surveillants, allez voir ce qui se passe et si vous pouvez prêter main-forte aux autres. Et vous deux, vous restez avec moi pour protéger Lievan et la relique. Revenez au plus vite, il se peut que cela soit une diversion.
Perspicace de sa part, pourtant la chef des gardes du corps avait commis une erreur en envoyant autant de ses hommes dehors. Il pouvait se charger des trois derniers seul, même si ça ne serait pas une tâche aussi simple qu’il aurait préféré. Jin’teran attendit que les humains se soient assez éloignés pour se glisser au rez-de-chaussée, où seulement la femme et un garde restaient, le troisième remontait à l’étage.
Bondissant hors des ombres, il planta sa dague empoisonnée en plein dans la carotide de l’homme, et passa à l’humaine. Celle-ci l’avait vu bouger dans les ombres, mais n’eut pas le temps d’alerter son camarade du danger ; elle passa quand même à la défense rapidement, offrant un peu plus de difficulté pour le troll. Elle tenta d’appeler, mais il lui donna un coup de pied en plein dans l’emplacement de ses poumons pour lui couper le souffle, avant de la saisir fermement et de mettre fin à sa vie en lui tranchant la gorge. Maintenant, il n’en restait plus qu’un.
Un mouvement à côté de lui lui indiqua néanmoins qu’il y avait quelqu’un de plus, caché dans les ombres comme il savait le faire. Dommage pour celui-là, car il l’avait vu. Anticipant une attaque, il frappa le premier, seulement pour se faire parer à son tour alors que le camouflage du Voleur tombait. Il découvrit avec surprise l’identité de ce quatrième opposant, et sentit la colère enfouie s’intensifier en reconnaissant certains signes distinctifs, qui se voulaient plus discrets qu’un tabard, mais restaient malgré tout très visibles et générateurs de haine et de rage chez le troll, qui devait pourtant contrôler ce genre d’émotion.
C’était l’humaine. La dernière survivante du groupe de l’Alliance qui avait attaqué ceux qui étaient chargés de mettre en place la diversion... c’était à cause d’elle et de ses camarades que Kardrath était mort !
Il fut tenté de se dégager de leur blocage mutuel, d’en finir avec elle sur le champ. Mais quelque chose lui fit sentir que s’il choisissait de l’attaquer, elle ne serait pas aussi aisée à battre que les deux membres du Syndicat qu’il venait d’éliminer. Déjà, elle portait les marques humaines du vieillissement, ce qui impliquait de l’expérience, ensuite le regard assuré et calculateur qui se dégageait de ses étranges yeux fins et noirs -assortis à sa chevelure  ébène- révélait que même dans l’action, elle ne cessait de réfléchir, d’analyser, exactement comme lui.
Aucune émotion ne semblait transparaître sur son visage, seulement une profonde concentration focalisée sur le troll. Elle ne montrait aucun signe particulier d’agressivité envers lui, et il comprit très vite qu’elle s’était tenue derrière lui pour observer, pas pour attaquer. Pourtant, elle avait aidé ses camarades à tuer les compagnons de Jin’teran, qui s’étaient défendus et avaient pris les vies de ceux de l’Alliance. Et il avait été celui qui avait tué le dernier survivant en-dehors d’elle.

L’humaine se désengagea subitement, et prit un couteau de lancer à sa ceinture, qu’elle jeta derrière le troll ; la lame passa à côté de la tête de celui-ci et continua dans une trajectoire meurtrière plus loin encore. Jin’teran n’eut pas besoin de se retourner pour entendre un gémissement étouffé suivi du son d’un corps tombant dans les escaliers. Trop occupé à analyser l’humaine, il avait à peine entendu le troisième revenir. Clairement, elle et ses camarades de l’Alliance n’étaient pas à Stromgarde pour prendre le thé avec les agents du Syndicat...
- On dirait que vous cherchez aussi la réprouvée, humaine, comprit-il.
