Azeroth Adventurers' Chronicles
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 L'Ouragan de la Vengeance

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Laedera
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Laedera


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MessageSujet: L'Ouragan de la Vengeance   L'Ouragan de la Vengeance EmptyLun 17 Mar - 0:01

L'Ouragan de la Vengeance Screen16
L'Ouragan de la Vengeance Screen17

La Horde était en train de franchir la porte ouest. Nocturana et Tecknin entendirent l’alerte, puis virent le flot d’orcs, trolls, taurens, elfes de sang, gobelins et réprouvés qui s’engouffrait dans la ville dans un cri de guerre poussé à l’unisson auquel virent se mêler les haches et les épées qui s’entrechoquaient. Elle fit signe au gnome, et tous deux se rapprochèrent afin d’être à portée pour tirer sur les soldats ennemis qui commençaient déjà à se répandre dans toute la partie ouest de la ville. Les attaques des machines de siège et des bombardiers aériens avaient déjà mis Theramore dans un sale état, mais maintenant que l’adversaire avait réussi à pénétrer dans l’enceinte, la confusion était à son comble partout où ses rangs s’étendaient.
- Comment est-ce qu’ils ont pu ouvrir cette porte ? pesta Tecknin en tirant un javelot de givre sur un réprouvé qui s’approchait trop près de lui, l’atteignant en plein dans son cerveau. Le Kirin Tor ne protège-t-il pas tous les accès au sol ?
- Ce n’est pas à moi qu’il faut le demander, je n’y connais rien à la magie, répondit-elle.
Le gnome acheva son adversaire avec des sorts arcaniques, et se retint de soupirer. “Tu y connaîtrais un peu plus si seulement tu nous écoutais dès qu’on essaye de t’en parler pour toi” pensa-t-il sans le lui dire directement - car autant parler à un mur, et en plus de ça il y avait une bataille autour d’eux. Ils ne pouvaient vraiment pas mieux tomber. Tecknin avait juste entendu de Meloregos que son Vol avait des ennuis et qu’il pourrait peut être aller demander à Kalecgos, qui s’était rendu à Theramore dans l’espoir de régler ce fameux problème, s’il pouvait apporter une quelconque aide ; Nocturana l’avait accompagné dans son voyage vers la ville, et voilà qu’ils se retrouvaient en plein milieu des derniers préparatifs contre un assaut imminent de la Horde...

La Horde. L’elfe de la nuit aurait bien voulu éviter de l’affronter, mais elle ne pouvait pas  simplement s’en aller pendant que toute son armée marchait vers Theramore et que des vies étaient en jeu. Après avoir enfin abattu un orc qui la harcelait avec des sorts de feu, elle songea avec amertume que dix années auparavant elle et des amis chers avaient marché dans ces rues, alors calmes, et que la guerre entre toutes les races ne semblait plus qu’un lointain souvenir, qu’après la bataille du Mont Hyjal les races de l’Alliance, de la Horde ainsi que les elfes de la nuits pourraient coexister. C’était surtout l’orc, Drakgosh le Maître-Lame qui portait le plus d’espoir dans cet idéal ; il en était mort, aux mains des soldats de Theramore. Une ironie tragique. Le dernier camarade de leur trio, un ancien haut-elfe devenu elfe de sang, qu’elle considérait comme son frère tellement l’affection qu’elle avait pour lui était forte que pour n’importe quel autre individu, avait été encore plus dévasté qu’elle à cette nouvelle.
Cela était arrivé pendant le Cataclysme, alors que les combats entre la Horde et l’Alliance étaient devenus encore plus violents et enragés que ces dernières années ; Nocturana craignait ces derniers temps que la paix soit définitivement impossible, qu’elle n’ait jamais été qu’une illusion. Pourtant elle continuait d’espérer que cela puisse un jour arriver, qu’il ne fallait rien lâcher, continuer de se battre pour assurer un futur.
- Vous deux ! cria un fantassin. Ils ont besoin de renforts à la caserne, ça commence à arriver de ce côté !
- Allons-y, acquiesça-t-elle en rappelant ses deux familiers présents.
- Ça ne prendra que quelques minutes avant que leurs troupes ne soient jetées dehors, dit Tecknin pendant qu’ils se frayaient un chemin entre les maisons encore intactes dans cette partie de la cité. Quasiment toutes les forces de l’Alliance sont là, plus le Kirin Tor et des draeneïs de Shattrath pour assurer la défense. Ils ne pourront pas tous rentrer vivants, ils devront bien battre en retraite. Et d’ailleurs, je vois que Kalecgos vient à notre secours aussi, regarde !
Les deux camarades levèrent un instant les yeux au ciel pour voir l’immense dragon bleu cracher des jets de glace et d’arcane sur les armées aériennes de la Horde. Qu’il soit là était un bon présage pour Theramore, même si cela perturbait quelque peu Nocturana qu’un être comme l’ancien Aspect de la magie prenne parti pour une faction ; y avait-il quelque chose de particulièrement néfaste chez la Horde en ce moment pour que le dragon soit là à défendre Theramore, renonçant à la neutralité ? Elle n’aimait pas ça ; ces derniers temps, avec Aile-de-Mort enfin battu et le Cataclysme achevé, elle avait l’impression que tout se recentrait uniquement sur l’Alliance et la Horde, que tout être se retrouvait inéluctablement obligé de prendre parti pour un camp. Où étaient donc passé tous ces rêves, ces promesses d’union après la bataille du Mont Hyjal ?

Ils étaient enfin arrivés devant la caserne. Déjà, des soldats adverses commençaient à tracer leur chemin dans les rues. Nocturana envoya Shargosh, son loup, et Orshan, un grand ours de Berceau de l’Hiver, attaquer simultanément un berserker troll et un grunt orc qui arrivaient des deux côtés. S’occuper des autres envahisseurs était quelque peu difficile, même pour des vétérans comme elle et le mage, mais il y avait déjà d’autres défenseurs pour les épauler un peu plus loin. Quelques minutes, c’était ce qu’il fallait avant que les stratèges ne comblent la brèche que la Horde avait réussi à créer quelque puisse en être la façon, et que les attaquants ne soient expulsés ou emprisonnés. D’ici là, il fallait limiter le nombre de victimes.
Derrière eux, les sons de combat commençaient à se faire plus inquiétants. Nocturana l’entendit la première, et parvint au milieu du brouhaha à discerner une sorte de glapissement d’impuissance ; elle sentit instinctivement qu’un ennemi plus fort était en train de gagner du terrain vers la caserne. Un trait d’arcanes puissant - qui avait cependant manqué sa cible malgré la quantité d’énergie mise dans ce sort - vint voler au-dessus d’eux, ce qui alerta en plus le gnome, sensible aux énergies magiques. L’elfe de la nuit encocha une nouvelle flèche et se retourna vivement alors que le dernier soutient derrière eux poussait un cri d’agonie. Elle était prête à faire feu sur tout ennemi.
Mais elle ne tira pas.
L’adversaire ne profita pas non plus de cette ouverture flagrante.
Elle avait l’impression que son coeur s’était soudainement arrêté d’horreur. Ça devait être le cas pour l’elfe de sang en face d’elle, qui était très certainement - elle en était absolument sûre, lui aussi le sentait en ce qui la concernait - aussi stupéfait. Le gnome, comprenant que ce nouvel adversaire n’était pas de ceux qu’il pouvait attaquer dès le premier regard vu qu’il devait faire partie des connaissances de la Chasseresse (il savait qu’elle avait des amis dans la Horde autant que dans l’Alliance ou les milieux neutres, c’était sûrement un de ceux-là qu’elle avait reconnu), reflua sa magie et annula son sort. En face, une mage orque accompagnait l’elfe de sang, et fit de même, l’air aussi interloquée que pouvait l’être le gnome. Pendant qu’ils cherchaient simultanément à essayer de saisir ce qui se passait pour que les deux elfes semblent autant paralysés, ceux-là même continuèrent de se fixer pendant plusieurs longues secondes d’horreur, dans un silence assourdi par les clameurs de la bataille.
- Qu’est-ce que tu fais ici ?! s’exclamèrent-il en même temps, l’elfe de sang avec un ton plus angoissé que celle de la nuit, qui semblait plus incompréhensive.
Tecknin sut qu’il avait vu juste, et se lamenta silencieusement d’un drame qu’il sentait imminent. En examinant plus attentivement l’elfe de sang, il reconnut enfin celui-ci. Des cheveux rubis flamboyants courts en bataille, avec les yeux verts caractéristiques de ceux de sa race, son visage s’était durci pendant les années qui s’étaient écoulées, depuis les quelques fois où il l’avait vu, à Dalaran, un peu partout ailleurs, il semblait plus adulte mais aussi plus sombre ; il avait eu un peu de mal à le voir à cause du heaume qu’il portait et qui lui couvrait le bas du visage.
L’elfe n’avait à part ça pas beaucoup changé dans le reste, il était toujours aussi grand que Nocturana (elle n’était pas si haute que ça chez les elfes de la nuit, mais atteindre son niveau pour un elfe de sang était quand même exceptionnel, et si bien combiné à sa musculature qu’il fallait être idiot pour ne pas y voir un signe de grande force physique) ; son armure avait quelque peu changé pendant toutes ces années, mais il nota surtout qu’il portait une arme à deux mains différente, une gigantesque hache rouge avec des ciselures vertes façonnées, et en plus de cela il arborait le tabard d’Orgrimmar.
- Marthenon Tranche-Marées, dit le gnome, c’est... surprenant de vous revoir ici. Vraiment...
- Pas vraiment, répondit l’elfe de sang. Par contre, pour ce qui est de toi, Noc...
- Ça devrait être évident pour toi, je défends la ville en laquelle j’ai placé mes espoirs... des espoirs que tu portes aussi. Ou alors est-ce as oublié entre-temps ce que cette ville signifie pour toi ? Qu’est-ce que tu fais ici, pourquoi aides-tu Garrosh Hurlenfer à essayer de la détruire ?
- Je viens seulement rendre la justice, Nocturana. Tu devrais comprendre pourquoi, et nous laisser passer, Arkalea et moi.
- Justice ?! s’écria l’elfe de la nuit, incrédule. Tu crois sérieusement que Drakgosh voudrait que tu viennes démolir Theramore, massacrer des centaines de personnes juste pour lui ?!
- Drakgosh ? fit le gnome tout haut.
- Un orc fort et bien plus brave que la plupart des humains de cette ville, répondit gravement l’elfe de sang. Mon maître, notre ami.
- Et mon oncle..., murmura l’orque mage.
La chasseresse avait l’impression de vivre un cauchemar. Pourquoi avait-il fallu que Marthenon, son meilleur ami, son frère, se trouve en plein milieu de cette bataille, déterminé à participer au carnage avec la Horde ? Pourquoi devait-ce être elle qui devait se retrouver face à lui ? Elle aurait tellement été mieux à l’autre bout de la cité, ignorant complètement qu’il était là, en train de tuer des alliés, peut être en train de risquer sa vie... mais ensuite, si elle avait dû le découvrir mort ? Et surtout, à l’origine de tout le problème, pourquoi est-ce que Drakgosh avait été tué par des soldats venant spécifiquement de Theramore, incitant son disciple à chercher la vengeance contre cette ville, dans laquelle tous trois avaient séjourné, avaient partagé leurs rêves dans laquelle la guerre entre l’Alliance et la Horde touchait à sa fin, et que dorénavant tous se tourneraient contre la Légion Ardente uniquement, le seul véritable ennemi ?
Autour d’eux la bataille continuait de faire rage, mais le danger ne se rappela à eux que quand un soldat vint “prêter main forte” à l’elfe de la nuit et au gnome. Un nain, qui avait été assez intelligent pour penser à se faufiler en silence derrière l’elfe de sang guerrier qui ne l’avait pas encore remarqué afin de lui porter un coup fatal en finesse ; Nocturana réagit au quart de tour en voyant son ami en danger, trempa rapidement sa flèche dans une bourse remplie de poison soporifique et la tira dans l’épaule du Voleur de l’Alliance, qui tituba avec un air d’incompréhension avant de tomber sur le côté, endormi. L’elfe de sang avait empoigné sa hache, craignant être attaqué par l’elfe de la nuit, mais ses traits se détendirent légèrement (sans pour autant perdre son sérieux et sa concentration) quand il comprit ce qu’elle avait fait.
- Nous n’avons visiblement pas le temps de discuter, dit-il.
- Non, répondit Nocturana. Marth, toi et ta camarade devez vous retirer, les défenseurs de l’Alliance et les autres ne vont pas tarder à fermer la brèche que vos alliés ont créé, vous allez être enfermés ici !
- Nous avons largement le temps de faire ce pourquoi nous sommes ici. Le meurtrier de Drakgosh se trouve dans la caserne, Arkalea l’a repéré grâce à sa magie.
- Tu penses que je peux me retirer pour vous permettre d’aller tuer cet homme seul, comme ça ? Et après, combien d’autres qui n’ont rien à voir avec le meurtre de Drakgosh vont devoir mourir avant que tu n’arrives jusqu’à lui ? Ils n’accepteront jamais de poser leurs armes et de vous laisser passer tranquillement pour aller tuer leur chef, et vous devrez les tuer.
- S’ils protègent cet humain, ils doivent mourir dans ce cas ! s’exclama l’orque avec colère. C’est un être plein de haine et sans honneur, et cette ville se remettra très bien de sa perte si tant est qu’elle doit survivre à la fureur de la Horde !
- Noc, laisse-nous passer, insista Marthenon.
Elle déglutit, complètement angoissée. Elle savait bien que cet homme qui avait tué Drakgosh, alors que le Maître-Lame n’avait en rien attaqué sa base, et ne cherchait qu’à protéger des civils de la Horde qui avaient été pris dans une embrouille à cause d’un espion fugitif, devait faire pénitence. Elle enrageait déjà de ne pas pouvoir le tuer elle-même, et savait que seul Marthenon était à même de le faire sans complexe ; cependant, il s’agissait d’un habitant de Theramore, ainsi que les soldats qui étaient en faction à la caserne, et les blessés qui y avaient été transportés. En arrivant ici et en acceptant de rester pour contribuer à la défense - et ce n’était vraiment pas la décision la plus heureuse qu’elle aie jamais pu faire dans toute sa vie compte tenu de la situation -, elle avait juré de protéger la ville, et ses citoyens avec elle. Elle ne pouvait pas simplement se ranger sur le côté et laisser l’elfe de sang et l’orque commettre leur massacre, pas même pour venger leur ami.
- Je me suis engagée à protéger Theramore, ses citoyens et ses soldats en restant ici. Je ne peux pas vous laisser aller les tuer sans opposer de résistance. Marthenon, Arkalea, partez, je vous en supplie.
Le heaume de l’elfe de sang l’empêcha de distinguer sa réaction, mais elle devina clairement que sa réponse l’ébranlait. Elle ne pouvait plus qu’espérer qu’il comprenne qu’il la mettait dans une passe délicate, que sa vengeance pouvait attendre encore quelques temps, un moment où cette fois elle ne serait plus dans les parages, ligotées par un serment qu’elle avait fait auprès des défenseurs de la ville. Il pourrait bien y avoir un meilleur moment où elle serait à l’autre bout du monde et ce meurtre pourrait avoir lieu sans qu’elle ne soie obligée de se sentir écartelée par ses liens avec son peuple, l’Alliance, le souvenir de Drakgosh, Marthenon...
“Par Elune, Marth, vas-t-en, ta vengeance peut attendre !” pensa-t-elle, désespérée.
Elune était décidément bien sourde à ses prières. Ça ne changeait pas de d’habitude...
- J’attends ce moment depuis bien trop longtemps. Il doit mourir, maintenant, pendant que la ville nous est ouverte.

Le coeur serré, elle comprit. Elle comprit qu’il n’y avait plus rien à dire, plus rien à faire, seulement préparer une nouvelle flèche et crier un ordre à Orshan, son familier le plus proche et le plus apte à tenir face à un guerrier comme Marthenon. L’elfe de sang chargea vers elle, bloqua sa première flèche sur le plat de sa hache ; il était presque sur elle quand le grand ours blanc se rua sur lui, le forçant à esquiver pour éviter de se faire écraser. Nocturana enchaîna les flèches, visant les points faibles de la carapace de plaques de son ami qui devenait ennemi pour que ses traits l’atteignent. Chacune qui parvenait à toucher le guerrier lui donnait l’impression d’être fichée dans son coeur, pendant que toute sensation commençait à quitter son corps ; tout en elle lui commandait de lâcher son arc, de cesser de tirer sur un frère, d’arrêter d’ordonner à ses compagnons animaux de l’attaquer. Mais elle ne pouvait pas se désengager.
Elle se haïssait.
La guerre avait repris ses droits dans l’allée ; le gnome et l’orque avaient également commencé à se battre. “Je n’ai aucune relation avec vous, donc vous tuer ou vous laisser filer ne me causera pas de problèmes. Soit vous vous retirez et vous nous laissez faire ce qui doit être fait, soit vous restez et défendez un meurtrier, et je devrais vous abattre pour passer. À vous de choisir”, c’était ce qu’avait dit l’orque avant que Tecknin ne se décide à prendre la seconde option, la lutte. Malgré tout, l’elfe de la nuit les enviait tous les deux, à pouvoir se lancer des sorts tous aussi dangereux les uns que les autres sans complexe, à n’être jamais que deux ennemis sur le champ de bataille qui n’avaient comme seul lien que le combat, au bout duquel l’un devait vaincre. Peut être aurait-ce été idéal que le gnome et elle échangeaient d’adversaire, mais elle n’aurait pas non plus combattre tranquillement en pensant qu’il risquait de tuer l’elfe de sang. Non, c’était à elle de stopper Marthenon.
La lutte était difficile pour chacun d’eux, vu qu’en fonction de la distance qui les séparait l’un avait l’avantage sur l’autre ; tant que Nocturana parvenait à rester suffisamment loin et qu’Orshan maintenant le guerrier à distance, elle pouvait continuer à tirer, mais si Marthenon se rapprochait, elle serait handicapée. L’engourdissement qu’elle avait senti au début de la bataille finit par se muer dans la rage du combat, même si l’amertume de devoir affronter un frère persistait. Quand l’elfe de sang parvint à asséner un coup fulgurant à son familier ours, le mettant à terre pour le reste du combat, elle cria de colère et augmenta le rythme d’encochage de flèches, furieuse que son familier se soit fait battre. En face, le guerrier se rapprochait dangereusement vite, bloquant les flèches empoisonnées avec son armure ou sa hache. Il finit par être suffisamment près pour tenter de l’empoigner et la mettre à terre, ce qu’il aurait réussi à faire si elle n’avait pas commandé à son loup - qui restait en retrait jusqu’à ce que l’ours soit tombé - de bondir sur l’elfe de sang, lui mordant le bras ; ses crocs furent assez puissants pour briser le gantelet en plaque de Marthenon, lui faisant assez mal pour qu’il se déconcentre un moment.
L’elfe de la nuit profita de ce que le guerrier soit déstabilisé pour sauter sur lui, prendre appui sur son torse et faire un grand bond en arrière, récupérant sa distance de sécurité afin de mettre un terme au combat. Orshan tombé, elle perdait l’avantage d’être protégée par son familier le plus solide et le plus apte à tenir Marthenon à distance ; Shargosh était agile et rusé, mais il ne parviendrait à peine qu’à ralentir le guerrier pour quelques secondes. Elle devait le mettre hors d’état de nuire ici et maintenant.
Bien que ce soit quelque chose qu’elle détestait faire en temps normal, Nocturana recourut à la magie. Focalisée sur la pointe de sa flèche, elle y infusa toute l’énergie magie qu’elle parvenait à rassembler. Rapidement, un halo arcanique violet se forma à l’extrémité du métal, grossissant à mesure qu’elle transférait ses ressources ; à mesure qu’elle procédait ainsi, elle sentit ses sens s’engourdir, elle eut l’impression que son cerveau se mettait à tourner dans tous les sens dans sa tête. Mauvais signe.
Il lui fallait tirer avant qu’elle ne s’évanouisse ; elle entendit au loin l’elfe de sang qui lui criait quelque chose, mais elle ne saisissait pas ce qu’il lui disait. Tout autour d’elle avait l’air de partir en tourbillons de confusion, elle était au bord de l’angoisse, cherchait un point stable sans le trouver. Elle laissa la flèche filer droit sur le guerrier, tituba un peu une fois l’effort passé, espérant avoir quelques secondes pour se remettre de sa faiblesse. Puis elle leva les yeux pour essayer de voir le résultat, et fut vite obligée de se baisser pour éviter la hache de l’elfe de sang qui volait dans sa direction. Nocturana avait du mal à voir ce qui se passait, elle comprit à peine pourquoi est-ce que l’arme la plus dangereuse du guerrier passait ainsi dans les airs alors qu’elle n’avait fait que lui lancer une flèche, puis elle se souvint que c’était une technique de Marthenon ; déstabiliser l’ennemi en lui envoyant son arme mortelle pour mieux charger avec des armes plus rapides et finir le combat. Elle s’en souvint juste à temps pour tenter de justesse une roulade sur le côté, évitant l’elfe de sang qui la chargeait avec deux épées plus courtes mais tout aussi acérées.
Nocturana le réalisa avec angoisse ; dès lors qu’elle avait presque tout mis dans sa dernière flèche et que l’elfe de sang n’avait pas été touché, elle avait perdu. L’usage de sa maudite magie n’était réservé que quand la situation devenait vraiment critique, mais après cela ses capacités étaient limitées si elle devait continuer à lutter tout de suite après, sans parvenir à trouver refuge pour se remettre. Marthenon le savait parfaitement, et c’était pourquoi elle devait malgré tout se relever vite, continuer à lutter avec les deux épées de défense qu’elle gardait en réserve même si elle était tout sauf une experte dans le combat au corps à corps. L’abandon n’était pas une option pour elle, l’idée ne lui vint même pas à l’esprit même si elle aurait peut être été plus sage. Peut être que si Tecknin en avait fini avec l’orque... mais elle ne pouvait même pas se permettre de jeter un oeil pour rendre compte de la situation du gnome, l’elfe de sang était déjà sur elle à lui asséner des coups rapides qu’elle bloquait péniblement.
Shargosh vint se porter au secours de sa maîtresse, brisant avec ses crocs une partie de l’armure du guerrier, qui dut reculer. L’elfe de la nuit tenta de profiter de l’ouverture pour effectuer un nouveau désengagement et aller trouver un refuge, ses pièges de toile d’araignée étaient même prêts pour gêner l’elfe de sang s’il cherchait à la charger encore. Cependant, Marthenon et elle s’étaient entrainés ensemble pendant des années, et il n’était pas un ignorant quand aux techniques des chasseurs en général. Avant qu’elle n’ait pu reculer, il lui attrapa violemment la jambe et la fit tomber à terre. Désarçonnée par le choc de la chute, encore moins capable de distinguer clairement ce qui se passait autour d’elle et maintenant paniquée par la confusion et la défaite qui se rapprochait inexorablement, elle entra dans une rage du désespoir, qu’elle transmit à Shargosh. Le loup redoubla d’ardeur dans ses attaques contre l’elfe, lui permettant de ramper assez loin pour avoir un meilleur angle de tir sur le guerrier. Cette fois, elle visait la tête sans plus tenir compte de qui était en face d’elle ; il lui fallait survivre.
La flèche fendit l’air, et ne transperça que celui-ci. L’elfe de sang avait esquivé le trait, alors qu’il jetait le loup sur sa maîtresse. Elle tomba une nouvelle fois sur les pavés boueux. La peur et la colère la tenaillaient, elle chercha à se relever encore, peut-être y avait-il encore quelque chose qu’elle pouvait faire. Mais c’était tout juste si ses dernières forces lui permettaient de se maintenir à genoux. Elle avait perdu. Au milieu de la folie, elle entendit distinctement le sifflement d’une hache, qui se dirigeait vers son cou ; au moins, la mort venait au combat où pour une fois elle avait décidé de défendre chèrement sa vie.
Elle attendit, la respiration tremblante et les yeux clos. Aucun coup ne lui vint, ou alors la  mort par décapitation n’était vraiment pas aussi atroce et douloureuse que l’on pouvait se le figurer en le voyant de l’extérieur. Mais l’au-delà était vraiment bien bruyant pour un endroit où l’on devait en avoir fini avec les combats épuisants du monde des vivants ; non, ce n’était pas du tout l’au-delà, elle était toujours sur le champ de bataille de Theramore. Nocturana rouvrit les yeux. Sa vision était brouillée par des fluctuations étranges, mais elle distinguait clairement la lame tranchante de la hache du guerrier, à quelques centimètres de son oeil droit. Les motifs verts sur le métal rouge, la forme de l’arme... Elle eut la gorge serrée en réalisant qu’elle avait été sur le point de perdre la vie au fil de la hache de Drakgosh, le premier ami qu’elle s’était fait au commencement du nouvel âge... son second, après Nearielle. Et celui qui tenait l’arme était le meilleur camarades qu’elle ait jamais eu, celui en qui elle avait placé toute sa confiance pendant longtemps...
Qui avait déjà tué son fiancé, de la même manière qu’il allait le faire aujourd’hui pour elle.
La rage s’accumula quand elle y repensa ; certes, Séréphios avait perdu le contrôle de sa Faim, et il était dans l’ordre des choses que son existence, qu’elle savait pourtant contre-nature, devait prendre fin. Mais il s’agissait toujours de la seule personne qui lui avait témoigné, dès son plus jeune âge qui n’était pourtant pas la période de sa vie la plus heureuse, une affection profonde, et avait conservé ce sentiment pendant des siècles, même après sa mort et sa réanimation. Et Marthenon était celui qui avait foncé mettre un terme à sa non-vie alors qu’elle était désespérément persuadée qu’il existait un moyen de ramener Séréphios à la raison... Quel monstre était-il donc devenu, pour toujours aller détruire ce à quoi elle s’était attachée ? La Horde l’avait décidément bien formé, et Drakgosh n’était qu’un idéaliste, rien de plus ! Séréphios, Theramore... il avait bien déjà tué son oncle, qu’est-ce qui le retenait de la tuer maintenant ? La colère, la haine se pressèrent à sa gorge, l’étouffant alors que le monde semblait se concerter pour l’écraser en commençant par sa tête.
Des larmes amères se mirent à perler à ses yeux, et elle finit par ne plus tenir cette attente qui lui semblait durer une éternité ; elle ne savait pas si Marthenon cherchait à lui parler pendant se temps, si la hache était hors de portée ou autre chose, elle ne voyait plus rien dans le tourbillon de folie.
- Qu’est-ce que tu attends ?! siffla-t-elle. Frappe, bon sang ! Ça ne te dérange pas de tuer autant de gens et de semer la destruction auprès de tout ce que tu as aimé jadis ! Tue-moi, comme ça tu seras enfin libéré de tout ce qui te gêne pour servir ton chef de guerre ! Prends la hache de Drakgosh, souille-là avec le sang des innocents pendant que tu répands le carnage dans Theramore, et ramène-là à Orgrimmar où vous pourrez vous réjouir sur le massacre que vous aurez commis ! Vas-y, prends ma vie, il ne te reste bien que ça à faire !
L’elfe de sang s’était agenouillé devant elle, essayait de lui dire quelque chose, mais elle n’entendait rien. Elle sentit une main gantée chercher à la prendre par l’épaule, elle la rejeta et essaya de frapper celui qui était devant lui, blessant son poing sur la carapace de plaque. La colère et la folie l’empêchaient de comprendre ce qui se passait autour d’elle, elle ne put que crier et essayer de se défendre contre ce qu’elle percevait à travers ses sens confus comme un ennemi mortel. Un choc arriva finalement sur sa tête, mais pas venant de la hache. L’elfe de la nuit tomba au  sol, et perdit conscience pendant que le chaos se dissipait dans sa tête.


- Avec quelques jours de repos, vous devriez être vite remise. Une chance que votre adversaire n’ait pas profité que vous ayez été assommée pour vous achever... peut être y a-t-il encore de cet honneur  qu’ils respectent tant dans la Horde, tout compte fait ?
Elle ne répondit pas. La Sha’tar qui l’avait soignée haussa les épaules, et passa au blessé suivant à l’étage de l’auberge. La bataille était finie, Theramore appartenait toujours à l’Alliance et la Horde avait subi de lourdes pertes dans l’assaut audacieux au milieu de la ville. Cependant, le nombre de blessés restait important ; Nocturana avait été transportée à l’auberge, vu qu’il n’y avait plus de place à la caserne. C’était Tecknin qui s’était occupé d’elle. Selon ce qu’il lui avait dit, il avait dominé l’orque et allait l’achever, mais c’était à ce moment que Marthenon était revenu aider sa camarade ; il avait juste vidé le mage de son énergie, et l’avait épargné pour qu’il mette en sécurité l’elfe de la nuit. Le gnome était parti aux nouvelles dans la cité, pendant que la secouriste s’était occupée de lui appliquer des bandages.
Elle avait du mal à croire que Marthenon ait choisi de l’épargner, après cette lute acharnée et enragée qu’ils avaient mené avec des intentions manifestes de meurtre. Peut-être qu’elle s’était trompée lorsqu’elle avait estimé qu’il n’était plus qu’un monstre sanguinaire qui ne cherchait que la mort des autres et piétinant sans remords ce qu’il avait estimé dans le passé. Ça devait être ça, sinon il l’aurait tuée et serait passé à Tecknin puis à n’importe quel autre soldat ou citoyen de Theramore, il n’aurait pas attendu indéfiniment alors qu’il la tenait à sa merci. Une fois de plus, toute cette confusion était liée à la magie... en se vidant autant au milieu du combat, elle avait perdu tout son sang-froid et sa capacité à penser rationnellement.
C’était bien trop dangereux pour elle de continuer ainsi avec un pouvoir pareil qu’elle ne pouvait pas contrôler... Simine, une amie gnome mage, avait bien réussi à lui inculquer des notions de base pour qu’elle puisse lancer des sorts, sinon contrôler le flux de magie, mais ça datait de plusieurs années en arrière. Dans son obstination à ne rien entretenir chez son héritage magique, elle n’avait quasiment rien entretenu des conseils qu’elle lui avait donnés... et une fois de plus, ça avait failli lui coûter la vie. Devait-elle en parler à Tecknin, quand il reviendrait ?

"C’est un pouvoir qu’il vaut mieux maintenir enfermé, plus pour les autres que pour toi, Bien-née."

Elle eut un sursaut d’angoisse quand le masque de la Gardienne s’imposa soudainement dans ses pensées et se replia sur elle-même. Non, elle ne devait pas en parler. Jamais...


À l’extérieur, Tecknin arpentait nerveusement la ville après l’effervescence qu’elle avait connue pendant le siège et l’assaut de la Horde. Un espion infiltré au Kirin Tor était donc responsable pour l’ouverture de la porte ouest, et de l’invasion. Les envahisseurs avaient fini par se retirer quand l’Alliance en avait repris le contrôle et l’avait fermée ; l’elfe de sang et l’orque avaient suivi le mouvement sitôt après qu’il avait été mis à terre, quand un guerrier orc était venu les avertir. Finalement, il semblait que ce Marthenon n’avait pas eu la vengeance dont il parlait, et par curiosité il était allé voir ce qu’il en était du colonel que lui et la mage orque visaient - vivant, même pas blessé. Tecknin se moquait bien du sort de cet humain, ce qui était important c’était que le combat que son amie elfe de la nuit avait mené contre l’elfe de sang avait fortement ébranlé cette dernière. En plus de ça, elle avait une fois de plus montré des problèmes suite à une utilisation incontrôlée de la magie... si après ça elle refusait toujours d’entendre ce qu’il avait à lui dire à ce sujet, il y avait un problème bien plus profond que sa culture de naissance qui la bloquait.
Fort heureusement pour lui, ses gemmes de mana de réserve lui avaient permis de regagner tout son potentiel de puissance en un rien de temps. Le gnome hésita quant à s’il devait aller chercher Kalecgos maintenant ou retourner auprès de Nocturana ; il choisit l’elfe de la nuit, qui aurait besoin de plus de soutient qu’il ne pouvait espérer en offrir à un ancien meneur d’un ordre en voie de disparition, sur un sujet dont il ignorait encore à quel point il était grave. Autour de lui, les forces de l’Alliance se réorganisaient pour patrouiller dans la ville pendant que la nuit tombait. Peu de gens parlaient, encore secoués par le combat, et l’atmosphère était bien calme par rapport à d’habitude dans Theramore, même si une aura étrange commençait à s’y répandre petit à petit. Il pouvait juste entendre le vrombissement lointain d’un zeppelin.
Un zeppelin ?
Le gnome releva la tête, scrutant le ciel ; une forme se détachait au lointain, c’était bien l’une des machines volantes gobelines. Ce n’était pas normal... qu’est-ce qu’un engin pareil faisait ici ? Était-il à la Horde ? La bataille était pourtant finie... à moins que...
L’aura étrange qu’il avait pressenti commença à se rapprocher de plus en plus de la ville, lui arrachant un petit cri paniqué. Son inquiétude fut confirmée quand il aperçut au loin, près de la tour de Theramore, une énorme silhouette bleue qui décollait depuis l’édifice vers le zeppelin.
Kalecgos... L’ancien Aspect était à Theramore à cause d’un problème lié à leu Vol, à ce qu’en disait Meloregos. Le Vol Bleu protégeait avant la magie, et continuait à garder quelques artefacts selon son camarade Bleu. Le dragon devait sûrement venir récupérer quelque chose qui avait été volé, qui était apporté à Theramore, en ce moment même, et dégageait cette aura dérangeante... de la magie. Et qu’est-ce qu’un zeppelin pouvait bien avoir à transporter de redoutable vers une ville, surtout quand une bataille d’importance s’était déroulée peut de temps avant ?
- NOC !!! hurla-t-il en fonçant aussi vite que ses petites jambes de gnome le lui permettaient.
La ville allait recevoir un sale coup, il en était certain à cent-pour-cent, si ce n’était deux-cent. L’aura émanant de l’objet que transportait était bien trop forte, et de ce qu’il connaissait dans le domaine de la magie elle allait créer des perturbations qui empêcheraient la création de portails... s’il faisait vite, il avait peut être encore une chance pour sortir de là sa camarade, peut être d’autres personnes. Tous ne pourraient pas survivre, il le pressentait avec une pointe au coeur, mais s’il pouvait au moins en sauver quelques uns, dont l’amie pour qui il avait une énorme dette, ce serait ça de gagné. Même si cela risquait d’être très dangereux pour lui s’il lançait le sort.

Le gnome entra en trombe dans l’auberge, surprenant Nocturana. Elle sentit aussi que quelque chose n’allait pas en le voyant tout essoufflé, pâle et couvert de sueur, encore moins quand il se fraya un chemin vers elle à toute vitesse au milieu des blessés et des soigneurs.
- Danger..., souffla-t-il. Faut... se tailler !
Le mage rassembla toute sa volonté et son pouvoir récemment recouvert pour créer un passage à travers l’espace-temps. L’urgence de la situation le faisait réfléchir à toute vitesse pour trouver une faille dans les perturbations créées par l’objet amené par le zeppelin, mais l’angoisse qui en découlait lui pesait tout autant.
- Que se passe-t-il ? demanda l’elfe de la nuit.
- Pas le temps. Aide-moi, on a besoin de ta magie !
- Quoi ?! Non, il n’est pas question que je ...
- Est-ce que tu veux te condamner et tous ceux qui pourraient être sauvés si tu voulais bien arrêter d’être aussi butée là-dessus et concentrer assez de pouvoir dans mon sort ?! On n’a pas le temps Noc, concentre ton pouvoir, là, dans ma main !
Pour une fois, l’urgence dans la voix du gnome convainquit l’elfe de la nuit qu’elle devait bien - encore - trahir sa résolution de ne plus jamais solliciter sa magie. Incertaine, elle accepta la petite main du mage, et concentra le peu du flux de magie qu’elle avait recouvert en lui, tremblant en sentant un tourbillon de confusion se former dans sa tête. Les yeux de Tecknin finirent par luire, et il agita les bras pendant qu’il lançait son sortilège. Des clameurs commençaient à venir à l’extérieur, mais elles s’évanouirent brutalement alors qu’ils quittaient la pièce.

Nocturana avait bien sûr dû traverser plusieurs portails et sorts de transferts dans sa vie. Mais aucun ne lui avait donné cet effet d’avoir été propulsé en plein dans une tornade qui la fit tourner dans tous les sens, la privant complètement d’air pour qu’elle puisse hurler alors qu’elle en aurait eu envie. Ses blessures de son combat contre Marthenon se ravivèrent soudainement malgré les soins de la draeneï, et elle ne put pas non plus exprimer sa douleur. Qu’est-ce que le gnome avait donc fait ?!
Enfin, le tourbillon cessa, elle essaya d’aspirer de l’air, mais manqua de se remplir les poumons à coup d’eau salée. Le réalisant, elle rejeta le liquide qu’elle avait commencé à absorber, puis se rendit compte qu’elle était en plein dans la mer, entourée d’autres gens qui se débattaient dans l’obscurité des profondeurs. Elle nagea frénétiquement jusqu’à la surface, et une fois sa tête sortie de l’eau elle aspira autant d’air qu’elle le pouvait, essayant de regagner sa lucidité pour mieux essayer de comprendre ce qui arrivait.
Ils étaient au beau milieu de l’océan, la terre était en vue, avec une grande ville - Theramore ? Hurlevent ? - mais qui semblait bien trop loin pour être rejointe en quelques minutes, même en nageant vite. Puis elle se rendit compte que des gens criaient autour d’elle, et vit que le sort de Tecknin avait aussi inclus d’autres blessés et soigneurs de l’auberge... elle ne se souvenait pas par contre d’avoir vu des gens amputés de certains membres, ni de les avoir jamais entendu crier leur douleur ou s’en plaindre...
- Tecknin ? fit-elle. Qu’est-ce que tu as fait ? ... Tecknin ?
Le gnome n’était nulle part en vue, à sa grande horreur. Elle plongea, et le repéra tout juste  grâce à sa vision d’elfe plusieurs mètres en-dessous d’elle, en train de couler vers l’abysse. Nocturana lutta contre la mer avant d’arriver enfin à son niveau, et se dépêcha de remonter le mage à la surface, profondément inquiète de ce qu’il ne bouge pas. Était-il mort ? Cette pensée la fit encore plus paniquer que la perspective d’être perdue au milieu de l’océan, avec plusieurs blessés graves. Quand elle remonta à la surface, les autres victimes du sort étaient en train de se presser mutuellement de questions pour essayer de savoir comment cela se faisait-il que la seconde d’avant ils étaient en train de se remettre d’un dur combat dans une salle sèche et chaude, et juste après ils étaient transportés au beau milieu d’une étendue humide, sombre et glaciale. Si seulement Tecknin était encore réveillé pour leur expliquer ce qui les menaçait, pourquoi était-il si urgent qu’ils partent en catastrophe...
- Là-bas... ! fit alors une femme en pointant du doigt la côte.
Tous regardèrent dans la même direction, et ils n’osèrent plus rien dire, frappés de stupeur. Une explosion de magie gigantesque éclatait à la place de la ville qu’elle avait pu apercevoir, et quand la sphère violette fut dissipée, les bâtiments s’étaient évaporés. Un sentiment général d’horreur les parcourut quand ils virent la cité ainsi rayée, le ciel au-dessus semblait être devenu rouge sang, comme si celui des morts s’était évaporé dans l’air. Des failles à l’aspect inquiétant s’ouvraient dans l’espace par endroits, semblable à une aurore boréale distordue.
- Est-ce... Theramore ? murmura un humain, un soldat qui s’était retrouvé sans sa main gauche et avait cessé de crier à cause de sa perte dès lors qu’ils avaient vu l’explosion.
- Non, non, ce n’est pas forcément..., souffla la femme.
- Où est-ce que cela pourrait être alors ? reprit un autre. Hurlevent ? C’est... C’était une grande ville, à l’horizon, au moins une capitale, j’en suis sûr !
Un silence inquiet plana sur le groupe de rescapés, chacun ne sachant quoi faire. Nocturana était très préoccupée par le sort de Tecknin ; le gnome respirait encore, mais il fallait vraiment être attentif pour entendre les battements de son coeur. Une elfe de la nuit qui avait été aussi emmenée vint l’assister pour essayer de le ranimer. C’était lui qui les avait envoyés ici, il avait donc aussi la capacité de les téléporter vers un endroit plus sûr.
Il y avait aussi quelque chose qui l’inquiétait en plus, encore plus gravement : Shargosh et Orshan, ses familiers. Ils étaient soignés à l’écurie normalement, et si la ville qui venait d’être détruite était Theramore, étaient-ils morts là-bas ?
Quelque part, c’était une chance qu’elle avait laissé Sephira libre pour quelques jours au Bassin de Scholazar, au moins elle était en sécurité. Pareil pour ses loups jumeaux, Skoll et Hàti  qui étaient aussi hors de danger. Mais le loup et l’ours comptaient énormément pour elle... le premier, c’était un enfant du loup de monte de Drakgosh qu’il lui avait offert, et le second était l’un de ses premiers familiers, originaire de sa région natale. Elle souffrirait de les perdre tous les deux... à cause de Marthenon.
Était-il au courant qu’une bombe allait être lâchée sur la ville, si c’était bien Theramore qui venait d’avoir été détruite ?
L’avait-il laissée en vie en le sachant ?

Non, ça ne se pouvait pas... elle ne pouvait pas le savoir, il ne fallait pas qu’elle parte sur de telles accusations. Lui et sa camarade orque voulaient tuer le colonel qui était responsable de la mort de Drakgosh, certainement pas cela...
Pas même s’il haïssait Theramore, allant jusqu’à blâmer la ville entière pour la perte de son mentor ?
La crainte de la complicité, même improbable, de Marthenon dans ce désastre vint s’enfoncer pernicieusement dans son esprit, alors que le souci de l’état de Tecknin, qui ne se réveillait pas malgré les sorts de soins lancés par l’elfe, et de leur survie à tous généraient une angoisse profonde en elle.
En y réfléchissant, Nocturana conclut que la ville qui venait d’être ainsi anéantie était bien Theramore. Le gnome les avait téléportés alors qu’un danger imminent approchait, et comme son sort avait plus ou moins bien fonctionné, ils assistaient à une explosion arcanique qui rasait une ville côtière importante.
Oui, c’était bien Theramore qui venait d’être détruite.
L’elfe de la nuit le laissa échapper à voix haute, ce qui rendit les survivants muets de stupéfaction et d’effroi un moment, avant que chacun ne s’indigne de l’atrocité qui venait d’avoir lieu. Le coupable était évident : la Horde. Tous étaient persuadés que chacun des soldats savait ce qui devait arriver. Nocturana trembla à cette idée, comme leurs propos qui se remplissaient de haine et de rancoeur enfonçaient encore plus profondément le pieux d’inquiétude qu’elle avait au sujet de l’implication de Marthenon.
- Là bas ! s’écria soudainement un des survivants. Un bateau !
Encore une fois, tous se retournèrent d’un seul mouvement pour apercevoir leur chance de sauvetage. L’elfe de la nuit reconnut les voiles bleues de l’Alliance. Il devait s’agir d’un navire transportant des civils, qui avaient donc été épargnés par l’explosion en choisissant de s’éloigner de la bataille. Les soldats et citoyens de Theramore appelèrent le navire de toute la force de leur souffle, et, au grand soulagement général, ils le virent tourner dans leur direction. Ils étaient sauvés. De la noyade, au moins.
Repensant à l’appréhension qu’elle avait sentie avant d’être confrontée à son frère de coeur, Nocturana conclut qu’une fois que la nouvelle de la destruction de Theramore se répandrait, la guerre s’étendrait sur tout Azeroth, poussant chacun à prendre parti, pas seulement à cause de vieilles ou nouvelles haines, mais aussi pour protéger l’avenir. La Horde n’était pas comme Drakgosh et Marthenon lui en avaient parlé, elle voulait dorénavant écraser tout ce qui n’était pas avec elle, peu importe ceux qui étaient ouvertement aux côtés de l’Alliance ou cherchaient à maintenir l’équilibre déjà fragile de la paix.
Theramore détruite, Nocturana conclut que les rêves que Drakgosh, Marthenon et elle avaient partagés étaient morts avec la capitale.


***


Arkalea Lame de Givre ne sut pas quoi penser de ce qui venait de se dérouler. Ces longues journées d’attentes avant de marcher sur Theramore, avant d’avoir enfin l’occasion rêvée pour que justice soit faîte et que la mort de son oncle soit vengée... c’était pour ça ?
Ils avaient sacrifié des ressources, des guerriers pour arriver jusqu’ici, avec les embuscades, puis pour mener le siège contre la capitale, et enfin mener un assaut dans la cité, qui avait été une véritable débâcle ; et la bataille s’était conclue avec une bombe ? Une bombe géante, une arme de destruction massive, que Garrosh avait gardée secrète pendant tout ce temps, et d’où la tenait-il d’ailleurs ? Certainement, il l’avait volée auprès des dragons, comment expliquer sinon le grand Bleu qui était apparu dans les cieux et avait commis autant de ravages dans leurs rangs, sinon plus que l’Alliance ne l’avait fait ?
Garrosh Hurlenfer appelait ce qu’il avait fait un génie de stratégie. Peut-être avait-il raison. Elle devait avouer que c’était pas mal intelligent d’avoir fait pression sur Theramore afin que le plus gros des forces de l’Alliance vienne leur prêter main-forte, et ainsi éliminer d’un coup les forces de l’ennemi. Mais... il y avait quelque chose qui clochait. Contrairement à presque tous les autres, elle ne pouvait pas acclamer son chef de guerre, louer son stratagème.
En venant ici, elle savait ce que signifierait l’issue de cette bataille, quel qu’aurait pu être le vainqueur. L’une des deux factions aurait perdu gros dans la défaite, et dans la victoire aurait un avantage net sur l’autre. Marthenon y était prêt aussi, mais ils n’avaient pensé qu’à faire leur devoir pour la Horde en participant au combat, et, arrivés à Theramore, profiter d’une ouverture pour se frayer un chemin à travers les rues, trouver le colonel Genevrin et lui faire payer pour le meurtre du dernier membre de sa famille, et le maître de son ami. Pour le coup, celui-ci était mort à coup sûr, mais elle n’y trouvait aucune satisfaction.
Ce n’étaient même pas eux qui avaient accompli la vengeance, mais les machinations du chef de guerre, la bombe de mana. Et en plus de cet humain, combien d’autres avaient péri ? Des membres éminents du Kirin Tor se trouvaient dans la ville, elle avait repéré des draeneïs de Shattrath, il devait rester des civils au milieu des combats. Ils voulaient juste défendre Theramore, pour la plupart, sans utiliser de sorts offensifs, et pourtant leur mort était considérée comme un succès pour la Horde ? Et il y avait aussi cette elfe de la nuit, le gnome... Elle avait déjà entendu parler de Nocturana, elle savait qu’elle avait été une amie très proche de son oncle et de Marthenon, jamais elle n’aurait imaginé devoir la rencontrer en tant qu’ennemie, juste avant qu’elle ne doive périr avec tous les autres, encore moins de cette façon.
Alors que les nuages pourpres d’arcane se dissipaient, elle put apercevoir les ruines de la ville, des corps disloqués flottant dans l’air avec des fragments brisés des habitations. Au centre de l’ancienne capitale, le sol irradiait des résidus de magie. Tant de gens avaient perdu la mort d’une façon atroce, ceux qui avaient péri au combat lors de l’assaut avaient au moins eu la chance de périr par les armes, avec une chance de défendre leur honneur. C’était tellement plus enviable que de se faire déconstruire et reconstruire de l’intérieur par la magie. Elle ne put supporter de fixer plus longtemps ce spectacle de destruction ; la culpabilité d’avoir participé à cette campagne qui s’était soldée par tant de destructions infamantes vint la serrer au coeur.
Même son père, qui était pourtant un démoniste et avait souhaité conserver son savoir, aurait été dégoûté par ce spectacle. Et Drakgosh... que pouvait-il penser d’eux pour avoir participé à cet acte ? Dire qu’ils ne savaient pas quelle serait l’issue du combat ne pourrait même pas permettre d’être exemptés de leur complicité à ce crime.
Maintenant qu’elle n’était plus uniquement focalisée sur ce qui restait de Theramore, elle s’aperçut que Marthenon était parti en retrait de l’armée, et était tombé à genoux, dévasté. Même d’aussi loin et avec le heaume qu’il portait encore, elle devinait que son visage était d’une pâleur inquiétante. Il y avait de quoi...
- Marth ? fit-elle doucement en se rapprochant de lui.
- Elle est morte...
La détresse dans sa voix la prit au coeur. Elle savait qu’elle ne pouvait rien dire pour tenter de le consoler, de lui remonter le moral. Ça ne servirait à rien, et ce serait déplacé. Elle se contenta de mettre sur l’épaule du guerrier une main qui se voulait confortante, mais restait finalement obstinément tremblante.
- Je l’ai tuée, murmura-t-il avec un chagrin mêlé d’horreur.


Dernière édition par Laedera le Sam 19 Juil - 19:33, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: L'Ouragan de la Vengeance   L'Ouragan de la Vengeance EmptyMar 18 Mar - 17:37

L'Ouragan de la Vengeance Screen18

Le changement d’atmosphère en passant de l’autre côté du portail était surprenant quand on ne s’y attendait pas. Marlek se sentit déstabilisé en changeant soudainement d’environnement, passant du calme et de la fraicheur du Temple du Repos du Ver à un climat plus chaud, accompagné d’une odeur distante de poudre et de sang récemment versé. Il eut le coeur lourd en voyant dans quel état était devenue la place bordant le sud est de la jungle de Krasarang, un véritable champ de bataille où venaient mourir et récolter mille blessures les soldats de l’Alliance. Dire que quelques mois plus tôt, en repartant d’ici avec ses camarades d’apprentissage pour rejoindre les Royaumes de l’Est, il pouvait voir la transition entre la Pandarie encore à peu près calme et le reste d’Azeroth où les alliés de son redoutable père étaient aux aguets, prêts à tuer encore plus de ses amis en essayant de l’enlever... Ceci était terminé, mais le continent des pandarens s’était entre-temps bien intégré au reste du monde, à présent au centre de la guerre entre la Horde et l’Alliance.
Il observa les réactions de ses camarades en les laissant passer, par curiosité. Elaria ne semblait pas incommodée du tout, fidèle à son caractère et son statut de soldat au service de l’Alliance, qu’il savait avoir participé au début de la campagne du Roi pour installer le Territoire du Lion dans le sud du continent. Hoji adressa un regard triste à la bordure lointaine entre le sable et les grands arbres ; c’était sa terre ancestrale, la voir ainsi déchirée par la guerre l’affectait très certainement. Quant à Nocturana, il fut étonné de lui trouver un air quelque peu mélancolique. Comme le Territoire du Lion était la première destination qu’elle avait demandé à Simine, la gnome mage, il s’attendait plus à ce que sa réaction face au champ de bataille ne soit pas différente de celle d’Elaria. À ses côtés, sa panthère au pelage rare s’étira en bâillant, semblant indifférente aux explosions qui retentissait dans le lointain ; il avait bien vu que Sephira n’avait pas grande affection pour les bipèdes, dressant le poil et jugeant de son regard bleu glacial quiconque l’approchait même pour lui donner une seule caresse.
- Nous y voilà, dit l’elfe de la nuit. Le Territoire du Lion, l’un des principaux théâtres de la guerre en Pandarie.
- Attention aux soldats de la Horde qui essayent de rentrer dans la base, ajouta Elaria. C’est ici qu’il faut toujours garder son arme à portée de main car toute race qui n’est pas affiliée à l’Alliance a de grandes chances d’être hostile.
- Je vous que vous vous êtes bien installés sur le rivage de la terre de mes ancêtres, commenta Hoji avec un sarcasme à peine caché. Marlek et moi n’allons peut être pas rester longtemps ici. Nous devons nous rendre auprès de nos camarades, ils doivent nous attendre au nord des Sommets de Kun-Lai.
- Ah, je vois... Vous allez leur dire que c’est enfin terminé ?
- C’est ça.
Nocturana se demandait à qui faisaient allusion les deux moines, quand elle remarqua deux hauts-elfes portant le tabard du Concordat Argenté, ayant l’uniforme de leurs forestiers ainsi que des arcs qui allaient avec, qui se frayaient un chemin vers eux. L’elfe de la nuit reconnut la femme, plus âgée et haut gradée que son compagnon, qui était encore très jeune et parvint à la mettre mal à l’aise en lui rappelant une certaine personne, des années plus tôt. Ils n’étaient pas similaires, en fait, c’était plutôt sa position aux côtés de sa supérieure, qui ne faisait pas tellement penser à un soldat accompagnant fidèlement son chef.
À côté d’elle, le visage d’Elaria s’illumina soudainement de joie en voyant le haut-elfe, qui lui tendit les bras en lui rendant son sourire et ils virent s’embrasser comme deux frère et soeur, pendant que Sin, le familier lynx de la jeune femme, vint frotter légèrement son flanc contre les bottes en maille du camarade de sa maîtresse, signe qu’il le connaissait et l’appréciait (Sephira se contenta, comme d’habitude pour chaque étranger, de renifler l’air puis de tourner la tête de côté d’un air snob qui allait bien avec sa nature féline). Marlek et Hoji semblèrent connaître également le nouvel arrivant, qu’ils saluèrent à leur tour, amicalement. Nocturana devait reporter son attention sur la haute-elfe qui se tenait devant elle, qu’elle savait même sans avoir besoin de la regarder être en train de la détailler... parfois elle surprenait différents sentiments dans ses yeux quand elle parvenait à se retourner au bon moment. De la culpabilité, de la mélancolie... Cette fois-ci, c’était une légère tristesse qui voilait ses iris bleu lumineux.
- Nocturana, Elaria, salua la haute-elfe. Ça faisait longtemps, je suis heureuse de voir que vous allez bien toutes les deux. Vous devez être Marlek et Hoji Brasse-Brume, ajouta-t-elle à l’adresse des deux moines. Je suis Danessia Flèche-d’Aurore, Chevalier-lieutenant des forestiers du Concordat Argenté. Vous connaissez déjà Kalterian Courseciel, je suppose.
- Oui, ils le connaissent, confirma Elaria. Et justement, Kal... Il y a quelque chose que tu dois apprendre, dit-elle en reculant de lui pour aller aux côtés de Marlek.
Le haut-elfe haussa les sourcils d’un air interrogateur, mais semblait se raidir. L’elfe de la nuit et le pandaren le regardèrent se détendre soudainement avec un soupçon d’amusement quand Elaria lui révéla que le moine et elle étaient frère et soeur, tout naturellement. Nocturana était assez intéressée que les deux jumeaux séparés à la naissance aient réussi à s’accommoder assez vite de la nouvelle, et à se remettre après qu’ils aient confronté leur père et que celui-ci soit mort au terme de cette rencontre, mettant fin à ce qu’elle avait entendu dire être de longs mois de traque meurtrière, qui avait coûté la vie d’amis de valeurs de Marlek et de disciples prometteurs de Hoji.
Elaria venait de finir de résumer l’aventure qu’elle avait rejointe et d’en rapporter le bilan, quand Danessia s’éclaircit doucement la gorge. Le haut-elfe et la chasseresse se mirent quasiment au garde-à-vous, ce qui montra qu’elle avait autorité sur eux de quelque manière.
- Je pense ne pas me tromper en disant que vous arrivez à temps, dit la forestière. Peut être avez-vous entendu la nouvelle, le Roi Tonnerre, Lei-Shen, qui a été ressuscité plusieurs mois auparavant, a repris le contrôle de son ancien palais, et est en ce moment en train de rassembler ses troupes pour reconquérir la Pandarie.
- C’est ce qui se disait à Hurlevent, acquiesça Nocturana. Vous voulez que nous vous aidions ?
- Si vous voulez bien aider la Pandarie et l’Alliance, opina la haute-elfe. Le Kirin Tor et le Concordat Argenté se préparent à lancer une incursion sur l’Île-Tonnerre, jusqu’au coeur du territoire du Roi Tonnerre. Mais il y a autre chose. Les mogus sont alliés aux trolls de Zandalar, nous nous attendions à les rencontrer sur l’île lorsque nous devrions y aller, comme c’était inévitable. Cependant, ce qui nous a alertés ce sont des témoignages d’aventuriers qui ont aperçu des trolls furtifs sur les côtes de Pandarie. Tout porte à conclure que ces éclaireurs annoncent une invasion sur le continent même, et je doute que les Zandalaris auront la patience d’attendre des années.
- Qu’attendez-vous de nous ? demanda Hoji pendant que la haute-elfe marquait une pause.
- L’Alliance a besoin que des aventuriers comme vous se lancent sur les traces des éclaireurs, et remontent jusqu’au chef de tous ces premiers envahisseurs, pour mettre un terme à ses actions et empêcher une invasion avant que nous n’ayons pu atteindre l’Île du Tonnerre.
- C’est faisable, répondit doucement le pandaren. Mais je ne le ferai pas pour l’Alliance.
- Moi non plus, ajouta Marlek avec résolution.
Danessia se contenta de hocher la tête sans avoir l’air offusquée ni étonnée.
- Comme vous le souhaitez. Vous m’auriez même étonnée en acceptant sans broncher d’agir exclusivement pour l’Alliance, remarqua-t-elle avec un début de sourire. J’ai bien vu vos expressions, lorsque vous êtes sortis du portail. Cette guerre ne vous enchante pas, je le comprends, mais croyez-bien que bien peu sont heureux qu’elle se déroule... même si ça reste à voir du côté de la Horde. Quoi qu’il en soit, l’essentiel est de stopper les Zandalaris tant que la menace peut encore être contenue, puis il va falloir s’occuper du Roi Tonnerre une fois que la voie sera libre. Pourrai-je compter sur vous ?
- Certainement, répondit Nocturana. Nous venons justement de passer quelques temps à devoir nous promener dans tout Azeroth pour chasser des trolls et des sectateurs.
- Ah, ça ne me surprend pas venant de vous. Si ce n’est déjà fait, vous pouvez prendre un peu de repos ici. Ayez juste votre épée en permanence à côté de vous, on ne sait jamais quand un de ces soldats de la Halte de la Domination peut passer à travers la fenêtre et essayer d’égorger tout le monde dans un bâtiment...

Elle poussa un bref soupir pour ponctuer sa phrase, comme si ça lui évoquait un certain mauvais souvenir. Ils convinrent de profiter de l’invitation pour se reposer, comme effectivement ils n’avaient eu que bien peu de temps même alors qu’ils en avaient fini avec le Culte de la Cendre Sanglante, Ered’saya, la Faux... Kalterian Courseciel se chargea de guider Marlek, Hoji et Elaria vers l’hôtel de ville pour qu’ils s’y installent. Danessia avait encore quelque chose à voir avec l’elfe de la nuit. Alors que les quatre autres s’éloignaient, la haute-elfe reprit graduellement son air fatigué et empli de chagrin qu’elle s’efforçait de montrer le moins possible.
Plus elle la voyait ainsi, toujours à exercer un contrôle sur ses émotions, à veiller à ce que la colère et les larmes ne sortent jamais même si les répercussions pouvaient être visibles par le manque de sommeil, plus elle se demandait comment est-ce que la haute-elfe pouvait être liée en quoi que ce soit par le sang à l’homme qui avait brisé leurs coeurs à deux reprises.
- Avant que vous ne partiez également, j’ai de mauvaises nouvelles pour vous, dit la forestière avec un ton sombre. Il s’agit de Marthenon.
Nocturana ferma automatiquement les yeux, sentant une vague d’amertume et de chagrin venir s’infiltrer dans sa poitrine, avec un léger ressentiment à la mention de ce nom qu’elle souhait oublier, mais que le flot de souvenirs de désolation ne parvenait jamais à effacer. Elle devait déjà faire un effort constant pour ne pas avoir à se souvenir que Danessia était la mère de l’elfe de sang qu’elle avait considéré comme son frère, longtemps auparavant.
Elle ne l’avait plus jamais revu depuis Theramore, et ne le voulait pas. Après avoir survécu à Theramore, puis être revenue du Norfendre où elle était allée se réfugier auprès de Cielistrasza, son amie dragonne, elle avait décidé d’assister l’Alliance. Et au milieu des batailles dans lesquelles elle avait participé, même dans les périodes où elle n’avait pas à combattre, parmi les noms des champions terribles de la Horde qui chassaient les soldats de la faction opposée et collectionnaient les exécutions, celui de Marthenon revenait souvent. Bien trop, pour elle qui avait essayé de se dire qu’il n’avait pas forcément souhaité qu’elle se retrouve en plein sous la trajectoire de la terrible bombe de mana, qu’effectivement tout ce qui comptait pour lui lors de la bataille était de venger Drakgosh Lame-de-Givre. Et voilà qu’elle l’apprenait Champion de la Horde, un guerrier qui ne vivait plus que pour la suprématie de son chef de guerre sur Azeroth, détruisait tout ce qui ne correspondait pas à la vision du monde de Hurlenfer.
Elle ne pouvait que compatir avec Danessia, qui devait souffrir de ce que son fils était devenu, s’acharnant à détruire tout ce qu’elle avait chéri et voulu défendre dans ce monde. La pauvre mère, à cause de sa fonction chez les Forestiers du Concordat Argenté, devait en plus entendre beaucoup parler des “hauts-faits” de Marthenon. Après plusieurs mois, Nocturana en avait eu assez d’avoir ces échos qui la harcelaient avec le souvenir de sa défaite face à l’elfe de sang, celui de l’amertume d’avoir constaté la fin de la paix à laquelle elle aspirait avec ses anciens amis en voyant Theramore se faire détruire. Elle s’était éclipsée une fois de plus au Norfendre, cherchant la paix au milieu des dragons qui étaient assez occupés à essayer de se redéfinir une place en Azeroth pour devoir se soucier des querelles des mortels... façon de parler, vu que leur race avait rejoint tout le monde sur ce plan-là.

- Qu’a-t-il encore fait ? demanda l’elfe de la nuit avec un ton las qu’elle ne parvint pas à cacher à son interlocutrice.
- Marthenon est un guerrier très renommé dans la Horde, maintenant, à cause de ses victoires répétées sur nos soldats. Même s’il est un elfe de sang, les orcs pourtant fanatiques des idées de suprématie de leur race ont beaucoup de respect pour lui. Nos infiltrateurs nous ont rapporté aussi que les elfes de sang des Saccage-Soleil préparaient l’assaut sur l’Île du Tonnerre, du côté de la Horde. Selon toute vraisemblance, Marthenon pourrait probablement les rejoindre.
Nocturana ne répondit pas. Instinctivement, elle avait croisé les bras et refermé les poings, essayant de ne pas trembler... de colère, de chagrin et de peur, l’un des trois ou tous à la fois. Elle en voulait à l’elfe de sang pour avoir détruit et trahi ce qu’elle chérissait et pensait qu’il estimait aussi, et elle craignait de le retrouver, alors qu’elle s’imaginait qu’à chaque victoire contre un membre de l’Alliance, il devenait comme un monstre plein de rage, qui n’hésiterait plus à lui trancher la tête au terme d’un combat qu’elle n’était pas du tout certaine d’avoir un jour la résolution de mener contre lui. Danessia lui posa une main sur le bras, essayant de regagner un air assuré, mais l’éclat au fond de ses yeux trahissait sa résignation qui avait brisé son coeur de mère.
- Vous avez pu échapper aux nouvelles de son “ascension” en rejoignant les dragons. Mais ils ne peuvent plus vous protéger de cette guerre maintenant, et où que vous irez vous pouvez être certaine que son nom continuera à vous hanter.
- Et que voulez-vous que je fasse, Danessia ?
La haute-elfe haussa les épaules avec un léger soupir chagriné.
- Faîtes attention à vous, simplement. Et à vos amis. Surtout Elaria et Kalterian, ils sont peut être forts mais ils n’auront pas atteint le niveau de mon fils avant longtemps, et je n’ai pas envie de les perdre. Et si vous deviez vous affrontez, sachez que je ne vous en voudrais pas si vous deviez triompher...
Elle préféra garder le silence. Elle ne voulait même pas y penser, c’était bien trop douloureux pour elle. Qu’est-ce que ces dernières semaines à chasser les membres d’une nouvelle secte nihiliste, à devoir se battre pour sauver ses camarades, avaient été paisibles en comparaison de tout ce à quoi il lui fallait faire face en revenant sur les champs de bataille. Elle avait quand même été capable de sympathiser avec deux Voleurs de la Horde ! Même s’ils étaient des parias pour leur faction à l’heure actuelle, ils lui avaient quand même redonné foi envers leur faction, comme elle en avait eu du vivant de Drakgosh, avant Theramore.
- Quoi qu’il en soit..., dit Danessia. Restez sur vos gardes si vous deviez vous retrouver, c’est tout ce que je vous demande. Allez vous reposer, je vais ordonner à mes forestiers de redoubler de vigilance et d’abattre tout membre de la Horde qui essaye de poser le pied dans notre cour. Je vous donnerai plus de détails sur votre mission quand vous serez tous remis. Après tout, les Zandalaris sont une menace plus importante que les champions adverses, pour le moment.
Nocturana acquiesça. Le long voyage qu’elle avait entrepris aux côtés de Lædera lui avait permis de s’écarter de toute cette tension pour un bon moment, après avoir trouvé refuge auprès des restes de l’Accord du Repos du Ver. Et Danessia les envoyait maintenant sur une nouvelle tâche, qui lui permettait de s’éloigner de Krasarang, théâtre des combats les plus sanglants de cette guerre, donc après ce passage elle allait avoir l’occasion de s’éloigner des mauvais souvenirs pour un moment. Elle espérait juste que Kalterian n’était pas engagé pour une Alliance vindicative, comme les membres du Concordat Argenté commençaient à la représenter sous les ordres de Jaina Portvaillant.

La Chasseresse rejoignit le bâtiment où les soldats et les aventuriers de passage ou employés pouvaient se reposer. Avant d’aller se trouver un endroit où dormir, elle fit un passage vers l’écurie. Sephira défila d’une allure légèrement hautaine devant les autres familiers de chasseurs et les montures, même en face de bêtes plus grandes qu’elle. L’elfe de la nuit était un peu amusée par le caractère spécial de son familier, et voir sa panthère lui rappela que quoi qu’il puisse arriver, même si Marthenon venait à la retrouver, elle n’était pas exactement faible... Sephira n’estimait que les forts, si elle-même ne possédait aucune force, jamais la panthère de Scholazar n’accepterait de la suivre jusqu’au bout du monde et de combattre à ses côtés avec tant de fidélité. L’avoir en sa présence lui permettait au moins de se souvenir de cela, quand elle avait tendance à se déprécier, ce qui lui arrivait souvent (chose que plein de gens lui reprochaient déjà).
L’elfe de la nuit sourit quand ses autres familiers vinrent se presser jusqu’à elle, après avoir été séparée d’eux pendant deux mois. Elle caressa avec affection le pelage brillant et frais des loups jumeaux, puis redoubla de délicatesse pour les deux derniers, essayant de ne pas montrer trop de tristesse pour eux.
Orshan et Shargosh n’étaient quasiment plus que l’ombre de ce que les deux bêtes avaient été quelques mois plus tôt. Sauvés de la mort par leur instinct animal, qui leur avait commandé de fuir des écuries alors que la bombe tombait sur la ville, ils avaient néanmoins subi les répercussions de l’explosion. Leurs corps luisaient par endroits d’énergie arcanique ; à un moment ils étaient complètement transparents, même si cela s’améliorait avec le temps, il était évident que les deux animaux ne redeviendraient plus jamais comme avant. Au moins, ils avaient survécu, c’était déjà ça. Nocturana collectionnait les familiers, ayant développé une grande affinité pour créer des liens avec les animaux, mais quand un membre de son équipe, qu’elle considérait comme sa famille, venait à mourir au combat, elle en souffrait comme s’il s’était agi d’un frère ou d’une soeur. À défaut d’en avoir jamais eu de quelque manière par ses parents lâches (quoique son père ait trouvé une solution radicale de se “racheter”, en se sacrifiant alors qu’elle avait failli être tuée par un démon à la Bataille du Mont Hyjal ; juste après, elle l’avait vengé en le tuant, à l’aide de Drakgosh qui l’avait rejointe), elle parvenait à en trouver dans la vie sauvage, et en était heureuse ainsi.
Nocturana conduisit ses familiers dans le bâtiment, évitant les soldats ou les gardes pour qu’ils ne lui cassent pas les oreilles car elle voulait les emmener tous à la fois à l’intérieur. De toutes façons, elle ne les aurait pas écoutés ; ce n’étaient que des imbéciles qui ne comprenaient rien au lien sacré entre un chasseur et ses partenaires. L’elfe de la nuit trouva enfin un endroit reculé et au calme, où elle déposa ses armes avant de se rouler en boule, entourée des animaux qui virent l’entourer avec leurs fourrures assez fraiches pour qu’elle ne souffre pas d’un excès de chaleur, Krasarang étant une région assez chaude.

- Il ne peut pas continuer à suivre cette voie, tu le sais.
- Non...
- Il n’y a que toi qui puisse lui montrer la voie.
- Je n’en suis pas certaine, mon ami. Chaque jour, il grandit en tant qu’ennemi. La prochaine fois que nous nous verrons... Je crains que cela ne soit en tant qu’adversaires, et non plus comme amis.
- Tu es celle qui crée votre inimité, Nocturana.
Elle ne dit rien.
- Pourquoi ne peux-tu pas l’admettre ?
- Quoi ?
- Marth n’est pas qu’un frère pour toi, ne le vois-tu pas ? Ne peux-tu pas le sentir ?
... Je ne sais pas ce que tu veux dire, Drak.
Il soupire.
- On dirait que tu n’est pas prête... Ces nuages noirs de ton passé, ils font encore mal, pas vrai ?
Tu ne seras JAMAIS une kal’dorei, et PERSONNE ne t’acceptera jamais. Admets-le !
- Ferme-là…
- Nocturana.
- Ne me parle pas. Tu es mort.
- Nous le serons tous les trois si tu ne te réveilles pas. Est-ce ce que tu souhaites, laisser tomber ce rêve ?
- Je ne suis pas celle que tu devrais hanter.
- Je ne te hante pas. J’essaie de vous aider.
- Personne ne peux m’aider.
- Oh, en es-tu bien sûr ?
Un petit sourire passe sur les lèvres fantasmatiques de l’orc, montrant ses dents pointues.


- Nocturana, qu’est-ce que tu fais ici ?
L’elfe de la nuit ouvrit les yeux, se cramponna par réflexe à la fourrure du premier familier qui était sous sa main - Hàti - et repéra rapidement l’intrus, prête à attaquer avant qu’il ne fasse le premier geste ; ses familiers avaient de même le poil dressé et se redressaient pour défendre leur maîtresse. Elle cessa alors sa manoeuvre défensive, et intima à ses partenaires l’ordre silencieux de se calmer. C’était Marlek.
- Je peux te poser la même question, répondit-elle hâtivement.
- J’ai du mal à dormir. Est-ce que je peux me répéter pour savoir pourquoi tu dors sous un escalier avec autant de familier ?
- Je voulais passer une nuit avec eux, en groupe. Ça fait longtemps que je n’avais pas vu la plupart.
- Tu en as vraiment beaucoup pour une chasseresse.
- Tout le monde a l’air vraiment surpris en le voyant pour la première fois. Pourtant, je trouve ça normal, je suis une chasseresse après tout.
- Elaria n’a que Sin comme compagnon. Je ne sais pas non plus si Lillenta a tout une réserve de familiers aussi attachés à elle que l’est Tempête.
- Hm... Bon, dis-toi que je suis habituée à me lier aux animaux depuis mon plus jeune âge, sans me concentrer sur un seul familier uniquement.
Il hocha la tête, impressionné. Nocturana lui présenta tour à tour ses quatre autres familiers ; Shargosh et Skoll apprécièrent le jeune humain, Hàti avait un peu plus de réserve et Orshan lui fit comprendre qu’il ne faisait que le reconnaître comme quelqu’un qui ne menaçait pas sa maîtresse. Bien évidemment, Sephira le regardait toujours de haut. L’elfe de la nuit expliqua au moine que la panthère au pelage rare aimait avoir l’air supérieur, comme si elle était consciente qu’elle était d’une variété rare que nombre de chasseurs rêvent de pouvoir adopter dans leur équiper, et que cela en faisait une créature spéciale.
- Impressionnant, murmura-t-il quand elle eut terminé sa présentation. Et chacun d’eux est tellement proche de toi que pour cela tu les admets dans le bâtiment pour dormir avec eux ?
- C’est cela. Et toi, pourquoi est-ce que tu te promenais dans cette aile reculée ? On ne doit pas encore être au matin il me semble.
- Et bien..., dit-il avec un ton un peu plus sombre. On dirait que ce n’est pas aussi simple de vivre en ayant tué son père, aussi maléfique ait-il été.
- Ah. Je me demandais, tout à l’heure, mais Elaria et toi n’aviez pas l’air d’être aussi affectés que ça.
- Elaria n’est pas affectée, dit-il. Frader n’était pas son père, elle a eu la chance d’être élevée par une famille qui l’a aimée et lui a fait sentir qu’elle était acceptée, qu’elle était leur enfant. Même s’ils étaient des hauts-elfes et qu’elle était une humaine, ajouta-t-il avec un air amusé.
- Elle a été élevée par des hauts-elfes ?
- Et oui. Parfois, elle oublie qu’elle est humaine même si elle a fini par le comprendre quand elle est jeune. C’est assez drôle. Entre autres, c’est pour ça qu’elle est aussi proche de Kalterian.
- Et toi ?

Il haussa les épaules. Il n’aurait pas fait mention des parents adoptifs d’Elaria, raconter cela à l’elfe de la nuit ne lui aurait pas fait grand chose, comme c’était le cas assez souvent dans le passé. Mais depuis qu’il se savait avoir une soeur jumelle, qui avait eu une famille là où un mauvais coup de chance l’en avait privé lorsque sa mère l’avait abandonné à Hurlevent, il se sentait honteusement jaloux de sa jumelle. Cela dit, sa vie aurait été très différente si les choses se seraient passées autrement. Il n’aurait peut être pas autant souffert que quand il était un enfant, puis un adolescent, mais aurait-il pu s’endurcir, aurait-il rencontré Hoji dans les mêmes circonstances et aurait-il accepté de s’enfuir de la ville pour aller à la rencontre de son destin (en fait, c’était plutôt pour fuir Armantus en qui il sentait qu’il ne pouvait pas avoir confiance) ? Ce n’était pas certain.
- Ma mère m’avait laissé dans une ruelle pour qu’un couple sans enfant me trouve sur leur chemin, mais ils se sont fait agresser et assassiner avant par un brigand. Ensuite, les gardes m’ont trouvé, et vu qu’ils ne pouvaient pas identifier mes parents - en même temps, ils habitaient tout au nord du continent -, ils m’ont placé à l’orphelinat. Je n’avais personne dans ma vie, je n’avais pas envie de retrouver mes parents. Je les haïssais à mort pour m’avoir laissé ainsi.
Elle comprenait ce que Marlek avait ressenti. Elle aussi avait souffert d’avoir été abandonnée par sa mère, laissée par son père qui avait renoncé aux arcanes pour s’endormir dans le Rêve d’Émeraude, comme tout mâle kal’dorei. Elle s’était retrouvée seule, avec uniquement quelques rares personnes qui la regardaient comme un être avec une âme, et pas une enfant de Bien-nés. Sa solitude avait joué dans son orientation vers la vie de chasseresse ; elle avait trouvé sa famille chez les animaux, quand les elfes la voyaient déjà comme un monstre.
Lorsque la Troisième Guerre était arrivée chez eux, plus précisément quand elle arrivait à son terme, elle avait cependant dû modifier sa vision très négative de ses deux parents. Son père avait été réveillé avec les druides pour la guerre, ce qui lui avait naturellement déplu, surtout quand il avait pensé pouvoir créer aisément des liens avec la fille qu’il n’avait jamais vu grandir, dont il ne comprenait pas la souffrance. Pourtant, même si elle l’avait violemment rejeté, il n’avait pas hésité à se jeter entre elle et la lance d’un démon au Mont Hyjal. Elle n’avait pu échanger que quelques mots avec lui, et ce fut la seule discussion qu’elle put jamais avoir avec le père qu’elle n’avait pas connu.
Le souvenir d’Eliorand Hiverlune lui donna envie de pleurer, mais elle se contint à temps pour essayer de ne pas attirer l’attention du moine là-dessus. Cependant, il remarqua ses tremblements, son air chagriné.
- Mon récit t’émeut tant que ça, ou ça te rappelle de mauvais souvenirs à toi aussi ? demanda-t-il.
- Un peu des deux. Au final, demanda-t-elle pour éviter qu’il ne s’aventure plus sur un terrain dangereux, comment tu as appris ce qu’ils étaient ? Enfin, pour Frader, du moins ?
- Hm... Comme tu veux. Ça n’a pas été difficile de comprendre que mon père n’avait rien d’un père normal qui voulait juste avoir une chance de revoir son fils. À travers celui qui m’a révélé son existence, il m’a menti sur ma mère, puis il a envoyé des mercenaires menacer mes camarades, les tuer. C’est Hoji qui a réussi à me convaincre de ne pas me rendre pour que les meurtres s’arrêtent... même si deux de ses disciples sont morts à cause de Frader. Nattine, une gnome qui avait la motivation et le talent pour devenir une expert dans l’art et la philosophie des moines. Et Hurktosh... un orc, têtu, fier comme un coq, parfois agaçant mais quand même un très bon camarade.
- Tu as quand même bien fait de ne pas céder. Ça t’a épargné de devenir comme Frader.
- Je ne sais quand même pas si parce qu’il est mort, je suis complètement à l’abri de suivre son chemin. Ma mère, Malia Rivel, a choisi de nous séparer, Elaria et moi, et de nous abandonner à deux extrêmes des Royaumes de l’Est parce qu’elle a eu une vision d’un futur très sombre pour nous deux. Certainement, en grandissant avec notre père, nous serions devenus des monstres. Mais la chamane qui a interprété la vision pour elle et pour moi m’a averti que ce futur noir pouvait très bien arriver indépendamment de Frader. Je pense que l’âme de tout individu a le potentiel de pencher vers les ténèbres ou vers la lumière, en fonction de chacun de nos choix. Il ne tient qu’à moi de vivre en faisant attention à ce qui m’entoure, aux conséquences de mes actions à long terme, et en parvenant à surmonter les émotions négatives. Séjourner en Pandarie est d’ailleurs un excellent exercice, à cause des Sha, plaisanta-t-il.
Elle se prit à sourire, mais c’était plus pour ne pas montrer que les propos de Marlek l’inquiétaient quelque part. Elle était admirative de son sens du réalisme et de sa volonté de refuser le mal absolu, même s’il avait été témoin d’une vision d’un futur de lui qui empruntait cette voie. Néanmoins, et si cet avenir devait quand même se réaliser, malgré sa volonté ? Ce genre d’idées lui rappelait la malédiction qui lui avait été lancée alors qu’elle n’était qu’une adolescente, très vieille mais qui résonnait toujours à son esprit même des siècles après.
- Tu n’as pas besoin de t’inquiéter pour moi, dit soudainement Marlek. La chamane a précisé que ce n’était qu’une des nombreuses possibilités d’avenir. Elle peut très bien ne jamais exister pour moi, si je continue à faire les bon choix pour m’en éloigner de plus.
- J’envie ta confiance en l’avenir.
- Pourquoi ? Tu crois que tu dois forcément subir tout ce qui t’arrives, que tu n’as aucun pouvoir sur ta vie ?
Elle réfléchit un moment. Non, elle n’était pas comme ça. Même si elle connaissait beaucoup de souffrances, affrontait des épreuves, elle savait se battre contre elles, elle le faisait même parce qu’elle ne voulait pas que ça dure. Et même quand c’était insoutenable, elle pouvait encore s’éloigner dans la nature sauvage, s’isoler des humanoïdes et de leurs conflits parfois absurdes pour retourner à la simplicité de la vie, essayer d’oublier les fantômes dans son esprit.
Non, je ne pense pas, répondit-elle.

Le moine hocha la tête. Ils restèrent assis l’un à côté de l’autre sans parler, encore quelques instants. Les familiers commencèrent à se rendormir, Nocturana sentit ses paupières s’alourdir aussi. Marlek eut la même sensation ; parler avec l’elfe de la nuit de ses problèmes semblait avoir allégé un peu sa conscience, pour le moment.
- Je vais aller me rendormir, dit-il en se levant. Tu es certaine que tu vas rester ici ?
- Qui accepterait de dormir avec cinq animaux dans sa chambre ?
- Tu peux aller dans celle d’Elaria. Enfin, si tes familiers sont d’accord pour avoir un autre animal à proximité, bien sûr.
- Ça ne va pas les déranger, et j’ai vu que Sin n’est pas agressif. Sephira le connait, en plus, elle n’ira pas le provoquer volontairement ou involontairement.
- Très bien. Repose-toi bien, nous l’avons bien mérité après ce qui s’est passé.
Nocturana acquiesça, et réveilla ses compagnons pour aller suivre Marlek, qui indiqua la chambre où reposait Elaria. Elle dormait profondément, comme son frère l’avait dit elle n’était pas du tout perturbée à l’idée d’avoir tué son père naturel. Cependant, alors que le silence fut complet dans la salle dès que l’elfe de la nuit se fut installée, elle entendit l’humaine marmonner en thalassien, comme si elle pleurait. Mais dans son rêve, elle se lamentait de la perte de Theramore et de sa mère.
Sentant son coeur se glacer en entendant ce nom et en comprenant les bribes que la jeune femme prononçait sans être consciente, l’elfe de la nuit se dépêcha de regagner le sommeil pour éviter d’entendre une autre mention de la catastrophe. Elle préférait encore converser avec le fantôme de Drakgosh dans son inconscient, même si elle ne comprenait pas ce qu’il lui disait, et doutait que c’était prophétique en quoi que ce soit.


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MessageSujet: Re: L'Ouragan de la Vengeance   L'Ouragan de la Vengeance EmptyVen 21 Mar - 17:35

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L’elfe de la nuit se réveilla quelques heures plus tard. L’aube s’était levée, et Elaria était déjà debout, en train d’ajuster une nouvelle armure - qui correspondait plus à l’uniforme du Concordat Argenté par les couleurs. Sin reposait sur son lit, jetant quelques regards attentifs vers les nombreux familiers de Nocturana.
- Ah, tu es levée, dit la jeune humaine avec un sourire amicale en voyant sa camarade se redresser. Je me demandais si tu allais venir, hier soir, contente de voir que tu as trouvé la bonne porte.
- Marlek m’a montré le chemin.
Vraiment ? Il a bon coeur, je suis contente de l’avoir comme frère.
- Tu as vite accepté à le considérer ainsi, remarqua Nocturana, se souvenant de sa conversation de la veille avec le moine.
- Oui, c’est vrai. En même temps, je le considérais déjà un peu ainsi, avant qu’Hoji ne m’apprenne tout ce qu’il voulait me cacher. Et puis... je pensais avoir perdu toute ma famille, ça m’a fait vraiment plaisir d’apprendre que j’ai toujours quelqu’un qui est encore en vie.
- Je vois. Enfin, tu n’as pas appris ça dans les meilleures des circonstances, non plus.
La chasseresse fit la moue, comprenant l’allusion à Frader. Nocturana se sentait quand même curieuse de voir si ce que Marlek pensait au sujet de sa soeur se vérifiait. Visiblement, il était bien le jumeau de sa soeur, et avait une très bonne capacité d’analyse :
- Frader n’est pas mon père, déclara Elaria. Il est peut être celui qui m’a donné naissance, ainsi qu’à Marlek, mais ce n’est pas lui qui m’a élevée, et s’il m’avait retrouvée et reconnue avant que nous ne nous retrouvions face à face au Bosquet du Crépuscule, je sais qu’il m’aurait fait passer par les mêmes souffrances qu’il a infligées à mon frère. Et en plus, il voulait juste nous retrouver parce que nous avons hérité d’un grand potentiel magique, que ce salaud comptait utiliser.
- Ah bon ?
- Oui. C’est une longue histoire, Marlek a commencé à m’en parler hier, mais je ne suis pas certaine d’avoir encore tout saisi...
Nocturana eut la pensée que la magie était bien une réelle source de problèmes. Mais elle savait qu’il fallait nuancer ; ses amis mages l’utilisaient bien et à bon escient. Elle même y avait eu recours, pour protéger ses camarades d’Armantus. Même si elle avait plutôt agi sur un coup de colère, après avoir réalisé qu’elle transgressait l’interdit qu’elle s’était fixé, elle avait aussi relativisé le problème, car il fallait qu’elle utilise même sa ressource la moins favorite si elle voulait que tous puissent se sortir vivants de cette rencontre dangereuse.
La défaite de Theramore lui avait aussi enseigné une bonne leçon ; sans la magie de Tecknin, elle n’aurait pas survécu à l’explosion de la bombe de mana. Et elle avait vu à quel point elle était dangereuse quand elle était hors de contrôle, aussi elle avait choisi de redemander à Simine de lui expliquer comment la maintenir. Ensuite, il lui fallait toujours perfectionner son contrôle dans les énergies qu’elle envoyait pour ses sorts, mais au moins dès qu’elle tirait une flèche d’arcanes plus puissante, elle ne s’évanouissait pas en un coup, comme ça lui était arrivé en face de Marthenon.
Marth... Danessia n’aurait pas du lui reparler de l’elfe de sang. C’était bien la seule personne qu’elle ne pouvait pas affronter malgré tout le mal qu’il parvenait à lui faire sans avoir besoin de se manifester physiquement devant elle. Elle secoua machinalement la tête en essayant de le chasser de son esprit.