- Exactement, répondit-elle avec une voix ferme et sérieuse. Il semble que nous avons une cible commune... reste à savoir si les objectifs sont semblables.
- Vous voulez parler de l’orbe ?
- Perspicace. Vous devez être à sa recherche, mais j’ai l’impression que ce n’est pas pour les mêmes raisons que moi.
- Ça dépend. Vous voulez l’offrir dans un écrin à votre chef, ou détruire pour de bon la puissance qu’il contient ?
- Il doit être détruit. Définitivement.
- Alors on pourrait s’entendre, Voleuse.
L’humaine parut surprise, et son masque se déchargea d’un peu de la sévérité qu’elle renvoyait au troll. Jin’teran n’en tira que plus de rancoeur contre la femme et ses camarades, qui avaient assassiné Kardrath alors qu’il avait les mêmes objectifs qu’elle et les siens.
- On dirait. Vous êtes... le dernier survivant ?
- Ouais. Votre chef, il a pas été malin d’attaquer le mien. Tant de sang qui a coulé pour rien.
- Mon frère est... était plein de fougue, troll. Il haïssait la Horde, et quand il a vu vos camarades, il nous a ordonnés d’attaquer, alors que nous étions en territoire ennemi. Il ne faisait pas un très bon Voleur.
- Hm... Vous avez vu que je l’ai tué.
- Oui.
- Vous ne sentez rien à propos de ça ? Même pas envie de me trucider pour le venger ?
- Ce n’est pas l’envie qui m’en manque... mais à quoi bon, surtout maintenant ? Nous avons un objectif à remplir pour nos supérieurs respectifs, déjà un ennemi capable à combattre, et je devrais m’en rajouter un, tout de suite, qui a vraisemblablement autant de compétences que moi ?
- On perdrait des heures si on devait se battre à mort, compléta le troll. Et si l’un de nous gagnait avant que les gardes aient éteint le brasier, ils tomberaient sur lui alors qu’il est affaibli. Sans compter la sorcière, le survivant pourrait pas tenir face à elle en étant affaibli.
Elle hocha la tête, assertive. Tous deux avaient compris que s’affronter maintenant ne serait que pure folie en plus d’une perte de temps et d’un énorme risque ; ils gagnaient bien plus en s’alliant... même si c’était aux côtés du meurtrier d’un frère (tant pour la Voleuse que pour Jin’teran). L’appel de la mission était plus fort que tout, et nécessitait de mettre de côté les sentiments perturbateurs, incluant la haine et l’aversion. S’ils voulaient remplir leurs contrats, la coopération était un impératif.
D’un même mouvement, ils acquiescèrent à une question silencieuse, bien que nettement compréhensible par les deux Voleurs, et ils repassèrent dans les ombres avant de gravir en finesse l’escalier. Maintenant que Jin’teran était à côté de l’humaine, il pouvait la voir avancer dans son camouflage avec adresse et précision ; on entendait à peine un seul son provenir de ses pas, même si elle portait des bottes. Elle avait beau être une ennemie, il ne pouvait s’empêcher d’avoir un peu d’admiration pour ses talents manifestes, et sa maîtrise parfaite de soi.
C’était le modèle vers lequel Kardrath aspirait à se rapprocher, l’idéal du Voleur capable d’être indétectable, incalculable tant par le camouflage que par un contrôle absolu des passions destructrices, qui permettait de se montrer  aussi mortel par sa capacité d’analyse rapide et souple que par ses armes silencieuses et empoisonnées. Une ombre parmi les ombres, qui sortait des recoins les plus ténébreux, frappait et disparaissait sans pouvoir être appréhendé par les ennemis ; une ombre que l’on craignait, même sans pouvoir reconnaître son visage. Il se demanda un court moment si Kardrath n’avait pas échappé aux flammes et se déguisait en humaine pour lui faire une farce, mais chassa l’idée complètement farfelue. L’humaine était bien trop maigre et petite. Et ce n’était pas du tout dans l’esprit de son ami maintenant décédé - cette idée était vraiment perturbante - de s’adonner à ce genre de facéties en plein dans une mission. Il n’y avait rien d’étonnant à ce qu’il trouve une énorme ressemblance par leurs façons d’agir et de penser, c’était l’âme du Voleur.