Une fois prêtes, les deux chasseresses descendirent dans la cour. Grâce à l’heure matinale, il n’y avait pas encore l’agitation quotidienne du Territoire du Lion. Cependant, d’ici quelques heures les soldats de la Horde allaient venir se mesurer aux défenseurs de l’Alliance, pendant que celle-ci allait commander une nouvelle offensive contre la Halte de la Domination. Nocturana décida de garder Hàti et Skoll à ses côtés, envoyant les autres familiers en éclaireurs dans la nature, prêts à revenir vers elle à son appel.
Les moines étaient aussi assez matinaux. Nocturana nota quand même que Hoji était en pleine forme, alors que Marlek devait par moments se reposer les yeux ; il ne devait pas avoir réussi à se rendormir de sitôt. Cependant, mis à part ce petit détail il semblait d’attaque et prêt à traquer les dangereux trolls, ce qui était un bon point. Tous les quatre allèrent vers la tente qui avait été dressée pour les agents du Concordat Argenté qui se chargeaient de coordonner les informations envoyées par leurs éclaireurs sur les agissements des Zandalaris en Pandarie.
Danessia n’était pas dans les parages, mais Kalterian, lui, se tenait à côté des autres officiers qui étaient déjà penchés sur une grande carte du continent, marquée par des pointes de repère et couvertes sur les côtés de notes et de lettres. Les hauts-elfes les saluèrent tour à tour d’un bref hochement de tête, mais seul le forestier vint vraiment à leur rencontre.
- Vous êtes vraiment matinaux, dîtes-moi ! Danessia vous avait dit de vous reposer, vous n’étiez pas obligés de partir aux aurores.
- Nous sommes assez reposés, répondit Marlek. Et mieux vaut ne pas avoir à partir sous les tirs de vos défenseurs et de vos opposants.
- Ah, je n’avais pas pensé à ça. Enfin, ce n’est pas plus mal que vous soyez tous là maintenant, il y a du nouveau. Suivez-moi s’il vous plaît.

Le groupe se dirigea vers le port. D’apparence calme, il y avait pourtant de l’agitation à cet endroit. Un homme criait en thalassien, puis on entendait des bruits de coup. Ils découvrirent des membres du Concordat Argenté entourant un troll Zandalari (plus massif et grand que ses congénères, il leur fallait un nombre impressionnant de chaînes pour l’immobiliser). Danessia supervisait un interrogatoire assez serré sans broncher ; elle pouvait changer du thalassien au zandali en un clin d’oeil et sans aucune difficulté pour poser ses questions au troll.
Kalterian annonça assez discrètement la venue des aventuriers à sa supérieure, qui relégua sa surveillance à un sous-officier. Elle s’écarta de l’interrogatoire pour saluer les chasseresses et les moines.
- Encore au bon moment je vois. Mes forestiers ont capturé cet éclaireur Zandalari pendant la nuit, un groupe de mercenaires de la Horde l’avait déjà enchaîné et ils ont décidé de le leur “emprunter” pour me l’amener.
- Qu’avez-vous appris ? demanda Elaria.
- Des informations assez intéressantes. Les éclaireurs sont dépêchés dans toutes les régions côtières de la Pandarie pour récolter des informations et lancer une attaque sur le continent. Ça, nous nous en doutions déjà. En revanche, nous avions appris quelque chose de neuf. Après une grande invasion ratée le mois précédent, ils se sont trouvé de nouveaux commandants. Le grand chef est dans un lieu encore inconnu, mais il a ses équivalents d’officiers basés dans plusieurs régions de Pandarie. Notre prisonnier a laissé échapper que son chef était situé dans la Forêt de Jade ; nous n’avons cependant pas de location précise, vu qu’on dirait qu’il se sent coupable d’avoir sorti cela - un bon bain de mer devrait lui redonner le moral quand la marée remontera... Enfin, au moins, vous avez une meilleure idée de la région où chercher.
- C’est vaste, dit Hoji. cependant nous avons une chance de les trouver rapidement. La Forêt de Jade est une des régions les plus peuplées du continent, les habitants auront forcément vu un éclaireur ou trouvé des traces.
- Ces trolls-là ne sont vraiment pas malins, commenta Elaria avec un ton moqueur.
- Ils sont quand même éloignés des bases principales de leurs grands ennemis, remarqua Marlek. Mais ils ont surement sous-estimé les forces locales, ça va leur donner un désavantage.
- Bien parlé, acquiesça Danessia. Voulez-vous vous mettre en chasse aujourd’hui, ou désirez-vous attendre encore un peu que nous ayons plus de renseignements ?
- Je pense que nous pouvons partir maintenant, répondit Nocturana. Est-ce que ça vous va ?
Ils acquiescèrent. L’idée commune était bien de retrouver les Zandalaris et de les empêcher de planifier l’invasion, mais pour l’elfe de la nuit et les deux moines, il y avait également la résolution de s’éloigner au plus vite du champ de bataille. L’une pour ne pas avoir à se retrouver aussi vite confronté à ses mauvais souvenirs, les autres parce qu’ils ne voulaient pas se retrouver impliqués dans un conflit dans lequel ils ne voulaient pas avoir d’attaches.
- Parfait. Juste une dernière chose, accepteriez-vous que Kalterian vous accompagne ? demanda Danessia.
- Euh... Pourquoi pas, répondit Nocturana.
Elle se souvint que hier soir, la forestière lui avait dit de faire attention à Elaria et Kalterian, s’ils venaient à se trouver face à face avec Marthenon. Sur le coup, elle n’avait pas percuté que le haut-elfe n’était pas encore supposé les accompagner, mais à cette demande elle réalisa que Danessia en avait déjà l’intention. Qu’est-ce qu’elle escomptait avoir ainsi, au juste ? Le haut-elfe n’avait pas non plus l’air au courant vu son air étonné.
- Pardon ? fit-il en plissant les sourcils.
- Ça ne te plaît pas ? fit Elaria avec un air légèrement inquiet.
- Si ! Si, bien sûr que ça me plairait, mais c’est que... Je pensais...
- Tu as des compétences acquises qui leur profiteront, répondit la forestière. Et tu pourras en profiter pour apprendre des choses que ni moi ni le Concordat Argenté et l’Alliance ne sommes en mesure de t’apprendre. C’est une occasion que je prendrai, à ta place, ajouta-t-elle avec un petit sourire.
Kalterian acquiesça, mais il ne comprenait pas bien pourquoi est-ce que sa supérieure avait demandé aussi spontanément aux aventuriers de le prendre avec eux. Il avait peut être de l’expérience au combat et en pistage, mais il était loin d’être un maître. Peut être avait-elle senti qu’il aurait souhaité pouvoir passer plus de temps avec Elaria ? Non, la forestière pensait toujours avec pragmatisme et prenait très rarement en compte ce genre de sentiments. Il finit par se faire une raison : ce n’était pas si mal, de toutes façons ; sa supérieure lui ordonnait de travailler pour l’Alliance, sauf que cette-fois il était en différente compagnie. Pour une fois, il allait avoir un peu plus de liberté par rapport aux cadres militaires, ça devait être agréable.
Dès lors que tout fut réglé, la forestière permit à la compagnie ainsi constituée de cinq personnes dont trois familiers actifs d’obtenir des montures pour le voyage vers la Forêt de Jade. Ils se séparèrent au niveau des barricades à l’entrée du Territoire du Lion, et alors que le groupe atteignait l’orée de la forêt, les combats entre la Horde et l’Alliance reprirent pour un autre jour sanglant.

Ils avaient aperçu la charge dès qu’ils avaient atteint le haut de la colline en quittant la jungle. Ils s’arrêtèrent un moment pour observer les combats qui se déroulaient, pas si différents de ceux de hier ni des mois précédents, selon Kalterian. Les membres de la Horde tentaient des assauts audacieux, mais étaient toujours repoussés, même s’ils parvenaient éventuellement à faire des incursions à l’intérieur du fort de l’Alliance. Sur la plage, on était au niveau du bain de sang ; les soldats tombaient l’un après l’autre, uniquement pour se faire ramener à leur campement, soigner quand ils étaient récupérables, et retourner se battre. Éventuellement, il y avait des remplacements pour verser plus de sang frais, qui allait se verser dans la mer de Krasarang.
- Pourquoi vous battez-vous encore et toujours à cet endroit ? soupira Hoji. Votre Alliance et la Horde ne font que perdre leur temps, et de nombreuses vies sont perdues. Tout cela pour quoi ?
- L’Alliance essaie de gagner du temps pour la Pandarie, répondit Kalterian. Vous avez bien vu ce que la Horde de Garrosh a fait dans Kalimdor, Maître-Brasseur. L’Opération Bouclier existe pour qu’elle ne puisse pas faire de votre terre ancestrale une nouvelle terre pillée, saccagée et baignée de sang, ce qui arrivera si nous échouons à contenir l’Offensive Domination ici, à Krasarang.
- Tu donnes le beau rôle à l’Alliance mais tu oublies que ce n’est pas une faction remplie de saints adorateurs de la Lumière ou je ne sais quelle autre force morale, remarqua Marlek. Ses membres ne sont pas tous ici dans cette optique, la plupart se battent autant que leurs opposants pour faire couler du sang. Leur haine et la violence qu’ils répandent cause encore plus de dommages à cette terre que les plans dominateurs de la Horde.
Le haut-elfe hocha la tête, concéda que le moine marquait un point. Nocturana se trouva intéressée par la prise de distance du moine même par rapport à la faction vers laquelle sa race était naturellement tournée, mais aussi par la capacité de rationalisation posée du haut-elfe. Elle avait souvent eu l’impression que les hauts-elfes, condamnés à devenir des parias auprès de leur nation reconstruite et vus parfois avec pitié à cause de leur sous-nombre, étaient souvent amers et pouvaient se montrer encore plus sauvages que leurs cousins de Kalimdor ou elfes de sang, l’exemple le plus récent de ce genre de comportement étant la Purge de Dalaran.
Danessia avait été ainsi avant ; mais la destruction de Theramore, son nouveau foyer après que sa race soit rejetée de Lune d’Argent, la perte de ses liens avec son enfant, tout cela avait créé une énorme blessure qui avait ajouté à une résolution maintenue une profonde tristesse qu’elle essayait de ne pas trop montrer. À côté, Kalterian ne semblait pas tellement affecté par tous les fardeaux qui incombaient aux hauts-elfes, ou alors il le cachait très bien.
- Tu parles comme un Pandashan, dit Elaria avec un sourire à son frère. On en oublierait presque que tu es humain.
- Être humain ne veut pas dire qu’on doit se sentir obligé d’attaquer le premier orc ou tauren qui passe et brandir l’étendard de l’Alliance partout, répliqua le moine.
- Ça vaut pour toutes les races, acquiesça Kalterian. Nous devrions nous remettre en route, la Horde n’est pas notre problème pour cette mission... Attendez, est-ce que c’était ... ?

Ce fut rapide, mais grâce à la remarque du forestier ils purent apercevoir une monture volante piquer en bas du bord de la falaise, au loin. L’elfe de la nuit n’avait encore jamais vu ce genre de bête, mais elle distingua par la forme des certains membres qu’il devait s’agir d’une sorte de dinosaure, peut être un pteurrdactyle. Ils talonnèrent leurs montures pour rejoindre le sommet de la côté, et une fois à quelques mètres ils attendirent que Kalterian soit allé en observation à pied pour limiter les risques d’être détecté par un ennemi potentiel. Quand il revint, il avait les yeux qui brillaient, du regard d’un chasseur qui a trouvé une proie prometteuse :
- Des Zandalaris, annonça-t-il. Deux, un qui a l’air d’apporter des ordres, et un éclaireur.
- Serait-ce le chef de ces incursions ? murmura Elaria. Non, trop facile...
- Ce serait vraiment un trop gros coup de chance, concéda Nocturana.
Ils mirent pied à terre et se rapprochèrent pour espionner le rendez-vous. L’éclaireur et son supérieur étaient tous deux au sol, la monture volante (effectivement un dinosaure, une sorte de pteurrdactyle géant bâti comme un proto-dragon et avec des écailles rouges) reposait sur ses pattes et ses ailes en attendant. Les trolls discutaient, et un parchemin fut échangé entre les deux. Alors qu’ils étaient sur le point de se séparer, l’éclaireur s’arrêta, ayant entendu un bruit. Un énorme loup surgit alors d’un recoin d’ombre par lequel il s’était faufilé jusqu’à eux, manquant de justesse la gorge du troll, qui saisit sa lance pour le repousser, avant de se rendre compte qu’il avait affaire à un loup supplémentaire, identique, puis à un lynx flamboyant. Puis un baril de bière explosive lui tomba sur la tête, et quand il se redressa sur ses pieds, il se retrouva face à face à un pandaren et un humain (même si pendant un moment, il eut l’impression qu’il y en avait trois identiques pour chacun).
- Tirez ! cria Nocturana à ses deux camarades archers.
L’elfe de la nuit commença à darder leurs opposants de flèches acérées, et se dépêcha juste ensuite de lancer une nouvelle enduite de poison pour endormir le pteurrdactyle géant, qui commençait à se dresser de façon menaçante en plus de pouvoir permettre une potentielle retraite de la part des Zandalaris par la voie aérienne. Les traits empoisonnés et ensorcelés volèrent jusqu’à la tête et aux épaules du troll, passant au-dessus des deux moines. Ceux qui n'atteignirent pas l’éclaireur allèrent se ficher dans la chair de son camarade derrière, qui tituba légèrement alors qu’il allait se joindre à la bataille. Il cria une insulte en langue trolle, avant de se remettre et de lancer la riposte. Il commença à canaliser de la puissance magique entre ses mains, qui se matérialisa sous la forme d’une boule enflammée géante.
- Vous allez tous mourir, pour Zandalar !
- Attention au météore ! cria Nocturana.
La roche brûlante fila droit sur l’elfe de la nuit ainsi qu’Elaria et Kalterian. Le haut-elfe  réagit prestement et saisit son amie humaine par le poignet pour l’entrainer loin de la trajectoire ; la chasseresse commença également à s’écarter, mais prit le temps de tirer une flèche spéciale pour perturber le sort du Zandalari, avant d’être envoyée huit mètres plus loin à cause de l’explosion. Le troll avait déjà commencé à faire pleuvoir plusieurs météores sur le groupe, qui manquèrent de toucher Elaria et le forestier, mais ne causèrent pas autant de problèmes pour les familiers et les deux moines.
Voyant que les trolls étaient des ennemis très redoutables et qui savaient porter des coups mortels, Marlek comprit qu’il devait permettre à ses camarades d’avoir plus de temps pour les mettre à terre. D’un signe, il informa Hoji qu’il changeait de tactique, puis se recula du combat en mêlée pour commencer à lancer des sorts de soin, visant en premier son maître qui avait pris beaucoup de coups entre quelques esquives et avait la fourrure tachée de sang par endroits, puis Nocturana et ses familiers, l’une avait un peu souffert de l’explosion du météore et les autres ayant également subi des attaques.
Kalterian vint rejoindre le pandaren en mêlée comme l’humain s’en était éloigné pour soutenir tout le monde par des soins. Nocturana lui vit des qualités de bretteur, en plus de son don au tir à l’arc ; il n’avait pas la force physique et brutale d’un véritable guerrier habitué à manier uniquement les armes au corps à corps, mais ses lames parvenaient à tailler assez profondément  la chair pourtant solide du troll, et avec sa rapidité certaines coupures parvenaient à rester bien plus longtemps, malgré le don de régénération possédé par cette race.

Affronter un seul Zandalari n’était pas une tâche facile, en avoir deux à gérer à la fois était encore plus compliqué. Le Maître-Brasseur décida finalement qu’il fallait se concentrer sur un seul à la fois pour que le combat ne dure pas une éternité ; s’emparant prestement d’une fiole spéciale dans sa besace, il la jeta à la figure du messager dès lors qu’il présentait une ouverture ; celui-ci se prit le visage entre les mains en criant de douleur alors que l’alcool piquant lui attaquait les yeux. Malgré le grand coup de lance qui lui entailla douloureusement un bras pour avoir négligé une seconde l’autre, il ne se démonta pas, sachant qu’il ne pouvait pas faiblir s’il voulait que ses compagnons aient l’occasion d’en finir avec le troll le plus affaibli des deux.
- Concentrez tout sur l’autre ! cria-t-il en repassant à la défense pour gagner du temps pour lui, bien qu’il ne pouvait plus utiliser qu’un seul bras pour l’instant.
Les archers et le moine comprirent, et chacun déchaîna toutes ses techniques les plus puissantes pour mettre à terre le troll, redoublant d’ardeur pour que la régénération ne soit plus que futilité face à l’accumulation de blessures. Nocturana entra dans une rage bestiale en même temps que Skoll et Hàti, ses flèches et leurs crocs plongeant sans merci dans la chair du Zandalari, pendant que Kalterian et Elaria avaient des tirs plus longs à ajuster mais bien plus mortels à revendre. Marlek jeta un éclair blanc impressionnant sur le troll, qui lui arracha un grand cri comme l’électricité se répandait dans tout son corps, le brûlant de l’intérieur. Face à la puissance de toutes les attaques combinées, l’éclaireur tomba ; son bras tenant le parchemin qu’il avait reçu du messager était tendu dans un dernier geste vers son destinataire.
Alors que les cinq aventuriers essayèrent de se rétablir vite pour pouvoir affronter le suivant,   pensant qu’il allait répondre aussitôt qu’il se serait habitué à son handicap. Ils furent néanmoins surpris de le voir rester en posture de défense, ses yeux mi-clos injectés de sang scrutant péniblement la plage, puis le cadavre de son sbire.
- C’est qu’ils sont forts pour des races inférieures ! grommela-t-il. On verra bien comment vous ferez les malins quand Zandalar il viendra tout entier prendre ces terres !
Le troll utilisa un sort basique pour jeter une boule de feu en plein sur le parchemin. Le rouleau se consuma entièrement à l’impact, avec le bras de l’éclaireur mort, et le messager fit volte-face pour bondir sur sa monture géante. Celle-ci était encore un peu perturbée à cause du tir de Nocturana, mais un choc sur son crâne la fit réagir, et ses yeux se redôtèrent d’une lueur sauvage. L’elfe de la nuit prépara une nouvelle flèche soporifique pour l’empêcher de s’enfuir, mais un nouveau météore fonça directement sur elle, la forçant à abandonner sa tâche pour esquiver.
- Quoi, il s’enfuit déjà ? s’exclama Marlek avec un ton consciemment ironique. Quelle marque de supériorité pour un Zandalari !
Il parvint presque à mettre suffisamment en colère le messager pour qu’il descende de sa monture et réponde au défi, cependant il avait la tête plus froide que certains de ses camarades vu qu’il resta sur son pteurrdactyle.
- Vous serez les premiers que je sacrifierai à l’autel des Loas ! Et ça commence maintenant !
Sans prévenir, le dinosaure se mit à courir vers les aventuriers, d’une façon assez ridicule à voir mais malgré tout redoutable. Ils comprirent qu’il était trop dangereux de rester devant alors que la bête prenait son envol. Nocturana voulut lancer une nouvelle flèche empoisonnée pour l’arrêter, mais la monture du Zandalari était bien trop rapide cette fois, son tir passa juste à côté. Le temps qu’elle essaye d’en réarmer une nouvelle, le troll et son pteurrdactyle s’envolaient déjà dans les airs, et Elaria était coincée dans les serres de la bête.
- Elaria ! crièrent-ils ensemble, paniqués.

Kalterian sembla devenir fou en voyant cela, autant de rage que de terreur. Il enchaîna les flèches, visant avec attention tout endroit qui présenterait un point sensible dans la cuirasse du dinosaure. Malgré l’afflux de pression qui lui vint dans sa conscience à l’idée que la jeune femme se faisait enlever pour être tuée plus tard comme l’avait promis le troll, il garda sa lucidité, tira une flèche, puis une deuxième, qui toucha le pteurrdactyle en plein dans l’articulation de l’aile droite. La monture rugit de douleur, oscilla, essaya de continuer à voler plus loin mais finit par plonger, incapable de poursuivre son vol.
- Dans le fleuve, murmura frénétiquement le haut-elfe. Tombe dans le fleuve !
Cependant, le pteurrdactyle s’écrasa juste à quelques mètres après le rivage opposé, au-dessus de la falaise. Les quatre restants restèrent figés un instant, inquiets à l’idée qu’Elaria soit morte dans la chute. Sin, le familier de l’humaine, poussa un long gémissement d’angoisse, et commença à courir vers l’eau, dans le but de nager jusqu’à l’autre rive et rejoindre sa maîtresse. Le haut-elfe le saisit par la peau du cou avant qu’il n’ait pu aller plus loin.
- Tu ne sais pas nager Sin, dit-il, ou pas assez pour franchir tout ce fleuve. Et Elaria m’en voudrait pour t’avoir laissé te noyer.
- Nous devons aller la retrouver ! s’exclama Marlek en se précipitant vers Hoji pour soigner rapidement sa plaie qui avait un aspect repoussant à présent.
- Oui, et le plus vite sera le mieux, répondit Nocturana tout aussi inquiète.
- Elle va s’en sortir, j’en suis certain.
- Si elle a survécu à la chute...
- Je l’ai déjà vue tomber d’aussi haut et elle n’en est pas morte.
- Si tu le dis. Mais elle est tombée en plein sur un campement mogu !
Tous la regardèrent. L’inquiétude générale augmenta, ils savaient tous le danger que cela représentait pour la chasseresse.
- Merci Marlek, je vais récupérer en chemin, déclara Hoji en se relevant avec difficulté à cause de sa blessure. Nous ne pouvons pas perdre une minute !
- Elune seule sait ce qu’ils pourraient lui faire même si nous n’étions en retard que de quelques secondes ! acquiesça Nocturana en courant chercher les montures.


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MessageSujet: Re: L'Ouragan de la Vengeance   L'Ouragan de la Vengeance EmptySam 29 Mar - 21:31

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Contrairement à ce qu’ils auraient souhaité, rejoindre le campement mogu de la Forêt de Jade leur prit la moitié de la journée. Même en longeant les côtes et en poussant leurs montures à aller le plus vite qu’elles pouvaient, ils avaient déjà perdu pas mal de temps. Marlek et Kalterian avaient failli fatiguer les leurs en voulant aller trop vite, il avait fallu que l’elfe de la nuit leur signale qu’ils risquaient de tuer de fatigue les animaux au rythme où ils allaient pour qu’ils acceptent de ralentir un peu. Ils devaient surtout faire attention à Hoji, qui recouvrait lentement de sa blessure au bras, même si le pandaren insistait qu’ils ne devaient pas aller trop lentement seulement pour lui, qu’une vie était en jeu.
Nocturana avait rarement vu le moine aussi inquiet depuis qu’elle le connaissait, et comprenait que maintenant qu’il pouvait être réuni avec sa soeur jumelle, il ne laisserait plus jamais rien les séparer. En revanche, voir Kalterian dans un état d’agitation égal était surprenant. La sécurité d’Elaria lui importait tout comme s’il était son frère, mais il en était encore plus proche que ne l’était Marlek. Il était vrai que les jumeaux n’avaient enfin accepté leur lien de sang que récemment, mais ils avaient déjà voyagé ensemble, avait formé un lien fraternel sans se rendre compte qu’il était tout naturel.
Nocturana repensa alors à son expérience avec Marthenon, et conclut que c’était peut être bien normal pour le haut-elfe de se comporter aussi familièrement avec Elaria même sans être de sa famille naturelle. Les deux jeunes elfes avaient décidément pas mal de similitudes, peut être était-ce pour cela que Danessia semblait apprécier d’avoir Kalterian à ses côtés ? Représentait-il le fils qu’elle avait perdu ? Mince, elle avait pourtant dit qu’elle ne devait pas repenser à l’elfe de sang, que c’était trop douloureux, qu’est-ce qui lui prenait !

Ils approchèrent leurs montures épuisées au point le plus près à partir duquel ils pouvaient encore ne pas être détectés par les sentinelles, puis continuèrent à pied en mode furtif mais en essayant de ne pas trop ralentir, chaque seconde pouvant compter. Puis ils eurent enfin une vision d’ensemble d’un niveau des ruines. De tous les scénarios qu’ils avaient imaginé en atteignant le camp Gormal, celui auquel ils étaient confronté n’avait jamais été évoqué.
Plus âme qui vive. Les mogus des ruines étaient tous au sol, inanimés, et partout des traces d’un combat redoutable pouvaient être aperçues. Même s’ils ne voyaient aucune trace de survivant, ils agréèrent d’avancer avec prudence au cas où il y ait un piège ou qu’un ennemi fasse le mort. Cependant, rien ne vint. Ils ne virent pas non plus de signe d’Elaria, et ils ne voulaient pas prendre le risque de l’appeler au cas où le troll aurait pu lui aussi survivre à la chute et rôdait dans les parages.
Finalement, ce fut celui-ci qu’ils trouvèrent en premier, non loin de sa monture qui gisait au sol, le crâne écrasé contre les pavés des ruines d’où un liquide rougeâtre avait coulé quelques heures auparavant. Le messager se trouvait à quelques pas, également mort comme ils s’en assurèrent après avoir tiré une flèche dans son corps par mesure de précaution. Il n’y avait aucun signe d’Elaria à proximité.
- Se pourrait-elle qu’elle l’ait tué avec tous les mogus ? fit Hoji, perplexe.
- Elle est féroce quand il y a du danger, répondit Kalterian avec un petit sourire malgré-lui, mais pas autant.
- Elle a dû être blessée, dit Nocturana après s’être penchée au-dessus du cadavre du Zandalari. Ce troll a subi des dommages à cause de la chute, il a été tué peu de temps après donc sa régénération raciale n’a pas encore opéré.
- Reste à savoir qui est-ce qui a causé tout ce carnage, poursuivit le Maître-Brasseur. Il est très probable que le groupe qui en est responsable l’ait emmenée dans une ville sûre pour qu’elle soit soignée.
Ils hochèrent la tête en silence, chacun se demandant comment retrouver la chasseresse. Kalterian et Nocturana menèrent Sin près du lieu de la chute pour demander au lynx de flairer la piste de sa maîtresse, ce à quoi le familier s'attela quand il eut reconnut le gros machin qui l’avait enlevée. Celui qui avait achevé le troll s’était occupé de prendre les documents qu’il pouvait avoir sur lui, ce qui déçut un peu Kalterian quand Hoji le lui apprit, avant qu’il ne recommence à chercher des traces de sa camarade.
Marlek arriva rapidement pour apporter la réponse à leur question, exhibant un couteau de jet typiquement pandaren encore ruisselant du sang de mogu, avec en plus une marque de fabrique spéciale.
- Les Pandashan sont passés par ici, annonça-t-il. C’est un couteau de jet d’assassin, il a certainement été perdu avec tous ceux qui ont été lancés. Elaria est sauve.
- Tu en es certain ?! répondit Kalterian avec un visage empli d’espoir.
- Absolument. Regarde le symbole sur le pommeau, c’est leur emblème.
Le haut-elfe poussa un soupir de soulagement et ses traits s’adoucirent quand ils observa le symbole. Il rappela Sin, qui dut comprendre qu’il y avait du nouveau sur sa maîtresse en voyant l’expression du forestier. Nocturana nota des gravures en caractères pandaren sur la poignée, et le fit remarquer au moine, qui n’eut pas l’air surpris de leur présence. Au contraire, son sourire s’élargit.
- Je connais ces marques, ainsi que celui qui a demandé à ce qu’elles soient gravées sur ses armes, même des couteaux de lancer. C’est un Voleur qui sait être talentueux, et j’imagine qu’il a été envoyé ici et avec d’autres de l’ordre pour s’occuper de l’incursion zandalari.
- C’est une bonne nouvelle, dit Kalterian. Les Pandashan sont toujours d’une très grande aide.
- J’ai plus l’impression que c’est nous qui sommes d’une bonne aide pour eux, remarqua Nocturana, quand nous ne sommes pas occupés à réveiller les shas.
- Hm... Ce n’est pas faux. Vous pensez beaucoup en-dehors de l’Alliance je trouve. Je devrais plus souvent faire de même, vu que Danessia me demande d’avoir un esprit critique.
- Le tien est assez bien développé de ce que j’ai remarqué. Mais c’est plus facile pour les elfes de la nuit de penser d’une autre perspective que celle de votre faction ; nous avons vécu des siècles en-dehors de votre conflit, notre implication est due à ce que les orcs veulent les ressources d’Orneval, et les kal’dorei sont les protecteurs de cette forêt depuis des générations.

Tout en parlant, ils retournèrent à leurs montures. Marlek suggéra qu’ils aillent à Pao’don, pensant que les Pandashan y avaient peut-être amené Elaria pour qu’elle s’y rétablisse. C’était après tout la ville la plus proche, celle qui était connue pour abriter en majorité des membres de l’Alliance et qui se méfiait de la Horde, à cause de problèmes entre les villageois et eux. La journée avait été longue pour eux, et la nuit tombait déjà donc ils pensaient prendre du repos là-bas, et le jeune homme pourrait s’occuper avec l’aide des guérisseurs locaux de veiller à ce que Hoji ne souffre plus de sa blessure ni qu’elle ne s’infecte. Il était inquiet qu’elle ne risque de s’infecter après tout le voyage qu’ils avaient fait, même si son maître lui avait assuré qu’il s’était occupé d’en limiter les risques.
Les quatre camarades arrivèrent au village moins rapidement que prévu, leurs montures étaient à bout même si elles avaient disposé d’une pause au camp Gormal. Les pandarens de Pao’don leur accordèrent de bon coeur l’hospitalité, et le Maître-Brasseur fut confié aux soins d’un médecin. Nocturana et Kalterian allèrent pendant ce temps-là se renseigner auprès des habitants s’ils n’avaient pas vu leur amie et les Pandashan.
Ils apprirent que si la chasseresse n’avait pas été amenée à Pao’don pour y guérir, une Pandashan y était allée pour laisser un message aux camarades d’Elaria, à la demande de celle-ci. La jeune femme était bien en sécurité avec les pandarens du Monastère, et elle les suivait jusqu’au Temple du Serpent de Jade, plus à l’est, où ses sauveteurs devaient se rendre à la demande des moines locaux parce que des Zandalaris avaient été repérés dans la région et ils comptaient étouffer cette menace dans l’oeuf. Les Pandashan attendaient avec impatience que les amis de l’humaine viennent les rejoindre pour les aider dans leur tâche.
- Nous avons eu beaucoup de chance, dit Kalterian après qu’ils eurent eu l’information. Si les Pandashan n’avaient pas été en train de nettoyer ce camp quand elle et le troll s’étaient écrasés... Je ne sais pas ce que j’aurais fait s’ils l’avaient tuée.
Tu as l’air de beaucoup tenir à elle, remarqua l’elfe de la nuit
- Bien sûr, répondit le haut-elfe avec un sourire. C’est ma soeur d’armes, et je l’aime de tout mon coeur. Je ne laisserai rien ni personne lui faire du mal.
Elle songea que l’humaine avait décidément beaucoup de chance d’avoir des gens qui étaient autant prêts à veiller sur elle.
- Dîtes-moi, dit Kalterian, j’aimerais en savoir un peu plus sur vous.
- Ah ? Pourquoi ?
- Danessia doit bien attendre que j’apprenne quelque chose de vous, vous ne pensez pas ? J’étais supposé faire mon service avec les autres forestiers du Concordat Argenté dans les préparatifs de l’attaque sur l’Île-Tonnerre, la connaissant elle a décidé que cela ne soit pas quand elle vous a vue revenir avec Elaria, Marlek et Hoji.
- Peut-être... Mais je ne sais pas si quelqu’un peut apprendre de moi. Tu te débrouilles très bien à l’arc et à l’épée, Danessia est une experte dans leur maniement, c’est elle qui pourra t’enseigner le mieux à devenir un bon forestier. Ou alors, peut-être que tu as envie de devenir chasseur un jour, de te lier à la vie sauvage ? Ce n’est pas tellement compatible avec les organisations militaires, cependant.
- Non, être un forestier c’est ma voie, j’en suis déjà convaincu.
- Très bien.
- Est-ce que je peux quand même vous poser quelques questions sur vous ? Vous restez la seule dont je ne sais rien de notre groupe, si ce n’est que vous êtes une excellente archère et que vous avez un sacré lien avec vos familiers.
- Tu exagères..., répondit-elle avec un petit sourire amusé. Vas-y si tu veux.

Kalterian accepta l’invitation, et commença aussitôt son enquête. L’elfe de la nuit répondit à toutes ses questions, lui en posa de temps en temps pour satisfaire sa propre curiosité, même si elle était moins impérieuse que celle du jeune haut-elfe. Elle apprit qu’ils étaient tous deux orphelins, ce qui la surprit à peine. Peu de gens qu’elle rencontrait avaient encore ses deux parents en vie - et quand c’était le cas, fallait-il encore qu’ils ne soient pas brouillés ; Fagnar et Holi avaient le bonheur de faire partie des exceptions heureuses (cette vérité avait bien failli être détruite un an avant, quand la Cendre Sanglante avait enlevé la Paladin et fait croire à son dévoué époux qu’elle était morte, au final les deux mariés avaient pu être réunis). Quant à elle, malgré son amertume habituelle, elle parvint à résumer l’histoire de ses parents à Kalterian, mais ne trouva pas le courage de mentionner qu’ils étaient des Bien-nés. Elle n’avait rien à voir avec ces gens de toutes manières, surtout pas dans la famille ; elle préférait encore ne jamais en avoir eu du tout.
Leur échange se déroula bien, ils apprenaient l’un de l’autre. Cependant, une question pourtant anodine vint planter une nouvelle pique au coeur de Nocturana. Le haut-elfe voulait savoir comment elle avait rencontré Danessia, sans se douter qu’il y avait une histoire douloureuse derrière leur rapprochement. Quand il vit sa camarade pâlir légèrement et ses mains trembler sur l’arc qu’elle avait posé sur ses genoux, il comprit qu’il avait fait une erreur :
- Pardonnez-moi, je... Je suppose que ça ne s’est pas fait pendant des circonstances très heureuses. Je n’aurais pas dû demander ça.
- Ce n’est rien. C’est moi qui ne devrait pas réagir comme ça pour... pas grand chose.
- Pas grand chose ? Vous avez l’air d’avoir vu le fantôme de quelqu’un que vous vouliez mort pour de bon.
Elle soupira, se maudissant pour son manque de contrôle sur ses émotions. Elle détestait quand les autres voyaient qu’elle cachait tous ses troubles à longueur de journée, et elle détestait leurs regards désolés, apitoyés. Ce que Kalterian disait la troublait aussi ; le “fantôme” auquel elle pensait, dont elle ne pouvait pas se débarrasser, c’était bien entendu Marthenon, ce frère qui l’avait trahie en piétinant tout ce en quoi elle avait foi, en ce qu’il avait lui-même cru avant. Mais est-ce qu’elle le voulait vraiment mort pour autant, comme il le disait ? Elle n’en était pas sûre...
Kalterian vit bien que la chasseresse était troublée, et s’en voulut d’avoir posé cette question ; même s’il ne se doutait absolument pas que cela provoquerait une telle réaction chez Nocturana cela n’excusait pas son indiscrétion. Il ne put s’empêcher cependant de vouloir savoir qu’est-ce qui s’était passé pour que l’elfe de la nuit ait l’air aussi hantée. Cela ne pouvait néanmoins pas être une bonne idée de lui demander quoi que ce soit de plus, il craignait qu’elle ne se mette en colère à cause de son insistance, et peut être que ce serait justifié.
Fort heureusement pour eux deux, Marlek arriva pour leur informer que Hoji n’était pas en danger à cause de sa blessure, et que grâce au traitement des médecins il pourrait à nouveau voyager dès le lendemain, ce qui les rassura. Le moine ne put s’empêcher de remarquer que l’atmosphère était tendue dans la salle avant qu’il n’arrive.
- De quoi parliez-vous avant que je n’arrive ? demanda-t-il.
- Hm... Ce n’est pas grand chose, répondit Kalterian, gêné. J’ai posé une question un peu... déplacée, je n’aurais pas dû.
- Nous avons passé toute la journée à courir à travers trois régions de Pandarie, répondit doucement Nocturana, chacun de nous est fatigué.
- Ça doit être le cas, acquiesça Marlek. Dans ce cas, nous devrions aller à nos chambres... et ça vaut pour toi aussi, Noc. Ne va pas encore t’endormir sous un escalier.
- Rassure-toi, je n’en ai pas l’intention, répliqua-t-elle avec un petit sourire.

Lorsque les garçons montèrent trouver leurs chambres, cependant, l’elfe resta encore un moment en bas. L’image de Marthenon continuait à lui hanter l’esprit tandis qu’elle restait assise en silence, et même alors qu’elle allait chercher un air plus frais à l’extérieur, elle échouait à le chasser de ses pensées. Encore et toujours, il fallait qu’elle repense à lui, elle ne savait même pas pourquoi ; c’en était devenu une maladie. Pourquoi ne pouvait-elle tout simplement pas l’oublier, reléguer tous les souvenirs heureux qu’elle avait eu avec lui dans les profondeurs de sa mémoire ? À quoi bon regretter que ces jours-là soient terminés, comme elle l’avait fait pendant au moins une fois tous les jours qui suivirent la destruction de Theramore ?
Elle savait qu’ils ne pourraient plus jamais être amis. Tout ce qui s’était passé là-bas, tout cela avait détruit tout lien qu’ils partageaient. Maintenant, Marthenon était son ennemi, elle devait l’accepter. Quelle que soit l’arme qu’il brandissait à l’heure qu’il était, il la portait au nom de Garrosh Hurlenfer, le Chef de Guerre sanglant qui apportait la destruction sur chaque terre qu’il voulait conquérir. L’elfe de sang était l’un de ses champions, un qui combat sur le champ de bataille en son nom ; pas l’un de ces soldats qui se battent, mais, sous leurs tentes quand ils sont certains de ne pas être entendus par des oreilles inamicales, exprimaient des doutes à propos de la politique du chef Mag’har par rapport à la Horde. Il était certain que Marthenon serait prêt à la tuer la prochaine fois qu’ils devraient se revoir... dans ce cas pourquoi ne pouvait-elle pas non plus se préparer en prévision de ce moment ? Pourquoi ne pouvait-elle même pas éprouver de la haine pour ce qu’il avait fait ? Cela simplifierait tellement de choses...
Tant de preuves qui montrait comment elle devrait pouvoir se comporter par rapport à ça, et malgré ça elle avait si peu de résolution. Comment avait-elle pu faire en sorte à ce qu’autant de gens la regardent avec respect, admiration, louent son sang-froid quand elle ne savait pas en avoir ? Elle n’était pas une héroïne. Avait-elle fait partie de ceux qui étaient les premiers montés jusqu’au sommet de la Couronne de Glace pour mettre fin au règne de terreur du Roi-Liche ? S’était-elle tenue avec des dizaines d’autres héros sur le dos d’Aile-de-Mort pour le faire chuter dans le Maelström et mettre un terme au Cataclysme ? Elle n’était pas une meneuse, elle n’avait pas de talent au combat si exceptionnel ; elle n’avait rien de spécial, quand elle regardait.
Elle n’était qu’une chasseresse solitaire qui ne pouvait absolument compter que sur des animaux ; elle n’appartenait à aucun peuple spécifique, n’avait pas de famille, plus aucune attache fixe dans le monde. L’amitié qu’on pouvait lui offrir, elle ne la sentait vraiment forte que lorsqu’elle était à proximité des gens dont elle provenait, mais au final il y avait toujours ce moment où elle devait se retrouver à nouveau seule, isolée, avec seuls ses familiers pour la soutenir moralement. Et au final, est-ce que tous les amis qu’elle avait pu se faire allaient rester ? Elle n’en était pas certaine. Un grand nombre d’eux étaient morts, certains en étaient venus à la trahir, l’abandonner.
Rien n’avait changé depuis qu’elle avait quitté Orneval et sa vie de sentinelle, en fait ; elle était malgré tout ce qu’elle avait traversé si faible qu’il était incroyable que des gens comme Kalterian ou Lædera étaient capable de la considérer comme un modèle. Les mots de sagesse qu’elle avait pu prononcer, n’importe qui d’autre aurait pu les transmettre. Elle se sentait engourdie et fatiguée, ses yeux commençaient à devenir lourds quand elle sentit les larmes amères qui affluaient et qu’elle essayait encore de cacher. Comment pouvait-elle continuer comme ça, et pour combien de temps ? Six siècles, ça faisait déjà trop pour une vie. Elle ne comprenait pas comment les kal’dorei pouvaient si bien supporter l’immortalité en général.

Elle sentit soudainement une vive douleur au mollet qui faillit lui arracher un cri qu’elle s’efforça de retenir. Sephira était venue la rejoindre et se tenait à ses pieds, la regardant avec un air plein de reproche. “Comment oses-tu avoir aussi peu d’estime pour toi, bipède, quand je daigne obéir à tes ordres depuis des années parce que j’ai reconnu ta valeur ? Arrête de faire la tête et reconnaît le privilège que tu as !”, c’était ce qu’elle semblait vouloir dire. Nocturana soupira mélancoliquement, pensa vaguement qu’elle devait bien n’avoir que de la chance avec elle mais sans plus. Elle ne se sentait vraiment pas bien depuis qu’elle était revenue en Pandarie, elle aurait dû opter pour un exil permanent au Norfendre au lieu de penser qu’elle était prête à retourner dans le feu de l’action quand ce n’était pas le cas.
Hàti décida d’embêter son frère pour qu’ils se battent comme des louveteaux de quelque mois, essayant de faire changer d’idées à leur maîtresse. La diversion fonctionna, comme l’elfe de la nuit alla séparer les deux loups du nord qui commençaient à attirer des regards perplexes des veilleurs de Pao’don, qui n’avaient déjà jamais vu des familiers pareils et en plus se demandaient s’il n’était pas dangereux de les laisser ainsi se battre en pleine ville. Nocturana se sentait fatiguée comme elle ne l’avait jamais été ; elle garda ses trois familiers avec elle pour aller dans sa chambre - fort heureusement, l’aubergiste lui avait dit avant que ça ne la dérangerait pas si elle le faisait - et se dépêcha de s’endormir, ne voulant plus avoir à ressentir quoi que ce soit pour le reste de cette soirée.
De nouveaux rêves horriblement surréalistes vinrent la hanter cette nuit-là. Ils étaient tordus, pire que ce qu’elle avait jamais pu avoir comme cauchemar ; des centaines de souvenirs douloureux se rappelèrent à elle, la mort d’amis, d’amours, le rejet... Se’llia... Elle se recroquevilla en gémissant comme l’adolescente de l’époque en revoyant le hibou se faire ouvrir en deux par le glaive impitoyable de la Gardienne, qui une fois de plus répétait son impitoyable sentence, celle qui avait détruit toute sa vie de kal’dorei. Personne n’était venu à son secours ce jour-là, pourtant elle ne pouvait cesser d’essayer d’imaginer à quel point tout aurait été différent s’il y avait eu quelqu’un pour prendre sa défense...
Nocturana dormit très mal, à la grande inquiétude de ses familiers qui finirent par se réveiller en l’entendant mais ne pouvaient rien faire pour leur maîtresse, à part se resserrer contre elle, espérant que même dans ses rêves hantés elle sentirait le contact de ses compagnons et qu’elle s’en sentirait rassurer. En revanche, quelqu’un entendit les gémissements angoissés et larmoyants ; quelque chose n’allait pas du tout, malgré ce que l’elfe de la nuit voulait le faire croire, et il fallait agir. Surtout quand ils devaient se rendre au Temple du Serpent de Jade.


Dernière édition par Laedera le Sam 19 Juil - 20:00, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: L'Ouragan de la Vengeance   L'Ouragan de la Vengeance EmptyMer 9 Avr - 19:58

L'Ouragan de la Vengeance Screen21


La journée avait bien avancé à Pao’don, il était pratiquement midi quand de nouveaux visiteurs arrivant d’Hurlevent traversèrent le portail entretenu par les soins d’un mage de l’Alliance entre la capitale humaine et la ville pandarène. Simine huma avec délectation l’air doux de  la Pandarie, après avoir dû respirer les vapeurs industrielles qui trainaient dans la cité qu’elle venait de quitter et qui l’incommodaient à force d’excès. À ses côtés (et la dominant de presque deux mètres), sa camarade Bien-née observait les paysages avec de grands yeux émerveillés, comme à chaque fois que la jeune elfe faisait une découverte.
- C’est donc la Pandarie ? demanda-t-elle.
- Oui, répondit la gnome avec un sourire. C’est beau, hein ?
- Magnifique ! répondit l’arcaniste avec enthousiasme. Je n’ai jamais rien vu d’aussi beau depuis Darnassus.
- Attends de voir le Val de l’Éternel Printemps, c’est une véritable merveille.
- Tu penses que ma sœur y sera, cette fois-ci ?
Simine réfléchit, songeuse. Elle avait dit à sa disciple et amie qu’elle avait une nouvelle piste pour trouver la demi-sœur de cette dernière, qui ne leur facilitait pas la tâche à cause de son anonymat et son ignorance de l’existence d’Estrana. La personne à qui elle pensait était cependant l’une de celles qu’elle avait pensé laisser en retrait dans sa liste, car les indices qu’elle pouvait relier entre sa camarade et celle-ci étaient bien maigres et souvent flous. Estrana Rivandor avait cherché le seul membre restant de sa famille pendant deux années, est-ce qu’elle aurait plus de chance qu’elle à partir de sa seule hypothèse ? Elle espérait que cette fois-ci, la sienne se confirmerait ; quel bonheur cela pourrait apporter aux deux personnes concernées, elle en était certaine !
- Il y a de fortes chances, répondit la gnome. Surtout si cette fois-ci j’ai raison sur la personne qui est potentiellement ta sœur. Il faudrait seulement que j’en sache plus sur sa famille à elle, le nom de sa mère déjà, elle ne m’en a jamais parlé... et pour être honnête, c’est un véritable travail de titan avant d’arriver à tirer une seule information à ce sujet.
- Ça veut peut être dire que c’est elle ! s’exclama Estrana, pleine d’espoir. Avoir été abandonnée n’aide pas à parler de ses parents, conduit même à les haïr, j’ai déjà ressenti ça avant d’apprendre la vérité sur leur disparition... leur mort.
- Oui, mais garde à l’esprit que je ne suis pas certaine à cent-pour-cent, il y a plein d’autres enfants de Bien-nés qui ont été abandonnés par leurs parents pour de mêmes raisons que ce qu’on t’a évoqué... Je me suis bien trompée en beauté deux fois, j’en suis encore désolée.
- Tu as fait de ton mieux Simine, tu n’as pas à en être désolée. Je suis même reconnaissante que tu donnes autant d’efforts pour moi.
La gnome sourit de l’optimisme de la jeune Bien-née. Alors que les deux mages avançaient dans la ville, la gnome aperçut tout à coup un visage qui lui était familier parmi les pandarens qui circulaient, puis un autre. Quand elle les reconnut enfin, elle sentit qu’elle risquait décidément d’avoir beaucoup de chance aujourd’hui ; faisant signe à Estrana, elle se faufila à travers la foule pour rejoindre Marlek et Hoji, qui s’apprêtaient à traverser le pont vers l’autre partie de Pao’don.
- Simine ? fit le Maître-Brasseur en la reconnaissant quand elle l’appela.
- Par la barbiche de Malygos, c’est bien vous ! s’exclama joyeusement la gnome. Comment ça va ? Déjà dans un autre pays ? Je ne pensais pas que vous changeriez directement de Krasarang.
- La guerre là-bas ne nous convient pas tellement, répondit Hoji.
- Oh. Normal, à vrai dire, moi aussi j’ai du mal à voir au-delà du gros brouillon que sont les batailles là-bas. Ok, il y a l’histoire de Garrosh, qu’il faut le stopper, mais quand même... il y a pas mal de gens qui se posent des questions dans son entourage, je pense qu’ils vont bien finir par se lever et lui dire “Dis, mec, tu fais trop de conneries, calme-toi !”. Bref, on n’est pas là pour en parler, pas vrai ?
- Je ne pense pas, confirma Marlek que le discours de la gnome amusait un peu.
- Voilà. Donc, pour en revenir où j’étais, j’ai une question pour vous. Est-ce que Nocturana est avec vous, ou savez-vous où elle est ?
- Elle est bien avec nous, en train d’acheter les montures de vol pour aller rapidement au Temple du Serpent de Jade.
- Vous n’arrêtez pas de bouger, remarqua la mage.
Marlek s’occupa de mettre Simine et Estrana au courant de la mission que Danessia leur avait confié au sujet des éclaireurs zandalaris, puis leur parla de ce qui leur était arrivé hier. Il songea en ayant fini que peut être que la gnome pourrait lui parler un peu plus de Nocturana et de ce qui semblait lui peser sur le coeur, qu’elle essayait de leur cacher. Cependant, ils étaient tout de même pressés de retrouver Elaria et les Pandashan.
- Si vous voulez voir Nocturana, vous pouvez peut être nous accompagner ? suggéra Hoji. Nous devons partir rapidement de Pao’don et nous serions enchantés de vous avoir en notre compagnie.
- Pourquoi pas, acquiesça la gnome. J’espère qu’Elaria va bien.
- J’en suis certain, elle est avec des gens fiables.

Ils se dépêchèrent de rejoindre Nocturana et Kalterian, qui étaient avec le maître des cerfs-volants de l’autre côté du pont qui reliait les deux parties de la ville. L’elfe de la nuit accueillit chaleureusement son amie gnome, et resta un moment intriguée par la Bien-née (elle put deviner son origine grâce à l’aura de magie qui émanait d’elle, en plus de son équipement de mage ; l’absence de marques sur son visage lui fit penser qu’elle devait être encore une jeune elfe) qui avait un regard très vivace en la fixant, ce qui la rendait perplexe. Elle se chargea d’introduire le haut-elfe aux deux mages, qui s’inclina avec respect quand il comprit que Simine était affiliée au Kirin Tor.
À présent constitué de six membres, en ajoutant les deux familiers présents (Nocturana avait repris Sephira avec elle, Kalterian continuait de s’occuper de Sin), le groupe se hâta de monter sur les cerfs-volants dès que tous furent prêts à partir ; en acheter un supplémentaire pour les deux nouvelles arrivantes ne fut pas un problème, et bientôt ils furent tous en chemin vers le Temple du Serpent de Jade. Au cours du voyage, Simine rapporta à ses camarades ce à quoi elle avait pu assister en retournant à Darnassus avec Lædera, Lanval, Dominici et Lunev, bientôt rejoints par Lillenta et Estrana. Ils furent peinés d’entendre ce qui était arrivé à la Gardienne, qui était en fait la mère de la jeune chasseresse que celle-ci avait recherché pendant tellement longtemps. Nocturana n’avait jamais vu cette kal’dorei, ayant rejoint la compagnie après leur rencontre, mais elle fut surprise de savoir qu’une elfe de la nuit avait réussi à traverser la Grande Mer et survivre dans les Royaumes de l’Est pendant des siècles entiers, surtout en ayant été victime d’une sorte de maladie tout ce temps-là.
- Est-ce qu’elle va s’en remettre ? demanda Hoji.
- Je ne sais pas honnêtement, répondit Simine, je l’espère juste. Mais avec Læ et Lanval elle a du soutient à côté d’elle. Au moins... elle est débarrassée du poids de ne pas savoir ce que devenait sa mère, pourquoi elle était partie aussi loin d’elle. Et elle a pu passer quelques moments avec elle, sa  dernière famille.
Simine adressa son regard scrutateur à Nocturana, qui s’en trouva déconcertée. Pourquoi la visait-elle en particulier sur ce genre d’histoires, alors que la gnome n’avait pas un si grand intérêt que ça pour la famille par le sang ? Elle considérait tous ses amis comme des frères et sœurs aussi importants à ses yeux que si tout le monde avait eu les mêmes parents ; elle avait en plus de cela des relations assez distantes avec ce qui restait de ses proches.
L’elfe de la nuit pouvait comprendre que ce qu’elle avait vu et entendu lui avait fait sentir quelque chose à ce sujet, mais pourquoi était-ce elle qu’elle regardait plus particulièrement, surtout en parlant de la mère ? Lillenta avait-elle été abandonnée par la sienne à la naissance, l’avait-elle considéré comme une génitrice indigne ? De ce qu’elle entendait, ce n’était pas le cas, alors quel lien Simine pouvait-elle faire entre les deux elfes ? Elle espérait que la gnome ne se sentait pas d’une soudaine envie de parler avec elle de parents perdus, c’était encore un souci dont elle n’avait pas à se préoccuper en général et dont elle n’avait pas besoin en ce moment alors que la pression sur son coeur et dans sa tête n’avait toujours pas cessé.

Heureusement, le trajet de Pao’don au Temple du Serpent de Jade était très court, et ils arrivèrent bientôt dans les jardins florissants dédiés à l’Astre Vénérable de la région. Le soleil illuminait le sanctuaire, mais certains nuages sombres partant à l’horizon et des fentes diffusant des fumées monochromatiques révélèrent que l’endroit venait tout juste de redevenir paisible.
- S’il vous plaît, faîtes attention à contrôler vos émotions, les avertit Marlek en descendant sur le sol. Les gardiens ont chassé les shas ici, mais au moindre dérapage ils pourraient ressurgir.
- Entendu, répondit Kalterian.
Confiant les cerfs-volants au maître de vol, ils se dirigèrent vers le groupement de bâtiments principal à la recherche des Pandashan et d’Elaria. Ils ne mirent pas longtemps à les repérer, en pleine discussion à côté d’un terrain d’entrainement ; Sin courut comme un fou pour être enfin réuni avec sa maîtresse adorée, ce qui attira l’attention de ses sauveteurs. Ils étaient quatre pandarens, et avec eux se trouvait une elfe de sang aux cheveux rubis qui avant était en train de discuter aimablement avec la chasseresse, dont la présence surprit plus d’un des membres de leur groupe. Celle-ci se retourna au bon moment avec son interlocutrice pour voir arriver les aventuriers, et un sourire chaleureux vint orner son visage quand elle reconnut Marlek, que celui-ci le lui rendit.
- Vous êtes saufs ! s’exclama-t-elle en allant vers lui. Oh, comme je me suis inquiétée ! Est-ce que c’est terminé ?
- Oui, répondit le moine. Mon père et son culte ne prendront plus jamais de vie.
Les traits de l’elfe de sang s’adoucirent, et elle prit tendrement Marlek dans ses bras, qui ne refusa pas son étreinte délicate. Nocturana était intriguée par cette nouvelle personne, elle ne se serait pas attendue qu’elle ait l’air aussi proche du moine, mais elle se sentait surtout surprise par son attitude, qui ne correspondait pas à l’image qu’on se faisait habituellement des membres de sa race. Elle avait l’air d’une personne très humble et délicate, et ce qui attira également son attention, ainsi que celle de Kalterian, ce fut la couleur de ses yeux ; même s’ils gardaient des traces du vert tiré d’une ponction de mana, cette nuance semblait s’être effacée et se fondait dans un bleu clair resurgissant, donnant à la jeune elfe une couleur d’iris turquoise très rare.
À côté d’elle, les pandaren étaient également variés tant dans leur physique que dans le caractère qu’ils affichaient. Celui qui semblait faire figure d’autorité était un guerrier, qui portait deux grandes épées acérées à la ceinture, à la fourrure noire et blanche et un regard ambré perçant ; il atteignait presque Hoji en taille (et le Maître-Brasseur était grand pour sa race), et dégageait une aura de force et poussant au respect.
Une autre pandarène à la fourrure rousse ne manquait pas moins de charisme, ses yeux bleus intelligents scrutaient déjà avec attention les nouveaux arrivants ; Kalterian et Nocturana reconnurent une archère expérimentée à son arc et son carquois, également à ses cheveux en batailles domptés dans une grande queue de cheval pour qu’ils ne gênent pas sa visée. Le Voleur du groupe était aisément reconnaissable avec son équipement, il avait également un oeil manquant caché sous un bandeau noir. Celui-ci semblait un peu plus détendu que ses camarades et enclin aux fanfaronnades. Enfin, le groupe des Pandashan était complété par une dernière pandarène brune avec de grands yeux bleus doux avec une coiffure agrémentée d’une fleur orangée, qui semblait tenir un rôle de soigneuse de ce que montrait son équipement.

Dès qu’ils furent face à face, le guerrier parla en premier :
- Bienvenue, amis de Marlek et Hoji, dit-il d’une voix profonde. Nous sommes enchantés de vous rencontrer enfin. Je suis Kuroshan Frappe-de-Flammes, guerrier des Pandashan et meneur de ce groupe. Mes camarades ici présent sont Sunaki Flèche-Mortelle, forestière (l’archère salua avec beaucoup de sérieux), Haruta Fleur d’Aurore, notre Tisse-brume (la pandarène hocha la tête et sourit aux nouveaux arrivants), et Hirokan Tornade-Acérée, un Voleur talentueux... quand il comprend qu’il faut être sérieux.
- Oh, Kuroshan, ce n’est pas parce qu’on est un Pandashan qu’on doit être froid comme de la glace tout le temps ! répliqua ce dernier.
- Non, répondit le guerrier avec un ton las, mais quand le seigneur Zhu nous donne une mission, nous dit exactement où nous rendre, ce n’est pas pour faire un énorme détour vers un lieu hostile sur un coup de tête, tout ça pour un stupide pari.
- Pari que tu as pourtant relevé, fit le Voleur avec un sourire. Et gagné...
- Oui, parce que sinon tu nous aurais cassé les oreilles toute la soirée en prétendant l’avoir gagné même si tu avais été tout seul dans ton délire. Encore heureux pour toi, tu as été bien inspiré pour une fois vu que nous avons pu sauver cette jeune humaine et tomber sur un messager Zandalari avec des informations cruciales sur lui.
Le Voleur haussa les épaules, ne semblant pas réellement éprouver quelque gêne par rapport à cette anecdote. Kuroshan, qui n’avait pas l’air d’apprécier le caractère trop relâché de son camarade - ce qui semblait logique vu son sérieux et son sens du devoir définitivement évident qui l’opposaient à Hirokan - retint un soupir et reporta son attention vers l’autre groupe.
- Enfin, reprit-il à l’adresse des autres après l’interruption, l’elfe de sang ici présente est Naeria Ambreciel, actuellement disciple de Haruta dans la voie du Tisse-brume. Marlek et Hoji la connaissent déjà.
- Nous sommes camarades d’apprentissage, expliqua le moine humain à ses camarades elfiques. Maître Hoji lui a appris la voie du moine quand elle a rejoint notre groupe dans notre voyage.
- Je le pensais bien, dit Nocturana. Vous aviez l’air proches l’un de l’autre.
Les deux camarades s’empourprèrent légèrement à cette remarque, et quelques-uns des Pandashan eurent un sourire amusé, même Kuroshan se permit d’en afficher un. Suivant ces retrouvailles générales, les pandarens et Naeria souhaitèrent quand même laisser un moment aux nouveaux arrivants pour qu’ils leur racontent l’aventure qu’ils avaient vécue ce mois passé. Ils prêtaient beaucoup plus d’attention à Marlek lorsqu’il racontait son affrontement contre son père, aidé d’Elaria.
- Vous avez vraiment beaucoup travaillé, commenta Sunaki à la fin du récit. Pendant que nous étions coincés avec des yaungols à l’ouest, vous étiez en train de sauver le monde... à force, je commence à croire que c’est la routine pour les aventuriers venant d’au-delà des Brumes.
- Si c’est le cas, c’est justement ce dont nous avons besoin, dit Kuroshan. Vous savez vous battre, et à présent Marlek est capable d’aller jusqu’au bout de son potentiel dans la voie du moine grâce à votre aide.
- J’aurais vraiment voulu venir, murmura Naeria.
- Non, lui dit le moine, c’était mieux que tu restes avec les Pandashan, en sécurité. Nous avons eu de la chance de nous en sortir presque tous en vie mais c’était tout de même très dangereux. Je n’aurais pas voulu te voir blessée.
- Tu n’avais en plus pas terminé de maîtriser ta voie, rajouta Hoji. Tu aurais malheureusement été une cible facile pour le Culte, même avec notre groupe. Nous n’étions pas si invulnérables que cela.
Elle hocha la tête, l’air de comprendre ce que voulaient dire les moines. À présent que tous étaient au courant de ce qui était arrivé - Estrana avait d’ores et déjà été informée des événements par Simine, pendant qu’elles voyageaient avant d’arriver à Pao’don - ils décidèrent de se recentrer sur la mission actuelle.

- Elaria nous a déjà mis au courant de vos ordres, résuma Kuroshan, et de notre côté nous avons des témoignages de villageois et de jinyus pêcheurs. Déjà, parlons du Zandalari qui l’avait enlevée et que nous avons achevé.
- Quand nous l’avons trouvé, dit Nocturana, il remettait des ordres à un éclaireur. Il devait servir de messager du meneur de l’invasion.
- Correct. Il avait encore des ordres restants dans sa besace, et un insigne Zandalari qui montre qu’il avait un rang assez élevé dans leur hiérarchie.
- De ce que nous savons, poursuivit Sunaki, la plupart des éclaireurs de guerre ont été repérés sur la côte nord-est. La probabilité qu’ils travaillent de concert avec les mogus qui rôdent à la Terrasse des Cents Tonnerres est très élevée.
- Est-ce que vous avez donc un plan ? demanda Elaria.
- Tant que nous ne pouvons nous baser que des hypothèses, pas vraiment, avoua Kuroshan. C’est pourquoi il faudrait que nous allions surveiller la région pour trouver un éclaireur troll. À plus de cinq, nous devrions pouvoir en trouver un plus rapidement si nous nous répartissons en groupe. Il faudra le capturer, le ramener ici, et obtenir des informations sur l’endroit où se trouve son chef.
- Il est important qu’il reste en vie, précisa l’archère pandarène. Beaucoup d’autres aventuriers comme vous sont sur les traces des éclaireurs de guerre, donc il est très improbable de trouver des documents cruciaux sur eux - ils les détruisent avant de partir faire leur reconnaissance. Vivants, leurs ordres perdurent dans leur mémoire... reste ensuite à leur faire cracher le morceau.
Tout le monde se trouva d’accord sur ce plan, et Kuroshan se chargea de former des groupes de recherche pour patrouiller la région. Il choisit avec lui Marlek, Simine et Hoji, puis assigna à Sunaki Nocturana, Naeria et Estrana - qui demanda spontanément à venir, avant qu’il n’ait eu le temps de désigner le quatrième membre qu’il avait peut être prévu. Haruta se retrouva donc avec Hirokan, Elaria et Kalterian. Ils décidèrent de commencer à chercher un éclaireur dès maintenant, comme il restait largement assez de temps avant que le soleil ne se couche.


Dans la patrouille menée par Sunaki, les quatre femmes gardèrent le silence un assez long moment, alors qu’elles étaient à la recherche d’une piste pour repérer un troll Zandalari. Cependant, elles ne purent rien trouver pour en identifier une de fiable, à leur grande déception. Comme il ne semblait pas y avoir de menace de danger imminent, elles se permirent de discuter un peu, en essayant de rester concentrées bien que le manque de traces finissait par les décourager de trouver quoi que ce soit dans leur périmètre.
- Merci d’avoir protégé Marlek, dit subitement Naeria à l’adresse de Nocturana.
- Hein ? fit-elle, soudainement tirée de ses pensées. Oh, c’était naturel pour tout membre du groupe, c’est comme ça que tout le monde s’en est sorti en vie.
- Oui, répliqua la moniale avec un sourire aimable, mais je ne pense pas avoir l’occasion de rassembler toute votre ancienne compagnie pour vous adresser un remerciement général, donc vous recevez le mien pour tout le monde. Et puis... vous m’aviez semblé être devenus très bons amis.
- “Très bons”..., répéta l’elfe de la nuit en haussant légèrement les épaules pendant qu’elle réfléchissait. C’est peut être encore un peu fort, on commence à bien se connaître, mais ça ne fait vraiment que depuis qu’on est en Pandarie que nous avons vraiment pu parler.
- Je vois. Ça ne saurait tarder, je trouve que vous avez de quoi créer de bons liens... d’amitié, bien entendu.
Sunaki éclata de rire, faisant remarquer à Naeria qu’elle n’avait rien à craindre, parce qu’elle était bien la seule personne qui charme autant Marlek, ce qui fit légèrement rosir les joues de l’elfe. La chasseresse se sentit nostalgique en constatant qu’il y avait une très forte affection entre les deux camarades, c’était un sentiment qu’elle ne ressentirait probablement plus jamais.
- Naeria, il y a quand même quelque chose que je trouve intrigant chez toi, dit alors Estrana. Pourquoi est-ce que tes yeux sont de cette couleur ? Je n’ai encore jamais vu cette nuance chez les elfes de sang.
- Oh..., fit l’elfe soudainement un peu moins enthousiaste. Oui, c’est une anomalie qui est apparue récemment, et qui m’inquiète un peu je dois dire.
- Une anomalie ?
- D’après Haruta, plus je m’habitue à utiliser la Brume, plus les traces de la ponction de mana disparaissent chez moi. C’est étrange, je sais, je n’avais encore jamais entendu parler de ça pour qui que ce soit. En plus de ça, ça doit bien faire très longtemps que je n’en ai pas pratiqué, donc ça doit avoir facilité ce procédé de “purification”.
- Ça n’a pas l’air bien dramatique alors, dit Nocturana.
- Peut être pas, mais en théorie ça veut dire que je suis en train de changer d’espèce, comme ça, tout à coup... je ne sais pas ce qui risque de se passer à présent, j’ai passé des années à Lune d’Argent à accepter que je n’étais plus une haute-elfe, que ceux-là étaient justement des ennemis et des traîtres, mais depuis que j’ai rencontré Maître Hoji, Marlek, puis tous les autres, et surtout après que j’aie retrouvé mon père... je ne vois plus les choses de la même façon.

Naeria leur parla de la véritable origine du problème, qui eut lieu une dizaine d’années auparavant, après la destruction de Quel’thalas et la Bataille du Mont Hyjal. Alors que sa famille était affligée par la soif de mana, son père voulait essayer de se rapprocher des kal’dorei pour essayer de trouver une solution, chose que sa mère voyait d’un très mauvais oeil. Elle était partagée, son affection entre ses deux parents était égale. Après que les elfes de sang commencèrent à appeler au rassemblement à Lune d’Argent pour apprendre comment effectuer la ponction de mana et survivre, cependant, ils se disputèrent de plus en plus violemment, à son grand désarroi ; sa mère finit par trouver un moyen radical de “gagner”, en partant sans rien dire à son époux et en emmenant de force Naeria, de peur qu’elle ne dépérisse si elle n’était pas “guérie”.
Avec la pression, elle avait appris la méthode apportée par l’ancien Prince, et adopté sa nouvelle identité d’elfe de sang. Pendant ce temps-là, son nouvel entourage voulait la pousser à déconsidérer son père pour son entêtement, soi-disant pour son bien. Ça l’avait blessée, mais elle s’était sentie obligée d’adhérer, de ne pas trop marquer sa différence pour éviter les ennuis comme elle avait peur de ce qui pourrait arriver - cette crainte lui était venue en voyant comment la garde traitait ceux qui s’opposaient à la ponction de mana et prônaient un retour vers un usage plus modéré de la magie.
Cependant, quelques mois auparavant elle avait saisi l’occasion que Hoji lui avait offerte de s’éloigner pour un temps indéterminé de Quel’thalas, comme elle venait de perdre sa mère et ignorait ce qu’elle ferait dès lors. Elle avait vite trouvé un intérêt dans la voie des moines pandarens, alors qu’en ce moment ceux qui embrassaient complètement leurs techniques et leur philosophie étaient généralement des gens à part, pas souvent les mieux intégrés dans la société de Lune d’Argent. Pendant leur voyage, elle avait retrouvé son père, toujours vivant et bien-portant après qu’il se soit converti au druidisme - malheureusement leurs retrouvailles n’avaient pas duré, Frader Vague-Sanglante l’avait assassiné, alors que ses mercenaires poursuivaient leur groupe et que le haut-elfe s’était interposé pour la protéger ainsi que Marlek. Enfin, pour couronner le tout, elle leur admit ouvertement qu’elle était tombée amoureuse du moine humain ; Nocturana comprit ce que Naeria voulait dire : tout cela n’était pas forcément très bien vu pour une elfe de sang. En fait, son comportement en général, son caractère, tout la mettait d’emblée hors de la société à laquelle on l’avait forcée d’adhérer.
- C’est effectivement problématique, dit doucement Estrana. Tu as peur d’être vue comme une paria à cause de ça ?
- Déjà, et j’ai énormément de mal à me définir. D’ici quelques années, personne ne se risquera à dire, en me voyant, “C’est une elfe de sang, c’est net”. Mais est-ce que je devrais pourtant prendre le nom de haute-elfe, pour remplacer automatiquement ce nom ? Il y a eu un schisme entre les deux races, mais la société de base est la même... mon père m’a dit que son frère, qui était sur les mêmes traces que lui des années avant la chute de Quel’thalas, était déjà vu comme un paria. Lui-même n’a plus eu que des contacts limités avec d’autres hauts-elfes depuis qu’il s’est mis à apprendre le druidisme...
- Votre race s’est vraiment compliqué la vie à se diviser en deux même si vous êtes de la même espèce, déplora Sunaki. En plus de cela, il faut qu’il se rapporte encore à l’Alliance et la Horde... êtes-vous seulement capables de vivre en-dehors de l’une ou de l’autre ?
- Avec les temps qui courent, il est devenu de plus en plus nécessaire de faire un choix, dit Nocturana. Naeria, si on t’avait clairement demandé si tu voulais rester une haute-elfe ou devenir une elfe de sang, qu’est-ce que tu aurais répondu ?
- Je ne sais pas. Mes deux parents comptaient autant l’un que l’autre pour moi, j’aurais été incapable de choisir qui suivre !
- Alors, s’il avait fallu en convaincre un de suivre l’autre, lequel aurait-ce été ? continua-t-elle.

L’elfe réfléchit un moment, perplexe. Nocturana ne put s’empêcher de faire le parallèle entre son histoire et la sienne, avec ses parents qui avaient divergé, son père qui voulait se convertir au druidisme et sa mère qui refusait d’abandonner son savoir arcanique... cependant, elle n’avait même pas voulu l’emmener avec elle, alors même que son père dormait profondément dans le Rêve d’Émeraude, persuadé que sa compagne l’attendrait pendant des siècles avec sa fille à naître. Non, elle avait préféré partir lâchement et laisser son enfant grandir au milieu de gens différents d’elle, qui reconnaîtraient sa différence et ne pourraient pas s’empêcher de faire une remarque désobligeante sur ses origines à un moment donné. Naeria avait eu beaucoup de chance avec sa mère... même si la voie qu’on lui avait dit de prendre n’était pas de celles qu’elle approuvait.
- Je crois..., dit enfin Naeria. Je crois que j’aurais demandé à ma mère de rester un peu plus, de faire confiance à mon père. Si elle l’avait fait, nous nous en serions tous tirés sans avoir à nous séparer... mais tant de choses bien qui me sont quand même arrivées n’auraient pas eu lieu, je n’aurais pas rencontré Marlek par exemple. Mais Nocturana, je l’ai dit, ce n’est pas qu’une question de préférer les hauts-elfes ou les elfes de sang, leurs méthodes. Je suis différente des deux côtés. Je crains de me retrouver comme une bête rare au sujet de laquelle tout le monde se dispute pour la classer dans telle ou telle espèce...
- Hm.., fit Estrana. Un peu comme une Bien-née qui serait née au milieu des kal’dorei après la Guerre des Anciens. Incapable d’être définie comme une quel’dorei ou une kal’dorei, à cause de son héritage...
Nocturana se raidit à la suite de la remarque de la mage. Est-ce qu’elle avait deviné ? Surement, elle avait quand même une aura arcanique autour d’elle malgré son envie de pouvoir s’en débarrasser. Peut être aussi que... non, est-ce que Simine aurait raconté son histoire à la Bien-Née ? Elle n’aurait pas osé ! Et pourquoi est-ce qu’Estrana faisait référence à ça ? Elle doutait que ça soit seulement pour donner un exemple dans l’air en réaction face à l’histoire de Naeria.
- Haute-elfe, elfe de sang..., déclara enfin Sunaki. Peu importe comment les gens voudront t’appeler, qu’est-ce que tu en as à faire même si aucun de ces titres ne devait te correspondre, vis comme tu es. Le nom d’une race n’est que pour permettre d’identifier les gens, pas pour définir le caractère qu’ils doivent avoir. Tu n’es pas la seule haute-elfe, ou elfe de sang, peu importe, qui ne pense et n’agit pas en rapport avec la société générale de la race, les moines de ton genre que le monastère du Pic de la Sérénité reçoit en apprentissage et qui viennent de ces deux peuples ne correspondent pas non plus à l’image générale, ils l’avouent eux-même. C’est comme nous autres, qui avons rejoint les Pandashan. Tu penses que nous sommes comme tout le monde a l’habitude de s’imaginer les pandarens, que nous passons nos journées à nous prélasser dans le soleil, à boire tranquillement notre bière sous les fleurs de cerisier et jouer aux jeux de plateau en discutant du beau temps ? Non, nous avons choisi de courir sous des flèches mortelles, d’être couverts de sang quand il le faut, de nous battre pour défendre notre peuple, pour qu’eux puissent continuer en paix leur rythme de vie paisible et insouciant... Nous, nous n’apprécions les minutes que nous vivons que parce que nous savons que celle qui suivra, un coup mal anticipé pourra nous prendre notre vie, celle de nos camarades.. de notre famille.
Les trois elfes étaient soufflées par le discours de Sunaki, qui ne manquait pas de vigueur ni de conviction. Même Sephira avait l’air de la regarder avec intérêt, la surprise passée d’entendre autant de force dans les paroles d’une bipède.
- Je comprends..., murmura Naeria. Merci Suna, j’y réfléchirai.
- Peut être devrais-tu parler à Kalterian, dit Nocturana.
- Le haut-elfe qui a un tabard du Concordat Argenté ? répondit la moniale avec un air un peu inquiet. Tu penses qu’il accepterait de me parler objectivement même si je suis en train de... changer ?
- Celle qui a demandé à ce qu’il nous accompagne voulait de toutes façons qu’il voie au-delà de l’Alliance, forme son esprit tout seul. Enfin, c’est ce que je suppose pour le moment. Il n’a pas l’air spécialement belliqueux contre les elfes de sang, ou il te l’aurait fait sentir.
- Il avait l’air perplexe de me voir.
- Peut-être justement à cause de ta différence ?
- Je verrai. Merci de vos conseils, dit-elle avec un sourire amical.


Les patrouilles de Kuroshan et Sunaki étaient rentrées à l’heure prévue, cependant celle d’Hirokan commençait à tarder, ce qui ne les rassurait pas. La plupart commençaient à parler d’aller les chercher, les aider s’ils avaient des ennuis.
- J’espère que ce n’est pas cet idiot de Voleur qui est encore allé chercher des problèmes, grommela le guerrier pandaren. En plus Haruta est avec eux, à tous les coups il aura voulu l’impressionner...
- C’est assez probable pour notre joli-coeur, dit Sunaki en riant. Mais le crépuscule n’est pas si avancé que ça, ils ont encore le temps.
- La forêt n’est pas tranquille la nuit tombée. Et les éclaireurs adorent profiter de l’obscurité pour frapper...
- S’il essaie, tu peux compter sur Hirokan pour parer. Son oeil est aiguisé, et si ses camarades sont menacés, tu sais qu’il deviendra sérieux... tu te souviens également à quel point il est dangereux de le pousser dans cet état.
- Ça arrangerait tout le monde s’il pouvait garder un juste équilibre, ne pas être complètement insouciant une fois puis complètement agressif et belliqueux une autre.
- Nous pouvons attendre encore un peu, dit Marlek, mais si ça prend trop longtemps j’irai voir ce qui se passe. Je ne veux pas qu’il arrive du mal à Elaria après ce qui est arrivé hier.
Ils acquiescèrent en silence et allèrent vaquer à leurs occupations en attendant le retour des autres ou de partir eux-mêmes. Naeria et le moine humain passaient beaucoup de temps ensemble, et Nocturana ne pouvait que se sentir nostalgique de les voir aussi épris l’un de l’autre. Il fut un temps où elle était ainsi, avec l’elfe de la nuit qu’elle avait aimé de son enfance et qui était revenu de la tombe à cause du Roi-Liche... même à présent, elle ne cessait de se demander comment est-ce qu’elle avait pu aller jusqu’à accepter la demande en mariage qu’il lui avait faite, en plongeant ses yeux bleu runique dans les siens.
Elle savait pourtant qu’il était un mort-vivant, une aberration qui s’opposait à tout ce pour quoi elle avait l’habitude de se battre, pourtant elle n’avait pas osé refuser. Séréphios lui avait dit qu’il ne vivait que parce qu’elle était là, et l’amour qu’il avait pour elle était sa seule raison de ne pas chercher la mort définitive, il voulait rester avec elle et qu’elle l’accepte ; et elle ne voulait pas qu’il reparte, après avoir déjà souffert de constater sa mort, qui était venue juste après celle de son père.
Réaliser qu’elle avait dit “oui” n’avait pas été le plus dur, cependant, elle avait fini par se dire qu’elle gardait des sentiments pour l’ancien guerrier au coeur noble, en plus la prolongation de son existence ne tenait qu’à elle. En revanche, les regards de la plupart de ses camarades avaient été les plus difficiles à tenir. Nearielle semblait ne pas comprendre, ce qui était normal pour une kal’dorei. Cielistrasza avait failli s’emporter à la nouvelle, mais finalement elle s’était simplement tue, et avait accepté de ne pas considérer Séréphios trop sévèrement...
Marthenon, quand Nocturana lui avait avoué - avec plus de difficulté pour les autres à qui elle l’avait dit avant -, avait eu l’air choqué, mais quand même, il n’avait pas perdu son calme ni ne s’était énervé. Il était resté droit, il avait discuté raisonnablement puis avait murmuré que si c’était le choix de son amie, il ne pouvait rien faire contre. Elle s’était sentie surprise de le voir aussi stoïque à ce moment-là, quelque part c’était cette réaction précise qui l’avait fait se sentir mal, mais en même temps aurait-elle préféré qu’il s’emporte, casse un meuble ou tout ce qui passait à portée, lui crie que c’était une mauvaise idée d’épouser Séréphios ?
Finalement, c’était lui qui avait réglé cette histoire, quand le Chevalier de la mort n’avait plus été capable de contenir sa Faim - elle n’avait même pas été au courant, l’elfe avait tout essayé pour lui cacher cela, jusqu’à ce qu’il perde son sang-froid et manque de tuer sa propre mère en perdant définitivement le contrôle. Elle n’oublierait jamais comment l’elfe de sang était venu s’interposer entre eux alors qu’ils se battaient, elle essayait de ramener son fiancé à la raison, l’exhortait à revenir, mais il n’entendait pas raison et était prêt à la tuer, même s’il aurait pu massacrer tout Azeroth que sa Faim n’aurait jamais pu être apaisée... En quelques mouvements, Marthenon avait traversé la garde de plus en plus maladroite de Séréphios, lui avait tranché la tête, qui était venue voler jusqu’à ses genoux. Elle ne savait pas ce qui s’était passé ensuite, si elle s’était tout simplement évanouie ou si son esprit s’était retrouvé bloqué à ce moment-là.
Aujourd’hui, elle voulait essayer d’oublier... hélas, ce n’était pas une tâche facile. Voir des couples ensemble lui rappelait ces moments amers, c’était encore pire dès qu’elle voyait quelqu’un flirter naïvement avec un Chevalier de la mort ; et dans le même contexte, quand il s’avérait que c’était un amour grandissant et sérieux, elle se sentait désespérée, angoissée à l’idée que la vivante risquerait de passer par les mêmes souffrances qu’elle. D’habitude, elle ne pouvait se retenir de pleurer, comme lorsqu’elle avait avoué à Lædera que son frère risquait de devenir dangereux même pour ceux qu’il aimait. Ici, elle se sentait trop fatiguée pour ne laisser couler ne serait-ce qu’une larme. Le sentiment de pression ne cessait de s’accroître depuis qu’elle était là, elle avait l’impression qu’un étau cherchait à lui broyer le crâne, toutes les inquiétudes et les douleurs qu’elle voulait enfouir resurgissaient les unes après les autres pour venir la tourmenter, et elle se disait qu’elle devrait les résoudre mais elle ignorait comment... elle doutait même qu’ils aient une fin, que la souffrance pouvait cesser après avoir été portée aussi longtemps. N’était-ce pas devenu ce qu’elle était, en fin de compte ?

- Noc ? demanda Simine.
- Hm..., murmura l’elfe de la nuit en sortant de sa léthargie noire.
- Ça va ? Tu as l’air pâle.
- Ça va.
- On ne dirait pas.
- Ça va aller, merci. Qu’est-ce qu’il y a ? Les autres sont rentrés ?
- Pas encore. Il y a quelque chose que je voudrais te demander... enfin, si ça ne te dérange pas.
- Qu’est-ce que c’est ?
- Je voudrais te parler d’Estrana.
Nocturana pressentit qu’elle n’allait pas aimer ce qui allait se dire après ça. Même si Sunaki avait distrait leur attention de la remarque, elle se souvenait encore de l’allusion que la Bien-Née avait faite à son passé. Que cela fut conscient ou par hasard, elle ne voulait plus jamais que la jeune elfe ne reparle de ça devant elle, encore moins si elle devait essayer de la viser.
- Qu’est-ce qu’elle a ?
- Et bien... Tu vois, c’est une Bien-Née. Comme toi, en gros.
- Je ne le suis pas. Mes parents l’étaient peut être, mais pas moi.
- Oui, peut-être, mais c’est important. Estrana est née à Eldre’Thalas, mais quelques années après sa naissance, ses parents ont disparu alors qu’ils se rendaient à l’extérieur, assassinés par les leurs. Elle n’a jamais su pourquoi ils étaient partis pendant toute son enfance, jusqu’à ce qu’un jour son mentor lui révèle la vérité. Sa mère, avant de rejoindre les autres Bien-Nés à Féralas, vivait parmi les kal’dorei avec son compagnon... qu’elle a quitté parce que celui-ci était devenu un druide et l’avait laissée enceinte pour se plonger dans le Rêve d’Émeraude.
Elle s’efforça de cacher les tremblements de ses mains, espéra qu’elle ne devenait pas encore plus pâle qu’avant, selon ce que la gnome lui disait. Elle ne lui avait pourtant pas dit l’histoire de ses parents, comment est-ce qu’elle avait appris ça ? Qui le lui avait dit ?! À son grand désarroi, plus Simine avançait, plus le récit ressemblait exactement à ce qu’elle avait vécu, s’arrêtant à son abandon par sa mère. Elle avait l’impression d’étouffer de terreur, de vivre un cauchemar qui prenait forme quand il s’avérait qu’Estrana était la fille de la Bien-Née fugitive, répondant au nom d’Alunia Chanteflamme, qui recherchait sa demi-sœur.
Pendant des siècles entiers, elle sans cesse prié Elune pour que la lignée de sa mère ne s’arrêterait qu’à elle, que les autres membres soient morts depuis la Guerre des Anciens. Elle s’efforçait de chasser ce nom de famille de son esprit, de tout faire pour qu’on ne puisse jamais l’associer à elle. Chanteflamme, ce nom sonnait toujours comme une menace, une malédiction du passé qui s’accrochait avec obstination à son esprit.
- Noc ? Cette elfe qui avait été abandonnée au Berceau de l’Hiver... Est-ce que tu pourrais me dire...
- Les autres sont revenus ! s’exclama la chasseresse en apercevant avec soulagement la dernière patrouille.

Trop heureuse d’avoir un prétexte pour éviter cette question, elle se leva avant que la gnome ait pu terminer sa maudite question et marcha d’un pas rapide vers les arrivants. Tout le monde se rassemblait déjà, certains se préparaient à assister des blessés s’il y en avait, mais le seul qu’il fallait sérieusement traiter les surprit.
Hirokan menait la marche, un air farouche et dur sur son visage comme personne à part sûrement ses camarades Pandashan ne l’avait vu avant. Tout en étant couvert de coupures, il tenait attaché au bout d’une corde à l’aspect très résistant un gigantesque troll Zandalari qui était couvert de blessures, qui ne se refermaient que lentement et semblait à moitié inconscient. Kalterian et Elaria le surveillaient, leurs épées de défense prêtes à frapper au moindre geste brusque, et Haruta tenait une sacoche portant des insignes de l’empire troll.
- Vous avez réussi ! s’exclama Kuroshan. Bon travail, très bon travail.
- Je m’occupe de l’amener à sa cellule, dit Sunaki en prenant le bout de la corde que lui tendit le Voleur. Gardiens, aidez-moi ! appela-t-elle vers les moines du Temple.
- Il a cru malin de nous attaquer, résuma le pandaren à l’oeil unique. Dommage pour lui, les Ombres ne lui ont pas été favorables.
- Je suis content de voir que vous allez bien, déclara le guerrier. Vous n’êtes pas trop blessés ?
- Oh, tu t’es inquiété pour moi ? reprit Hirokan, changeant soudainement d’expression et de ton. Comme c’est gentil !
- Je parlais pour les autres aussi, imbécile, grommela l’autre pandaren. Allez voir les Tisse-brume pour vous faire soigner tout ça. Nous interrogerons le prisonnier demain...
Kuroshan s’arrêta, son regard tombant sur l’elfe de la nuit. Peut-être l’obscurité lui jouait-il des tours, mais il lui semblait qu’elle était étrange... Elle croisait les bras, de temps à autres ses mains tremblaient, et ses yeux... ils n’étaient pas un peu différents de ce qu’il avait vu quelques heures auparavant ?
- Marlek, murmura-t-il à l’humain, il faudrait que tu surveilles ta camarade, j’ai un très mauvais pressentiment.