La sorcière était sortie d’une pièce à l’étage, scrutant l’escalier avec ses yeux morts. L’orbe démoniaque était attaché à son cou par une lourde chaîne, luisant d’une faible lueur rouge avec des tourbillons noirs et sanglants convergeant à son centre parfait.
- Je sais que vous êtes là, intrus. Vous devriez retourner auprès de Varimathras et lui dire que son précieux orbe est attendu par quelqu’un de bien plus compétent que lui. Ou si vous insistez, je demanderai au Syndicat d’expédier vos restes par la poste !
Des menaces qui étaient bien loin d’effrayer deux Voleurs. Jin’teran ne savait pas trop quoi penser de son allusion à Varimathras, il y avait bien trop de sous-entendus dans cette phrase pour en conclure quoi que ce soit de solide. L’humaine regarda le troll avec un air interrogateur ; elle voulait savoir s’il était prêt à attaquer. Un bref hochement, auquel elle répondit par un même geste, et ils se mirent à glisser silencieusement vers la sorcière réprouvée. Jin’teran prit soin de signaler par signes à son associée à quel endroit elle pourrait traverser le discret glyphe de givre que Lievan avait tracé dans la poussière sur le sol. Enfin, ils étaient parés.
Jin’teran engagea le combat, en jetant un couteau simple sur la réprouvée. Comme il s’y attendait, elle s’était entourée d’un bouclier protecteur, qui dévia la lame alors qu’elle en touchait la surface. La sorcière commença à canaliser un sort rapide à jeter sur le troll, mais fut interrompue par l’humaine qui venait d’apparaître avec un lacet à pointes qu’elle enroula autour de la fragile gorge de la morte-vivante, semblable à un serpent qui surgissait d’un recoin sombre pour enserrer sa proie dans ses anneaux mortels. Fidèle à ses réflexes, Jin’teran profita de l’ouverture dans la garde mentale de la réprouvée pour planter une première dague, qui parvint à briser le bouclier magique, puis sa seconde lame vint détacher de son corps la tête de la sorcière.
Le lien impie qui rattachait l’âme de la réprouvée à son corps décrépi ne tint pas au choc, et le corps et la tête tombèrent au sol, complètement inanimés. L’humaine rangea son lac à sa ceinture, et se pencha pour récupérer l’orbe. Il était encore intact ; la bataille avait été tellement brève, presque simple, que Jin’teran se demanda si c’étaient les réprouvés qui avaient surestimé leur cible, ou si c’était leur duo qui était redoutablement efficace. Ce qui était quand même étonnant, pour quelqu’un de la Horde et de l’Alliance qui avaient assassiné des camarades de leurs camps respectifs.
- Nous avons réussi, dit l’humaine avec un ton légèrement appréciatif. Maintenant, il faut le détruire.
- On vous a donné quelque chose pour ? demanda le troll en sortant la lame que Kardrath avait reçue de Gordul.
- Oui, un Maître-Démoniste s’est chargé de me concevoir cette dague pour annihiler cette trace de l’essence du démon.
- Vous êtes bien équipés. À vous l’honneur ?
- Vous méritez autant que moi de le détruire...
En échangeant un regard vers la dague de l’autre, Jin’teran eut une idée pour résoudre ce petit “problème”. Un coup d’oeil vers l’humaine lui permit de comprendre qu’ils pensaient à la même chose. La Voleuse tendit l’orbe, qu’il saisit avec une main libre en même temps qu’elle, tandis qu’ils préparaient leurs dagues enchantées. Les deux complices eurent un bref échange de regards, puis ils se reconcentrèrent sur l’orbe, qu’ils plantèrent ensemble à l’aide de leurs armes enchantées. L’objet scintilla de noir, sa température grimpante les poussa à le lâcher pour ne pas avoir leurs mains brûlées ; le verre enchanté se brisa au moment où il entrait en contact avec le plancher, et un filet de fumée pourpre s’en échappa tout en disparaissant petit à petit, tandis qu’un cri de douleur s’effaçait en même temps que les émanations de l’âme. La relique, et le fragment d’âme qu’elle contenait, n’étaient plus.