Dernière édition par Laedera le Sam 19 Juil - 20:51, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: L'Ouragan de la Vengeance   L'Ouragan de la Vengeance EmptyMar 15 Avr - 10:49

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- Laisse moi tranquille Simine ! gronda Nocturana alors que la gnome essayait une fois de plus d’avoir la réponse à sa question : était-elle la demi-soeur que son amie recherchait désespérément ?
- Plus tu continues à m’éviter, plus je commence à croire que c’est bien toi, dit la mage. Écoute, je peux comprendre que tu n’apprécies pas de savoir que ta mère a aimé quelqu’un d’autre, eu une autre fille, mais tu dois savoir que...
- Qu’elle ait aimé un autre elfe plus que mon père ou pas, peu importe ! Je ne veux pas en parler !
- Mais... Elle est morte en voulant aller te retrouver, elle a regretté ce qu’elle avait fait, essaya la gnome. Elle avait voulu que tu puisses vivre avec elle...
L’elfe de la nuit sentit son sang se glacer. Sa mère avait voulu la récupérer ? Elle était donc morte en fin de compte ? Ce n’était pas forcément une nouvelle très joyeuse à entendre, mais dans son cas elle pouvait presque en être rassurée... elle aurait au mieux pu ne pas s’en soucier, comme elle avait anticipé ce sort des siècles plus tôt, mais la présence d’Estrana, sa demi-soeur, montrait que le projet n’était pas abandonné. Et elle refusait d’avoir quoi que ce soit à voir avec elle, plutôt mourir que de s’associer aussi facilement à quelqu’un qui descendait directement de la lignée d’Alunia Chanteflamme - si elle le faisait, ça reviendrait au même de toutes façons -, surtout quand toute sa vie elle n’avait cessé de s’améliorer pour ne jamais avoir à être rattachée à cette maudite famille !
- Je le savais déjà, et je m’en fiche. N’en parle plus, tu aurais déjà dû ne pas me raconter l’histoire d’Estrana, que je me dois de considérer au même titre qu’une ennemie !
- E... Ennemie ? répéta la gnome, incrédule. Noc, c’est... C’est injuste ! Elle a passé toute sa vie à espérer te retrouver !
- C’est ça le problème !
Simine continua malgré tout à argumenter, ne comprenant pas ce qui pouvait justifier un tel rejet de la part de l’elfe de la nuit. Pour celle-ci, c’était de trop ; pourquoi la mage ne pouvait-elle pas comprendre qu’elle ne voulait même pas entendre parler de ça ? Pourquoi devait-elle continuer de la harceler ainsi alors que c’était évident qu’elle refusait d’être liée à cette Bien-née ? Le faisait-elle exprès ? Remarque... elle ne se souvenait pas qu’elle lui avait un jour mentionné son problème avec son ascendance du côté de sa mère. Très peu de gens le savaient actuellement. Mais elle ne pouvait pas le dire comme ça, pas devant autant de monde. Que penseraient-ils d’elle s’ils savaient...
Nocturana vit que ses camarades se rapprochaient petit à petit d’elle, la regardant avec inquiétude. Qu’est-ce que tout le monde avait donc ? Elle aurait vraiment voulu pouvoir complètement disparaître, elle voulait juste qu’on la laisse tranquille, le temps que ça passe, comme d’habitude. Ou alors, est-ce qu’une fois de plus elle avait l’air si suspecte, monstrueuse aux yeux des autres, est-ce qu’ils jouaient avec elle pour voir ce que ça ferait si on la tourmentait ainsi ? Sephira grondait à ses pieds, mais pas contre les autres ; elle sentait le malaise de sa maîtresse, voulait qu’elle se reprenne avant que ça ne dégénère. La panthère sentait que quelque chose de dangereux approchait, et que Nocturana allait être la première blessée si elle perdait ainsi le contrôle.

Estrana, voyant également que quelque chose n’allait pas avec la chasseresse et sa camarade mage, courut voir ce qui se passait. Que Nocturana soit sa demi-soeur ou pas, elle appréciait l’elfe de la nuit, elle savait qu’elle était une personne bien de ce qu’elle avait vu d’elle lors de la patrouille, et elle avait mal rien qu’en la voyant dans un tel état de détresse ; encore plus si cet état avait été déclenché à cause de son histoire.
- Simine, dit-elle à la gnome. Ce n’est pas la peine d’insister comme ça, tu la mets mal à l’aise... Nocturana, je...
- Ne me parle même pas ! cria l’elfe de la nuit. Pourquoi est-ce que vous êtes venus me retrouver ! Je n’ai rien à voir avec vous ! Rien !
Tout le monde fut surpris d’un tel accès de rage contre la jeune elfe, surtout qu’ils ne savaient pas d’où cela venait, et la Bien-née écarquilla les yeux, choquée. Elle bégaya, essayant de trouver les bons mots tout en voulant comprendre ce qu’elle avait pu faire pour irriter ainsi la chasseresse par sa seule présence. Kuroshan la prit par l’épaule pour la faire doucement reculer afin qu’elle ne se fasse pas blesser si la situation dérapait, comme c’était visiblement elle qui provoquait autant de perturbations chez l’elfe. Il vint ensuite se mettre face à Nocturana, qui eut un mouvement de recul instinctif.
- Nocturana, dit-il avec un ton d’urgence. Calmez-vous s’il vous plaît, vous ne pouvez pas vous permettre de perdre le contrôle de vos émotions à cet endroit, c’est bien trop dangereux. Personne ne vous veut de mal ici, si quelque chose vous perturbe nous pouvons en discuter tranquillement.
- Non, répondit-elle avec une voix rauque. Non, je n’ai pas envie de parler, je veux juste qu’on me laisse tranquille. Ça ira mieux ensuite !
- Ça ne te permettra pas de t’apaiser, répliqua Marlek. Au contraire, ton état va empirer, je le sais assez bien.
- Pas toi non plus ! s’exclama-t-elle en le regardant sévèrement.
- Quoi ?
Elle se prit la tête entre ses mains tremblantes, cherchant à mieux respirer dans toute cette confusion comme elle se sentait manquer d’air. Subitement, tout l’effrayait ici. Ses compagnons semblaient déformés, menaçants, elle savait que si elle s’ouvrait, elle serait vulnérable en face d’eux, et elle ne le voulait pas, particulièrement pas en face d’Estrana... maudite Chanteflamme, son nom fusse-t-il Rivandor, elle était quand même de la lignée de sa mère, elle était dangereuse, comme elle !
Et si elle connaissait d’autres ? D’autres de cette famille ? Cependant, en la regardant, son visage si jeune, innocent, son expression d’incompréhension sincère face au rejet qu’elle affichait, la laissait perplexe ; et si en fait elle était ignorante de son dangereux héritage ? Non, si elle se laissait affaiblir ainsi elle en profiterait. Elle ne devait pas se lier avec la famille de sa mère, c’était dangereux, elle le savait très bien... la Gardienne s’était bien appliqué à le lui démontrer à plusieurs reprises, à force elle connaissait par coeur ce qu’elle risquait si un ou une Chanteflamme se montrait à elle.

Autour d’elle, ses camarades étaient perplexes sur ce qui était à faire. La chasseresse avait rapidement atteint un tel état de confusion qu’ils comprenaient que le moindre faux pas la pousserait à perdre encore plus le contrôle, et ils n’étaient pas dans le meilleur lieu pour que les dommages que cela causerait soient minimes. Simine était effarée d’avoir mis son amie dans un tel état et de ne s’être pas rendue compte à temps qu’elle ne devait pas continuer sur sa lancée. Elle avait cru qu’elle aurait pu lui faire accepter Estrana assez vite en utilisant les arguments qu’elle avait préparé dans sa tête, cependant elle constatait avec désarroi que ses calculs avaient horriblement différé de la réalité. Aux pieds de la chasseresse, la panthère gémissait, grondait en regardant chacun de ces bipèdes idiots qui restaient là à ne rien faire au lieu d’aider sa maîtresse.
Les Pandashan et Marlek décidèrent de tenter une approche, alors qu’ils percevaient un trouble malsain dans l’atmosphère. Cependant, voyant tous ces gens s’approcher à ce qui lui semblait être une allure rapide - alors qu’en fait ils marchaient avec précaution justement dans le but d’éviter cela -, Nocturana recula, se figurant des ennemis potentiels même si une dernière part de raison, luttant contre tout le doute enfumant son esprit, s’efforçait de lui rappelait qu’il s’agissait de Marlek, un humain avec qui elle avait voyagé, qui avait combattu à ses côtés, lui avait déjà sauvé la vie, les autres étaient Kuroshan, Haruta, Sunaki, et Hirokan... quoique le dernier était un peu trop bizarre pour qu’elle lui fasse entièrement confiance.
Craignant de se retrouver encerclée et enfermée entre tous ces gens, elle banda son arc et visa la première personne en face. Haruta retint un petit cri en voyant la flèche à quelques centimètres de ses yeux, trembla en craignant de faire un faux pas qui pousserait l’elfe désorientée à lâcher la flèche. Cependant, ils devaient garder à l’esprit que Nocturana était juste désorientée, qu’ils pouvaient encore la ramener du bon côté. Hirokan avait voulu se lancer à son secours en la voyant en danger, mais Marlek l’avait heureusement retenu à temps pour l’empêcher de faire un mouvement déplacé, et elle lui fit signe qu’elle irait bien. À présent, elle devait tenter de tirer la chasseresse de son état délicat.
- Nocturana s’il vous plaît, dit-elle avec un calme et une résolution qu’elle s’efforçait de maintenir tandis qu’elle essayait de ne pas trop regarder la flèche. Je ne sais pas quel problème vous tourmente, mais nous pouvons le résoudre à tête reposée. Si vous sentez que quelque chose ici vous menace, nous nous en occuperons. Je vous en prie, vous êtes une elfe bien, vous êtes si volontaire quand il s’agit d’aider les gens, de leur donner des conseils, laissez-nous vous rendre la pareille.
- Des conseils..., murmura sombrement la chasseresse. N’importe qui aurait pu dire ce que j’ai dit et qui est apparu être sage.
- Je n’y crois pas une seconde, répondit Sunaki. S’il vous plaît, faîtes nous confiance, nous pouvons vous aider à vous en sortir.
Les mots de la pandarène auraient pu atteindre Nocturana aisément et la pousser à s’ouvrir à eux, leur raconter tous les tourments qu’elle avait sur le coeur. Cependant, en plusieurs centaines d’années, rares étaient ceux à qui elle avait enfin accepté de le faire... et puis cette voix dans sa tête lui rappelait une vérité qui suffit à la renforcer dans son mutisme.
Comment leur faire confiance quand ceux en qui tu as placé toute ta confiance t’ont abandonnée ou sont morts ?

Autour d’eux, des fractures commencèrent à apparaître un peu partout dans le sol, laissant échapper des minces filets de fumée qui firent se glacer les Pandashan et ceux qui étaient habitués au phénomène. Ils surent instantanément que quelque chose de profond et de vicieux essayait de remonter à la surface, utilisant les présents doutes de Nocturana comme moyen de sortie.
- Pourquoi est-ce qu’elle ne réagit pas ? demanda Kalterian, inquiet pour sa camarade. Comment pouvons-nous l’aider ?
- On pourrait l’assommer pour le moment..., chuchota Hirokan. Les shas pourraient la lâcher pendant ce...
- Hirokan, ne dit pas de bêtises ! gronda Kuroshan en le coupant. Si tu t’imagines que les shas laissent leurs victimes se reposer tranquillement dans l’inconscience, lorsque personne ne peut les atteindre à part eux, tu devrais tout de suite retourner en apprentissage !
- Il faut que nous la faisions faire marche arrière tant que nous pouvons encore lui parler, rajouta Sunaki. Pour le moment, elle seule est maîtresse de ses émotions, et elle peut le faire.
Tremblante face à la pression, Nocturana sentait sa vision s’obscurcir, et ce n’était pas en rapport avec la nuit. Tout prenait la forme de figures menaçantes, de serpents perfides prêts à planter leurs crocs dès qu’elle exposerait ses faiblesses, la laissant toute à nu en face de sa demi-soeur dont elle redoutait les intentions. Comment savoir à qui se fier, qui voudrait réellement la soutenir dans l’enfer qu’elle traverse ? Les voix avaient raison, les seuls qui le pouvaient, du moins c’était ce qu’elle avait cru, l’avaient abandonnée, avaient été tués.
Ils vont tous d’abandonner. C’est ainsi, regarde la vérité en face. Pourquoi tes parents t’auraient-ils abandonnée à la naissance et même avant, si tu étais vraiment capable d’être aimée en retour ? Pourquoi celle qui te disait de la considérer comme une soeur t’as-t-elle laissée sans défense à plusieurs reprises contre cette Gardienne ? Pourquoi cet orc qui t’as tellement appris est mort ? Et pourquoi Marthenon t’a laissée pour mourir à Theramore ?
Cette dernière accusation l’ébranla malgré tout. C’est faux, se dit-elle, il ne l’a pas fait. Il ne pouvait pas forcément le savoir...
Comment peux-tu en être certaine ? Tu en savais assez de lui pour savoir à quel point il était loyal envers la Horde, à quel point elle comptait pour lui... cela aurait été ennuyeux si, dans le cas ou Hurlenfer avait gagné contre cette cité, il avait dû t’affronter pendant que tu défendais ton pays d’origine. Il était incapable de te tuer à Theramore, comment aurait-il réussi autre part ? Reconnais-le, il avait l’opportunité de se débarrasser de toi sans avoir à faire le sale boulot sans avoir à te tuer lui-même car il est lâche... Sans Tecknin, tu serais morte, à sa grande satisfaction... tu imagines qu’il doit se sentir bien libre de massacrer tout ce qu’il veut en te croyant morte.
Combien de fois elle y avait pensé, n’avait pu chasser cette horrible idée que l’elfe en lequel elle avait placé le plus de confiance de toute sa vie avait effectivement tenté de se débarrasser d’elle, comme cette voix persistante le lui redisait ? Elle sentait son coeur se contracter de douleur, sa respiration s’alourdir de plus en plus. Elle avait envie de pleurer, de déchaîner sa rage contre quelqu’un, n’importe qui. Mais il ne le fallait pas, elle ne devait pas perdre le contrôle. Elle savait que si elle succombait à la pulsion, lorsqu’elle émergerait elle regretterait amèrement de ne pouvoir revenir en arrière... elle craignait en plus les regards qu’il y aurait, s’il en restait encore autour.
- Nocturana, laisse Haruta te rejoindre ! l’appela Marlek. Elle peut t’aider à chasser les shas de ton esprit, tu peux lui faire confiance.

Devait-elle baisser son arc, laisser la pandarène approcher ? Serait-elle vraiment sauve ? La voix dans son esprit ne semblait pas l’entendre ainsi. Petit à petit, celle-ci commençait à se dissocier de ses pensées, à prendre une forme distincte aussi effrayante que le monde extérieur, et refusait de lâcher prise. Graduellement, un rire chaotique résonna dans son âme.
Comme ils sont pathétiques, leurs voix sont-elles donc meilleures que celles qui viennent de ton esprit ? Tu sais qu’est-ce qui dit le mieux la vérité à ton sujet entre ces gens et toi. Tu sais qu’ils ne pourront pas te débarrasser de tes doutes, et ça reviendra encore et toujours plus fort à chaque fois... jusqu’à ce que tu ne puisses plus rien contrôler.
À sa grande surprise et frayeur, elle avait le sentiment que plus la voix qui s’insinuait en elle continuait à résonner, plus son corps commençait à vouloir agir dans son sens, ses envies devenir les mêmes : détruire ce qui passait à portée, relâcher toute l’énergie obscure de la souffrance de son âme, que le monde puisse enfin goûter du monstres qu’il avait fait naître en elle.
Sens donc comme ta main devient lourde et tremble en tenant cette corde... C’est si fatigant, pourquoi ne pas la lâcher ?
Mais il y avait Haruta en face. Elle ne pouvait pas le faire, elle allait la tuer. Que la Tisse-Brume soit digne de confiance, qu’elle ne le soit pas, elle n’avait pas à prendre sa vie aussi arbitrairement, sa part encore raisonnable ne cessait de le lui crier. Néanmoins l’autre voix continuait à prendre de plus en plus d’ampleur. Était-elle capable de la retenir ?
Relâche tes doutes, embrasse-les entiers et frappe tous les ennemis. Tue-les avant qu’ils n’attaquent les premiers ! Chasse-les, transperce-les ! Cesse cette comédie d’amitié car elle te blesse plus qu’elle ne t’aide !
Les personnes qui l’entouraient devenaient plus distinctes dans la pénombre, comme des cibles de chasse incitant à tirer dessus par leur brillance. La Bien-née était particulièrement plus visible, c’était avant tout elle le danger principal. Cependant... Son visage ressemblait-il tant que ça aux têtes de démons et de tyrans qu’on lui avait jetées encore sanglantes pendant toute son adolescence, dans le but de rappeler à son bon souvenir d’où elle venait et où elle ne devait pas tomber pour ne pas subir le même sort ? Elle avait l’air si jeune, si douce par rapport à ce qu’elle avait pu voir... était-elle vraiment sa demi-soeur, avec une innocence pareille ?
Frappe-la ! Frappe-la ! FRAPPE-LA !
- LAISSEZ-MOI TRANQUILLE ! hurla-t-elle.

Une flèche fila dans l’air alors que tout le monde se taisait de stupeur, sans toucher rien d’autre que le bois d’une maison très loin du groupe. L’elfe de la nuit fit volte-face et s’enfuit, alors que dans un tremblement léger du sol des têtes hideuses de bêtes monochromatiques et visqueuses sortaient vers la surface. Elle savait ce que c’était, angoissait à l’idée que c’était de sa faute si ça arrivait. Mais elle devait fuir, avant que tout ne dégénère encore plus.
Haruta, craignant ce qui allait se passer ensuite, essaya de rattraper Nocturana comme elle essayait d’atteindre la porte sud, Marlek et Kalterian immédiatement après sur ses talons. Cependant, alors qu’elle l’attrapait par le bras, elle fut brutalement repoussée par l’elfe de la nuit, qui se trouva avec une force physique anormale, dont beaucoup purent deviner l’origine en voyant l’aura monochromatique qui commençait à émaner d’elle, en commençant par les yeux.
- Non..., murmura Kalterian en le voyant. Ça ne peut pas arriver, pas à vous !
- Il n’est pas trop tard ! s’exclama Marlek. Je ne le permettrai pas !
Le moine tenta à son tour une approche vers sa camarade, uniquement pour que l’instant d’après deux monstres à l’aspect affreux ne surgissent des ombres pour l’attaquer. Kalterian réagit assez vite pour abattre d’une flèche bien placée le sha le plus proche de Marlek, qui s’occupa du dernier en lui tranchant la tête d’un coup de sabre. Alors que de plus en plus de monstres sha sortaient des failles, Nocturana avait déjà disparu dans l’ombre, sa panthère aussi.
- Tout le monde au poste de combat ! s’écria Kuroshan. Sunaki, Hirokan, Naeria et Elaria, vous vous occupez d’aider les moines ! Estrana et Simine vous restez également ici, et ne vous mettez pas à culpabiliser, ce n’est pas de votre faute, et ce n’est pas non plus celle de votre amie ; nous réglerons cela plus tard. Maître Hoji, Marlek, Haruta et Kalterian, suivez-moi, nous devons la retrouver avant qu’il ne soit trop tard !
- Non, je viens avec vous ! répliqua l’elfe de sang. Nocturana est quelqu’un de bien qui a essayé de m’aider, je n’ai pas envie de rester à rien faire pendant qu’elle souffre ainsi !

Le guerrier fut tenté de lui répondre de rester au Temple où elle risquerait moins de se mettre en danger qu’en essayant de se mettre face à une personne qui souffrait d’une attaque de sha pour des raisons qui leur restaient encore obscures. Cependant, son air déterminé lui fit comprendre qu’ils perdraient de précieuses minutes en essayant d’argumenter avec elle ; Marlek donna avant lui son accord, choisissant de faire confiance aux capacités de médiatrice de sa bien-aimée. La jeune moniale vint se joindre au groupe, qui se hâta de partir sur les traces de l’elfe de la nuit pendant que les moines du Temple et le reste de leurs camarades jouaient déjà de leurs armes et de leurs sorts pour repousser les aberrations visqueuses et sceller les failles.
- J’aurais dû me douter qu’elle ne voudrait pas de moi, se lamenta Estrana. Comment le pourrait-elle ? Ma mère l’a abandonnée, m’a enfantée avec un autre elfe... Et j’ai été complètement égoïste de vouloir qu’elle m’accepte en tant que soeur malgré tout cela.
- Si je n’avais pas été aussi brusque en même temps, soupira Simine, rien de tout ça ne serait arrivé.
- Ne vous lamentez pas ainsi ! leur rappela Elaria qui vit les deux femmes marmonner d’un air abattu. De toutes façons, Marlek est en route avec les autres l’aider. Il est assez têtu quand il s’agit de secourir quelqu’un qu’il apprécie, comme c’est le cas pour elle, je vous garantis qu’elle va s’en sortir.
Les deux mages acquiescèrent, cependant elles restaient mornes de savoir que Nocturana était en danger par leur faute. En regardant son ancienne disciple dans les sorts de feu, Simine ne put également s’empêcher de se demander pourquoi est-ce que l’elfe avait déclaré avec conviction que si Estrana était sa demi-soeur par sa mère, elle devait la voir en tant qu’ennemie. La jeune Bien-née n’était pas de ceux qui se faisait haïr d’un regard, au contraire, généralement tout le monde la trouvait adorable, il fallait avoir des idées tordues pour penser qu’elle était dangereuse ; si elle n’avait pas dit à Nocturana qu’elles étaient demi-soeurs, elle n’aurait jamais tenu de tels propos à son encontre. Que s’était-il donc passé dans la société kal’dorei pour qu’elle en soit ressortie avec une telle haine des gens de son propre sang, qui ne se serait pas apaisée même après que Tyrande Murmevent et Malfurion Hurlorage aient accepté le retour des Biens-nés, deux ans auparavant ?



* * *

Orshan grogna de satisfaction alors qu’elle dégageait un morceau de viande pour son familier ours. La chasse avait été fructueuse cette fois-ci, le daim qu’elle avait traqué et enfin tué avait beaucoup de viande juteuse sur lui, qu’après avoir réparti entre ses partenaires animaux elle se ferait une joie de partager avec sa meilleure amie quand elle aurait à son tour terminé son service au poste de garde. Alors qu’elle avait pratiquement fini son ouvrage, Se’llia, sa chouette blanche se dressa sur son épaule, ses serres tendues faisait pression dessus. Juste après, elle sentit comme une nouvelle présence derrière elle, comme si quelqu’un venait d’apparaître comme par magie. Qui cela pouvait-il bien être ?
- Nearielle ? demanda-t-elle tout haut. C’est toi ma soeur ?
Comme elle n’avait pas de réponse, elle se retourna, et resta stupéfaite devant la personne qui se tenait à quelques pas d’elle, la dominant de toute sa taille. Elle se sentit autant impressionnée qu’effrayée en découvrant une elfe de la nuit entièrement vêtue du manteau et du heaume des Gardiennes du Mont Hyjal, ces redoutables chasseurs et assassins responsables des geôles anciennes, celles qui pourchassaient les grands criminels à travers tout le territoire elfique. Son sentiment était normal, c’était celui que tout le monde ressentait en découvrant un membre de cet ordre militaire des kal’dorei. Cependant, elle se demandait ce que l’une d’elle faisait ici à la regarder.
- Alors tu appelles ma fille, “soeur”..., dit enfin la Gardienne avec un ton ironique et méprisant qui mis tout de suite la jeune elfe mal à l’aise. Tu devrais arrêter, elle n’a pas à être associée à quelqu’un comme toi, et encore moins par la famille.
- Hein ? Que... Que voulez-vous dire ? Qui êtes-vous ?
- Je suis la mère de Nearielle.
Elle sentit ses oreilles se dresser, stupéfaite. L’apprentie éclaireuse lui disait souvent, avec tristesse, que sa mère ne venait pas souvent la voir, trop occupée à ses responsabilités de Gardienne, mais dès qu’elle lui rendait visite elle en était toujours enchantée. Elle n’avait jamais pu la voir avant, nombre de fois elle s’était demandé comment elle pouvait bien être... ce premier aperçu lui faisait froid dans le dos, après sa première déclaration.
Mais la façon avec laquelle elle s’était introduite lui fit craindre que leur rencontre n’allait pas être pacifique. Elle devait savoir au sujet de ses origines, cependant, qui aurait pu le lui  en informer ? Les trois quarts de ses chefs n’étaient même pas au courant qu’elle était une enfant de Bien-nés, et comme cette Gardienne n’avait pas l’air d’aimer les gens comme ses parents, elle doutait que Nearielle aurait pris la liberté de lui dire ; elle devait quand même connaître sa mère un minimum pour savoir que si elle n’aimait pas les gens comme les parents de son amie, il valait mieux qu’elle garde cela secret auprès d’elle, pour que leur relation n’en soit pas perturbée.
- Par ce que je voulais dire, continua froidement la Gardienne, je disais que tu ne mérites pas d’être sa soeur, encore moins Nearielle doit-elle subir d’être ainsi associée à une famille de meurtriers et de mages noirs.
Des mages noirs ? Elle savait donc bien qu’elle avait des origines quel’dorei, mais elle ne devait pas forcément savoir que ses parents étaient différents de tous ces gens qui étaient devenus fous de pouvoir magique et avaient cherché la destruction de leur monde. Ils s’y étaient au contraire opposés, et elle n’avait pas entendu dire qu’ils pratiquaient une quelconque magie noire. Ça ne pouvait pas être, car son père avait choisi de devenir un druide... abandonnant ainsi sa mère alors qu’elle la portait encore dans son ventre. Ses murmures de chagrin étaient toujours présents dans son esprits, tels qu’elle les y avait entendus.
- Je ne vois toujours pas de quoi vous voulez parler madame, répondit-elle. Mes parents ne sont pas des mages noirs, ils se sont opposés à la maudite Azshara et ses plans.
- Je connais assez bien l’histoire de tes parents, jeune fille. Je connais également très bien celle de ta mère... Alunia Chanteflamme...
Elle ne put retenir un tremblement, parce que qu’elle n’aimait pas quand on faisait spécialement mention de sa mère, la “sorcière” qui refusait d’abandonner ses études de la magie arcanique et avait souvent été en danger de se faire condamner à cause de son entêtement, qui avait encore plus sali son nom en abandonnant à la naissance sa bien-née de fille. Mais en plus, la Gardienne prononça ce nom comme si elle le vomissait, son accent de haine était encore plus fort sur le nom de famille.
- Ça tombe plutôt mal, répondit-elle, je ne connais quasiment rien de ma mère si ce n’est qu’elle a choisi le bon camp pendant la Guerre des Anciens et qu’elle a fini par m’abandonner, et je m’en porte très bien.
- Vraiment ? Et parce qu’elle a eu pour une fois la clarté d’esprit de rejoindre la résistance contre la Légion Ardente, tu crois que cela te mets à l’abri de toutes les atrocités qu’elle et sa famille ont commises pendant des siècles ? C’en est presque mignon, dommage que tu sois bien trop monstrueuse pour en avoir vraiment l’air.
- Est-ce que vous êtes venue ici seulement pour me dire des choses déplaisantes ?! répliqua-t-elle, maintenant énervée. Je n’ai rien à voir avec ma mère ! Elle m’a abandonnée !
- Peut-être, est-ce un bien ou un mal, qui sait. Ce qui est gênant c’est qu’à cause de ça, tu ignores d’où tu viens réellement. Tu ignores quels fardeaux tu as à porter comme tous ceux de ton sang.
- Des... des fardeaux ? Quels fardeaux ?
- Voyons voir..., dit la Gardienne en faisant mine de réfléchir avec une désinvolture désagréable. Une tendance démente vers la soif de sang et la magie, entre autres. Qui ont conduit à produire autant d’individus démoniaques que j’ai assez souffert toute ma vie pour être dégoûtée que leur progéniture existe toujours. Une lignée entière de traîtres, de meurtriers et de tyrans ; que vous ayez été liés à Azshara à un certain moment donné m’étonnerait à peine...
- Ça suffit ! Je n’ai pas de soif de sang ni de magie, et je n’ai rien à voir avec cette démone !!!

Était-ce vraiment la mère de Nearielle ? Une personne aussi vicieuse et pleine de haine que cette Gardienne pouvait-elle vraiment avoir engendré l’éclaireuse pleine de vie, amicale et affectueuse qu’elle connaissait, celle qui l’avait prise comme amie si rapidement qu’elle avait cru à une farce les premiers jours, et débordait d’affection et d’altruisme ? Même si elle savait qu’elle était une Bien-née, jamais elle ne lui avait fait de commentaires aussi affligeants que sa mère le faisait en ce moment !
- Oh si, continua la Gardienne à son grand désarroi. Tu peux l’ignorer, mentir, tu ne pourras pas y échapper. En tant que chasseresse, tu connais cette soif de sang de la vie sauvage, cela est certain et tu ne peux le nier. Quant à la magie... je dois dire que ta tutrice a fait un bon travail en faisant comprendre à une misérable comme toi pourquoi tu ne dois pas l’utiliser. C’est un pouvoir qu’il vaut mieux maintenir enfermé, plus pour les autres que pour toi, Bien-née.
- Je ne suis pas une Bien-née !
Bien qu’elle ne pouvait pas voir le visage de l’elfe derrière son heaume, elle avait l’horrible sentiment que sa persécutrice riait silencieusement derrière, prenant un plaisir pervers à la tourmenter ainsi sur ses origines.
- Je... Je veux que vous partiez, maintenant ! s’écria-t-elle, désespérée de voir cette torture mentale s’éterniser. Je n’air rien fait de mal, qu’est-ce que vous avez à m’attaquer comme ça ! Être une Gardienne ne vous en donne pas le droit, et je dois ajouter que vous ne faîtes rien d’autre que de perdre votre temps ! Peu importe si ma mère est un monstre, a été élevée par des gens immondes, je ne l’aime pas, elle ne m’a rien enseigné du tout, ni en bien ni en mal, et je n’ai absolument pas envie de suivre le même chemin qu’elle !
- Je ne suis pas aussi sûre que toi. Tu lui ressembles bien trop pour avoir le droit de choisir une voie normale comme ton père l’a fait si sagement... Elune sait à quel point c’en est détestable.
- ALLEZ VOUS-EN ! rugit-elle, excédée.
Pleine de colère, elle arma impulsivement son arc. Elle savait tout de même qu’une novice comme elle n’avait aucune chance de blesser une Gardienne expérimentée, mais elle se sentait confortée dans son geste, montrant qu’elle ne se laisserait pas faire. Cependant, cela ne dura pas ; l’elfe adulte ricana brièvement avant de s’approcher, ce qui la fit reculer en craignant d’être réprimandée. Se’llia, percevant encore plus le danger, décolla et vint se placer entre elle et la mère de Nearielle, battant frénétiquement des ailes et des griffes en piaillant furieusement ; Orshan poussa un grondement féroce pour essayer d’intimider la Gardienne.
Celle-ci resta de marbre, les provocations des familiers ne semblaient pas l’intimider. Soudainement, elle agrippa la poignée de son glaive encore accroché dans son dos, et dans un mouvement si rapide que même la jeune elfe de la nuit eut du mal à suivre, elle abattit la lame à pointes tranchante sur la chouette, qui piailla une dernière fois, avant de tomber en deux morceaux sur le sol, répandant son sang et ses plumes sur l’herbe.

Elle était tétanisée, figée d’horreur face au spectacle macabre. L’ours, furieux, voulu charger la Gardienne, mais elle le retint avec toute l’énergie du désespoir, craignant pour sa vie s’il essayait d’attaquer l’elfe adulte. Elle tomba à genoux, prenant fébrilement ce qui restait de Se’llia. Un morceau dans chaque main, elle explosa, poussa un hurlement de douleur et chagrin qui dut bien retentir dans toute la forêt.
- SE’LLIA !!! NON ! NOONN ! Pourquoi avez vous... ?!
La Gardienne commença sa sentence, imperturbable à l’idée d’avoir tué le familier de la jeune elfe en pleurs à ses pieds.
- Je vais me répéter autant de fois qu’il le faudra pour que le message rentre et qu’il ne sorte pas, fille des Chanteflamme. Toute ta misérable vie, souviens-toi de ces fardeaux qu’il te faudra porter, le sang de ces gens que tes ancêtres ont tués, par caprice, en les exploitant jusqu’au sang ou pour leurs rituels malades... Leur goût de la violence et des arcanes, cette folie qui les a portés à la mort. Souviens toi que peu importe où tu iras, cela te suivra jusqu’à ta propre mort... Un jour, peut être, ils viendront te retrouver et essayer de te convaincre de les rejoindre. Suis les, et ce sera avec joie que je te chasserai et te tuerai comme tu le mérites !
- Je n’ai rien fait !!! cria-t-elle désespérée, le visage à présent couvert de larmes et de sang comme elle avait essayé de les essuyer après avoir tenu les restes de Se’llia.
- Pas encore..., murmura la Gardienne assez fort pour que la jeune elfe l’entende.
- Je vous en supplie, non !!! Je n’ai pas envie de devenir comme ma mère ! Je la hais !!! Je la renie depuis que je suis née, et je ne changerai pas ! Je n’utiliserai pas de magie, jamais, je sais ! Je ne suis pas une Bien-née, je suis... !
- Tu es quoi ? reprit-elle en riant. Une kal’dorei ? C’est impossible, Chanteflamme, notre société n’acceptera jamais un monstre comme toi. Tu ne seras JAMAIS une kal’dorei, et PERSONNE ne t’acceptera jamais. Admets-le ! Et maintenant, souviens-toi... Et ne te rapproche jamais de ma fille, ou tu regretteras d’être née !


* * *

Nocturana secoua la tête en essayant de ne plus repenser à ce souvenir abominable. Il fallait toujours que la Gardienne revienne la hanter, et même dès qu’elle cessait d’y penser elle trouvait un moyen de se rappeler à elle... Il ne se faisait aucun doute qu’avec l’apparition d’Estrana, elle reviendrait renouveler le cauchemar ; et cette fois-ci, Marthenon ne serait pas dans les parages pour prendre sa défense, même au péril de sa propre vie. Puis une nouvelle pointe de douleur au coeur lui rappela que penser à l’elfe de sang n’était pas non plus une bonne idée.
Elle continua à courir sur la route, cherchant à mettre le plus de distance entre le Temple et elle. Les autres pourraient se débarrasser des shas plus facilement si elle n’était pas là pour les attirer avec ces pensées noires dont elle ne pouvait pas se libérer seule, et elle ne blesserait personne si jamais elle perdait l’esprit. Ses familiers étaient également loin et c’était tant mieux ; elle ne voulait pas qu’ils soient affectés à cause de ce maudit sha, ni qu’ils soient forcés d’attaquer des innocents à cause d’elle. Ainsi, elle était parfaitement seule.
Même si elle s’était faîte à l’idée que c’était ainsi qu’elle vivait, dans un grand vide que plus rien ne pouvait combler, elle ne put empêcher les larmes amères de lui monter aux yeux. C’était stupide quand même, qui à présent pourrait l’atteindre autant que ces amis en qui elle avait eu foi et qui soit l’avaient trahie, soit avaient péri quand ceux-là ne lui auraient jamais fait de coup bas, comme c’était contraire à leur honneur ?


Dernière édition par Laedera le Sam 19 Juil - 20:55, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: L'Ouragan de la Vengeance   L'Ouragan de la Vengeance EmptyVen 18 Avr - 12:22

L'Ouragan de la Vengeance Screen24

- Je ne vois pas où elle a pu aller ! s’écria Kalterian avec angoisse. La nuit est bien trop sombre pour repérer des traces !
Cette nouvelle n’était pas agréable à entendre, surtout que le temps jouait contre eux. Mais le haut-elfe n’avait pas tort, ils avaient déjà des difficultés à se distinguer les uns des autres dans cette pénombre, alors même pour la vision elfique du Forestier, trouver des traces de pas ou des branches cassées indiquant du passage de l’elfe de la nuit était en soi une épreuve.
- Concentre-toi plus Kalterian ! répondit Kuroshan. Nous ne pouvons pas la perdre alors que les shas la tourmentent !
Marlek se massa le front, essayant de réfléchir, d’avoir une idée qui pourraient les aider. Déjà, il savait que Nocturana ne devait pas avoir complètement succombé à ses démons intérieurs, sinon elle les aurait déjà attaqués au Temple. Logiquement, elle devrait être partie plus à l’est, le plus loin possible du Coeur du Serpent où le Sha du Doute avait été libéré pour la première fois par la Horde et l’Alliance et donc son influence était au plus fort. Il était certain que la chasseresse était forte, suffisamment pour résister aussi longtemps qu’il le fallait, le temps qu’ils arrivent jusqu’à elle.
Alors qu’il rouvrait les yeux, il crut voir comme un éclat argenté dans la pénombre entre les bambous, puis reconnut un morceau de fourrure particulière qui lui était familier. C’était la panthère de l’elfe de la nuit, il en était certain. Il appela Sephira, qui reconnut la voix du moine et courut le rejoindre.
- Ici ! appela Naeria en voyant à son tour le familier arriver.
- Oh..., murmura Haruta. Ce n’est pas le plus amical de tous ceux que j’ai vu.
- Ce n’est pas important, répondit l’humain. Sephira est intelligente, elle doit essayer de trouver de l’aide... Aïe !
La panthère, impatiente comme toujours, avait saisi dans sa gueule la botte du moine et essayait de le tirer dans la direction qu’elle voulait en grognant, assez frustrée de constater qu’elle ne puisse pas déplacer l’humain à sa guise. Marlek parvint à la forcer à desserrer sa morsure, quelque peu agacé par le caractère impulsif de Sephira sur le coup. Une chance qu’elle ne cherchait pas à le blesser, autrement il n’aurait plus de cheville...
- C’est bon, on te suit. Pas la peine de mordre.
Reniflant l’air, elle se retourna et s’élança dans la nuit, s’arrêtant à bonne distance pour que les autres puissent toujours continuer à la suivre. Grâce à son pelage particulier, ils parvenaient à la suivre dans l’obscurité de la forêt, et bientôt ils purent trouver encore plus d’aide de la part des trois loups et de l’ours qui vinrent rejoindre Sephira pour guider les alliés de leur maîtresse jusqu’à l’endroit où Nocturana se réfugiait, en proie à une telle douleur qu’elle leur avait ordonné de la fuir, alors qu’ils étaient ceux qui étaient les plus proches d’elle en temps normal. Les familiers avaient compris le danger et qu’il était temps de trouver un bipède capable d’aider celle qu’ils servaient et appréciaient.

Approchant de la côte, ils avaient à présent une meilleure vision de leur environnement. Nocturana était assise sur un rocher, face à la mer. Elle était repliée sur elle-même, visiblement en train de pleurer, et son corps devenait entièrement noir et blanc. Ce spectacle les prit tous au coeur, qu’une femme qui avait l’air aussi forte et endurante en présence d’autres personne soit ainsi malheureuse, une fois que personne n’était à côté pour la voir. Marlek, en particulier, se reconnut en elle, et se sentit vraiment mal en la trouvant dans cet état.
- La voilà..., murmura Hoji. Mais ça m’inquiète qu’elle ne bouge plus, et puis aucun de ses familiers n’ose l’approcher... Elle n’a quand même pas été possédée ?
- Si vous voyez un masque à l’air étrange sur son visage, répondit Kuroshan, elle l’est.
- Elle n’en a pas, affirma Kalterian. Comment pouvons nous l’aider ?
- Il faudrait pouvoir parler avec elle du problème qui la tourmente... Mais l’ennui c’est que personne ici n’a l’air de savoir de quoi il est question... Je ne me trompe pas ?
Ils essayèrent de trouver quelqu’un parmi eux qui pourrait affirmer le contraire, cependant il ne s’exprima pas, car personne ici ne connaissait quels démons tourmentaient Nocturana et servaient à alimenter les shas. L’elfe de la nuit ne les avait pas encore remarqués alors qu’elle restait prostrée, et ne risquait pas de les découvrir de sitôt tant qu’ils continuaient à prendre des précautions pour ne pas l’alerter. Cependant, ils ne pouvaient pas passer toute la nuit sans rien faire et la laisser être dévorée de l’intérieur.
Finalement, Marlek en eut assez de regarder sa camarade rester dans un tel état sans qu’il n’aie encore rien tenté. Il ne savait rien de ce qui la hantait réellement, cependant ce n’était pas la première fois qu’il la voyait ainsi troublée, il avait au moins déjà pu parler avec elle, et si elle n’avait toujours pas accepté de s’ouvrir à lui, elle devrait comprendre que comme il lui avait déjà confié ses propres peines, il accepterait qu’elle fasse de même. C’était la moindre des choses, qu’il l’écoute après qu’elle l’ait fait. Après avoir déposé ses armes au sol, il se redressa au milieu de ses camarades, et avança sereinement vers l’elfe de la nuit. Sephira se leva également et alla suivre le moine ; l’humain avait de la force, elle le reconnaissait, peut-être était-il celui qui pourrait le mieux aider sa maîtresse.
- Tu penses réussir ? demanda Kuroshan.
- Il en est capable, répondit Hoji avec son habituel sourire. Vas-y Marlek, je te fais confiance.


Nocturana ouvrit un oeil en entendant une voix familière l’appeler, puis sursauta légèrement en sentant un pelage familier venir se frotter contre ses jambes. C’était Sephira, et elle ramenait quelqu’un ; mais qui ? Et pourquoi faisait-elle ça, ne pouvait-elle pas comprendre que personne ne pouvait l’approcher, pas tant que ces abominations rongeaient petit à petit son esprit ? Elle était tendue, mais elle sentit une part en elle s’apaiser en voyant Marlek approcher. Elle connaissait assez le moine pour savoir qu’il n’était pas là pour l’attaquer, cependant elle ne pouvait pas lui permettre de se rapprocher encore plus. Qu’il soit blessé par sa faute était vraiment la dernière chose qu’elle voulait.
- N’approche pas, dit-elle. Prends Sephira avec toi et va-t’en.
- Et te laisser te faire détruire de l’intérieur par les shas ? répliqua-t-il. Jamais.
- Tu es toujours aussi têtu ? dit-elle avec mécontentement en fronçant les sourcils.
- Oui. C’est de famille.
Elle soupira, sentit son esprit vaciller à ce simple mot. Est-ce que tout le monde s’était vraiment concerté pour la tourmenter à ce sujet ? C’était la pire chose qui pouvait lui arriver, de retrouver des membres de sa famille ; son père aurait encore été en vie, peut être que ça aurait été différent, mais ce n’était pas le cas, il n’y avait pour l’instant plus que la demi-soeur née de sa mère, une fille de monstre qui avait engendré des monstres comme elle... du moins c’était ce qu’elle pouvait penser plus aisément en n’ayant pas son visage doux sous les yeux qui criait le contraire. De son côté, le moine vit que l’elfe de la nuit réagissait vraiment mal à ce simple mot. Il l’avait prononcé exprès pour le vérifier, et à présent il ne pouvait pas en avoir le coeur plus net.
- C’est donc ça, dit-il, la découverte d’Estrana suffit à te mettre mal à l’aise parce que vous êtes soeurs. Qu’est-ce qui s’est passé pour que tu sois aussi allergique à ce concept ? Un père meurtrier, une mère assassinée et qui t’a abandonnée à la naissance ?
- Presque ça, marmonna Nocturana.
Sur le coup, elle failli se maudire d’avoir laissé échapper quelque chose d’aussi révélateur, même en face d’un camarade. Elle luttait pour que personne n’en sache rien, pourquoi fallait-il qu’elle sorte ça alors qu’elle savait que Marlek allait continuer encore et encore à la questionner jusqu’à avoir la vérité ?
Ne lui dis rien, tu t’en sors bien mieux quand tes secrets restent bien gardés en toi... Cache-les, ne ressens rien...
La voix du Doute persistait, mais à présent qu’elle avait pris de la distance de leur origine elle faisait moins de pression, et elle put trouver à quel point ces pensées, qui dérivaient des siennes, étaient absurdes. N’était-ce justement pas en essayant de tout enfuir que tout avait dérapé et causé un tel désordre ? Elle le sentait, elle avait atteint un point où elle en avait assez de se cacher, autant profiter de l’opportunité que lui présentait le moine pour tout relâcher, avec un peu de chance elle serait délivrer, et autrement... et bien, elle verrait.
Non sans difficulté, elle commença à tout dire à Marlek. Comment est-ce qu’elle avait passé des mois entiers dans un état entre l’éveil et le sommeil à devoir subir les lamentations de sa mère qui en voulait à son père de l’avoir abandonnée avec son enfant, à elle pour être apparue aussi tard, aux kal’dorei pour la rejeter et ne pas comprendre que les Arcanes étaient une chose naturelle qu’il n’avait aucune nécessité de bannir ; cela s’était achevé à sa naissance, où une fois leur lien coupé, Alunia Chanteflamme avait abandonné sa fille à une prêtresse et disparu dans la tempête de neige de ce soir-là. Elle lui raconta son enfance, isolée des autres elfes de la nuit qui ne pouvaient s’empêcher de se souvenir qu’elle était une enfant de Bien-née et le lui faire remarquer ; elle avait trouvé réconfort dans la compagnie des animaux, et de temps à autres Séréphios lui fournissait son soutient quand il passait à Pluie d’Étoiles, malheureusement ce n’était que quelques fois au cours de l’année.

L’enfance n’était pas bien compliquée à raconter, mais ça se compliqua quand il fallut parler de la maudite Gardienne, A’jani le “Corbeau de Fer”, la mère de sa meilleure amie de lors, Nearielle. Il lui fallut faire plusieurs pauses pendant qu’elle décrivait chacune des paroles pleines de haine qu’elle lui avait adressé cette nuit-là et qui restaient gravées au fer rouge dans son esprit depuis lors. Marlek était révolté en entendant cela, se dit que malgré son enseignement de moine il serait bien tenté de retrouver cette femme et de lui faire payer toute la torture mentale qu’elle avait infligée à quelqu’un d’aussi remarquable que Nocturana. Pour une fois, il se demandait à peine ce qui pouvait motiver une chose aussi atroce et dénuée de compassion. Comme il avait pu se rapprocher de l’elfe de la nuit, il la prit dans les bras pour la rassurer alors qu’elle fondait à nouveau en larmes ; il profita de l’occasion pour utiliser sa magie de chi afin de chasser doucement les émanations de sha au sein de Nocturana.
- Alors c’est pour ça que tu as réagi comme ça en face d’Estrana, murmura-t-il. Tu as peur qu’elle soit comme les membres de la famille de ta mère qui ont été de véritables crapules, mais aussi que si tu arrives à te rapprocher d’elle dans le cas contraire, tu crains que cette femme ne s’en prenne à toi, voire à vous deux.
- Je commence à me dire..., dit l’elfe entre deux sanglots, qu’Estrana n’a pas l’air comme les autres Chanteflamme dont on m’a exhibé les têtes sanglantes. Si elle est vraiment aussi innocente qu’elle en a l’air, j’ai peur de ce que la Gardienne n’essaie de lui faire... elle ne le mériterait pas.
- Si elle revient, tu as tout à fait le droit de contre-attaquer, répondit Marlek. Peu importe si tes ancêtres ont été immondes, l’ont fait souffrir, toi tu ne lui avais rien fait et tu n’es pas comme eux. Elle n’avait pas à t’attaquer comme ça, c’est juste aussi pervers et vicieux !
- Elle reste quand même la mère de Nearielle...
- Je crois que Nearielle devrait apprécier que quelqu’un remette sa mère à sa place un de ses jours, répliqua-t-il. De ce que je connais d’elle, elle ne tire vraiment rien de cette A’jani, seulement son aptitude au combat.
Nocturana hocha distraitement la tête. Il est vrai que depuis sa rencontre avec A’jani, Nearielle était devenue de moins en moins élogieuse de sa mère, et elle avait un jour entendu dire qu’elles s’étaient violemment disputées, cela s’était passé peu après qu’elle soit revenu de cette première séance de torture, traumatisée ; après cela, la future Voleuse avait persisté à rester aux côtés de sa camarade, et même si leurs liens se furent un peu refroidis à cause de l’intervention de la Gardienne, elle s’était toujours montrée d’un bon soutient... Cependant, sa mère trouvait toujours le moyen de revenir, quand sa fille n’était pas, là pour la tourmenter encore plus.
- Est-ce que c’est tout ? demanda Marlek.
- C’est loin d’être la fin des malheurs que j’ai connu, soupira Nocturana.

Elle continua, passant plusieurs années en avant jusqu’à la Bataille du Mont Hyjal, la perte de son père qui s’était sacrifié pour sa vie alors qu’elle l’avait rejeté quelques jours plus tôt. Elle s’en était voulu pour plusieurs années après cela. Puis elle avait rencontré Drakgosh, Marthenon, de plus en plus de camarades qui pouvaient provenir de toutes les races, tous les milieux. Loin de Kalimdor, du possible champ d’action de la Gardienne, elle avait pu grandir, connaître un moment de répit. Même lorsqu’ils affrontaient le Roi-Liche, la découverte des dragons avait été un véritable événement pour elle, nombre de bonnes choses lui étaient arrivées. Et puis il y eut le Cataclysme...
Des amis disparurent, Lædera, Fagnar et son épouse, le monde autour d’elle menaçait de s’effondrer, et elle devait essayer de concilier le fait qu’elle avait accepté la demande en mariage d’un Chevalier de la mort ; même s’il s’agissait d’un elfe qu’elle avait véritablement aimé quand elle était enfant, le fait qu’il soit mort-vivant la perturbait... Pourtant, son existence tenait à ce qu’elle l’accepte, comme il était toujours amoureux d’elle, et elle ne voulait pas le perdre une fois de plus. Puis il avait enfin perdu le contrôle, elle avait échoué à le raisonner et c’était Marthenon, son meilleur ami, celui qu’elle voyait comme un frère, qui l’avait définitivement tué.
- C’était mieux ainsi, dit Marlek en réponse.
- Pourquoi ? demanda Nocturana sans se départir de son air sombre.
- Regarde-toi, tu en parles à peine comme si ça avait été une grande tragédie parce que même s’il était mort-vivant tu l’aimais toujours. Tu t’es sentie soulagée dès qu’il n’était plus là, mais tu n’osais pas l’avouer, parce que tu as peur que c’est une insulte à son amour... un amour déraisonnable, qui n’aurait pas marché avec toi, qu’il ait été vivant ou pas.
- Comment peux-tu dire ça ?! s’offusqua-t-elle.
- Il t’aimait peut être comme un fou, mais ne prenait pas en compte tes sentiments. Je sais que les elfes de la nuit n’ont pas d’affection pour les non-morts, et en plus de cela tu partages l’idéal des dragons rouges qui défendent la Vie. Il devait bien savoir qu’à cause de ça, tu aurais difficilement accepté sa demande, au nom de tes principes. Il était forcé, vu qu’il était lui même un kal’dorei ! Mais il a préféré jeter toutes ces valeurs à la poubelle, et pour bien s’assurer que tu l’acceptes au détriment de celles-là alors qu’elles te sont chères, il t’a mis sa vie... enfin, sa non-mort sur la balance. Peut être que je ne connais pas assez Séréphios pour bien le juger, mais je trouve ce qu’il a fait complètement égoïste ! L’amour n’est pas un prétexte pour ce genre de conduite !
Elle ne chercha même pas à essayer de le contredire, au fond d’elle une petite voix lui avait souvent dit que ce n’était pas avec l’elfe de la nuit qu’elle trouverait véritablement le bonheur, et elle trouvait que les propos de Marlek prenaient leur sens. Elle se souvenait encore à quel point elle s’était sentie déchirée lorsque le Chevalier avait fait sa demande, juste après lui avoir dit qu’il ne vivait plus que pour elle... Devait-elle suivre ce qu’elle sentait être correct par rapport à ce en quoi elle croyait, et refuser la demande, ou accepter malgré tout... parce qu’ils étaient au Fjord Hurlant et que les falaises étaient quand même très hautes, qu’est-ce qui ne lui disait pas que si elle disait “non”, Séréphios ne se jetterai pas de là-haut ? C’était ce qu’elle s’était dit à ce moment, c’était encore clair dans sa mémoire.
- Tu as raison en plus..., murmura-t-elle.
Moins d’une heure après, Marlek fut finalement au courant de tous les tourments qui agitaient l’âme de Nocturana. Après la Gardienne, Séréphios... il y avait le guerrier elfe de sang, Marthenon. Il s’était douté qu’il était quelqu’un de très important pour que l’elfe de la nuit le mentionne aussi fréquemment, et il sentit notamment qu’il l’appréciait avant même de le connaître, quand elle lui raconta que l’an passé, au Mont Hyjal, il avait frappé et fait tomber à terre le “Corbeau de Fer” après qu’elle ait encore une fois de plus tenté de dénigrer Nocturana devant tous ses camarades, faisant en plus référence à la mort encore récente de Séréphios et leur “amour” contre-nature. Il fut cependant surpris quand il entendit parler de ce qu’il était devenu, depuis qu’il avait participé à la destruction de Theramore, l’y avait laissée alors que la bombe de mana devait y tomber à peine quelques heures plus tard.
- Je commence à comprendre pas mal de choses, dit-il. Entre autres pourquoi Danessia Flèche-d’Aurore a l’air de si bien te connaître alors que tu n’es pas autant impliquée pour l’Alliance qu’elle.
- Et oui... Il était son fils, je le considérai comme un frère, et voilà qu’il nous a tourné le dos et combat tout ce que pour quoi nous nous battons d’habitude.
- Comme un frère ? s’étonna-t-il.
- Oui, nous sommes... enfin, nous étions bien trop proches pour n’être que de simples amis.

Le moine haussa un sourcil et voulut répliquer quelque chose, mais Nocturana l’interrompit soudainement quand elle constata le changement qui s’était opéré en elle au cours de cette heure passée.
- Attends une minute... Les shas sont partis ! Comment ?
- Quand je t’ai prise dans mes bras tout à l’heure, j’ai utilisé un peu de mon chi pour les faire partir petit à petit.
- Et... tu as continué à m’écouter et parler avec moi pendant tout ce temps, même quand tu avais fini ?
- Bien sûr.
- Je... Pourquoi ?
- Parce que je n’ai pas commencé à te parler afin d’avoir une ouverture et de chasser les shas. Tu avais besoin de parler de tout ce que tu avais sur le coeur et j’étais prêt à écouter. Je ne connais que trop bien ce genre de souffrance, sans Hoji, Naeria et Kuroshan, je n’y aurai pas survécu. Et maintenant, j’ai du mal à voir des camarades dans le même état.
Nocturana était stupéfaite. Elle ne s’était jamais sentie aussi apaisée depuis très longtemps, surement après que Drakgosh avait été tué par des officiers de Theramore, la privant définitivement de l’orc mûr qui savait l’écouter et la rassurer sur toutes les peurs qu’elle avait, et à côté elle pouvait parler avec lui de ses propres hantises. Sur le coup, elle eut honte d’avoir attendu aussi longtemps avant de parler à Marlek, alors que tout ce temps c’était lui qui pouvait reprendre ce rôle... elle aurait dû s’en douter, au Territoire du Lion, qu’il était quelqu’un qui était capable de garder ce genre d’échange qui leur profitait à tous les deux.
Finalement, Nocturana remercia le moine, réellement reconnaissante, puis ils se levèrent pour rejoindre l’autre groupe. Sephira, heureuse de voir que sa maîtresse était à présent mieux, leur fit la fête à tous les deux, montra aussi beaucoup d’affection pour Marlek, ce qui les amusa assez. Les autres familiers virent se ruer sur l’elfe de la nuit pour presser leurs museaux contre elle, tellement ils avaient été inquiets pour elle. En revanche, retrouver leurs camarades fut un moment un peu embarrassant pour l’elfe de la nuit, qui se sentit très ennuyée de leur avoir causé autant de soucis. Les pandarens lui assurèrent sincèrement qu’elle n’était pas en cause et que c’était une bonne chose que cet événement lui ait au final permis de se libérer de ses démons intérieurs.

Ils allaient se remettre en route, mais une dernière crainte vint s’imposer à l’esprit de Nocturana : que devait-elle donc faire à propos d’Estrana ?
- Tu devrais aller lui parler, suggéra Naeria. Je ne pense pas qu’elle soit allée à ta recherche dans de mauvaises intentions, mais plus parce qu’elle est seule... elle a l’espoir que la famille lui permettrait de combler le vide qu’elle ressent.
- Vraiment ?
- Elle a l’air fragile et perdue quand Simine n’est pas là, et je crois avoir compris que cette gnome est en quelque sorte son mentor... même si je suis curieuse de savoir en quoi.
- En sorts de feu, lui répondit Kuroshan. Elle me l’a dit, elle avait des lacunes à ce sujet et la petite demoiselle est très forte dans cet art.
- Ah. Bref, rien qu’à la voir je suis certaine que c’est de ça qu’il s’agit. Elle a besoin d’un modèle familial, et quand on n’a plus de parents... un grand frère ou une grande soeur est généralement bienvenu.
- Mais alors..., réalisa Nocturana. Oh la pauvre, j’ai du la détruire en la repoussant aussi violemment.
Ses craintes quant à la Bien-née lui semblaient de plus en plus infondées à présent qu’elle avait parlé raisonnablement avec Marlek du problème. Elle craignait toujours que le visage innocent ne soit qu’un masque, mais ça lui semblait irréel, surtout qu’elle était amie avec Simine, et que même si la gnome était très affectueuse avec les gens en général, elle avait tout de même une bonne intuition et un flair pour dire si quelqu’un présentait une menace ou non. Elle ne serait pas allée lui parler si elle avait senti qu’Estrana pourrait peut être poser un danger pour elle.
- Je pense que vous devriez passer encore quelques temps à réfléchir de votre côté, dit Kuroshan. Il faudra cependant dire à Estrana ce qui s’est passé pour que vous ayez réagi ainsi, qu’elle soit capable de comprendre... Êtes-vous d’accord ?
- C’est d’accord, répondit-elle après avoir réfléchi. Marlek, tu pourras t’en charger s’il te plait ?
- Sans aucun problème.
- Très bien, acquiesça le guerrier. Prenez la nuit pour vous reposer, et demain vous pourrez discuter... essayer de décider ce que vous ferez.
Elle les remercia, espérant parvenir à une résolution qui serait juste par rapport tant qu’à elle qu’à sa nouvelle demi-soeur. À présent, elle aurait aimé que la découverte se soit faite dans un moment moins agité, dans lequel elle ne se serait pas montrée aussi sauvage, agressive, ou elle aurait éventuellement pu réfléchir et réagir avec calme... mais pour cela, elle aurait dû accepter de raconter tout ce qu’elle avait sur le coeur à Marlek bien plus tôt, et elle ne savait pas si elle l’aurait fait sans cet événement. Elle soupira avec appréhension en pensant à la tâche qui l’attendait.

* * *

Le reste de la nuit était passé calmement dès lors que les shas avaient été repoussés. La plupart des défenseurs n’avaient néanmoins pas été retournés se coucher tant qu’ils n’avaient pas de nouvelles de l’elfe de la nuit, et quand ils virent qu’elle était sauve et purifiée, ils exprimèrent tous à leur façon leur soulagement. Comme certains s’y attendaient, Estrana se tenait en retrait, l’air contente de voir que sa demi-soeur allait bien, mais ne semblant pas avoir envie de s’approcher pour le moment, ce qui était compréhensible ; Marlek et Naeria allèrent tout de suite à sa rencontre afin de la mettre au courant du vrai problème, et invitèrent leurs autres camarades à venir également, vu que Nocturana avait pensé en chemin que ce serait mieux qu’ils sachent quel avait été le problème après tout le soucis qu’elle leur avait causé.
Quand elle se réveilla, la chasseresse se sentit différente, légère, ce qui ne lui était pas arrivé depuis un certain temps. Elle se souvint cependant assez rapidement qu’il fallait régler la situation avec Estrana, ce qui vint lui ajouter un premier poids sur la conscience. Hàti vint caresser ses genoux pour la rassurer alors qu’elle réfléchissait à tout ce qu’elle pourrait dire. Tout dépendrait de ce qu’elle pourrait apprendre sur sa demi-soeur à présent, mais si elle était bien la jeune fille douce et innocente qu’elle avait vue, elle sentait qu’elle aurait beau essayer, elle ne pourrait pas vouloir la renvoyer. Ensuite, il fallait encore savoir si la Bien-née se sentait également toujours d’envie de créer des liens avec elle, après ce qui s’était passé hier soir. Enfin, quand elle estima que tout le monde devait être levé, Nocturana quitta sa chambre pour aller trouver celle de sa demi-soeur.
Estrana était de son côté en train de réfléchir à ce qu’elle avait appris. Elle avait cru que le rejet de la chasseresse était lié au fait que leur mère était devenue la compagne d’un autre elfe après l’avoir abandonnée aux kal’doreis, cependant elle ne s’était pas imaginé qu’elle avait subi des persécutions aussi horribles pendant toute sa jeunesse. Cette Gardienne était visiblement quelqu’un de très menaçant, elle craignit de ce qui arriverait pour Nocturana si jamais celle-ci parvenait à éprouver l’envie de former un lien avec elle. Elle avait déjà très peur de ces elfes redoutables, se souvenant du complot fomenté par leur ancienne chef à Darnassus qui voulait créer un massacre de tous les Bien-nés comme elle alors que les Archimages de Shen’dralar avaient réussi à obtenir de Tyrande et Malfurion que les leurs puissent revenir auprès des elfes de la nuit, alors que le Cataclysme approchait. Plongée dans ses pensées, elle n’entendit pas Nocturana arriver dans la pièce.
- Estrana ? l’appela-t-elle.
- Oh ! fit-elle en sursautant tandis qu’elle reconnaissait la voix de Nocturana. Bonjour... Nocturana.
La chasseresse sut que la jeune elfe avait hésité quant à si elle allait l’appeler “soeur” ou par son nom. Pour le moment elle n’avait pas l’air de penser que le terme pouvait être utilisé entre elles... elle n’avait pas l’air tellement optimiste à l’idée qu’elle pourraient vraiment devenir membres d’une même famille. Très certainement, le très court “échange” qu’elles avaient eu hier l’avait un peu refroidie à ce sujet. Cependant, son regard continuait à scintiller d’une petite lueur d’espoir, qui persistait malgré tout.

Un peu inquiète de si leur discussion pourrait mal finir malgré son envie de rattraper tous les mauvais pas d’hier, Estrana, invita quand même sa demi-soeur à s’installer sur le coussin en face d’elle, se décidant à discuter dès maintenant pour que le problème soit réglé rapidement, pour le meilleur ou le pire - en espérant que le pire ne viendrait pas. Les deux elfes restèrent longuement assises sans oser parler ni se fixer trop longtemps, pendant qu’elles essayaient de trouver quelque chose à dire pour leur première discussion entre “soeurs”.
- Est-ce que tu as un père ? essaya à un moment Estrana.
- Non..., répondit Nocturana. Il est mort, pour que je puisse vivre.
- Oh. Je... Je... Je suis désolée...
Le silence continua encore un moment ; la Bien-née s’en voulait d’avoir posé une question aussi stupide qui devait avoir ruiné toutes ses chances d’établir une bonne relation avec sa demi-soeur, elle s’en mordait la lèvre tellement elle se sentait honteuse. Elle craignit d’avoir rendu Nocturana encore triste si cette mort lui avait pesé, qu’elle lui en veuille. Mais la chasseresse sentait que cette gaffe n’était pas intentionnelle, et ne voulut pas que cette pause embarrassante se prolonge plus.
- Et... Et toi ? tenta-t-elle à son tour.
- Euh... Il est mort aussi.
Cette fois ce fut au tour de Nocturana de penser à quel point sa question avait été stupide. Naeria lui avait pourtant dit qu’elle devait la chercher parce qu’elle n’avait plus personne, elle aurait dû se douter qu’elle non plus n’avait ni père ni mère.
- Il..., continua la jeune elfe comme rien d’autre ne venait. Il a voulu accompagner notre mère quand elle voulait que tu puisses venir avec nous... et ils ont été assassinés.
- Mère... Elle voulait me reprendre ? Pourquoi ?
- Je ne me souviens pas très bien, mais elle n’était pas très bien avant qu’ils ne partent. Celle qui m’a élevée m’a dit qu’elle s’en voulait de t’avoir laissée alors qu’elle avait retrouvé le bonheur,  et mon père lui a dit qu’ils pourraient retourner ensemble dans le nord pour aller te chercher, pour que tu vives avec nous.
- Ah... Et... saurais-tu pourquoi elle m’avait laissée ?
- Une histoire comme quoi elle ne savait pas si elle allait trouver d’autres Bien-nés au terme de son voyage et si tu serais encore avec elle à ce moment. Nialera m’a dit qu’elle lui avait raconté qu’elle avait préféré que tu restes avec les kal’dorei seule, pour que tu puisses avoir un avenir avec eux et que ta magie ne grandisse pas si elle n’était pas à côté. Et puis quand je devais avoir huit ans, elle a changé d’avis, mon père l’a accompagnée... et ils sont morts.

Alors en plus de vouloir qu’elle soit élevée comme une kal’dorei, comme la prêtresse qui s’en était chargée le lui avait raconté, elle avait estimé qu’elle devait partir sinon elle aurait trop de pouvoir magique, qui serait mal vu par ses pairs. Nocturana reconnaissait quelque part que sa mère avait malgré tout voulu lui offrir un avenir meilleur que le sien, qui était alors incertain ; le chemin de Berceau de l’Hiver jusqu’à l’ancienne ville Bien-née en Féralas était long et dangereux, ce qui n’avait d’ailleurs pas changé à leur époque.
Cependant, elle ne pouvait malgré tout pas s’empêcher de penser qu’elle aurait peut être pu trouver de meilleurs protecteurs qu’une prêtresse d’Elune qui la laisserait livrée à elle même la plupart du temps et qui échouerait à convaincre les habitants de Pluie d’Étoile de considérer la petite fille que la Bien-née avait abandonnée comme une elfe de la nuit normale, qui n’avait rien à voir avec l’héritage de ses ancêtres comme elle s’en retrouvait entièrement coupée.
- Qui les a tués ? demanda-t-elle ensuite.
- Le Prince Tortheldrin. J’ai appris après sa mort qu’il avait tué nombre de ses sujets pour en nourrir un démon qui nous fournissait de l’énergie arcanique... à ce prix sanglant, dont je ne savais rien vu que j’étais trop jeune et qu’il s’agissait du sang de mes parents.
- J’en ai entendu parler. Et donc, qui a pris soin de toi ?
- Nialera, elle était assez jeune quand notre mère lui a dit de veiller sur moi avant de partir. Elle était gentille, mais elle était beaucoup plongée dans les livres et trop vieille pour jouer avec moi quand j’étais une enfant, dit-elle avec un petit rire qui n’indiquait cependant pas que ça l’avait réellement amusée à l’époque.
- Je connais ça, à peu près. La prêtresse à qui ma mère m’a confiée passait tellement de temps à prier que je me retrouvais seule à jouer dans la neige... et je n’avais pas une énorme dévotion pour Elune quand j’étais petite.
“C’est peut être pour ça qu’elle a l’air de ne pas m’aimer” songea-t-elle avec un vague amusement.
- Tu as donc bien grandi au Berceau de l’Hiver ? J’y suis allée et j’ai entendu parler de toi, mais personne ne pouvais me dire où tu étais partie après ce qui s’est passé au Mont Hyjal.
- Je n’y suis pas beaucoup revenue après la Bataille du Mont Hyjal.
- Je vois, j’imagine, ça devait être plus amusant d’avoir tout un nouveau monde à explorer, à côté de l’autre que tu connaissais déjà. Ça aussi ça me rappelle que je ne suis toujours pas revenue à Eldre’Thalas depuis que je peux aller à l’extérieur.
- On te l’interdisait ?
- Oui... “Ne sors pas, ou les monstres qui ont tué tes parents te dévoreront !”... Quand je pense que ces monstres-là étaient à l’intérieur pendant tout ce temps-là...
- Ça arrive trop souvent, soupira Nocturana.
Estrana acquiesça tristement. Une fois de plus, le silence revint s’installer pendant quelques minutes, leur laissant le temps de méditer sur leur premier échange jusqu’à ce point. Elles se sentaient assez satisfaites d’avoir pu converser autant sans qu’il n’y ait eu d’accrocs, le moment embarrassant du début passé. La chasseresse constatait à présent que sa demi-soeur était bien une jeune elfe de la nuit normale, qui souffrait d’avoir été privée de ses parents et maintenue en isolation pendant des siècles. Cette expérience n’en avait cependant pas fait quelqu’un de sombre, pessimiste, mais tout le contraire ; elle respirait malgré tout la joie de vivre, et Nocturana trouvait cela rafraichissant.
La jeune Bien-née sentait des milliers de questions à poser à sa soeur se presser à son esprit, mais les retint pour le moment. Dans cette conversation, Nocturana correspondait tellement bien à la grande soeur qu’elle s’était imaginée, grande, forte, posée, capable de lui sourire et de parler avec elle. Elle en oubliait presque ce qui s’était passé hier, mais si le souvenir resurgissait, elle se rappelait également que sa soeur était alors en proie à un immense tourment que l’humain avait heureusement réussi à dissiper. Elle gardait bien en note que toute sa vie, sa soeur avait été habituée à voir quiconque lié par le sang à leur mère comme un monstre assoiffé de sang et de pouvoir, cruel... tout ce qu’elle n’était pas, et un rôle dans lequel elle peinait à s’imaginer. Mais si elle voulait justement prouver à sa soeur qu’elle n’était pas ainsi, la même pensée d’inquiétude la taraudait, au sujet du “Corbeau de Fer” : et si elle venait à entendre parler de leur rencontre ?
- L’humain, Marlek, m’a parlé de la Gardienne, dit alors Estrana.

Elle vit que Nocturana réagissait quand même à sa mention, l’un de ses poings se refermait légèrement, elle cillait. La Bien-née se doutait qu’un personnage pareil n’était pas facile à effacer de la mémoire d’une elfe de la nuit, encore moins si elle prenait soin de réapparaître régulièrement pour la hanter. Mais sa soeur avait révélé l’existence de ce fantôme à son ami, celui-ci avait essayé de l’aider à l’exorciser. Quelle attitude adopterait-elle dès lors ? Cependant, l’elfe de la nuit continua à réfléchir en silence, et Estrana craignit qu’en fin de compte elle ne se sentait pas prête si cette femme cruelle revenait à cause d’elle.
- Peut être que... Si tu sens que tu auras à nouveau des ennuis à cause de moi, je devrais peut être... prendre des distances ? suggéra-t-elle avec difficulté.
- Ce n’est pas ça qui arrêtera cette perverse, répondit Nocturana avec fermeté. Tu seras aussi en danger si elle apprend que nous nous sommes rencontrée, elle ira certainement à ta poursuite... Et je crains ce qu’elle risque de te faire.
La jeune mage sentit son corps trembler, la peur s’insinuer doucement. Elle ne voulait vraiment pas croiser la route de cette kal’dorei-là. L’image de ces guerrières à ses yeux s’était retrouvée beaucoup ternie lorsqu’elle était arrivée à Darnassus, et elle avait déjà du mal à ne pas craindre d’avoir affaire à un danger potentiel dès qu’elle reconnaissait l’un de leurs uniformes.
- Restons proches l’une de l’autre, déclara alors Nocturana en la surprenant.
- H... Hein ? Vraiment ? Mais... Est-ce que ça ne risque pas de la mettre en colère ?
- Peu importe ! s’exclama la chasseresse, une lueur sévère et résolue illuminant son regard. Je n’en ai plus rien à faire de ce que cette vieille harpie pense. C’est ma vie, et si elle essaye une fois de plus de me faire vivre l’enfer, je lui ferai payer, et si elle continue quand même à me menacer ainsi que toi, à cause de crimes commis par des grands pères et des grands mères que nous n’avons jamais vu ni connu de nos vies, alors je la tuerai ! C’est vrai, pourquoi devrions-nous payer pour les exactions de ces gens, nous n’avons rien à voir avec eux ! Et est-ce que notre mère ne s’est justement pas battue contre leur folie, afin que nous puissions avoir un futur ?! Je ne laisserai pas une folle comme A’jani le Corbeau de Fer gâcher tout cela seulement parce qu’elle a besoin d’un bouc émissaire sur lequel répandre toute sa haine !

Estrana ouvrit de grands yeux devant autant d’énergie à laquelle elle ne s’était pas attendue, puis elle se fit rappeler que sa soeur était une chasseresse, une combattante qui touchait avec le monde sauvage qui avait ses lois aussi dures que celles de la civilisation. Déjà, elle avait vu hier à quel point elle avait de cette vigueur, et jura de se rappeler qu’il valait mieux ne pas en être la cible dans son propre intérêt. Elle se sentait vraiment admirative de cette grande soeur nouvellement régénérée, forte et décidée.
- Waouh, fit-elle. Tu as l’air vraiment forte, j’aimerais bien être comme toi... Mais à la place je suis toute timide et silencieuse, ajouta-t-elle avec un faible rire.
- Je peux peut-être t’aider pour ça. Je te souhaite juste que tu ne deviennes pas “forte” en devant passer par toute la souffrance que j’ai connue.
- Oui, je vois... Alors... , ajouta-t-elle après une pause. Est-ce que nous sommes... soeurs ?
Un nouveau moment de silence se fit, mais plus court cette fois-ci. Nocturana prit le temps de réaliser tout le changement qui était impliqué. Elle avait une soeur, c’était une évidence qu’elle ne pourrait pas nier. Et celle-ci était une personne de bien, qui pouvait le rester, mais à condition que quelqu’un y veille. Estrana la regardait avec tant d’admiration, elle comprit qu’elle était comme Naeria lui avait dit ; elle était encore jeune et avait besoin d’un modèle familial pour grandir. Qu’elle puisse être la meilleure soeur au monde ou pas, Nocturana sentait à présent d’instinct que c’était sa responsabilité de veiller sur le sort de sa cadette, et à présent que ses inquiétudes au sujet de celle-ci étaient dissipées, elle était volontaire pour l’endosser.
- Oui, dit-elle, soeurs.


Dernière édition par Laedera le Sam 19 Juil - 21:13, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: L'Ouragan de la Vengeance   L'Ouragan de la Vengeance EmptySam 10 Mai - 22:26

L'Ouragan de la Vengeance Screen25


Arkalea se tenait horrifiée en face du paysage dévasté qui lui faisait face. Une fois encore, c’était les ruines de Theramore. Encore, elle vit les cadavres remplis à profusion de l’énergie arcanique qui avait causé leur mort. Encore, les rochers flottant en silence comme en Outreterre, les lumières dansantes qui auraient pu être magnifiques à contempler si on ne les avait pas trouvées sur un champ de bataille, après l’explosion d’une machine infernale. Elle ne pouvait rien faire à part les regarder, en pensant aux âmes de ces hommes et femmes qui se battirent avec tant d’honneur, flottant aux alentours, hurlant d’agonie après la perte de leurs vies, réclamant vengeance contre leurs meurtriers... contre elle, qui avait fait partie de cet assassinat. Son visage se couvrit de larmes amères.
- Quel gâchis..., soupira tristement la voix de Drakgosh.
Elle se retourna, surprise. Son oncle se tenait derrière elle, regardant dans le cratère. Il n’avait pas l’air en colère, ni dévasté, il était juste mélancolique. Sa culpabilité augmenta alors qu’elle le reconnut, cet orc qui autrefois voyait Theramore comme un exemple de l’harmonie entre les factions, qu’il recherchait dans ce monde après la bataille du Mont Hyjal... Cette même cité dont venaient les officiers qui l’avaient assassiné, qu’elle et son frère d’armes qu’elle aimait tant avaient aidé à détruire...
- Je suis désolée mon oncle ! pleura-t-elle. C’est entièrement de notre faute ! Tout est de notre faute !
- Non mon enfant, répondit l’orc en s’approchant d’elle, ça ne l’est pas. Vous ne saviez rien des plans du Chef de Guerre. Vous n’auriez d’aucune façon pu savoir ce qui allait arriver.
- Mais nous avons tué tous ces gens ! Ils... Ils ont combattu avec honneur pour défendre leur foyer... Il n’y avait bien qu’un homme de vicieux qui méritait de mourir pour ce qu’il t’a fait, pas les autres. Il y avait des gens qui protégeaient les civils qui restaient parce qu’ils voulaient aider à défendre leur foyer, le Kirin Tor... même des draeneïs. Et il y avait votre amie... Nous... Nous l’avons assassinée...
- Arkalea, tu dois savoir que tu n’as pas à te sentir coupable pour ce qui est arrivé. Rien de tout cela n’était de ta faute. Les événements ont juste suivi leur cours, et vous avez été là pour le voir, mais aucun de vous n’aurait pu changer quoi que ce soit, aussi triste cela soit-il. Que cette vision ne te hante plus, désormais...
- Hélas mon oncle, elle continuera à me hanter... Marthenon y est “mort” aussi, en quelque sorte. La mort de votre amie l’a dévasté. Il... il n’arrive pas à aller de l’avant, il pense qu’il ne peut plus exister maintenant que cette Nocturana est morte, et parce que c’est arrivé devant ses yeux ça le détruit. Je ne peux rien faire pour le faire sortir de cet enfer... Comment lui faire comprendre que la vie ne s’est pas arrêtée là ?
- En continuant à faire ce que tu as fait depuis lors. Maintenant écoute moi... Arkalea Lame-de-Givre, tu dois chasser tout ce chagrin et ce désespoir qui te pèse sur ton âme. De grands dangers approchent, et il ne tient qu’à toi de continuer à agir pour repousser les griffes de la mort qui essayent de le saisir. À un moment, tu auras l’impression que l’échec te tient... c’est là que tu verras que le destin est à l’œuvre.
L’orque resta stupéfaite devant ces paroles. Elles résonnaient distinctement dans son esprit, s’imprimant profondément dedans de sorte à ce qu’elles ne disparaissent pas avec la majeure partie du rêve. Alors qu’elle sentait son esprit s’élever et ses sens se rétablir, elle vit soudainement les ruines de Theramore changer. Du cratère irradiant d’énergies arcaniques sortir une gigantesque tornade de fumée noire et blanche, hurlant comme si elle était vivante et en colère et dévastant les débris restant sur son chemin circulaire. Elle reconnut l’énergie sha dans une manifestation très violente, ce qui l’angoissa beaucoup comme elle sentait un danger approcher. Après quelques longues secondes, l’ouragan cessa brutalement, et elle vit un drake rouge tomber du ciel avant de s’écraser au sol dans une mare de sang qui vint l’asperger en se propageant à une vitesse folle comme un raz de marée mortel.



La jeune mage ouvrit soudainement les yeux, se découvrant avec un soulagement relatif dans son hamac à la Halte de la Domination, fermement cramponnée aux cordes du rebord. Elle se sentit rassurée de ne plus être dans les ruines de Theramore, mais être dans la base d’opération où siégeaient la plupart de ceux qui avaient ordonné la destruction de cette ville - à l’exception du Chef de Guerre qui repartait fréquemment à Orgrimmar, quand il ne partait pas en expédition à l’intérieur de la Pandarie en espérant trouver des armes pour la horde - suffisait à la convaincre qu’il n’y avait pas vraiment de quoi se réjouir que le cauchemar était enfin terminé. En fait, c’était justement son prolongement.
Elle se redressa et sauta sur le plancher, se hâtant de mettre son équipement de mage, puis de saisir son bâton de sort avant de quitter le dortoir. Arkalea fut rassurée que personne ne lui prêtait attention ce matin-là; elle avait réussi à ne pas crier ou pleurer pendant son cauchemar, ce qui revenait pour la plupart ici à exprimer une forme de faiblesse intolérable pour une combattante de la Horde... encore moins pour une orque. Ce n’était pourtant pas de sa faute si elle était née avec une faiblesse physique considérable, qu’elle s’appliquait à compenser par l’étude des arcanes.
Comme d’habitude, la Halte de la Domination était bien agitée. Aujourd’hui des gyrocoptères gnomes voletaient dans le ciel, essayant de bombarder tout ce qui passait au sol. Les canons faisaient un bon travail pour les empêcher de stationner assez pour faire des dégâts trop conséquents, et pendant ce temps-là des guerriers montant des wyvernes les pourchassaient dans les airs afin de les exploser, ce qui faisait un feu d’artifice macabre pour ce matin. Arkalea repéra très vite l’un de ses camarades, un troll adulte à la chevelure couleur d’ambre aux longues défenses, accompagné de son raptor rouge qui piaffait d’impatience, en opposition avec l’attitude stoïque et concentrée de son maître.
Towenak Taille-sang s’occupait en visant les gnomes pour les faire tomber de leurs engins afin que son familier puisse leur courir après pour se faire de l’exercice, et il touchait fréquemment ses cibles, au grand bonheur du raptor. Au moins, il alliait l’utile à l’amusant. L’un des bombardiers remarquant son manège essaya de le prendre de front à un moment, et la mage profita de l’occasion pour lancer un pilier glacé dessus afin de le faire tomber. Le troll se retourna ensuite, son attention ayant été attirée par l’attaque magique venant de derrière lui. Il sourit aimablement à la jeune orque qui venait de l’aider.
- Salut ma grande. Merci du coup de main.
- C’est toujours un plaisir.
- T’as l’air fatiguée. Mal dormi ?
- J’ai fait un drôle de rêve... Ça m’inquiète.
- Raconte-moi ça.
Elle s’exécuta, et le chasseur l’écouta patiemment pendant que son raptor revenait de sa chasse, l’air satisfait pendant qu’il se léchait les babines de sa langue fourchue. Il réfléchit un moment à chacun des détails dont Arkalea lui parlait, pressentant comme elle qu’il devait y avoir une dimension prophétique. Quelque part aussi, il enviait la jeune orque qu’elle ait pu voir Drakgosh avec autant de clarté, son ami lui manquait pas mal ces derniers temps.
- Je crois que le message est clair, quelqu’un est en danger de mort, ce maudit pouvoir des shas est impliqué.
- Est-ce que ça pourrait être... Marth ? demanda-t-elle avec inquiétude.
- M’étonnerait pas, ce garçon s’est mis dans des embrouilles pas possibles avec tous les Alliés qu’il a décapité... C’est bien impressionnant mais je parie que s’il sort, là, ils vont être plus d’vingt à se jeter sur lui pour l’abattre.
- Ils devront me passer dessus avant ! s’exclama-t-elle avec résolution.
- Je sais bien, répondit-il avec un faible sourire. En tout cas, je crois bien que l’avertissement est bien clair. Va falloir être prudents. Par contre, j’ai aucune idée de ce que veut dire ce dragon qui s’écrase que t’as mentionné, et toi ?
- Aucune non plus...
- Hm... J’crois que je vais en parler à Nirsha. Heureusement, les généraux à part Nazgrim sont pas trop pressés de me demander de l’aide en ce moment.
- Pourquoi donc ?
- J’crois que ça à voir avec la... “disparition” de Vol’jin. On est au courant dans la tribu, et les généraux le savent. Ces cons, qu’est-ce qu’ils s’imaginent... À force, leurs magouilles vont leur retomber sur la tronche.
Elle resta silencieuse, réfléchissant avec tristesse sur tous les troubles qui agitaient la Horde et qui s’étaient aggravés depuis Theramore. Comme Towenak et nombre de ses amis, elle craignait que leur faction ne finisse par se déchirer de l’intérieur, sans même que l’Alliance n’ait à lever le petit doigt. Leurs peuples s’étaient alliés pour devenir plus forts contre ce géant militaire et bien d’autres menaces, qu’est-ce qui leur arriverait si la Horde disparaissait ?
Le troll finit par se lever et prendre congé d’Arkalea, lui promettant de lui rapporter les paroles de Nirsha, leur amie taurène qui commençait à bien maîtriser les arts divinatoires des Oracles Marche-Soleil. L’orque se retrouva à nouveau seule quand Towenak et son raptor quittèrent la cour, et jeta un regard mélancolique vers la porte qui donnait sur la plage, où des batailles sanglantes avaient lieu. Devait-elle encore suivre la routine, partir là-bas, tuer encore et encore pour survivre un autre jour ou pour apporter de la gloire à la Horde ? Elle devenait lasse de cette guerre qui n’en finissait pas. Il n’y avait bien qu’une seule raison d’être ici, mais elle n’en était en rien heureuse. Elle aurait tellement préféré devenir une fugitive recherchée par sa race pour avoir refusé de répondre à l’appel aux armes, comme ça arrivait très souvent à ceux qui ne voulaient pas combattre l’Alliance.

Sa contemplation fut perturbée par l’arrivée de deux personnes qu’elle commençait à connaître un peu, même si elle ne cherchait pas véritablement à se rapprocher d’eux. Ils n’en restaient pas moins très sympathiques à ses yeux. C’étaient des jumeaux orcs, qui faisaient partie de la guilde des Voleurs de la Horde, la secrète mais redoutable Main Brisée. À première vue, il était impossible de faire la différence entre les deux frères au corps similaire, les mêmes cheveux noirs hérissés avec des yeux orangés. Cependant, en regardant plus près on pouvait les différencier, car l’un avait une peau légèrement plus foncée et une attitude moins rigide et calculatrice que son jumeau.
- Bonjour, Grelok et Grolek, les salua-t-elle poliment.
- Salut Arka, dit Grolek avec un grand sourire - elle parvenait à présent à le distinguer de son frère. Tu as eu un assignement aujourd’hui ?
- Non, je suppose que j’allais partir sur la plage et empêcher les Alliés de venir en masse jusqu’ici. Et vous ? Encore à voler des objets de pouvoir, tuer des capitaines sans qu’ils ne le remarquent ?
- Plus intéressant, répondit le même jumeau. Mission de sabotage, un navire bombardier vient d’arriver dans leur port avant le nôtre et il ne faudrait pas qu’il ait le temps de se faire une petite croisière jusqu’ici. Est-ce que ça te dirait de nous suivre ?
- Je ne suis pas très discrète vous savez. Je ne risque pas de vous gêner ?
- Ne t’en fais pas, dit Grelok. Boomer, le gobelin qui s’occupera du sabotage ne l’est déjà pas beaucoup. Nous cherchons des gens extérieurs au clan pour nous aider à nous frayer un chemin jusqu’au port comme nous sommes obligés de passer par la voie terrestre...
- Ils ont installé un système de défense très ennuyeux du côté de la mer, précisa Grolek. Je pense qu’on va devoir s’en occuper aussi, au passage.
Arkalea réfléchit à l’offre qu’on lui faisait. En général, elle acceptait toutes les missions qu’on lui proposait tant que Marthenon y participait aussi, car elle s’était donnée cette tâche compliquée de le protéger. Si elle suivait les jumeaux, il lui faudrait peut-être laisser le guerrier alors qu’il partait vers un autre front... mais Grelok venait de dire qu’ils engageaient surtout des gens extérieurs à leur ordre, peut-être l’accepteraient-ils aussi ?
Elle repensa alors à ce qu’elle avait vu des agents de la Main Brisée grâce aux jumeaux. Ces espions et assassins étaient entourés de mystère, leur ordre très discret, cependant entre eux ils entretenaient des liens amicaux très forts et elle savait que l’équipe avec laquelle Grelok et Grolek travaillait était très soudée. Arkalea eut alors le sentiment qu’ils pourraient aider Marthenon, ce qui remplit son cœur d’espoir.
- Est-ce que je peux inviter un autre camarade ? demanda-t-elle.
- Marthenon Tranche-Marées, c’est cela ? comprit Grelok. Bonne idée, il pourra grandement nous aider pour passer à travers les défenses. J’espère seulement qu’il est assez endurant pour survivre à un passage en plein dans le Territoire du Lion.
- Hm, je pense que oui. De toutes manières, je le défendrai.
- C’est parfait alors, acquiesça-t-il. Va le voir, je vais en parler au Centurion Katara.

Reconnaissante, elle remercia avec joie les jumeaux avant de retourner dans la caserne pour trouver son camarade. Elle grimpa quatre à quatre les escaliers menant au toit, sachant que le guerrier y serait forcément, vu que c’était là qu’il se reposait quand il ne sortait pas sur le champ de bataille. Arkalea avait hâte pour une fois qu’il la suive, espérant que la mission allait arranger son état mélancolique qui n’avait que trop duré.
Marthenon était bel et bien à son repaire habituel, son regard perdu dans le vague pendant qu’il fixait la plage où l’Alliance essayait de s’établir en vain depuis des mois. Cette fois-ci il avait la hache de Drakgosh accrochée dans son dos, sur laquelle du sang frais coulait encore. En regardant à ses pieds, Arkalea découvrit le cadavre sans vie d’un nain qui se noyait dans le liquide écarlate. Elle comprit aisément que cet Allié avait eu la mauvaise idée de croire que l’elfe de sang serait vulnérable, et cette erreur avait été la dernière de sa vie. Son sourire s’affaissa encore plus quand elle réalisa ce que ça voulait dire : son ami n’était plus en sécurité, même à l’intérieur de leur propre base. Le danger qu’elle avait entr’aperçu se concrétisait...
- Marth ? l’appela-t-elle.
Le guerrier se retourna, la dévisagea avec le même visage fatigué qu’il arborait depuis déjà quelques temps. Il n’avait pas l’air de remarquer qu’un nain mort était à quelques pas de lui, ni d’en tirer de la fierté ou de la honte. Arkalea se sentit comme d’habitude chagrinée en croisant son regard, triste, désorienté, qui ne reprenait jamais vie que quand il pouvait tuer des membres de l’Alliance qu’il haïssait.
Elle savait qu’il souffrait énormément derrière son masque d’impassibilité, même s’il muselait toutes ses pensées noires pour ne pas causer de problèmes à la Halte de la Domination en succombant à ses démons intérieurs, chose qui était fatale en Pandarie. Drakgosh assassiné, Nocturana morte, il n’y avait plus que la Horde et ses amis restants qui comptaient dans sa vie. Elle aurait tellement voulu faire plus que d’être son ange gardien au combat, à couvrir ses arrières pour le protéger contre des adversaires vicieux et prompts à attaquer dans le dos, hélas c’était bien le maximum qu’elle pouvait lui fournir. Cependant, aujourd’hui elle avait entrevu un espoir, et elle avait bien l’intention de s’y raccrocher.
- Qu’est-ce qu’il se passe donc pour que tu viennes me chercher au lieu d’attendre en bas en espérant qu’aujourd’hui je n’aie pas envie de faire mon devoir de guerrier ? demanda-t-il.
- J’ai trouvé une bonne mission pour nous, répondit-elle. La Main Brisée recherche des gens pour les aider à rentrer en force dans la forteresse de l’Alliance pour saboter l’un de leurs navires.
- Hm... Je croyais que tu n’aimais pas que je sorte combattre, qu’est-ce qui t’as fait changer d’avis ?
Il était vraiment très perspicace malgré ce qu’il traversait. Si elle essayait de lui faire croire qu’il n’y avait rien de particulier, il ne la croirait pas. Ça la perturbait qu’il arrivait si bien à la comprendre, et que pourtant elle ne restait jamais que dans son rôle de protectrice uniquement... elle souhaitait bien plus que cela entre eux deux, mais cela ne semblait qu’un souhait que le destin refusait de lui accorder même s’il n’y avait plus guère de barrières entre eux que la race, qui était obsolète avec la prise de distance que Marthenon avait adoptée par rapport à son peuple depuis très longtemps.
Quand elle lui raconta que les jumeaux de la Main Brisée l’avaient contactée et qu’elle avait pensé que partir en groupe au lieu de leur duo habituel lui ferait du bien, elle fut soulagée qu’il accepte. De toutes manières, même si elle comptait sur cette expédition-là pour lui permettre d’aller mieux alors qu’il était persuadé qu’il en serait incapable après tout ce qu’il avait fait, ça rentrait dans son ultime objectif de servir la Horde.


Au même moment, les agents de la Main Brisée attendaient qu’arrivent leurs derniers renforts avant de lancer l’assaut, tandis que les mages gobelins se préparaient à générer le portail vers l’avant-poste. Les jumeaux les rejoignirent une fois le recrutement d’Arkalea terminé, puis allèrent trouver le meneur de l’expédition, qu’ils repérèrent rapidement en train d’étudier le plan avec celle qui avait obtenu de coordonner les actions de leur équipe. Une fois de plus, les deux frères prirent un moment pour les considérer tous les deux, tellement le duo était devenu pour nombre de leurs camarades une sorte de curiosité, compte tenu des deux personnages qui le constituaient : Shoran Étoile-d’Argent et Katara Briselame étaient une paire assez rare dans la Halte de la Domination.
Le premier était un Voleur elfe de sang avec un masque émotionnel caractéristique, si bien que même quand il enlevait celui qu’il portait en combat, on ne parvenait jamais à savoir qu’est-ce qui se passait dans sa tête - lui, en revanche, était un expert pour analyser le comportement des gens. Doté d’origines particulières, il était facile de voir qu’il n’était pas un elfe de sang comme on avait l’habitude de les voir, avec son maintien souple et droit, ses cheveux bruns avec des reflets cramoisis coupés bien courts afin de ne pas être gêné en combat. Toutes ses caractéristiques génétiques, cependant lui attiraient des attentions souvent négatives de la part des officiers orcs, même s’il servait la Horde avec fidélité depuis des années.
Sa camarade à ses côtés était une jeune guerrière mag’har, fraichement promue centurion, qui ne laissait aucun orc indifférent à sa force et son esprit vif et libre. Une chevelure noire d’ébène taillée en queue de cheval de combattante, des yeux dorés intelligents et farouches, elle maniait aussi aisément toutes sortes d’armes, celle pour laquelle elle avait le plus de prédilection étant l’épée. Malgré ce que son origine aurait pu laisser croire compte tenu du quotidien de la Halte de la Domination, elle ne témoignait aucune forme de mépris ou de méfiance envers son subordonné, préférant considérer ses actions envers la faction qu’ils avaient tous deux juré de servir de leur vie plutôt que le sang qui coulait dans ses veines.
Ces deux serviteurs de la Horde attiraient la curiosité auprès de ceux qui les côtoyaient, qui s’habituaient bien trop ces derniers temps à voir les membres de la race orque en tant que dirigeants suprêmes qui n’en avaient presque rien à faire de la vie des trolls, elfes de sang et gobelins qui les assistaient.
Avec Katara, c’était l’inverse. Elle avait repris la direction de l’unité après que leur précédent meneur, un orc arrogant et particulièrement méprisant envers ceux qui n’étaient pas de sa race, avait décimé le tiers de leurs agents en les envoyant dans de vraies missions suicide. Ce dernier avait fini par être tué, à ce qui se racontait par l’un de ses propres subordonnés qui avait été rendu fou par les shas, comme il avait envoyé une équipe pour enquêter sur ces aberrations dont le Chef de Guerre pensait qu’il pouvait utiliser leur pouvoir. Les rares survivants de cette désastreuse mission avaient vu avec soulagement Katara reprendre les rênes, et depuis lors les pertes au sein de leurs camarades étaient moins fréquentes, tandis que celles dans les rangs de leurs adversaires se faisaient plus sévères.

Shoran remarqua les jumeaux qui revenaient et reporta son attention sur eux. Il comprit en voyant leurs expressions qu’ils avaient trouvé des alliés pour l’expédition, et qu’ils considéraient qu’ils étaient importants.
- Nous avons deux aides prometteuses, lui annonça Grelok. La première est le choix de Grolek, Arkalea Lame de Givre, une mage arcaniste et cryomancienne, et avec elle viendra Marthenon Tranche-Marées... je ne crois pas qu’il y ait besoin de dire de qui il s’agit.
- Très bon choix, répondit Katara appréciative. J’ai entendu parler de leurs prouesses au combat, ils vous aideront beaucoup pour vous frayer un chemin à travers les défenses des adversaires.
- Au moins avec le guerrier les défenseurs ne chercheront pas à nous attaquer en premier, ajouta Shoran. J’espère seulement qu’il tiendra assez longtemps.
- Arkalea s’occupera de le couvrir, répondit l’orc.
Ça pourra aller. Tant qu’elle ne regarde pas que lui..., soupira Grolek.
Plus d’un comprit alors pourquoi celui-ci avait choisi Arkalea précisément, et ils essayèrent de ne pas trop rire à cette remarque. Cependant, l’autre jumeau ne semblait pas satisfait par cette façon de penser.
- Grolek ! répliqua-t-il sévèrement. Il s’agit d’une mission importante, ce n’est pas un moment à vouloir impressionner les dames !
- Eh, ça va, grommela son frère, on ne va quand même pas mourir aux mains de ces racailles, on a connu bien pire.
- Ce n’est pas une raison pour baisser sa garde et de se mettre à faire le fanfaron ! N’oublie pas que nous n’avons pas le temps pour ce genre d’égarements, nous sommes les armes de la Horde et nous devons garder nos sens aiguisés à tout moment.
Grolek haussa les épaules sans répondre, même s’il avait l’air de penser que son frère était un peu trop envahissant pour le coup. Katara intervint pour les modérer et rappeler qu’ils pouvaient avoir envie de montrer leurs prouesses sur le champ de bataille, ils avaient quand même reçu une mission dont le succès importait afin de conserver la position de la Horde dans la Pandarie et ils devaient garder à l’esprit que c’était leur priorité. Les jumeaux parurent s’assagir, puis allèrent terminer leurs préparatifs. Le gobelin mage saboteur, Boomer, essaya malicieusement d’en savoir plus sur le coup de cœur de Grolek, avant de se faire rappeler à l’ordre par Shoran.
- Félicitations, dit-il à sa camarade orque. Vous arrivez de mieux en mieux à gérer tout ce monde. Un peu plus et je me demanderais si vous n’êtes pas en réalité Jin’teran déguisé en femme mag’har.
- Merci Shoran, répondit-elle avec un sourire amusé, mais je ne pense pas être aussi bonne que lui qui vous a tous formés. C’est dommage qu’il ait été banni, à vous entendre j’ai le sentiment qu’il est un grand guerrier. Les généraux ont été stupides, pourquoi le chasser alors qu’il a servi la Horde avant tant de zèle ?
- Parce qu’il est un troll peut-être. En ce moment, ça ne plaît pas à notre Chef de Guerre, avoir simplement du sang troll n’est pas non plus très bien vu, j’en sais quelque chose.
- Cette situation m’inquiète aussi. Mais ne nous égarons pas, nous avons une mission à remplir. Et ne vous faîtes pas autant de soucis, peut-être qu’à force de prouver votre loyauté ils arriveront à vous témoigner le respect que vous méritez.

Le respect, cependant, il l’avait gagné bien avant que Garrosh ne succède à Thrall et que sa politique d’exaltation de la race orque n’ostracise petit à petit les autres et ne conduise à un conflit grandissant avec les Sombrelances. Shoran appréciait le pragmatisme et l’esprit clairvoyant de Katara, qui était reposant après ce que leur précédent meneur leur avait fait subir avec ses ordres inconsidérés et le mépris qu’il avait pour la plupart d’entre eux et peinait à cacher. Qu’elle soit aussi prévenante avec lui et ses camarades lui rappelait effectivement Jin’teran, mais elle apportait aussi quelque chose de neuf dans la façon de diriger ; peut-être parce qu’elle était une guerrière et non une Voleuse, et qu’elle était une femme aussi, ça changeait.
Il prit un moment pour repenser à ce qui était arrivé ces derniers mois, après tous les bouleversements dans leur équipe. Ils avaient lutté pour permettre à la Halte de la Domination de survivre en Pandarie, avec le Territoire du Lion à l’autre bout de la côte, puis alors qu’une période plus apaisée s’était présentée, Jin’teran avait rassemblé la plupart d’entre eux, dont il avait fait partie. Il avait appris que Venoxia, sa chère sœur d’armes injustement exilée par Garrosh en personne, avait à nouveau des ennuis avec son infernale jumelle - apparemment cette fois-ci c’était encore plus justifié d’employer ce terme - en plus de s’être jointe à une compagnie recherchant la Faux d’Elune.
Évidemment, il avait suivi son chef d’équipe, ses autres camarades également, Boomer le gobelin, Iriveni la réprouvée... Revoir la Voleuse en vie et en bonne forme lui avait fait plaisir, cependant devoir repartir à la Halte en la laissant, moins. Il devait encore faire un effort pour ne pas se mettre en colère en repensant que c’étaient les officiers de la Halte qui les avaient rappelés de force, menaçant ceux qui resteraient en arrière d’être considérés comme des traîtres à la Horde. Il aurait voulu pouvoir suivre Venoxia et leur mentor, les protéger, mais le troll lui avait dit de repartir, de ne pas se mettre en danger parce que la Horde avait besoin qu’ils restent aux côtés des soldats de Hurlenfer... “Pour le moment”, avait-il ajouté.
Qu’est-ce que cela pouvait bien vouloir dire ? Depuis que de plus en plus de monde savait que Vol’jin avait subi une tentative d’assassinat de la part des agents du Chef de Guerre, un sentiment de révolte grandissait dans les rangs de ceux qui avaient fidèles à l’ancienne Horde, celle que Thrall avait créée avec ce chef troll et Cairne Sabot-de-Sang. Shoran savait que Jin’teran avait un certain rang auprès des Sombrelances, parallèlement à son occupation dans la Main Brisée, est-ce qu’il avait voulu dire que sa tribu allait s’opposer ouvertement à Hurlenfer ?
Quelque part, il espérait que quelqu’un aurait le courage de s’élever contre ce qui ressemblait de plus en plus à une tyrannie raciale injuste. Mais d’un autre côté, il craignait que s’il y avait un conflit, il ne soit pas assez puissant pour changer les choses, et que ça ne cause suffisamment de problèmes pour permettre à l’Alliance d’en profiter et poignarder la Horde dans le dos pendant qu’elle souffrait de problèmes internes. De toutes manières, il savait qu’il continuerait à servir sa faction, et si jamais il devait y avoir une guerre civile, il la protégerait jusqu’au bout, et ça incluait de surveiller ses arrières. Ça avait toujours été son travail.


La Main Brisée fut rapidement rejointe par les renforts, qui étaient assez diversifiés en races et en types de combattants. Katara s’occupa de les accueillir, avant de leur faire part du plan d’attaque qui avait été choisi. Ils devraient escorter les agents jusqu’au port et les y défendre pendant qu’ils s’occupaient de saboter le navire, puis Boomer, le gobelin mage, s’assurerait qu’ils puissent repartir en sécurité. Nombre des recrues avaient hâte d’en découdre, Marthenon restait impassible face à l’agitation, n’attendant que d’avoir un ennemi devant lui pour se déchaîner, et Arkalea priait tous les dieux qu’elle connaissait et en qui elle avait confiance pour que rien ne dérape.
Enfin, Shoran fit signe à ses camarades et le groupe partit pour prendre le portail vers l’avant-poste de Grilletorpille. Là-bas, ils prirent les loups que les soldats leur avaient réservés, afin d’aller plus rapidement. Ils longèrent d’abord le bord de la forêt afin de s’éloigner des combats principaux juste sur la rive, puis, une fois que l’elfe de sang repéra la meilleure ligne droite à tracer pour rentrer dans le fort, il fit signe à son escouade de lancer l’attaque. Au cri de “Lok’tar ogar”, l’équipe déferla sur les toutes premières barricades avant le donjon, surprenant les défenseurs qui se firent coincer entre les attaquants habituels et ce groupe-là. Il leur fallut un bon moment avant de se ressaisir, et le soutien des archers leur permis de ne pas laisser entrer trop d’assaillants dans leur base. Cependant, ils ne purent empêcher la Main Brisée de pénétrer au sein de leur forteresse.
Les habitants, voyant leurs ennemis rentrer, se ruèrent sur leurs armes, et pour chaque chanceux qui parvenait à en atteindre une sans se faire transpercer d’une flèche, rôtir ou geler sur place, un adversaire supplémentaire venait essayer de les ralentir. Les Voleurs se débrouillaient très bien pour survivre dans la mêlée grâce à leurs arts furtifs, et ils parvenaient aussi à mettre à terre assez de leurs opposants pour ne pas être trop inquiétés. Des deux côtés, les forces étaient égales, et s’il y avait des pertes, elles étaient vite compensées. La lutte, déjà très intense et ardue en raison de l’enjeu, finit par devenir de plus difficile pour eux quand un cri retentit :
- Ici ! s’écria un elfe de la nuit. C’est ce maudit elfe de sang qui a tué nos camarades ! Tuez-l... !
Il n’eut pas le temps de finir sa phrase comme une hache vint lui exploser la figure, mais ses camarades et même ceux des alentours avaient entendu l’appel. Bientôt, des dizaines, puis des vingtaines de guerriers se focalisèrent uniquement sur Marthenon, qui ne sembla pas du tout s’en soucier, dégainant rapidement ses épées pour se lancer dans un combat à mort avec un rapport de forces complètement inégal ; la routine, selon lui. Évidemment, les Alliés reçurent en réponse à leur acharnement des traits magiques de givre et d’arcane en plus des coups d’épée. Arkalea, en fidèle défenseur, se tenait prête à l’épauler face aux ennemis en colère. Ce changement de préoccupation fournit une occasion en or à la Main Brisée d’avancer sur le port, cependant en avançant Shoran se rendit compte que les Alliés empêchaient Marthenon et Arkalea de les suivre au même rythme.
- Que trois personnes aillent leur prêter main-forte pour nous suivre, ordonna-t-il. On ne laisse personne en arrière tant qu’on peut l’éviter.
- J’y vais ! s’exclama Grolek, avant de foncer pour ne pas pouvoir se faire rappeler par son frère.
- Mais... ! fit celui-ci, stupéfait. Quel idiot ! Il va se faire tuer !
- Grelok, j’espère que tu ne t’es pas mis dans la tête que ton frère est faible et incapable de se défendre après toutes ces années, répliqua sévèrement l’elfe de sang.
L’orc resta stupéfait un moment, avant de se ressaisir, refusant de laisser ses émotions prendre le dessus. Sa réaction avait déjà été une trahison aux principes auxquels il tenait, et en plus son camarade avait raison, son frère pouvait se débrouiller, d’autant plus qu’à présent deux autres de leurs compagnons étaient allés à leur secours.

Grâce à l’aide qu’ils reçurent, Marthenon et Arkalea parvinrent à se débarrasser d’assez d’ennemis pour être capables de rejoindre les autres. Le guerrier avait donné beaucoup d’énergie déjà pour rester en vie et protéger sa camarade, si bien que des nombreux assaillants, il n’y avait plus qu’une poignée encore en état de se battre, qui fut rapidement maîtrisée par les trois autres. Cependant, avant de partir, l’elfe de sang les surprit en retournant plus en avant dans la cour ; la mage comprit ensuite ce qu’il faisait en remarquant la hache de Drakgosh encore plantée dans le crâne de l’elfe de tout à l’heure. C’était l’un des seuls souvenirs matériels qu’il avait de son maître, et il n’allait certainement pas l’abandonner dans la base des Alliés.
Alors qu’ils continuaient à le couvrir le temps qu’il les rattrape, l’orque tressaillit en voyant la prêtresse à côté d’elle s’effondrer, une flèche dans le crâne. Elle comprit qu’elle devait se couvrir, et déclencha un sort d’invisibilité pour échapper au tireur, pendant que Grolek esquivait habilement les traits suivants. Il finit par disparaître à son tour, ce qui angoissa Arkalea qui craignit que Marthenon se retrouve sans protection, puis quelques secondes après le tireur tomba de l’arche sur laquelle il, ou du moins elle, s’était postée. Une haute elfe forestière, qui malgré une apparence frêle pouvait très bien se révéler être une opposante dérangeante si elle vivait plus longtemps.
La mage quitta sa bulle d’invisibilité alors que l’orc lui signalait d’en haut que l’archère était toute à eux, cependant elle annula rapidement son sort comme sa cible s’était relevée en faisant face à Marthenon, qui restait également immobile devant elle. Incompréhensive, elle essaya de comprendre ce qui se passait, puis elle vit le regard de son camarade, et pressentit ce qui se passait.
- Non ! s’exclama la haute-elfe avec une voix pleine d’angoisse. Pas toi, pas ici !
- Hors de mon chemin, mère. Je n’ai pas envie de te tuer.
Arkalea sentit ses membres se figer en entendant cela. Elle n’avait pas vu le visage de cette forestière, ne pouvait pas constater s’il y avait bien une ressemblance physique qui indiquerait un lien de sang, mais tout indiquait que c’était bien la mère de Marthenon. Pourquoi se serait-il arrêté sinon, alors qu’il avait une bonne ouverture pour la charger et l’ouvrir en deux ? Ses yeux et l’intonation froide de sa voix, trahissant malgré tout de la peur, ne mentaient pas non plus. L’orque avait déjà vu ce regard une fois, et elle ne l’oublierait jamais ; la seule fois où il avait vraiment présenté autant d’angoisse ainsi, c’était lorsqu’il s’était retrouvé face à son propre oncle, qui détenait Drakgosh prisonnier, que Marthenon avait été forcé de tuer, à cause du colonel humain qui n’avait pas honoré l’accord qu’ils avaient passé pour espérer sauver le Maître-Lame et les autres prisonniers de la Horde.
Elle qui avait compté sur cette mission justement pour qu’en se rapprochant des jumeaux et de leurs amis, la dépression de Marthenon finisse par s’apaiser à leur contact, l’apparition de cette mère qui leur barrait inconsciemment la route (visiblement, elle n’avait reconnu que trop tard son fils) n’allait pas du tout arranger les choses. La mage se ressaisit vite, pour le bien de son ami, et sollicita ses ressources en magie pour dresser un grand cône de glace autour de la haute-elfe, qui ne le vit pas arriver au départ tellement elle était fixée sur son fils. Quand le givre s’enroula autour de ses jambes, puis de sa taille, elle essaya de le briser avec son épée, ce qui manqua de mettre en péril les intentions de l’orque.
Heureusement, Grolek comprit à son tour qu’ils devaient se débarrasser de la mère du guerrier sans la tuer, et descendit de l’arche afin de passer rapidement derrière elle en finesse, puis de l’assommer. Il la réceptionna délicatement pour la poser au sol, vite rejoint par Marthenon qui voulait s’assurer que la haute-elfe n’était pas blessée. L’elfe de sang remercia les deux orcs, visiblement bouleversé même s’il s’efforçait de tenir le choc. Ils se mirent à courir pour rejoindre leurs camarades alors que des renforts arrivaient. Arkalea utilisa ce qu’il restait de magie pour lancer un puissant sort de givre sur l’escalier afin de ralentir leurs poursuivants, ce qui leur donna assez de temps pour retrouver Shoran et leur équipe, qui avaient pris le bombardier.

Le visage de l’elfe de sang ne s’anima pas quand ils arrivèrent, mais il était quand même soulagé de voir qu’au moins trois d’entre eux avaient survécu, déplora les pertes. Il espéra qu’ils auraient malgré tout l’occasion d’avoir des formes de funérailles, avant de se remettre à son travail de supervision. L’orque avait fait un bon travail en gênant la progression de leurs poursuivants, cependant ceux-ci essayaient de rattraper leur retard en allant à l’autre accès sur le port.
- Préparez vos flèches et vos sorts à distance ! cria-t-il. Arkalea, tu devrais geler cet escalier-là également. Les autres mages aidez-la aussi pour que ça aille plus vite. Boomer, où en es-tu ?
- Bientôt fini cap’tain ! répondit le gobelin depuis l’intérieur. Encore quelques réglages et cette cochonnerie gnome va tirer son feu d’artifice sur place plutôt que chez nous..
- Bien, continuez comme ça.
Le gobelin ricana en retournant à son ouvrage avec ses camarades, pendant que les autres continuaient la défense. Cette fois-ci, ils avaient tout le monde du Territoire du Lion qui voulait les déloger du navire avant qu’ils n’aient fini leur travail, et ça incluait les griffons qui transportaient des tireur qui vinrent les bombarder inlassablement. Les pertes du côté des agents de la Horde se firent de plus en plus fortes, avec d’autres Voleurs qui venaient les attaquer par derrière. Les jumeaux eurent un mal fou à essayer de protéger Boomer des attaques dirigées contre lui, et il ne restait guère plus qu’une dizaine de défenseurs de leur côté pour tenir le bateau alors que pleuvaient les sorts et les flèches.
Alors que la tempête semblait sur le point d’avoir raison de tout le groupe, Marthenon surprit Arkalea en lui demandant un sort de protection, qu’elle dut lui accorder rapidement pour pouvoir retourner aider Shoran, qui avait du mal à se battre contre un nombre croissant d’ennemis. L’elfe de sang courut monter sur le navire, avant de se hisser sur la rambarde arrière faisant face au port et à ses adversaires, afin de provoquer tous leurs adversaires :
- Alors, j’ai entendu dire que quelqu’un voulait me tuer ici ! Me voici donc, chiens de l’Alliance !
Son cri surprit tout le monde, et une bonne cinquantaine d’yeux se braquèrent sur lui, la plupart se mirent à briller avec haine pendant qu’il les toisait avec mépris et colère. La mage comprit alors ce qu’il comptait faire, et poussa un hurlement de terreur alors que les sorts et les armes se mirent à voler sur lui. Heureusement, sa protection avait marché et permis de dévier les attaques, qui vinrent toucher le plancher et les voiles. Son cœur battant à un rythme effréné, elle s’élança à son tour vers la rampe, vite suivie par Shoran et les autres. Boomer annonça à ce moment qu’il avait fini d’armer la bombe.
Pendant que tout le monde se rapprochait au centre du pont pour utiliser le sort de transfert, les combattants encore valides transportaient les blessés et même les morts pour que leurs corps ne finissent pas au fond de la mer à se faire dévorer par les requins. Le gobelin et les jumeaux unirent leurs forces afin de pousser la bombe pour qu’elle tombe dans la cale, alors que le mécanisme commençait à émettre des bruits inquiétant et à siffler. Arkalea fit ensuite signe à Marthenon de venir, alors que Boomer créait le portail de retour, cependant il ne sembla pas vouloir bouger, ce qui l’effara.
- C’est fini ? railla-t-il à l’adresse des Alliés. On dirait que c’est plus facile de vouloir abattre un homme seul à force de centaines d’attaques tant que ça ne met pas en danger votre précieux bateau !
La mage s’élança pour le rejoindre, mais fut retenue par Shoran. Malgré le regard qu’elle lui lança, il resta stoïque, observant Marthenon.
- Pas tout de suite, dit-il. Boomer a besoin de temps pour créer un portail d’ici à la Halte, et il peut nous en faire gagner en détournant leur attention comme ça.
- Mais ils vont le tuer ! s’exclama Arkalea, angoissée.

Du côté des défenseurs du Territoire du Lion, ça commençait à devenir la pagaille dans les rangs, entre les officiers qui craignaient de détruire le navire si d’autres sorts continuaient à dériver comme c’était arrivé à la dernière salve, et d’autres qui n’avaient qu’une seule envie en tête : tuer l’elfe de sang qui avait pris tant de vies, peu importe si la survie du bombardier était en jeu ou pas. Marthenon en était conscient, et s’amusait de les voir se disputer alors qu’ils ignoraient que d’ici quelques secondes, le bateau serait réduit en pièces et ses camarades seraient partis. Il n’arrivait même pas à éprouver quelque forme de peur à l’idée que sa vie pouvait très bien se terminer ici si jamais les soldats décidaient de désobéir aux ordres de leurs supérieurs ; de toutes manières, si cela arrivait il savait qu’il retrouverait les gens qu’il aimait dans la mort.
Finalement, Arkalea l’appela de nouveau pour lui dire que le portail était prêt. Il l’entendit clairement, comprit la nécessité de partir, cependant quelque part il n’avait même pas envie de se retourner pour fuir avec les autres. Voir tous ces membres de l’Alliance alignés face à lui faisait progressivement monter en lui une soif de meurtre qui devait bien égaler celle que portaient en eux les Chevaliers de la mort.
Il haïssait ces gens, l’emblème qu’ils portaient en prétendant être des défenseurs de la justice. Quelle justice y avait-il donc dans leur Alliance, songea-t-il amèrement, ce n’était rien de plus qu’une hypocrisie, ils aimaient à se raccrocher à ce mot vide pour ne pas avoir à penser que la Horde qu’ils combattaient “justement” était née de leur sectarisme et de leurs propres crimes. Il avait tellement envie de sauter de la rambarde, éventrer un maximum de ces gens immondes jusqu’à en être tué... ces monstres qui avaient détruit et volé tout ce qu’il aimait, qui se plaisaient à crier qu’ils étaient bien meilleurs que lui pendant qu’ils en obtenaient la juste rétribution.
Alors qu’il perdait son sens de la réalité dans sa réflexion, quelqu’un l’attrapa par le bras et essaya de le tirer en arrière, avec beaucoup de difficulté. Il n’y avait aucun besoin de se retourner pour savoir qu’il s’agissait d’Arkalea. Pourquoi s’acharnait-elle encore ? Pourquoi ne pouvait-elle pas voir que ni elle ni personne ne pouvaient rien faire pour lui, que sa vie n’avait plus aucune importance dès lors qu’il avait perdu les deux personnes qui importaient vraiment ? Elle était certes son amie, mais il était aussi conscient qu’elle espérait bien plus de lui et il était incapable de satisfaire ses attentes, ce qui le désolait. Causer autant d’ennuis à quelqu’un était bien la dernière chose qu’il voulait alors qu’il savait que son existence devait irrémédiablement s’achever dans la guerre, dernière chose qui lui restait.

Cependant l’orque refusa d’abandonner, même si Marthenon était manifestement perdu dans un nouveau délire suicidaire. Heureusement, Grolek et une autre Voleuse virent l’épauler, et elle put tirer l’elfe de sang jusqu’au portail ; il était tellement désorienté qu’il n’arrivait même pas à protester, il se résignait juste à ne pas avoir l’occasion de se livrer au massacre que son être lui commandait de faire sur le sol de ses ennemis jurés. Ils parvinrent ainsi à passer la faille pour se retrouver dans la Halte de la Domination, que Boomer et un autre mage se hâtèrent de sceller avant que le navire ne se mette à exploser et que le souffle ne s’engouffre dans le portail.
Enfin en sécurité, le groupe put relâcher Marthenon, qui n’avait pas l’air affecté d’une quelconque façon par ce qui se passait autour de lui. Arkalea poussa une grande expiration afin de chasser la tension, son corps continuant à ressentir les effets de la tension, puis elle vit l’expression  encore figée du guerrier. Cette fois-ci, elle craqua, ayant eu assez de ce genre de situations extrêmes pour pouvoir le supporter encore plus longtemps. Elle se redressa brutalement vers le guerrier et le gifla brusquement, surprenant les gens autour. Même si sa main lui faisait maintenant très mal et que Marthenon ne réagit qu’à peine en passant distraitement son gant sur la marque, elle ne s’arrêta pas dans sa colère :
- PAR LES ANCÊTRES, À QUOI EST-CE QUE TU PENSAIS POUR FAIRE UNE CHOSE PAREILLE !?
Tout le monde se mit à regarder dans leur direction, surpris par cette soudaine explosion vocale. Marthenon, revenant petit à petit à ses sens, murmura vaguement qu’il était désolé, avant de lever les yeux au ciel pendant qu’Arkalea lui criait encore dessus à cause de son attitude suicidaire, même moins fort. Il finit par se sentir vraiment mal, pas à cause de ce qu’il avait fait, mais parce que l’orque était maintenant sur le point de se mettre à pleurer, et il n’avait pas du tout envie que ça arrive. À sa grande honte, il était plus embarrassé que tant de gens les regardent plutôt que par le fait qu’il cause autant de soucis à l’orque.
Heureusement, Shoran et l’un des orcs jumeaux s’occupèrent d’essayer de la calmer quand il manquait de motivation pour essayer de le faire. Il se sentait encore plus vide que ce matin, et essaya de ne pas non plus y penser afin que ça ne présente pas une menace pour la Halte de la Domination ; l’épicentre des activités des shas était proche, et il refusait que par sa faute ils n’attaquent ses camarades. Finalement, Katara arriva et s’occupa de renvoyer les curieux à leurs propres occupations, tandis qu’un personnage encore plus important s’approcha de lui.
- Il suffit, dit le Général Nazgrim. Vous devez vous calmer, tous les deux. On vous a entendus depuis la flèche !
- Je... Je suis désolée Général, murmura Arkalea.
- Je dois me calmer aussi ? releva Marthenon avec un ton sombre.
- Oui, vous aussi, guerrier. Ce n’est pas la première fois que j’ai entendu parler de ce genre de choses à votre sujet, et je considère que ce comportement doit cesser. Marthenon, vous êtes l’un de nos meilleurs guerriers à la Halte et je ne voudrais pas que nous vous perdions aux mains des soldats de l’Alliance. Vous n’êtes pas le seul à vouloir que ces freluquets soient écrasés ici, il va falloir que vous appreniez à contrôler un peu plus votre soif de vengeance. Suis-je bien clair ?
- Oui Général...
- Parfait. Que je n’entende plus parler de ce genre d’affaires.


Arkalea resta isolée après cet événement, complètement désespérée par le comportement déraisonnable et suicidaire de son ami. Grâce à la présence de Grolek, elle avait pu se calmer un peu, mais finalement il avait été rappelé par ses camarades et l’avait laissée, visiblement à contre-cœur. Elle était reconnaissante de sa sollicitude, mais au fond d’elle son cœur restait meurtri par ce qui venait de se passer. Elle avait tellement espéré que voir une équipe unie et soudée aurait pu aider Marthenon à s’ouvrir à eux et aller vers sa guérison, mais non seulement il y était resté indifférent, en plus de cela il avait fait une nouvelle crise, et elle avait failli le perdre pour de bon cette fois-ci.
L’orque avait très mal de constater une fois de plus que tout ce qu’elle essayait d’entreprendre pour son bien ne servait à rien. Elle ne savait plus très bien qui détester, l’Alliance pour avoir planté tous ces poignards dans le cœur de Marthenon, elle-même pour être aussi faible et incapable de protéger son frère d’armes, qu’elle aimait plus que tout, ou encore cette Nocturana elle-même. Même dans la mort, l’elfe de la nuit continuait à torturer l’elfe de sang, après l’avoir soumis à une souffrance sentimentale affreuse, qu’Arkalea connaissait très bien vu qu’elle la ressentait également.
En avait-elle été consciente ? Elle ne pouvait pas le savoir, mais la colère et l’amertume lui donnèrent bien envie de penser que si, que sa rivale décédée était vicieuse et cruelle... en face, elle serait si douce et aimante pour Marthenon. Le scénario idéal, pourtant il n’arrivait pas alors elle conclut que Nocturana devait avoir été incroyablement aveugle de son vivant pour ne pas se rendre compte de l’affection qu’avait son meilleur ami pour elle.
- Hey, Arka ! l’appela soudainement Towenak. J’ai ramené Nirsha... ! S’passe quoi ?
Elle redressa la tête et eut un faible sourire en voyant le troll revenir, accompagné de deux taurens. Nirsha, la femelle, arborait son sourire doux et amical, et fixait la jeune orque avec ses yeux bleus clairs, à côté d’elle se tenait son frère spirituel, Onashen, un grand mâle qui contrastait avec elle par sa peau brune et son côté viril et puissant. Arkalea les connaissait bien, avec Towenak, et s’empressa de leur dire qu’il n’y avait rien de bien grave... seulement Marthenon qui avait manqué de se faire tuer, comme d’habitude.
Comme elle s’y attendait, la nouvelle que ça s’était reproduit les inquiéta. Nirsha lui rappela ainsi ce rêve qu’elle avait eu ce matin-là, qui avait annoncé que ce danger approchait. Elle avait eu tout le temps de ne plus y repenser au cours de cette journée-là, et à présent qu’on le lui rappelait, elle se sentit de plus en plus mal à l’aise.
- Est-ce que je vais vraiment pouvoir le protéger..., murmura-t-elle en tremblant. J’ai dû me faire aider par d’autres pour le tirer hors de ce fichu navire...
- Tu fais un bon boulot pour ça, l’assura Towenak, te fais pas de soucis. De toutes manières, on restera vigilants aussi.
- Mais si je faisais du bon boulot comme tu le dis, pourquoi est-ce que je suis incapable de le ramener parmi nous ?! Je ne fais que ça, essayer, et rien ne change ! Et si... je ne faisais qu’empirer les choses, que je l’agace par mon acharnement ?
- Ah non, je t’interdis de dire ça, la sermonna Onashen. Sans toi, il serait déjà mort à l’heure qu’il est. Et si tu te mets à perdre espoir, qui est-ce qui va pouvoir rester à ses côtés aussi bien que toi ? N’oublie pas que la Pandarie est dangereuse pour ceux qui portent ce genre de sentiments.
Elle haussa les épaules, même si elle réalisait que le druide tauren avait raison. Les doutes restaient présents, cependant elle savait que ses camarades pourraient l’aider pour protéger Marthenon contre le sort qui le menaçait. Towenak parvint à illuminer un peu son cœur en lui annonçant une bonne nouvelle : Ralgark, le meilleur ami de son oncle et qui avait également connu son père, un chaman sage et puissant, allait les rejoindre d’ici quelques jours. Il avait été retenu par une mission pour le Cercle Terrestre, mais à présent il en était libéré et se dirigeait vers la Pandarie. C’était très bien qu’il vienne les rejoindre, parce qu’il était proche de Drakgosh il parvenait à exercer une bonne influence sur Marthenon.

Comme ils étaient encore en train de discuter, elle remarqua le Centurion Katara qui s’approchait d’eux. La mag’har salua respectueusement l’orque et ses camarades vétérans ; Arkalea se sentit quelque part contente qu’elle traite Towenak comme un véritable membre de la Horde, et pas un paria parce qu’il était un troll Sombrelance comme nombre d’orcs le faisaient ces derniers temps.
- Throm’ka soldats, dit-elle. Arkalea, sauriez-vous où est Marthenon ?
- Hm, de ce que je sais, il est allé faire soigner ses blessures. Je ne sais pas s’il y est encore ou pas... je... j’avais besoin de m’éloigner un peu.
- Je comprends parfaitement. Ne vous en faîtes pas, tant que vous restez avec lui, il ne sera pas en danger. Shoran m’a raconté avec quelle efficacité vous vous êtes appliquée à le couvrir, je trouve que c’est très brave de votre part.
- Euh... Merci.
- Pourquoi vouliez-vous le voir ? demanda Onashen.
Katara haussa les épaules en faisant une moue avant de répondre :
- Mon supérieur, le Général Sangdrake, veut le voir. Je ne sais pas pourquoi, et je trouve ça étrange parce qu’il n’aime pas les non-orcs, en particulier les elfes de sang. Mais je vous le promets, je veillerai à ce qu’il n’y ait pas de problèmes.
L’orque s’éloigna du groupe après les avoir remerciés. Arkalea se sentit inquiète maintenant que l’officier leur avait confié ce détail sur son supérieur, puis elle sursauta en entendant Nirsha respirer bruyamment. La taurène était figée dans une expression d’horreur stupéfaite, et ses mains tremblaient devant sa bouche.
- Nirsha ? fit Towenak.
- Sangdrake..., murmura-t-elle. Sangdrake...
- Quoi ? Tu le connais ?
- Oui ! Enfin, non ! Mais... Arkalea, tu dois bien t’en rendre compte ! Sangdrake ! Le sang de drake !
Au début, l’orque ne parvenait pas à saisir le sens des paroles de la taurène, puis elle eut une illumination soudaine et se figea à son tour. Dans son rêve, elle avait vu un drake faire une chute mortelle dans l’ouragan qui annonçait le danger. Il s’était vidé de son sang en s’écrasant, qui s’était répandu partout comme une vague de destruction.


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MessageSujet: Re: L'Ouragan de la Vengeance   L'Ouragan de la Vengeance EmptyJeu 22 Mai - 20:07

L'Ouragan de la Vengeance Screen26

Kalterian observa avec attention les troupes en-dessous du poste de guet naturel qu’il avait découvert dans les pitons montagneux surplombant la Terrasse des Cents Tonnerres. Enfin, ils avaient trouvé leur cible, ce maudit chef troll que les Zandalaris cherchaient tant à cacher, il était là, à quelque mètres seulement de lui. Faire parler son serviteur n’avait pas été aisé, et ils avaient dû faire appel à beaucoup plus de violence qu’il n’aurait préféré avoir à utiliser pour obtenir les mots qu’il fallait afin de déterminer sa localisation. Il n’était pas seul, comme ils s’y attendaient ; en plus d’autres guerriers de sa race, il y avaient des mogus qui le protégeaient. Le haut-elfe nota avec attention tout ce qu’il pouvait voir d’intéressant, avant de repartir rapidement mais discrètement vers ses camarades qui attendaient plus loin.
Ceux-ci écoutèrent le rapport du forestier avec attention dès qu’il revint de sa reconnaissance. La perspective de pouvoir finalement affronter le troll qu’ils avaient tant cherché cette dernière semaine en réjouissait plus d’un, mais ils savaient tous au fond que ça n’allait pas être facile. La présence des mogus entre eux et les Zandalaris en était déjà un signe.
- Je n’aime pas tellement comment ils se montrent à découvert, remarqua Kuroshan. Les mogus, eux, sont peut-être assez arrogants pour ça, mais de ce que j’ai vu des Zandalaris, ils sont bien trop rusés et malins pour prendre un tel risque.
- Ils ne peuvent quand même pas s’attendre à ce qu’on les attaque ? répondit Elaria. Il y a des tas d’aventuriers qui tuent leurs éclaireurs dès qu’ils en rencontrent, ce qu’on a fait n’a pas pu attirer d’une façon particulière leur attention. Et comment auraient-ils pu faire la différence entre un éclaireur assassiné et un autre capturé ?
- Elaria a raison, acquiesça Sunaki.
- De toutes manières, intervint Nocturana, on ne va pas partir tous ensemble pour foncer dans le tas, qu’il y ait un piège ou pas. Il faut que des gens restent derrière pour couvrir ceux qui attaqueront.
Le groupe se mit d’accord sur cette solution, jugeant qu’il valait mieux ne pas sous-estimer les trolls. Kalterian, Estrana, Sunaki et Simine allèrent au point de vue caché trouvé par le forestier plus tôt afin de lancer flèches et sorts sur d’éventuels ennemis supplémentaires, pendant que les combattants, les soigneurs et les chasseresses accompagnées de leurs familiers allaient sur le terrain. Ils attendirent encore un moment, laissant à leurs compagnons le temps de se mettre à leur poste, puis chargèrent dans le camp mogu.
Il n’y avait pas vraiment de grand obstacle pour se dresser sur leur chemin, que d’imposants mogus qu’ils pouvaient facilement vaincre à l’aide de leurs forces combinées. Kuroshan préférait passer par les endroits plus fréquentés tout en évitant un maximum de gardes, se méfiant des immenses trous laissés dans les patrouilles. Il avait suffisamment combattu cette race ces derniers mois pour savoir que ce genre d’endroits désertés abritaient nombre de pièges mortels, et il refusait de perdre qui que ce soit parce qu’ils auraient marché sur la mauvaise dalle de pierre au mauvais moment.
Au cours de leur progression, leurs camarades qui étaient partis en hauteur intervinrent assez fréquemment pour les aider à se débarrasser de sentinelles gênantes, parfois ils forçaient une rune mortelle ou emprisonnante à se déclencher avant que quelqu’un ne marche malencontreusement dessus. Ils pouvaient aisément avancer, ce qui poussa plus d’un à se méfier de la facilité de leur progression. Pourtant, ils ne pouvaient pas reculer quand leur cible était si proche. Comme Marlek le souligna, s’ils voulaient vraiment saisir cette occasion, la seule chose qu’ils pouvaient faire c’était de continuer à avancer tout en restant aux aguets.

Lorsqu’ils arrivèrent à la terrasse sur laquelle se trouvaient les Zandalaris, ils marquèrent une dernière pause le temps de préparer une attaque rapide et précise. Entre le chef et eux se tenaient plusieurs gardes mogus, des Zandalaris qui seraient plus agiles et réactifs que leurs alliés, puis il y avait deux autres figures de meneurs, une trollesse des forêts qui devait être une Amani, armée d’un arc et de deux sabres acérés, et un mogu d’une taille si imposante qu’il était évident que celui qui resterait dans la trajectoire de sa grande faux s’exposerait à une mort certaine. Hirokan pointa malicieusement qu’ils pouvaient bien utiliser cela à leur avantage pour se débarrasser des ennemis en trop, et se retrouva chargé de veiller à cela avec l’aide d’Elaria et de Sin.
Après un accord commun, Hoji et Kuroshan chargèrent, suivis des autres attaquants en mêlée et des tireurs, accompagnés par Naeria et Haruta qui devaient soigner leurs camarades grâce à leur pouvoir mystique. Le guerrier Pandashan parvint presque à porter un coup au chef des éclaireurs dès la première charge, mais la trollesse s’interposa à temps pour l’en empêcher, ce qui les contraignit à échanger un duel dans lequel les quatre sabres s’entrechoquèrent plus qu’ils ne blessaient ou ne faisaient couler de sang ; de temps à autres l’adversaire lançait des sorts d’ombres puissants, qui permirent progressivement de l’identifier comme une chasseresse des ombres, et pas une apprentie celle-là.
Ils furent un peu surpris de voir les mogus et les trolls s’organiser assez rapidement pour tenter d’isoler chaque membre du groupe afin de les maîtriser plus aisément, mais ils ne se laissèrent pas faire et se positionnèrent en cercle pour tenir leur position, alors que les deux moines allèrent s’occuper du grand mogu pour qu’il ne profite pas de cette ouverture pour les anéantir d’un seul coup. Comme ils s’attendaient à un combat encore plus ardu compte tenu qu’ils devraient maintenir la formation défensive face à tant d’opposition, d’autres Zandalaris descendirent soudainement des pitons, tenant prisonniers leurs alliés qui les soutenaient à distance.
Ils étaient inconscients, et rien que de les voir ainsi souleva beaucoup d’inquiétude chez leurs amis proches ; Elaria cria sauvagement contre le troll qui soulevait Kalterian, ce qui le fit rire, et Nocturana dut se retenir d'essayer de planter une flèche dans la tête de celui qui tenait sa soeur avant d’envoyer tous ses familiers sur lui, craignant à raison que les trolls ne tuent les autres otages et Estrana. avec Le chef des éclaireurs donna un ordre à ses soldats qui se rapprochèrent dangereusement, avant d’être soudainement interrompu par sa camarade :
- Attends chef, c’est pas l’autre trollesse cette fois, ce sont les Pandashan !
Tout le monde releva la remarque avec étonnement, surtout dans le cas des attaquants. Quelqu’un d’autre voulait assassiner le responsable des incursions, et une trollesse cette fois-ci ? Beaucoup songèrent à la Horde, ce qui ne plus pas à Kalterian qui pensait que ça voudrait dire qu’il risquerait d’y avoir une opposition entre eux.
- Quelle différence cela fait-il ? grogna le chef mogu. Tuons-les tous !
- Attends ! répliqua le Zandalari avant de passer dans sa langue natale que certains purent toujours comprendre (en remerciant au passage leur persévérance pour atteindre un niveau correct de compréhension). Ziadrin, t’avais dit que t’avais repéré ses camarades plus tôt, ils sont pas parmi ceux-là ?
- Pas du tout seigneur, répondit l’Amani. J’avais vu les orcs, aucun d’eux n’est dans ce groupe. Et nos guerriers, ils auraient dû pouvoir les prendre s’ils étaient avec ces quatre-là...

Les Zandalaris n’avaient pas l’air de considérer que cet imprévu soit anodin, ce qui était intriguant, mais également intéressant pour ceux qui y voyaient une bonne opportunité pour se sortir vivants de ce guêpier. Ils avaient encore leurs armes et les ennemis étaient à une distance encore sûre de leur cercle défensif, le grand problème serait de récupérer leurs camarades prisonniers.
- Vous ! les interpella soudainement le chef. Vous êtes avec la prêtresse du sang ? Où est-elle, et ses compagnons ?
Le guerrier pandaren fit signe à ses camarades qu’il allait répondre, avant que quelqu’un ne le fasse à sa place. Certains reconnurent à la lueur dansante dans ses yeux ambrés et son petit sourire qu’il venait d’avoir une idée, et qu’il savait comment l’utiliser.
- Très malin, dit-il sans se départir de son air malicieux. Des failles évidentes dans votre défense, des gardes dont on peut aisément se débarrasser et vous êtes bien exposé pour le chef d’une invasion à grande échelle. Il y avait tellement d’occasions à saisir pour venir chercher votre tête, et la trollesse aurait pu être tentée... si elle ne savait pas aussi bien que vous que vous essayiez de la piéger. À la place, c’est nous qui sommes tombés dans votre piège, mais vous êtes aussi tombés dans le sien.
Sur le coup, les trolls se regardèrent les uns et les autres, interloqués et méfiants. Le chef plissa les yeux, concentré, mais semblait quelque part inquiet. Sans aucun doute, cette trollesse “prêtresse du sang” devait déjà l’avoir confronté, et elle devait être pas mal puissante pour que même après son probable échec il la craigne assez pour vouloir la piéger ainsi.
L’instant qui suivit la déclaration de Kuroshan, un grand éclat de rire métallique et franc résonna à travers les ruines, ce qui poussa les mogus et les trolls à se mettre sur leurs gardes pendant que le groupe se préparait à saisir la première occasion qui se présenterait pour frapper. Enfin, un guerrier poussa un cri et montra une colonne surplombant la terrasse, sur laquelle se tenait une grande trollesse bleue avec une belle armure en plaque et une lance runique qui semblait diffuser du sang. Elle avait des yeux brillants de Chevalier de la mort, était assez belle et d’allure provocatrice, un sourire narquois mettait en valeur ses défenses pendant qu’elle fixait ceux qui étaient en bas.
- Surprise, mada’faka ! s’exclama-t-elle.
- Toi ! s’écria le Zandalari. Jette ton arme, ou nous tuons tes camarades !
- Ça marche, mec !
D’un geste rapide, la trollesse propulsa sa lance qui vint se ficher dans le crâne du mogu géant, qui tomba à genoux en hurlant de douleur alors que le sang coulait à flots de la plaie. Le groupe craignit que les Zandalaris ne réagissent avant eux en tuant leurs amis, mais une volée de flèche vint toucher leurs gardiens et les forcer à lâcher prise tout en devenant incapable d’essayer de les attaquer. Ils n’attendirent pas que ces trolls se remettent de leurs soudaines blessures, et se taillèrent un chemin pour mettre en sécurité dans leur cercle les quatre otages, que Naeria et Haruta se hâtèrent d’aller examiner.
 Pendant ce temps-là, le combat reprit de plus belle comme une poignée de guerriers de mêlée venait de se jeter sur la terrasse pour décimer les trolls et mogus pris par surprise ; un elfe de sang, deux humains, un nain et un hozen, ainsi qu’une meute considérable de loups qui vint s’ajouter au combat, apparemment dirigée par l’un des deux orcs archers qui restaient postés sur l’un des murs pour darder de leurs flèches les ennemis. La trollesse Chevalier de la mort descendit reprendre sa lance toujours plantée dans le cadavre du colosse, se défendant d’attaques impromptues avec de la magie de givre ou de sang pendant que l’elfe de sang, visiblement chevalier de sang à en juger par ses techniques, et un chevalier de la mort humain se précipitèrent à sa rescousse pour la couvrir dans sa démarche presque royale vers le cadavre du vaincu.
Une fois assurés que leurs blessés étaient sécurisés, les aventuriers et les Pandashan ne tardèrent pas à aller aider ces alliés providentiels, tout en cherchant à atteindre le chef Zandalari qui commençait à essayer de s’enfuir. Dans le chaos, Nocturana qui aidait sa soeur à se remettre fut rejointe par un visage familier.
- Fagnar ! s’exclama-t-elle en reconnaissant le nain roux avec son oeil unique.
- Salut Noc ! la salua-t-il avec enthousiasme. Et Marlek, Hoji... Ah, ils sont déjà repartis ceux-là, ‘tiennent pas en place ces moines, pour des gens qui pratiquent le zène ! Et toi, depuis quand tu restes à genoux à côté des blessés au lieu de sauter dans la bataille pour transpercer les canailles ?
- C’est ma soeur, je dois quand même être certaine qu’elle n’est pas blessée.
Le nain haussa les sourcils avec une expression étonnée qui fit sourire l’elfe de la nuit. Elle lui assura qu’elle lui raconterait ce qu’il avait manqué dès que la bataille serait finie. Naeria vint en renfort pour aider la jeune Bien-née, ce qui permit à la chasseresse de laisser sa soeur aux mains d’une soigneuse experte le temps de faire ce à quoi elle excellait comme le nain l’avait souligné : cribler de flèches ses ennemis, les empêcher de tuer ses amis.

Lorsque la confusion s’estompa un peu, ils prirent un moment pour considérer la pile de cadavres qui s’était amoncelée sur la terrasse, leurs blessés, assez nombreux - les quatre personnes qui devaient aller en soutient avaient plusieurs contusions, signe qu’ils ne s’étaient pas laissés faire avant d’être finalement soumis par leurs nombreux adversaires - puis enfin les nouveaux arrivants, qui semblaient être menés par la trollesse qui s’étirait tranquillement les bras en tenant sa lance particulière.
- Et ben, fit-elle, ça c’était une bagarre ! Le chef de ces rigolos de Zandalaris s’est barré par contre, on dirait bien que je lui ai fait peur. Marrant pour quelqu’un qui a une armée quand moi j’ai à peine une dizaine de potes..., ajouta-t-elle tout bas. Ah ben oui, eux ils sont mieux entrainés que ces froussards babilleurs de sermons rouillés !
- Il faut aller le rattraper ! répondit Kuroshan qui essaya de se relever malgré sa grande blessure au torse que Haruta essayait de soigner.
- Relax, Pandashan, j’ai d’autres gars qui sont en bas pour l’empêcher de fuir tranquille. M’est avis qu’il va avoir des surprises !
- Mais vous, qui êtes-vous ? demanda Marlek, posant la question que tout le monde avait envie de prononcer.
La trollesse fit un brusque volte-face pour regarder directement le moine, un large sourire dévoilant ses défenses impressionnantes et à l’air d’avoir été décorées de symboles runiques - qui n’avaient cependant rien à voir avec les runes des Chevaliers de la mort.
- Xa’na Danse-sang, se présenta-t-elle, Chevalier de la mort. Née de Zul’drak, virée par ma race à cause de ma nouvelle nature - merci crétin d’Arthas !-, mercenaire à la tête de la Compagnie. Je crois avoir vu que certains d’entre-vous ici se connaissent déjà.
Effectivement, Fagnar n’était pas inconnu pour la plupart des gens du groupe, et parmi les camarades de la trollesse les deux humains, qui portaient assez de ressemblances physiques pour laisser à supposer qu’ils étaient issus de la même famille avaient échangé quelques mots avec Marlek, Hoji et Elaria comme si c’était loin d’être la première fois qu’ils se rencontraient, ce qui était le cas.
- Du coup, vous êtes après le Zandalari pour une prime ? demanda Nocturana.
- Exact. On aura besoin de sa tête par contre, notre employeur est un borné qui veut voir la bobine du troll avant de nous payer.
- Euh..., fit Sunaki qui n’avait pas l’air tellement d’accord de concéder cela ça à la trollesse morte-vivante. Déjà, on va l’attraper et ensuite on verra.
- Ok, de toutes façons j’aurais la tête que ça vous plaise ou pas. En attendant, j’vous présente vite fait les copains et on va rattraper le reste.

Pour une trollesse morte-vivante, Chevalier de la mort, maudite par la malédiction de la Faim sans Fin et originaire d’un empire troll qui était tombé en décadence à la fois à cause du Fléau mais également par leur propre faute, cette Xa’na ne manquait pas de vitalité et semblait comme une batterie surchargée d’énergie. N’aurait-ce été que ses yeux brillants, il aurait été aisé de croire qu’elle était encore en vie. Elle s’occupa ainsi avec une rapidité phénoménale de nommer chacun de ses camarades et de résumer leurs capacités, avec un débit de parole accéléré mais pourtant bien compréhensible. Ils avaient déjà vu que dans son groupe se trouvaient diverses sortes de combattants, Alliance, Horde, ou complètement neutres par rapport à la guerre.
Elle présenta en premier un elfe de sang chevalier, Seranis Cherche-Lumière, son bras droit qui paraissait une adéquate complémentarité pour le caractère flamboyant et excentrique de son chef par son sérieux et son sang-froid. Les deux humains frères qui connaissaient Marlek se prénommaient Jordar (l’ainé, un Chevalier de la mort) et Darnor (le cadet, qui était un paladin dévoué de la Croisade d’Argent), et malgré leurs différences manifestes ils semblaient quand même relativement proches l’un de l’autre. Le hozen au poil brun qui s’était aussi pas mal fait remarquer à coup d’insultes dans son dialecte racial était nommé Koun-Koun, et il savait visiblement se servir de ses poings à la manière savante des moines pandarens en plus de porter à sa ceinture rustique et dans son dos des tonnelets remplis de breuvages plus ou moins explosifs.
Il y avait bien évidemment Fagnar, que Xa’na présenta en révélant qu’il avait rejoint leur groupe en compagnie de sa femme ; assurément, Holi n’était pas loin. Les orcs qu’ils avaient pu voir étaient un père et sa fille, Negar et Keera Sombreworg ; l’un était un chasseur et trappeur expérimenté, et la jeune femme la maîtresse d’une impressionnante meute de loups, un héritage qu’elle devait vraisemblablement à son appartenance au Clan Loup de Givre. Enfin, le demi-orc qu’ils avaient vu se battre à l’aide d’armes de mêlée se prénommait Kosh, et il fut aisé de comprendre que celui-ci semblait très incliné vers la Horde compte tenu de l’emblème tatoué qu’il avait sur l’épaule nue.
- Sacrée équipe, commenta Hirokan.
- J’espère que vous êtes meilleurs que moi pour retenir les noms, rigola Xa’na, parce que y’a encore plus de mes gars qui s’occupent du Zandalari en bas.
- Oh par tous les dieux..., murmura Naeria, stupéfaite. Combien ?
- Dix, lâcha tranquillement Keera en passant à côté d’elle avec ses loups (qui effrayèrent quelques-uns des familiers déjà présents).

À présent que les blessés étaient en état de les suivre, le groupe et leurs nouveaux alliés mercenaires se frayèrent un chemin à travers le dédale des ruines en se débarrassant des derniers mogus restant. La trollesse faisait tellement de ravages sur son chemin que beaucoup se dirent qu’ils étaient bien chanceux de l’avoir dans leur camp, et qu’elle devait être terrifiante lorsqu’elle avait Faim. Néanmoins, nombre des combattants avaient également de quoi l’égaler en force et en intelligence, et elle devait vraisemblablement trouver assez d’occasions pour assouvir sa soif de sang avant que cela ne lui pose de problèmes ; cela devait surtout être un impératif pour elle vu qu’elle semblait pas mal tenir à ses camarades mercenaires.
Tout en continuant à tirer ses flèches lorsque c’était nécessaire, Nocturana discutait en chemin avec Fagnar sur la raison de sa présence ici, à peine une semaine après que sa femme ait été guérie de sa terrible condition. Le nain l’informa que lui et Holi avaient décidé de partir en Pandarie pour trouver les réputés bassins aux pouvoirs curatifs pour essayer de restaurer son lien brisé avec la Lumière, et que la naine était bien avec lui et les mercenaires, mais devait restait en sécurité à l’arrière comme elle était encore un peu faible pour se battre - selon lui.
Le couple, fidèle à leur nature aventurière, avait préféré se lancer dans un voyage avec quelques rebondissements au lieu d’arriver comme des fleurs au Val et de se baigner dedans sans avoir fait quoi que ce soit. Ils avaient rencontré Xa’na dans la Forêt de Jade pendant qu’ils chassaient un éclaireur troll, après s’être fait dérober celui qu’ils avaient capturé à Krasarang ; Kalterian et Elaria ne mirent pas longtemps à comprendre que le prisonnier fait par leur mentor au Territoire du Lion avait en fait été volé au groupe de la trollesse. Ça n’avait cependant pas eu l’air de l’énerver tant que ça lorsque le haut-elfe s’en excusa auprès d’elle, au lieu de ça elle se mit simplement à rire de la coïncidence.

Ils continuèrent à dévaler la pente, en parvenant à se diriger avec des corps inanimés de Zandalaris éparpillés un peu partout sur le chemin ; certains étaient vraiment morts, d’autres seulement inconscients. Préférant s’assurer qu’ils ne se réveilleraient pas pour les harceler sur leurs arrières, Keera ordonna à ses loups d’aller les achever. Estrana protesta face à son commandement, mais l’orque lui répliqua que ce n’était pas parce que des ennemis étaient en train de dormir que ça les immunisait contre toute attaque de la part de ceux qu’ils cherchaient eux-même à tuer :
- Tu peux trouver ça déloyal, jeune elfe, mais ne t’imagine pas que ces trolls t’auraient montré autant de clémence que tu en aurais eu pour eux si ça avait été eux qui t’avaient trouvé inconsciente. Qu’à ton réveil tu aies eu envie de t’éloigner ou de partir à leur poursuite ne fait aucune différence, tu es une ennemie et quand ils te trouvent, ils t’exécutent quand ils ne t’enlèvent pas pour te sacrifier à leurs dieux, et plus tu es affaiblie, mieux c’est. Oui, c’est sans honneur, mais c’est comme ça qu’ils marchent.
- Et ça vaut de se mettre à leur niveau ? répliqua la bien-née.
- C’est ainsi que ça marche, à la guerre, dans la nature. N’essaye surtout pas de me parler d’honneur  au combat parce que je suis une orque, ça ne marche plus sur moi. Il y a bien longtemps que j’ai perdu foi là-dedans.
Negar tourna la tête à ces paroles, visiblement en désaccord avec l’amertume de sa fille.
- Keera, tu ne devrais pas dire ça. Il est possible de combattre avec honneur, et il y a plusieurs moyens.
- Vraiment ! répliqua la chasseresse. J’espère que tu ne comptes pas les attaques en traitre avec des armes de destruction massive comme un moyen de se battre avec honneur !
- Certainement pas, tu ne me crois quand même pas capable d’approuver ce genre de méthodes ! Keera, ce n’était pas honorable et tout le monde en était conscient... !
- Dans ce cas, comment cela se fait-il que notre Clan, qui a levé la voix contre ces choses, contre la peste des réprouvés, se soit fait réprimer pour avoir fait ce qui été juste et dénoncé le manque d’honneur et d’éthique de leurs méthodes ?! L’honneur au combat n’est rien de plus qu’une farce, et le fait que l’Alliance se réclame comme porteuse de cette valeur me donne encore plus envie de vomir !
- Au moins, ce ne sommes pas nous qui envoyons des bombes de mana pour tuer de la façon la plus horrible qui soit des milliers de gens ! s’écria soudainement Elaria.
- Très drôle ! railla Keera. Rappelle-moi donc laquelle des deux factions a tiré en premier sur l’autre après la bataille du Mont Hyjal où nous étions censés en avoir fini avec toute cette haine, humaine !
- Je ne suis pas une h... ! Gh ! Ceux qui ont fait ça ont peut-être eu tord, mais ça ne justifie en rien ce que vous avez fait à mon peuple !
- SILENCE !!! rugit Kuroshan, excédé. Nous sommes en train de nous occuper des Zandalaris je vous rappelle, ce n’est pas le moment de repartir sur vos chamailleries de Horde et d’Alliance, nous avons déjà assez de problèmes sur les bras à cause de votre stupide guerre sur notre terre !
Keera se détourna la première de l’altercation, haussant les épaules comme de toutes manières elle avait laissé tombé la Horde et sa guerre contre l’Alliance depuis longtemps. Elaria continuait cependant à ressentir toute cette rancune et cette haine qu’elle portait contre ceux qui avaient détruit son foyer, tué sa mère adoptive, sa dernière famille de Quel’thalas. Son frère avait beau réussi à la convaincre quelques mois plus tôt de ne pas haïr systématiquement tous les orcs, trolls, elfes de sang et leurs alliés qu’elle voyait, la seule mention de la destruction de Theramore pouvait suffire à réveiller le tourbillon de colère qui hurlait en elle.


Rapidement après cette dispute, ils furent unanimement rappelés à leurs problèmes quand enfin ils rattrapèrent le chef des Zandalaris et son escorte, qui avait été réduite à la chasseresse des ombres. Les camarades de Xa’na étaient en train de s’occuper de les retenir, alors qu’ils avaient approché de la falaise. Vu qu’il avait semblé évident qu’ils allaient tenter de sauter à la mer et que leur moyen d’évasion ne devait pas être loin, deux combattants leur barrèrent la route en roulant devant eux, une pandarène à l’air assez âgée et une orque qui devait aussi être moniale vu la posture de combat qu’elle adoptait avec ses mains nues (Hoji et ses disciples plus expérimentés reconnurent cependant qu’elle devait encore être novice vu que la sienne n’était pas tellement parfaite).
Le reste des mercenaires était tout aussi diversifié que le groupe qui accompagnait la trollesse des glaces. Bien sûr, Holi était parmi eux, mais Marlek reconnut également d’autres de ses connaissances, deux femmes démonistes, une orque et une jeune gobeline (laquelle sautilla sur place avec enthousiasme dès qu’elle l’aperçut). Avec elles se trouvaient tout autant d’individus venant de milieux différents, avec deux orques, la gobeline et la naine se trouvaient une taurène, un troll des forêts, une pandarène, une réprouvée, un demi-elfe et même un ogre. À moins qu’il n’y ait encore d’autres mercenaires de cachés ou simplement absents, Xa’na dirigeait avec Seranis pas moins de dix-sept personnes.
- Enfin ! s’exclama Xa’na en les apercevant. Bon boulot les gars, on arrive pour la suite.
- Vous toucherez pas au seigneur ! siffla la chasseresse des ombres. Surtout pas une trollesse qui abandonne les siens !
- Les miens m’ont abandonné avant ma fille. Maintenant c’est le pognon qui parle, et ta tête elle rapporte beaucoup, “seigneur” !
- On va vraiment la laisser le décapiter... ? murmura Naeria aux Pandashan.
- Hm..., fit Kuroshan avec un air dubitatif. Si on essaye de l’en empêcher maintenant elle risque de se retourner contre nous. On va dire que c’est un bon moyen de s’assurer qu’il ne  se régénèrera pas quand on le croit mort.. les plus sensibles n’auront qu’à ne pas regarder.
Chacun était préparé au combat, qui semblait prêt de se conclure vu le rapport de forces manifestement inégal. En face des deux trolls se trouvaient pas moins de trente-deux personnes armées prêtes à se battre. Il n’était pas question pour le Zandalari de se rendre et de déposer les armes ici ; il ne pouvait pas être autorisé à vivre plus longtemps à cause de ce qu’il projetait de faire dans la Pandarie, sans compter les mercenaires de Xa’na qui étaient littéralement après sa tête et ne démordraient pas de leur objectif.
Sur un signal, les archers, à présent au nombre de six, déchainèrent leurs flèches sur les deux trolls. La chasseresse des ombres brandit rapidement ses deux lames chargées de pouvoir, invoquant l’un de ses loas pour ensuite activer une gigantesque rune de protection vaudou en-dessous d’eux. Les traits ricochèrent sur la carapace spirituelle sans atteindre leur cible, ce qui en fit siffler de frustration plus d’un.
- Grand méchant vaudou, j’aurais dû m’en douter de sa part ! grommela l’un des mercenaires de Xa’na, un troll des forêts.
- Abattez moi ce bouclier ! cria Kuroshan.
Plusieurs sorts vinrent se heurter contre la protection, d’écoles de magie différentes. Au départ, la salve fut un désastre, certains sorts furent simplement absorbés et d’autres renvoyés dans tous les sens, heurtant quelques combattants au passage, ce qui fit ricaner les trolls depuis leur abri. Le groupe ne se démonta cependant pas, et après plusieurs essais ce fut le demi-elfe qui utilisa un savoir des runes pour trouver et exploiter une faille dans la défense, qu’il marqua avec sa magie pour que les mages la ciblent avec les arcanes.
La chasseresse des ombres essaya de résister à l’impact, chantant prières sur prières pour invoquer les loas en renfort, avant d’être interrompue par le troll des forêts ennemis qui savait lui aussi prier les dieux de leur peuple pour obtenir leurs faveurs. La trollesse comprit à la première fissure dans la carapace que ses dieux ne les protègeraient plus longtemps.
- Non..., murmura-t-elle en tremblant alors que le grand méchant vaudou était sur le point de se briser. Peu importe si moi je dois mourir ici, le seigneur il survivra et il mènera nos frères au combat sur ces terres, nos terres !
Dans un dernier effort, la chasseresse des ombres dissipa la première son sort, en convertissant l’énergie en nova destinée à étourdir un maximum de leurs ennemis pour leur donner assez de temps pour s’échapper. Cependant, certains combattants parvinrent à garder leur équilibre pour essayer de les stopper avant qu’ils ne fassent leur plongeon risqué depuis la falaise. Les flèches de Nocturana et Keera atteignirent le Zandalari, que la trollesse courut soutenir en essayant de le porter loin de Seranis et Kuroshan qui lui fonçaient dessus.
- Plus qu’un dernier effort ! cria Xa’na. Sa tête va tomber, maintenant !
La Drakkari rejoignit les combattants en mêlée, et planta rapidement sa lance dans l’épaule de la trollesse Amani alors que celle-ci était au bord de la côte. Avant que quiconque ait pu essayer de se saisir du Zandalari, celui-ci parvint à se propulser en arrière, tombant la tête la première vers la mer, ce qui arracha plusieurs cris de déception. Le troll mercenaire appela à nouveau les loas, se transformant cette fois-ci en grande chauve-souris qui piqua rejoindre le chef de l’invasion, pendant que la chasseresse des ombres était ramenée du côté de la terre principale et que la plupart des autres accouraient au rebord pour voir leur cible tomber.

Kalterian alerta ses camarades quand il repéra l’un des dinosaures qui servait de monture volante aux Zandalaris, qui fonçait en direction du troll à grande vitesse. Malgré sa réactivité et le soutient des autres attaquants en distance, ils ne purent abattre la bête, qui parvint avec succès à réceptionner son maître et à l’emporter au loin. Le troll changeforme ne tarda pas à remonter, visiblement énervé de ne pas avoir pu atteindre sa proie avant la maudite bête.
- Maudit soit cet animal ! s’exclama rageusement Darnor. On l’avait presque cette fois !
- Où est-ce qu’on va pouvoir le retrouver à présent ? s’interrogea l’orque moniale.
La déception et la colère était palpable chez chacun. Après plus d’une semaine de chasse, ils avaient failli réussir à éliminer le Zandalari qui cherchait à envahir la Pandarie avec ses armées, tout ça pour le voir s’échapper à quelques instants près. Savoir en plus qu’ils étaient plus de trente combattants face à deux trolls et qu’ils n’avaient réussi qu’à les blesser était incroyablement frustrant. Même Xa’na semblait enragée, et le fait qu’elle gardait tout de même un petit sourire au milieu de sa colère la rendait particulièrement effrayante.
Au même moment, la chasseresse des ombres derrière eux essaya de s’enfuir, uniquement pour être rattrapée par Negar et Hirokan. Elle ne chercha même plus à se battre, jubilant d’avoir pu empêcher ses ennemis de mettre la main sur son chef, provoquant plusieurs membres du groupe sur leur incapacité à les vaincre à trente-deux contre trois. Le demi-orc faillit lui décoller la tête des épaules avant d’en être empêché par les autres.
- Si proche..., marmonna la Drakkari. Et c’est de sa faute si on n’a pas sa tête, là ! Au moins, elle a de quoi réparer son affront.
- Exactement, répondit Nocturana. Elle a tout d’une lieutenante, elle doit savoir où se cache son chef en ce moment.
- Ha ! cracha l’Amani. Et vous croyez que je vous le dirai ? Vous pouvez allez bouffer des serpents !
- Encore..., marmonna Kuroshan. Je déteste quand les prisonniers sont tellement têtus et arrogants qu’ils préfèrent se faire souffrir pendant des jours plutôt que de donner des informations toutes simples.
- Vous voulez que je m’occupe de l’interrogatoire ? suggéra Fagnar. J’ai une bonne expérience dans ce qui est de cuisiner les trolls.
Simine et Marlek ne purent s’empêcher de sourire en se souvenant de ce qui poussait leur ami nain à dire ça. Le Pandashan soupira, mais assura au guerrier de Forgefer qu’il y repenserait. Après avoir passé quelques temps sans savoir quoi faire, les deux groupes finirent par se mettre d’accord pour partir à Fleur-de-l’Aurore pour se reposer après cette chasse exténuante, et d’y discuter afin de décider de la suite des événements. Nocturana et son ami moine observèrent que si les mercenaires et leur propre groupe parvenaient à associer leurs forces au lieu de ne faire que combattre l’un à côté de l’autre en deux équipes bien distinctes, peut-être auraient-ils plus de chances face au Zandalari la prochaine fois qu’ils le trouveraient.


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MessageSujet: Re: L'Ouragan de la Vengeance   L'Ouragan de la Vengeance EmptyLun 2 Juin - 13:45

L'Ouragan de la Vengeance Screen27

Fleur-de-l’Aurore se trouva bien agitée avec l’arrivée d’autant d’aventuriers accompagnés d’une prisonnière destinée à l’interrogation. La ville centrale de la Forêt de Jade n’était pas une ville martiale, n’avait aucune structure prévue pour cet usage, aussi lorsque la nouvelle se répandit parmi les habitants, la plupart montrèrent de l’inquiétude, de la méfiance face aux nouveaux venus. Il fallut que les Pandashan leur promettent que la trollesse Amani serait vite emmenée à un endroit plus appropriée pour que le calme revienne en surface et que les membres du grand groupe ne se heurtent pas à trop d’hostilité de la part des citadins. Après avoir été trop indulgents envers les étrangers d’au-delà des Brumes lors de la première semaine suivant leur arrivée, les pandarens de la ville se souvenaient bien de la catastrophe au Coeur du Serpent de Jade.
En attendant le prochain départ, ceux qui allèrent chercher à se restaurer à la taverne du Hozen Ivre étaient toujours les bienvenus à cet endroit, comme les aubergistes appréciaient la présence d’aventuriers sous leur toit. Kuroshan et Sunaki des Pandashan montèrent sur la terrasse du dernier étage avec Xa’na et Seranis afin de discuter de ce qu’il leur fallait faire après ces événements, et les autres Pandashan allèrent garder la Chasseresse des Ombres avec la milice locale dès lors qu’elle s’était réveillée attachée dans le dojo. L’atmosphère était un peu lourde, après ce qui venait de se passer et l’échec de leur mission. Ils avaient été plus d’une trentaine, et pourtant deux trolls, blessés et sans renforts, s’étaient joués d’eux.
- On n’aurait pas dû attendre sur la terrasse, grommela Kosh le demi-orc. Ces Pandashan et leurs alliés de l’Alliance nous ont ralentis et gênés sur la mission !
- Tu es bien gonflé de dire ça, après que vous vous soyez servis de nous pour attaquer tranquillement notre cible, répliqua calmement Marlek. Même si vous nous avez sauvés la vie en faisant ça.
Le guerrier grogna et se renfrogna, visiblement énervé de leur précédent échec. Le troll des forêts intervint à son tour pour tenter de calmer le jeu :
- Mec, c’est la faute de personne, sinon de cette Chasseresse des Ombres. Les Loas, ils l’ont favorisée et quand ils ont répondu à ma prière, c’était un simple caprice...
- Je peux aussi dire que la Lumière ne me tient pas en faveur pour justifier tous mes échecs et mes malheurs, lança moqueusement Darnor. Vil’zun, tu ne vas pas nous faire croire que ce sont vos dieux trolls qui décident de si nous sommes capables de tuer un troll seul ou pas.
- On parle d’une Chasseresse des Ombres, mec ! riposta-t-il. Ces gens sont redoutables à un point qu’un humain comme toi peut pas s’imaginer !
- Vous n’allez pas commencer à vous disputer des heures pour savoir à qui est la faute j’espère, soupira Nocturana en caressant Sephira qui cherchait la sortie pour ne plus avoir tous ces bipèdes autour d’elle.
- Elfe a raison ! s’exclama l’ogre. On fait comme Xa’na a dit, on tape la trollesse verte, elle nous dit où est son chef, on va le chercher, on lui coupe la tête et on rentre prendre l’argent !
- Un plan tellement simple, comme celui qu’on avait et pourtant ce troll nous a filé entre les doigts ! soupira le paladin.
- Darnor, tu es encore plus déprimé que l’un de mes frères d’armes ! s’esclaffa le chevalier de la mort humain. Ce n’est pas la peine de prendre ça trop à coeur, la prochaine fois nous ne nous laisserons pas avoir.
- S’il n’y avait que ça qui devait m’embêter en ce moment..., soupira Darnor.

Face à une ambiance aussi lugubre et dénuée d’entrain, Hoji puis une autre pandarène des mercenaires répondant au nom de Senali, essayèrent de pousser ceux qui essayaient de relativiser cet échec à parler plus que ceux qui avaient du mal à l’accepter. Fagnar et sa femme comprirent qu’ils devaient intervenir, et entreprirent de présenter les gens de chaque groupe aux autres ; la plupart du temps, certains s’étaient déjà rencontrés avant. C’était entre autre le cas de Marlek, sa soeur et ses camarades moines, qui connaissaient Ivina et Mardaka, les deux démonistes, ainsi que les frères Jordar et Darnor. Si le chevalier de la mort avait l’air assez amical avec le disciple de Hoji, son cadet paladin était en revanche plus froid avec lui. L’ogre eut le malheur de plaisanter là-dessus :
- C’est drôle, fit-il avec sa voix grasse, Jordar est plus chaleureux que Darnor qui est glacial.
- Tais-toi Doucaque, soupira ce dernier en se levant soudainement. Je ne me sens pas encore de saluer celui à cause de qui la femme que j’aimais est morte.
Ils laissèrent le paladin s’éloigner d’une allure morne, un silence gêné s’installant dans la pièce. Marlek se prit le visage entre les mains, essayant de gérer le trouble que créait le ressentiment persistant d’un de leurs anciens compagnons de voyage, qui lui aussi avait souffert par sa faute, parce que son maudit père le harcelait sans fin et dans sa folie avait fait des victimes parmi lesquelles comptaient la jeune fiancée de Darnor. Une femme charmante et admirable, toujours volontaire pour porter secours aux autres et avait tant travaillé pour que ses camarades restent saufs, et sa vie avait été cruellement prise par les sbires d’un fou furieux. Naeria se serra contre son compagnon pour le réconforter. Jordar grogna, levant les yeux au ciel.
- Il va finir par comprendre que tu n’es pas à blâmer Marlek, dit-il. Tu n’es pas responsable de la mort de tous ces gens, tu ne les a pas tués.
- Ouille, fit Fagnar avec un ton compatissant. Je savais pas à quel point c’maudit sorcier avait fait des dégâts chez ton entourage. Les dieux soient loués, maintenant il est bien mort et cramé ce salaud !
- La Lumière soit louée..., reprit Holi avec un profond soulagement.
- Votre frère n’est pas bien sympathique quand même, remarqua sévèrement Keera. De ce que j’ai compris, ce n’est pas l’humain qui a tué sa femme.
- Il est... un peu lent à pardonner ou accepter les vérités qui blessent, admit le Chevalier de la mort. Il lui a bien fallu un mois avant qu’enfin il n’arrive à vouloir me reparler normalement après ma réanimation en mort-vivant.
- Peu importe, les coupa abruptement Marlek. Mon père est mort, ceux qu’il a tué dans sa folie sont vengés et je n’ai pas envie de passer le restant de ma vie là-dessus. Pourquoi est-ce que Darnor a appelé l’ogre “doucaque”, ce n’est pas une insulte hozen normalement ?
Même si l’hostilité que lui avait montré le paladin l’agaçait et le blessait à la fois, le moine refusait que tout le monde passait la journée à s’apitoyer sur ce à quoi c’était lié. Il n’avait pas envie d’en entendre parler tout le temps de ce qui s’était passé à cause de son père. Si Darnor ne voulait pas lui reparlait parce que la perte de sa fiancée continuait à lui peser sur le coeur, il faisait comme bon lui semblait, il espérait même qu’un jour il pourrait se remettre de son deuil ; cependant, ce n’était pas quelque chose d’aussi grave pour que tout le monde s’attarde sur le sujet.
Fort heureusement pour lui, Marlek avait bien choisi sa question comme elle provoqua une soudaine hilarité chez Koun-Koun le hozen, pendant que le reste étaient soit intrigués, amusés ou gênés. Tant que ça resterait assez longtemps dans la conversation, il serait tranquille.
- Doucaque pas comprendre le problème avec mon nom, fit l’ogre. Chouette nom je trouve.
- Oh non..., soupira Kosh. Pourquoi il a fallu que ça soit ça ta diversion, humain ?
- Je dois dire..., fit Hoji, hésitant. C’est quelque peu intriguant.
- Voilà l’histoire, raconta une taurène Marche-Soleil du nom d’Ourani. L’ogre que voici a rejoint la Compagnie récemment en quête d’aventures mais se plaignait fréquemment de la stupidité de son nom d’origine, qu’il trouvait trop “incivilisé”. Quand nous avons rencontré Koun-Koun, ils se sont disputés et notre hozen l’a traité de “doucaque”; il ne comprend toujours pas ce que ça veut vraiment dire et depuis porte ce “nom” avec fierté. Voilà pourquoi nous devons l’appeler “Doucaque”, au lieu de “Tonk”.
- Doucaque beau nom ! répliqua fièrement l’ogre, causant encore plus de fou-rires mal contenus chez le hozen qui se roulait maintenant par terre en martelant le sol avec hystérie.
- Je me demande si j’ai vraiment bien fait de poser cette question..., soupira Marlek.
- Croyez-moi, murmura Fagnar à ses amis. Ça vaut vraiment le coup de les voir discuter ensemble, Koun-Koun est toujours en train de se moquer de lui et Doucaque s’en rend à peine compte !
- Oui, soupira la taurène, c’est certain que ça fait rire les premières fois. Mais à la longue ça fatigue, encore heureux qu’ils soient relativement de bons combattants.
- Doucaque a failli me transformer en mouton à la place d’un mogu une fois, lâcha Kosh. Il s’en est à peine rendu compte.
- C’est pour ça que j’ai dit “relativement”. Reconnais quand même que Koun-Koun se débrouille bien pour jongler avec les tonneaux de bière.
- Là-dessus, dit Senali avec un air appréciatif, je n’ai rien à redire.

L’anecdote avait au moins atteint son but de mettre les aventuriers dans une ambiance moins tendue que lorsqu’ils étaient arrivés et quand Darnor s’était enfui de leur conversation. Ils commençaient à parler entre eux et à apprendre à se connaître au fur et à mesure ; Hoji se rapprocha bien vite de Senali, Maître-Brasseur d’un âge proche du sien qui était issue de l’Île Vagabonde comme lui. L’orque moniale qui était souvent à ses côtés était Pragma, sa jeune disciple qui avait trouvé une voie de combat qui lui correspondait dans les arts martiaux innovateurs des pandarens après avoir échoué ailleurs. Une réprouvée qui était restée silencieuse la plupart du temps, Tayia, se révéla incroyablement amicale et bavarde dès lors qu’elle put s’accrocher à l’un des sujets de conversation.
Fagnar et Simine s’amusèrent de voir le hozen railler l’ogre sans que ce dernier ne comprenne que son camarade n’était pas vraiment en train de le flatter, même s’ils apprirent que Doucaque était quand même un peu plus intelligent qu’il ne le paraissait, vu qu’il se documentait énormément en histoire et dans les arts de la magie, et il avait tout de même retenu beaucoup d’informations dans le domaine; l’ogre leur conta un mythe sur sa race, qui l’avait encouragé à quitter la tanière sale dans laquelle il était né. Il raconta que des siècles auparavant, sur Draenor, son espèce avait été au coeur d’un grand empire et d’une brillante civilisation. Cependant, sa naïveté face aux moqueries du hozen montraient qu’il n’avait pas tellement atteint un stade d’intelligence supérieure chez les ogres comme il le souhaitait.
Comme Xa’na et les autres ne revenaient toujours pas, on commanda de la bière pandarène, ou du thé pour ceux qui n’appréciaient pas l’alcool, et de nombreuses histoires commencèrent à être  racontées dans la taverne. Le ton variait, tantôt les aventures contées étaient amusantes et légères, tantôt elles étaient plus sombres et avec une note tragique ; c’était notamment le cas quand l’histoire des “Aventuriers de la Faux” était évoquée. Autour d’eux, les autres clients se rapprochèrent pour écouter, et Holi se fit une joie de raconter toutes les histoires de voyages qu’elle connaissait.
Pendant que la naine était en train de raconter à un auditoire captivé sa version épique de la quête entreprise par son mari pour venger sa “mort”, avant de découvrir qu’elle était encore en vie et prisonnière d’un sorcier maléfique, quelques-uns allèrent chercher un peu d’air frais. Nocturana vit sa soeur marcher en compagnie du demi-elfe, Tyrathen, avec qui elle avait l’air de bien s’entendre, et finit par suivre son exemple un peu après comme sa panthère se mettait à miauler et manifester fortement son envie de sortir. Elle avait aussi besoin de calme après tout le temps passé à l’intérieur, pour elle il n’y avait  jamais rien de mieux que les espaces libres.