C’était tellement simple, et pourtant ils avaient tant perdu pour avoir une chance d’accomplir ce seul geste.


* * *
Depuis le pont des bateaux humains, nombre des Sombrelances survivants contemplèrent en silence leur île natale s’enfoncer sous les flots, la grande montagne de feu vomissant un liquide dévastateur qui couvrit la roche, puis la jungle sous les flammes. Jin’teran ne sentait cependant pas autant de chagrin que d’autres pouvaient en avoir, alors même que les ruines encore perceptibles de leur village étaient noyées sous la lave. C’était son foyer, l’endroit où il était né, où il avait rencontré ses amis, sa compagne... Mais ils étaient à présent embarqués sur les navires des orcs, qui les amenaient vers une nouvelle destinée. Vol’jin, le fils du respectable Sen’jin, avait hérité du commandement et des visions de son défunt père, et les guiderait vers un avenir meilleur, dans la terre que leurs nouveaux alliés orcs cherchaient à atteindre. Il voyait son nouveau chef en conversation avec Thrall, le chef de la race verte, sur un autre bateau. Les Sombrelances avaient perdu beaucoup, mais la Horde les avaient sauvés, et avec eux le futur était à portée, avec des promesses de jour meilleurs pour leur tribu si longtemps victime de nombreux antagonismes ; il avait foi en l’avenir, avec la Horde.
Dria’ka, toujours aussi resplendissante malgré les coupures qu’elle portait et les traces évidentes de fatigue, se tenait à son bras, essayant de rester droite même s’il savait qu’elle se forçait à ne pas chanceler. Elle avait traversé tant d’épreuves éprouvantes que c’était un miracle qu’elle puisse encore se montrer debout, sur le pont (drôle de nom, pour lui un pont c’était la structure qui permettait de traverser une rivière). Jin’teran était un peu inquiet pour leur enfant encore à naître, après qu’ils aient réussi à s’échapper des tunnels étouffants dans lesquels les murlocs mutants - qu’ils crèvent tous dans la lave, avec leur saleté de sorcière des mers !- , mais Dria’ka lui avait assuré qu’ils iraient bien tous les deux. C’était tout ce qu’il pouvait souhaiter de mieux.
Le troll remarqua en se retournant un visage connu qui s’approchait d’eux. Kardrath finit par émerger de la foule, leur souriant avec bienveillance.
- Le capitaine m’a dit que d’ici la fin de la journée, nous serons loin du Maesltröm, et peut être que la tempête nous lâchera enfin. Comment allez-vous, tous les deux... ou devrais-je dire, tous les trois ?
- Mieux que nous n’avons pu l’être au cours de ces jours d’angoisse, frère, répondit Jin’teran.
Pendant leur infiltration du repaire murloc pour prêter secours aux membres de leurs races respectives, les deux guerriers s’étaient beaucoup liés. Jin’teran avait pu apprendre de l’orc en combattant à ses côtés, et se sentait capable de se réclamer de la classe des Voleurs. Le plus important restait tout de même que grâce à Kardrath, Jin’teran avait pu sauver Dria’ka, ainsi que leur futur enfant.
- On doit tellement à ton peuple, dit Jin’teran. Et nous trois, on a une grande dette envers toi, Kardrath.
- Si on a un fils, il s’appellera comme toi, mec ! lança la trollesse avec un sourire amical.
- Je... Je ne sais pas si je mérite vraiment que l’on nomme des enfants après moi.
- T’es trop modeste, Kardrath, ricana le troll. De toutes façons, si Dria’ka a cette idée en tête, elle en démordra pas. C’était déjà pareil quand on était gosses, dit-il à sa compagne, t’as décidé qu’on serait mariés, t’en as pas démordu pendant toutes ces années même quand t’avais des prétendants nettement plus coriace que moi, le maigrichon qui savait que se cacher dans l’ombre !