Elle prit un moment pour essayer de mémoriser toutes ces nouvelles connaissances qu’elle venait de faire en une journée. Cela ne lui prit pas tellement longtemps comme elle avait appris à retenir rapidement les noms, à force de rencontrer énormément de personnes depuis qu’elle était partie d’Orneval. Elle songea que Kuroshan et cette Xa’na allaient avoir du travail à fournir s’ils voulaient coordonner tout ce monde contre les Zandalaris, mais s’ils y parvenaient, cette fois-ci ils auraient leur cible. Ils avaient bien remarqué que la soudaine arrivée d’un groupe complètement inconnu avait pas mal dérangé l’autre, et ils ne s’étaient pas accordés assez pour capturer le troll. En plus de cela, il y avait eu une dispute...
- Throm’ka, la salua soudainement la chasseresse orque alors qu’elle repensait justement à elle. Je cherchais votre camarade humaine, à propos de ce qui s’est passé tout à l’heure...
Nocturana se retourna pour détailler Keera, qui se tenait à côté d’elle et la regardait calmement, sans trace d’aucune animosité ni de méfiance. Ses loups, en revanche, semblaient s’occuper de la juger de leur côté. Alors qu’elle allait répondre, un trait subtil et difficilement discernable chez l’orque la fit s’interrompre en chemin. Son visage, étrangement, lui rappelait celui d’une amie, mais il avait plus de caractéristiques orques cependant ; sa peau avait tout de même un coloris assez étrange, en fonction de la lumière elle pouvait devenir presque bleue...
- Vous avez avalé votre langue ? demanda Keera en haussant un sourcil.
- Non, je pensais juste que vous ressembliez à quelqu’un que je connais. Vous cherchez Elaria donc ?
- C’est ça. Elle s’est éclipsée de l’auberge elle aussi, et je voulais au moins savoir pourquoi elle avait réagi comme ça tout à l’heure.
- Hm... Peut-être qu’elle est allée du côté du dojo ? Sa supérieure dans l’armée nous a confié la mission contre le chef des Zandalaris, elle doit vouloir s’assurer que notre prisonnière est bien gardée.
- D’accord. Merci, Nocturana. C’est bien votre nom ?
- Exactement.
- Je le savais ! Au moins, je ne suis pas aussi nulle que Xa’na pour me souvenir des noms, plaisanta-t-elle. Ah, et vos familiers sont très impressionnants.
L’orque s’éloigna, suivie de ses loups. Il sembla à Nocturana que Sephira se mettait à ronronner à côté d’elle, pendant que Skoll et Hàti avaient leurs queues battantes. Indéniablement, cette chasseresse-là savait également parler aux bêtes et leur inspirer des sentiments, ici de la flatterie.

Il ne fallut cependant pas longtemps avant que quelqu’un d’autre ne vienne la voir, cette fois-ci quelqu’un qu’elle ne se serait pas attendue à voir dans cette région, ni à un tel moment alors qu’aucun rapport ne lui avait encore été envoyé. Danessia venait de descendre de son hippogriffe argenté, et dès qu’elle l’aperçut - avec un air pas mal surpris - elle monta les marches pour aller la trouver. La haute-elfe, cependant, put voir Keera tandis qu’elle se dirigeait vers le dojo, et l’elfe de la nuit la vit plisser les yeux. Elle espéra qu’elle comprendrait que ça ne gênait pas la mission que leur groupe se retrouve avec des gens issus des peuples de la Horde, pour la plupart. Normalement, la forestière ne devrait pas y voir de problèmes.
Quand la haute-elfe arriva à sa hauteur, l’elfe de la nuit compris immédiatement que quelque chose était arrivée à Danessia, en voyant son visage encore plus fatigué que d’habitude, ses yeux et ses joues récemment rougies, qui montraient qu’elle avait dû profiter de sa solitude lors de son voyage pour laisser couler des larmes qu’elle ne pouvait plus contenir. La haute-elfe avait de plus l’air de respirer plus difficilement quand elle la regardait, comme si son chagrin continuait toujours à lui serrer la gorge. Nocturana put aisément deviner quel était le problème.
Cependant, Danessia, comme à son habitude, préféra rester formelle pour commencer. Elle n’était pas venue ici pour parler de ses problèmes, mais bien parce qu’on lui avait donné un ordre... et en plus de cela, l’une de ses aides pour l’opération de défense de la Pandarie contre une invasion par les Zandalaris se trouvait devant-elle.
- Nocturana, la salua-t-elle. Je ne savais pas que vous étiez arrivés ici. Comment va la mission ?
- Hm..., fit l’elfe de la nuit en essayant de choisir des propos nuancés pour modérer l’annonce de l’échec de l’exécution du chef des trolls. Disons qu’on a bien avancé. Nous avons pu trouver le chef des Zandalaris, et nous avons rencontré des alliés.
Elle raconta à la forestière ce qui s’était passé récemment, leur rencontre des Pandashan, la fuite du troll, la capture d’une Chasseresse des Ombres et l’arrivée de tout un groupe de mercenaires. Danessia fit une minuscule grimace quand elle comprit que la cible avait réussi à leur échapper malgré le surnombre de ses opposants, mais ce n’était pas parce que ça la décevait venant de ses alliés. Après avoir entendu le récit, elle était inquiète au sujet de cette Amani.
- Vous ne devriez pas faire garder votre prisonnière par une poignée de gardes de la milice et quelques surveillants, dit-elle. Elle m’a l’air d’une personne dangereuse et particulièrement rusée, il vous sera difficile de la garder si vous n’y êtes pas préparés.
- Je pense que nous avons bien remarqué..., soupira Nocturana. Nous avons cependant besoin d’elle vivante pour savoir où sont ses camarades.
- Je vous fait confiance pour obtenir les renseignements. Autrement, qui sont vos nouveaux alliés exactement ?
- Une compagnie de mercenaires, dirigée par une trollesse Drakkari... Chevalier de la mort, précisa-t-elle en voyant la haute-elfe qui affichait un air sceptique. Elle a dû être bannie à cause de sa malédiction, comme elle l’affirme. Ses camarades sont assez variés, il y a des orcs, mais également des humains, un ogre, un hozen...
- Très bien... Elle doit dire la vérité sur sa neutralité, je ne vois pas ce qui l’amènerait avec autant de personnes pour tuer un troll auquel elle aurait été susceptible d’avoir prêté allégeance, et je n’ai pas envie d’être paranoïaque et de douter de la fiabilité de toutes ces personnes.
- Je pense qu’on peut leur faire confiance.

La forestière hocha la tête, l’air convaincue. Nocturana ne cessait de remarquer que même si pour le moment leur affaire avec les Zandalaris occupait son esprit, quelque chose continuait à l’oppresser en son fort intérieur. C’était flagrant, surtout comme elle connaissait Danessia et le problème commun qui les affectait tous les deux, plus ou moins violemment.
- Est-ce qu’il y a eu un problème chez vous ? demanda-t-elle en essayant d’adopter un ton doux.
Elle réfléchit, hésitant à raconter cela à la chasseresse au départ. Puis elle finit par ne plus y tenir, après tout l’elfe de la nuit avait été amie avec son fils, même si elle le fuyait pour le moment, elle savait qu’elle devait repenser à lui, se demander fréquemment ce qui pouvait lui arriver. Elle devait elle aussi être au courant.
- Le Territoire a été infiltré en force par la Main Brisée, dit-elle. À l’aide d’un groupe armé, ils ont détruit un navire bombardier... Ils étaient accompagnés par...
- Marthenon..., devina Nocturana.
Danessia hocha la tête, respirant profondément pour essayer de se calmer. Perdre contenance n’était pas une bonne façon de se montrer en public selon elle et les gens de son peuple; cependant, elle connaissait l’elfe de la nuit et celle-ci n’aurait aucunement besoin d’essayer de la juger si elle craquait, elle comprendrait certainement...
- C’est cela, continua-t-elle. Je lui ai fait face. C’était il y a trois jours...
- Qu’est-ce qui est arrivé ? fit Nocturana avec plus d’inquiétude dans sa voix cette fois-ci.
- Nous n’avons pas eu à nous battre... Heureusement... Il est bien gardé, c’est heureux. Ses camarades m’ont mise hors-combat pour que nous n’ayons pas à nous entre-tuer. Mais ce que j’ai appris après cela me fait frémir.
Elle dut faire une pause avant d’oser le dire à voix haute. Marthenon avait fait tellement de mauvaises choses contre ce à quoi elle tenait depuis Theramore qu’elle aurait pu tout simplement le renier, le voir comme un ennemi dont elle ne pouvait que souhaiter que ses exactions soient menées à leur terme par la mort du guerrier. Mais cela, c’était tout simplement impossible. Peu importe ce qui était arrivé, il était son fils, son seul enfant, le dernier témoignage de l’amour qu’elle avait porté pour le père du garçon et qui était parti bien trop tôt, et elle l’aimait tout autant. Il était également sa dernière famille en Azeroth, maintenant que son frère était mort... le pire était que Marthenon était à blâmer dans cette tragédie, mais les officiers de l’Alliance l’étaient encore plus pour s’être obstinés à garder des prisonniers innocents du crime d’espionnage dont on les avait accusés.
Après y avoir réfléchi pendant d’autres nuits sans sommeil, hantée, incapable de l’accepter, avant d’enfin se résoudre à voir la vérité en face, ce qu’elle avait appris récemment sur l’état de Marthenon la faisait énormément souffrir. Elle était encore plus torturée parce qu’elle savait qu’elle ne pouvait rien faire contre ça. En face, Nocturana attendait, pressentant qu’une nouvelle funèbre la menaçait.
- Marthenon essaye de se tuer, dit enfin la haute-elfe.
- Il... quoi ?! fit la chasseresse, interloquée.
- Il s’est littéralement jeté devant une vingtaine de soldats en colère qui l’auraient tué sur place s’il n’avait pas eu de protection magique et pris en otage le navire que la Horde sabotait pendant que personne ne les regardait. Il a fallu que ses camarades le prennent de force avec eux, sinon il serait resté... et il serait mort. Il est complètement fou maintenant. J’aurais dû m’en rendre compte plus tôt qu’il ne faisait pas autant de ravages sur les champs de bataille uniquement pour monter en grade dans la Horde, ou une bagatelle du genre; mon fils veut qu’on le mette à mort ! s’exclama-t-elle enfin avant de fondre en larmes.
Cette fois-ci, Danessia ne pouvait plus tenter de prétendre qu’elle pouvait encaisser cette nouvelle avec le détachement qu’on attendrait de la mère quel’dorei trahie à maintes reprises par un fils indigne devenu sin’dorei et bafouant l’héritage de son peuple. Elle tomba dans les bras de l’elfe de la nuit, qui ne savait que faire pour réconforter son amie éplorée comme l’annonce l’avait également ébranlée.
Pourquoi Marthenon cherchait-il à mettre fin à sa vie ? Pourquoi est-ce que la destruction de Theramore et la guerre qui s’était ensuivie l’aurait-il changé à ce point ? Il semblait bien sincère, un an plus tôt, quand il avait déclaré que tout ce qu’il voulait c’était d’obtenir justice pour la mort de Drakgosh en trouvant et exécutant son meurtrier. Il avait bien atteint son objectif, grâce aux manigances de son Chef de Guerre, et à présent ce ne pouvait pas être l’honneur de combattre pour la faction qu’il avait toujours soutenu qui allait le rendre suicidaire ! Qu’est-ce que cet elfe de sang avait donc dans la tête pour lui faire perdre tout envie de se battre pour vivre et chercher la mort au lieu de cela ?
- Je ne sais pas quoi faire..., murmura Danessia après avoir laissé passer tout le gros de son chagrin. Je sais qu’il ne voudra m’accorder quelque attention, je l’ai bien vu ce jour-là. Je suis une ennemie de l’Alliance à ses yeux...
- Qu’est-ce qui fait qu’il agit comme ça ? demanda Nocturana.
- Je l’ignore... Mais je vais peut-être avoir l’occasion d’en savoir plus, grâce à un contact que je cherchais à retrouver ici.

L’elfe de la nuit haussa un sourcil, intriguée par les propos de la haute-elfe. Celle-ci ne mit pas longtemps à s’expliquer :
- Un espion m’a fait part d’une information qui concerne Marth... Par rapport aux ordres de grande envergue qui sont donnés dans la Horde, c’est mineur, mais j’ai appris qu’il est affecté sous le commandement d’un certain Général Mogrosh Sangdrake. Cet orc est un boucher, pour de vrai, et il est connu auprès de ses alliés pour être tout ce que le Chef de Guerre apprécie en ce moment... un mag’har, qui plus est déteste tous ceux qui n'appartiennent pas à la race orque. Les non-orcs sous ses ordres passent généralement de très mauvais moments en lui obéissant.
- S’intégrer à ce point dans une armée..., marmonna Nocturana. Ça ne lui ressemble pas du tout, qu’est-ce qui lui est arrivé...
- J’ai heureusement reçu l’ordre de surveiller ce que cet orc prépare en Pandarie, étant donné qu’il aurait reçu un ordre spécial venant de Hurlenfer. C’est pour ça que je suis venue, j’ai une personne dans mon entourage qui connaît bien Sangdrake, et qui lui en veut assez pour se faire passer pour un membre de la Horde tout en fournissant des renseignements à quelqu’un de l’Alliance, comme moi.
- Qui est-ce ?
- Son ex-femme, une démoniste orque appelée Mardaka Amecendre.
- Je l’ai vue ! s’exclama la chasseresse. Elle fait partie du groupe de mercenaires avec lequel nous sommes alliés.
- J’ai bien entendu dire qu’elle avait rejoint une compagnie... J’espère qu’elle acceptera de passer sur une autre tâche que celle sur laquelle vous travaillez tous, mais normalement je pense qu’elle n’y verra aucun problème.


Keera tomba sur un spectacle déroutant quand elle passa par le seuil du dojo. La prisonnière trolle était encore là, toujours attachée au râtelier, regardant calmement ses geôliers... avec une telle sérénité au milieu d’une ambiance visiblement chargée que c’en était effrayant. Parmi les gardes, en revanche, il semblait y avoir comme un début de dispute qui menaçait d’éclater. Les miliciens pandarens se comportaient bizarrement, titubaient et leur regard fuyait, pendant que les Pandashan essayaient de communiquer avec eux dans leur langue. Elaria fixait la trollesse avec son regard si farouche, celle-ci ne cillait même pas.
- Vipère ! s’exclama l’humaine pendant que son familier lynx grondait sourdement à ses pieds. Si vous croyez pousser ces braves gens à vous libérer en vous faisant passer pour un fléau plus acceptable que la destruction qu’apporte la Horde contre laquelle nous nous battons, vous vous trompez !
- Je n’attends rien de ces pandarens, fillette, déclara la prisonnière d’un ton moqueur. Parlons un peu de votre guerre entre la Horde et ton Alliance. En quoi ta faction chercherait-elle plus à défendre les pandarens que les autres ? Ne tuent-ils pas à vue ceux qui s’approchent trop de leurs rivaux, de peur qu’il ne s’agisse d’ennemis confirmés, d’espions potentiels ?
- C’est un mensonge !
- Qu’est-il arrivé à ces deux villes qui vivaient en paix avant, et se retrouvent hostiles l’une à l’autre parce qu’elles ont eu le malheur d’être le refuge de vos soldats respectifs ? Quels étaient leurs noms déjà... Pao’don ? Rosée-de-Miel ?
L’orque ne mit pas longtemps à comprendre les intentions de la trollesse. Sans dire un mot, elle traversa l’entrée et marcha d’un pas décidé vers la prisonnière, déterminée à la faire taire avant qu’elle ne déclenche un malheur avec la confusion qu’elle se plaisait à insuffler chez les autres. Elle dépassa Elaria sans lui adresser un regard, même si elle l’entendit lui demander la raison son entrée soudaine. Seul mettre l’Amani hors d’état de nuire en l’assommant était important, ensuite elle parlerait avec la chasseresse comme elle comptait le faire.
Focalisée comme elle l’était sur la prisonnière, elle ne remarqua pas le garde proche faire un mouvement sur sa gauche. Snovar, son loup blanc, aboya et sauta sur lui, mais ne put réagir assez vite pour éviter à sa maîtresse de se faire jeter au sol par la lance qui avait cogné son crâne. Heureusement, elle avait frappé sur le plat, mais il y avait eu assez de puissance pour qu’elle tombe par terre. Keera sentit le danger imminent et sortit son couteau de chasse en se relevant, découvrant les miliciens qui se mettaient à attaquer les Pandashan, Elaria, elle et ses loups... Comme elle l’avait craint, des masques aux motifs étranges et confus se mirent à se former sur les visages des pandarens, pendant qu’ils prenaient des couleurs grises sinistres.
- Alerte ! hurla-t-elle avant d’essayer de maîtriser l’un des gardes. Alerte aux shas !
Le pandaren sur lequel elle se jeta résista comme un animal, alors qu’elle s’efforçait de le mettre au sol avant qu’il ne fasse plus de dégâts. Dans son dos, elle sentit un soudain déplacement d’air venant de la colonne, et alors qu’elle essayait de comprendre ce qui se passait, un coup de pied dans la mâchoire vint la mettre au sol. Son opposant tenta de prendre l’avantage pour l’étrangler mais ses loups la défendirent pendant qu’elle se remettait de l’attaque surprise. Alors qu’elle essayait de retrouver ses sens, un cri attira son attention, puis un autre, et un rugissement désespéré. Elle put distinguer malgré le flou la Chasseresse des Ombres, libre, qui quittait la pièce en emportant Elaria fermement tenue contre elle, un couteau sous la gorge.

Le cri de l’orque fut entendu par quelque-uns à côté, qui dès lors qu’ils entendirent le mot “sha” comprirent l’urgence de la situation. Rapidement, les aventuriers furent avertis et commencèrent à se précipiter vers le dojo, comprenant que la trollesse allait en profiter pour s’enfuir. Ils arrivèrent au moment où celle-ci sortait, tenant Elaria en otage, ce qui fit paniquer Kalterian qui était arrivé dans les premiers. Danessia, malgré son inquiétude égale, l’empêcha de foncer dans le tas au risque de blesser la jeune fille. Les Pandashan et Keera ne purent sortir que pour voir la prisonnière ainsi en train de s’échapper.
- Vous pouvez pas garder Ziadrin enchaînée, railla la trollesse. Les Loas sont avec moi, et j’ai la petite. Si vous approchez, que vous essayez de me blesser, je lui coupe la gorge. Vous voulez pas que ça arrive, hein ?
- Ne... Ne la laissez pas s’échapper ! s’exclama Elaria avant que le couteau ne se rapproche de son cou en réponse.
- T’iras pas bien loin de toutes façons, dit Xa’na qui était revenue avec son bras droit et les pandashan. T’es pas la seule qui est protégée par des Loas ici ma grande.
- Bah ! Votre prêtre n’est qu’un minable, il a pas ce lien sacré que j’ai développé avec eux depuis que je suis petite. Il arrêtera pas quelqu’un qui les sert et contribue à la gloire de ma race ! Maintenant, hors de mon chemin et personne ne bouge de votre côté, ou plus de gamine !
La chasseresse n’était visiblement pas contente de se faire traiter de petite fille par cette Ziadrin, et ne demandait qu’à pouvoir se libérer pour lui montrer ce qu’elle avait dans le ventre. De leur côté, les aventuriers se trouvaient impuissants. Ils savaient que si l’un d’eux tentait quoi que ce soit, Elaria risquait d’y passer. À moins que quelqu’un ne puisse tirer une flèche bien placée sur la trollesse ou la prendre dans le dos sans se faire remarquer, aucun moyen d’arrêter la Chasseresse des Ombres sans blesser son otage. La frustration de ne pouvoir faire quoi que ce soit était tellement palpable dans l’atmosphère que l’Amani se mit à ricaner pendant qu’elle s’éloigna.
- Qu’est-ce qui nous dit qu’elle va la relâcher quand elle aura quitté la ville ! s’exclama Kalterian, son front plissé de colère et d’inquiétude.
- Tu ne peux pas non plus lui foncer dessus..., lui fit amèrement remarquer Danessia. Si c’était raisonnable, je l’aurais fait depuis longtemps.
- Laissez la penser qu’elle a gagné, fit alors la voix de Naeria, qui s’était faufilée discrètement vers eux.
- Quoi ?! répliqua le haut-elfe, incompréhensif.
- Faîtes-nous confiance, répondit la moniale.
Le “nous” mit la puce à l’oreille chez certains. Le plus discrètement qu’ils le pouvaient, ils essayèrent de voir ce qui se tramait à leur insu ainsi qu’à celui de la trollesse - du moins ils l’espéraient. Nocturana et quelques autres remarquèrent ainsi deux personnes qui avançaient en silence sur le toit du dojo, marchant discrètement vers la Chasseresse des Ombres et son otage qui reculaient cependant assez vite. Danessia finit par faire un brusque pas en avant, qui fit s’arrêter la fugitive, l’air méfiante.
- Avance encore, et je lui coupe la gorge ! gronda-t-elle.
- Très bien, répliqua calmement la haute-elfe, et quand vous l’aurez égorgée, sur qui allez-vous compter pour vous servir de bouclier vivant ?
La trollesse parut déconcertée par la réponse de la forestière.
- Ça ne vous dérangerait même pas si elle meurt ? dit-elle d’un ton sceptique.
- Oh que si, sinon je vous aurait déjà tiré dessus. Je tiens à elle, alors je veux au moins une garantie que dès que vous aurez passé le pas de la porte d’entrée, elle sera libre, saine et sauve.

Pendant que Danessia occupait la trollesse avant qu’elle n’aie pu atteindre l’escalier, les deux sur le toit étaient passés dans son dos sans même qu’elle ne les ait remarqués. Marlek et Negar se mirent d’accord d’un hochement de tête, et sautèrent ensemble derrière la fugitive distraite, qui sursauta en entendant l’orc et l’humain, mais n’eut pas le temps d’agir comme le moine lui souleva  rapidement et fermement le bras qui tenait le couteau pendant que son camarade soustrayait Elaria à son étreinte.
La Chasseresse des ombres réagit rapidement cependant, comme un serpent elle frappa Marlek pour se dégager de sa prise et l’envoya au sol. L’orc chasseur s’interposa entre elle et Elaria, préparant une hache redoutable qu’il abattit sur elle en essayant de la toucher, sans pour autant la tuer. Elle esquiva sans problème l’attaque, et plongea sur ses jambes, utilisant toute sa force en se relevant pour le soulever et le faire basculer par-dessus la rambarde proche. Negar tomba en criant, avant de s’écraser dans le bassin pas du tout profond, dans un craquement qui fit frémir ses camarades, et hurler de terreur Keera alors qu’elle craignait que son père ne soit mort.
Alors que les sorts et les flèches étaient préparées en réponse, la trollesse, déterminée à tenir sa parole, rattrapa Elaria avant qu’elle n’ait pu reculer assez loin, et enfonça son poignard dans son torse, le plus proche possible du coeur. La chasseresse poussa un hurlement de douleur terrible en tombant, vite rattrapée par Kalterian qui en avait lâché son arc. Marlek, voyant sa soeur blessée, sentit la rage monter, et ne chercha cette fois-ci pas à la contrôler. Il se lança aux trousses de Ziadrin qui s’enfuyait vers l’ouverture directe sur la forêt, arrivant à la rattraper en quelques mouvements et à lui couper la route.
- Tenace ! grogna la trollesse en voyant le moine en colère devant elle.
- C’est dans notre sang ! répliqua-t-il en commençant à attaquer.
Incessamment harcelée par les attaques de l’humain qui la frappait sans ménagement dès qu’il l’atteignait, se dérobait lorsqu’elle pensait l’atteindre, la trollesse fut vite déconcertée face à un style de combat qu’elle ne parvenait pas à prévoir et comprendre. Elle comprit qu’elle avait fait une erreur en tentant de tuer l’humaine, qui était manifestement liée à son opposant par le sang. Le moine la combattait avec de la fureur dans son coeur, mais un esprit parfaitement clair et calculateur, qui savait coordonner les mouvements pour toucher sans se faire toucher.
Elle ne gagnerait pas à ses seules compétences au combat face à un ennemi aussi imprévisible, qui la repoussait consciencieusement vers la fontaine centrale vers laquelle ses alliés se précipitaient pour l’arrêter. La Chasseresse se mit dans une phase purement défensive où elle ne faisait qu’esquiver et bloquer les coups sans chercher à répliquer, le temps de trouver un moyen de gagner l’échange. Pendant ce temps-là, les archers et lanceurs de sorts s’appliquaient à la viser dès que Marlek leur offrait une ouverture. Le moine le comprit rapidement, et dès qu’il eut vu que son opposante cessait d’attaquer, il se retira également loin d’elle, tout en restant prêt à bloquer sa retraite vers l’entrée du village. Il eut un mince sourire en la voyant courir dans tous les sens pour essayer d’échapper aux traits de feu et aux flèches qui lui tombait dessus, même si la pensée qu’Elaria était dans un état grave à la terrasse supérieure le rendait inquiet pour elle.

L’issue du combat semblait toucher à sa fin lorsque Xa’na, Fagnar, Kuroshan, Seranis et d’autres attaquants en mêlée vinrent rejoindre le moine pour l’aider à cerner la trollesse. Celle-ci restait concentrée, cherchant un moyen de s’enfuir, mais les autres étaient tout autant déterminés à ne pas lui en laisser l’occasion.
Finalement, elle sprinta vers sa gauche, courant plus proche de l’entrée. Marlek vint l’intercepter en un éclair, ce qui cependant la fit sourire. Ils recommencèrent à se battre avec leurs techniques à mains nues; au départ la stratégie de la trollesse ne semblait pas avoir tellement changé depuis le dernier échange, cependant il vint un moment où ses propres mouvements commencèrent à devenir presque illusoires, comme si elle se dédoublait. Le moine, redoutant un danger, recula d’un pas en sentant que les attaques de Ziadrin se teintaient d’énergie, qui n’était pas la sienne mais venait d’une puissance extérieure. Ses craintes furent confirmées quand Vil’zun lui cria de se méfier parce qu’elle venait d’invoquer le pouvoir d’un Loa.
Jordar tenta de tirer la Chasseresse des Ombres vers lui à l’aide d’une poigne de mort. Au début, ils crurent qu’ils l’avaient bel et bien eue quand la main fantomatique revenait en serrant la trollesse, cependant celle-ci disparut dans une fumée noire pendant que le sort retournait auprès du Chevalier. Pendant la confusion, celle-ci se glissa derrière le moine, qui ne la perçut que quand elle lui glissa vicieusement quelques mots à l’oreille :
- Je vois clair en toi, humain. Ton âme, elle essaye de s’accrocher à la lumière, parce qu’elle a peur des ombres qui sont en elle... Elles sont assez puissantes pour moi ! Dambala !
Avant qu’il n’ait pu réagir, il sentit un sort le frapper, s’insinuer dans lui. Un sifflement strident résonna dans sa tête, la température de son corps s’affola soudainement, passant de la surchauffe au glacial, et il eut l’impression que quelque chose lui dérobait son souffle, l'asphyxiait de l’intérieur. Incapable de tenir cette pression malveillante, il finit par tomber et s’évanouir, le ricanement de la trollesse qui s’éloignait continuant à retentir dans ses oreilles.

La défaite de Marlek surprit ses camarades, laissant à la Chasseresse des Ombres le temps de profiter d’une ouverture pour courir vers sa liberté, même alors que d’autres se lancèrent à ses trousses. Elle jubilait de sa victoire, sachant qu’ils ne pourraient jamais la rattraper à temps, dès lors qu’elle serait passée dans la forêt les Loas l’aideraient, tout comme ils venaient de lui prêter assistance pour terrasser cet ennemi gênant... il n’était pas mort, mais se réveillerait avec une surprise peu agréable, ce qui la fit ricaner.
Au moment où Ziadrin posait le pied devant la porte, elle fut forcée de s’arrêter, alors qu’un mur de flammes surgissait de nulle part devant elle, coupant sa sortie. Confuse, cherchant à savoir ce qui venait d’arriver, elle remarqua un motif étrange à la racine du sortilège, ressemblant à un sceau runique. La trollesse finit par se retourner, à la recherche d’une autre voie d’évasion, mais resta distraite par la nouvelle personne qui lui faisait face cette fois-ci.
Ce n’était pas l’un des guerriers capables de se montrer dangereux qui étaient venus rejoindre l’humain, ils avaient trop de retard par rapport à elle. Celui-ci n’avait rien d’un combattant, et ne ressemblait pas à un lanceur de sort tel qu’elle en avait l’habitude de voir... c’était juste un garçon. Mais pas n’importe quel type de jeune, celui-ci ne se laissait pas identifier aisément au premier abord ; des traits tantôt humains tantôt elfiques, il semblait bien fragile d’apparence, même si ses yeux jade avaient un éclat calculateur et intelligent. Après observation, elle reconnut un bâtard, un demi-elfe. Il ne devait même pas être bien âgé, il était visiblement tout juste proche de l’âge adulte. Qu’est-ce que cet avorton aux cheveux pâles pouvait bien faire à se mettre en face d’elle, c’était ce qu’elle se demandait.
- Toi, ricana-t-elle soudainement, t’aurais mieux fait de rester à l’abri gamin. On dirait que les otages faciles pleuvent, dans cette ville !
La Chasseresse des Ombres se précipita sur le demi-elfe, prête à le capturer et à l’utiliser comme second bouclier vivant. Entre-temps, ses poursuivants étaient arrivés, et virent la trollesse foncer sur le jeune garçon. Cependant, alors que les Pandashan étaient sur le point d’intervenir pour le défendre, Xa’na les dépassa, et les empêcha d’avancer.
- Faîtes confiance au petit, murmura-t-elle avec un sourire malicieux.
Les pandarens protestèrent, certains que l’évadée allait cette fois réussir à s’échapper pour de bon si elle capturait le demi-elfe. Ils se retrouvèrent néanmoins stupéfaits par le spectacle qui s’ensuivit, après que la Drakkari les eut retenus : Ziadrin la Chasseresse des Ombres, dans sa course, marcha sur un nouveau motif qui restait à peu près caché dans les lignes entre les pavés, mais sitôt que son pied toucha la surface, celui-ci s’illumina d’une forte lueur rouge. Une colonne de feu arcanique surgit sous elle, la projetant dans les airs à plusieurs mètres au-dessus du sol, avant qu’elle ne retombe lourdement au sol.
Xa’na et quelques-uns se ruèrent vers elle, constatèrent qu’elle était bien encore vivante mais uniquement sonnée et portant des brûlures superficielles, pendant que Seranis et Sunaki allaient voir si le demi-elfe allait bien. Visiblement, même si celui-ci était resté immobile pendant que la trollesse lui courait dessus, sans avoir l’air de chercher à fuir, il avait malgré tout eu peur, comme son visage était assez pâle et ses battements de coeur très rapides. La taurène Marche-Soleil, Ourani, apparut à ses côtés, lui adressant un sourire bienveillant.
- Tu as été très courageux Tyr, le félicita-t-elle. Merci de ton aide.
- Toujours un plaisir, répondit-il. Surtout quand les runes fonctionnent...
- C’est lui qui a fait ces runes ? demanda Sunaki.
- Oui, confirma la taurène, Tyrathen est un utilisateur des Runes. Jeune, mais avec un potentiel prometteur.
Le demi-elfe haussa les épaules face au compliment. Il n’avait pas la prétention d’être vraiment un expert dans la maîtrise de cet art complexe bien que tout naturel de la magie, ni quelqu’un de vraiment exceptionnel. Ourani avait eu une idée pour empêcher la trollesse de fuir, et il lui avait fait confiance, c’était tout. Une fois un peu plus calmé, il retourna vers les autres pour voir s’il pouvait aider.


La nuit de l’évasion fut agitée après la lutte pour conserver la prisonnière. Les soigneurs s’affairèrent à traiter les blessés, notamment Elaria et Negar qui avaient souffert de graves blessures, qui pouvaient devenir mortelles si les interventions n’étaient pas assez rapides et efficaces, et Marlek qui restait inconscient après le sort qui lui avait été lancé. Naeria resta à son chevet sans trouver le sommeil, fortement angoissée à l’idée qu’il ne se réveille pas. Il ne leur vint pas à l’idée de forcer la Chasseresse des Ombres à révéler ce qu’elle lui avait infligé, comme le risque qu’elle ne tente encore de s’enfuir était bien trop grand. À la place, le demi-orc guerrier passait régulièrement pour la maintenir inconsciente en l’assommant. Même si l’idée ne plaisait pas aux Pandashan, ils devaient en convenir que jusqu’à présent, c’était le moyen le plus sûr de contenir une nouvelle catastrophe avec leur prisonnière.
Quand le bilan de la soirée fut établi, le peu de moral qu’ils avaient essayé de regagner après avoir une première fois échoué à capturer le chef troll retomba. Il y avait des blessés, des superficiels et d’autres dont la situation était critique. La ville avait subi des dommages collatéraux à cause de l’émergence de Doutes quant aux Pandashan et leurs camarades d’au-delà des Brumes et leur capacité à protéger les habitants des guerres - ironiquement, c’était ça qui avait failli mettre tout le monde en danger. En ce qui concernait le seul point qui aurait pu être qualifié de positif, qui était que malgré tout cela ils avaient réussi à garder la prisonnière, ils convenaient que c’était tout sauf véritablement réjouissant : Ziadrin la Chasseresse des Ombres était un danger public, qui devrait être maintenue en captivité avec une attention minutieuse.
Ils réfléchirent beaucoup à un moyen de l’amener à un endroit plus sûr pour l’interrogation. Comme Kuroshan et Xa’na l’avaient convenu, le Monastère des Pandashan était l’endroit idéal pour eux. Ils n’auraient pas à craindre de problème avec les shas là-bas, étant donné qu’après qu’un groupe d’aventuriers eut mis un terme à l’attaque du dernier mois, le Sha primordial qui y avait établi son repaire s’était enfui des lieux. Cependant, ce lieu était très loin de Fleur-de-l’Aurore, et la route pour y arriver longue et pleine d’embuches.
- C’est une véritable impasse ! s’exclama rageusement Kuroshan. Nous ne pouvons pas garder la prisonnière ici, mais l’emmener avec nous dans la nature est tout aussi dangereux !


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MessageSujet: Re: L'Ouragan de la Vengeance   L'Ouragan de la Vengeance EmptyVen 6 Juin - 16:10

L'Ouragan de la Vengeance Screen28

- J’en ai plus qu’assez de ce petit jeu Malia ! Qu’est-ce que tu me caches ?! PARLE !!!
Impossible de détacher les yeux de la scène, aussi atroce et répugnante était-elle. Il regrettait d’avoir cherché à apprendre la vérité à présent, s’il avait su qu’un tel spectacle l’attendait, il y aurait réfléchi à deux fois. Maintenant, il ne pouvait pas revenir en arrière, il devait se forcer à regarde le moindre bout de ce drame sanglant.
Malia Rivel restait silencieuse, la tête pendante. Elle devait être morte à présent, ou pas loin. C’était évident qu’après ce qui lui était arrivé, elle ne s’en sortirait pas en vie; à supposer que Frader ne réalise l’atrocité qu’il commettait, et qu’il devait arrêter. Il en doutait, cependant, parce qu’il savait que quoi qu’il soit arrivé à ce moment, cet homme était devenu fou, c’était bien pour cela qu’il était arrivé ici et voyageait comme un fugitif, une secte de cinglés à ses trousses et prêts à assassiner tous ses amis.
Sans les cordages qui la retenaient attachée, il était certain que Malia serait tombée de ce tronc d’arbre. Son sang la recouvrait entièrement, teignant sa robe verte de rouge, plaquant sa chevelure rousse flamboyante, qui avait paru si resplendissante et belle au début de la vision. Son père eut un bref moment de calme, où un air horrifié lui traversa le visage. Réalisait-il qu’il faisait quelque chose de mal, le regrettait-il, allait-il enfin arrêter de malmener ce corps inerte ?
Il finit par continuer, toujours aussi impitoyable et dément. Les coups continuèrent à pleuvoir, le poignard se planta à nouveau dans la chair de Malia, qui réagit en poussant un hurlement à glacer le sang.
- Arrête ! pleura-t-elle. Arrête Frader, tu me fais mal !
- Dis moi ce que tu me caches ! hurla-t-il en réponse. Je veux savoir ! Tu me mens depuis bien trop longtemps ! Qu’est-ce que tu complotes ?!
- Rien !!! Je t’en supplie, arrête ça !!! Tu ne sais pas ce que tu risques !!!
Il poussa un cri qui n’avait rien d’humain cette fois. D’un geste ferme et enragé, il empoigna la tête de sa compagne, levant le poignard au-dessus de son visage pendant que celle-ci continuait à hurler de terreur, tentant à nouveau de se débattre.

- NON !!! hurla Marlek, terrifié. Laisse-la, sale ordure !!!

Évidemment, Frader ne pouvait pas l’entendre, et il traça une coupure saignante sur son visage, passant tout juste au-dessus d’un de ses yeux vert émeraude qui fut un instant noyé sous le flot rouge avant que Malia ne rebaisse la tête, criant de douleur et pleurant encore plus fort.
Il ne pouvait rien faire pour arrêter tout ça, et ça l’horrifiait. Il n’était pas présent, à proprement parler; tout ceci n’était qu’une vision du passé dont il n’était qu’un simple spectateur... Cependant, il voyait tout comme s’il y avait vraiment été. L’agonie de sa mère, Malia Rivel, aux mains de l’homme qu’elle avait tant aimé ces dernières années, même en sachant qu’il risquait de devenir fou comme à présent, tout cela lui écrasait le coeur.
Pourquoi était-elle restée avec lui ? Elle savait qu’elle allait mourir à cause de lui, et pourtant elle n’était pas partie, alors qu’avec sa puissance, son esprit libre, elle aurait pu aller n’importe où, libre comme le vent... Avec Armantus ? À ce moment-là, il inspirait plus la confiance que Frader qui était déjà sujet à ses crises à cause d’un pouvoir qui dépassait son entendement.
Mais non, il avait fallu qu’elle reste avec ce dernier, afin qu’il ne découvre pas en la cherchant qu’il avait des jumeaux d’elle, qu’il ne les trouve pas et que sa vision ne se réalise pas ainsi. Malgré ce qu’elle avait vu, qui avait semblé effrayant, elle s’était raccrochée à l’espoir que son amant ne sombre pas dans la folie... C’était malheureusement ce qui se passait, et elle payait le prix de son voeu désespéré.
Qu’est-ce qui s’était passé... Comment est-ce que son père pouvait faire une chose pareille à sa mère ? Ne se rendait-il pas compte qu’elle ne méritait pas ce traitement sordide, qu’il devrait tout juste s’estimer honoré qu’une personne aussi bonne et douce ait accepté de rester à ses côtés par amour pour lui, même si elle avait vu sa déchéance ?  
Il le haïssait... Cet homme devait mourir !



La moniale elfe de sang fut alertée par les cris de Marlek alors qu’on avait enfin réussi à la convaincre de prendre du repos. Sursautant dans son demi-sommeil, elle se précipita à l’étage pour le retrouver, espérant qu’il ne lui arrivait rien de grave. Senali s’occupait déjà de lui, essayant de l’apaiser avec sa brume de chi, mais elle avait l’air elle-même inquiétée par son état. Naeria trembla en voyant l’humain s’agiter, crier et gémir dans son coma. Elle se précipita, essaya de lui parler en espérant que quelque part, il puisse l’entendre.
- Réveille toi Marlek, murmura-t-elle d’une voix tremblante. Ce n’est qu’un cauchemar, tu n’as pas à avoir peur... Tu es en sécurité...
- Je suis prête à parier que c’est lié à ce que cette trollesse lui a fait hier soir, soupira la pandarène. Il va falloir que j’appelle Vil’zun, il devrait savoir quel sort elle lui a jeté.
- Est-ce qu’il va se réveiller au moins ? demanda Naeria avec un ton éploré.
- Je pense que oui, il faut juste patienter.
L’elfe acquiesça, et resta avec son compagnon pendant que le maître Tisse-Brume se relevait pour aller trouver le troll des forêts. Elle utilisa son chi pour tenter de ramener Marlek à la réalité, voyant ses traits complètement imprimés par l’angoisse, la colère. Ça faisait très longtemps qu’elle ne l’avait pas vu ainsi; lorsqu’ils avaient réussi à s’échapper du Mont Hyjal vers le Pic de la Sérénité, chaque nuit qui passait il était hanté par des cauchemars. Elle n’avait pas pu le voir, mais leur camarade troll Qwando était réveillé par ses cris tous les soirs, quand lui-même n’avait pas d’insomnies après l’horreur dont ils avaient tous été témoins.
Sans l’aide des Pandashans, ils auraient été consumés de l’intérieur par tous les troubles qui étaient nés depuis ces événements. Elle n’aurait jamais pu oser revenir vers Marlek, l’homme qu’elle aimait et pour qui son père avait donné sa vie... Il y repensait toujours, elle en était certaine, mais elle ne voulait pas qu’il se sente coupable de sa mort. Même si elle était triste d’avoir perdu son père à peine quelques jours après l’avoir retrouvé et s’être enfin réconcilié avec lui, elle préférait se souvenir du courage dont il avait fait preuve face au sacrifice qui l’attendait, tout cela pour sauver sa fille jadis perdue et ses amis qu’il ne connaissait depuis que quelques jours, et arrêter l’invasion du sanctuaire. C’était mieux que d’en vouloir aux autres alors qu’ils n’auraient rien pu faire pour empêcher cela, et seraient morts eux-mêmes s’ils l’avaient tenté.
Enfin, elle le vit ouvrir les yeux après de longues minutes dans lesquelles le cauchemar le hantait. Son sourire n’obtint cependant aucune réponse. Il voyait qu’elle était à ses côtés, mais il ne dit pas un mot.
- Est-ce que ça va... ? demanda-t-elle, inquiète.
- Tu ne me croiras pas si j’essaye de te dire que oui..., marmonna-t-il d’une voix faible.
- Senali est allé chercher le prêtre des Loas, si la Chasseresse des Ombres t’a jeté un maléfice, peut-être qu’il pourra le contrer.
- J’espère.

Qu’avait-il vu dans ce cauchemar pour qu’il soit dans un état pareil, saisi par l’angoisse, renfermé sur lui-même ? Elle hésita à lui poser la question, sentant que ça devait être quelque chose de bien trop terrible pour qu’il veuille lui en parler librement. Mais d’un autre côté, ça faisait maintenant plusieurs mois qu’elle et lui avaient vécu des moments de peur, de chagrin et de colère, tous liés à son passé, et ensemble ils étaient parvenus à les surmonter. Après tout cela, pourquoi ne lui ferait-il pas confiance pour l’aider à traverser l’épreuve à laquelle on le soumettait ? Son inquiétude et sa curiosité finirent par l’emporter, et elle osa lui demander.
Comme elle s’y attendait, Marlek resta silencieux. Cependant, celui-ci se fit les mêmes réflexions qu’elle. Il n’avait pas encore parlé de cette vision à sa bien-aimée, tellement elle avait été choquante et atroce. Lui-même préférait ne plus y repenser, et essayer d’en oublier les détails les plus horribles. Savoir que c’était arrivé, mais ne pas être hanté par elle constamment. Et voilà qu’on le forçait à revenir dessus, et il craignait qu’à cause du maléfice, ce cauchemar ne soit que le début d’un long tourment s’il ne parvenait pas à en être débarrassé. Il allait avoir besoin d’aide, et Naeria était bien l’une des personnes à même de lui en fournir, avec son maître, qui saurait déjà de quoi il s’agissait. Si seulement il pouvait parvenir à lui raconter tout sans perdre son calme...
- Ce cauchemar..., commença-t-il. C’est une vision du passé. Lorsque j’ai voyagé dans le nord avec Maître Hoji et les autres, nous avons rencontré une chamane qui avait initié ma mère aux secrets des éléments. Pour nous aider à savoir ce qui lui était arrivé, ainsi qu’à mon père, elle m’a proposé de me faire voir le passé grâce à un rituel...
L’elfe écoutait attentivement, appréhendant qu’ils arrivaient au moment où ça deviendrait  bien plus dur pour lui  de raconter lorsqu’il s’arrêta, essayant de retrouver son calme.
- J’ai revu l’histoire de ma mère. Sa fuite de Gilnéas, après la construction du mur, son enseignement à Dalaran, comment elle a rencontré mon père, puis Armantus... Comment est-ce que cet homme a pu devenir un salopard pareil par la suite..., marmonna-t-il amèrement. J’ai tout vu, jusqu’à sa mort... Lorsque mon père l’a torturée et tuée.
Il n’arriva pas à se retenir, et se cacha entièrement le visage dans ses mains pour pleurer. Naeria le prit dans ses bras, comprenant et compatissant à sa peine. De tous les scénarios qui auraient pu arriver, auxquels il pensait pendant qu’il cherchait la vérité, il aurait tout préféré à cela. Frader était nettement et sincèrement amoureux de Malia, il l’avait vu et ne pouvait le nier. Même s’il avait remarqué qu’il appréciait particulièrement le don qu’avait sa mère pour comprendre les subtilités de la magie, ce n’était pas vraiment ça qui l’avait poussé à vouloir sortir avec elle en fin de compte...
C’était tout simplement impensable pour qui que ce soit à ce moment-là que leur couple prendrait fin d’une manière aussi macabre, par la torture et la folie. Et pourtant, lui, leur fils, avait vu cela se produire, en en subissait les conséquences des années après. Il avait vu ses parents, autrefois heureux et en parfaite symbiose, traverser des épreuves éprouvantes dans Lordaeron envahie par le Fléau, vivre dans la peur, cachés dans une forêt lugubre dans les montagnes, se disputer de plus en plus violemment - surtout dans le cas de Frader, qui avait commencé à ce moment-là à devenir de moins en moins stable. Puis ils en étaient arrivés à la scène de torture... Il pouvait la revoir se former à son esprit en fermant les yeux.

Enfin ! La Forêt prenait fin, et avec elle la pénombre maléfique qui les avait suivis pendant des mois entiers, cachant à leur regard les morts-vivants et les espèces de loups humanoïdes qu’ils avaient une fois entr’aperçus. Le soleil les accueillait en Hautebrande, aussi radieux qu’autrefois. Malia rayonnait de joie en réponse ; elle avait l’air de retrouver un ami longtemps disparu. Frader restait sombre à la frontière.
Après ce qu’il avait vu, il avait déjà un mauvais pressentiment de ce qui allait se passer...
- Parle-moi ! s’exclama soudainement le jeune homme.
- Encore..., soupira Malia. Frader, je n’ai rien à te cacher.
- On me dit le contraire !
- Qui est ce “on” ? demanda-t-elle, légèrement inquiète.
- Malia, pourquoi est-ce que tu refuses de répondre ?
- Frader, tu m’inquiètes...
Il ne bougeait pas, la fixant avec un air glacial. Elle attendait qu’il la suive, mais rien ne venait, alors elle marcha prudemment vers lui.

- Oh non... Non ! Vas-t-en !
En un éclair, avant que Malia n’aie eu le temps de réagir, Frader avait déjà jeté un sort sur elle. Écarquillant les yeux de surprise, elle fut réduite au silence sans qu’elle puisse luter, et son compagnon se jetait déjà sur elle avec violence, l’assomma et la ramena vers la forêt... Il était décidé à avoir ses réponses, par tous les moyens nécessaires.

Marlek parvint à rouvrir les yeux, s’écarta instinctivement de Naeria dans un geste instinctif de peur. Il ne s’était pas attendu à ce que même en étant éveillé la vision resterait prête à surgir dès qu’il cesserait de regarder. Et maintenant, il se sentait encore moins en sécurité qu’avant. La vision de terreur était complètement sur lui, sournoise et sinistre, résolue à ne rien lâcher.
Il n’osait même plus regarder sa bien-aimée dans son état. Il avait l’impression d’être de retour à cette scène qu’il venait juste de revoir, où elle était sa mère, pleine de douceur et d’amour, qui s’inquiétait pour son compagnon et ne voulait que l’aider, pendant que lui était tourmenté et au bord de la folie... y était-il également, comme son père ? Allait-il perdre la tête à cause de ces cauchemars, et blesser ceux en qui il tenait ?
- Marlek ! fit l’elfe avec inquiétude en essayant de l’atteindre.
- Pas maintenant ! cria-t-il. Pas maintenant ! Je n’ai pas envie de te blesser !
- Tu m’inquiètes...
Le moine hurla, avant de se recroqueviller sur lui-même, terrifié à l’idée de devenir fou, dangereux. Pourvu que Naeria n’essaye pas d’approcher, si jamais il lui faisait quelque chose, il savait qu’il ne pourrait jamais se le pardonner... Sa plus grande peur se réaliserait, il deviendrait vraiment comme son père !
- Non, non, non, non ! s’exclama-t-il à voix haute. Je ne deviendrai pas comme lui ! Je ne suis pas lui !
Le silence revint enfin. Naeria restait assise sur le sol, ses mains plaquées sur la bouche alors qu’elle essayait de respirer le moins fort possible, de ne rien dire qui pourrait empirer les choses, tout en espérant que son compagnon parviendrait à se calmer, qu’il ne se blesserait pas. Celui-ci se redressa sur les genoux, essayant de faire le vide dans ses pensées, de chasser le cauchemar et les angoisses qu’il ressassait. Les images de la vision restaient néanmoins fortes, surtout quand il fermait les yeux, et il était forcé de tenter de méditer avec les yeux ouverts.

Heureusement, Hoji se précipita dans la salle, suivi de Nocturana, Kuroshan, Vil’zun et Senali. Il regarda Marlek, puis Naeria, puis revint vers le jeune humain qui l’implorait du regard de l’aider. Combien de temps depuis qu’il avait vu ses yeux verts aussi désespérés ? Le vieux pandaren se sentait l’envie de faire regretter à la Chasseresse des Ombres ce qu’elle avait fait à Marlek, mais chassa vite cette pensée ; elle obtiendrait ce qu’elle mérite en temps et en heure, pour le moment il devait venir en aide à son disciple.
- Qu’est-ce qui se passe ? demanda-t-il. Qu’est-ce que cette trollesse t’a fait ?
- Je revois la vision de la mort de ma mère..., murmura-t-il.
Le maître-brasseur comprit. Il avait entendu le récit de ce qui était arrivé par Shakah, la chamane orque qui s’était occupée de guider l’esprit de Marlek dans les visions du passé, jusqu’à l’assassinat de Malia Rivel, un épisode si noir et tragique qu’il était facile de le retrouver et d’en avoir un aperçu même des années après. Il avait vu comment le jeune homme avait réagi en voyant cela pour la première fois, comment ça l’avait affecté au point qu’il avait déjà failli en devenir fou. Un coup de patte avait heureusement permis de le ramener à la réalité, avant que ça ne dégénère.
De toute évidence, Naeria ignorait ce que contenait la vision et avait tenté d’en savoir plus; Marlek avait cru pouvoir lui raconter, mais l’émotion l’avait submergé à cause de la malédiction. Il fit signe à l’elfe traumatisée, que Senali essayait de calmer, qu’il se chargerait de lui expliquer plus tard de quoi il en retournait. Pour le moment, il fallait qu’il sache comment marchait le sortilège dont son élève était victime.
- Je vois c’que c’est, dit Vil’zun après l’avoir examiné. Un maléfice concocté par des Loas anciens et sournois. Ici, ça affecte les ombres de l’esprit, pour les faire grandir et créer la confusion chez l’ennemi.
- Vous pouvez faire quelque chose ? demanda Nocturana.
- C’est un duel entre lui et le sort, répondit le troll en secouant la tête. S’il est assez fort pour le combattre, le maléfice sera détruit. Autrement... faut que le lanceur le retire.
- Elle voudra sa liberté en échange, grommela Marlek, et je refuse de lui accorder ce plaisir. Je me battrai.
- Je t’aiderai, déclara l’elfe de la nuit. D’une façon ou d’une autre, je t’en dois une.
Il sourit faiblement à la remarque. Le troll des forêts se mit à genoux, commençant à chanter une incantation aux Loas pour trouver de l’aide contre celui qui hantait le moine. Au bout d’un moment, son sort se teinta d’une lueur blanche et argentée qui rappelait quelque part les teintes de la fourrure de Sephira. Vil’zun le propulsa sur Marlek, qui laissa la bénédiction venir à lui en sentant une présence forte et bénéfique dans la bénédiction.
- J’en appelle à Har’koa, la déesse léopard du Norfendre. Sa force d’esprit est avec toi l’ami, elle t’aidera contre le maléfice de la trollesse.
- Merci.
- Je te fais confiance pour le vaincre, déclara Kuroshan. Tu as déjà surmonté des tourments pareils dans le passé. Maintenant, je vais voir si Xa’na a trouvé une idée pour déplacer cette trollesse...

Le guerrier s’inclina avant de sortir de la pièce. Il restait quand même inquiet par ce qu’il entendait. Quelques mois plus tôt, c’était lui qui avait convaincu son camarade que s’il voulait vraiment affronter son père, il devait tant qu’à faire savoir exactement contre quoi il se battait, qu’est-ce qui avait fait que celui-ci était devenu son ennemi. À ce moment-là, il n’avait pas pensé que ça aurait pu être aussi terrible pour Marlek, il croyait que c’était ce qu’il y avait de mieux à faire : connaître son ennemi, et savoir exactement contre quoi on se battait et pour quelles raisons. Il ne se serait jamais imaginé que ce Frader avait assassiné sa compagne, parce que celle-ci avait vu qu’il allait devenir un monstre et cherché en conséquence à éloigner leurs enfants de leur père... ironiquement, il avait le sentiment que c’était exactement ça qui avait mené à la tragédie.
Les terres d’au-delà des Brumes semblaient tellement dangereuses, imprévisibles et dépourvues de stabilité. La Pandarie n’était peut-être pas un modèle en comparaison, avec les mantides de l’autre côté d’une muraille construite avec le sang de son peuple pour les contenir au-delà de l’ancien empire, les mogus qui se terrent dans leurs ruines en quête de vengeance... et les shas qui menaçent tout être conscient si jamais leurs sentiments négatifs surgissaient trop. Néanmoins, son peuple ainsi que les jinyus, les grumelots et certains hozens s’unissaient en conséquence, ou se contentaient de vivre en essayant de ne pas trop marcher sur le territoire de l’autre, et les individus de chaque race restaient soudés entre eux.
Chez les étrangers, c’était l’inverse. Ils étaient capables de mener autant de guerres contre d’autres races que contre eux-mêmes jusque dans les cercles les plus naturels comme la famille, pour des raisons pas toujours très claires. D’accord, quand son foyer se fait détruire il y a de quoi vouloir réagir contre celui qui est responsable de l’attaque ; mais vouloir torturer et tuer quelqu’un qu’on aime sur une simple impression qu’il cache quelque chose ?
Leur monde semblait si tordu et effrayant, il craignait l’impact que ça aurait sur sa terre natale et son peuple, surtout alors que la Horde et l’Alliance amenaient leur guerre sanguinaire sur leurs plages et partout où ils se croisaient.  Si on lui avait dit des années plus tôt qu’il entendrait à la suite des récits sur des gens qui se faisaient abandonner à la naissance, des amants la veille qui s’entre-tuaient le lendemain dans un accès de folie, il aurait été incapable de croire que cela puisse être vrai ; pourtant, ces choses étaient monnaie courante en “Azeroth”. Il appréciait Marlek, Hoji, Naeria, leurs camarades... mais il était inquiet quant à ce qu’ils risquaient de devenir, si le passé douloureux qu’ils avaient derrière eux venait à les submerger, comme c’était presque le cas pour le moine humain.


Xa’na salua distraitement le pandaren lorsqu’il revint parmi eux, toujours occupée à réfléchir. Les autres lui demandaient comment allait Marlek, dont ils avaient entendu les hurlements terribles jusqu’ici, elle s’y intéressait un peu moins. Elle faisait confiance à Vil’zun qui était allé le trouver pour atténuer la malédiction de cette Ziadrin. Il n’avait peut-être pas assez de pouvoir pour se mesurer à forces égales avec cette Chasseresse des Ombres, mais les Loas écoutaient sa voix, et elle s’était assurée à ce que sa dernière déesse en vie, Har’koa, réponde à son appel dès qu’il l’invoquerait, même s’il n’était pas un Drakkari - de toutes façons, elle était très fâchée contre ses anciens adorateurs, et Xa’na la comprenait parfaitement.
Plus Ziadrin restait entre leurs mains, plus elle commençait à la détester. Elle leur avait volé leur cible et les vingt mille pièces d’or qu’elle avait réussi à se faire promettre en échange de la tête de ce foutu Zandalari, et en plus de cela elle ne se comportait pas en prisonnière convenable. Elle avait même mis l’un de ses associés hors-combat pour un bon moment. Le chevalier de la mort se sentait par contre l’envie de donner une augmentation au jeune Tyrathen pour lui avoir appris les bonnes manières avec un superbe décollage au sommet d’une colonne de feu, ainsi qu’à Kosh pour s’occuper de l’assommer régulièrement.
Qu’est-ce qu’elle était contente maintenant que le demi-elfe les ait rencontré en intervenant en la faveur du demi-orc qui s’était fait bêtement capturer par les Marteaux-Hardis, et qu’il ait accepté de les suivre à l’aventure ! Elle songea à ce moment que c’était bien pour le récompenser de son aide exceptionnelle qu’elle allait l’aider dans les recherches qu’il entreprenait sur une certaine personne, comme promis.
- Elle dort encore, lança alors Kosh en rentrant dans l’auberge. À boire !
- J’espère qu’à force de lui taper sur le crâne, elle ne va pas finir par avoir un traumatisme crânien qui l’empêchera de parler..., soupira Haruta.
- Peut-être que ça va justement la motiver, intervint Fagnar. Un troll c’est simple à faire causer. Plus on le baffe, mieux il parle !
- Attention un peu à qui tu parles mon petit, sourit Xa’na en montrant ses défenses.
- Qui c’est que tu traites de petit Xa’na ?! s’offusqua le nain. J’ai autant, sinon plus de muscles que toi et ton corps maigre ! La taille fait pas la force !
- Arrêtez de vous chamailler comme des enfants et réfléchissez, dit Seranis d’un ton ferme.

Personne n’essaya de le contredire; quand l’elfe de sang demandait le calme, il l’obtenait, ou les contrevenants se faisaient renverser de leurs chaises et pousser au silence d’un regard glacial,  parfois à la pointe d’une épée. Seranis semblant plus propice à sortir son arme dans la situation présente, ses camarades savaient qu’il vaudrait mieux ne pas trop l’énerver.
- Vous pouvez amener votre prisonnière au Territoire du Lion, suggéra Danessia. Elle y sera bien enfermée, nos experts en interrogation s’occuperont de la faire parler.
- Eh, vous nous avez déjà volé un de nos prisonniers, on ne va pas vous en livrer un autre gratuitement en plus ! protesta Xa’na.
- Je ne sais pas si ce serait vraiment sûr, intervint Kalterian. Le bastion est incessamment attaqué par la Horde, la Chasseresse des Ombres tirerait parti de la confusion à coup sûr. En plus de ça, nos camarades qui ne viennent pas des peuples de l’Alliance ne seront pas admis, alors qu’ils ont autant de droit que nous à avoir accès aux informations de notre prisonnière.

La haute-elfe acquiesça, souriant légèrement en réaction de l’esprit critique de son apprenti avant de revenir sur ses réflexions. De nouvelles idées furent lancées, parfois avec conviction, d’autres au hasard, mais étaient souvent contestées. Ivina la gobeline finit néanmoins à attirer l’attention de certains en proposant de piéger l’âme de la trollesse dans une pierre d’âme pour la transporter “en plus petit format”. Même si la plupart étaient contre pour le principe moral, Simine bondit soudainement de sa chaise, les yeux étincelant d’imagination :
- En petit format ! s’exclama-t-elle. Ça y est ! J’ai une idée !
- Hey, quoi donc ? répondit la démoniste avec un petit sourire. Encore une invention gnome bizarre pour miniaturiser les gens à la taille d’une souris ?
- Nan, moi je suis nulle pour les machines. Mais la magie, c’est mon truc, et s’il y a un sort qui m’éclate plus que l’explosion pyrotechnique ou la bombe vivante, c’est bien la métamorphose !
- Doucaque connaît ! s’exclama l’ogre. C’est drôle de changer les gens en cochons !
- En cochons... ? fit Simine, intriguée. C’est une idée, mais c’est plus simple et stable de commencer par les bases, par les moutons !
- Mais..., gémit Doucaque. Xa’na dit qu’elle aime bien mes cochons...
- Euh..., fit la trollesse d’un air un peu embarrassé alors que son bras droit et d’autres la regardaient avec étonnement. C’est un sort drôle, ça me fait rire. L’idée du mouton me plaît bien !
- Je sens que certains vont apprécier cette forme de vengeance, ricana Pragma.
Même si certains avaient le sentiment que cette solution semblait pas mal ridicule et décalée par rapport à la gravité du problème, lorsque tous les mages convinrent d’unir leur sort pour en augmenter la durée et la stabilité, de plus en plus de gens adhérèrent à l’idée. Finalement, ils décidèrent que la Chasseresse des Ombres se ferait transporter sous la forme d’un mouton, dans une cage. Comme la jeune orque moniale l’avait dit, ce serait une forme de punition très exemplaire pour ce qu’elle avait fait à leurs camarades.
Simine, Estrana et Doucaque suivirent Kosh et Sunaki pour retrouver la prisonnière et la transformer - en espérant qu’elle ne serait pas déjà en train d’essayer de s’enfuir. Kuroshan et Haruta préparèrent des missives pour certains de leurs camarades Pandashan encore au Monastère tandis que les nains sortirent acheter une cage pour contenir la trollesse sous sa forme de mouton. Pendant ce temps-là, la forestière haute-elfe obtint que la démoniste orque la suive pour effectuer la mission d’espionnage pour son compte, et les deux femmes prirent congé des autres.
En allant voir Nocturana, qui était restée avec Marlek et les autres, la chasseresse demanda à Mardaka de veiller sur Marthenon si elle en avait l’occasion, tandis que le moine lui souhaita de réussir et de ne pas se faire blesser. Ils notèrent que la démoniste se souciait également de son état, et lui exprima son souhait de le voir se rétablir. Quand l’elfe de la nuit lui demanda comment est-ce qu’ils étaient d’aussi bons amis malgré leurs activités différentes, il lui répondit simplement que c’était grâce à elle qu’il avait commencé à changer en bien. Nocturana en fut un peu surprise, ne voyant pas trop en quoi une démoniste pouvait aider quelqu’un à devenir une meilleure personne. Cependant, l’orque semblait bien douce et raisonnable, peut-être qu’à l’instar de Lædera Corberis, ses pouvoirs n’étaient qu’une arme contre ses ennemis sans affecter son sens moral.


Ignorant comment les discussions de ses camarades avançaient, Keera avait décidé d’aller trouver son père, dès lors qu’elle avait appris que sa condition était stabilisée. Quand elle arriva, Negar était encore endormi, le ventre contre la couche sur laquelle il avait été posé après l’opération. Elle s’assit à côté de lui, priant les ancêtres et les éléments pour qu’il puisse récupérer et que la blessure ne l’empêche pas de continuer à chasser, comme c’était sa passion. Ses loups gémirent tristement en s’asseyant face à l’orc alité.
Le médecin pandaren finit par revenir, et trouva la fille de son patient en train de veiller ce dernier. Quand l’orque le remarqua, elle le salua aimablement et le remercia d’avoir sauvé la vie de son père. Il lui informa qu’il allait falloir encore quelques semaines le temps que celui-ci ne soit complètement rétabli, parce que la blessure qu’il avait subi avait été très grave et fracturé plusieurs os. La magie curatrice des Tisse-Brumes pourrait les réparer, mais pas instantanément. Keera prêtait une oreille attentive à tout ce qu’on lui disait, jusqu’à ce qu’un passage la fasse tiquer :
- J’ai quand même remarqué une cicatrice étrange chez lui, disait le médecin. Juste au bas de la colonne vertébrale, on aurait dit qu’on l’avait amputé de quelque chose il y a très longtemps. La structure des os semble étrange aussi pour un orc, j’ai pu en opérer quelques-uns à Rosée-de-Miel, mais je n’avais jamais vu ça avant...
- Qu’est-ce que vous voulez dire ? demanda la chasseresse. Vous êtes certain de ce que vous dîtes ?
- Certain.
- En quoi est-ce qu’elle est différente ?
- J’ai eu l’impression que la colonne a été sectionnée à ce niveau... comme si elle se prolongeait dans un appendice, une queue.
- Quoi ? Mais nous n’avons pas...
Elle s’arrêta, frappée d’un doute. De toutes les races qu’elle connaissait, deux seulement portaient des queues... bon, trois, en comptant les pandarènes rousses. Les taurens, et les draeneis. Ces derniers avaient été presque massacrés par ses ancêtres bernés par les démons, et ils avaient commis des crimes atroces contre ceux qu’ils ne tuaient pas sur place, dont le viol faisait partie.
Son père était né sur Draenor, peu avant que les anciens de leur clan ne s’exilent de leurs terres natales en traversant le Portail des Ténèbres. Était-ce possible que ses parents n’avaient pas été Gorrash et Nallka Sombreworg... mais une pauvre victime draenei et un père inconnu et corrompu ? Son grand-père lui-même ? Elle en tremblait d’angoisse. Toute sa vie, elle ne s’était jamais posé de question sur sa nature, sa race, c’était une évidence qu’elle était une orque, que son seul héritage étaient les traditions du Clan Loup-de-Givre. Mais si le médecin avait raison, alors toute sa vie se retrouverait être un mensonge ?
- Keera..., murmura alors Negar, qui venait de se réveiller.
Malgré son soulagement de voir qu’il reprenait conscience, elle hésita d’abord à le rejoindre. Est-ce qu’il lui avait menti sur ce qu’il était, sur ce qu’elle était également ? Devait-elle vraiment lui en vouloir si c’était vrai, c’était une autre question qu’il lui fallait se poser. Pour le moment, il lui fallait avoir des réponses. Elle retourna s’asseoir auprès de lui, et constata qu’il observait d’un air mécontent le médecin pandaren avant de la regarder à nouveau.
- Père... Tu as entendu.
- Oui.
- Alors... Est-ce c’est vrai ? Est-ce que tu m’as caché quelque chose, à ton sujet ? À mon sujet ?

Il resta silencieux. Elle en déduit que c’était vrai, sinon il lui aurait répondu franchement que non. Alors c’était donc ainsi. Elle n’était pas une véritable orque, son père était un demi-orc, un demi-draenei ; elle se retrouvait à devoir supporter que ses origines n’étaient pas aussi simples que ce qu’elle avait toujours pensé, et qu’elles venaient en plus d’un crime.
- Je suis désolé, soupira tristement le demi-orc. Ta mère et moi nous étions mis d’accord pour que nos enfants ignorent ceci. Nous ne voulions pas que toi, ou peut-être d’autres ayez à porter cette souffrance, comme j’ai dû moi-même avoir à lutter pour l’accepter.
- Je comprends...
Elle se sentait l’envie amère de pleurer. Un jour, peu après qu’ils aient posé les premières pierres de la future Orgrimmar, un ancien lui avait dit qu’elle et les autres enfants de sa génération étaient l’avenir de leur race, libres de tous les crimes commis à cause de la Malédiction du Sang. Qu’est-ce que ce vieil homme lui aurait dit, s’il avait appris qu’à peine dix ans plus tard, ces jeunes se couvriraient d’autant de sang que lui, ses frères et ses fils, et cela sans avoir besoin d’un sortilège ? Et voilà qu’elle-même se découvrait indigne de cette espérance, depuis la racine.
- Ne sois pas aussi triste Keera. Tu n’as pas à te sentir coupable de ce qui a pu se passer, ça c’est passé il y a très longtemps, et toi, tu es une fille légitime, et bel et bien une orque.
- Avec un quart de sang draenei...
- C’est une chose. Mais pour le reste, le sang des Loups-de-Givre est en toi, ainsi que nos traditions. Tu as grandi dedans, tu les a acceptées et vis dedans, tu n’es pas obligée de tout jeter juste à cause de ce quart...
- Mes ancêtres ont quand même participé aux massacres, brutalisé les autres... Et d’où vient donc ton père ? Il pourrait très bien avoir été l’un des chefs de Clan les plus cruels...
Negar soupira, essaya de l’assurer qu’il avait dû être un guerrier Loup-de-Givre pour que sa mère ait choisi de le laisser à son Clan; Keera répliqua que ça pouvait justement être parce que c’était le moins pire de tous à l’époque, et qu’ils n’avaient pas bu le sang de Mannoroth, un ennemi des draenei. Effectivement, c’était bien les Loups-de-Givre qui étaient susceptibles à l’époque de garder en vie un demi-sang, là où les autres n’auraient pas hésité à tuer sur place ou abandonner le nourrisson à son sort.
Si seulement cette maudite trollesse ne lui avait pas infligé cette blessure, jamais sa fille n’aurait eu à vivre ça. Il ne pouvait plus qu’espérer qu’elle allait malgré tout pouvoir vivre la tête haute, comme avant. Il estima qu’elle ne devait pas porter le fardeau de ses origines, qui ne concernaient bien que lui et n’avaient pas à affecter ses enfants, ni les enfants de ses enfants. Il regrettait que sa femme, Gaerla, ne soit plus là. Elle aurait pu soutenir sa fille, l’aider à se remettre... Il s’en voulait tellement d’avoir échoué à la protéger de son noir secret.

Pragma arriva à l’instant pour prévenir les deux Sombreworg qu’ils allaient bientôt repartir. Keera la regarda bizarrement, ce qui étonna la moniale ; à peine quelques heures plus tôt, la chasseresse était convaincue qu’elles étaient de la même race, qu’elles étaient pareilles. La question ne se posait même pas en fait. L’apprentie de Senali avait-elle déjà remarqué qu’elle conversait avec quelqu’un de différent d’elle en réalité, qui avait du sang draeneï et n’était pas une orque “pure” ? Elle s’étonnait de moins en moins de s’être sentie aussi hostile et détachée de l’idéal racialiste de Hurlenfer ; c’était en fait quelque chose qui était dans son sang depuis le début, quelque chose qui lui disait qu’elle ne pouvait pas accepter ça pour elle, parce que c’était un mensonge...
- Il y a un problème ? demanda la moniale.
- Tu ne peux pas imaginer..., répondit Keera.
- Ce n’est rien, intervint Negar. Va dire aux autres que Keera peut vous suivre. Moi... je suis coincé ici pour encore quelques temps.
- Oh, quel dommage ! s’exclama tristement Pragma. Si ça peut vous consoler, la trollesse se fait pas mal punir. Ils vont la transporter sous la forme d’un mouton dans une cage !
L’apprentie moniale finit par quitter la pièce. Malgré le caractère cocasse de la nouvelle, la chasseresse ne parvint pas à en trouver l’envie de rire. Elle n’arrivait pas à se débarrasser de ses hantises, ce dont Negar se rendait bien compte. Les loups de l’orque essayèrent de la conforter en se pressant contre elle, ce qui eut heureusement de l’effet sur elle ; peu importe ce qu’il y avait dans son sang, que ses origines soient bouleversées, elle était toujours la mère et la soeur de ces loups, ils étaient sa famille autant que son père et les autres du Clan. Mais d’où venaient les autres, du côté de Negar ? Elle voulait savoir.
- Keera, tu vas repartir avec eux...
- Bien sûr, dit-elle. Lorsque cette Chasseresse des Ombres aura parlé, je lui ferai payer ce qu’elle t’a fait.
- Merci... Venge mon honneur, mais n’en fais pas trop.
- Encore l’honneur..., soupira Keera. Malgré ce que tu es. Comment fais-tu pour y croire toujours malgré ça ?
- Parce qu’il est bien réel. Mon vrai père n’avait très certainement aucun honneur, ma vraie mère ne s’en souciait pas, mais il ne sont pas mes parents, ils ne m’ont pas élevé, ils n’ont rien fait de concret qui aurait dirigé ma vie, à part mettre au monde le demi-sang que je suis. Les Sombreworg, eux, m’ont tout appris, et ils m’ont montré ce qu’était l’honneur, comment vivre avec. Ce n’est pas une tache simple, surtout pour notre race qui apprécie les combats mais peut vite devenir plus brutale que nécessaire. Mais on peut y arriver. Le chemin qu’on doit prendre pour comprendre et accepter ce concept n’est cependant pas toujours simple. J’ai bien vu des criminels de guerre qui avaient participé au génocide qui n’ont compris que bien des années après qu’ils ne suivaient pas la bonne voie, et oeuvrer pour faire marche arrière, malgré la difficulté... et réussir.
Sur ce point, son père n’avait pas tout à fait tort ; elle ne comprenait plus vraiment ce qu’était l’honneur après ce qu’elle avait vu dans la Horde, qu’elle avait toujours idéalisée dans ses plus jeunes années comme synonyme de ce concept. Mais avec les actions criminelles et aberrantes de plus en plus des partisans du Chef de Guerre, elle avait cru que tout ça n’avait jamais été qu’une illusion... Et elle apprenait à présent que son père, qui cherchait éternellement à la convaincre de la véracité de ce principe, était né d’un acte qui était tout l’opposé de l’honneur, une monstruosité pure. Pourtant, ça ne l’avait pas empêché d’adopter le concept et de tout faire pour y être fidèle.

Il y avait tellement de questions qui se pressaient à elle après ce qu’elle venait de découvrir, et pourtant le temps leur manquait et son père ne pouvait pas la suivre. Elle finit par lui promettre qu’elle essayerait de lui faire retrouver son honneur en vainquant la Chasseresse des Ombres, tout en repensant à ce que ça signifiait vraiment pour elle. Après avoir embrassé avec attention son père pour ne pas le blesser par accident, Keera et ses loups allèrent rejoindre les autres. Elle espérait pouvoir le retrouver et parler à tête reposée de leurs origines exotiques une fois la mission achevée.
- Nous y voilà..., murmura Kuroshan quand elle arriva. Donc Marlek et Keera nous suivent toujours. Elaria et Negar restent ici le temps de leur guérison avec leurs familiers, Danessia et Mardaka partent sur leur mission ailleurs.
- Pour ceux qui ont manqué quelque chose, dit Xa’na, on transporte la miss dans une cage à moutons, et on fonce direct à Kun-Lai. Koun-Koun peut nous trouver un passage dans la montagne sans qu’on aie à contourner par la Vallée des Quatre Vents. Maintenant, prenez un moment pour vous moquer de notre invitée, que ça lui apprendra à vouloir se barrer avant que la fête ne commence, et on se met en marche !
- J’espère que vous allez maintenir ce sort assez longtemps, fit remarquer Tyrathen, parce que si elle s’en tire, elle va encore plus vouloir nous tuer.
Ziadrin fixait d’un regard rouge haineux ses geôliers, ce qui lui donnait un air terrifiant pour quelqu’un de transformé en mouton. Même si elle était bien enfermée dans la cage, beaucoup avaient déjà l’impression que ce ne serait pas vraiment facile de la transporter malgré tout.


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MessageSujet: Re: L'Ouragan de la Vengeance   L'Ouragan de la Vengeance EmptyJeu 12 Juin - 20:51

L'Ouragan de la Vengeance Screen29

Une longue marche les attendait après Fleur-de-l’Aurore pour arriver jusqu’à l’endroit où, selon le hozen, ils pourraient escalader la falaise pour arriver directement jusqu’à Kun-Lai. Ils choisirent de partir par le plateau derrière la ville et de traverser le grand pont au-dessus du coeur de la forêt. La trollesse métamorphosée ne leur causa heureusement aucun incident grave, pour le moment elle se contentait seulement de les regarder avec un air meurtrier sans émettre un seul son. Certains voulurent la taquiner par esprit de revanche, mais Seranis les prévint que c’était une mauvaise idée.
Ils avaient tout le temps, en alternant avec la surveillance de leur prisonnière, de discuter un peu plus entre eux, que ce soit en marchant ou pendant les pauses. Marlek et Naeria restaient néanmoins beaucoup entre eux la plupart du temps, à cause de ce qui arrivait au moine humain. Hoji venait souvent vérifier que son disciple allait bien, et de temps à autres Vil’zun également afin de voir si l’influence du sort diminuait. Tant d’attention n’était pas réellement appréciée de la part de Marlek, qui n’aimait pas que tout le monde le regarde comme s’il était une bombe sur le point d’exploser... même si quelque part il savait que ça pouvait être vrai.
Quand on lui demandait ce qu’il en pensait, le troll des forêts répétait fréquemment que la guérison “progressait” sans se départir de son air stoïque.
- Vous ne cessez d’utiliser ce mot, soupira Nocturana après l’avoir spécialement pris à parti, mais je doute qu’il ait la signification à laquelle vous voulez nous faire croire. Qu’en est-il vraiment ? Est-ce que l’influence diminue ? S’amplifie ?
- Vous voulez vraiment savoir, chasseresse ?
Le loup translucide grogna pour manifester l’impatience de Nocturana, ce qui convainquit Vil’zun qu’il devait répondre.
- Ni l’un ni l’autre, avoua-t-il. Pour le moment.
- Il faudrait peut-être lui dire.
- Si vous pensez que ça va pas lui faire perdre prise, c’est comme vous voulez. Moi je connais pas assez bien votre ami. Mais honnêtement, j’ai aucune idée de si ce maléfice va s’en aller tant qu’on a cette trollesse avec nous.
- Et qu’est-ce que vous suggérez ? Il ne va pas devoir partir juste à cause de ce qui lui arrive, ce n’est pas sa faute et il est capable de se maîtriser !
- On verra bien. Pour le moment, rien de réjouissant, rien d’alarmant. Je peux qu’espérer que son esprit est assez fort s’il veut s’en sortir.
- Merci de votre sentiment d’implication..., soupira la chasseresse.
- Mec, je sais pas pour vous l’elfe, mais moi je mets pas une seconde à tomber sous le charme des gens et leur faire confiance pour tout. Là je fais mon boulot du mieux que je peux pour ne perdre ni votre moine ni la prisonnière, et je serais autant content que vous et les autres s’il arrive à s’en tirer.
- Contente au moins que vous fassiez quelque chose.
- Avec plaisir, répliqua le troll avec une révérence moqueuse.

Nocturana haussa les épaules et s’éloigna du troll à présent qu’elle avait eu ses réponses sur l’état de son camarade. Elle était déjà énervée de ne rien pouvoir faire pour l’aider, et la désinvolture de Vil’zun l’agaçait encore plus. Seranis sembla s’en rendre compte, comme il alla vers elle pour tenter de la calmer un peu.
- Vous ne devriez pas vous formaliser de ce qu’il dit, Vil’ est toujours rude avec les nouveaux. Ce n’est pas un Vengebroche pour rien.
- Je peux comprendre. Mais je m’inquiète pour Marlek.
- Je pense que vous n’êtes pas la seule. Faisons-lui confiance à mon avis, il est fort. Si ce n’était pas le cas, la Chasseresse des Ombres n’aurait pas cherché à l’affaiblir comme ça.
- Oui... C’est vrai, il peut s’en sortir.
L’elfe de sang avait raison selon elle. Comment est-ce que l’homme qui avait réussi à l’aider à vaincre ses doutes et ses peurs pourrait-il succomber à un maléfice troll, surtout sans se battre ? Elle se dit que plutôt que de douter de ses capacités, elle pourrait plutôt essayer de l’aider moralement dans sa lutte. Comme Marlek était déjà en pleine conversation avec d’autres, elle resta cependant un petit moment avec Seranis, curieuse de savoir comment est-ce que ce paladin - un ancien chevalier de sang en plus - avait réussi à devenir l’associé d’une trollesse Chevalier de la mort originaire de Zul’dark dans une compagnie de mercenaires.
Seranis Cherche-Lumière était bien différent des elfes de sang qu’elle avait pu rencontrer par le passé... très spécialement Marthenon. Il avait le mérite de ne pas lui ressembler physiquement déjà, ce qui lui permettait de ne pas trop repenser à son ancien ami quand elle savait désormais qu’il était devenu suicidaire, ce qui l’inquiétait malgré tout ce qu’il s’était passé. Ses cheveux étaient d’un brun classique, longs ; il était un adulte mature, qui avait connu les trois grandes guerres, il s’était lié d’amitié avec des camarades d’armes, qu’il avait vu vivre ou mourir au combat, il avait eu une famille.

Quand elle demanda s’il la voyait encore, il s’assombrit. Elle apprit que le Fléau lui avait tout pris, ne laissant que son fils unique. Et lorsqu’elle poussa plus loin à son sujet, il garda le silence un long moment. Elle n’eut besoin que de cela pour comprendre qu’une tragédie l’avait frappé.
- Lorsque Lune d’Argent a été attaquée par Kael’thas et ses serviteurs démoniaques, je me suis retrouvé parmi les officiers qui devaient commander les défenses de la ville, mon supérieur ayant péri. J’ai mené mes hommes du mieux que j’ai pu, mais malgré tout... Il y avait une escouade d’embusqués que je n’ai pas su voir à temps. Lorsque mes soldats ont avancé, ils ont profité de l’ouverture pour attaquer les derniers qui leur barraient la route. Mon fils était parmi eux, et ces abominations l’ont égorgé... Je n’ai rien pu faire pour l’aider, pas même en me sacrifiant à sa place... Je ne pouvais que le regarder se faire assassiner avec les autres. Et j’ai perdu le contrôle de tout le reste...
Son ton était tellement douloureux qu’il était évident de comprendre que même des années après, la culpabilité et la peine qu’il avait ressenties étaient encore très présentes. Nocturana compatissait avec son chagrin, même si elle savait qu’elle ne pouvait pas réellement comprendre le sentiment que causait la perte de son enfant; elle ne pouvait qu’imaginer l’épreuve que c’était, surtout pour quelqu’un de normal, qui s’était occupé de sa famille et avait aimé sa progéniture, l’avait reconnue et acceptée.
Avec Godfran, le prêtre humain, elle avait déjà entendu un récit venant d’un père qui avait perdu son enfant. Mais dans le cas de Seranis, ça semblait tellement insupportable pour lui de devoir se souvenir que si seulement il avait vu ces furtifs à temps, il les aurait signalés, ses hommes ne se seraient pas fait avoir et son fils n’aurait pas été tué dans le tas.
- Je suis navrée, dit-elle, je ne voulais pas raviver cette blessure.
- Je ne peux pas vous en vouloir, comment auriez-vous pu savoir. Il n’y a que moi qui soit à blâmer... maintenant que les autres meurtriers sont morts. J’espère que vous n’aurez jamais à connaître ce sentiment si vous choisissez d’avoir des enfants.
- Avec qui..., soupira-t-elle.
Elle n’y avait jamais vraiment pensé. Après avoir été abandonnée elle ne voulait pas risquer à son tour de devenir une mauvaise mère; lorsqu’elle avait été fiancée en plus, c’était tout simplement hors de question. Seranis haussa les épaules et changea de sujet. Ils continuèrent leur discussion sur la question originale de la chasseresse, qui s’intéressait à pourquoi et comment est-ce que l’elfe de sang était le bras-droit d’une trollesse morte-vivante. Xa’na, finissant par entendre leur conversation, vint s’inviter pour compléter le récit de son associé. Nocturana et ceux qui étaient autour se reposèrent plein de fois la même question quand les deux interagissaient avec leurs caractères complètement opposés qui auraient plus pu les porter à devenir rivaux que partenaires.
Ils apprirent néanmoins beaucoup sur la Compagnie de Xa’na et Seranis. Fondée à Baie-du-Butin par le couple, après leur campagne au Norfendre où ils s’étaient retrouvés désoeuvrés une fois Arthas mort, ils avaient commencé à travailler dans le mercenariat depuis lors. De nouveaux membres les rejoignaient sans cesse au fil de leurs aventures. Les associés avaient leurs credo en trois temps pour leur groupe, encore une fois bien propres à leur personnages ; celui de Xa’na, bien simple, se résumait à “aventure, bagarres, argent” pendant que Seranis définissait plus des principes moraux et les limites sur les contrats acceptés : “pas de contrats visant à s’associer avec des organisations ou des gens cherchant la destruction du monde, on ne prend pas de contrats qui impliquent un danger mortel immédiat pour les membres, on ne prend pas pour cible des civils qui n’ont aucun moyen direct de se défendre.”


Après cette séance d’informations, ils s’arrêtèrent au bord de la route, près d’un puits d’eau potable, comme la nuit commençait à devenir de plus en plus obscure pour eux. Simine s’occupa d’allumer le premier feu de camp, et essaya d’apprendre à Doucaque comment utiliser son sort pour le second ; après que l’ogre eut failli mettre le feu à un arbre proche lors du premier essai, que Senali éteignit en jetant un petit baril contenant du thé dessus, l’autre foyer fut allumé. Ils établirent les tours de gardes pour surveiller aussi bien les alentours que la cage de Ziadrin. Certains tentèrent de s’endormir directement en prévision du moment où ils seraient appelés, et en réaction ceux qui étaient encore éveillés convinrent de ne pas être trop bruyants pour ne pas les déranger.
Tandis que des séances d’histoires au coin du feu avaient lieu, Nocturana alla enfin se rapprocher de Marlek, qui essayait de se méditer. Naeria s’était assoupie à quelques pas de lui, et on voyait à son visage qu’elle ne s’était pas endormie d’un sommeil paisible. La chasseresse laissa au moine son moment de méditation, dans l’espoir que ça lui permette d’aller mieux. Elle s’occupa de ses familiers en attendant qu’il revienne ; l’elfe de la nuit vit avec bonheur que la constitution de Shargosh et Orshan commençait à redevenir de plus en plus solide. Peut-être qu’ils pourraient un jour cesser de ressembler à des fantômes brillants, même si ça devrait alors prendre du temps. L’ours était quand même très ancien, c’était l’un de ses plus vieux compagnons, et le dernier qui restait des premiers. Même si ça lui causa un pincement au coeur de penser ça, elle espérait que le moment venu, il ne devrait pas avoir à partir dans une condition aussi instable et angoissante pour les animaux.
Lorsque Marlek quitta sa méditation, elle en fut prévenue par le mouvement de recul de la part de Sephira, qui avait passé plusieurs minutes assise à le fixer sans bouger. Qu’est-ce qu’elle pouvait bien sentir chez lui qui la mettait dans cet état intrigué ? Le maléfice ? Le jeune homme passa encore un moment silencieux, avant de lever la tête et de remarquer Nocturana et ses familiers.
- Ça va mieux ? demanda-t-elle.
- Pour le moment, ça ne s’est pas empiré et c’est une bonne chose.
- Donc ça ne s’améliore pas non plus..., comprit-elle tristement.
- J’arrive à garder le contrôle, et la bénédiction de Vil’zun m’aide bien pour ça. C’est comme s’il y avait une sorte de gardien à côté de moi, quand je médite... un léopard en train de guetter un serpent tapi dans le recoin de la pièce. Je me le figure comme ça.
- Je suis certaine que tu vas vaincre le sortilège. Si tu penses que je peux t’aider en quoi que ce soit, tu peux me le dire.
- Et bien... Merci, dit-il avec un léger sourire.
Il tourna la tête pour voir comment allait Naeria, et parut plus triste de voir qu’elle dormait mal. Elle était sincèrement inquiète pour lui, et après ce qui était arrivé à son réveil il n’avait fait qu’empirer ce sentiment, en l’effrayant. C’était vraiment la dernière chose qu’il voulait, qu’elle ait peur de lui.
- Je vais aller voir comment va Estrana, dit Nocturana à un moment. Est-ce que tu vas aller dormir ?
- Non, je ne préfère pas. Je ne pourrai pas contrôler les visions si je m’endors, et ça risque de vous affecter.
- Ne te prive pas non plus complètement de sommeil.