- T’étais pas maigrichon, Jin’, qu’est-ce que tu racontes ! Mais t’as pensé à moi, tout ce que j’ai pu imaginer pour que tu remarques enfin que c’était toi que je voulais, et pas un gros berserker sans cervelles ou un sorcier que tu sais pas s’il t’a ensorcelée par une potion ou parce qu’il est vraiment bien ! Il a bien fallu vingt ans avant qu’il comprenne qu’il avait juste à aller me parler pour qu’enfin on puisse s’aimer comme il le fallait... et que ça éviterait aux autres trollesses qui croyaient pouvoir me prendre mon troll des ombres de souffrir de mes poisons, ajouta-t-elle avec un sourire espiègle.
- Hm... très tenace, je te l’accorde, remarqua Kardrath. Bien, dans ce cas j’ai hâte de voir grandir ce jeune troll nommé après un orc dans le nouveau monde ! Et plus de murlocs ni de sorcière des mers pour lui faire peur ainsi qu’à ses camarades de jeu !
- J’espère que Bwonsamdi va bien les tourmenter même dans le monde des morts, qu’ils regrettent avoir été intelligents un jour ! ricana Dria’ka.
Le troll sourit à la remarque de sa femme, suivi par Kardrath. Après un certain temps, lorsque l’île commençait à disparaître l’orc retrouva une mine un peu plus solennelle, et Jin’teran comprit qu’il voulait lui parler de quelque chose de très important.
- Jin’, après tout ce qui s’est passé je t’ai bien observé pendant que tu combattais. Tu as le talent qu’il faut pour devenir un Voleur d’exception, j’en ai l’intuition et nombre de mes camarades  aux côtés desquels tu a combattu partagent une impression similaire. Nous autres, les orcs, sommes apparentés par la naissance à différent clans, un peu comme vous êtes originaires de tribus spécifiques. Les clans ont un passé chargé, souvent trempé dans le sang ; pour ce qui est du mien, la Main Brisée, je crains que nous ne soyons que très peu à avoir survécu de notre lignage. Le clan, selon la tradition orque, va probablement s’éteindre d’ici peu. Cependant, le peuple de la Horde a comme ambition de trouver sa destinée dans le nouveau monde, Kalimdor, et d’y installer son royaume dans une terre vierge. La Main Brisée y aura un avenir, en tant que la guilde des Voleurs au service de la Horde ; notre chef, Gordul, pense qu’au vu de notre sous-nombre, les descendants directs de la Main Brisée seuls ne pourront garder l’ordre en vie, mais nous pouvons transmettre l’héritage de techniques de Voleur que nous avons reçu des anciens du clan à du sang neuf, orc comme troll, ainsi que tout allié futur et potentiel de la Horde. Jin’teran, serais-tu intéressé de rejoindre la Main Brisée, mettre tes talents innés de Voleur au service de notre faction ?
- Faudra pas me le demander deux fois Kardrath, bien sûr que je vais te suivre ! Les Sombrelances ont une dette envers les orcs, et moi et les miens, on va la rembourser, et au-delà. La Horde, c’est notre faction, notre avenir, on se battra pour elle. Jusqu’au bout.

* * *


Ils étaient enfin hors des murs de Stromgarde. Ça n’avait pas été facile de passer au travers des patrouilles intensives alors que l’alerte avait été donnée quand Karena Lievan avait été découverte morte et décapitée et l’artéfact détruit. Mais une fois encore, en s’accordant, Jin’teran et l’humaine avaient réussi avec succès à passer au travers des mailles du filet tendu par le Syndicat. Hors d’atteinte de leur ennemi commun, cependant, ils redevenaient ennemis. Mais ils avaient convenus qu’il leur fallait encore aller rendre leur rapport, et que seulement quand ils se seraient acquittés de leur devoir, les hostilités commenceraient à la prochaine rencontre.