En marchant entre les autres petits groupes, les deux camarades observèrent un peu comment s’occupaient leurs autres compagnons pendant cette soirée. Kuroshan, après sa veille, avait passé le flambeau à Keera qui s’acquittait avec diligence de sa tâche, tandis qu’elle semblait vouloir discuter avec le taciturne demi-orc qui s’occupait d’entretenir son épée tout en lui parlant. Le Pandashan était allé rejoindre ses camarades en premier, qui furent rejoints pas Xa’na et Jordar, les deux Chevaliers de la mort. La chasseresse trouva rapidement le petit frère de l’humain mort-vivant, qui s’était mis à l’écart, mélancolique. Darnor les remarqua, jeta un regard étrange au moine, avant de se retourner. Nocturana préféra ne pas en informer son camarade.
Marlek remarqua très notamment son maître discuter en privé, un peu plus éloigné des autres, avec Senali. En comparant leur façon de se parler et de se comporter avec celles de Fagnar et Holi lorsqu’eux étaient bien éveillés, il étouffa un petit rire. Il serait content pour son maître, si celui-ci pouvait trouver son âme-soeur. La disciple orque de la Tisse-Brume faisait partie de ceux qui s’étaient déjà endormis, elle était allongé pas loin d’Ivina, Ourani et de Vil’zun qui reposait sur le dos ; même dans son sommeil il avait ce visage aussi solennel et stoïque que quand il était éveillé, ce détail fit également sourire les deux amis. En chemin ils jetèrent un coup d’oeil vers Koun-Koun qui surveillait sérieusement la cage de Ziadrin, assis sur son tonneau de bière.
Ils rejoignirent Estrana, qui était dans une discussion passionnée avec Tyrathen Galifrey le demi-elfe. La chasseresse se sentie quelque part touchée de voir les traits de sa soeur aussi vifs et animés pendant qu’elle parlait avec le jeune homme, qui lui répondait avec amabilité et des manières calmes et posées. À côté d’eux, Simine intervenait également de temps à autres, et même l’ogre demandait des éclaircissements.
Seranis était également assis non loin du demi-elfe et ils semblaient assez familier l’un à l’autre, un fait qui étonna légèrement Marlek qui avait souvent entendu dire que les elfes de sang ni les hauts-elfes n’appréciaient pas beaucoup les hybrides. En même temps, Kalterian se tenait avec eux et ne semblait pas avoir tellement de problèmes à ce que Tyrathen soit à quelques mètres de lui ; le moine soupçonnait par contre, avec preuves à l’appui, que ce forestier ne pouvait que se devoir de tolérer les humains et même les demi-sang, vu qu’il était amoureux de sa soeur jumelle.
Nocturana, en voyant l’ancien chevalier de sang, repensa à leur discussion, et se demanda si en agissant comme le gardien du jeune demi-elfe il n’essayait pas de réparer sa faute qui avait conduit à la mort de son propre fils.
- Bonsoir grande soeur, dit la bien-née quand Nocturana s’assit à côté d’eux. Bonsoir Marlek, est-ce que vous allez bien ?
- Oui ça va, répondit-il en souriant. Tu n’as pas besoin de me parler comme si j’étais cent ans plus âgé que toi, je ne vais pas me fâcher si tu me tutoies.
- Vous aviez l’air de parler de quelque chose d’intéressant, on peut avoir un aperçu ? demanda la chasseresse.
- Tyrathen nous parlait de la magie des runes, leur expliqua Estrana avec son ton enthousiaste caractéristique. C’est vraiment passionnant. Tu savais que les flux d’énergies qui courent dans les lignes telluriques forment des symboles précis, qui sont eux-même porteurs de pouvoirs spécifiques ?

Même s’ils ne s’étaient pas vraiment préparés à écouter une leçon de magie, ils restèrent quand même écouter le demi-elfe répondre aux questions de la jeune elfe, et donner des explications sur la science des runes. Bien que le sujet était très complexe et qu’en plus ni Nocturana ni Marlek ne s’adonnaient véritablement à l’étude de la magie, ils parvinrent malgré tout à suivre la conversation qui se déroulait devant eux.
Avec d’un côté la bien-née qui avait une volonté naturelle de chercher à apprendre ce qui lui était inconnu et de l’autre Simine la gnome qui était naturellement curieuse, les questions s’enchaînaient. À un moment, Kalterian jeta un regard compatissant à l’ogre qui était maintenant complètement perdu avec tous les concepts qu’il peinait à saisir. Lui-même n’avait pas vraiment été une fine flèche pour la magie avancée, tout ce qui avait jamais importé pour lui là-dedans, c’était comment est-ce qu’il pouvait attacher de l’énergie arcanique à ses traits.
- C’est donc avec ça que tu as mis la trollesse hors-combat ? finit par demander Marlek.
- Oui, même si c’était compliqué. Il a fallu que je trace correctement les marques pendant qu’elle était occupée, en espérant qu’elle allait bien chercher à passer par la porte principale en premier, puis courir directement vers moi et mettre les pieds en plein sur le sceau runique.
- Ça a fonctionné en tout cas, et grâce à ça... tu as sauvé notre mission, et la prime que Xa’na  et Seranis cherchent à vous obtenir.
- Elle me l’a dit, acquiesça le demi-elfe. Et elle a en plus accepté de m’aider pour mes propres recherches en récompense pour mon aide.
- Quelles recherches ? demanda Nocturana. D’autres runes ?
- Oh, non. Ça c’est plus secondaire. En ce moment je suis à la recherche de mon véritable père.

Comme il pouvait s’y attendre, la plupart de ses camarades furent frappés de curiosité par son affirmation. Ils lui demandèrent de raconter son histoire, ce qu’il accepta. Qui sait, peut-être que l’un d’eux avait une piste ? Seranis lui en avait bien fournie une ; même s’il affirmait qu’elle était “insignifiante et sans valeur” par rapport à ses recherches, Tyrathen considérait que même le plus petit indice avait le potentiel de le conduire à la vérité.
- Mon père était un haut-elfe qui se faisait appeler Æren Chasseur-Nocturne. Il y a plusieurs années, ma mère l’a rencontré à la Croisée de Corin, dans l’auberge où elle travaillait. Ils ont eu l’occasion de se parler à plusieurs reprises, et se sont finalement rapprochés pour former un couple. Mes parents ont passé deux années ensemble, et prévoyaient de partir loin de Lordaeron et de Quel’Thalas afin de se marier... ils comptaient aller jusqu’à Kul Tiras et fonder une famille là-bas. D’après ce qu’on m’a dit, ils étaient tous les deux sérieux concernant ce projet. Mais voilà, un jour mon père a disparu sans prévenir personne, et on ne pouvait plus du tout le contacter. Certains affirmèrent qu’il s’était enfui en abandonnant ma mère, sauf que les affaires qu’il avait en ville,  parmi lesquelles certaines auxquelles il tenait très particulièrement, sont restées en place et n’ont jamais été dérangées tant que l’auberge existait encore... à présent, évidemment, la ville entière a été détruite par le Fléau.
Le récit de Tyrathen en intrigua plus d’un, parmi ceux qui ne l’avaient pas encore entendu. Certains avaient effectivement pensé que son père avait menti à la mère du demi-elfe et l’avait abandonnée, mais en entendant dire que leur relation avait duré deux ans, et qu’en plus il n’avait jamais repris ses biens, ils doutèrent également que cela ait pu être vrai. Nocturana songea à un enlèvement, ou même que le haut-elfe avait été tué sans que personne n’ait jamais pu le découvrir. Plus de détails furent demandés, mais malgré les réponses de Tyrathen, ils en restaient au même niveau que lui, face à un mystère qu’ils ne parvenaient pas à comprendre.
Kalterian avait cependant réagi sur le nom du haut-elfe, et délivra volontiers une nouvelle information pour Tyrathen :
- J’ai assez souvent entendu parler d’un haut-elfe qui vient souvent aider le Concordat Argenté, et qui est surnommé le Chasseur Nocturne dans nos rangs. J’ignore cependant quel est son vrai nom.
- Ça peut être une bonne piste, répondit Tyrathen. Est-ce qu’il est un forestier lui aussi ?
- Oui. Quand nous aurons fini cette mission, j’irai demander à mes camarades, je t’en fais la promesse.
- Merci.

La gnome mage remarqua cependant que Seranis avait également l’air de beaucoup réfléchir, et voulut savoir s’il avait des idées par rapport à cette histoire. L’ancien chevalier de sang  se renfrogna, et essaya de la convaincre que ce n’était pas très important. Cependant, Tyrathen commença à leur raconter ce qu’il avait fini par lui dire, après que Xa’na eut réussi à le faire parler en remarquant innocemment que le nom d’Æren avait déjà été mentionné par son associé. Le demi-elfe s’était pas mal étonné que Seranis rechigne à en parler, mais après avoir entendu son récit, il comprenait un peu mieux ses raisons, même si elles ne semblaient pas toujours très claires. Finalement, le paladin accepta de partager ce qu’il savait avec les autres, comme ils insistaient que ce soit lui qui raconte.
- J’ai connu de nom un Æren, également un forestier..., dit-il presque en soupirant. Mais je crains que celui-ci ne soit pas le père que cherche Tyrathen.
- Pourquoi pas ? demanda Estrana.
- Parce qu’il fait partie d’une famille noble fondamentaliste, qui méprise tout ce qui n’est pas un quel’dorei. Autant dire que pour eux, s’enticher d’une humaine et avoir un enfant avec elle est un crime qu’ils feraient volontiers punir de mort...
- Charmantes personnes ! s’exclama sarcastiquement Marlek.
Kalterian eut un petit rire moqueur en entendant cela, tandis que les autres partageaient le manque de sympathie évident que Seranis portait pour cette lignée, les Dar’alah. Cependant, Nocturana repensa au cas de ses propres ancêtres et de sa mère, un cas particulier au milieu de toute une maison de fous, et exposa son point de vue. Le paladin ne sembla néanmoins pas convaincu qu’il puisse y avoir nuance dans ce cas.
- C’est quand même bien connu que dans les familles, surtout chez les nobles, il y a fréquemment un individu rebelle qui a une mentalité qui va à l’encontre de celle établie, argumenta-t-elle.
- Même si c’est le cas pour cet Æren, répondit fermement l’elfe de sang, je ne crois pas qu’il ait réellement pu réussir à passer deux années tranquillement avec une citadine humaine sans parvenir à passer inaperçu.
- Pourquoi pas ? intervint Simine. S’il avait fugué...
- Raison de plus, s’il s’était enfui. Il avait en permanence à ses côtés une servante garde du corps. Une de ces femmes froides qui se comportent presque comme des automates et peuvent devenir des machines à tuer au premier ordre de leurs maîtres... Elle n’aurait pas laissé passer ça.
- Seranis connaît vraiment que les noms et pas les gens ? demanda spontanément Doucaque. Il a l’air de pas mal connaître la famille aussi.

Le paladin poussa un soupir agacé alors que les autres le regardaient avec plus d’attention, certains avec suspicion. Tyrathen s’occupa cependant d’expliquer la raison pour laquelle Seranis n’aimait pas évoquer les Dar’alah selon ce qu’il lui avait raconté. En plus de leur racisme qu’il avait fini par trouver obsolète et absurde après avoir appris à travailler en-dehors de Quel’Thalas, il s’était également passé quelque chose de bien plus violent entre eux.
- Seranis m’a raconté que ces Dar’alah ont essayé de mener une rébellion dans le royaume contre Lor’themar Theron, parce qu’ils refusaient que leur peuple s’allie à la Horde. Il a dû les combattre pour empêcher que cela arrive.
- Et bien... Je me demande où est-ce qu’ils sont allés du coup, fit remarquer Kalterian, s’ils ont rejeté autant l’Alliance que la Horde.
- Nulle part, répondit abruptement le paladin. Ils ont tous péri dans le combat final.
- Hm, fit Nocturana en grimaçant. J’espère que vous n’avez pas tué le père de Tyrathen dans le tas.
Un silence gêné s’installa dans leur cercle dès lors que l’elfe de la nuit avait évoqué cette possibilité fort inquiétante. Tyrathen ignorait ce dernier détail, et regarda soudainement l’elfe de sang avec une inquiétude très visible, qui perturba Seranis. Celui-ci décida de répondre, choisissant au mieux ses mots pour limiter les dégâts.
- Si j’ai dû causer la mort Æren Dar’alah, je l’ai fait par devoir. Aucune haine, pas de sentiment. Mon serment m’engageait de défendre Quel’Thalas contre ses ennemis, il en faisait partie et j’ai mené mes hommes au combat en conséquence de l’insurrection de la maison Dar’alah.
- Ça ne veut peut-être pas dire que le père de Tyrathen est mort à ce moment là ! intervint Kalterian pour calmer le jeu. Il reste ce Chasseur Nocturne, qui est peut-être celui qu’il recherche...
La perspective que proposait le haut-elfe parvint à les apaiser en surface. Tyrathen espérait qu’il avait raison, bien qu’il craignait néanmoins que ce qu’avait soulevé la chasseresse kal’dorei soit vrai ; il ignorait comment est-ce qu’il devrait réagir si Seranis avait tué son véritable père. Il le tenait beaucoup en estime et qui avec Ourani était l’un des adultes dans le groupe en lesquels il pouvait avoir le plus confiance en cas de problème. Il ne se voyait cependant pas capable de lui en vouloir... Comme il l’avait dit, il avait fait son devoir à l’époque.
Il décida qu’il allait suivre la piste que lui offrait le forestier haut-elfe, au lieu de tirer des conclusions trop hâtives concernant Seranis. Cependant, il ne devait pas oublier celle des Dar’alah, même si elle lui semblait bien moins probable compte tenu de l’histoire que sa mère lui avait racontée, et qui avait été sincère et objective. Elle n’avait pas été biaisée par ses sentiments, qui  heureusement pour eux deux avaient su laisser place à d’autres pour l’homme qui l’avait prise sous son aile peu avant qu’il ne naisse... Ce dernier, même s’ils n’étaient pas liés par le sang, l’avait adopté et considéré comme son fils en dépit de leurs différences. Tyrathen lui était très reconnaissant pour cela, sachant que dans la plupart des cas, les demi-elfes comme lui grandissaient mal, surtout quand un beau-parent humain ne parvenait pas à accepter leur existence dans la vie de leur compagnon et devienne violent en conséquence.
Même si son père adoptif, Jon Galifrey, avait une place aussi importante que celle de sa mère dans son coeur, Tyrathen voulait malgré tout savoir qui était ce “Chasseur-Nocturne” dont il venait. D’où venait-il lui-même, que faisait-il en ce moment, et surtout, pourquoi avait-il abandonné subitement la femme qu’il aimait ? Bien qu’Amelia Chansiel avait pu refaire sa vie une fois son chagrin passé grâce à l’aide de Jon, son fils était certain que cette question lui revenait souvent à l’esprit. En ce qui le concernait, c’était une omniprésence, malgré l’amour de sa famille. Et depuis qu’il avait atteint un âge lui permettant de voyager, en plus d’avoir rencontré des compagnons fiable, le demi-elfe était décidé à avoir ses réponses.


Un cri retentit soudainement dans le camp. Koun-Koun fit sursauter tout le monde quand il se mit à marteler le sol et appeler à l’aide en fixant la cage de la trollesse d’un air excité. Chacun se prépara à lancer des sorts ou manier son arme en cas de problème, car il était certain que Ziadrin n’allait pas les laisser l’arrêter facilement, comme d’habitude. Cependant, en regardant la prison, ils eurent un moment de stupéfaction lorsqu’ils constatèrent le phénomène en train de se produire devant eux.
La Chasseresse des Ombres, par une magie que peu parvenaient à saisir, était toujours transformée en animal ; cependant, à la place du mouton se trouvait un cobra noir sifflant qui ne cessait de grandir, après avoir fait éclater en plusieurs morceaux la cage.
- Nom d’un yaungol ivre ! s’écria Hirokan en écarquillant les yeux. Qu’est-ce que c’est que ça ?!
- Qu’est-ce qu’on en a à faire ! répondit Keera en préparant une flèche. Rattrapez-la !!!
L’orque tira un trait qui alla se planter dans le flanc du cobra, qui se tortilla en sifflant de colère, avant de se mettre à ramper sur le sol. Comme sa mue noire lui permettait trop bien de se fondre dans l’obscurité, Simine eut le réflexe de lancer quelques flammèches au-dessus d’elle pour permettre aux autres de la repérer. Les flèches paralysantes volèrent autour de Ziadrin pendant que d’autres se précipitaient avec l’intention de la coincer.
La trollesse sembla à un moment se résigner à ne pas pouvoir s’enfuir, mais cela lui donna la résolution de causer plus de mal dans le groupe en contrepartie. Elle bifurqua soudainement vers Naeria, qui était la plus proche, ses crocs venimeux luisant à la lueur des feux de camp et d’herbe. La moniale poussa un cri d’effroi et essaya de reculer, pendant que Marlek allait à sa rescousse ; cependant, un simple sifflement perçant  le fit mystérieusement s’arrêter en chemin, en proie à de nouveaux tourments mentaux qui l’empêchèrent de se concentrer sur ce qui se passait.
Heureusement, pendant que la trollesse s’occupait de torturer le moine avec son maléfice, deux bâtons s’abattirent simultanément sur son cou, forçant son corps de cobra à rester immobile au sol sans qu’elle puisse tenter de s’évader. Elle tenta d’agiter sa queue mais la patte vigoureuse de Hoji vint l’écraser. Le maître moine, sans relâcher sa prise sur sa canne de voyage, donna un coup de manchette sur l’équivalent de nuque du cobra afin que la Chasseresse des Ombres sombre dans l’inconscience. Il y mit un peu plus de coeur, trop heureux d’infliger une forme de châtiment à la vile trolle pour ce qu’elle faisait subir à son disciple, et avait tenté de faire pour une autre ; il sentait que ça ne suffisait pas réellement, mais pour le moment il se contenterait de ça.
- Quels réflexes ! commenta admirativement Senali qui tenait l’autre bâton.
- Les vôtres sont tout aussi aiguisés, répondit-il aimablement.

La pression mentale interrompue, Marlek parvint à reprendre ses esprits, même s’il se sentit désagréablement vulnérable après ce qui venait d’arriver. Naeria et Kuroshan arrivèrent les premiers à ses côtés pour s’assurer qu’il allait bien. Le Pandashan le laissa ensuite en sécurité avec sa bien-aimée comme elle le prenait dans ses bras et le remerciait d’être accourue pour la sauver, afin de voir comment est-ce qu’ils pourraient contenir cette diablesse de Ziadrin.
- La cage est en mille morceaux, lâcha piteusement Koun-Koun.
- Tu aurais pu nous prévenir avant qu’elle ne se transforme en cobra ! le sermonna Keera.
- Maiiis... C’est allé tout vite pour Koun-Koun ! J’aime pas la magie, c’est ikk et deurk !
- Bon, les mages, vous la retransformez en mouton ou quoi ? intervint Xa’na.
Simine, Estrana et Doucaque lancèrent leur sort sur le cobra, mais rien ne se passa cette fois-ci, ce qui étonna tout le monde. Vil’zun vint examiner la trollesse, et poussa un grognement quand il eut trouvé ce qui se passait :
- La sale maligne, elle a utilisé un sort de transformation sur elle-même, mais cette fois pour être un animal qui peut attaquer et pas un pauvre mouton imbécile !
- D’accord... Du coup, elle est encore métamorphosée, mais peut attaquer cette fois-ci ?
- C’est ça.
- Vous savez quoi, dit Jordar, tuons-la et allons du côté de ces trolls à la province de Zouchin. Il y en aura d’autres qui sauront où se trouve leur chef, et ce sera moins long et énervant de les transporter au temple proche !
- Mouais, dit Kosh, ça semble raisonnable.
- Très intelligent ! railla Keera. Vous vous souvenez le mal qu’on a eu à trouver un éclaireur Zandalari qui savait seulement où se trouvait son chef, alors les sous-fifres de toutes les tribus ? Celle-ci sait à coup sûr où se trouve la cible, on ne va pas risquer de tout perdre sur un pari spontané, qui a une chance sur deux de rater !
- Et comment veux-tu transporter ce danger public maintenant ? répliqua Darnor. On a déjà perdu ton père à cause d’elle !
- Et ma soeur..., rappela Marlek.
Le paladin sembla ignorer le commentaire du moine, ce qui ne manqua pas de l’agacer. D’accord, il lui en voulait pour la mort de sa fiancée. Mais est-ce que ça valait vraiment la peine de négliger la vie d’Elaria juste parce qu’elle était sa soeur ?

L’idée du chevalier de la mort humain en avait divisé pas mal en attendant, et ils recommencèrent à se disputer, soit sur comment transporter la trollesse, soit sur s’il fallait la laisser en vie ou l’exécuter et aller se chercher un meilleur prisonnier. Alors que le groupe risquait d’éclater, Seranis en eut assez de toutes ces disputes :
- SILENCE ! rugit-il. Vous allez arrêter de vous disputer dessus et de ne penser qu’à vous ?!
- Hé ! Je pense plus à tout le monde ici que Xa’na ! protesta Jordar. Si on garde cette trollesse, elle va finir par nous...
- Diviser, tu veux dire ? le coupa l’elfe de sang. C’est déjà fait si vous continuez comme ça ! Ce qu’elle cherche, c’est qu’on relâche notre garde pour qu’elle puisse s’enfuir, et si ça échoue, qu’elle soit tuée pour que ce qu’elle sait ne soit pas révélé, parce qu’elle a des informations dont on a besoin !
- D’autres trolls en ont également ! répliqua-t-il.
- Ah oui, et combien de temps nous faudra-t-il pour les trouver ? Quatre de nos camarades ont risqué leurs vies pour qu’on puisse la garder, elle et ses renseignements, nous n’allons pas leur faire déshonneur en la jetant juste parce qu’elle a cassé sa cage ! Si vous regardez bien, il y a d’autres façons de la contenir ici !
Le sermon du paladin parvint à calmer les tensions, tandis qu’il poussait ses compagnons à chercher ce qu’il avait bien pu remarquer pour dire ça, au lieu de se disputer sur quelque chose qui risquait plus de mettre en péril leur expédition qu’autre chose.
- Eh ! s’exclama soudainement la démoniste gobeline. Le tonneau de Koun-Koun ! Il est assez grand pour enfermer le cobra !
Comme tous les regards se portèrent sur le baril du hozen, celui-ci se mit à couiner, et alla entourer de ses grands bras protecteurs sa propriété. En dépit des efforts de ses camarades, il refusa de leur céder le tonneau, avec la précieuse bière dedans.
- Ah..., grommela Fagnar en entendant ça. C’est vrai que s’il y a de la bière c’est dommage de la remplacer avec un sale cobra troll.
- Je suis bien d’accord, acquiesça Hirokan.
- Vous êtes vraiment stupides ! s’exclama Sunaki, outragée. Vous feriez passer la bière avant la bonne continuité de la mission ?!
Le nain et le Voleur pandaren hochèrent la tête sans manifester de honte. Voyant ça, l’archère poussa un grand soupir et leva les bras au ciel d’un geste théâtral. Lorsque d’autres voix s’élevèrent pour concéder que ce serait un gâchis de jeter toute cette bière juste pour enfermer une trollesse métamorphosée, une nouvelle menace de dissension plana sur le groupe...
- Vous vous rendez compte que c’est encore plus idiot que lorsque quelqu’un a suggéré qu’on aille à la pêche aux trolls aléatoirement, il y a quelques minutes ? soupira Kalterian.

Finalement, le demi-orc en eut assez de perdre du temps et alla prendre de force le tonneau des pattes du hozen, qui lutta frénétiquement pour pouvoir le garder. Nocturana et Ourani allèrent le tirer en arrière pour que Kosh puisse s’occuper du baril, tandis que les autres poussaient des soupirs déçus et des grognements en songeant à la bière perdue. Des acclamations retentirent néanmoins juste après, quand il finit par l’ouvrir et en déversa le contenu dans le bassin proche.
Kuroshan accepta avec soulagement le tonneau que lui tendit le demi-orc avant d’appeler les plus sérieux à venir l’aider pour le renforcer ; les autres, en attendant, étaient allés se servir, et Kosh partit également les rejoindre comme il voulait malgré tout goûter à la bière.
- Merci de ne pas me faire regretter malgré tout de nous être joints à vous en étant plus sérieuse que la plupart de vos associés, dit le guerrier à Xa’na qui se mit à rire franchement en réponse tandis qu’elle tassait avec attention le cobra jusqu’au fond du baril.
- Bon... Comment est-ce qu’on ferme ça en s’assurant qu’elle ne le casse pas de l’intérieur ? demanda Marlek.
- Je peux renforcer la solidité du bois avec une rune, proposa Tyrathen.
L’idée du demi-elfe fut acceptée, et en un instant celui-ci eut gravé un symbole étrange mais précis sur le couvercle puis les côtés. Kuroshan prit le pari de mettre à l’épreuve la résistance du tonneau en donnant un coup de sabre sur le flanc, et fut à la fois étonné et soulagé de voir que le bois tenait bon, même si son arme s’était en revanche un peu tordue, ce qu’il apprécia un peu moins. Ourani complimenta son jeune camarade pour avoir réussi son sort, et celui-ci manifesta encore sa modestie naturelle face aux éloges, ce qui en fit quand même sourire quelques-uns.
Pendant que la moitié du groupe dégustait la bière qui restait dans l’étang - certains se plaignirent quand même qu’il y avait plus d’eau que d’alcool - les autres remirent en place un peu d’organisation parmi les plus sobres pour le reste de la nuit. En voyant la rune prendre effet, Marlek eut cependant une idée par rapport au maléfice qui l’affectait, et alla demander au demi-elfe si ses sorts pouvaient prendre effet pour contenir des malédictions.
- Je pense que ça doit être possible, acquiesça-t-il. Il y a des runes qui peuvent être appliquée sur des sujets, mais s’ils ne font aucune interférence avec elle. Peut-être qu’il y en a qui annulent ou contiennent les maléfices.
- Tu peux aller jeter un coup d’oeil dans un grimoire que j’avais “emprunté” à Nid-de-l’Aigle, suggéra la Marche-Soleil en entendant leur conversation.
- “Emprunté” ? répéta Tyrathen, à moitié amusé et indigné que sa camarade ait volé quelque chose dans son ancien foyer.
- Oui, “emprunté”. Quand on est un Maître des Runes, ça implique de beaucoup voyager pour découvrir de nouveaux symboles. Dans le monde, mais aussi dans le passé... par la lecture. Tu le trouveras dans ma sacoche
Tyrathen acquiesça. Ceux qui avaient entendu se sentirent mieux tout à coup de savoir qu’il y avait peut-être une solution rapide et sûre pour guérir Marlek de sa malédiction. Après avoir risqué encore une autre catastrophe à cause de la fourberie de leur prisonnière, ça aidait à remonter le moral.

Ziadrin, de son côté, s’était réveillé depuis longtemps, mais juste à temps pour apprendre de quoi la faire tenir un peu plus. Elle avait constaté qu’elle ne s’échapperait pas si aisément avec ces fauteurs de trouble, même en utilisant ses manipulations. Cependant, ce qu’elle avait appris en laissant trainer ses oreilles serpentines lui permirent de reprendre espoir pour avoir sa vengeance... elle espérait à présent notamment apprendre une bonne leçon à cet importun de demi-elfe. Tyrathen Galifrey allait payer ; d’abord il l’avait piégée et empêché de s’échapper alors que la liberté lui tendait les bras, ensuite il la scellait dans un tonneau puant la bière, et maintenant il voulait interférer avec son maléfice ?! Elle retint un sifflement furieux. Elle le détestait, comment est-ce qu’un gamin, un être faible par définition, pouvait-il lui faire affront ainsi ?! Elle jura devant ses dieux qui la regardaient qu’ils festoieraient tôt ou tard de son essence.


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MessageSujet: Re: L'Ouragan de la Vengeance   L'Ouragan de la Vengeance EmptySam 14 Juin - 16:10

L'Ouragan de la Vengeance Screen30

La journée suivante, ils étaient arrivés en vue du territoire hozen. Comme les tribus de la Forêt étaient hostiles aux races affiliées à l’Alliance, ils veillèrent à ce que les orcs, trolls, taurens et elfes de sang, encadrent leurs camarades avec les Pandashan, pour éviter qu’ils ne se fassent attaquer par méprise. Ils firent très bien vu qu’à peine eurent-ils mis le pas sous les arbres des hommes-singes que ceux-ci en descendirent en braillant sur les intrus. Lorsque les camarades de Kuroshan exposèrent les insignes de leur ordre, cependant, ils se calmèrent un peu.
On fit avancer Koun-Koun afin qu’il parlemente avec ses frères pour qu’ils les laissent passer jusqu’aux cascades. Le meneur des hozens, un vieux gris à la figure sévère, garda le silence pendant que le jeune simien lui expliquait leur quête ainsi que le problème avec la trollesse. Finalement, il poussa un cri à ses soldats, qui s’écartèrent de la route de la troupe.
- Groupe acceptés à Camp Nouka-Nouka. Lokdus copains des jinyus idiots pas faire les ouks ou on vous grouke dans le doucaque, clair ?
- Oui... Bien sûr, répondit Xa’na. Koun-Koun, ajouta-t-elle quand les singes se furent éloignés, tu nous montreras vite comment est-ce que tout le monde peut grimper, je ne me sens pas l’envie de rester trop longtemps dans les parages vu qu’ils n’ont pas l’air d’aimer les autres.
- Ouki doki boss !

La trollesse chevalier de la mort et les chasseurs du groupe partirent avec Koun-Koun afin d’examiner la falaise pour trouver comment l’escalader. Pendant ce temps-là, les autres allèrent s’installer dans un coin que leur montrèrent les hozens. Ils avaient suffisamment de quoi s’occuper le temps que la trollesse et les autres reviennent, ainsi les conversations continuèrent là où elles avaient été interrompues avec l’arrivée de leurs nouveaux hôtes, certains s’occupaient de leurs armes ou de leurs grimoires de sorts.
Tyrathen était plongé dans la lecture du livre que lui avait prêté Ourani, feuilletant sans relâche les pages afin de trouver ce qui l’intéressait - sa curiosité le poussait néanmoins régulièrement à s’arrêter sur des runes qui attirèrent son regard. Même si le contenu était très instructif, il ne parvenait pas à trouver quoi que ce soit pour annuler les malédictions. L’absence d’index ne facilitait pas non plus les recherches, ainsi que le sens plutôt abstrait de certains articles. Il n’était cependant pas question d’abandonner, car il était conscient qu’il devait aider au mieux Marlek.
Le demi-elfe ignorait cependant qu’il était observé par la Chasseresse des Ombres depuis sa prison, et si cette dernière avait pu se permettre d’émettre un grognement pour manifester sa frustration, elle l’aurait fait. Elle devait cependant se retenir, parce qu’elle devait rester discrète si elle voulait s’occuper de son cas avant qu’il ne devienne encore plus gênant.
Malgré les effluves désagréables des restes de bière qui la perturbaient, elle concentra son esprit serpentin afin de projeter son esprit à travers le lien qu’elle avait créé avec l’humain ; celui-ci était en pleine méditation, ce qui voulait dire que si elle cherchait à l’atteindre maintenant elle serait directement en face de son esprit. Elle avait cependant confiance en ses capacités. Elle se savait capable de le dominer, et quand ce serait fait, elle l’utiliserait à son avantage.


Marlek ne tarda pas à sentir une présence apparaître dans son esprit, mais il ne s’en alarma pas et se prépara mentalement à la place. Comme il l’avait pressenti, l’image de la trollesse, dans sa vraie forme cette fois, se profila devant lui, un sourire narquois soulignant ses défenses. Il savait pourquoi elle apparaissait maintenant. Si elle s’imaginait qu’elle allait triompher de lui, il lui réservait quelques surprises.
- Bien, bien, dit-elle avec un air confiant, je pense que tu as profité d’assez de liberté maintenant. Il est temps d’obéir à mes ordres, moine.
- Non je ne pense pas, répondit-il calmement. Tu devrais retourner dans ton tonneau maintenant, si tu ne veux pas être blessée.
Elle ricana face à cette déclaration mais il ne s’en inquiétait pas. Cette trollesse était bien trop arrogante pour comprendre qu’elle perdait son temps.
- Toi ? reprit-elle. Me blesser ? Quelle farce ! Maintenant sois raisonnable, car j’ai un objectif spécial pour toi.
- Vraiment, et qu’est-ce que c’est ?
- Tu vas tuer l’enfant bâtard que vous appelez Tyrathen.
Il sentit une force extérieure tenter d’imprimer l’ordre dans son esprit, et lutta pour la chasser. Hors de question de plier, encore moins d’assassiner le demi-elfe. Il voyait bien pourquoi c’était lui qu’elle ciblait : il était celui qui avait mis en place le sceau sur sa prison et en plus de cela il cherchait à l’aider justement pour qu’il puisse être débarrassé de ce maléfice mental. La trollesse perdit son sourire dès qu’elle vit que le moine ne se laissait pas faire, et augmenta la pression en conséquence.
- Même pas en rêve, dit-il en gardant son attitude défensive.
- Oh que si ! Tu feras comme je te l’ordonne !
- Alors pourquoi est-ce que je suis encore en train de méditer et que je sens à peine l’envie de me lever ? Tu perds ton temps.
Elle grimaça alors que son influence mentale se retrouvait bloquée. D’autres assauts suivirent, cette fois-ci elle tenta de ramener à son esprit les parts d’ombres que son maléfice avait déjà commencé à exploiter ; Marlek cilla mais tint bon, déterminé à ne rien lâcher. La volonté de lutter afin de protéger ses camarades lui permit de maintenir sa focalisation contre les pointes mentales de la Chasseresse des Ombres. Il ressentit un léger plaisir à la voir s’énerver et perdre patience à mesure qu’elle échouait, même s’il restait lucide sur ce que ça signifiait : elle allait augmenter la pression. Pourvu que les autres puissent remarquer que quelque chose n’allait pas et faire le lien avec Ziadrin.
- J’ai du mal à le croire..., grinça la trollesse. Quel genre de diable a bien pu produire cet homme ?!
- On fatigue ? demanda-t-il sarcastiquement.
- Tant d’insolence m’irrite, humain. Je vais t’apprendre à obéir à ton maître !
- Je n’ai pas de maître auquel je sois forcé d’obéir.
- Qui est ce pandaren que tu appelles “Maître”, dans ce cas ?
- Mon professeur et mon ami. Et je suis son élève, son camarade, pas son esclave. Tu ne dois pas avoir connu ce genre de lien. Pauvre femme... Je ne peux qu’imaginer à quel point c’était dur pour toi d’être traitée comme un chien par quelqu’un que tu voyais comme un modèle... mais que tu as fini par haïr suffisamment pour vouloir le tuer.
Son intuition à mesure qu’il construisait ses propos semblèrent avoir été juste et touché un point sensible, comme les yeux de Ziadrin se mirent à briller de colère et qu’elle dévoilait ses crocs, bouillant de rage.
- Comment oses-tu... ! gronda-t-elle. Très bien, tu l’as cherché ! Dieux Loa ! Venez à mon aide ! Réduisez l’esprit de cette vermine à néant !
Les choses commençaient à devenir plus sérieuses à présent que des figures ombreuses  ayant généralement des formes animales surgirent derrière la Chasseresse des Ombres. Il refusa de céder à la peur ou au doute, sachant que ce serait justement à cause de cela s’il perdait le combat. Néanmoins, il n’était pas non plus question de laisser son opposante croire que parce qu’elle avait ses dieux à côté qu’elle était forcément la plus maligne et la plus puissante d’eux deux.
- Tu étais tellement confiante de tes pouvoirs quand tu es venue ici, lança-t-il sans avoir l’air de se départir de son calme défiant, mais quelques mots te font soudainement sentir le besoin de pleurer auprès de tes dieux pour qu’ils t’aident.
Si elle avait regagné un minimum de son sourire, sa pique le lui fit perdre. Il crut entendre des ricanements venant des formes sombres, mais ne put déterminer de qui les Loas semblaient se moquer, d’elle ou de lui. La Chasseresse des Ombres était cependant complètement furieuse :
- Je ne pleure pas pour qu’ils m’aident..., grogna-t-elle. Ce sera avec énormément de plaisir que je te regarderai hurler à l’agonie, humain !
Les ombres commencèrent à affluer vers lui mais il se força à ne pas céder à la panique ; peu importe combien de temps il faudrait, il résisterait jusqu’à ce que ses camarades trouvent un moyen de briser le lien établi entre lui et la trollesse. Il devait leur faire confiance et résister jusqu’au bout, peu importe la douleur croissante dans son esprit. Il pouvait bien se faire torturer par ces divinités sombres, ce n’était rien comparé à ce qu’il avait pu endurer quelques mois auparavant. Les Loas alliés de Ziadrin ne faisaient que lui ressortir les mêmes images et frayeurs qu’il connaissait déjà, et il savait comment les affronter. Jamais son esprit ne plierait... il devait patienter.
- On ris moins maintenant ! le provoqua Ziadrin au milieu de son sortilège. Et toi, aucun dieu n’est là pour répondre à tes prières !
- Je... n’ai pas besoin d’invoquer de dieu à mon aide..., répondit-il. Parce qu’il est juste derrière toi.
Il vit avec soulagement le léopard des neiges scintillant qu’il avait souvent vu avant, apparaissant dans un halo de lumière argentée au milieu des ténèbres, ses yeux bleus fixant avec colère la Chasseresse des Ombres, qui interrompit son invocation sous le coup de la surprise.
- Quoi... ? fit-elle. Har’koa ?! Elle protège cet humain ?!
- ARRIÈRE, ALLIÉE DES VERMINES DRAKKARI ! rugit la déesse pendant que sa lumière s’amplifiait, venant subitement l’entourer d’une aura protectrice qui fit reculer les ombres. ARRIÈRE, DIEUX FOURBES DE L’OMBRE ! CET HUMAIN EST SOUS MA PROTECTION, RETOURNEZ D’OÙ VOUS VENEZ AVANT QUE JE NE VOUS RÉDUISE EN MORCEAUX !



- Ça y est ! s’exclama Naeria avec soulagement. Il revient !
- Faut éloigner ce serpent de lui tant que le lien est faible ! ordonna Vil’zun. Tyr, tu te prépareras à mettre une rune pour sceller sa foutue magie dans le tonneau !
Marlek ouvrit les yeux dès lorsqu’il sentit qu’il était de retour dans la réalité et que son esprit commençait à redevenir sûr. Après avoir été quelque peu aveuglé par la lumière, il découvrit avec soulagement ses camarades autour de lui, qui avaient bien été là pour le soutenir pendant qu’il était attaqué dans sa méditation. Il était réellement heureux de les voir, il savait qu’il pouvait leur faire confiance, et ils l’avaient démontré une fois de plus.
Le troll, pour résoudre le problème de la proximité entre la trollesse et la victime de son maléfice, résolut de donner un coup de pied magistral dans le tonneau, qui dévala jusque dans une fosse aux tigres des hozens. Fagnar alla l’y chercher en grommelant que ça aurait pu libérer la bête, après s’être assuré à son tour que Marlek allait bien.
- Tu l’as échappé belle, encore, commenta Vil’zun. J’ai fait de mon mieux pour casser son lien au plus vite, mais j’aurais pas imaginé qu’elle fasse appel à ses dieux d’un coup.
- C’est toi qui a appelé Har’koa j’imagine ? demanda le moine.
- Ouais, lui et moi à côté, dit Xa’na. C’est la dernière déesse en vie dans le panthéon du nord, et je la sers toujours... même si je suis plus apte à invoquer ses grâces. Foutu Arthas !
Un sifflement furieux retentit dans le camp lorsque le nain et le chevalier de la mort humain ramenèrent la Chasseresse des Ombres. Elle était toujours dans le tonneau, qui était intact, mais elle n’avait absolument pas du tout accepté son échec et cette fois-ci ne se retenait pas de manifester sa rage. Cela s’intensifia lorsque Tyrathen s’approcha afin d’appliquer une nouvelle rune.
Le demi-elfe sursauta et bondit instinctivement en arrière quand la trollesse sous forme de serpent se mit à s’agiter et cogner brutalement contre le bois dès qu’il l’avait pris en main pour le graver. Le tonneau ne se brisa pas pour autant, mais c’était pas mal effrayant. Marlek l’informa alors que Ziadrin le prenait particulièrement pour cible parce qu’il était celui qui l’empêchait d’agir à sa guise avec ses sorts ; cette perspective ne rassura pas tellement Tyrathen, et il se remit à son ouvrage avec la conviction d’empêcher la Chasseresse des Ombres de nuire encore plus à ses camarades.

Enfin, Ziadrin se retrouva avec un sceau supplémentaire pour restreindre ses tentatives de rébellion, et sa prison fut placée sous la garde des frères humains. À présent que le problème était réglé, Kuroshan et Nocturana allèrent appeler les quelques uns qui s’étaient plus éloignés afin que tout le monde puisse être mis au courant de l’avancement du plan de l’escalade de la falaise. Quand tous les membres furent réunis et qu’ils eurent le silence, Seranis s’occupa de leur exposer le résultat des recherches des chasseurs et de Koun-Koun.
La falaise de prédilection du hozen avait l’avantage de comporter plusieurs prises qu’ils pouvaient exploiter avec un matériel assez rudimentaire à base de cordes : des arbres, des rochers au rebord des cascades... Vil’zun et Koun-Koun furent assignés pour aller mettre en place les moyens d’ascension pour le reste du groupe, l’un pouvant se changer en chauve-souris, l’autre ayant l’habitude de grimper sur le terrain.
Ils arrivèrent à monter assez rapidement, le troll changeforme et le hozen travaillant efficacement pour leur groupe. Ensemble, ils parvenaient à maintenir le système de cordage afin qu’il tienne pour tous leurs camarades. Il y avait malgré tout des difficultés, comme les rochers couverts de mousse glissante auxquels il fallait faire attention, le courant des cascades et aussi le poids de certains : lorsqu’il fallut monter Doucaque, Vil’zun dut prendre une forme d’ours pour tenir la corde qu’il utilisait bien attachée au rocher, et ils eurent plusieurs fois peur que l’ogre ne la casse avec son poids. Heureusement, ils arrivèrent à le faire monter jusqu’au morceau d’herbe stable au sommet des cascades sans avoir rien cassé (juste délogé un peu  les racines de quelques arbres). Les loups et les compagnons animaux de Keera et Nocturana posèrent un léger problème qui nécessita qu’on leur crée un harnais spécial afin de tous les monter.
Une fois que tout le monde parvint au sommet, ils prirent un temps pour se remettre, puis ils réfléchirent à la suite de leur itinéraire. Ils étaient malheureusement parvenus juste à proximité d’un village jinyu, que les Pandashan leur signalèrent comme étant devenu hostile à cause de l’influence des shas. Aucune option pour les contourner ne leur était offerte, et même l’idée de passer par le lac était risquée vu que les indigènes y patrouillaient fréquemment. Ils devaient cependant passer ; ils n’avaient pas fait toute cette escalade pour rebrousser chemin aussi vite.

Ce fut Kuroshan qui s’occupa cette fois-ci d’organiser ses camarades en groupe structuré pour le combat, grâce à ses connaissances militaires. Quelques-uns, dont l’elfe de la nuit chasseresse, s’étonnèrent de ce que l’elfe de sang paladin ne se soit pas proposé, vu que lui aussi avait eu l’occasion de commander, mais Seranis n’avait pas l’air de vouloir s’en occuper. Xa’na fit signe à Simine qu’il valait mieux qu’elle ne pose pas trop de questions à ce sujet vu que la gnome semblait prête à insister ; elle savait que si son associé préférait laisser les stratégies aux autres, c’était à cause de la mort de son fils qui l’affectait toujours.
- Nous y voilà, déclara le pandaren quand il eut terminé ses calculs. Les jinyus de Branchie-d’Encre sont particulièrement agités et agressifs, ils ont en plus une forte présence d’eau proche à leur avantage. Il va falloir que nous faisions une percée rapide à travers l’allée principale. Des protecteurs devront encadrer le groupe, à l’avant, sur les flancs, à l’arrière, et veiller à concentrer un maximum d’attention sur eux. On groupera ceux qui peuvent soigner au centre, autour d’eux les archers et lanceurs de sorts. Keera, Nocturana, vos familiers pourront grandement aider pour compléter les défenses.
- Très bien, dit Fagnar, je passe devant. J’vous taillerai un chemin à travers ces poiscailles enragées, pour mes copains et ma femme.
- Koun-Koun va devant aussi ! s’exclama le hozen. Jinyus juste bons à crapoter le ouk !
- Attention, pas de violence gratuite ! le prévint Sunaki. Ces montagnes sont hantées par trois Shas, celui de la haine, celui de la colère, et celui de la violence.
- Violence ? s’étonna Xa’na. C’est un sentiment ça ?
- Comment est-ce que vous voulez qu’on se fraye un chemin dans le village si on n’utilise pas un peu de violence ? demanda Keera.
- Ce n’est pas ça, leur répondit Kuroshan. Il y a violence, et violence pour le chaos... la soif de sang, en clair. Le désir de blesser et de détruire sans discrimination, et le fait d’y prendre goût. C’est ça qui réveille le sha en vous.
Xa’na et Jordar échangèrent un regard entendu. Il espéraient que ça ne compterait pas lorsqu’ils devraient répandre le sang justement pour éviter qu’ils ne devienne plus violents et destructeurs qu’en temps normal. Certains se firent la réflexion que la haine que leur portait leur prisonnière pourrait peut-être se révéler être une nouvelle source d’ennuis pendant cette traversée, et résolurent d’ouvrir l’oeil.


Alors que le soleil commençait à se coucher, les jinyus du village Branchie-d’Encre poursuivaient leurs occupations frénétiques dans la ville, sous la férule autoritaire de leurs chefs autoproclamés dans le chaos qui menaçait de tout détruire à la longue. Ils furent cependant bien surpris lorsqu’un cri retentit soudainement depuis le milieu des habitations :
- Bande de poiscailles attardées ! Bouffeurs d’algues ! Marins d’eau douce ! Allez vous cacher au fond de votre petit étang, têtes de murlocs ! On va vous éclater la figure !
Perché au sommet de l’une des maisons, Fagnar prenait un malin plaisir à crier toutes les insultes qui lui passaient par la tête pour attirer l’attention et la colère des jinyus sur lui. Koun-Koun se prit également au jeu, lançant des obscénités en dialecte hozen, que ses camarades ne pouvaient heureusement pas comprendre. Les hommes-poissons, encore plus furieux de se faire railler par un nain et un singe, saisirent leurs armes sans cesser de fixer le guerrier et son compagnon moine.
- Maintenant ! s’écria Kuroshan en donnant le signal.
Fagnar sauta du toit et commença à jouer de la hache et du bouclier contre les jinyus, pendant que le hozen jetait ses derniers tonnelets de bière grossissants sur ceux qui arrivaient, riant aux éclats en les voyant se casser la figure sur le liquide, pleurant à cause du gâchis. Bientôt, derrière eux surgit le groupe en formation, entouré de la meute de l’orque chasseresse et des familiers exotiques de l’elfe de la nuit. Certains jinyus tentèrent de les cibler avant le nain, mais ils se firent transpercer de flèches, griller par des sorts.
Les autres protecteurs, parmi lesquels Kuroshan, Kosh, Vil’zun, Xa’na, Seranis, Ourani, Jordar et Darnor, s’occupèrent efficacement d’encadrer les autres tout en les suivant alors qu’ils couraient vers l’autre extrémité du village. Holi avait été privée de participer à la défense, alors qu’elle affirmait être capable de manier la hache que son mari lui avait prêtée quand ils étaient partis en voyage, et ça la frustrait. Simine lui rappela qu’elle avait toujours été plus une soigneuse qu’une combattante vouée à la protection, et la naine lui concéda cela en soupirant.

Quand ils arrivèrent à la sortie, ils n’étaient plus en aussi bon état qu’à l’entrée cependant. Certains avaient pris des coups. Kosh dut être ramené au centre avec des balafres inquiétantes sur le torse, et Keera qui s’était occupée de l’escorté lui fit remarquer que peut-être qu’après ça il investirait dans une armure au lieu d’exposer ses abdominaux ; Marlek et Naeria furent déconcertés un instant à cause de cette réplique, comme ils repensaient à l’un de leurs camarades assassiné. Deux jinyus qui essayèrent de prendre le dessus sur eux, ils échouèrent malgré tout mais les blessures occasionnées ne pouvaient pas être repoussées, elles.
Lorsqu’ils eurent enfin traversé la frontière, ils continuèrent à courir malgré la fatigue, le poids de leurs camarades (Xa’na essaya de leur remonter un peu le moral en leur faisant remarquer qu’au moins, les jinyus n’avaient pas réussi à toucher gravement leur ogre). Leurs adversaires continuèrent à les suivre, les yeux injectés de rage et de soif de violence.
- Retournez chez vous et laissez nous tranquille, pauvres fous ! s’écria Kuroshan en les repoussant avec ses épées.
Le pandaren, vite rejoint par ses camarades encore en état de se battre, combattit avec la férocité et la vigueur d’un ours pour défendre les autres. Leurs opposants, enragés, continuaient malgré tout à arriver vers eux en masse.
- Tyr ! appela Ourani, qui souffrait d’une grave entaille au bras. Utilise un glyphe pour les repousser !
- Comment ? demanda-t-il. Je ne vais pas pouvoir approcher avec tous ces jinyus.
- Tu peux la matérialiser au sol en te concentrant, et l’activer ensuite. Essaye ça, tu peux y arriver !
Obéissant, le demi-elfe se mit à chercher à amener à la surface une rune qui parviendrait à contenir les défenseurs furieux. Après de longs moment de tension où les combattants valides restants se battirent bec et ongles pour protéger les autres, un cercle marqué finit par se former sous la vague des jinyus, qui se retrouvèrent avec de la glace qui leur grimpait sur les jambes, les empêchant de progresser.

Ils s’occupèrent des derniers en liberté, puis profitèrent du glyphe ralentissant de Tyrathen pour s’enfuir plus en avant. Heureusement, les villageois de Branchie-d’Encre avaient visiblement retenu la leçon et ne cherchèrent pas plus à les suivre. Ils continuèrent malgré tout encore plus, jusqu’à ce que finalement quelqu’un ne s’écroule de fatigue et fasse prendre conscience à Kuroshan qu’ils en avaient déjà bien trop fait. Lors de leur arrêt au Camp Nouka-Nouka, ils ne s’étaient pas réellement reposés ; Marlek avait été attaqué dans sa méditation en plus, ce qui avait ajouté du stress quand ils s’en étaient rendus compte.
Ils délogèrent quelques petits lutins agressifs dans un rocher proche, auprès duquel ils installèrent leurs affaires pour passer la nuit. Après un repas rapide, les soigneurs s’occupèrent des blessés, les autres préférèrent s’occuper de prendre du repos ; les familiers servirent assez fréquemment d’oreillers chauffants, même si au départ ils n’avaient pas eu l’air d’apprécier qu’on les prenne comme ça spontanément, leurs maîtresses les convainquirent de rester à leurs positions.
Certains gardèrent malgré tout l’oeil ouvert pour être certains que Ziadrin n’allait pas encore profiter de la nuit pour tenter de s’évader. C’était justement en pensant à cela que Marlek refusa encore de dormir, malgré l’insistance de ses amis. Naeria tenta de lui interdire de l’aider à soigner les autres mais fut à peine écoutée ; Fagnar et Jordar finirent par le menacer de l’assommer s’il ne prenait pas au moins quelques minutes de repos, et le moine obtempéra à contrecoeur.
Nocturana restait plus aux côtés d’Estrana qui s’était pris plusieurs mauvais coups lors de la traversée. Sa jeune soeur avait l’air de pas mal souffrir, et Haruta lui promis qu’elle ferait son maximum pour qu’elle aille mieux dès demain. Elles restèrent ensemble à se tenir la main jusqu’à ce que la jeune Bien-née finisse par s’endormir. Sa grande soeur la veilla encore quelques minutes, puis la laissa aux soins de la jeune pandarène. En s’éloignant elle remarqua la majorité de soigneurs Tisse-Brume qui étaient avec eux ; la réprouvée Tayia était la dernière qui utilisait de la Lumière avec Ourani qui la canalisait régulièrement sur elle-même à cause de sa blessure. Elle constata avec soulagement que son camarade humain s’était bien endormi à force, ce qui était mieux pour lui. Après ça, elle alla alors voir Tyrathen, qui était reparti dans la lecture du grimoire.
- Est-ce que tes recherches pour contrer le maléfice avancent ? demanda-t-elle.
- Je pense avoir une piste, lui dit-il à voix basse en espérant que la Chasseresse des Ombres ne puisse pas tout entendre et ne réagisse en conséquence. Ce n’est pas exactement ce qu’il m’a demandé, mais ça pourrait au moins lui permettre de ne pas se tracasser à propos de l’influence de Ziadrin. J’ai trouvé des runes complexes qui portent sur le mental... certaines peuvent isoler l’esprit et mettre le corps dans une sorte de coma, ce qui est quand même stupéfiant. Bref, il y en a une qui peut le protéger de toute intrusion extérieure par le biais de la magie des ombres.
- Hm... Pas mal, dit-elle. J’espère que ça marchera.
- Je peux continuer à chercher, mais elle m’a l’air déjà bien. Est-ce qu’on réveille Marlek tout de suite ?
- Laissons-lui un peu de temps, il a besoin de dormir.
- Oui. L’autre rune que j’ai ajouté devrait en plus empêcher la trollesse d’exporter sa magie.
- Elle me semble bien tranquille cette nuit...
L’elfe de la nuit vérifia que la prisonnière était bien encore là, et c’était le cas. Ziadrin semblait disposée à ne pas causer de soucis... cela l’inquiéta plus que de la rassurer, cependant. Elle laissa néanmoins Hoji veiller sur elle et retourna vers Tyrathen qui poursuivait studieusement à parcourir son ouvrage. Peu de gens parlaient cette nuit-là, si ça arrivait c’était plus pour demander comment avançait l’état des blessés, si la trollesse était bien gardée, combien de temps ils mettraient avant d’arriver au Monastère. Leur situation n’était pas bien brillante, même si au moins ils avançaient.


Le lendemain, ils levèrent le camp et aidèrent les blessés à se remettre sur leurs pieds afin de  suivre la marche. Keera confia à la plupart de ses grands loups le soin de transporter sur leur dos ceux qui étaient ralentis par leurs blessures, un geste unanimement apprécié. Kuroshan informa tout le monde qu’ils avaient décidé de faire marche jusqu’au Temple du Tigre Blanc. À partir de là, il savait que les moines locaux leur permettraient d’emprunter leurs moyens de transport pour rejoindre le Monastère.
Cet espoir leur permit de continuer à avancer dans les steppes de Kun-Lai même si le long voyage et toutes les émotions accumulées les avait grandement fatigués à force. Ils ne tardèrent pas à apercevoir la grande tour du Temple se profiler au loin, et cette vision augmenta leur motivation à continuer. La perspective d’un abri sûr après des journées de marche dans la nature était source de beaucoup de réjouissance parmi eux.
Alors qu’ils avançaient vers cet objectif, cependant, le sol commença à trembler de plus en plus, et un son de cor que certains reconnurent aisément leur rappelèrent que leurs problèmes n’étaient pas encore terminés. L’instant d’après, des yaungols chevauchant des yacks volés dévalèrent la pente en face d’eux, chargeant le groupe en poussant des cris.
- Oh non ! s’exclama Hirokan, excédé. Après les jinyus, ces gros tas de poils crasseux ?!
- À vos flèches et vos sorts ! cria Sunaki.
- Feuu !!! répondit jovialement Simine en jetant une grosse boule de feu sur une masse d’ennemis.
- Barbecue ! ricana Xa’na en voyant les yaungols tomber de leurs montures, leur fourrure enflammée.
Même si les archers et les lanceurs de sort parvinrent à en éliminer un grand nombre, d’autres vinrent les remplacer tout de suite après. Tyrathen s’occupa de créer un glyphe protecteur autour d’eux, qui repoussait à vingt mètres en arrière tous ceux qui fonçaient dedans. Les yaungols finirent par comprendre qu’ils étaient tenus à distance, mais cela ne les fit pas partir pour autant, ce qui en agaça plus d’un dans leur groupe.
- Ton pays natal est décidément très accueillant, commenta Marlek à l’adresse de Kuroshan qui fronça les sourcils.

Alors que leurs agresseurs étaient en train de se rassembler pour tenter de percer la protection de la rune, un rugissement puissant vint les surprendre. Tout le monde regarda vers le ciel, étonnés, et découvrit avec encore plus de stupeur des dragons... des serpents-nuage, et deux drakes, un rouge et un bleu. Les créatures volantes plongèrent vers la bande de yaungols, dont certains s’enfuirent, terrorisés par les attaquants draconiens. D’autres plus téméraires restèrent. Ils durent réellement regretter cette décision lorsque plusieurs souffles enflammés virent annoncer la tempête qui leur pleuvait dessus.
Du dos des serpents-nuage tombèrent bientôt plusieurs cavaliers célestes, la majorité étant des Pandashan. Il y avait cependant trois personnes qui n’étaient pas des pandarens : un gnome, une naine et un troll. Les yaungols coururent vers leurs nouveaux adversaires, uniquement pour se faire accueillir par des sorts puissants qui virent les faire tomber avant d’avoir atteint les combattants en mêlée. Ceux-ci se lancèrent rapidement pour la riposte, et convergèrent jusqu’à l’autre groupe qui avait quitté la protection du glyphe pour profiter de cette intervention afin de se débarrasser de leurs ennemis.
Tandis que la bataille approchait de sa fin, certains allèrent saluer des camarades qu’ils reconnaissaient parmi leurs sauveteurs. Nocturana accueillit chaleureusement la drake rouge transformée en elfe, qui était Cielistrasza, et elle reconnut avec bien d’autres Tecknin et Meloregos, qui avaient accompagné cette dernière. Marlek et Naeria, quand à eux, furent fous de joie de reconnaître le troll et la naine, qui manifestèrent autant d’enthousiasme à leur approche.
- Marlek ! Naeria ! s’exclama Qwando le troll. Oh par Bwonsamdi, c’que c’est bon de vous voir en vie les gars !
- Je savais que vous reviendrez, surtout toi mon grand ! dit joyeusement Andyana la naine.
Il fut aisé de reconnaître deux autres camarades d’apprentissage du couple. Qwando et Andyana avait manifestement maîtrisé les enseignements de Maître-Brasseur de Hoji, même si le troll utilisait fréquemment les mêmes techniques que son ami humain. L’un était manifestement un Sombrelance, avec sa stature plus fine et le fait qu’il se soit référé à leur Loa des morts ; ses yeux noirs brillaient d’esprit et de ruse, comme bien d’autres de ses semblables. La naine, elle, avait tout d’une combattante plus directe et franche, vu son équipement et ses nattes brunes bien distinctes.
Les quatre s’accueillirent comme des frères tout en s’occupant des quelques yaungols perturbateurs, avant d’être rejoints par Hoji qui était tout aussi heureux de voir le troll et la naine  en pleine forme après ce long mois.

Maintenant que les yaungols étaient vaincus, morts ou en fuite, ils se rassemblèrent vers les Pandashan qui venaient de les rejoindre. Ceux-ci étaient menés par un moine assez âge, qui était bien connu des disciples de Hoji pour avoir été leur second enseignant quand ils étaient arrivés en Pandarie, et en plus se trouvait être le père de Kuroshan, Huoran.
- Père, dit celui-ci, je ne savais pas que vous veniez nous chercher. Je t’avais écrit que nous arrivions au Monastère...
- C’est vrai Kuroshan, dit-il avec une voix profonde et aimable. Nous avons cependant été envoyés par le Seigneur Zhu à votre rencontre, parce que nous allons dès maintenant opérer depuis le Temple du Tigre Blanc lui-même.
- Vraiment ? Mais nous allons avoir besoin d’interroger la prisonnière... et je doute qu’on nous autorisera à faire plus que de poser quelques questions pour lui faire dire ce que nous voulons savoir.
- Je sais cela, c’est pourquoi nous avons avec nous Mei-Lan.
Il désigna d’un geste une jeune pandarène à la fourrure noire et aux yeux irisés, qui avait l’air très jeune par rapport aux autres, ce que montrait sa petite taille et son expression très jeune. Elle leur sourit aimablement après s’être inclinée respectueusement. Huoran leur informa qu’elle avait des talents de mentaliste, qui en faisaient quelqu’un de très compétent pour obtenir leurs renseignements sans perdre leur temps pendant des jours.
À présent que les deux groupes s’étaient finalement rejoints, les Pandashan invitèrent les aventuriers à prendre place sur le dos de leurs serpents-nuage, et les deux drakes acceptèrent volontiers que leurs camarades viennent avec eux. Nocturana s’installa avec joie sur la selle de sa partenaire dans les airs, et sa soeur monta derrière elle, un peu impressionnée. Lorsque tout le monde fut préparé, ils décollèrent et filèrent dans le ciel jusqu’à l’objectif tant convoité, le Temple. Ils se rendirent compte en avançant que leur voyage touchait bientôt à sa fin, certains en étaient tout excités, d’autre plus mélancoliques. Tout ce qu’il restait à faire était de questionner Ziadrin grâce à Mei-Lan, de trouver le chef des envahisseurs Zandalaris et de lui prendre sa tête avant qu’il n’essaye de conquérir la Pandarie ; cela pouvait leur sembler tellement simple à cet instant.


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MessageSujet: Re: L'Ouragan de la Vengeance   L'Ouragan de la Vengeance EmptyJeu 19 Juin - 19:53

L'Ouragan de la Vengeance Screen31

Une fois au Temple du Tigre Blanc, une journée de repos fut accordée aux aventuriers qui avaient tant voyagé et combattu lors de cette semaine agitée. Les hommes de Huoran prirent en charge le tonneau contenant la trollesse, en attendant de demander à Tyrathen et aux mages de retirer leurs enchantements ; même s’ils auraient accepté de le faire dès leur arrivée, le vieux moine leur dit qu’il valait mieux pour eux qu’ils soient tous remis pour lorsque Ziadrin retrouverait sa forme normale, comme ça si jamais elle posait encore d’autres problèmes ils seraient alors en forme pour la rattraper.
Pendant ce temps-là, l’apprenti maître des runes appliqua sur Marlek le sceau pour protéger son esprit d’éventuelles attaques de la part de la Chasseresse des Ombres, lui permettant enfin de pouvoir chercher à combler le manque de sommeil accumulé sans avoir à se soucier de sa perfidie. Ce geste lui permit d’être apprécié d’emblée par Qwando et Andyana ; les deux moines étaient très proches de l’humain et de sa compagne elfe de sang, comme s’ils étaient tous frères et soeurs. En même temps, après tout ce qu’ils avaient vécu il y avait eu de quoi les rapprocher.
À la manière de Naeria, ils remercièrent abondemment Nocturana, Tecknin, leurs partenaires draconiens, ainsi que Fagnar, pour avoir protégé leur camarade et leur maître en combattant à leurs côtés. Le nain ne pouvait qu’éprouver de plus en plus de satisfaction pour l’aide qu’il avait apporté pour tuer Frader, ce maudit sorcier qui avait voulu lui enlever la femme de sa vie. Le monde ne pouvait que bien mieux se porter sans lui.
- Pourquoi est-ce qu’on ne vous a pas vus à nos côtés au fait ? demanda Tecknin. Marlek ne vous avait pas envoyé de missive, lorsque nous attaquions Zul’Gurub ?
- On les a reçues, mais trop tard..., grommela Andyana. Nous combattions les yaungols, avec les Pandashan. Ces idiots de taurens dégénérés ont tué le courrier, et le temps qu’on retrouve son corps et sa cargaison, votre attaque avait dû s’être terminée depuis bien longtemps.
- C’est dommage, moi ça m’aurait plu de casser la figure aux Gurubashis, lança Qwando.
- Vous êtes un Sombrelance ? demanda Cielistrasza.
- Ouais, c’est ma fierté.
Le moine troll arbora un large sourire soulignant ses défenses relevées. Ils continuèrent à discuter ensemble sur les aventures qui leur étaient arrivées des deux côtés. Nocturana finit par partir avec Cielistrasza comme elles avaient des choses dont elles devaient parler.
- Et sinon, vous faîtes partie des Pandashan ? demanda Fagnar, curieux.
- Mh... Pas loin, lui répondit Andyana. Disons qu’on est des membres honoraires.
- On n’a pas passé leur rituel d’entrée, poursuivit Qwando, on n’a pas leurs uniformes, mais on combat avec eux et on reçoit nos ordres des mêmes personnes que pour les autres Pandashan. Maître Huoran, le père de Kuroshan, c’est aussi lui qui a entrainé nos esprits et nous a aidés à nous en sortir, après le Mont Hyjal. On en avait bien besoin, il s’est passé des choses terribles là-bas, terribles...


L’elfe de la nuit et sa partenaire drake en forme d’elfe arpentèrent les couloirs reculés du temple avant d’arriver à l’extérieur, sur les sommets neigeux dominant les steppes cramoisies. Elle apprit que Cieli, Tecknin et Melor avaient été envoyés par Danessia afin de les aider sur leur mission contre les Zandalaris, lorsqu’ils s’étaient présentés au Territoire du Lion. Nocturana reconnut le sens pratique de la haute elfe dans cette décision. Deux dragons et un mage expérimenté ne seraient pas de trop pour les aider contre les trolls adverses.
Comme ça faisait bien plus d’une semaine qu’elles ne s’étaient pas revues, et qu’entre-temps tellement de choses s’étaient passées, elles avaient beaucoup à discuter. La dragonne lui parla de l’actualité au sanctuaire du Vol Rouge après leur départ, elles discutèrent ensuite du projet de Fagnar et Holi afin de restaurer le lien sacré de la naine avec la Lumière. La dragonne pensait que leur idée pouvait se révéler vraie, les bassins du Val étant liés aux titans et réputés pour leurs pouvoirs curatifs tant physiques que spirituels.
Elles continuèrent ensuite sur des événements plus récents qui étaient arrivés à Nocturana. Cieli se sentit soulagée que son amie aie enfin réussi à vaincre ses peurs ainsi que les blocages qu’elle s’était créé en réaction pendant toutes ses années. Depuis le temps qu’elle s’efforçait sans réussir à la convaincre qu’elle devait prendre son destin en main, cesser de fuir la réalité, elle bénit mille fois le moine d’être arrivé dans sa vie.
- Tu avais raison à propos de Séréphios et de moi, avoua enfin Nocturana. Accepter sa demande en mariage était une mauvaise idée, et... même s’il a été mon ami, c’est préférable qu’il ait enfin droit au repos dont on n’aurait jamais dû le sortir.
- J’aurais peut-être dû m’imposer plus, dit la jeune drake, mais je savais que ça te blesserait et j’avais peur de ce qui arriverait. Vu comment cette histoire s’est terminée, je suis au moins heureuse qu’enfin tu aies réussi à t’en remettre, et accepter la réalité.
- Pardon d’avoir été aussi bornée. Ça ne se reproduira plus.
La drake eut un petit sourire en entendant cela. Nocturana semblait avoir bien grandi au cours de cette semaine... bon, en siècles elle était déjà plus âgée qu’elle, chose qui pouvait paraître étrange pour certains. Ce qu’elle remarquait notamment était qu’elle semblait beaucoup plus adulte et forte à présent. Elle se dit qu’il devait également être temps d’aborder un sujet qui était bien trop important pour son bien pour qu’elle passe encore une éternité à le fuir et tenter de le censurer systématiquement.
- Au fait, même si ça peut te sembler soudain, est-ce que tu as des nouvelles sur Marthenon ? demanda-t-elle.

Nocturana frémit malgré elle alors que lui revinrent en mémoire les propos de Danessia à son sujet. En dépit de tout ce qui avait pu arriver, elle était affreusement inquiète à l’idée que son ancien ami, son frère, tente constamment sa fortune sur les champs de bataille dans lesquels tout le monde le ciblait sitôt qu’il était repéré, cherchant la mort pour une raison qui leur était inconnue. Cielistrasza afficha une expression incrédule en apprenant cela.
- Elle en est certaine ? répliqua-t-elle par rapport aux propos de la haute-elfe.
- Elle ne l’aurait pas dit en pleurant si ce n’était pas certain, dit l’elfe de la nuit avec une voix tremblante.
- Est-ce que... Tu ne penses pas que tu devrais enfin aller le voir ? poursuivit Cieli. Je sais à quoi tu penses quand je t’en parles, tu as peur qu’il t’ait trahie à Theramore, qu’il était au courant de ce qui allait se passer et était préparé à ce que tu y meures... Mais honnêtement, j’en ai reparlé avec Tecknin et Meloregos pendant le voyage. Même s’il était au courant pour la bombe, ne pense-tu pas qu’il avait justement demandé à notre camarade mage de te mettre en sécurité, afin que tu ne sois pas blessée dans l’explosion ? Ça expliquerait qu’il ne vous ait pas tués quand il en avait l’occasion.
La chasseresse repensa à ce que venait de dire sa partenaire, avec le sentiment qu’il pouvait bien s’agir d’une révélation importante, ou du moins que ça y contribuait. Elle n’avait jamais envisagé cette possibilité. Dans la confusion et l’indignation générale qui avait suivi la destruction de la ville dans laquelle elle avait séjourné et rencontré Marthenon, elle avait oublié ce détail qui avait voulu que l’elfe de sang épargne Tecknin, alors qu’il était sur le point d’achever sa camarade orque, la nièce de Drakgosh. Cela voulait-il dire que pendant toute cette année, elle s’était trompée sur ses intentions, s’était obstinément éloignée de lui pour rien ? Mais dans ce cas, s’il voulait que le gnome la sauve de l’explosion, pourquoi n’avait-il pas cherché après ce drame à savoir ce qu’il en était ?
- C’est vraiment... compliqué, dit-elle. Tu as peut-être raison, mais ton hypothèse présente quand même des failles. Je crois que j’ai raté plein de détails importants.
- À mon avis, poursuivit la drake, tu devrais aller le voir et essayer d’apprendre la vérité de sa bouche. Je suis définitivement convaincue que Marthenon ne peut avoir souhaité ta mort, d’aucune manière. Vous êtes bien trop liés.
- Peut-être..., acquiesça la chasseresse, songeuse. Mais dis-moi, je trouve que tu es pas mal insistante au sujet de notre amitié. Ça remonte à plus loin que Theramore en plus. Pourquoi lui ?
- Il faut vraiment que je réponde ?
- Je voudrais bien, j’échoue à comprendre tes réelles intentions.
Dans sa forme elfique, Cieli se pinça l’arrête du nez, l’air contrariée par le manque de perspicacité de Nocturana à ce sujet. Elle finit par soupirer, et tenta à nouveau d’amener sa partenaire vers la vérité. Pourquoi diable ne pouvait-elle pas réaliser ce qui se passait ? Elle connaissait depuis bien trop longtemps les deux elfes pour que ses observations sur leur relation aient été erronées.
- Dis-moi... Marth n’est pas seulement un ami pour toi, tu t’en es bien rendue compte au moins ?
- Bien évidemment que oui, répondit Nocturana sans comprendre où voulait en venir la dragonne. Il est comme un frère comme moi !
Sa réponse ne satisfaisait visiblement pas son interlocutrice, qui ne comprenait décidément pas comment est-ce que ça se faisait que l’elfe de la nuit soit aussi aveugle à propos de ses propres sentiments. Elle avait plus de six siècles, comment cela se faisait-il qu’elle échoue à comprendre ce qui se passait dans son corps, son âme ?
- Peut-être, soupira-t-elle. Mais tu ressens quelque chose de fort quand tu penses à lui. De très fort. Quelque chose que tu ne ressens pas lorsque tu es en présence de ta vraie soeur, qui est Estrana.
- Non, c’est vrai. Je viens seulement de la rencontrer, peut-être qu’avec le temps...
- Nocturana ! s’exclama enfin Cieli, n’y tenant plus. Qui est-ce qui t’a sorti qu’il fallait être systématiquement amoureux de ses frères et soeurs ?

L’elfe de la nuit resta un long moment à la regarder avec une incompréhension sincère. Elle eut du mal à croire ce qu’on venait de lui crier. Est-ce que Cielistrasza venait de lui dire qu’elle était amoureuse de Marthenon ? Pourtant, elle était convaincue que ce qu’elle avait ressenti depuis tout ce temps n’était que l’expression d’un lien fraternel qui transcendait le sang, comme on le lui avait dit...
- Je ne comprends pas, dit-elle enfin. Tu veux dire que ces frémissements, ce coeur qui bat, cette envie d’être à proximité... tout ça, c’est de l’amour ? Mais je croyais que...
- Oui, c’est de l’amour ! acquiesça Cieli avec énergie.
- Pourtant, Nearielle... Elle m’a un jour dit qu’elle se sentait comme ça quand j’étais avec elle, mais elle était comme ma grande soeur... Je lui ai répondu que je la voyais comme tel, qu’elle était ma soeur, et elle a confirmé que c’était ça, la cause de ses sentiments...
La dragonne se redressa avec des yeux écarquillés de surprise, choquée. Elle ne se serait jamais attendue à ce genre de révélation.
- Alors ça..., fit-elle sur un ton plus bas. Mon amie, je crois qu’il y a eu un grand, non, un énorme malentendu entre vous deux. Nearielle ne ressentait pas ce genre de sentiments parce qu’elle te considérait comme une soeur, mais parce qu’elle était attirée par toi. Mais comme tu ne lui rendais pas les mêmes sentiments, que toi tu la voyais vraiment comme ta soeur, elle est allée dans ton sens... Et toi qui n’avais jamais vraiment fait l’expérience de l’amour en grandissant, tu as depuis lors associé ces “symptômes” à la fraternité. Je comprends un peu mieux pourquoi est-ce que tu as choisi Séréphios en lieu de Marthenon, alors que si tu n’avais pas été induite en erreur ainsi, le choix aurait été évident.
Succédant à toutes ces informations, la confusion s’installa dans l’esprit de Nocturana. Elle avait du mal à réaliser ce qui lui arrivait. Elle avait surtout des difficultés à accepter que pendant toutes ces années, on lui avait menti sur quelque chose d’aussi important ! Elle comprenait maintenant ces espèces d’allusions venant de ses camarades, au sujet de Marthenon. Comme Cieli avait tenté de le faire avant de comprendre qu’elle avait été victime d’un grand quiproquo, tous ces gens avaient cherché à lui faire prendre conscience que l’elfe de sang n’était pas que un frère pour elle, mais bien plus, ce qu’elle ne parvenait pas à réaliser... surtout qu’après ce que lui avait dit Nearielle, en qui elle avait naïvement eu confiance, elle avait depuis lors fermement cru que ce genre de sentiments était seulement fraternel.
Et pendant tout ce temps, personne n’avait pu comprendre qu’elle-même n’avait aucune idée réelle de ce qui lui arrivait quand elle était avec son camarade elfe de sang. Mais à quoi pensait donc la première à lui avoir malencontreusement et faussement défini les symptômes de l’amour ? Pourquoi ne s’était-elle donc pas expliqué directement, au lieu de la maintenir dans la confusion pendant toutes ces années ?
- Par Elune ! s’exclama soudainement Nocturana. Cela veut dire que... Pendant que je n’arrivais pas à comprendre vraiment ce qui se passait, Marth, lui, en était parfaitement conscient ! Et par ma bêtise, je l’ai mis à l’écart, malgré ce qu’il ressentait... ce que je ressentais ! Oh, je suis tellement une imbécile !!! Comment ai-je pu lui faire subir une chose pareille !
À présent qu’elle parvenait enfin à saisir la vérité sur leur lien à travers ces dix années, elle était mortifiée et atrocement honteuse de sa conduite. Marthenon avait dû souffrir le martyre, incapable de l’amener à comprendre qu’il était plus qu’un “frère”... tout cela parce qu’elle était elle-même incapable de le comprendre à la base.
Elle était certaine en plus que le retour de Séréphios n’avait pas dû arranger les choses, comme lui était déjà plus direct que l’elfe de le sang, et qu’elle l’avait déjà identifié comme un amour d’enfance, parce que c’était ainsi que la prêtresse qui s’occupait d’elle en avait parlé. Les émotions ressenties n’avaient cependant rien à voir avec celles que déclenchait la présence de l’elfe de sang. Elle aurait dû se rendre compte que l’elfe de sang ne semblait pas antipathique envers le kal’dorei ressuscité uniquement parce qu’il était un chevalier de la mort.
- Quand nous en aurons fini avec les Zandalaris, déclara-t-elle avec résolution, j’irai le voir et je remettrai les choses en ordre ! Hors de question que cette farce ridicule continue plus longtemps !


Le lendemain, tout le monde avait récupéré du long voyage. Ils furent tous convoqués dans l’arène du Tigre Blanc, où le tonneau contenant Ziadrin fut également amené. La Chasseresse des Ombres avait été sous bonne garde, surveillée sans relâche par Kagena, une Voleuse Pandashan sérieuse et entièrement dédiée aux ordres qu’on lui donnait. Elle rapporta que la trollesse n’avait pas cherché à s’évader cette nuit, ce qui en étonna plus d’un. Quand certains exprimèrent à voix haute l’idée qu’elle se soit déjà enfuie, un sifflement s’occupa de prouver le contraire. La méfiance persistait, cependant.
Huoran fit placer le tonneau au centre du cercle, et demanda à Tyrathen, Simine et Estrana de s’avancer. Sur son signe, le demi-elfe concentra sa magie et relâcha le pouvoir contenu dans les runes, qui cessèrent à l’instant de briller. L’instant d’après, le couvercle du tonneau explosa, et on vit le cobra filer dans l’air, les crocs ouverts vers la gorge de Tyrathen qui recula. Seranis parvint heureusement à mettre son épée entre son protégé et Ziadrin, qui s’écrasa contre le plat de la lame et tomba au sol. Tayia la réprouvée, aidée d’Ourani, se chargèrent de l’immobiliser avec la Lumière, le temps que ceux qui étaient proches reculent.
Les deux mages annulèrent ensuite leur sort, et à la place du serpent réapparu enfin la trollesse à la peau mousseuse dans son armure. Avant qu’elle ne puisse éventuellement tenter de s’éloigner ou de poursuivre son agression contre le demi-elfe, Kuroshan, Xa’na et les deux frères  humains vinrent la menacer de leurs armes pour la maintenir au sol. Kagena s’occupa de passer derrière pour lui mettre des menottes enchantées aux poignets et aux chevilles, avant de la tirer de nouveau au centre où elle la força à se mettre à genoux, face à ses geôliers qui la fixaient avec méfiance et colère. Ziadrin en irrita plus d’un avec son sourire narquois, qui s’élargit vicieusement quand elle regarda Tyrathen. Seranis s’occupa de se placer entre eux par précaution.
- Alors, qu’est-ce qu’on a prévu pour moi ? demanda moqueusement la Chasseresse des Ombres. Allez-vous me casser les doigts de la main un par un, m’arracher les dents ? Peu importe si mon corps souffre, ce n’est pas ça qui me fera dire où se trouvent mes frères. Vos jours sont comptés.
- Non, répondit calmement Huoran, nous n’allons pas vous torturer. Ce serait effectivement perdre notre temps quand nous n’en avons pas assez à vous consacrer.
La trollesse haussa un sourcil. Sur un signe du Maître moine, Mei-Lan s’avança parmi les Pandashan, analysant du regard la trollesse. Xa’na, Vil’zun, Ivina et Marlek furent ensuite invités à s’avancer hors de leur cercle.
- Ce que nous allons faire semble compliqué, mais si ces cinq-là réussissent, nous aurons les réponses que nous cherchons sans même avoir à répandre le sang en terre sainte. Mei-Lan, Ivina, Marlek, préparez-vous je vous prie. Xa’na et Vil’zun, vous vous occuperez de les soutenir avec vos capacités.
- Mec, marmonna la Drakkari, j’espère autant que vous que je suis encore capable de faire ce genre de rituel.
Les trois premiers à avoir été désignés vinrent s’asseoir à genoux face à Ziadrin, qui les observa avec défiance, pendant que les deux trolls restaient encore en arrière. La jeune pandarène commença à méditer, murmurant des prières et des mantras, bientôt accompagnée par Vil’zun et Xa’na qui firent de même en langage troll. Une lueur irisée vint entourer le Vengebroche, tandis que la Drakkari fut entourée d’un halo bleu et argent, bien qu’un peu faible ; le chevalier de la mort semblait devoir fournir encore plus d’efforts que son camarade pour son invocation. Finalement, Mei-Lan releva la tête et fixa Ziadrin avec des yeux qui semblaient étrangement vides.
- Que l’esprit soit seul maître de son environnement, récita-t-elle, et le corps placé en repos. Que nos consciences s’ouvrent, et emplissent nos sens.
Une douce lueur pâle émana d’elle, alors qu’elle entrait dans une profonde transe, dans laquelle Ziadrin fut à son tour plongée lorsqu’un trait sombre vint la toucher, puis Marlek et Ivina qui se tenaient derrière. Les deux trolls, toujours éveillés, poursuivaient toujours leurs rituels, dans lesquels des noms de Loas se firent de plus en plus audibles au milieu des chants.


- Alors c’est comme ça..., marmonna Ziadrin après avoir observé l’environnement immaculé qui les entourait tous les quatre. Vous voulez voir ce que j’ai dans mon esprit.
- Il vaudrait mieux que vous ne résistiez pas trop, dit Mei-Lan. Montrez-nous ce que nous cherchons. Où se trouvent vos camarades ?
La trollesse eut un rictus malveillant qui montra clairement qu’elle n’était pas prête à répondre aussi aisément.
- Attention à ne pas me sous-estimer, gamine, je suis une Chasseresse des Ombres. J’ai été entraînée pour endurcir mon esprit et soumettre celui des autres.
- Certes, répondit la pandarène. Et moi je suis une mentaliste. Je sais explorer les esprits, en cherchant bien je peux trouver les secrets qu’on me cache.
Mei-Lan ferma ses yeux spectraux, commençant à chercher une connexion avec l’esprit de la trollesse. Celle-ci résistait sans trop fournir d’efforts, même si elle sentait que la présence de la pandarène était tout de même très insistante ; elle avait le potentiel de la faire plier si elle n’y faisait pas attention.
- Vous êtes têtus, lâcha-t-elle. Je vais devoir vous forcer à partir mes petits...
Ziadrin commença ses attaques, visant en premier Marlek, avec qui elle avait déjà établi une connexion dont elle comptait bien se servir ; elle fut surprise de voir que cette fois-ci, elle ne parvenait pas à l’atteindre.
- Quoi ! s’exclama-t-elle. Impossible, tu ne peux pas avoir réussi à te débarrasser du maléfice aussi vite !
- Je n’en suis pas encore complètement débarrassé, répondit-il avec un sourire amusé, mais toi tu ne peux plus t’en servir. Tu aurais dû te douter qu’on ne m’enverrait pas avec elles si mon esprit t’était encore ouvert. En attendant, ce n’est pas vraiment moi le plus dangereux pour tes défenses.
- J’ai entendu dire que quelqu’un adore jeter des malédictions, lança Ivina en même temps que ses sorts. Moi aussi j’adore ça !
Sans qu’elle ne parvienne à réagir à temps, la Chasseresse des Ombres sentit son âme brûler à travers le lien infernal que la gobeline avait tissé entre leurs deux consciences pendant qu’elle s’était occupée à tort du moine. Elle poussa un cri de douleur, mais lutta pour tenir alors que la pandarène tentait de profiter de la faille. Elle ne pouvait pas céder... pas maintenant.
- À moi, grands dieux Loas ! appela-t-elle.

Les divinités protectrices n’apparurent cependant pas à son appel, ce qui l’inquiéta. Ils avaient pourtant accepté ses prières ces derniers jours, lorsqu’ils lui avaient permis d’adopter la forme plus pratique d’un serpent au lieu de celle, humiliante, d’un mouton. Ils étaient également apparus lorsqu’elle avait tenté de soumettre l’humain à sa volonté. Pourquoi pas là, alors qu’elle était visiblement en danger ? Étaient-ils déçus à cause de ses échecs ? Pourtant, ils devraient savoir quels étaient ses plans actuels concernant ses geôliers, et la soutenir en conséquence.
Elle se souvint alors des deux trolls et du Chant qu’ils avaient pratiqués avant qu’elle ne soit forcée à basculer en transe dans sa conscience, à devoir faire face à ces trois intrus. Ils étaient en train de détourner l’attention des Loas ! C’était le troll Vengebroche qui en était responsable en plus, la Drakkari morte et souillée n’avait pratiquement plus aucun lien légitime avec leurs dieux. Ce sale traître qui rampait sans honte devant la Horde était décidément bien trop dangereux pour être laissé en vie.
La gobeline poursuivait entre-temps ses manipulations brûlantes dans son esprit, ricanant ouvertement du tourment qu’elle infligeait à son ennemie, qui avait blessé Marlek, l’humain auquel elle tenait énormément. Elle eut bien une réponse agressive à un moment donné, mais tint bon et redoubla d’intensité dans ses attaques. En bonne démoniste, elle n’en avait que faire de la souffrance ressentie par son adversaire.
- Alors, et si tu nous montrait quelques images pour nous distraire ? lança Ivina. Attention à ce que je ne fasse pas encore plus mal parce que je m’ennuie !
- Jamais je ne trahirais mon seigneur ! s’exclama Ziadrin.

Pourtant, un flot de paysages commençait déjà à leur arriver en tête malgré sa résistance. Ils virent Zul’Aman, la Seconde Guerre, un troll à l’air fourbe qui n’avait qu’un bras en train d’exhorter une foule de semblables à partir en guerre. Un autre troll aux yeux brillant de malice, qui semblait être devant eux à les frapper avec son bâton orné de crânes d’elfes et d’objets rituels. Cette vison-là leur fit perdre pied une seconde tellement elle avait l’air réaliste, ce dont Ziadrin profita pour tenter d’inverser le courant des attaques. Ils parvinrent cependant à résister, et Ivina se remit afin de continuer ses attaques.
Mei-Lan poursuivit sa percée mentale sans faiblir, endurcissant son esprit alors qu’elle se retrouvait témoin de nombre d’actes de barbarie qui revenaient fréquemment dans l’environnement duquel venait la Chasseresse des Ombres. Des sacrifices sanglants, des tortures... Elle avait fréquemment envie de s’enfuir, de vomir, lorsqu’elle voyait des cervelles éclater, des trolls dévorer allègrement des cadavres d’elfes, d’humains. Mais elle ne pouvait pas se le permettre, elle avait une mission qu’elle devait accomplir afin de protéger son foyer, ses amis et sa famille. Si elle échouait, tout ce à quoi elle tenait serait détruit.
Enfin, elle parvint à remonter jusqu’à des images plus récentes, une fois que les défenses mentales de la Chasseresse des Ombres furent assez perturbées pour qu’elle puisse la forcer à lui montrer ce souvenir qu’ils cherchaient depuis tant de temps.
Au début, elle ne reconnut pas l’île qui s’agrandissait à l’horizon, à mesure que le bateau des trolls se rapprochait. Elle crut qu’il s’agissait de la Pandarie, mais la montagne fumante la laissa perplexe ; ils n’en avaient pas chez eux. Lorsque les camarades Zandalaris de Ziadrin accostèrent leur navire sur la côte, elle vit à travers ses yeux un détail qui lui permit alors d’identifier le lieu sur lequel ils étaient arrivés. La Chasseresse des Ombres émit une exclamation  enthousiaste en apercevant les dinosaures qui arpentaient le plateau juste au-dessus d’eux. Ces bestiaux étaient impressionnants, et nul doute qu’une fois qu’ils les auraient soumis à leur volonté, les défenseurs de la Pandarie n’auraient aucune chance contre eux.
“Cette île, on l’a appelée L’Île des Géants, en raison de la taille de ces créatures...”
- Ça y est, j’ai trouvé ! s’exclama-t-elle.



La pandarène émergea de sa transe, annulant immédiatement après son sort de lien sur la trollesse et ses deux alliés, afin que ceux-ci ne se fassent pas piéger dans un milieu qui ne leur était pas vraiment familier. Huoran s’élança pour la rejoindre, tandis que les camarades de Marlek et Ivina s’occupèrent de s’assurer s’ils allaient bien.
- Qu’as-tu trouvé ? demanda le moine.
- Des visions... horribles, dit Mei-Lan en se souvenant des horreurs auxquelles elle avait assisté dans les souvenirs de Ziadrin. Et une île. Ils l’appellent L’Île des Géants, elle est remplie de bêtes écailleuses énormes... des dinosaures, je crois.
- Nos éclaireurs ont découvert une île portant ce nom au nord de la Province de Zouchin, déclara Kagena en entendant cela. Les Zandalaris l’ont élevée avec leur magie, à ce qu’il se raconte.
- Ils ont un bateau là-bas... Des forces stationnées, et ils vont se servir de ces bêtes pour envahir nos terres ! se souvint la pandarène en frémissant. Il faut les en empêcher !
- Bien sûr que nous les en empêcherons Mei-Lan. Tu peux te reposer à présent... Nous nous en occuperons.
Son rapport délivré, la pandarène finit par perdre conscience, épuisée par l’effort psychique qu’elle avait fourni dans le but d’obtenir ces informations. Huoran demanda à Haruta et Hirokan de l’emmener dans un endroit pour qu’elle se repose, puis chargea Kagena et son fils d’escorter Ziadrin dans les cellules du Temple. La trollesse ne semblait pas apprécier de s’être fait extorquer ses souvenirs de force, et était beaucoup moins d’humeur à essayer de narguer ses geôliers.
Les aventuriers, après avoir aidé Marlek et Ivina à se remettre de leur passage dans la conscience de la trollesse, reportèrent tous leur attention vers les Pandashan, attendant de voir ce qu’ils allaient décider pour la suite des événements.
- Alors, dit Xa’na, on a une île plein de dinosaures et les Zandalaris campent dessus. Quand est-ce qu’on y va ?
- Nous irons quand Mei-Lan aura récupéré, répondit Huoran. Et quand nous aurons établi un plan d’attaque.
- Qu’allons-nous faire de la trollesse ? demanda Keera.
Maintenant que les informations qu’ils cherchaient chez elle avaient été dévoilés, l’orque savait qu’il était temps de s’occuper définitivement du cas de cette vipère de Chasseresse des Ombres. Elle était déterminée à accomplir la volonté de son père ; plus que pour une question d’honneur, elle voulait simplement se venger d’elle pour avoir mis en péril la vie de son dernier parent en vie.
- Et bien, répondit Huoran avec cependant un peu de réticence bien sentie, je pense qu’il va falloir l’exécuter, comme mon fils me l’a fermement soutenu.
- C’est pour le mieux, dit Xa’na. C’est une trollesse, elle n’obéit pas à vos règles et ne se laissera soumettre à aucun type de tribunal ou je ne sais quelle drôle de comédie. Ce qu’elle va vouloir, ce sera s’enfuir afin de prévenir son chef, et ensuite nous tuer pour se venger.
- Après tout ce qu’elle a fait comme mal, il n’est pas question de lui accorder quelque simulacre de jugement, grogna Kosh. On la sort de sa cellule, on lui plante le coeur, on l’enterre et c’est fini, plus de soucis.
Pour tous, il était évident que Ziadrin ne pouvait être gardée vivante sous aucun prétexte, parce qu’elle était tout simplement trop dangereuse. Ils ne pouvaient pas prendre trop de risques avec elle, surtout après tout le mal qu’elle leur avait donné.
- Je comprends, dit le moine. Chez nous, les exécutions sont très rares, et par essence problématiques dès qu’il faut y faire recours. Mais j’imagine, après avoir entendu vos récits, que vous êtes même les mieux placés pour faire ce qui est nécessaire.
- On s’occupera de régler le problème ce soir, déclara Jordar.


Ziadrin semblait attendre patiemment sa sentence pourtant évidente aux mains des Pandashan et des mercenaires. Assise en tailleur dans sa cellule, elle arborait un petit sourire en regardant le chevalier de la mort et son jeune frère paladin, le prêtre des Loas et le Voleur pandaren qui venaient la chercher. Darnor avait un mauvais pressentiment, malgré le fait que la Chasseresse des Ombres était bien enchaînée et derrière les barreaux, et retint un moment ses camarades pour le leur signaler.
- Ça ne me dit rien qui vaille, murmura-t-il.
- À moi non plus frangin, répondit Jordar. On va faire attention en la sortant.
Le groupe reprit son avancée et s’occupa de déverrouiller la porte de la cellule avant d’en sortir la prisonnière. Celle-ci ne semblait pas manifester d’envie de résister, mais au contraire paraissait prête à accepter sa condamnation le sourire aux lèvres. Hirokan était particulièrement sceptique : après toute la lutte qu’ils avaient menée pour l’amener jusqu’ici, lui soutirer ses informations, elle acceptait sa mort, comme ça ? Impossible, elle devait avoir préparé une nouvelle ruse tandis qu’ils étaient occupés ailleurs.
Il la laissa aux mains des humains, allant inspecter le carré qu’elle venait de laisser. Rien ne semblait suspect, et pourtant... il nota une petite tache de sang qui n’avait séché que récemment. Était-elle là par hasard ? Difficile de l’affirmer en sachant que la prisonnière était capable de mille ruses aussi subtiles et compliquées à percevoir les unes que les autres. Avant qu’il n’ait eu le temps de se retourner, il entendit soudainement des bruits de lutte derrière lui.

La Chasseresse des Ombres venait d’attraper Vil’zun qui marchait devant elle à l’aide de ses chaînes, cherchant à lui compresser la gorge avec le métal courbé. Les deux frères lui saisirent les bras, mais elle se dégagea de leur étreinte avec énergie sans lâcher sa cible qui luttait pour aspirer de l’air. Avant que les trois autres n’eurent le temps d’improviser quoi que ce soit pour le sauver et garder Ziadrin, celle-ci relâcha momentanément la prise d’une de ses mains, uniquement pour la rabattre en plein sur la gorge du troll, plantant l’une de ses dents tranchantes qu’elle s’était arrachée dans la cellule.
Le prêtre des Loas tomba, cherchant à appeler du secours avec une voix gargouillante pendant que le sang se déversait de la blessure horrible qui lui avait été infligée. Hirokan et Darnor eurent le réflexe de chercher, malgré la gravité de la plaie à lui sauver la vie, tandis que Jordar entrait dans une fureur sanglante en voyant son camarade assassiné. Il se précipita à la poursuite de Ziadrin, qui s’enfuyait déjà en ricanant de son tour. Le paladin humain s’inquiéta de ce qui pourrait lui arriver, mais tenta de se concentrer sur Vil’zun dont la vie s’échappait. Implorant la Lumière, il concentra toute l’énergie curatrice qu’il pouvait afin de sauver le troll.
- Hirokan, allez chercher du secours ! cria-t-il entre deux sorts désespérés.
- Je ne sais pas s’il est encore possible de..., murmura douloureusement le pandaren.
- ALLEZ-Y !
Le Voleur hésita, mais l’expression du visage de l’humain lui fit comprendre qu’il ne parviendrait pas à le raisonner. Le troll était condamné. Il ne lui était pas difficile de le voir, la Chasseresse des Ombres avait sciemment visé un point fragile sur la carotide, et même si la blessure pouvait être cicatrisée avec le pouvoir de la lumière, Vil’zun avait perdu trop de sang pour que son corps survive. Ils auraient dû s’en douter... Pourquoi n’avaient-ils pas appliqué la sentence juste après le rituel, au lieu de lui laisser une journée pour préparer son évasion ?
Abandonnant Darnor qui s’accrochait encore à l’espoir factice de garder en vie son camarade, Hirokan résolut d’aller retrouver le frère de ce dernier. Il avait le sentiment que si celui-ci mourait à son tour à cause de la trollesse, l’humain souffrirait énormément.

- Reviens ici, salope en pagne !!! rugit Jordar en poursuivant la trollesse à travers les couloirs. Tu vas me le payer ! Tu m’entends ! TU VAS NOUS LE PAYER !
La Chasseresse des Ombres ricana sans s’arrêter, ce qui enragea le chevalier de la mort. Il continua à la poursuivre jusqu’à ce qu’elle bifurque sur une terrasse qui donnait en plein sur les grandes falaises enneigées. Jordar marqua un arrêt, essayant de voir où diable avait-elle pu remarquer une issue de sortie, avant de conclure qu’il n’y en avait pas. Un rictus narquois vint s’afficher sur son visage : elle venait de trouver son lieu d’exécution.
L’humain sortit de la galerie, son épée prête à donner la mort à cette peste qui ne leur avait que bien trop compliqué la vie, et en plus avait assassiné l’un de ses camarades en plein sous ses yeux. Défendre ses amis même au prix de son sacrifice était tout ce qu’il lui restait à faire de cette non-vie, et cette Ziadrin l’avait fait échouer, ce qui le rendait furieux. Il s’imaginait très bien la manière dont il la tuerait en conséquence ; décapitation suivi d’un coup de pied magistral qui enverrait son corps danser avec les rochers en bas avant de servir de repas aux requins... s’il n’y avait pas de requins dans la région, les autres poissons seraient ravis d’avoir un peu de viande fraiche au menu.
- C’est terminé à présent, dit-il en s’avançant. J’espère que tu es prête à rencontrer tes dieux infernaux, catin des bois !
- Mais bien sûr, répondit-elle sans se départir de son sourire. Les Loas, ils sont toujours autour de moi, avec ou sans votre prêtre de pacotille.
Son détachement était bien trop suspect pour qu’il la charge sans réfléchir, même s’il était en colère. Il la regarda avec méfiance, cherchant à détecter quel sale coup elle pouvait bien lui réserver. Elle n’avait pourtant pas d’armes, elle avait ses chaînes enchantées qui devaient l’empêcher d’utiliser sa magie, on l’avait coupée de son lien avec les Loas... Non, c’était Vil’zun qui s’en chargeait, mais elle l’avait tué, il l’avait vu.
- Qu’attends-tu ? insista-t-elle avec un ton plus agressif. Finissons-en avec cette farce !
C’était louche... Était-ce encore un piège ? Mais il ne pouvait pas attendre quand elle était à sa merci, surtout pas après qu’elle ait assassiné son camarade, après qu’elle leur ait fait subir mille périls par sa seule présence ! Qu’il attende ou charge, il y avait un risque, de toutes manières. Autant agir comme il savait le faire. Il fonça sur la trollesse, brandissant son épée.
- Vas-y, chevalier de la mort..., murmura-t-elle en fermant les yeux. Va dire à tes amis que tu m’as tuée et que je vous emmerderai plus jamais.


Un spectacle désolant les attendait dans les prisons. Darnor était assis à genoux devant le corps inanimé de Vil’zun, qui fixait devant lui avec des yeux écarquillés d’horreur et avait sa chevelure couleur feuillage noyée dans son propre sang. Le paladin avait l’air abattu et désespéré, il releva à peine la tête quand ses camarades arrivèrent.
Xa’na se fraya un chemin sans ménager sa force, dès lors qu’elle avait entendu qu’un de ses hommes avait été tué il fallait qu’elle aille le voir de ses propres yeux. Elle s’arrêta un moment, en découvrant l’état du troll des forêts. Elle ne pouvait se faire aucune illusion : il était mort, et il n’y avait plus rien à faire pour lui.
- Vil’zun..., dit-elle doucement avec un ton chagriné.
La trollesse s’agenouilla devant le cadavre de son camarade. Ignorant le sang qui vint mouiller sa jupe noire en plaque, elle lui referma les yeux afin qu’il ait l’air plus digne dans la mort. Lui qui avait tant fait appel aux Loas, à présent c’étaient eux qui l’avaient appelé... Elle se sentait bouillir de rage malgré le froid éternel de ses entrailles. Elle aurait dû être là ! Elle aurait dû descendre directement et couper la tête de cette Chasseresse des Ombres dès qu’on la sortait de sa cellule moisie !
Elle avait rencontré Vil’zun dans les Hinterlands lors de leur première visite (bien avant de recruter Tyrathen). Il lui avait permis de revoir ses divinités sacrées, alors que le pouvoir impie dont on l’avait remplie pour en faire un chevalier de la mort avait brisé son lien naturel... grâce à lui, elle avait pu une fois de plus entendre la voix rassurante d’Har’koa. Vil’zun était l’un de ses amis. Plus important, il était l’un de ses mercenaires, elle était responsable de sa vie autant que celle de ses camarades, et malgré ça elle l’avait perdu...
Xa’na tira de sa gorge asséchée l’“arme du crime”. Une dent. Une dent, c’était ça qui l’avait assassiné ; le troll des forêts aurait préféré d’une mort bien plus digne qu’un meurtre avec quelque chose qu’il était profane de déclarer comme une arme.
- Où est-elle ? gronda-t-elle en saisissant sa lance.
- Elle est morte, fit une autre voix métallique. Je l’ai tuée... elle ne nous emmerdera plus jamais.

Tout le monde se retourna pour voir entrer Jordar, son épée à la main qui ruisselait encore de sang. Il avait un peu l’air perdu, se tenant régulièrement le front comme si une migraine lui pesait, mais quelque part il avait une expression de soulagement plus qu’autre chose.
- C’est vrai ? demanda quelqu’un.
- Oui, répondit-il.
- Kol’gosh ! jura Keera. Je voulais m’en charger !
- T’es pas la seule je crois, dit Fagnar.
- Où est le corps ? dit Xa’na sans se départir de son ton résolu et meurtrier.
- Je l’ai jeté de la falaise.
Des exclamations déçues et furieuses retentirent à l’idée qu’il n’y avait même plus de corps à frapper pour se défouler, mais tout le monde espérait quand même que Jordar ait bel et bien réussi à porter la sentence, qu’ils en aient finalement terminé avec la Chasseresse des Ombres. Après le sentiment amer de ne pas avoir eu l’occasion de se venger, certains allèrent féliciter le chevalier de la mort pour les en avoir débarrassé pour de bon. D’autres avaient cependant plus de mal à croire que cela soit fini aussi aisément, même s’ils avaient l’espoir que la nouvelle soit vraie. Alors que le chevalier s’était un peu écarté des autres, toujours en proie à cette étrange confusion de son esprit, Tyrathen vint le voir, un air très sérieux sur son visage.
- Jordar, j’aimerais discuter de quelque chose avec toi...


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MessageSujet: Re: L'Ouragan de la Vengeance   L'Ouragan de la Vengeance EmptyJeu 10 Juil - 2:28

L'Ouragan de la Vengeance Screen32

Le jour suivant, à l’aube, les mercenaires allèrent enterrer leur camarade assassiné dans le Temple, rejoints par leurs alliés. Ils eurent tous un air morne en regardant passer devant eux Vil’zun pour la toute dernière fois de leur vie, embaumé selon les coutumes de sa tribu par Xa’na pendant la nuit. La trollesse avait perdu toute trace de son sourire espiègle maintenant qu’elle avait perdu l’un de ses camarades. Il était clair que la vengeance pour son ami occuperait dorénavant son esprit pendant un bon moment.
Dans les rangs plus enfoncés, Darnor était complètement dévasté par l’idée de ne pas avoir réussi à obtenir que la Lumière sauve la vie de son camarade. Ça lui rappelait la fois où il avait perdu sa fiancée, au Mont Hyjal... ça c’était exactement passé ainsi, l’assassin avait surgi de l’ombre et il n’avait rien pu faire alors qu’il était juste à côté. Son frère vint le rejoindre pour essayer de lui remonter un peu plus le moral, même si lui-même avait l’impression de se sentir vaciller de temps à autres.
La cérémonie prit fin après un adieu solennel des compagnons du troll des forêts, suivi de la promesse de son chef qui jura devant tous leurs loas qu’elle apaiserait son âme par le sang des Zandalaris responsables de sa mort. Certains restèrent dans les environs afin de méditer, d’autres quittèrent plus ou moins vite les lieux dans une ambiance très lourde. Ce n’était pas toujours facile pour des aventuriers d’admettre qu’un compagnon soit tué après avoir fait tellement de chemin en évitant cela.

Une préparation intensive pour l’attaque de l’Île des Géants s’ensuivit quelques heures après. Les Pandashan amenés par Huoran, ainsi que quelques-uns qui avaient accompagné les aventuriers, enfourchèrent leurs serpents-nuage afin de partir en reconnaissance dans le ciel, revenant fréquemment pour donner un rapport régulier sur l’évolution des troupes trolles. Selon les éclaireurs, ils n’étaient pas loin d’avoir complété leurs propres préparatifs. Ils étaient bien capables d’envahir la Pandarie dans la semaine qui suivrait. Le temps leur était donc compté, et ce malgré la tempête qui se préparait au-dessus du territoire pour les jours à venir.
Huoran et son fils étudiaient les cartes qui furent vite établies avec Xa’na et Seranis, et ils firent bientôt appel à Nocturana pour qu’elle les aide sur le repérage des terrains ainsi que pour prévoir leur approche par rapport aux dinosaures géants sur l’île. L’elfe de la nuit avait heureusement l’habitude de devoir concevoir des stratégies grâce à son expérience avec ses familiers, ainsi que certaines tâches qu’on lui avait confiées ces derniers mois au Norfendre. Elle mit beaucoup de sérieux pour assister ses camarades.
Tous les quatre arrivèrent à élaborer une stratégie audacieuse mais solide pour leur assaut, en combinant les degrés d’audace présents chez Xa’na et Kuroshan ainsi que la modération de Nocturana et Huoran. Chaque individu aurait son rôle à jouer en fonction de ses capacités ; ils comptaient laisser encore un jour afin qu’ils puissent se préparer de leur côté en prévision du moment de l’attaque. Nocturana était quand même inquiète à propos de la tempête, se demandant si ça ne risquait pas de leur nuire, mais la trollesse était pour qu’ils s’en servent justement contre leurs ennemis. Cette fois-ci, ils auraient la tête de ce chef Zandalari, qui n’avait plus sa protectrice infernale après que Jordar s’en soit occupée.


Tandis que des discussions stratégiques étaient menées aux étages supérieurs, la plupart s’occupaient d’affiner leurs techniques dans l’arène, qu’on leur réserva dans ce but. Les mannequins d’entrainement furent maintes fois remplacés à force de prendre des coups, qui pour la plupart des gens étaient encore pas mal furieux et désordonnés comme Vil’zun venait d’être enterré. Les maîtres moines pandarens s’occupaient de pousser les plus bouleversés à maîtriser leur colère dans leurs attaques, plutôt que de se laisser submerger par elle et ainsi échouer lorsqu’on aurait besoin d’eux pour le jour de l’assaut.
Certains décidèrent à un moment de partir se défouler en plein air sur les yaungols maraudeurs, tantôt lassés de se faire rappeler constamment de canaliser leur énergie négative soit parce qu’ils n’en avaient pas vraiment le désir pour le moment, soit parce qu’ils n’y arrivaient tout simplement pas. Jordar était l’un de ceux qui sortait le plus fréquemment, occasionnellement rejoint par sa soeur dans la mort entre deux pauses.
Au retour de leurs expéditions, il était préoccupé par l’état de Xa’na, qui avait perdu son caractère positivement énergique depuis la mort de Vil’zun. Il espéra qu’après avoir tué un certains nombres de trolls adverses, elle se sentirait mieux et redeviendrait comme avant. Après avoir comparé, c’était bien plus rassurant de la voir empaler des adversaires avec un sourire aux lèvres qu’avec son air concentré et furieux, qui la rendait encore plus terrifiante que jamais.

Keera finit à son tour par sentir qu’elle devait partir chasser un peu avec sa meute, lorsqu’elle réalisa qu’elle avait de plus en plus de mal à se focaliser uniquement sur ses techniques. Elle avait pas mal de pensées noires et d’angoisses dans la tête, elle était déjà furieuse à cause de la mort du troll des forêts, et en plus de cela de ne pas avoir pu exercer sa vengeance sur la Chasseresse des Ombres. L’état de son père s’améliorait progressivement, selon les lettres de ces derniers jours, qu’elle avait reçues en retard à cause du voyage, mais elle restait très inquiète à son sujet.
Profitant de ce que leur camarade demi-orc allait s’exercer dehors sur des cibles plus vivantes que des hommes de paille, elle alla l’accompagner à l’extérieur du Temple. Au départ, Kosh ne se douta pas du tout que Keera comptait en fait lui parler de sujets plus sérieux que de la chasse aux yaungols. La paire fit un bon nettoyage du village Yingying en bas de la montagne, qui avait été envahi par cette race cousine des taurens. La chasseresse nota que le style de combat du demi-orc était devenu plus rapide et précis à présent qu’il avait adopté des sabres jumeaux comme ceux de Marlek.
Keera ne put en plus s’empêcher de faire remarquer qu’il ressemblait beaucoup à cet humain ainsi ; il était vrai que même si les traits du visage étaient complètement différents entre les deux, la carrure et l’allure générale de Kosh étaient plus semblables. Le guerrier poussa simplement un grand soupir, sans chercher à répondre.
- Ce n’était pas une critique, dit la chasseresse en se demandant si elle l’avait froissé. Juste une constatation.
- T’inquiètes, j’ai bien compris, dit-il. C’est comme ça pour tout le monde, ça ne fait que constater à quel point tantôt je fais plus “orc”, tantôt je fais plus “humain”. Tant qu’on n’essaye pas de me forcer dans une catégorie raciale autre que la mienne, vous pouvez dire ce que vous voulez, je m’en fiche.
- Je ne voulais pas spécialement te définir comme l’un ou l’autre. Dis-moi, ça ne te pose pas de problème d’être un demi-sang ?
- Qu’est-ce que tu voudrais que je fasse ? Pleurer toute ma vie parce que je ne suis ni un orc ni un humain, tout ça parce que mon père a sauté sur la première fille qui passait lorsqu’il a attaqué un village avec sa bande ? Je n’ai jamais voulu que ça arrive, je ne vois pas pourquoi on me ferait porter la responsabilité de quoi que ce soit... Et tu t’intéresses à notre cas, maintenant ?
- J’ai besoin de renseignements, de conseils... pour mon père.

La chasseresse était quelque part intriguée par le détachement apparent de Kosh par rapport aux conditions de sa naissance. Elles ne devaient pas être bien différentes de celle de son père et malgré cela il pouvait en parler librement sans avoir l’air gêné ; après tout, s’il estimait qu’il n’avait pas à payer pour quoi que ce soit dans cet événement terrible, ce n’était pas pour jouer les âmes sensibles sur le sujet. Et puis, en y repensant, c’était bien typique du demi-orc de parler aussi franchement et sans prendre de gants. Elle se demanda si son attitude était préférable à celle de Negar, qui cherchait à se cacher et à enterrer ce secret qui lui pesait depuis qu’il l’avait appris - et cela avait dû être dès un très jeune âge.
Kosh était curieux vis-à-vis des raisons pour lesquelles Keera semblait vouloir en savoir plus sur le sujet des hybrides comme lui, alors que quelques semaines auparavant, elle n’y prêtait pas tellement d’attention. Elle se contentait de temps à autres de le considérer comme une bête rare, comme tout le monde, mais gardait quand même ses réflexions pour elle-même, quelque chose qu’il appréciait. La chasseresse prit son courage à deux mains pour lui raconter ce qu’elle avait appris au sujet de son père depuis l’accident que lui avait causé Ziadrin ; c’était bien l’une des choses dont elle avait espéré pouvoir parler avec le demi-orc, après cet événement.
- Negar, un demi-orc ?! s’exclama Kosh. Je me disais bien qu’il se tenait un peu trop droit pour un orc... et que ses genoux et sa façon de bouger étaient  un peu bizarres, aussi. Ascendance draenei, je suppose.
- Oui, dit-elle. Et certainement pas d’histoire d’amour derrière.
- Aucun demi-orc de nos âges ne sont nés d’histoires d’amour, soupira Kosh. Qu’attendre d’autre d’un peuple abruti par les démons, à l’époque ?

Elle acquiesça face aux propos de son camarade. Comme d’habitude, elle se sentit frustrée à la mention des actes irresponsables causés par les orcs à cause des démons, qui avaient corrompu tout ce qui se trouvait à proximité d’eux, même ceux de son clan qui n’avaient pas voulu boire le sang de Mannoroth avaient fini par se retrouver infectés à leur tour. Kosh se dépêcha quant à lui de chercher à en savoir plus sur ce qu’elle avait ressenti en apprenant les origines de son père.
- Ça m’a fait un choc quand je l’ai appris, murmura-t-elle. Je ne m’y attendais pas du tout... personne ne me l’avait jamais dit. On m’a caché une partie importante de mon héritage.
- Je vois. Et du coup, tu avais envie de m’en parler, parce que ça te perturbe.
- Un peu... Enfin, sur le coup, j’ai été choquée. Très. Jamais je n’aurais cherché à mettre en doute que j’étais une orque, et rien de plus, et tout à coup j’ai appris que ce n’était pas le cas, qu’on m’avait menti sur mon père, et donc sur moi-même.
- Et maintenant ?
- Je ne sais pas... Après coup, je n’ai pas tellement plus d’idées de ce dont je dois vraiment en penser. Je ne vais certainement pas me mettre à pleurer sur des origines sur lesquelles je n’ai aucun pouvoir, je ne sais pas si je veux les rejeter ou s’il vaut mieux que je les accepte et les fasse miennes... Je me demande un peu qui je suis, à présent.
- Simple. Tu es Keera Sombreworg, une chasseresse redoutable du clan Loup-de-Givre qui commande une meute de loups et porte en coiffe et trophée la tête d’un grand méchant loup mangeur d’orcs qui a mal choisi son repas.
- Je sais, rit-elle, ça ce n’est pas près de changer. Mais je parlais de ce que je suis, dans mon sang, mon héritage.
Kosh, pour une fois, prit un moment de réfléchir et de l’analyser avant de donner son avis sur la question.
- À mes yeux et à ceux de tout le monde, tu es une orque, ça on ne peut pas en douter. Tu y ressembles plus qu’à une draenei. Tu vis et agis ainsi, c’est ta culture de naissance légitime, et je doute que tu veuilles la jeter pour quelques petites gouttes de sang draenei. Passer ta vie à te cacher et admirer des gros cristaux brillants pendant que tu espères que personne ne va jamais venir t’emmerder dans ta tranquillité, c’est pas ton truc. Ce qu’il te faut, ce sont des grandes forêts, des montagnes, et la compagnie de ta meute pendant que tu chasse au grand air !
Elle ne put retenir un sourire amusé à l’expression de son idée de ce qu’était un draenei, même si elle était exagérée et caricaturale. À force de parler avec Kosh, Keera finit par maintenir pour de bon cette idée que ces origines étrangères ne changeaient pas qui elle était. Ce n’était pas un fardeau pour elle, elle n’avait pas à abandonner quoi que ce soit pour elles, parce qu’elle savait au plus profond d’elle que ses racines étaient solidement ancrées du côté de la race orque. Sa famille y avait veillé et elle l’avait instinctivement accepté depuis son enfance.
Elle était une chasseresse du clan orc Loup-de-Givre, une chef de meute avec ses fidèles compagnons loups, et plus que tout une aventurière, mercenaire. Elle n’avait que faire des conditionnements raciaux. Si elle s’en préoccupait, elle ne devenait pas mieux que ces abrutis dans la Horde qui prônaient la supériorité de la race orque sur tout le monde. Keera eut un fort sentiment de reconnaissance envers Kosh, qui lui avait apporté une grande aide.

Il en serait donc comme son père avait tenté de l’en convaincre, le jour où elle avait appris la vérité sur ses origines ; elle avait cependant pris le temps de réfléchir et depuis lors, et après en avoir enfin parlé ce discours sortait de son coeur, il n’était pas cousu de toutes pièces dans l’espoir d’apaiser son tourment. Elle eut quand même une pensée triste pour Negar, qui ne parvenait manifestement pas à adhérer à ses propres mots pour se guérir de ses propres hantises.
Elle avait souvent remarqué qu’il semblait triste et mélancolique, quand il pensait qu’elle ne regardait pas, même si elle n’avait jamais pensé que cela pouvait être parce qu’il était un demi-sang. Elle ne s’en était absolument pas douté, mais maintenant elle réalisait que pendant toutes ces années, il souffrait en silence de sa condition, incapable de trouver la paix.
Il était certainement beaucoup plus déchiré qu’elle n’avait pu l’être, parce que ses origines n’étaient pas du tout certaines, contrairement à elle. Elle savait au moins d’où venait sa défunte et adorée mère, et également qui avait élevé son père. Negar n’avait aucun moyen de connaître le sien, ce n’était pas certain qu’il puisse également retrouver de traces de la draenei qui l’avait enfantée (si les choses s’étaient seulement passées dans cet ordre ; ça restait néanmoins la possibilité la plus probable, compte tenu de l’histoire de ces deux peuples) ni qu’elle puisse ou ne veuille lui indiquer qui l’avait violée. Elle ne voudrait peut-être même pas désirer voir un rejeton hybride qu’elle n’avait jamais souhaité porter.
Est-ce que le savoir l’aiderait quelque part à s’apaiser, ou est-ce que ça empirerait au contraire les choses ? Elle songea que si des recherches devaient être faites, elle devrait alors tâter le terrain seule, et voir ensuite si la vérité serait profitable pour son père ou non avant de l’inciter à enquêter pour lui.
- Je pense que je viens de nous trouver plusieurs bonnes raisons de ne pas nous faire tuer par les trolls, lança-t-elle tandis qu’ils rentraient.
- On ne va pas se faire tuer ! s’esclaffa Kosh. On est trop nombreux et bien mieux organisés. Et puis cette satanée trollesse sert d’amuse-gueule aux requins à présent... j’espère. C’était quand même bizarre.
- Je vois que Tyr et moi ne sommes pas les seuls à penser qu’elle a pu survivre.
- Elle nous en a tellement fait voir, et ce serait pour être tuée comme ça, sans combattre, par Jordar ? D’accord, c’est un bon combattant, et elle n’avait pas d’armes. Mais même en étant métamorphosée, elle a réussi à faire de ces dégâts...
- Si elle a survécu, espérons qu’on ne la retrouvera pas tout de suite aux côtés de la cible. Je préfèrerais la garder plus tard pour venger mon père, et un peu les autres qui ont été blessés à Fleur-de-l’Aurore... et surtout Vil’zun. J’aimais bien ce troll.
- Ouais, moi aussi... Même s’il était un peu bizarre et qu’il avait l’air de porter un masque tout le temps, c’était un bon camarade.


Pendant ce temps-là, les camarades de Marlek s’investirent, plus ou moins volontairement, dans une mission d’observation. Alors que le moine humain se reposait avec Naeria, après s’être purifié des dernières traces du maléfice de Ziadrin, ils avaient reçu la visite rapide de Qwando. Le troll était allé en plus rallier Andyana, ainsi que Pragma, avec son expression malicieuse qui lui était tellement caractéristique lorsqu’il dénichait un événement intéressant et attrayant à ses yeux. Que les autres étaient en train de s’entrainer ou bien de se reposer, ils furent bien obligés de le suivre face à son insistance qui les rendit quand même curieux : qu’est-ce qui pouvait bien rendre le troll aussi hilare cette fois-ci ?
Les moines eurent leur réponse en arrivant dans la bibliothèque au sommet du Temple, après que Qwando leur eut demandé de se faire discrets et d’avancer silencieusement sans laisser leurs têtes dépasser des rambardes de la passerelle. Ils découvrirent alors les deux maîtres moines, Hoji et Senali, qui étaient en train de discuter fort aimablement entre eux, parlant de leurs propres voyages dès qu’ils avaient quitté l’Île Vagabonde, de leurs disciples... Andyana demanda à voix basse ce que Qwando trouvait de si exceptionnel à deux pandarens qui bavardaient, jusqu’à ce qu’elle remarque leurs attitudes respectives, les mimiques et les réactions que chacun adoptait vis à vis de l’autre.
Stupéfaits au premier abord, un sourire amusé leur vint aux lèvres pendant que les disciples observaient ce qui ressemblait de plus en plus à une discussion romantique entre les moines vénérables.
- Ils ne sont pas mignons comme ça ? murmura Qwando qui était le plus excité de tous et devait se retenir de ne pas parler trop fort. Notre maître, et celui de Pragma, un beau petit couple !
- Tu nous a fait traverser tout le Temple juste pour observer leur petite discussion intime ? demanda Marlek qui était lui-même amusé par ce qu’il voyait, d’autant plus qu’il l’avait vu venir. J’espère que tu ne comptes pas passer au niveau au-dessus !
- Rhoo, bien sur que non, pour qui tu me prends ?
- Pour toi, bien évidemment.
- Mais, mais... C’est pas mon genre de faire ça !
- Bien évidemment, ricana Andyana. Et combien de fois ne t’ai-j’pas vu tenter d’approcher en douce les sources chaudes lorsque certaines initiées avaient fini leur séance d’entrainement ?
- N’importe quoi !

Naeria lui colla une gentille tape sur la tête, le faisant gémir de façon comique. Ils ne purent s’empêcher d’en rire en étouffant les éclats derrière leurs mains. Les deux pandarens remarquèrent le bruit, mais, n’en trouvant pas la source, continuèrent leur discussion. Une fois la surprise de la découverte passée, les jeunes moines se mirent à discuter entre eux, pas forcément sur leur découverte. Qwando finit par les surprendre en abordant un sujet un peu plus sérieux cette fois-ci :
- Je trouve quand même ça beau que notre vieux maître retrouve toujours la voie d’une vie lumineuse et pleine de bonheur, peu importe ce qui peut arriver. Vous trouvez pas qu’on devrait faire pareil, surtout maintenant que nos ennuis avec le Culte sont finis ?
- Hm... C’serait bien, murmura Andyana. Mais j’pense que ça c’est parce que Maître Hoji est bien plus âgé que nous, et en plus il n’a pas grandi dans un environnement hostile, contrairement à nous. Ça doit bien l’aider.
- On peut quand même... essayer, dit Naeria. Je sais, ce n’est pas facile... Mais on ne peut pas passer toute notre vie à pleurer sur ce qui est arrivé. Je ne pense pas.
- Non, acquiesça Marlek, nous n’allons pas éternellement rester piégés dans le passé. Je le refuse.
L’elfe saisit la main de son compagnon, qui la serra doucement. Le troll hocha tristement la tête, constatant une fois de plus à quel point il allait être difficile pour tous de se relever complètement après les épreuves qu’ils avaient subies. Ils avaient quand même survécu, ce qu’il estimait être quelque chose dont il fallait se réjouir. Leurs camarades décédés, comme son très cher ami Hurktosh, leur avaient en plus interdit de pleurer leur perte.
Pour Pragma, il était difficile de ne pas se sentir isolée à côté de ces quatre moines qui étaient reliés par quelque chose qu’elle avait eu la chance de ne pas connaître - même si elle ignorait encore à quel point c’était préférable pour elle. Guettant un moment propice au départ, elle finit par ne plus y tenir, et demanda directement de quoi ils parlaient. Ses camarades se regardèrent entre eux, s’interrogeant du regard. Andyana finit par ouvrir le récit :
- Y’a plusieurs mois, nous avons chacun notre tour fait la connaissance de Maître Hoji, Marlek le premier. Nous avons été intéressés par ce qu’il apportait comme enseignement, et nous avons décidé de voyager avec lui, et le groupe qui s’était établi autour de lui au fur et à mesure. Ivina et les deux frères en faisaient partie.
- J’ai cru le comprendre quand on a discuté à Fleur de l’Aurore, acquiesça l’orque. J’imagine que des mauvaises aventures vous sont arrivées... d’où la raison pour laquelle Darnor déteste Marlek ?
- C’est ça, soupira ce dernier. On me pourchassait, et à cause de cela tout ceux qui étaient autour de moi ont été blessés... des gens sont morts.
- Ça n’a pas fait que des malheureux, dit Qwando. Prends Ivina par exemple : elle est dingue de toi parce que tu l’as aidée à tuer son ordure de père.
- Ah, ça... Il l’avait quand même bien cherché, à nous harceler sur tous les Royaumes de l’Est quand il aurait pu se contenter d’avoir été jeté en prison lorsqu’on s’est vus la première fois.
- Et... Qui vous pourchassait ? demanda Pragma.
- Mon père.

Comme ils pouvaient s’y attendre, l’orque haussa un sourcil, surprise. Marlek résuma encore l’histoire de Frader, le mal qu’il avait fait à ceux auxquels il tenait juste parce qu’il refusait d’aller vers lui, suivant son instinct, ainsi que la conclusion de plusieurs mois de traque sanglante, par la mort du sorcier de ses propres mains. Quand il eut fini, Pragma garda un air choqué imprimé sur son visage pour au moins une minute.
- On a tous nos problèmes de familles chez nous, dit Qwando. Mais Marlek, c’est notre champion !
- Je ne tenterai jamais de lui dérober ce titre, murmura l’orque. Je n’ai aucun matériau pour, mes parents décédés ne sont d’aucune aide pour cela...
- Ah, bienvenue au club..., répondit le troll d’un ton plus triste en lui donnant une petite tape sur l’épaule.
- Ce n’est pas une compétition de qui a eu les pires parents du monde, intervint le jeune homme, un peu agacé.
- Ouais, pardon Marlek.
- Je commence aussi à comprendre comment est-ce que vous quatre êtes aussi proches les uns des autres, déclara alors Pragma, ainsi qu’avec votre maître, malgré toutes vos différences. Traverser autant d’épreuves n’ont fait que vous souder les uns aux autres. En soi... vous êtes un peu une sorte de Horde miniature, fit-elle remarquer avec un petit sourire.
Le troll éclata de rire, comme ses camarades étaient amusés par ce commentaire. Ils se considéraient plus comme une fratrie, mais le rapprochement à cette faction les intéressa, surtout que ça leur indiquait que Pragma portait les idéaux de la Nouvelle Horde, et non pas ceux que hurlaient partout les fervents partisans de Garrosh Hurlenfer. Le clivage actuel dans cette faction ne les intéressait néanmoins pas tellement, même si du côté de Qwando cet avis commençait à diverger un peu, après ce qui était arrivé à sa tribu.

- J’ai cru entendre un troll rire, fit une voix amusée qu’ils connaissaient bien, et je vois le bout de ses oreilles dépasser de sa cachette.
Les cinq sursautèrent légèrement en remarquant qu’à cause de l’éclat de rire de Qwando, leurs maîtres avaient fini par comprendre qu’ils étaient là. Ils virent entre les fentes que Hoji et Senali s’étaient avancés, guettant d’autres indices sur la présence de leurs disciples.
- Et bien bravo Qwando, tu nous a dévoilés ! rit Andyana.
- Quoi, Andyana est avec toi ? reprit Hoji. Enfin, je ne te pensais pas aussi... infantile ! Qu’est-ce qui peut bien vous intéresser autant chez deux vieilles personnes en train de discuter ensemble pour que vous alliez les espionner comme cela ?
- Hé, Maître ! s’exclama le troll en se relevant soudainement. Ne cherchez pas à vous cacher, on a bien vu comment vous vous regardez ! Vous auriez une peau rose comme celle d’Andyana, on vous aurait vu rougir !
- Oh, tes disciples sont vraiment amusants ! commenta Senali avec un petit rire.
- Parce qu’on a raison, hein ! continua Qwando. Vous ne pouvez pas mentir à moi, je les ai bien vus vos battements de sourcils, vos jeux de main, vos...
Comme il semblait prêt à énumérer à voix haute tous les signes montrant l’attirance mutuelle entre Hoji et Senali, Marlek préféra le pousser à s’arrêter, en commençant par le ramener à son niveau. Il fut vite aidé par Naeria et Pragma, dont les pandarens découvrirent également la présence lorsque le troll se débattit, les poussant à se lever plus haut afin de le tirer. Les deux vieux pandarens étaient hilares face à ce spectacle surréaliste.
- Mais qu’est-ce qui vous prend donc tous les cinq ? s’esclaffa Hoji. Après tout ce qui est arrivé, tout ce qui est à venir... Vous n’avez rien d’autre à faire que d’espionner vos vieux maîtres dans leurs moments privés ?
- Tant que ça ne va pas plus loin que des discussions telles que celles-ci, ce n’est pas bien grave, rit Senali. C’est tellement mignon de leur part !

Avant que Qwando ne soit tenté de lancer une réplique, ses camarades, qui étaient également pas mal amusés par ce jeu, l’entrainèrent hors de la salle, suivis par les rires amusés des deux maîtres moines. Ils s’arrêtèrent quand ils arrivèrent de nouveau en plein air, où ils prirent un moment pour respirer après ce moment d’hilarité qui leur avait un peu coupé le souffle.
- Haaa... Vous voyez ? murmura le troll. On peut revenir aux choses simples, les gars. Comme dit Marlek, on reste pas piégés dans ce qui s’est passé, on vit juste ce qui se passe... et on est heureux, si on peut l’être.
Ils acquiescèrent, entièrement d’accord. À présent que le soleil se couchait, ils sentirent instinctivement que lorsqu’il se lèverait à nouveau, les choses redeviendraient tellement sérieuses qu’ils n’en auraient plus le temps de rire de petits détails amusants, tel que les deux moines qui se trouvaient une attirance romantique mutuelle. Ils allaient bientôt devoir lutter pour leurs vies et celles de leurs camarades, en espérant ne pas manquer à leur tâche.
- On ne va pas perdre quelqu’un cette fois ? murmura Naeria.
- Si on lutte ensemble et qu’on est attentifs... non, répondit Andyana. Moi j’sais que j’laisserai aucun d’vous mourir sans rien faire. J’pourrais donner ma vie si ça pouvait l’empêcher.
- Je ne voudrais quand même pas qu’on en arrive à là, dit Marlek.
- Ça ira, les rassura Pragma. J’imagine que vos camarades sont forts, et je sais que les miens le sont. Vil’zun... a été tué par traîtrise. Dans une bataille, ce sera différent. On a de bons soigneurs en plus. Ourani et Tayia sont excellentes pour ça, et Senali est une pro pour soigner les gens avec son chi. J’aimerais bien en faire autant.
- Ça demande une bonne maîtrise de son chi, dit Naeria, et de savoir comment en diffuser les rayonnements positifs. Un peu plus compliqué que pour en envelopper ses coups, mais pas impossible à maîtriser. Je veillerai à ce qu’aucune blessure ne soit négligée pendant les combats.
Même si des jours difficiles s’annonçaient, ils se promirent de rester ensemble. Ils devaient survivre à ce qui les attendait, lutter contre la mort, comme ils avaient tellement bien appris à le faire. Ce n’était certainement pas une armée de trolls impérialistes qui allait détruire leur fratrie forgée dans sang et par leur amitié.


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MessageSujet: Re: L'Ouragan de la Vengeance   L'Ouragan de la Vengeance EmptySam 12 Juil - 20:02

L'Ouragan de la Vengeance Screen33


Le jour d’après, la troupe d’assaut prit son envol depuis les falaises du Temple. Les serpents-nuage et dragons fendirent l’air, avançant à une vitesse formidable vers l’Île des Géants, qui apparut bientôt à l’horizon. Le volcan se dressait en face d’eux, son sommet fumant paisiblement au-delà de la couronne de nuages noirs qui recouvrait plus de la moitié de l’île, en particulier la plage sur laquelle les Zandalaris avaient établi leurs campements.
- Cette tempête n’est-elle pas un peu... bizarre ? fit remarquer Estrana.
- J’en ai aussi le sentiment, murmura Tyrathen. Elle n’a pas l’air chargée que d’électricité.
- J’ai confiance en nos prêtres et nos paladins pour nous protéger à l’intérieur, répliqua Xa’na. On a besoin de ces nuages pour le plan...
Sachant qu’à présent qu’ils étaient tous en marche ils ne pouvaient plus faire marche arrière, le demi-elfe se contenta de hausser les épaules. Il avait un mauvais pressentiment par rapport à cette bataille, chose qu’il avait du mal à s’expliquer. Le plan que Xa’na avait établi avec les autres pouvait fonctionner, les trolls ne pouvaient pas savoir qu’ils allaient les attaquer dans le dos maintenant, ils avaient toutes leurs chances de réussir.
Il se dit qu’il ferait mieux de mettre de côté ses angoisses et de se concentrer à la place sur ce qui allait venir pour aider ses camarades. Cependant, plus il s’approchait plus cette désagréable impression d’être observé s’intensifiait. Seranis s’enquit de son état, mais il lui assura qu’il ne se passait rien de grave. C’était la première fois qu’il participait à un événement aussi impressionnant, ça devait être pour ça qu’il était mal à l’aise.
Le paladin lui recommanda de rester avec Ourani sur la côte afin d’être en sécurité. Tyrathen se prit malgré lui à s’interroger sur ce qui motivait l’elfe de sang à être aussi attentionné à son égard. Néanmoins, ce n’était pas le bon moment de s’attarder là-dessus. L’attaque allait bientôt commencer.


Kagena observa avec attention son environnement alors qu’elle et Hirokan avançaient à pas furtifs derrière les lignes trolles, en profitant de l’obscurité. Les Zandalaris avaient mobilisé des troupes importantes sur l’île des Géants, ce qui lui fit craindre ce qui arriverait à sa terre natale si jamais on les laissait faire voile hors de ce bout de terre. Son camarade derrière ne semblait pas autant préoccupé qu’elle à ce sujet ; ça ne l’étonnait plus du tout, venant de cet éternel fanfaron.
Pour l’heure il avait juré d’être sérieux pour cette mission, et elle estimait qu’elle pouvait lui accorder sa confiance. Elle lui fit signe, et les deux pandarens se faufilèrent entre les caisses remplies d’oeufs jusqu’à atteindre l’un des volets ouverts de la grande frégate amarrée de Zandalar. Le navire était énorme, ce qui n’était pas très étonnant pour ces trolls géants.
Ils n’eurent pas de difficultés pour monter jusqu’au pont, comme les gardes patrouillant dans les entrailles pouvaient se compter sur les doigts d’une main. Ils avaient comme convenu fait un tour de reconnaissance de la cale, de toutes les salles, et le peu de renforts situés dans le bateau l’avait fait plus d’une fois hausser les sourcils. Enfin, quand ils eurent regardé au dehors, ils repérèrent leur cible, celui pour qui ils déployaient autant d’efforts depuis des semaines.

La Voleuse était presque surprise de le voir si proche, si facile d’accès, alors que Kuroshan et ses camarades avaient lutté griffes et crocs, uniquement pour arriver à devoir lui courir après, et le manquer de très peu... Certes, l’échec de son camarade était fortement lié à cette diablesse de Chasseresse des Ombres, qui leur avait mis des bâtons dans les roues pendant des jours entiers. Mais elle devait reconnaître que le chef des envahisseurs était lui-même très impressionnant, et avait tout sauf l’air d’une cible facile.
Sa taille était un facteur très important. Si elle devait chercher à atteindre sa gorge pour tenter un assassinat, elle devrait d’abord chercher un point élevé ou bien se mettre à découvert pour prendre de l’élan jusqu’à lui. Il n’était même pas dit qu’elle atteigne la carotide du premier coup. Il faudrait toucher juste ; une solide armure couvrait les points vitaux, ne laissant apparaître que les parties les moins sensibles du torse... Un autre coup d’oeil lui permit de voir que le Zandalari était un lanceur de sorts, comme l’indiquaient une bulle de protection presque invisible qui flottait autour de lui, ainsi que son sceptre étrange.
Cependant, ni elle ni Hirokan n’étaient là pour tenter de le tuer à eux seuls. Son partenaire lui demanda par signes s’ils ne pouvaient pas tenter de s’occuper de lui maintenant. Elle s’appliqua à lui indiquer tout ce qu’elle avait déduit, après s’être posé la même réflexion au premier abord. Le voleur sembla comprendre, et la suivit pour la prochaine étape dans leur rôle.

Maintenant qu’ils avaient effectué leur reconnaissance visuelle du terrain, ils devaient accomplir leur rôle pour permettre à leurs camarades d’arriver. Elle fit signe à Hirokan de la suivre, et le pandaren s’engagea sur ses traces pendant qu’ils passaient souplement d’une couverture à l’autre. Ils arrivèrent bientôt à proximité de ce qui les intéressait : les balistes.
Les engins étaient surveillés par des soldats qui s’occupaient plus de leur bière que des armes de destruction sous leur garde. Ils ne semblaient tellement pas prêts pour opposer quelque résistance à leur attaque que c’en était ridicule. Les deux pandarens s’occupèrent des plus proches ; Kagena lança un caillou sur les planches à côté des trolls, tandis que son camarade s’occupait d’injecter un poison engourdissant dans le tonneau avant de retourner se cacher. Il ne fallut pas attendre longtemps avant que les sentinelles ne s’abrutissent complètement avec la drogue, laissant les balistes sans défense.
Sautant sur l’occasion, les deux Voleurs bondirent près de l’arme, agissant maintenant avec rapidité afin que dans le cas où ils seraient repérés, ils auraient quand même mené à bien la première étape du plan. Kagena attacha au niveau de la pointe acérée du projectile armé un grand sac étanche contenant des gaz fumigènes, avant de s’occuper du mécanisme tandis qu’Hirokan faisait le guet. Personne ne vint les arrêter, et ils purent passer aux trois suivantes, qui pointaient également droit sur le rivage.
Enfin, lorsque les balistes furent toutes trafiquées, ils s’éloignèrent de la rangée afin d’atteindre la passerelle liant le navire au rivage, qu’il leur faudrait faire tomber lorsqu’assez de guerriers trolls seraient partis en renforts sur la plage. Derrière eux, ils tiraient progressivement la corde, déclenchant la réaction en chaine espérée. Ils prirent un moment pour vérifier que les engins tiraient bien leurs lances avec les sacs remplis de gaz, qui allèrent exploser au milieu des rangs trolls sur la plage. À présent, ils allaient attendre la prochaine phase.


Lorsqu’une grande fumée blanche s’éleva en bas de la côte, le groupe chargé de la diversion comprit que Kagena et Hirokan avaient réussi leur mission. Dissimulés par l’ombre des grands arbres, Nocturana, Kalterian, Sunaki et Keera préparèrent leurs arcs, attendant que les autres lancent leur attaque ; l’orque et l’elfe de la nuit devaient lancer leurs familiers juste après, afin de renforcer la troupes. Ils virent bientôt les attaquants en mêlée se jeter dans la fumée, qui commençait déjà à s’estomper, avec ses valeurs nocives qui affaiblirent grandement les trolls en bas.
Ceux-là, après avoir été quelque peu désorientés suivant le déclenchement des balistes, envoyèrent leurs troupes contre les attaquants sur la plage. Tout en regardant la scène à l’aide d’une lunette agrandissante, l’archère Pandashan signala à ses camarades que des guerriers sortaient du navire pour servir de renforts, ne laissant que des gardes du corps à l’aide coriace afin de protéger leur chef. Kalterian se chargea alors de lancer le signal pour l’autre groupe, qui attendaient de pouvoir attaquer le meneur des Zandalaris pendant que le gros de ses soldats étaient occupés sur la plage. Visant les nuages orageux, il relâcha une flèche explosive qui alla exploser à un point précis dans un bruit assourdissant.
Il ne fallut pas longtemps avant que le second groupe ne descendent à dos de serpents des nuages noirs (sauf dans le cas de Cielistrasza et Meloregos, qui volaient de leurs propres ailes) qui s’étaient amassés au-dessus de l’île, dans lesquels ils s’étaient dissimulés. Les cavaliers firent piquer leurs montures sur le navire, avant de sauter sur le pont, toutes armes dehors. Une grande lutte contre le chef des Zandalaris et ses derniers gardes du corps s’ensuivit alors.

Les tireurs n’avaient pas tout leur temps pour essayer regarder ce qui allait se passer sur le navire, comme ils devaient veiller à ce que leurs camarades ne se fassent pas écraser par le surnombre de Zandalaris en face d’eux. Heureusement, ceux-ci s’en tiraient assez bien. Les balistes trafiquées avaient fait des ravages dans les rangs trolls, et le poison en avait engourdi la majorité encore en vie. Nocturana sauva quand même Marlek et de son ami Qwando en tuant une sorcière à l’aide d’une flèche arcanique ; elle était bien contente qu’Estrana lui apprenne dorénavant à ne plus faire n’importe quoi avec sa magie, ainsi elle était beaucoup plus efficace au combat.
Quelques minutes suivant l’attaque, les combattants qui s’occupaient de la diversion devaient commencer à reculer, alors que survirent des blessures graves, empêchant en premier Kosh et Hoji de continuer à se battre. Ils avaient confiance en Kuroshan et les autres, qui devaient être en train de lutter contre le chef des Zandalaris tandis que les trolls étaient occupés loin du bateau. La passerelle d’accès devait en plus avoir été mise à l’eau par les deux Voleurs, afin d’empêcher qu’ils ne reviennent aisément aider la cible. Elle devait.
- Ce n’est pas normal..., murmura Sunaki qui avait repris sa lunette d’observation. La passerelle est toujours en place. Si elle n’est pas retirée ces trolls vont pouvoir rappliquer sur le navire.
- Est-ce que les autres en ont fini avec leur chef ? demanda Kalterian entre deux tirs.
- Non, répondit la pandarène. Par les Astres, ils sont mal en point ! Il ne reste plus que Kuroshan, son père... Je vois Xa’na, le chevalier de la mort humain, le nain... Mei-Lan est encore debout. Le reste est... Hein ? Qu’est-ce qu’elle fait là ?!
- Qu’est-ce que tu vois ? demanda Nocturana qui voyait la forestière afficher un air incrédule.
- Ziadrin ! Elle est bien vivante !

Keera arracha des mains de Sunaki la lunette afin d’en avoir le coeur net, et constata que c’était bien vrai : leur némésis, au lieu d’être sagement morte comme ils auraient bien aimé qu’elle le soit, se trouvait sur le pont de la frégate, aux côtés de son seigneur. Et elle était visiblement très en forme pour aider à coller une raclée à ses anciens geôliers...
- Ce n’est pas comme si c’était vraiment une surprise, grommela Nocturana. Mais à elle seule elle ne va quand même pas réussir à démolir tous nos camarades sur le bateau !
- Elle n’est pas exactement seule..., commenta rageusement Keera. Il y a bien toute une légion de trolls contre nos camarades. Je vois, ils s’étaient camouflés eux aussi, jusqu’à ce que Xa’na et les autres ne descendent !
- Ils nous attendaient ! réalisa soudainement l’elfe de la nuit.
- Nous devons prévenir les autres ! s’exclama l’orque. Starkk ! Kalar ! Venez à moi, nous avons besoin de descendre sur le champ de bataille !
Deux des grands loups de l’orque firent demi-tour dans la mêlée en entendant l’appel de leur maîtresse, gravissant avec une rapidité impressionnante la pente pour se placer près d’elle et des autres tireurs. Keera invita Nocturana à prendre place sur le noir, Kalar, tandis qu’elle bondissait sur le dos de son alpha loup de givre. Kalterian et Sunaki assurèrent aux chasseresses qu’ils continueraient à les couvrir de leur poste, tandis qu’elles filaient jusqu’aux bords de la plage où leurs camarades commençaient à se faire encercler.
- Retraite ! cria Nocturana après avoir créé une ouverture à l’aide de ses flèches. Ziadrin est vivante, c’est un piège !
- Loups de givre, prenez nos camarades sur votre dos et fuyez dans la montagne ! ordonna l’orque à sa meute.
Leur intervention permit à quelques-uns de glisser entre les mailles du filets et de s’échapper vers la jungle, mais tous n’eurent pas cette chance. Au-dessus d’eux, le ciel se déchaînait, des éclairs tombant à un rythme surnaturel sur la plage. Les dragons furent foudroyés les uns après les autres, empêchant toute retraite par les airs ; au loin, ils virent Cieli et Melor tenter de s’échapper avec des camarades, uniquement pour se faire assommer en plein air par la foudre et tomber dans la mer. L’elfe de la nuit vit avec encore plus d’angoisse des trolls commencer à sauter du bateau pour leur courir dessus. Qu’était-il arrivé à ceux qui étaient là-bas ? Avaient-ils été tués ?

Nocturana se fraya un chemin à l’aide des crocs de sa monture temporaire et de ses familiers, cherchant à retrouver Estrana au milieu de tout ce chaos. Si elle devait au moins tenter de sauver quelqu’un, c’était bien sa soeur ! Le coeur serré, elle vit Simine se sacrifier pour que la jeune Bien-née aie une chance de s’enfuir, en déchaînant une puissante tempête de feu sur leurs poursuivants. Elle ne put voir ce qui advint d’elle par la suite, comme les trolls survivants l’encerclaient et bloquaient sa vue avec leur grande taille. Tremblant de rage à l’idée de ne pas pouvoir l’aider, elle choisit de ne se concentrer que sur Estrana.
Celle-ci entendit sa grande soeur l’appeler, et se tint prête juste au bon moment pour que la chasseresse puisse la hisser devant elle sur le grand loup noir. La jeune elfe tremblait de peur en face de tout ce chaos, et il devint impératif pour Nocturana de la protéger. Avec les trolls sur leurs talons, elle fit accélérer sa monture, visant à atteindre la jungle où elles auraient plus de chances de les semer.
Malheureusement, il ne fallut pas longtemps avant que quelque chose ne vienne leur mettre des bâtons dans les roues ; une puissante déflagration de foudre leur tomba en plein dessus, les projetant en l’air dans une explosion formidable. Les deux soeurs retombèrent au sol, déstabilisées  et désorientées par l’attaque, incapables d’entendre correctement ce qui se passait à cause d’un sifflement assourdissant dans leurs têtes. Elles purent cependant voir les trolls se rapprocher d’elles à grandes enjambées, tandis que tout semblait se dérouler au ralenti. Les familiers de la chasseresse s’interposèrent, montrant les crocs, bondissant sur les assaillants pour essayer de les égorger, ce qui n’eut pas un grand succès.
Sentant que la fin était proche, Nocturana essaya de retrouver sa soeur, qu’elle vit tenter de se rapprocher en rampant vers elle. La bien-née était terrifiée, ses yeux de cristal écarquillés de terreur et remplis de larmes. Elle voyait qu’elle l’appelait, même si elle était incapable de l’entendre. Elle trembla également ; elle ne pouvait quand même pas laisser les Zandalaris la tuer ! Dans un dernier effort, la chasseresse se releva, titubant pour rejoindre sa demi-soeur qu’elle avait fini par aimer, après l’avoir injustement crainte. Un son se fit de plus en plus distinct, les ricanements des trolls derrière elle. Elle avait peur. Ça ne pouvait pas se finir comme ça.

Alors qu’elle rattrapait enfin Estrana, qui tendait une main désespérée vers la demi-soeur qu’elle adorait, Nocturana sentit quelque chose l’agripper à la taille. Elle frémit, pensant qu’un troll était derrière elle. Cependant, la surprise s’empara d’elle quand elle se vit tirer en arrière à une vitesse formidable, loin de la foule de leurs poursuivants. On la sauvait, mais sa soeur, elle, restait à leur merci.
- Non ! hurla-t-elle. Estrana !!!
Elle tomba dans des bras entourés d’armure ; Jordar. L’humain la releva et commença à l’entrainer au loin. Elle se débattit cependant, refusant de laisser Estrana derrière. Le Chevalier de la mort ne lui permit néanmoins pas de revenir en arrière.
- Ils ne vont pas la tuer ! lui disait-il. Si tu me suis, tu as encore une chance de la sauver, alors qu’en te faisant prendre toi aussi, tu ne l’aideras pas !
- Comment ça, ils ne vont pas la tuer ?! Ce sont des trolls !
- Je sais, ça paraît bizarre mais ils préfèrent nous prendre vivants pour le moment.
- Est-ce que je peux vraiment te croire, alors que tu nous a affirmé que Ziadrin était morte quand elle ne l’est visiblement pas ?!
Le Chevalier eut visiblement l’air contrarié, mais il ne se laissa pas distraire et tira fermement l’elfe de la nuit à sa suite alors qu’ils s’enfuyaient. Évidemment qu’il avait fait une erreur, pourtant il lui avait semblé parfaitement clair qu’elle était morte pour de bon... tout cela c’était de la magie noire, il aurait dû s’en douter. Tyrathen l’avait compris, même si lui s’était convaincu que ce mensonge lui disant qu’il avait accompli son objectif était une réalité... qui savait ce que la trollesse avait pu lui faire subir en plus ? Heureusement, le demi-elfe devait l’en avoir protégé, quoi que ça ait pu être, avec l’une de ses runes étranges.
- Nous avons encore une chance de les sauver, murmura-t-il. Il faut leur échapper, et retrouver les autres encore en liberté.
Nocturana ne répondit pas. Elle aurait dû saisir la main de sa soeur lorsque Jordar l’avait tirée en sécurité. Ainsi, elle aussi serait sauve, son destin ne serait pas aussi incertain que maintenant. À contrecoeur, elle fuit dans la jungle derrière l’humain.


Les trolls s’adonnèrent à une vaste traque sur toute l’île pendant tout le reste de la soirée, pourchassant implacablement les derniers de leurs adversaires qui leur avaient échappé. L’obscurité ne donnait aucun avantage aux fugitifs, à présent que des éclairs illuminaient la nuit à intervalles réguliers. Heureusement, ils arrivèrent à se rassembler dans un endroit sûr à l’insu des Zandalaris, où Marlek et Qwando redirigeaient tous leurs camarades libres qu’ils parvenaient à trouver. Les deux moines avaient trouvé une caverne au flanc du volcan, qui se trouvait en plein dans un territoire de dinosaures féroces.
À l’abri dans le creux, les survivants de cette débâcle attendaient patiemment que le reste de leur troupe soit au complet. Néanmoins, bien peu se rajoutèrent au groupe à mesure que le temps passait. Une ambiance morne planait dans la caverne. Après tout le temps qu’ils avaient pris pour préparer cette attaque, les Zandalaris s’étaient bien joués d’eux. Personne n’arrivait à s’expliquer comment est-ce qu’ils étaient déjà prêts à contre-attaquer avant même que leur troupe ne soit sur l’île. Ils doutaient fortement que quelqu’un ait pu les trahir ; nul parmi eux n’avait de motif pour aider les trolls de Zandalar. Non, ils avaient dû être espionnés, par un moyen qui leur échappait encore à ce moment.
Nocturana s’en voulait de cette défaite, pensant qu’elle aurait dû prévoir ce genre de scénario et élaborer un plan de secours ; Marlek lui répliqua qu’absolument personne ne pouvait savoir que les Zandalaris les attendaient et préparaient une embuscade. Ils étaient d’ailleurs particulièrement perplexes sur le fait que les trolls aient capturé leurs camarades au lieu de les exécuter. Ivina finit par émettre l’hypothèse que cela faisait partie d’un plan de vengeance élaboré par Ziadrin dès lorsqu’elle s’était enfuie. Pour elle, tuer trop rapidement son ennemi n’accordait aucun plaisir, surtout pas après ce qu’ils lui avaient fait subir. Qwando adhéra à cette thèse, soutenant que ce genre de méthode était typiquement trolle, surtout dans la tribu Amani.
- Comment est-ce qu’on va faire pour régler tout ça ? murmura Nocturana. Combien d’entre nous sont saufs, est-ce qu’il reste seulement une chance ?
- Te fais pas du mouron comme ça, lança Ivina. Xa’na s’en est sortie et elle va nous rejoindre ; elle a toujours un plan dingue en tête, elle pourra résoudre tout ça.
- Je doute qu’on ait une chance..., soupira Keera. Nous étions bien trente-six, et maintenant on nous compte sur les doigts de la main... Pareil pour nos familiers.

L’orque s’affala encore plus contre son grand loup blanc, qui gémit en réponse à son propre chagrin. Elle avait perdu six de ses loups lors de leur fuite. Ils étaient encore jeunes et fougueux, mais cela leurs meurtriers s’en fichaient. Les trolls les avaient tués sans merci, alors qu’ils s’échappaient en transportant quelques-uns de ses alliés. Il avait fallu que Starkk l’entraine de force loin du champ de bataille, sinon elle savait qu’elle aurait tenté de commettre un massacre... et il n’était pas certain qu’elle aurait réussi à ne tuer ne serait-ce qu’un seul de ces brutes sauvages, quand ils étaient bien plus de vingt à ses trousses. Elle aurait dû pouvoir faire plus pour éviter ça.
Cette situation dans laquelle ils se trouvaient était vraiment désespérée. Qu’allaient-ils faire à six contre une grande armée, qui tenaient encore prisonniers leurs amis ? Il n’y avait plus que Nocturana et Keera de restant parmi les archers ; ils n’avaient pas pu retrouver ni Kalterian ni Sunaki, Ivina leur avait dit qu’elle les avait vu se faire embarquer avec les autres. La gobeline n’avait pu leur échapper qu’en faisant littéralement la morte, avant de revenir dans son corps à l’aide d’une pierre d’âme pour détaler lorsque les trolls regardaient ailleurs.
Avec Qwando et Marlek, qui étaient tous les deux très inquiets pour leurs amies qui avaient également dû être capturées, Holi était également réfugiée avec eux. La naine était furieuse de ne pas avoir pu être avec son époux, et de penser qu’il était prisonnier quelque part, loin d’elle ; ça ressemblait bien trop à ce qui lui était arrivé, mais en situation inversée. Elle faisait tourner nerveusement sa hache entre ses mains, préparant en silence mille plans de revanche contre les Zandalaris.

Finalement, Xa’na arriva dans l’entrée de la caverne, accompagnée par Mei-Lan, Tecknin et Doucaque. Les rescapés baissèrent leurs armes en les reconnaissant, et les invitèrent à s’installer dans leur cercle.
- Ben c’est pas trop tôt ! s’exclama Ivina. Vous savez s’il en reste d’autres dehors ?
- On est restés surveiller et ce n’est pas très prometteur, soupira Tecknin. Je crains qu’il ne reste que nous tous en liberté...
- Formidable, marmonna Keera.
- Qu’est-il arrivé à Estrana ? demanda Nocturana. Cieli ? Tout le monde ?
- La plupart sont bien amochés, grimaça Xa’na. De ce que j’ai pu voir et entendre, ils ont rassemblé tout le monde et les ont jetés à fond de cale... Ziadrin est plutôt furax contre nous, elle doit vouloir nous faire un truc encore plus horrible qu’une exécution.
- C’est bien ce qu’on pensait, acquiesça Qwando. M’est avis qu’elle risque de les prendre comme otages pour nous déloger.
C’était une évidence pour eux. La Chasseresse des Ombres ne voudrait pas laisser le peu qu’il restait d’eux en liberté, même s’ils n’avaient plus tellement les moyens de lutter contre ses alliés et son chef.
- Bon, on va arrêter de faire la gueule et rattraper tout ça ! s’exclama Xa’na. Vu qu’on est au complet, on a un plan à réviser. Sortez vos idées !
- Il ne va pas falloir que le réviser, souligna Nocturana. Il faut en créer un tout nouveau maintenant, et s’assurer que pour une raison ou pour une autre, les trolls n’en seront pas alertés.
- Ouais, c’est une autre façon de voir les choses. Donc, voyons voir ce qu’il nous reste... Deux chasseresses et leurs meutes, deux moines, deux chevaliers de la mort, une mentaliste, une démoniste, une guerrière, et un ogre... mage, accessoirement. Mh... Ça semble effectivement pas trop prometteur en face d’une armée.
- On doit bien pouvoir faire quelque chose à partir de chacune de nos capacités, dit Marlek. Pas question de rester ici à attendre que les trolls viennent nous trouver !
Ils approuvèrent ces paroles et se mirent à réfléchir pour préparer leur réponse en bonne et due forme face à cette humiliation qu’ils avaient subi. L’amertume et la rage qu’ils avaient au coeur leur permit de rester éveillés une bonne partie de la nuit, lançant des idées dès qu’il leur en venait une nouvelle. Au départ, les plans qu’ils proposaient étaient véritablement désespérés et tenaient de missions suicide. Marlek finit néanmoins par attirer leur attention sur quelque chose qu’ils pouvaient utiliser contre leurs ennemis, qui n’était pas plus sous leur contrôle que sur le leur : l’île elle-même.
Écoutant sa proposition, Nocturana et Keera, les seules chasseresses, avaient un avis mitigé dessus. Son idée avait des chances de marcher, mais elle pouvait aussi bien se retourner contre eux si elles commettaient une seule erreur ; finalement, Mei-Lan renforça leur confiance en leurs chances de succès pour ce projet. En les entendant parler, Xa’na conçut à son tour une idée encore plus folle, qui fit frémir l’ogre dès qu’il comprit qu’on parlait de lui.
- Boss... Ça risque de faire très très mal, c’que tu dis, gémit-il.
- Ne t’en fais pas, tu as un derrière très solide. Si tu as peur, Jordar et moi pouvons te donner quelques protections.
- Tant qu’à prendre quelque chose de lourd, ce ne serait pas mieux d’utiliser un dinosaure ? suggéra Tecknin.
- Les dinosaures vont être plus compliqués que lui à transporter. Il faudrait un harnais en métal, et je ne pense pas qu’on ait quoi que ce soit pour en faire un dans le coin.
Le gnome haussa les épaules. Ce nouveau plan d’attaque semblait bien barbare et complètement dingue, mais qu’avaient-ils de mieux ? Il allait falloir qu’il travaille assidûment pour créer ce harnais. Si ça réussissait, il était certain qu’ils bénéficieraient d’un excellent effet de surprise chez leurs ennemis, assez pour leur permettre de libérer leurs camarades.
Choisissant de reprendre des forces pour le lendemain, les vivants du groupe essayèrent de dormir pour ce qui restait de cette nuit, tandis que les deux Chevaliers de la mort guettaient à l’entrée de potentiels ennemis. Ils se firent la promesse que cette défaite ne serait que de courte durée. Les Zandalaris regretteraient de les avoir pris pour des idiots. Pas question de laisser à Ziadrin la satisfaction de les dominer tous, ni de perdre ce fabuleux contrat de vingt mille pièces d’or !


Les prisonniers finirent par se réveiller, découvrant autour d’eux un lieu sombre et sentant l’humidité, qui se mouvait doucement comme sur de l’eau... réflexion faite, ils étaient sur l’eau. La structure boisée correspondait à la cale du navire Zandalari qu’ils avaient attaqué, sur lequel ils avaient échoué à mener à terme leur mission. Le chef des envahisseurs vivait toujours, tout comme son infernale alliée Chasseresse des Ombres. Une fois de plus, elle avait surgi pour les tenir en échec, et dans le cas présent il ne semblait pas y avoir de moyen d’inverser leurs situations.
Ils étaient maintenus sous bonne garde, enfermés dans des grandes cages qui étaient vraisemblablement destinées à enfermer des dinosaures mais dont les barreaux étaient assez étroits pour que des prisonniers plus petits ne puissent se faufiler entre eux... à part une gnome. Simine ne trouva cependant pas l’occasion idéale pour sortir de sa prison, les totems sentinelles couvrant toute la surface autour des murs, ils pouvaient signaler toute tentative de s’enfuir de sa part. Les trolls avaient en plus prévu un système de runes complexes et anciennes pour empêcher l’usage de la magie. Seuls les moines avaient encore la capacité de soigner les blessés graves, comme leur énergie interne seule suffisait à alimenter leurs sorts ; Senali était bien soulagée que cette capacité ne lui soit pas enlevée, alors que Hoji était en très mauvais état.
- À quoi jouent ces bâtards ? grommela Kuroshan. Pourquoi ne nous ont-ils pas tués ?
- Ils doivent vouloir nous torturer avant de nous accorder cette délivrance, soupira Kosh.
- Ne parlez pas comme si tout était perdu ! les sermonna Huoran. Il doit bien y avoir un moyen de s’enfuir d’ici vivants.
- Certains sont encore libre, acquiesça Kalterian. Peut-être qu’ils ont un plan...
Les gardiens trolls leur crièrent soudainement de se taire, faisant des démonstrations de violence pour tenter d’obtenir des plus défiants qu’ils cessent de discuter entre eux. Ceux-ci finirent par faire semblant d’obéir, uniquement pour continuer sur un ton plus bas. Ils ne parvenaient qu’à se mettre tous d’accord sur le fait que leurs meilleures chances n’étaient présentes que chez leurs camarades qui avaient échappé à la capture.
Les mercenaires de Xa’na étaient particulièrement confiants envers leur chef, Seranis déclara qu’elle avait beau être pas mal folle, il pouvait aisément lui confier sa vie dans ce genre de situations.
- Les Zandalaris ne sont pas les seuls à avoir leur diablesse, déclara-t-il avec un petit sourire.

De l’agitation se fit alors entendre en provenance de la rampe menant vers la cale. Ils ne mirent pas longtemps à comprendre qu’il s’agissait de Ziadrin, et quand elle apparut, dans son armure flambant neuve, ils prirent soin de n’afficher aucune autre réaction que du mépris ; les plus impressionnés furent vite confortés par leurs voisins. La Chasseresse des Ombres ne se formalisa pas des regards meurtriers qui lui étaient adressés, ce qui n’était pas bien étonnant.
- Nous y voilà, railla-t-elle, les rôles sont maintenant inversés, après tout ce que vous m’avez fait vivre. Vous devriez vous estimer heureux d’avoir au moins une prison bien plus grande que celle que vous m’aviez donné.
- Ben si z’aviez pas cassé vot’cage vous auriez pas été dans mon tonneau..., bougonna Koun-Koun.
Le hozen, qui s’était perché en hauteur, se prit en réponse un violent coup d’arc sur les doigts pour le faire retomber au sol. Ignorant ses braillements de protestation, la trollesse reporta son attention sur le reste des prisonniers, particulièrement Kuroshan qui se dressait en face d’elle, les bras croisés.
- Vous m’avez bien énervée avec votre acharnement, reprit-elle, au point que vous voir mourir suffirait à me donner satisfaction...
- Très bien, la coupa le guerrier, dans ce cas pourquoi ne pas avoir ordonné à vos hommes de nous tuer ? Ce n’étaient pas les occasions qui manquaient.
La trollesse s’esclaffa avec un air sinistre.
- Pourquoi vous tuer tout de suite, quand je peux vous faire subir humiliations et tortures au point que vous viendrez ramper à mes pieds pour que je vous accorde enfin la délivrance dans la mort !
- Je crois plutôt que ce sera vous qui finirez par regretter de nous avoir épargnés à cet instant, lança Ourani. Vous ne savez pas combien d’alliés nous avons, qui iront nous retrouver et vous faire payer pour ce que vous avez fait, et comptez faire.
- Nous verrons... Mais pour le moment, nous avons encore besoin de vous. Vos camarades doivent se sentir bien seuls au-dehors, poursuivis sans relâche par mon oeil...
- Votre oeil ? répéta Tyrathen, intrigué.
- Comment pensez-vous que nous avons pu vous devancer ? répondit la trollesse. Quand je me suis échappée, j’ai placé sur l’un de vos camarades un sort de double-vue, qui m’a permis de vous espionner... en recoupant les bouts de conversations, ce n’était pas bien compliqué de comprendre ce que vous nous mijotiez.
Des regards inquiets et perplexes furent échangés à ces mots. Jordar était en liberté, et il avait peut-être retrouvé les autres qui avaient échappé aux trolls. Tous pouvaient voir les conséquences que cela entrainerait si la Chasseresse des Ombres utilisait son pouvoir afin de les espionner tandis qu’ils devaient préparer leur plan de sauvetage. Il fallait les avertir, c’était une évidence ; le moyen pour faire cela, cependant, n’était pas si visible...
- Hé ! cria Kagena alors que Ziadrin tournait les talons. Vous savez, vous n’avez pas besoin de faire toute cette comédie pour nous convaincre que vous êtes capables de faire quoi que ce soit. Personne ici n’est trompé, vous êtes tous des incapables. Qui se sent le besoin de demander l’aide d’une race en déclin pour s’approprier des terres peuplées en majorité de fermiers, si vous êtes vraiment une nation de guerriers et de combattants sans peur ?
- On dirait que vous ne comprenez pas dans quelle situation vous êtes, pandarène.
- Et bien peut-être, peut-être pas. Pour le moment, je vois juste que je suis enfermée dans une cage puante et que je suis supposer deviner toute seule qu’est-ce qu’il peut y avoir de plus terrible que la mort et avoir peur de ça, même si j’ai peut-être tort. Vous nous prenez vraiment pour des imbéciles, et je vous le dit, je n’ai pas peur de vous. Pas plus que n’importe qui d’autre devrait craindre un tel ramassis de poule mouillées !

Sa provocation raviva le sentiment de résistance présent chez les prisonniers, qui mirent à leur tour à se moquer des l’apparente faiblesse des trolls qui ne pouvaient pas tuer leurs ennemis et se contentaient de les jeter en prison au lieu de faire ce qui était normal et raisonnable pour une armée victorieuse. Ziadrin et ses trolls n’étaient visiblement pas contents de cette situation où on les méprisait.
- Je sens que vous avez besoin qu’on vous remette à votre place ! Sortez la pandarène de sa cage !
Dans un même mouvement, les prisonniers s’interposèrent entre les gardes et la Voleuse, mais celle-ci les dépassa pour se placer devant les trolls, les défiant d’un sourire malicieux.
- Alors, qu’est-ce que vous allez faire ? les nargua-t-elle alors qu’ils la faisaient sortir. Me donner une claque ? J’ai tellement peur des claques, ça me rappelle mon père !
- Tuez-la, ordonna implacablement Ziadrin.
Écarquillant les yeux de surprise, Kagena tenta d’esquiver la lance en se pliant sur le côté, mais se la prit dans le flanc, transperçant son épaule. Un sentiment commun d’angoisse et d’indignation prit les prisonniers, même si les barreaux les empêchaient de se jeter sur Ziadrin. D’autres piques furent données, cette fois moins mortelles, mais elles ouvrirent malgré tout des plaies sanglantes sur tous ceux qui tentaient de forcer les murs qui les retenaient. La pandarène reposait sur le sol, ne montrant aucun signe de vie.
- J’espère que cette fois-ci vous avez compris la leçon, ricana Ziadrin avant de se tourner vers ses gardes du corps. Vous, vous donnerez son cadavre à manger à nos meilleurs dinosaures. Personne ne se moque impunément des envoyés de Zandalar...
Si la peur put s’installer chez certains, en revanche d’autres gardèrent un air inquiet, mais pour de différentes raisons. Tous les regards se portèrent en silence sur le corps de Kagena, qui se faisait emmener par un Zandalari vers l’extérieur.


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MessageSujet: Re: L'Ouragan de la Vengeance   L'Ouragan de la Vengeance EmptyLun 14 Juil - 12:29

L'Ouragan de la Vengeance Screen34

Les deux chevaliers de la mort réveillèrent leurs camarades endormis aux premiers rayons de l’aube, afin de mettre en place le plan qu’ils avaient révisé pendant cette nuit. Malgré un manque évidement de sommeil, le souvenir que leurs amis étaient toujours en danger leur revint vite à l’esprit, et tous se hâtèrent de se préparer afin de commencer le sauvetage. Ils quittèrent rapidement la caverne, ne laissant rien derrière eux, et se séparèrent en deux groupes comme convenu.
Nocturana, Marlek, Keera, Qwando, Holi et Mei-Lan se hâtèrent jusqu’au flanc est du volcan, où ils trouvèrent rapidement ce qui les intéressait pour le plan : un troupeau de navrecornes sauvages, flânant sur un grand pré herbeux sans se douter des projets que le groupe avait pour eux. Les deux chasseresses se consultèrent d’un regard entendu, puis elles s’approchèrent avec leurs familiers et la Pandashan, tandis que les trois autres allèrent se positionner afin de les défendre contre d’éventuels traqueurs Zandalaris.
- La grosse, dit l’elfe de la nuit en montrant le dinosaure le plus grand du troupeau. Prépare-toi Mei-Lan.
Hochant la tête, la pandarène suivit Nocturana tout en se tenant plus en retrait. Quand elles approchèrent, les navrecornes dressèrent la tête, reniflant dans leur direction avec méfiance. Sephira et Skoll s’avancèrent, grondant et montrant les crocs pour s’imposer ; les dinosaures raclèrent le sol de leurs sabots en réponse, tout en se regroupant afin de charger si les intruses ne s’éloignaient pas. Tandis qu’ils étaient occupés, la meute de Keera leur fonçait dessus par derrière, mordant les flancs des plus jeunes au passage pour les affoler sans pour autant les blesser. Les parents, furieux, tournèrent dans tous les sens pour écraser les bêtes importuns qui se jouaient d’eux, les plus enragés furent calmés à coup de flèches paralysantes des deux femmes.
Jugeant que le moment était propice, Mei-Lan prit son élan, dépassa l’elfe de la nuit et bondit sur le dos d’un navrecorne, s’en servant comme appui afin de sauter sur celui d’un plus grand. Les chasseresses commencèrent à se rapprocher plus lorsque la pandarène fut presque à portée de la femelle massive, les familiers entrainant savamment les bestiaux les plus dangereux loin d’elles.

Une fois qu’elles furent en place, la pandarène bondit finalement sur les écailles de la matriarche, n’ayant que peu de problèmes pour monter jusqu’à l’arrière de la crête imposante comme l’animal ne s’agitait pas trop. Elle prit un instant pour vérifier que Nocturana et Keera étaient prêtes, et dès qu’elle s’en fut assurée elle s’installa, agrippant fermement les écailles pour ne pas tomber. Mei-Lan commença sa méditation, et, une fois entrée en transe, son esprit chercha celui du grand navrecorne afin de le dominer.
La matriarche sembla ressentir quelque chose tenter de s’insinuer en elle, comme elle s’affola brutalement, commençant à s’agiter dans tous les sens pour tenter faire tomber le parasite qu’elle ne pouvait pas voir. Nocturana et Keera, ayant prévu le coup, lancèrent des cordes moyennement solides bien qu’enchantées sur la bête, allant ensuite attacher leurs extrémités aux queues de deux grands navrecornes que leurs familiers s’occupaient de distraire pendant qu’elles passaient derrière. Les liens firent tituber la matriarche alors qu’elle s’agitait, la crainte de tomber et d’être vulnérable lui fit ralentir ses mouvements brusques.
Finalement, la bête s’arrêta dans sa frénésie et recourba ses grosses pattes afin de se coucher au sol, l’air soumise. Répondant à son mugissement sonore, les autres dinosaures cessèrent de s’agiter contre les loups et la panthère ainsi que les bipèdes. Mei-Lan ouvrit à moitié ses yeux, mais elle semblait être ailleurs.
- Fini, murmura-t-elle. Il faudrait aller voir comment s’en sortent les autres.
- Très bien, bon travail Mei-Lan ! la félicita Nocturana.

Un cri attira leur attention, à présent qu’elles n’étaient plus occupées. Elles virent leurs trois sentinelles revenir, avec quelqu’un en plus qu’elles n’auraient pas cru retrouver ainsi ; Mei-Lan sursauta en la découvrant, manquant de perdre le contrôle de la matriarche au passage mais elle se ressaisit.
- Les filles ! criait Qwando. Z’allez pas croire ça ! Une Pandashan s’est enfuie !
Le troll et Marlek déposèrent près d’elles cette nouvelle rescapée. Il s’agissait de Kagena ; la pandarène était gravement blessée à l’épaule, malgré un bandage fait à la va-vite dans ce qui semblait être un morceau de tissu dérobé chez les trolls. Elle avait beaucoup perdu de sang et ses clignements de paupières fréquent, sa respiration irrégulière et son air hagard, elle souffrait énormément.
- Kagena ? s’étonna Mei-Lan. Qu’est-ce qui s’est passé ? Comment t’es-tu enfuie ?
- Je... Je les ai provoqués... Faire semblant de mourir... Suis partie à temps sur une barque... en lâchant le dinosaure sur eux... ils doivent penser qu’il m’a avalée.
Sa tête retomba brusquement, les faisant sursauter en craignant qu’elle n’ait succombé ou qu’elle ne se soit évanouie. Cependant, Kagena trouva malgré tout la force d’agripper fermement la veste de Nocturana devant-elle.
- Où est... Jordar ? souffla-t-elle avec effort.
- Il est avec Xa’na, de l’autre côté de l’île.
- Amenez-moi...
- Tu as besoin de soins ! répliqua Marlek.
- C’est urgent... ! Vous... pourriez échouer... Amenez-moi... à Jordar !
Ils échangèrent un regard perplexe, mais comprirent que si Kagena insistait autant, c’était pour une bonne raison. Holi offrit de l’emmener, et Keera lui prêta Starkk afin qu’elle aille au plus vite, en lui demandant de dire à Xa’na qu’ils avaient fini leur partie du plan.