- Comment allez-vous vous en tirer avec les réprouvés ? demanda l’humaine comme il lui avait mentionné à un moment qu’il agissait au-delà de la mission donnée par Varimathras.
- Je suis bon menteur, ce qui est important pour un Voleur. Je vais raconter la vérité en la déformant. Ce sera pas vous qui m’aurez accompagné, mais Kardrath. Qui aura péri en affrontant la sorcière, qui a détruit l’orbe après cela. Mon vrai chef, par contre, il saura ce qui s’est passé.
- Hm... Je ne détaillerai pas ce qui est arrivé dans mon rapport.
- Pourquoi ?
- Nous avons nos espions, vous aussi, les réprouvés également. C’est peut être paranoïaque, mais s’ils trouvent un témoignage qui contredit votre version des faits dans mon rapport, vous aurez des ennuis.
- Je sais pas si les réprouvés iront chercher aussi loin quand même...
- Peut être pas. Mais je suis très méfiante.
- Et pourquoi autant de sollicitude pour le troll qui a tué votre frère ?
- Appelez cela du respect pour un allié momentané. Et je vous dois bien ça, j’ai aidé à la mise à mort de vos amis quand cette action était inutile.
- L’encre pourra-t-il éponger le sang qui a coulé ?
- Qui sait... Peut être pas. À un moment donné, je vais ressentir le devoir de venger la mort de mon frère par votre main, troll.
- Vous savez quoi, moi j’ai pas grand chose contre vous. Votre frère a décidé de foncer comme un imbécile et de tuer mes amis, mon chef, qui était comme un frère pour moi, et il a essayé de me tuer. Je me suis défendu, et j’ai vengé mes frères par la même occasion. Ensuite, à vous de voir si vous avez envie de faire couler plus de sang. Mais si vous me tuez, mes enfants, ils prendront les armes contre vous, et vous tueront. Puis vos enfants essayeront de tuer les miens. Moi je sais que les Lame-de-Venin, ils sont toujours à l’affut. Vous nous prendrez jamais par surprise. Y’a que Bwonsamdi qui en est capable, mais lui c’est notre Loa.
L’humaine ferma les yeux, restant silencieuse un moment. Jin’teran se sentait de moins en moins l’envie de l’avoir comme ennemie, il avait réellement apprécié de travailler avec elle, ils étaient un duo redoutable quand ils combinaient leurs talents contre un ennemi commun. Mais il fallait se souvenir de la réalité du monde, l’Alliance et la Horde étaient en guerre, ce qui faisait que l’humaine serait, cherchant la vengeance ou pas, son opposante dès lors qu’ils se rencontreraient. Qui sait, un jour peut-être devrait-il l’assassiner, et vice-versa.
- Les lames de venin ? demanda-t-elle finalement. Vous faîtes référence à vos armes ou... il s’agit de votre famille ?
- Ce sont ceux de mon sang.
Il ne se sentait pas d’utiliser le mot “famille.” C’était le terme qu’il aurait effectivement employé si seulement Dria’ka était encore en vie, si elle n’était pas morte des années plus tôt en donnant naissance à une seule fille, Atalya. Mais il n’y avait qu’une seule personne qui représente sa “famille” en termes du lien du sang ; ce mot aurait dû s’appliquer à bien plus qu’un père et sa fille qui risquait de devenir orpheline pour de bon dès qu’il partait en mission.
- Avant que vous partiez, puis-je connaître le nom de celle qui hésite encore à me considérer comme un ennemi par le sang ? demanda-t-il finalement à l’humaine.
- Lame, répondit-elle.
- Lame ? répéta-t-il, haussant un sourcil. Les humains appellent leurs enfants à partir d’armes, ou c’est un nom de code ?
- C’est un nom de code, et plus encore, dit Lame avec un sourire amusé. Et vous ? Comment vous appelle-t-on ?
- Jin’teran Lame-de-Venin. Je suis un Voleur dans tout mon être, pas besoin d’inventer un nouveau nom pour une double-vie quand j’en ai pas besoin.
- Ah... Je vous envie, Jin’teran. Vous avez bien de la chance, de vivre pleinement l’existence que vous voulez selon la voie que vous avez choisie vous même, et non par la pression des autres.
- On a pas pu vous forcer à devenir Voleuse, vous avez trop de talent naturel pour cela, et vous avez bien dû vous en rendre compte.
- Merci du compliment, vous avez aussi beaucoup de qualités dans votre art. Mais effectivement non, j’ai bien choisi la voie des Voleurs moi-même, au détriment des avis de ceux qui me voyaient destinée à autre chose... Vous autres, trolls, pouvez à peine imaginer les complications dans lesquelles s’emmêlent ceux de mon peuple.
- On a pas mal de choses à revendre, je vous rassure. Mais vous êtes en harmonie avec l’idéal des Voleurs, c’est un chemin que vous suivez tout naturellement. Continuez sur cette voie, qu’importe ce que les ignorants peuvent vous dire.
- Je m’en souviendrai. Que vos dagues restent acérées.
- Et vos yeux aux aguets dans l’ombre.
Ça pouvait sembler inconsistant de souhaiter à son ennemi de toujours rester sur ses gardes quand ils allaient probablement être amenés à s’affronter, si jamais un contrat l’ordonnait. Mais ils reconnaissaient la valeur de l’autre, et savaient que si leurs factions différaient, exigeant d’eux de réagir de même, dans la voie du Voleur ils restaient liés par les ombres.


* * *

Le troll entra dans la hutte de Gordul, le chef de la Main Brisée. L’orc le salua avec un mélange de respect et d’affection, quand Jin’teran se contentait de rester plus sobre dans son salut. Jin’teran fit le rapport de sa dernière mission, qui avait permis l’exécution d’un chef d’une base de l’Alliance dans les Serres Rocheuses et avait donné à la Horde l’occasion de mettre la main sur une mine proche pour en tirer les ressources.
- Un bon travail, le félicita Gordul après avoir entendu le rapport. Votre unité travaille efficacement, et c’est reconnu de tous. Beaucoup sont impressionnés que tu aies réussi à faire de ceux qui n’étaient que des recrues plus ou moins en marge des agents redoutables au service de la Horde.
- Je fais que leur apprendre la voie du Voleur, et l’honneur du membre de la Horde. Comme ce que Kardrath m’avait appris il y a longtemps.
- L’un de mes meilleurs Voleurs. Je suis content de voir que tu sois aussi talentueux que lui, et encore plus que tes guerriers suivent ton exemple.
- Merci, vos compliments m’honorent, mais je veillerai à ce que la fierté ne viennent pas ruiner tout le travail.
Le maître Voleur eut un rire appréciatif, puis jeta un coup d’oeil à l’extérieur de la hutte, avant de revenir au troll.
- La fierté..., dit Gordul. Il faut en avoir, parce que nous sommes la Horde, et nous sommes un peuple de guerriers, fiers et aspirant à l’honneur. Mais la fierté ne doit pas dégénérer en orgueil, qui est la perte du Voleur lorsqu’il en est atteint.
Jin’teran acquiesça ; il se souvenait bien de tous ces ennemis qui avaient eu des occasions pour l’achever lors d’un combat ardu ou d’une traque particulièrement dangereuse, mais qui, dans un élan d’orgueil, avaient laissé passer leur chance et s’étaient pris ses poignards dans les points mortels.
- C’est ce que Kardrath disait. Toujours contrôler les passions, jamais laisser quoi que ce soit affecter la logique. Surtout pas en mission.
- Tu restes quand même très froid même quand tu n’as aucun ordre en cours. Je me demande si tu n’as pas affecté Shoran, ce garçon porte un tel masque à chaque moment que ça en devient perturbant...
- Non, il était comme ça même quand vous me l’avez présenté. C’est un Voleur dans toute son âme.
- Effectivement... La Horde gagne beaucoup à l’avoir de son côté.
- Shoran, il est fait pour la Horde. Il a ça dans le sang, c’est flagrant, nous les trolls on le reconnait bien.
- Contant de l’entendre. Continuons de parler d’elfe de sang, justement... mais pas de Shoran, ni des autres. Une nouvelle recrue vient d’arriver.
- Je sais pas pourquoi, ricana le troll, je sens que c’est moi qui vais m’en occuper.
- C’est exact. Cette fois-ci, c’est une elfe de sang, mais il ne s’agit pas vraiment d’une novice. Elle est issue directement des rangs des officiers du prince elfe Kael’thas, et pour une certaine raison elle a déserté et a demandé à rejoindre la Horde, en échange de certaines informations. Les forestiers de Lune d’Argent veulent que la Main Brisée s’occupe de s’assurer qu’elle sera loyale à sa nouvelle allégeance ; j’ai eu un aperçu du spécimen, elle a du potentiel, il faut qu’elle comprenne qu’elle peut rejoindre notre cause.
- Compris.
- Je te fais confiance. Iriveni Traquelombre et Boomer Explosemèche ont bien rejoint définitivement la Main Brisée grâce à ton influence, et nous y avons beaucoup gagné. Ah, et je pense que tu vas devoir travailler un peu sur son caractère ; elle est très intelligente, mais trop sauvage, ça risque de lui nuire en tant que Voleuse.
- Je m’en charge. Son nom ?
- Venoxia.

Jin’teran arriva dans l’auberge sans être remarqué ; il n’avait même pas mis son camouflage, les gens devaient vraiment vouloir le trouver pour le voir au milieu de la masse. Il repéra vite l’elfe de sang, qui l’attendait attablée dans un coin, en compagnie de Boomer, le gobelin mage qui débordait d’énergie, qu’il savait maintenant dédier uniquement à la mission lorsque c’était nécessaire (mais en dehors, elle continuait à partir dans tous les sens ; un coup d’oeil à un tauren  au poil légèrement roussi que l’aubergiste essayait de ranimer lui montra qu’il y avait encore du travail à faire). Lui reconnut tout de suite son chef d’unité quand il rentra, et le désigna à la Voleuse, qui leva les yeux, attentive.
Le troll détailla la fameuse Venoxia. Indéniablement, elle avait de l’expérience malgré un jeune âge flagrant. Son regard vert (qu’il nota être naturel même en enlevant la lumière gangrenée acquise avec la ponction de mana) le scrutait autant que lui était en train de le faire pour elle, analysant chaque détail, récoltant toutes les informations possibles. Elle savait se tenir également, ne se départissait pas de son sérieux et de son air concentré ; Jin’teran repéra quand même quelque chose, que Gordul lui avait déjà mentionné : juste derrière la maîtrise apparente on devinait aisément le caractère farouche, prompt à l’action, qui pouvait se révéler utile mais seulement s’il était sous contrôle. Il doutait que Venoxia n’aie encore réussi à ce stade, sinon son chef ne lui aurait pas demandé de la former en même temps qu’il devait l’évaluer. Mais elle avait le potentiel pour redresser ces quelques torts avec de l’aide, il le voyait.
Il salua l’elfe de sang, qui lui rendit solennellement son salut, puis il s’assit en face d’elle pour mieux discuter. Ses déductions furent vite confirmées, et il fut renforcé dans sa conviction que sa nouvelle recrue allait devenir une véritable Voleuse. Une ombre parmi les ombres, une rapidité fluide de corps et d’esprit qui permettait de maintenir une logique fluide et raisonnée, combinée avec des attaques soudaines et mortelles. Adressant une pensée à l’âme Kardrath, qui reposait certainement dans un au-delà meilleur, d’où il sentait qu’il le regardait, tout comme il devait observer le sang neuf de la Horde dans lequel il avait foi, Jin’teran commença à transmettre l’héritage de l’orc à Venoxia.
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Jin'teran - L'âme du Voleur
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