La naine et Marlek installèrent la voleuse sur l’arrière de la selle, avant qu’elle ne prenne place à l’avant et ne fasse partir la monture. Elle n’était pas très habituée aux loups, préférant les chevaux ou les béliers, mais reconnut qu’ils étaient rapides et souples, en plus de faire moins de bruit. En chemin, elle se retourna plusieurs fois afin de s’assurer que Kagena était encore consciente. C’était bien le cas, mais il était évident qu’elle était à la limite et faisait un effort immense afin de ne pas tomber.
- On est presque arrivés ma grande, la rassura Holi. Flanche pas si vite !
- Je ne peux pas...
- Bien compris, ça. T’es déjà bien courageuse d’avoir fait tout ce chemin jusqu’à nous avec une sale blessure comme la tienne. Tu pourras te reposer quand t’auras donné ton message à Jordar.
- Non... Continuer, jusqu’au bout... Le seigneur Zandalari doit tomber...
Holi fut pas mal impressionnée de l’acharnement dont faisait preuve la pandarène, qui voulait combattre jusqu’à l’épuisement complet pour mener à terme sa mission, peu importe la gravité de sa blessure. Elle regrettait de ne plus pouvoir appeler la Lumière afin de guérir ses camarades, elle aurait volontiers pris en charge Kagena autrement.
Elle songea qu’avec tout ce qui était en jeu pour leur mission de sauvetage, il y avait bien de quoi se montrer aussi plein d’obstination et de vigueur pour remplir leurs objectifs. Elle-même se sentait prête à tout faire pour sauver son mari adoré, prisonnier des trolls. Si jamais ces grandes brutes épaisses en faux kilt lui faisaient quoi que ce soit... Ils apprendraient à craindre la fureur d’une naine dont on croyait pouvoir assassiner impunément le mari ! Leurs enfants se rappelleraient de ce que signifie le nom de gwyarbrawden, après que le sang de ces trolls ait coulé pour honorer ce serment de justice ancestral passé entre guerriers, amis, frères, époux.

Le loup Starkk aboya pour signaler sa présence dès qu’ils furent en vue du groupe avec les deux chevaliers de la mort. Ivina alla prévenir Xa’na que Holi arrivait, amenant avec elle une pandarène qui n’était pas Mei-Lan. La trollesse eut l’air aussi surpris que les autres en voyant Kagena, qu’elle avait pourtant vue assommée avec Hirokan sur le bateau, qui avait dû être enfermée avec les autres.
- Nous y voilà miss, murmura la naine en l’aidant délicatement à descendre. Kagena cherche Jordar !
- Ouais, qu’est-ce qu’il y a ? répondit celui-ci en s’approchant.
Kagena avança d’un pas titubant mais rapide vers le chevalier de la mort, plantant ses griffes dans l’armure en plaque afin de ne pas tomber. Elle dut prendre plusieurs secondes afin de retrouver son souffle, sa tête tournant dans tous les sens tant elle avait mal et était fatiguée. Refusant de s’évanouir alors que le temps pressait, elle articula du mieux qu’elle pouvait son message :
- Ziadrin vous voit... Elle a lancé un sort sur Jordar... De double-vision...
- Ah ben ça explique plein de choses ! s’écria Xa’na, à moitié furieuse.
- Mais... Tyrathen m’avait placé une rune de protection dessus pourtant, répliqua l’humain qui n’avait pas l’air de comprendre ce qui se passait.
- Si..., souffla la pandarène. Mais pas contre... double-vision... Il m’a dit... qu’il fallait changer le motif... Il m’a montré... Le mage, Tecknin... Il doit...
Entendant que cette tâche lui incombait, le gnome haussa un sourcil. Il n’était pas certain d’avoir les compétences pour cela, sa science de la magie consistait à manier à la force de sa volonté les courants arcaniques, pas d’avoir recours à ces runes dont il n’était toujours pas certain de comprendre le fonctionnement. La pandarène essaya de lui rapporter exactement tout ce que le demi-elfe lui avait expliqué, très rapidement compte tenu de l’urgence de la situation après que la trollesse leur avait révélé son tour.
- Vous pouvez... Suffit de prendre le flux dans la rune pour changer... le motif... l’effet... Il a dit... les runes changent tout le temps...
- Je ne sais pas..., murmura le gnome. Oh, j’aurais vraiment aimé que Melor soit là, il est beaucoup plus savant que moi là-dessus...
- Fais pas de chichis et essaye, demi-portion ! le sermonna Ivina.
- Non mais ça va ?! répliqua Tecknin, outré. Tu n’es pas la plus grande non plus !

Avant qu’ils ne se lancent dans une dispute au sujet de la taille, Xa’na les attrapa tous les deux par le col de leurs robes en les secouant bien tandis qu’ils avaient les pieds dans l’air. Satisfaite par leurs cris d’excuse - et de peur pour la démoniste qui avait le vertige -, la trollesse les reposa tous les deux. Tecknin accepta, en soupirant, de tenter de changer les propriétés de la rune. Il se mit au travail dès que Jordar eut retiré son armure, dévoilant sur son torse, en plus de vieilles blessures recousues qui laissaient apparaître sa chair bleuâtre, un rune blanche scintillante.
Pendant que le gnome testait la rune et tentait de la courber progressivement pour suivre le motif que Kagena avait dessiné dans la terre, que le demi-elfe avait tracé dans la poussière pour elle, Holi s’enquit de l’avancement des préparatifs du côté de Xa’na. Les deux femmes s’éloignèrent, à la demande de la Voleuse blessée qui refusait de risquer que Ziadrin puisse entendre ce qui allait se dire avec son maudit sort. La naine fut impressionnée de voir que la trollesse avait réussi à apprivoiser les deux dinosaures hurleciels.
- C’est pas plus compliqué que de dompter un rhino ou un mammouth du nord, dit la trollesse. Là, la difficulté en plus c’est que ces bêtes volent et tournent sur elles-mêmes. Très sympathiques à mon avis... elles ont peur parce que je suis morte, mais j’pense bien qu’avec un peu d’entrainement ça devrait vite s’oublier...
- Quoi, tu veux en ramener une ? s’étonna Holi.
- Ben sur que oui ! répondit Xa’na avec enthousiasme. J’aime bien ces bêtes-là !
Le gnome les prévint qu’il avait finalement trouvé la clé pour changer l’effet de la protection, après quoi le motif sur le torse du chevalier de la mort se trouva changé ; Tecknin s’essuyait nerveusement le front, espérant avoir réussi à bloquer l’effet du sort lancé par leur ennemie. Kagena vérifia que les deux symboles correspondent, ce qu’elle confirma avec soulagement. Après cela, elle finit par se laisser tomber sur le sol, rattrapée de justesse par Jordar.
- Elle ne va vraiment pas bien, constata-t-il.
- Je peux lui rendre un peu de sang, proposa Ivina. Suffit de sacrifier un démon.
- Vous vous occuperez-d’elle ? demanda Holi. Je vais revenir vers les autres pour les prévenir que vous avez presque fini.
- Ouais vas-y, il ne nous reste plus qu’à préparer Doucaque, ricana-t-elle.
- J’veux une augmentation ! gémit l’ogre qui restait assis à côté.


L’attente avant de commencer leur offensive leur sembla durer une éternité, pendant qu’ils avaient l’impression que le temps qui restait à vivre pour leurs camarades s’écoulait à une vitesse ingérable. Les trois femmes surveillaient le troupeau de dinosaures avec attention, même si Mei-Lan tenait sous son contrôle la matriarche qui régissait les autres, il fallait s’assurer qu’il n’y ait pas de débordements. Pendant ce temps-là, Qwando et Marlek restaient plus entre eux. Ils étaient affreusement préoccupés par le sort de leur maître et de leurs camarades. Leur survie reposait sur leur succès, ce qui était éprouvant. Ils ne pouvaient cependant pas désespérer avant même d’avoir essayé.
La tension finit par augmenter tout d’un coup, alors que le troll observait le navire Zandalari, sur lequel il repéra une activité importante. Les trolls montaient en masse, amenant avec eux tous leurs prisonniers. Déjà que les dragons y étaient enchaînés, cloués à raz le sol, la totalité de leurs camarades capturés était ici présente. Ceci les surprit beaucoup ; ils se demandèrent si c’était lié à l’évasion de Kagena. Ziadrin, qui semblait ici être une figure commandante au moins aussi importante que le seigneur de guerre qu’elle avait tant protégé, semblait furieuse et très agitée, criant sur leurs camarades qui étaient tous menottés dans le dos et grandement restreints dans leurs mouvements.
Holi, qui était revenue du poste de Xa’na, eut un ricanement satisfait en comprenant qu’ils avaient réussi à l’aveugler, la privant de sa capacité de les espionner à leur insu. Autant de chances en plus de leur côté pour libérer son mari et les autres. Cependant, il sembla bien que la Chasseresse des Ombres avait réussi à se faire une légère idée de ce qui s’était passé, comme ils la virent particulièrement énervée contre l’un de ses soldats.
Celui-ci alla se mettre à genoux pour tenter d’implorer son pardon, ce qui néanmoins ne retarda pas sa sentence ; après s’être mis d’accord avec sa lieutenant sur un signe de tête, le chef de l’armée trolle brandit sur lui la pointe de son bâton, d’où sortit un éclair puissant sur le condamné . Le soldat se retrouva subitement en flammes sur le pont, obligé de sauter sur la plage où il fondit progressivement tandis que ses camarades se moquaient de lui sans chercher à intervenir.
La scène macabre les laissa glacés, ils ignoraient ce qui semblait le plus terrible entre les capacités du sceptre (qui donnaient une explication quant à ce qu’était la tempête qui avait entouré l’île quand ils étaient arrivés et qui avait descendu les dragons et leurs montures volantes) et cet acte sanglant qui n’avait absolument pas dérangé les Zandalaris. Cependant, Marlek comprit une chose à propos de Ziadrin : elle avait peur d’eux, elle savait que si elle ne pouvait plus les garder sous contrôle elle risquait de perdre. Tant que tout se passait selon ses plans, elle était calme, confiante et arrogante ; mais dès qu’un élément devenait soudainement impossible à gérer, elle paniquait.
- Ce qui veut dire qu’on va bien l’avoir, avec ce qui se prépare du côté de Xa’na ! s’exclama Qwando avec un énorme sourire quand il le leur expliqua.

En attendant, il leur fallait attendre le signal pour commencer à charger. Il leur fallait patienter, et supporter le spectacle de voir leurs amis maltraités et humiliés par leur captivité. Ils furent même choqués et révoltés de voir Ziadrin se mettre à battre Tyrathen, pour ce qu’ils imaginaient être lié au blocage de la double-vision. Heureusement pour lui, Seranis défia ses ravisseurs pour s’interposer entre la trollesse et son jeune protégé. Après un moment visible de tension, le chef des Zandalaris décida finalement de modérer la colère de sa lieutenante.
- Assez de spectacle pour eux et ça passe aux choses sérieuses, grommela Keera. Allez les gars, dépêchez-vous de décoller...
Comme l’orque l’avait deviné, l’elfe de sang et le demi-elfe furent ramenés de force dans les rangs, pendant que les deux chefs discutaient entre eux tout en évaluant du regard leurs prisonniers. Ils ne pouvaient pas s’empêcher de fixer le pont, inquiets de ce qui pouvait se passer à présent, seule Nocturana décida de regarder le ciel à la place, craignant qu’ils ne manquent leur signal s’ils surveillaient trop le bateau.
Finalement, Ziadrin désigna une prisonnière, que les trolls saisirent sans ménagement tandis qu’elle ordonnait à un de ses soldats de préparer une grande faux à l’air bien acérée, un présage morbide qui faisait frémir même à distance. Les camarades se figèrent quand ils virent qui avait été choisi pour faire pression sur eux, Marlek était devenu immobile, gelé sur place par la terreur qu’il éprouva sur l’instant. C’était Naeria. L’elfe de sang, à la figure rose déformée par la terreur, était amenée vers l’impitoyable bourreau.
- Dîtes à Xa’na de se grouiller..., murmura-t-il alors qu’il était devenu tout blême.
- Marlek, tu ne vas pas...
- Est-ce que j’ai une autre option ?! rugit-il férocement.
Personne ne chercha à le retenir quand il courut comme jamais auparavant à travers la jungle dans l’espoir de sauver sa bien-aimée en danger. Le retenir aurait été futile, et même s’ils n’aimaient pas l’idée qu’il aille se livrer de lui-même aux Zandalaris, c’était la meilleure option qu’il avait afin que Naeria puisse être épargnée... si seulement il avait la capacité de faire ployer les trolls et de ne pas leur donner l’envie de se montrer encore plus cruels.


Marlek avait fait un détour pour qu’on ne voie pas depuis la côte d’où il venait, mais avait redoublé de vitesse en réponse afin de ne pas arriver trop tard. Le moine finit par sortir dans une roulade de la jungle, juste à temps pour voir la faux qui commençait à s’abattre vers le cou de Naeria qui essayait de se dégager, hurlant de terreur, l’appelant.
- ARRÊTEZ ÇA ! hurla-t-il au plus fort de sa voix.
Son cri résonna en écho sur quasiment toute l’île, surprenant le bourreau qui s’arrêta en plein dans son geste. Tous les trolls se tournèrent vers le moine, dont l’air furieux et déterminé en impressionna plus d’un. Même Ziadrin ne s’autorisa pas son habituel sourire triomphant quand elle le reconnut. Elle resta plus froide et concentrée, scrutant Marlek et les environs à l’affut de tout stratagème.
- Qui l’aurait cru, lança-t-elle d’un air presque songeur. Alors que rien ne pouvait faire plier l’esprit, le coeur se montre tellement fragile.
- Je me moque de si tu ne peux pas comprendre ce genre de chose en n’ayant aucun coeur, répliqua Marlek. Je me rends, à condition que vous l’épargniez.
- Où sont tes camarades ? demanda Ziadrin sans répondre.
- Ne comptez pas sur moi pour les trahir.
- Pfeuh, pour qui te prends-tu, humain ? ricana le seigneur troll. Comptes-tu sauver ton amie en n’apportant que ta personne ? Tuez cette elfe...
Il comprit que ce qui était le plus important pour lui ne se jouait qu’à pas grand chose. Marlek ne pouvait pas trahir ses amis, c’était hors de question. Il pouvait cependant montrer aux Zandalaris qu’ils n’étaient pas les seuls qui savaient impressionner la galerie.
Profitant de ce qu’un soldat courait vers lui en pensant l’attraper aisément, le moine n’eut plus aucune retenue ; en dépit de sa colère et de l’angoisse, ses yeux étaient parfaitement clairs et son esprit lucides. Combinant ses vieilles ruses de voleur, il se faufila en un éclair juste derrière le troll, bondissant dès le geste suivant afin de porter un coup de pied dévastateur en plein dans sa nuque. Le craquement résonnant qu’il entendit lui indiqua qu’il en avait terminé avec, pour le moment ; il prit un moment pour jeter un regard défiant aux Zandalaris, qui étaient restés figés en regardant la démonstration de puissance qui s’était déroulée juste devant eux.

À son soulagement partiel, Ziadrin elle-même vint placer son bras entre la faux et la nuque de Naeria, surprenant son supérieur et ses subordonnés. La trollesse parla en zandali, justifiant son choix. Marlek parvint quand même à comprendre ce qu’elle disait, et ce qu’il put traduire lui laissa une mauvaise impression ; elle le qualifiait de “fils de démon”, disant, peut-être justement compte tenu de ce qu’il avait ressenti et de ses actions, qu’il pouvait faire des ravages s’il était provoqué. Même s’il savait que s’ils avaient joué aux plus malins en tuant sa bien-aimée sous ses yeux il se serait déchaîné sans retenue contre eux, au risque de mettre en danger les autres, il n’appréciait pas que l’on associe cela à son père. Frader n’était pas un “démon”, il était juste un pauvre type qui s’était perdu dans la folie.
Fidèle à sa parole, le moine se rendit aux Zandalaris sans opposer de résistance, vérifiant assidûment à ce que Naeria soit bien ramenée vers les autres, saine et sauve. Elle était en larmes, bouleversée comme elle ne l’avait jamais été dans toute sa vie... il pensait bien que même après toutes les horreurs auxquelles elle avait assisté par sa faute et celle du Culte, on ne l’avait pas placée ainsi juste en face de la mort. Oubliant un moment les trolls, il se précipita pour la prendre dans ses bras et la rassurer. Elle le sentit pleurer sur son épaule, tremblante mais murmurant incessamment des remerciements à son égard.
- On va s’en tirer, lui souffla-t-il en thalassien pour que les trolls ne comprennent pas.
Il fut brutalement séparé de sa bien-aimée, ce qui l’énerva mais il se maîtrisa. Avec tout ce qui s’était passé, il savait que ses camarades devaient être prêts. Peut-être qu’il pouvait profiter de sa position pour aider, on ne l’avait pas encore complètement restreint...
Un rugissement signala que les autres avaient commencé leur attaque, accompagné de secousses brutales sur la plage qui surprirent les Zandalaris, mais pas assez pour les laisser cois. La défense s’organisa sur les flancs du bateau, les lances et les arcs se préparant pour résister face à un assaut évident de dinosaures. Bien qu’on l’emmenait vers ses camarades pour partager leur captivité, Marlek ne perdit pas une seconde de ce qui se déroulait autour de lui. Il échangea des coups d’oeil entendus avec ses alliés sur le chemin, qui se tinrent prêts.


Surgissant des falaises, la matriarche navrecorne que les chasseresses et la mentaliste avaient soumise ainsi que son troupeau déboula sur la plage, écrasant tout ce qui se trouvait sur leur chemin et n’avait pas la présence d’esprit de s’écarter. La meute de Keera, toujours dans leur désir de venger les quatre jeunes tombés et dévorés la veille, se montrèrent particulièrement vicieux aux côtés des dinosaures, mordant aux mollets et aux tendons les dinomanciens fuyants afin qu’ils restent sous la trajectoire des gros pieds compresseurs et se fassent écraser en-dessous.
Perchés sur le dos du dinosaure géant avec leurs alliés, Nocturana et Keera relâchaient allègrement leurs flèches, éliminant un maximum de trolls, mettant le feu aux voiles des autres bateaux. L’elfe de la nuit tenta un tir direct sur le chef des Zandalaris, mais celui-ci intercepta le projectile avec son bouclier sans grand effort, ce qui fit froncer les sourcils de la chasseresse. Les cinq attaquants ressentirent ensemble la tension qui augmentait alors qu’il chargeait son bâton en direction de leur monture. Mei-Lan se concentrait, faisant accélérer la matriarche au maximum de sa vitesse.
Le tir fatal fut cependant interrompu par l’intervention de Marlek, qui avait réussi à se débarrasser de ses gardes grâce à l’aide de Koun-Koun et de Pragma qui avaient bondi sur l’un des trolls afin de le déstabiliser, lui permettant d’échapper à sa prise tandis que Huoran fit un croche-patte bien placé sur l’autre. Profitant de ce qu’il avait encore les bras libres, le moine s’empara à l’arrache d’une lance et la jeta contre l’extrémité du sceptre, créant une réaction qui perturba la foudre magique. Celle-ci dansa un moment dans l’air, avant de se plaquer subitement contre la bulle de protection du seigneur zandalari, la faisant éclater.
Des armes se braquèrent sur le moine, leurs porteurs bien décidés à l’abattre sans lui laisser aucune échappatoire. La fortune sourit cependant une fois de plus à Marlek, comme le navrecorne géant venait de heurter de sa tête gigantesque le navire Zandalari, renversant tout le monde, trolls comme prisonniers. Avant que l’embarcation n’aille complètement à la dérive sur l’océan, Nocturana et Keera bondirent sur le pont après leurs familiers, suivies par Qwando et Holi qui portaient Mei-Lan toujours en transe.
- Cela ne se peut ! rugit Ziadrin. Soldats, occupez-vous des prisonniers !

Les guerriers proches d’elle obéirent immédiatement sitôt qu’ils se relevèrent, tournant le dos aux assaillants pour aller vers les rangs de captifs encore à terre. Un cri de terreur retentit, ce à quoi personne n’accorda aucune attention jusqu’à ce que les gens ne remarquent quelque chose de particulier ; distant au début, il s’amplifiait au fur et à mesure... et il venait du ciel. Et un ricanement qui ne pouvait être poussé que par une personne pas très saine d’esprit l’accompagnait.
Beaucoup levèrent la tête tellement cela semblait étrange, et Ziadrin s’inclut dans le lot. Les trolls et les prisonniers ouvrirent des yeux grands comme des oeufs de footbombe en voyant ce qui leur tombait dessus. Certains restèrent figés d’incompréhension ou de stupeur face au spectacle complètement surréaliste, d’autres eurent la présence d’esprit de s’écarter du centre d’impact.
- SURPRISE, MADA’FAKA !!! hurla Xa’na en bondissant de l’épaule de Doucaque qui vint s’écraser sur les planches du pont, traversant tout le bateau avec son poids ajouté à celui des trolls qu’il piégea sous son derrière gras.
La trollesse atterrit souplement en face de Ziadrin, qui réagit à temps pour bloquer la lance qu’elle agita vers elle et bondir en arrière, prête à répondre aux autres attaques. Jordar tomba à son tour sur le pont, un peu plus secoué par son atterrissage les trolls voulurent en profiter pour le maîtriser mais un sort d’Ivina qui se trouvait sur l’un de leurs hurleciels domptés en fit trébucher un, tandis que Holi qui se ruait vers son mari fendit le crâne d’un second au passage. Alors que la force de frappe ayant utilisé les dinosaures se lançait dans la mêlée pour aller sécuriser leurs camarades, Marlek revint des étages inférieurs avec les armes qu’il avait pu aller récupérer pendant qu’on ne le surveillait plus.
- J’ai failli me faire écraser par l’ogre ! s’exclama-t-il en voyant Xa’na qui tenait toujours Ziadrin en respect le temps que ses camarades soient enfin libres.
- Ah ben je savais pas que t’allais te trouver là mon grand, ricana-t-elle. Il va bien ?
- Complètement sonné, et les pieds trempés. Le bateau va se couper en deux.
- Détails, détails. On va se grouiller de décapiter ce grand mec ; ah, et je m’occupe de la verte d’abord.
- Comme tu voudras, machabée ! siffla Ziadrin en entendant cela.


Il restait assez de trolls Zandalaris pour opposer de la résistance aux mercenaires, mais leur supériorité numérique fut rapidement amenée à néant lorsque Tecknin et Nocturana s’occupèrent de leurs meilleurs atouts en combat ; dès qu’ils eurent créé une ouverture, l’un abandonna le dinosaure ailé et l’autre se précipita vers son objectif. Presque en même temps, ils relâchèrent Meloregos et Cielistrasza, qui, dans leur forme naturelle, se montrèrent mortellement dangereux pour leurs ravisseurs, d’autant plus qu’ils étaient furieux d’avoir été maintenus dans une position humiliante pour aussi longtemps.
Après avoir fait quelques exercices en déchirant en deux des guerriers ennemis et balayé des troupes, au milieu de quoi chacun se prit un en-cas au hasard parmi les trolls, les dragons firent claquer leurs ailes et décollèrent avec leurs fidèles partenaires, se mettant à faire des cercles autour du navire à la dérive, crachant des flammes brulantes ou glacées sur des ennemis, des sorts de soin et de protection sur les alliés. Ajoutant à cela les prisonniers qui étaient libérés les uns après les autres, d’abord par Kagena malgré sa fatigue, puis par Hirokan qui avait insisté pour qu’elle lui passe le flambeau de peur qu’elle ne se tue à la tâche, le rapport de forces devint enfin équitable.

Les deux adversaires majeurs étaient bien évidemment Ziadrin et son maître, le seigneur de guerre de Zandalar. Face à celui-ci se positionnèrent en majorité des Pandashan ; Kuroshan, son père, et ses fidèles compagnons incluant les disciples de Hoji et Senali elle-même, bientôt rejoints par quelques mercenaires gérés par Seranis. La Chasseresse des Ombres, elle, se retrouvait évidemment face à Xa’na, mais le chevalier de la mort trouva du soutient extérieur, notamment chez Keera, Marlek, Ourani et les frères humains.
- Vous avez besoin de vous mettre à plusieurs pour me vaincre ? ricana-t-elle.
- À quoi tu t’attendais ? répliqua Xa’na qui avait retrouvé son sourire de bataille si terrifiant à présent qu’elle faisait face à la meurtrière de son ami. Tu en as assez emmerdé parmi nous pour que je ne leur refuse pas le droit de donner leur coup de poignard. Ah, et en plus je ne suis pas du tout honorable, j’aime même la triche, donc inutile de te plaindre et prépare toi à un règlement de comptes en gang ma grande !
- Qu’attendre de plus d’une Drakkari... Et bien peu importe votre nombre, mes dieux sont avec moi ! Vous avez longuement combattu pour obtenir que je vous honore d’une mort rapide. Que le bain de sang commence !


Un chaos complet s’ensuivit alors que les défenseurs de la Pandarie et les mercenaires entraient en collision avec les deux trolls imbus de pouvoirs ancestraux dévastateurs. Des coups leur furent portés, bien qu’ils ne suffisaient pas pour en venir à bout aisément ; eux firent de graves dégâts, qui nécessitèrent que des soigneurs aillent en retrait pour s’occuper des camarades blessés. Alors que cette dernière confrontation entre ces rivaux de longue date progressait, le climat sembla se mettre à répondre à la tension ambiante, comme une tempête violente se mit à encercler le bateau. Il s’agissait cependant des capacités du mystérieux sceptre du seigneur Zandalari, une fois de plus.
Les éclairs dévastateurs forcèrent les deux dragons à se poser sur le bateau qui tombait en ruines, se transformant afin de lancer des sorts sans être encombrés comme la forme humanoïde leur permettait de mieux se concentrer dans une bataille à une échelle inférieure. Privés de l’avantage d’avoir deux créatures volantes conscientes qui auraient pu saisir leurs ennemis dans leurs mâchoires et essayer de les y broyer, les combattants au sol n’en redoublèrent pas moins de leur propre puissance dans leurs techniques, envoyant à maintes reprises les deux trolls au sol, même si ceux-ci disposaient encore d’assez de réflexes pour éviter l’attaque d’après qui leur aurait été fatale.
Ziadrin et son supérieur tentèrent à un moment de se rassembler afin de combiner leurs talents au combat ; Huoran se hâta de s’interposer entre eux malgré le risque que cela présentait pour lui, donnant à chaque groupe l’occasion de séparer leurs adversaires respectifs pour de bon. Son intervention lui valut cependant d’être gravement blessé par le seigneur de guerre, qui tenta de l’achever sur place avant qu’on ne l’emmène loin de sa proie. Cependant, si la pointe de son bâton put transpercer le flanc du vieux moine une fois, alors qu’il visait la tête pour la seconde un sabre vola soudainement au milieu de la tempête, lui tranchant la main armée au passage.
Hurlant de rage et de douleur, le Zandalari bondit en arrière pour tenter de s’échapper, mais se fit prendre dans une embuscade tendue par Hirokan et Sunaki, qui coupèrent sa retraite et le firent marcher tout droit dans leur piège. Le troll, en dépit de toute sa résistance, se retrouva vite agenouillé face à Kuroshan qui le toisait du haut de toute sa taille, se baissant à peine pour récupérer son second sabre alors qu’il avançait vers sa proie, ce maudit envahisseur qu’il avait pourchassé dans deux pays entiers.
Le seigneur de guerre ne montra aucune peur, que de l’envie de continuer à lutter même s’il en était à présent incapable ; cela lui procura de la satisfaction plus qu’autre chose : quoi de plus énervant que d’exécuter un ennemi aussi insaisissable s’il finissait par ramper à ses pieds comme un ver en implorant de la pitié. Il n’y avait aucun honneur à exécuter ce genre d’ennemis.
- Vous arrêterez rien avec ma mort, tonna férocement le troll. Un autre prendra ma place, et cette terre, elle appartiendra aux Zandalaris !
- Non, répondit farouchement Kuroshan sans s’arrêter. La Pandarie n’appartient à personne. Pas à mon peuple, pas aux jinyus, pas aux hozens, aux mogus ou aux mantides ; l’Alliance et la Horde ne la soumettront pas malgré leur guerre stupide... et vous ne vous l’approprierez pas non plus, Zandalaris. Nous vivons avec la Pandarie, nous mourons avec elle... Nous sommes libres avec elle, et personne ne nous enlèvera ça, surtout pas vous !
Achevant sa marche, le pandaren tourna sur lui-même, dirigeant sa lame tout droit sur le cou dénudé de sa cible, qui ne brisa pas un instant leur échange visuel. Le sabre entama la chair, poursuivant sa course sanglante à travers tout le sang, les nerfs, l’os, d’un bout à l’autre. Définitivement séparée de son corps, la tête du seigneur de guerre Zandalari vola un instant dans l’air, avant d’aller se planter sur la pointe de la deuxième arme du Pandashan, brandie en l’air dans un signe unanimement reconnu de victoire.


Le combat contre Ziadrin, qui avait continué à côté de cet événement, se ralentit considérablement quand Kuroshan brandit son trophée macabre, restant impassible face au sang qui ruisselait toujours sur son sabre depuis la tête tranchée, allait se plaquer contre son écharpe et son armure avec le vent. Quand elle aperçut son maître ainsi exécuté, la Chasseresse des Ombres poussa un cri de rage, lançant au passage une nouvelle nova d’ombre pour se désengager. Cependant, malgré cette manoeuvre une trentaine de regards déterminés étaient posés sur elle. Seule sur ce navire délabré qui s’enfonçait dans l’eau, elle allait mourir à leurs mains.
- On dirait que c’est la fin, vipère ! ricana Jordar.
Elle n’émit aucune réponse. Certains pensèrent qu’elle avait peur, d’autres qu’elle était encore en train de réfléchir à une ruse pour s’enfuir. Rapidement après, la trollesse se replia sur elle même pour mieux bondir au milieu de ses ennemis, se frayant un chemin en direction du cadavre sans tête de son maître. Elle bifurqua cependant bien avant l’embuscade qu’on lui tendit sur la route, plongea sur le plancher glissant afin de récupérer le sceptre pour bondir ensuite sur la proue à moitié détruite. Malgré ses nouvelles plaies sanglantes sur tout le corps et son armure en ruines, elle gardait un air farouchement résolu qui ne présageait rien de bon.
Ils se précipitèrent sur elle, cherchant à la tuer avant qu’elle ne fasse quoi que ce soit avec sa nouvelle arme, cependant elle parvint à les devancer. Maniant l’artefact devant elle, elle créa des vagues électromagnétiques qui allèrent projeter ses ennemis au fond du pont. Avec un espace dégagé, elle abattit une nouvelle fois le sceptre, invoquant une puissante colonne de foudre qui alla briser en deux le bateau, chaque bout s’inclinant et renversant ceux qui ne s’étaient pas accrochés à temps dans l’eau de mer.
- Vous avez tué mon chef, mais vous allez mourir avec lui ! s’écria-t-elle en levant à nouveau le bâton, commençant à charger l’énergie.

Réalisant ce qu’elle comptait faire, ceux qui étaient tombés dans l’eau tentèrent désespérément de remonter sur une surface moins humide, sans succès à cause du bois mouillé et extrêmement glissant à la verticale. La trollesse émit un rire triomphant sinistre, visualisant sa victoire proche.
Un cri attira cependant son attention, mais pas assez tôt pour empêcher Tyrathen, qui avait pu rester accrocher sur l’arrière, de lui sauter dessus. Les deux furent renversés sur la proue brisée, luttant à mains nues pour la possession du sceptre. Même si Ziadrin était physiquement très forte, le demi-elfe utilisait la magie de ses runes pour lui brûler les mains et essayer de lui faire lâcher prise,  calant sa jambe de sorte à ne pas tomber même quand elle parvint à le faire pencher vers l’océan.
- Lâche prise, bâtard ! rugit-elle, furieuse.
- Jamais ! hurla-t-il en se cramponnant encore plus désespérément.
- Stupide gamin ! Je vais t’ouvrir en deux si tu continues comme ça !
- Lâchez le sceptre alors, ce sera plus facile !
À sa mauvaise surprise, la trollesse agit ainsi, gardant une main agrippée sur la poignée tandis que l’autre allait chercher son poignard. Tyrathen prit peur en le voyant. Cherchant dans ses dernières ressources un moyen magique de compenser sa faiblesse physique, il ressentit alors quelque chose dans le sceptre. L’énergie contenue dedans semblait s’agiter en même temps que lui, et il comprit ce qu’il avait trouvé de familier au départ, dans la tempête ; des symboles naturels réguliers courant dans le flot de magie, des runes. Il sut ce qu’il avait à faire.
Juste avant que Ziadrin n’abatte son couteau, il concentra son esprit, repérant les motifs, les stimulant. Un éclair fulgurant percuta la trollesse en plein sur la poitrine, la faisant perdre prise et la projetant dans la mer agitée. Tyrathen se releva, brandissant le sceptre et prêt à déchaîner tout ce qu’il pouvait tirer de ce pouvoir sur cette folle qui l’avait battu, avait martyrisé ses amis. Il repensa néanmoins qu’ils se trouvaient dans cette même eau, et pouvaient être affectés.
Craignant de commettre une erreur, il n’osa pas lancer le sort. Cependant, la trollesse finit par disparaître sous la marée sombre, sans qu’il ne puisse voir clairement si elle avait coulé pour se noyer. Néanmoins, elle ne réapparut pas et ses amis étaient sauvés. Il fallait juste s’enfuir de cette épave, en emmenant leur trophée sanglant.


Trois jours après la bataille, le groupe était de retour au Temple du Tigre Blanc, où on les accueillit en vainqueurs quand Huoran annonça qu’ils avaient triomphé des Zandalaris, à quoi Xa’na ajouta comme preuve la tête de leur ennemi qu’elle brandissait fièrement tout en répétant à qui voulait l’entendre que c’était l’oeuvre de Kuroshan (son estime du pandaren semblait avoir été propulsée à un niveau très élevé depuis qu’elle avait découvert cette aptitude à couper les têtes ; cependant, on lui recommanda de ne pas faire étalage de cet enthousiasme en face des moines du Temple). On leur offrit très légitimement un abri pour que tous puissent se reposer et faire soigner leurs blessures, après ces deux éprouvantes journées.
Le premier jour fut plus consacré à un grand repos général, seulement quelques courageux ou téméraires pouvaient se lever et parler entre eux. Au second, les mercenaires les entraînèrent à faire la fête pour célébrer la conclusion de cette grande aventure. Beaucoup furent soulagés de retrouver une Xa’na souriante et enjouée comme avant, celle-ci semblait tellement de bonne humeur qu’elle proposa à tous ses camarades en plus de ses mercenaires de partager avec elle les vingt mille pièces d’or, tout en insistant là-dessus.
Les Pandashan et quelques-uns très humbles arrivèrent quand même à refuser ce présent, peu importe combien les amis de la trollesse leur dirent qu’ils pouvaient au contraire profiter de ce qu’elle soit autant de bonne humeur pour essayer d’avoir quelques bonus.

Néanmoins, la fin d’un voyage impliquait inévitablement des séparations. Fagnar et Holi s’en allèrent les premiers, à présent qu’ils avaient terminé cette aventure entrainante ils allaient tenter de restaurer le lien de la naine avec la Lumière. Leurs camarades leur souhaitèrent de bien voyager et que les résultats soient bons pour Holi. Avec eux, il fallait que les mercenaires aillent toucher leur récompense auprès de l’officier de la Horde qui les avait envoyés, et que quelqu’un aille prévenir Danessia qu’ils avaient accompli leur mission. De leur côté, Keera et Kosh allaient se diriger de nouveau vers Fleur-de-l’Aurore afin de retrouver Negar.
Dans le premier cas, Xa’na et une grande partie de ses camarades se préparèrent pour un retour à la Halte de la Domination ; certains restèrent néanmoins au Temple pour ceux qui avaient des blessures très sérieuses qui ne leur permettait pas de se lever ni de prendre un portail, comme dans le cas de Seranis qui avait une grande balafre à cause du combat contre le seigneur Zandalari, ou de Doucaque qui ne pouvait plus marcher avant longtemps. Comme Kalterian, le plus à même de revenir auprès de Danessia directement, était également pas mal en point, Jordar et son frère acceptèrent d’aller porter le message en compagnie de Tecknin et Melor.
Le Temple se retrouva bien vite vidé après tous ces départs, des séparations furent effectuées bien à contre-coeur, comme dans le cas de Hoji et Senali, qui cependant se promirent de se retrouver vite en échangeant une douce étreinte (qui fit glousser Qwando, bien qu’Andyana le rappela à l’ordre d’un de ses puissants coup de pied sauté). Xa’na promit à tous qu’ils pourraient les retrouver s’ils le désiraient sur l’Île-Tonnerre. Elle indiqua en plus à Tyrathen qu’ils l’y attendraient pour qu’elle puisse remplir sa part de leur marché ; cela impliquait donc que le demi-elfe aie finalement une véritable occasion d’avoir un indice sur l’identité véritable de son père.
Cette nouvelle emplissait le jeune maître des runes de joie et d’espoir ; Estrana remarqua cependant que Seranis n’avait pas eu l’air très enchanté à cette nouvelle, ce qui l’étonnait pas mal vu qu’il était le protecteur affirmé de son ami, avec Ourani qui était son mentor sur le savoir basique des runes. Elle le mentionna à sa soeur, qui ne savait pas non plus ce que ça pouvait signifier.

Nocturana devait tout de même penser à autre chose à présent que toute cette histoire avec les trolls était achevée. Comme elle l’avait juré après avoir parlé avec Cielistrasza, il lui fallait retrouver Marthenon et parler sérieusement avec lui. Elle avait cependant peur de ce qui pourrait se passer. Cela ferait bien un an qu’ils ne se seraient plus parlés, après s’être quittés sur une note très amère lors de la destruction de Theramore.
Qui savait s’il avait tenté de l’oublier... Après les tourments qu’elle lui avait fait subir par son ignorance, elle le comprendrait. Mais elle se demandait comment est-ce qu’elle réagissait si elle voyait qu’une autre femme avait pris sa place. Elle ne sut pas quoi se répondre. Tout restait encore confus, d’où la nécessité de clarifier les choses avec lui.
Tandis qu’elle réfléchissait aux mille stratagèmes qu’elle emploierait pour l’attirer loin de ses camarades de la Horde le temps de pouvoir parler avec lui dans le calme, se repassant mille entretiens fictifs et idéals entre elle et lui après leur séparation, elle se trouva interrompue. Marlek réalisa un peu tard qu’elle était en pleine réflexions et demanda s’il devait la laisser, mais elle lui permit quand même de rester. Peut-être qu’il aurait des conseils à lui donner ?
- J’ai reçu un message d’Elaria, lui annonça-t-il. Elle est presque guérie et s’est mise en route vers le Temple pour nous voir. Je pense aller la trouver directement dans le campement de l’Alliance où elle va s’arrêter, les routes sont encore un peu dangereuses.
- Ah, acquiesça-t-elle avec un sourire, c’est une bonne nouvelle. J’imagine que vous allez vouloir passer quelques moments ensemble, après tout ce qui est arrivé ?
- Oui, mais il n’y a pas que moi qui soit aussi impatient de la retrouver et d’être avec elle... Kalterian n’a pas l’air de s’être rendu compte que je sais qu’il est fou de ma soeur, expliqua-t-il avec un sourire malicieux.
- J’imagine que c’est évident... sauf à moi, qui n’a jamais été très maligne là-dessus. À ce propos, j’aurais besoin de te parler de quelque chose.
Intrigué au départ, le moine écouta attentivement Nocturana lui parler de ces choses qu’elle avait récemment appris sur elle-même et Marthenon. Il ne fallut pas longtemps pour qu’il voie le problème que posait une nouvelle rencontre après un an et une séparation très violente ; cependant, peut-être bien que Cielistrasza avait raison en disant que sa partenaire pouvait avoir manqué un détail important venant du côté de l’elfe de sang. Quoi qu’il en soit, il lui fallait au moins qu’elle sache ce qui était vraiment arrivé.
- Pour être honnête, je ne sais pas s’il serait très coopératif quand vous vous retrouverez après la première fois ; si tu tiens vraiment à lui cependant et que tu souhaites vraiment tout régler, tu devrais essayer à plusieurs reprises et voir s’il y a un changement progressif. Néanmoins, je me demande si cette attitude autodestructrice n’indique pas qu’au contraire cela représenterait plus une chance de salut pour lui. Le désespoir peut mener les gens à devenir fous et commettre des choses terribles sur les autres et eux-même. Si je ne me trompe pas là-dessus, peut-être que le fait que tu te sois enfuie loin de lui après Theramore est ce qui le fait se sentir coupable et désespérer de jamais te retrouver.
- Je comprends. Je me demande tout de même s’il veut toujours me voir autant...
- Ce qui importe le plus pour le moment c’est toi. Est-ce que tu veux vraiment le revoir à nouveau ?
- Oui ! Tout est encore confus, mais que sais maintenant... je l’aimais. Je l’aimais vraiment, vraiment beaucoup et je n’ai pas pu le voir... Je l’ai blessé. Même si ça a changé, au moins je voudrais faire quelque chose pour réparer cela.
- Très bien, du coup il faut arrêter de s’enfuir et aller le retrouver. Souviens toi de ne jamais perdre ton calme sous aucune circonstance, trouve un équilibre et détermine ce qui est le mieux pour toi.

Comme toujours, discuter avec le moine lui permettait de rendre les choses un peu plus claires là où elle avait encore l’habitude de les embrouiller. Elle songea que si un jour il avait un apprenti, celui-ci serait bien l’un des plus chanceux de tous les moines novices.
- Merci Marlek, le remercia-t-elle en souriant. Je ne sais pas quand tu reviendras... ?
- Si je prends une monture rapide, peut-être dans deux jours. Tu seras encore ici ?
- Je ne sais pas. Avant de partir je vais probablement envoyer une lettre à Danessia afin de savoir où exactement est Marthenon, pour que je ne perde pas mon temps à courir dans tout le continent.
- C’est une bonne idée. Bien, on se retrouvera plus tard de toutes manières. Bonne chance.
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Laedera
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MessageSujet: Re: L'Ouragan de la Vengeance   L'Ouragan de la Vengeance EmptySam 26 Juil - 17:43

L'Ouragan de la Vengeance Screen47

- Marth, je pense que c’est assez.
Arkalea guetta vainement une réaction chez son camarade. L’elfe de sang continuait inlassablement à fixer la route en contrebas de la montage, certainement à l’affut d’une nouvelle proie provenant de l’Alliance sur laquelle tomber. Hélas, si seulement ses dernières agressions avaient au moins touché des soldats qui patrouillaient dans les environs pour les espionner soi-disant... Il s’en était fallu de peu la dernière fois pour qu’elle le convainque de ne pas s’élancer contre ce couple de nain qui partait vers le sud. Cela n’avait tenu qu’à un fil, cependant.
Elle le connaissait très bien à force, elle savait que si une part de lui avait accepté de les laisser filer insouciants de ce qui aurait pu leur tomber dessus, l’autre rugissait encore de colère et de frustration à la vue de ces deux amoureux aussi heureux ensemble. Si seulement il pouvait se rendre compte que tout n’était pas perdu pour lui avec la mort de cette elfe de la nuit... si seulement Marthenon se retournait et comprenait enfin qu’elle était là pour lui, n’attendant que sa reconnaissance. Mais non, il lui tournait le dos, il ne la regardait même plus.
Maintenant qu’ils étaient loin du grand champ de bataille dans les Étendues sauvages de Krasarang, elle avait songé que cela profiterait à son ami de ne plus avoir à combattre l’Alliance chaque jour, son état empirant au fil des jours tandis que de plus en plus d’ennemis voulaient sa tête à cause de ses victoires. Ils étaient encore parmi les rangs de la Horde, sous le commandement du Général Sangdrake, mais leur tâche dans ces montagnes était uniquement de s’assurer à ce que leurs ennemis ne créent pas un avant-poste dans Kun-Lai qui rivaliserait avec l’Avant-poste Garrosh’ar en plein développement.
Normalement, c’était une promenade de santé à côté de ce qu’ils avaient connu ces derniers mois. Cela aurait dû permettre à Marthenon de se reposer de tout ce sang et de voir ailleurs que dans le monde de la guerre dans lequel il était piégé depuis si longtemps. Hélas, là encore c’était un échec. Son état s’était empiré, il était encore plus belliqueux et destructeur qu’il ne l’avait jamais été et rien n’indiquait que ça allait se calmer.
L’orque ne cessait de repenser à la vision que lui avait envoyé l’esprit de son oncle dans son rêve... Elle était de plus en plus persuadée que ce qu’elle avait vu alors était bel et bien un avertissement de Drakgosh, car depuis qu’ils étaient engagés sous les ordres de Sangdrake les choses empiraient et Marthenon était au bord du gouffre. Elle avait déjà vu son nouveau chef après Nazgrim, avant de partir pour Kun-Lai. Malgré sa force de caractère et un certain charisme qui poussait ses soldats à la confiance, elle avait réussi à regarder plus loin, et ce qu’elle avait vu lui avait fait froid dans le dos.
Cet orc était dominateur, cruel, mais ce qui l’inquiétait aussi c’était cette dévotion absolue qu’il portait envers leur Chef de Guerre et ces idéologies qu’il professait inlassablement sans que personne n’émette d’opposition même quand elles semblaient bien trop folles. Leurs problèmes avaient commencé à cause de Garrosh Hurlenfer, et se trouver entre les mains d’un de ses partisans, surtout aussi dévoué, ne présageait rien de bon. Elle n’était vraiment plus assurée qu’il faille que Marthenon reste sous les ordres de cet orc, surtout pas en constatant les résultats que cela donnait jusqu’à présent.

- Est-ce que tu m’entends au moins ? reprit-elle en osant hausser le ton, comme son ami n’avait toujours pas manifesté de signe qu’il avait compris qu’elle était là.
Toujours pas de réponse. Elle réitéra sans plus de succès. L’état de Marthenon devenait effrayant à force, elle se demanda s’il ne s’était pas évanoui debout, surtout qu’il n’avait encore rien mangé. Arkalea approcha une main près de son épaule pour le secouer, mais fut surprise en plein geste quand l’elfe de sang repoussa son bras, sans même se retourner.
- Marth..., murmura-t-elle choquée. Pourquoi ? Parle-moi au moins, que je n’ai pas l’impression que tu es mort !
- Laisse-moi, marmonna-t-il.
Elle sentit son coeur se contracter d’angoisse en entendant ce timbre brisé, une voix douloureuse qui lui fit penser à celle des Chevaliers de la mort ou des réprouvés. L’envie de pleurer lui vint mais elle lutta courageusement pour ne pas avouer aussi vite sa défaite. Se voir rejetée ainsi par son ami la blessait, cependant elle n’allait pas l’abandonner ainsi !
- Écoute-moi, ça fait des heures que tu es ici, tu pourrais peut-être redescendre en bas.
- Non.
- Pourquoi pas ?
- Ce n’est rien... S’il te plaît, je préfère rester seul.
Qu’est-ce qui arrivait donc pour que tout à coup il refuse sa compagnie, même celle des autres soldats ? Arkalea ne comprenait rien, elle était morte d’inquiétude pour son ami qui refusait qu’elle tente de l’aider. Elle avait besoin d’aide, c’était une évidence qu’à elle toute seule elle ne pouvait rien faire. Une chance pour elle, leurs camarades avaient réussi à les suivre jusqu’ici, même si les officiers semblaient être attentifs à ce que leurs missions respectives les éloignent les uns des autres... Towenak trouvait ça louche, et elle était pas loin de penser comme lui à présent.
Elle vit heureusement que Nirsha était dans les parages pour s’occuper de leurs blessés, aidée par la jeune pandarène qui était arrivée avec Ralgark, qui lui enseignait le chamanisme tel que les orcs se le représentaient. Cependant, alors qu’il était celui en qui tous leurs espoirs étaient tournés, l’officier en charge de l’avant-poste s’était empressé de l’expédier aider une légion qui rencontrait de graves problèmes avec des shas, loin à l’ouest.
La taurène oracle étant très sage malgré son jeune âge, peut-être pourrait-elle la conseiller tant qu’elle était là. Arkalea prit cependant un moment pour observer l’horizon afin de s’assurer qu’il n’y avait pas de voyageurs en vue. Rien ne se profilait sur les routes, que des virevoltants isolés.
- Je vais aller voir Nirsha, dit-elle à Marthenon, je reviens ensuite et cette fois-ci j’aimerais que l’on parle sérieusement. D’accord ?


L’elfe de sang ne dit pas un mot. Il attendit qu’elle se soit finalement éloignée afin de laisser échapper un soupir, à moitié triste mais également soulagé. Ce n’était pas prudent de sa part de rester près de lui alors qu’il se sentait redevenir à nouveau instable et plein de rage qui ne demandait qu’à être lâchée sur quelque chose. Cela faisait des jours qu’il avait l’impression d’être devenu une bombe qui menaçait d’exploser à tout moment. Sa plus grande peur était que cela arrive sur ses derniers amis en vie et ses alliés de la Horde. Il se sentait coupable d’être aussi rude avec Arkalea, mais il n’avait pas d’autre choix pour qu’elle s’écarte de lui et reste en vie.
Marthenon n’était pas dupe, il avait bien compris quels étaient les sentiments de l’orque à son égard depuis très longtemps. Quelques mois après la mort de Nocturana il avait bien tenté d’aller dans leur sens. Cependant, aussi fort avait-il souhaité que l’amour sincère de sa camarade d’armes parvienne à soigner ses blessures s’il arrivait à lui répondre, il avait été désespéré de constater qu’il ne pouvait pas aller plus loin que de la voir comme une amie... une soeur.
Il se détestait de devenir exactement comme l’elfe de la nuit qui l’avait ainsi tourmenté pendant des années. Arkalea était une fille bien, elle ne méritait pas ce genre de traitement. Encore heureux, il avait pu remarqué lors de son passage avec la Main Brisée qu’un orc semblait la trouver à son goût... l’un des jumeaux, il ne savait plus lequel. Si quelque chose lui arrivait, ce Voleur serait là pour elle. Il priait seulement les dieux qui restaient pour que son coeur ait plus de discernement que le sien et puisse repérer l’orc amoureux au lieu de rester stupidement cramponné à un cadavre, comme c’était son cas.

Alors qu’il s’efforçait de rester tranquille à son poste malgré le flux amer qui l’enserrait, il sentit soudainement une présence à ses côtés. Un simple regard en biais lui permit d’identifier cet orc Gueule-de-Dragon issu de la Main Brisée qui servait d’espion au centurion en charge de la base. On l’appelait Molokh, tout simplement.
Il était très doué dans son travail en plus, nombre de fois certains soldats au courant de son passé, voire de son existence, se demandaient qu’est-ce qu’il faisait aussi loin de la guilde des Voleurs. Marthenon se demanda ce qu’il faisait ici, près de lui. Remarquait-il qu’il devenait dangereux, était-il là pour s’occuper de son cas loin des autres soldats ? Non, ça ne pouvait pas être ça. Il serait déjà mort sinon.
- Excellent travail de sentinelle, dit le Voleur. Pas étonnant que cette base soit sûre avec toi pour la garder.
Marthenon fut agacé que quelqu’un d’autre vienne à proximité de lui quand il ne voulait qu’être seul, préférant ne pas risquer de mettre en danger ses camarades et ses alliés à cause de son problème. Il ne répondit pas au compliment, ne jugeant pas cela nécessaire. À la place il espéra que l’orc parte tout de suite après avoir fait sa remarque. Cependant, il resta. Cela se voyait à la lueur dans ses yeux qu’il avait un objectif bien précis en tête.
- Tu as très bien servi la Horde depuis longtemps, continua-t-il, ton service a grandement aidé contre ces vermines de l’Alliance. Cependant j’ai ce net sentiment que tu freines ton potentiel en ce moment.
- Il y a moins de soldats de l’Alliance maintenant, moins d’ennemis... et plus de danger dans ce pays pour mal se comporter et risquer la sécurité de la base.
- Le danger ici n’est que pour ceux qui sont faibles. Tu es loin d’être faible... tu as le potentiel de devenir maître de ce pouvoir qui appelle depuis les profondeurs.

Comme un charmeur de serpents, les mots de l’orc réveillèrent en lui ces pulsions colériques et destructrices qu’il refusa pourtant de laisser s’échapper. Ce n’était pas loin pourtant, il avait bien envie de frapper le Voleur pour ce qu’il insinuait.
- Quoi ?! s’exclama l’elfe de sang en réponse, déjà furieux. N’essayez pas de me faire perdre tout contrôle sur cette rage, je n’ai pas envie de blesser mes alliés à cause de ça !
- Voilà pourquoi tu deviens faible, Marthenon Tranche-Marées. Ne l’as-tu jamais réalisé ? La colère, la violence à laquelle tu prends plaisir chaque fois qu’en ennemi tombe à tes pieds, cette haine qui te fais que tu te bats... tout cela est ce pourquoi tu as survécu à chaque fois sur le champ de bataille. C’est l’essence d’un guerrier de la Horde.
Pouvait-il vraiment être certain que cette rage du combat dans laquelle se jetaient les grunts était réellement la même que celle qui le prenait ? Il voyait où le Voleur voulait en venir et il n’aimait pas ça. Trop risqué, trop dangereux pour ce qui lui restait, pour ce pourquoi il se combattait.
- C’est à partir du moment où tu as décidé de restreindre cette force en toi que tu es devenu faible..., asséna sans sourciller l’orc.
Il avait raison, Marthenon le savait. Lorsqu’il avait perdu cette rage de combattre à Krasarang, il était devenu un fardeau pour Arkalea et ceux qui s’obstinaient à vouloir le garder en vie alors qu’il en avait assez, qu’il voulait juste en finir d’une façon à peu près digne avec ce monde qui l’écrasait petit à petit chaque moment de son existence.
- Rassembler des  informations est mon travail, et je sais ce qui t’as conduit jusqu’ici. Je sais ce qui traverse ton esprit en ce moment. Tu es perdu. Tu as quasiment perdu tout ce qui te semblait le plus important au monde. Tu ne peux pas créer de nouveaux liens...
- La ferme ! cria-t-il, à bout.

L’orc ricana, l’air amusé mais pas moqueur. L’elfe de sang était perturbé par ce que lui disait ce personnage, il savait tout et décrivait exactement ce à quoi il avait souvent pensé. Oui, il était perdu, il avait ce fort sentiment qu’il ne restait plus rien pour lui. Il avait amèrement constaté que son coeur refusait d’abandonner ce qu’il avait perdu pour aller vers ceux qui lui tendaient la main... comme Arkalea qui ne restait éternellement qu’une amie à ces yeux. Il la faisait souffrir ainsi, comme il avait souffert lui-même.
- Fuir l’inévitable est inutile. Marthenon Tranche-Marées, tu ne peux emprisonner ces émotions à l’intérieur de toi à jamais, un jour ils émergeront... Et qu’arrivera-t-il, si tu continues à prétendre pouvoir lutter ?
Il marqua une pause dramatique, dans laquelle le guerrier n’arriva même pas à tenter de répondre, de penser à le contredire d’une façon ou d’une autre même s’il savait qu’il cherchait sciemment à l’amener au bord d’un précipice où la chute risquait fortement d’être fatale. Il se sentait paralysé, impuissant en face de l’orc rusé qui reprit vite son discours.
- Si tu luttes, tu seras déchiré. La Horde perdra l’un de ses meilleurs guerriers ce jour-là...
- Et qu’est-ce que vous voulez que je fasse... ? finit par répondre Marthenon. Tout libérer, devenir l’un de ces monstres incapables de distinguer les ennemis des alliés ?
- C’est ce qui arriveras si tu refuses ce qui te constitues en réalité. Penses-y, guerrier. Songe à ce que tu peux gagner en acceptant ce pouvoir flamboyant qui appelle depuis ton coeur. Plus jamais de pertes, comme tu auras la force de protéger ce qui comptes pour toi, ce pourquoi tu te bats...
C’était tellement tentant, même si des doutes persistaient encore.
- Protéger la Horde... mes camarades ? murmura-t-il.
- Oui. Plus jamais tes camarades ne te verront comme un faible quand ce pouvoir deviendra le tien. Plus jamais tu ne porteras de fardeau en ayant le sentiment que le monde essaye de de broyer lentement et douloureusement. Prends ce pouvoir, et tu auras pris ta destinée en main...
- Comment ? demanda Marthenon, à présent encore plus attiré par les paroles du Voleur.
Un fin sourire carnassier vint dévoiler les dents du Gueule-de-Dragon en voyant l’intérêt grandissant de l’elfe de sang en sa proposition.
- Une occasion se présentera bientôt... Tu la verras vite, ainsi que l’ennemi à abattre. Le signe est subtil, mais je sais que tu le reconnaîtras tout de suite pour savoir qu’il faut frapper... finir le travail.
Marthenon voulut savoir de quoi il parlait, mais le Voleur disparut aussi subtilement qu’il était arrivé. Pensif, tremblant sous l’émotion, il se demanda si tout ça était vrai, s’il devait réellement libérer toute cette colère qui l’animait... c’était quitte ou double, comme il savait ce qui l’attendait s’il échouait.


Les jumeaux enfin réunis parcouraient le long chemin ascendant vers le Temple du Tigre Blanc depuis plusieurs heures, Marlek montant un tigre des montagnes agile et rapide, Elaria chevauchant son zhévra albino habituel, la monture de prédilection des membres du Concordat Argenté. Son éternel lynx des Chants Éternels avançait à pas rapides à côté des sabots solides du cheval. La route était tranquille, rien ne semblait venir les déranger dans leur traversée.
- Il nous reste combien de temps avant qu’on arrive ? demanda la chasseresse.
- À peu près une heure en suivant cette allure, lui répondit son frère. Kalterian doit être impatient de te revoir, ajouta-t-il avec un petit sourire malicieux.
- Oh..., fit-elle en rougissant légèrement. J’espère ! Son état se sera amélioré ?
Le haut-elfe avait pris des blessures inquiétantes à cause du combat précédent contre les Zandalaris, en plus d’avoir manqué de se noyer après avoir été assommé par l’un des débris du navire. Haruta l’avait heureusement repêché avant qu’il ne coule et ils avaient traité ses blessures sitôt que Ziadrin avait disparu sous l’eau - cette fois-ci, tout le monde espérait que la vipère se soit bien noyée en haute mer, loin de l’Île des Géants. Elaria avait été très bouleversée d’apprendre à quel point il avait eu mal, et espérait que cet accident ne laisse pas de séquelles. Marlek lui avait cependant assuré que le haut-elfe était exceptionnellement résistant et qu’il se remettrait vite, ce qui l’avait un peu apaisée.
Le moine lui parla un peu de ses camarades Pandashan qu’elle n’avait toujours pas rencontré pour la plupart, seulement Kuroshan pendant à peine quelques minutes lorsqu’ils s’étaient retrouvés dans le Val de l’Éternel Printemps avant de partir pour Dalaran - encore neutre à l’époque - pour commencer à chercher des informations sur Frader... cet homme immonde, dont elle ne s’était absolument jamais douté qu’il puisse être son père naturel. De toutes façons, elle restait ferme sur sa position : ses vrais parents étaient les hauts-elfes qui l’avaient adoptée et élevée comme leur fille, sans tenir compte de sa race. La chasseresse finit par remarquer quelque chose, qui l’inquiéta : un étendard de la Horde flottant dans un coin de montagne.
- Oui, il y a un campement de la Horde ici, lui répondit Marlek. Mais ce n’est pas notre problème tant qu’ils ne nous cherchent pas.
- Tch... Je souhaite que quelqu’un les expulse d’ici !
- Peut-être.
- Je me demande vraiment comment est-ce que tu peux rester aussi... détaché face à tout ce qui est en train de se passer. Même la première fois qu’on s’est rencontrés tu étais déjà comme ça, prêt à aller risquer ta vie pour sauver une orque démoniste que tu connaissais à peine.
Marlek songea que sa soeur était vraiment très attachée, elle, à l’Alliance et la Horde comme seuls facteurs régissant le monde et les peuples à l’heure actuelle.
- On va dire que je tiens ça de notre mère. Tu sais qu’elle arpentait toute les montagnes d’Alterac à la recherche de quelqu’un qui lui en dirait plus sur le chamanisme orc, même si la guerre venait juste de se terminer ?
- Hm... On dirait que je suis loin d’être aussi ouverte d’esprit qu’elle.
- Si tu ne restes qu’avec des gens qui ont juré de soutenir l’Alliance et ne font que combattre les races de la Horde, tout en faisant pareil, tu ne trouveras pas beaucoup d’occasions de rencontrer autre chose.
- C’est vrai. C’est bien pour cela que tu es ami avec des trolls, des orcs, et que tu es avec Naeria... quoique... Elle ressemble beaucoup moins à une elfe de sang ces derniers temps.
- Elfe de sang, haut elfe, ça m’importe peu. Elle est Naeria, c’est tout ce qui me suffit pour l’aimer.

Elaria acquiesça à nouveau. Ils virent enfin le temple se profiler à l’horizon, même si tout à coup le moine eut un mauvais pressentiment. Quelque chose ne tournait pas rond dans cet endroit. Il eut vite la confirmation de cette impression quand il entendit un cri, qui lui fit regarder dans la bonne direction, au bon moment. Un guerrier montant un loup brun et rouge énorme dévalait la pente à une vitesse fulgurante, arrivant bientôt à leur niveau.
Sentant l’urgence de la situation, il poussa son tigre à dépasser le cheval d’Elaria avant de se retourner et de bondir sur elle, l’attirant avec lui au sol juste avant que l’animal signature d’un guerrier de la Horde n’atteigne la monture de sa soeur, la faisant s’emballer et fuir comme il passait juste au-dessus en grondant. Marlek se redressa tout de suite après l'atterrissage malgré la douleur momentanée, aux aguets du prochain assaut. Le guerrier allait faire une nouvelle charge, cependant il fut interrompu par l’assaut inattendu du tigre du moine qui s’en prit au loup. Son cavalier abandonna sa monture, qui s’éloigna, incessamment poursuivi par le félin.
- Que... Qu’est-ce qui se passe?! s’exclama Elaria qui était encore sous le choc de la chute.
- Une embuscade... Est-ce qu’on était trop proches, ou... Non, on n’était pas à ce point-là, c’est une agression gratuite.
Pouvaient-ils raisonner un ennemi qui les attaquait sans raisons, le moine ne se sentait pas prêt de parier sur cette option. Peut-être en plus que cet opposant, qui se révéla être un elfe de sang d’une taille impressionnante (il fut frappé par sa chevelure rubis qui ressemblait à une flamme, ça lui rappela la description que Nocturana avait fait de son “meilleur ami”...), était influencé par des shas dangereux qui rôdaient dans la région. Il aurait préféré être plus proche du Temple, les moines auraient pu venir les aider dans ce cas-là.
L’elfe de sang commença sa première attaque, brandissant une grande hache qu’il mania avec dextérité, posant des problèmes à Marlek qui ne pouvait pas opposer une résistance égale à une arme aussi redoutable avec seulement ses deux sabres et ses mains. Heureusement, Sin l’aida comme il devait protéger sa maîtresse. Elaria finit par armer son arc et décocher plusieurs flèches enchantées sur leur ennemi quand elle fut remise de sa chute. Le guerrier était très endurant, mais pour le moment ils pensaient qu’ils avaient peut-être une chance.

Alors qu’ils avaient commencé des échanges effrénés d’attaque, ils furent brutalement interrompus par un projectile qui vint exploser entre Marlek et l’elfe, alors que leurs armes se trouvaient croisées. Tous les combattants furent brutalement repoussés en arrière, atterrissant sur une surface glacée qui se propagea sur leurs jambes ou même leurs bras s’ils étaient tombés dessus.
Maintenant que le combat était littéralement gelé dans l’action, Arkalea se téléporta à l’endroit même où elle avait jeté sa bombe de givre pour arrêter tant son camarade, qui était parti sans même prendre le temps de l’écouter sitôt qu’il avait vu cet insigne de Theramore ornant le brassard de la jeune humaine, et ces deux voyageurs qui visiblement n’avaient pas cherché à s’approcher de leur base. C’était bien la première fois qu’elle osait s’interposer directement dans un combat, mais ce qu’elle avait vu sur le visage de son ami l’avait convaincue qu’il était temps d’agir et non plus de trembler dans son coin. Il fallait qu’elle tente le tout pour le tout, sinon il était perdu !
- Marth, je ne peux en supporter plus ! s’écria-t-elle face à son camarade.
- Libère moi maintenant Arkalea, gronda l’elfe de sang. Je ne peux pas le garder enfoui en moi !
- Tu le pourrais, si seulement tu ne prenais pas part à cette stupide guerre !
- C’est ma seule raison de continuer à vivre, tu ne te souviens pas ?! J’ai juré à ton oncle que je combattrai pour défendre la Horde !
- Pas au prix de ta vie, Marthenon !

À présent que ce nom avait été répété deux fois, la première sous la forme diminutive, la seconde complètement, Marlek était décidément certain qu’ils étaient face au Marthenon dont Nocturana lui avait parlé. Dans la situation présente, il n’avait pas le sentiment que c’était vraiment un coup de chance de l’avoir rencontré aussi vite. Il était prêt à les tuer, la seule chose qui l’en empêchait pour le moment était l’orque mage et son attaque de givre. Elaria à ses côtés était tendue en réalisant que leur agresseur était celui qui causait autant de ravage dans Krasarang au nom de la Horde.
L’orque, ne prêtant aucune attention aux deux humains derrière elle, jugea encore un moment Marthenon qui tentait de se dégager du carcan de givre contre ses jambes pour continuer le combat. Il ne l’écouterait pas, et si elle ne faisait rien il n’arrêterait jamais sa charge dangereuse. Levant les bras au ciel, elle commença à incanter un sortilège qui commença à les englober tous les deux. Si elle ne pouvait pas convaincre son ami de s’éloigner du champ de bataille pour son bien, alors elle l’y forcerait. L’elfe de sang sentit ce qu’elle préparait, son expression afficha un air de sidération alors qu’il comprenait.
- Qu’est-ce que tu fais..., murmura-t-il.
- Je t’emmène aussi loin que je peux de cet enfer ! répondit-elle avec une résolution incroyablement ferme. Tu me remercieras plus tard.
- Je ne peux pas déserter !
- Tu n’as qu’à prendre ça comme un enlèvement si ça te dérange. Peu importe maintenant, je te prends avec moi jusqu’à ce que tu te calmes !
Marthenon fut stupéfait d’assister à ce qu’il prit pour une trahison de la part de son amie. La colère s’empara de lui alors qu’il lutta contre le sortilège qui l’immobilisait. Furieux d’être ainsi traité, il s’aveugla, prêt à tout pour ne pas être écarté de force de ce combat. L’elfe surprit l’orque en utilisant spontanément sur elle ses vieilles techniques de ponction de mana, interrompant son sort. Avant qu’elle n’ait le temps de se rétablir de la soudaine perte de mana, le guerrier avait déjà brisé la glace qui l’emprisonnait, fonçant sur elle en brandissant son arme, rugissant avec fureur.
- Non ! cria la mage, paniquée.
Incapable de s’enfuir ni de se protéger, elle ne put empêcher l’impact contre l’arme de son ami. La hache de Drakgosh, son oncle tant aimé. Hoquetant de stupeur et d’horreur, elle sentit le métal froid dans son ventre, le sang fuir de son ventre ouvert. Elle ne put retenir les larmes de peur et de chagrin quand elle réalisa qu’elle avait tout perdu. Elle avait échoué à protéger Marthenon de la perversité de la Horde de Garrosh, à l’en éloigner, malgré les avertissements de Drakgosh. Et elle allait mourir... Son esprit se débattit alors qu’il sombrait dans l’inconscience, ne parvenant plus à supporter la douleur atroce.

Les jumeaux étaient figés en assistant à ce spectacle cruel. Marthenon rejeta l’orque de son arme avant de se diriger vers eux sans ralentir. Sin courut pour gêner sa progression, tandis que Marlek utilisait son chi afin de faire éclater la glace autour de lui, avant d’aller aider sa soeur. Au milieu de sa tâche, il remarqua un détail chez l’elfe de sang qui lui fit froid dans le dos, comme celui-ci jetait au loin le lynx qui tituba, désorienté. Ses yeux étaient devenus noirs, dégageant une aura malsaine comme celle des shas.
- Par la Lumière..., murmura l’humaine avec stupeur. Il l’a tuée !
- Peut-être qu’elle vit encore... Elaria, écoute-moi attentivement. Je vais le retenir ici. Pendant ce temps, prends l’orque avec toi et fonce au Temple avec Jadecroc. Demande Maître Huoran des Pandashan et dit aux moines qu’il y a un problème sur la route, à cause des shas.
- Tu ne penses pas que... Mais... Tu vas peut-être mourir ! s’exclama-t-elle, paniquée.
- Il va devoir essayer s’il veut me tuer. Maintenant fonce, il n’y a pas de temps à perdre !
Elaria était complètement effarée par ce qu’il se passait, mais son frère insista et la proximité de l’elfe de sang l’encouragea encore plus à prendre la fuite. Alors qu’elle le contournait, le moine attaqua Marthenon comme il prenait pour cible sa soeur. La chasseresse, en accélérant aussi vite qu’elle le pouvait, parvint à atteindre Arkalea qui portait une blessure affreuse au ventre, sa peau verte était devenue incroyablement pâle. Elle pensa qu’elle devait être morte, mais quelques mouvements faibles et anormalement espacés au niveau des narines montrait qu’elle respirait toujours. S’il fallait la sauver, il fallait agir vite.
Marlek convertit son chi en sphères d’énergie pour déstabiliser l’elfe de sang, laissant à sa soeur le temps de prendre Arkalea inconsciente et Sin avec elle avant de s’enfuir sur son tigre Jadecroc. Il se sentit soulagé de les voir s’éloigner à une allure si rapide qu’ils disparurent bientôt à l’horizon, ainsi il n’y avait plus aucun danger de leur côté. En revanche, il ne pouvait pas en dire autant pour lui. Même s’il était évident que Marthenon reporterait sa fureur sur lui, il ne devait malgré tout pas chercher à le tuer.
Il était important qu’il vive, sinon Nocturana n’arriverait pas à se délivrer définitivement de toute cette souffrance qui l’affligeait depuis si longtemps. Il détestait voir des gens accablés par le monde qui peinaient à trouver le chemin le plus sûr pour eux, tout ce qu’il désirait en en rencontrant c’était de les guider vers un avenir meilleur.

Mettre le guerrier hors combat était un réel travail de titan, à cause de la composition de son armure. Elle était très solide, tout en lui permettant d’exécuter des frappes agiles et complexes, combinées à une hache orque très acérée que Marthenon maniait à la perfection. Marlek était obligé d’esquiver systématiquement chaque attaque, veillant à ce que le tranchant n’atteigne pas les parts qui n’étaient pas couvertes par son armure en cuir.
Au départ il pensa à découvrir un moyen pour l’assommer, au lieu de passer des heures à lui courir autour pour éviter d’être trop blessé au point que son chi guérisseur ne suffirait plus à lui permettre de réparer chaque coupure sanglante qu’il se prenait. Cependant, cela demandait énormément de précision. L’elfe de sang n’était pas comme ces trolls en kilt d’il y a quelques jours, contrairement à eux il avait une armure complète, un heaume qui couvrait son coup et empêchait un coup droit à la tempe en passant sous la garde. Il pouvait tenter de le faire trébucher, mais ses réflexes instinctifs lui permettaient de se rétablir sans heurter le sol quand bien même il frappait fort  pour le faire tomber en arrière.
Tant que son objectif restait de garder Marthenon en vie malgré le danger qu’il présentait pour sa vie, il n’avait pas énormément de coups à porter, contrairement à s’il s’agissait de n’importe quel ennemi anonyme. Il ne pouvait donc qu’esquiver continuellement, espérant qu’Elaria fasse vite. Pas moyen de déterminer combien de temps s’était écoulé depuis qu’elle et l’orque s’étaient enfuies, il ignorait s’il allait bientôt obtenir des renforts ou fatiguer avant cela. En face, l’elfe de sang semblait de plus en plus irrité de ne pas parvenir à l’atteindre, ce qui était également très mauvais.
- Est-ce que tu vas cesser de t’enfuir, humain ?! s’écria-t-il finalement dans un moment où ils s’arrêtèrent en se faisant face.
- Tu ne t’attends quand même pas à ce que je reste immobile pour me faire couper en deux ! répliqua Marlek. Je n’ai vraiment pas envie d’être blessé comme cette orque... Elle était ton amie, elle se souciait de toi, pourquoi l’avoir attaquée ainsi ?

L’elfe de sang réagit à ce rappel, son visage exprima son remord après avoir été complètement empreint de colère. Le moine sentit qu’il n’avait pas complètement succombé aux shas, tant qu’il était capable de ressentir de la peine pour son amie mortellement blessée. Cependant, soit il allait réaliser son erreur et perdre son agressivité dès cet instant, soit il allait réagir de façon encore plus agressive dans une montée de colère par rapport à lui-même... La seconde option s’avéra la bonne.
- Ça suffit !!! rugit Marthenon en chargeant, fou de rage.
Au lieu de s’enfuir, Marlek choisit de tenter quelque chose de très risqué pour arrêter l’elfe dans sa frénésie. Se mettant en posture de défense, il laissa Marthenon se rapprocher rapidement, ne se concentrant que sur son objectif : le manche de la hache. Alors que le guerrier portait son coup, il plongea en plein sous sa garde ouverte, donnant un coup brûlant sur l’une des mains de l’elfe de sang pour lui faire lâcher prise afin qu’il puisse s’emparer de l’arme acérée avant de s’éloigner suffisamment avec.
Marthenon l’observa avec la hache de Drakgosh en main, au départ sidéré, puis il fronça encore plus les sourcils, la fumée noire de ses yeux s’intensifia alors que cet acte l’enrageait. Le moine savait qu’il risquait cela en volant l’arme dont il se doutait de l’origine à cause de sa facture orque, aussi il devait faire très attention à ce qu’il ferait par la suite. Le guerrier n’attendit pas très longtemps avant de dégainer ses épées à une main et de lui hurler dessus de rage :
- LÂCHE CETTE HACHE, N’Y TOUCHE PAS AVEC TES SALES MAINS D’HUMAIN !
La violence du cri stupéfia un peu Marlek, mais il refusa de se laisser impressionner. Défiant l’elfe de sang qui était prêt à continuer le combat, il lança la réplique en espérant que ses déductions étaient justes ; cette réaction le confirmait jusqu’à présent.
- Et est-ce tu penses être devenu un porteur méritant de cette arme quand tu trahis tous les enseignements que t’a apporté son ancien propriétaire, le Maître-Lame ? lança-t-il.
Marthenon écarquilla les yeux, surpris par la réplique du moine et ce qu’il impliquait.
- Qu’est-ce que tu sais sur Drakgosh ?! s’exclama-t-il, incrédule. Tu ne l’as pas connu !
- Je le connais autant que Nocturana m’en a parlé.

Marlek vit l’elfe de sang se crisper, ses poings gantés fermement serrés sur ses épées qui frémirent légèrement. Il ne sembla pas se calmer à ce nom, loin de là, ce qui l’étonna légèrement.
- Quoi..., murmura-t-il. Comment... Comment oses-tu prononcer son nom ainsi ! l’invectiva-t-il avec colère.
- Pourquoi ? s’étonna le moine. Tu es en colère contre elle ?
- Elle est morte, imbécile !
- Hein ? Quoi ?
Il fut surprit de l’entendre dire cela avec autant de conviction et de certitude, après avoir parlé avec l’elfe de la nuit à peine quelques jours plus tôt.
- Je l’ai tuée ! lui répondit Marthenon, la voix tremblante sous le coup de l’émotion amère qui le traversa. Je l’ai laissée dans Theramore, je l’ai abandonnée là-bas en croyant qu’elle s’en tirerait ! Nous étions en train de perdre... Mais j’avais tort ! J’aurais dû le savoir... J’aurais dû... C’est de votre faute à tous !
- Bon sang..., murmura Marlek en comprenant ce que cela signifiait. Mais tu n’as jamais cherché à savoir si elle avait survécu à ça ?!
- Qui aurait pu survivre à cette horreur ? Même Jaina Portvaillant ne s’en est pas tirée indemne... Tu es de l’Alliance, cela tu ne dois pas l’ignorer !
Cela expliquait tout, invalidait les peurs qu’avait porté Nocturana pendant tout ce temps, nourries par l’atmosphère rancunière et haineuse des citoyens de l’Alliance qui étaient persuadés que la Horde entière devait porter la responsabilité du massacre. Marthenon avait réellement ignoré ce qui allait se tramer, comme tant d’autres, et l’avait quittée en confiance sans savoir qu’une bombe de mana allait tout détruire sans laisser de survivants, quelques rares chanceux à s’être enfuis à temps... il avait cru que la femme qu’il aimait était morte par sa faute, et ça l’avait déchiré, transformé en tueur en série au service de la Horde.

Marlek se demanda pourquoi, cependant, vu que Garrosh Hurlenfer était responsable de l’explosion. Cependant, l’allégeance de l’elfe de sang à cette Horde qui avait prétendument tué sa bien-aimée importait peu pour le moment. Il fallait qu’il lui dise ce qui était arrivé en réalité, qu’il existait toujours de l’espoir pour lui ainsi que Nocturana.
- Tu as tout faux, dit-il calmement. Déjà, je ne suis pas de l’Alliance, mais ce n’est pas important. Nocturana a survécu, grâce à Tecknin. C’est le gnome que tu avais épargné, alors qu’il était sur le point d’achever l’un de tes camarades. En faisant cela, il a pu téléporter Noc loin de l’explosion de la bombe de mana juste à temps, au risque de sa vie.
- Non..., murmura Marthenon, visiblement stupéfait par cette révélation.
- Nocturana est vivante. Elle est perturbée, et très inquiète à ton sujet. Elle est en ce moment partie à ta recherche. Peut-être même qu’elle n’a toujours pas quitté l’endroit où nous allions et que tu peux l’y rencontrer. Vous devez parler tous les deux, sinon rien ne s’arrangera !
Le guerrier ne réagit cependant pas, toujours choqué d’apprendre que la gemme qu’il aimait et avait crue morte par sa faute était en faite vivante pendant tout ce temps où il avait voulu mourir pour la rejoindre. Il eut du mal à ressentir quoi que ce soit de précis sur le coup où Marlek le lui apprit, incapable de réaliser ce qu’il entendait. Il était partagé entre le soulagement... et la colère.
- Elle était vivante... Elle était vivante, et elle n’a même pas cherché à me le faire savoir ?! s’écria-t-il brusquement.
- Oh... Du calme, et écoute...
- Comment veux-tu tu que je me calme comme ça ?! fit-il avec une voix étrange, presque caverneuse. Est-ce que tu sais seulement combien j’ai souffert à cause d’elle ?! J’ai voulu mourir à cause de cette pensée qu’elle était morte par ma faute ! Je ne pouvais pas cependant, j’étais perdu... Et elle était en vie pendant tout ce temps ?! Elle... Je... Je ne sais même pas... !
- Non... Ne laisse pas la colère te submerger Marthenon, pas maintenant !


Il fallait qu’il le convainque qu’il devait le suivre s’il voulait s’en sortir après tout l’enfer qu’il avait connu, que cette colère qui l’envahissait allait le détruire plus qu’autre chose. Même si Nocturana n’avait pas été très maligne par rapport aux sentiments qui les liaient pendant toutes ces années, cela allait enfin changer, il avait sa chance. Marlek se rapprocha prudemment de l’elfe de sang, espérant qu’il y ait moyen pour chasser le chi négatif des shas de là où il était, tant qu’il était encore confus.
Alors qu’il avait à peine fait un pas, une douleur perçante à l’épaule le fit s’arrêter en plein mouvement, manquant de trébucher. Surpris par le choc soudain et peinant tout à coup à rester éveillé et concentré, il chercha à comprendre ce qui se passait, touchant le point de l’impact qui commençait à s’engourdir, la sensation se répandant partout autour. Ses doigts rencontrèrent finalement le problème, ce qui l’angoissa : un fin carreau d’arbalète y était planté.
Tout devint de plus en plus flou à une allure tellement rapide que c’en était angoissant. Il comprit tout juste qu’on l’avait empoisonné avant que le monde ne commence à sombrer malgré ses efforts pour lutter. Plus moyen de se repérer, de savoir ce qui était autour de lui à le menacer ou non. Tout bascula, et il perdit connaissance.

Marthenon vit cet humain qui lui avait tenu tête pour lui apprendre la survie de Nocturana s’effondrer soudainement sans, un carreau d’arbalète dans l’épaule. Perplexe, il chercha des yeux le responsable avant que celui-ci ne sorte de l’ombre. Molokh des Gueules-de-Dragon, celui-là même qui l’avait envoyé attaquer le moine et l’humaine de Theramore. L’orc noir affichait un air contrarié et méprisant quand il s’assurait que sa victime soit bien inconsciente.
- Quel humain énervant..., marmonna-t-il en tirant une dague courbe de sa ceinture. Encore un élève de ces faiblards de pandarens j’imagine, s’il n’appartient pas à l’Alliance.
- Ne le tue pas ! s’écria l’elfe de sang en lui serrant le poignet alors qu’il allait le tuer sur place.
- Qu’est-ce que c’est, de la pitié ?
L’orc jugea l’elfe de sang avec un oeil perçant, attentif à tout signe indiquant quels changements le pouvoir des shas avait apporté chez lui.
- Il sait..., murmura Marthenon. Où elle se trouve...
- Ah, cette elfe de la nuit qui t’as fait tant d’effet n’est-ce pas ? Apparemment, elle est bel et bien en vie. Je me doutais que ces renseignements récents avec son nom ne pouvaient pas être tous falsifiés et incohérents.
- Vous saviez aussi...
- Oui, et pourquoi te l’aurait-on dit ? Afin que tu coures dans ses bras pour devenir une fois de plus malheureux ? Les femmes ne changent pas quand elles sont faibles ou cruelles, et aucun de vous ne pourriez sérieusement songer à vous trouver ensemble quand son peuple est voué à être exterminé par la Horde ! Elle le sait, puisqu’elle est revenu avec les Sentinelles avant de s’enfuir encore pour une destination inconnue.
- Qu’est-ce que je devrais... La tuer ?
Le guerrier se surprit en réalisant que c’était lui qui venait d’émettre à voix haute cette idée, même s’il avait quand même l’impression qu’il voulait vraiment le faire. Il était furieux de savoir qu’elle l’avait maintenu dans l’ignorance de sa survie pendant si longtemps, mais devait-il vraiment en venir à là... cependant, quelque chose qui semblait venir directement de ses pensées allait dans ce sens. Il sentait la colère, l’envie de lui faire payer pour tant de souffrance progresser jusqu’à son coeur, lentement, insidieusement...
- Oui..., répondit Molokh avec sa voix calme. Oui, elle doit mourir, guerrier. Détruis cette illusion que tu as aimé, libère toute la haine que tu as contre elle. Brise tous ces liens inutiles, car tu appartiens au Chef de Guerre à présent ! Quand à l’humain, c’est un bon choix. Prenons le, il nous mènera à elle.


Jadecroc attendit d’avoir traversé l’enceinte du Temple jusqu’au premier moine du Tigre Blanc avant de s’effondrer su lui-même, fatigué par sa course effrénée. Elaria remercia en pensée le tigre tandis qu’elle descendait tout en continuant à porter l’orque agonisante contre elle. Elle était dans un état critique après avoir perdu autant de sang en chemin, qui avait taché son armure de maille et sa chemise en-dessus.
Les moines accoururent, intrigués par ce qui arrivait. Beaucoup s’étonnèrent de voir une humaine porter seule une orque blessée, mais quand Elaria leur parla de shas, ils comprirent à quel point la situation était encore plus grave qu’ils ne l’auraient imaginé. Un pandaren rapide alla chercher Huoran tandis que les autres escortaient les deux femmes jusqu’au bâtiment des Tisse-Brumes. Alors qu’ils étaient arrivés, le vieux moine et son fils guerrier accoururent rejoindre la soeur de Marlek.
- On nous a parlé d’un problème avec les shas, que s’est-il passé ? demanda le moine, inquiet.
- Mon frère..., haleta la chasseresse. Marlek...
- Marlek ?! s’exclama Kuroshan. Qu’est-ce qui lui est arrivé ?
- On a été attaqué par un elfe de sang... Il est resté derrière... S’il vous plaît, aidez-le !
Le guerrier pandaren hocha la tête avant de se précipiter sur le champ avec d’autres moines pour chercher des montures et se rendre sur le lieu que leur indiqua la chasseresse. Celle-ci continua son chemin vers l’infirmerie, où les Tisse-Brume arrivèrent pour sauver la vie de l’orque, assistés par la petite amie de Marlek ; beaucoup grimacèrent en constatant la sévérité de la blessure, qui impliquait énormément d’efforts s’ils voulaient avoir une chance qu’elle échappe à la mort.
Elaria était tellement affligée par l’angoisse et la fatigue qu’elle ne pouvait rien faire d’autre que rester dans un coin, priant la Lumière que son frère jumeau soit sain et sauf, surtout avec la Horde à proximité ! Elle fut vite rejointe par les camarades de Marlek qui voulurent savoir ce qui était arrivé, mais aussi Nocturana et sa dragonne ; elles n’avaient donc pas encore quitté les lieux. La chasseresse voulut interroger l’humaine, avant de remarquer la blessée dont s’occupaient les pandarens.
- Par la Lune ! s’exclama-t-elle. C’est la camarade de Marthenon ?
- Oui..., marmonna Elaria. Il nous a attaqués.

Nocturana était sidérée d’entendre cela. Elle voulut aller chercher elle aussi une monture pour aider son ami et ramener l’elfe de sang à la raison, quand un cri attira son attention. Arkalea avait été réveillée en plein milieu de son opération alors que Naeria s’occupait de la tâche délicate de prendre ses organes endommagés à la main pour les réparer directement, ce qui la faisait paniquer et s’agiter quand elle émergea pour assister à cela aux premières loges. Un pandaren la renvoya dans l’inconscience avec son propre chi, mais l’orque eut quand même le temps d’échanger un regard surpris avec l’elfe de la nuit qui se tenait non loin.
Même si elle ne l’avait vue qu’une fois, la mage se souvenait très bien de cette femme qui avait continué à déchirer le coeur de son camarade même dans la mort... du moins comme elle le croyait, ou alors elle-même était morte. Cependant, avant de sombrer à nouveau dans les ténèbres elle murmura des propos amers vers l’elfe de la nuit, qui comprit à peine :
- Vivante... Tu l’as... Maudite... maudite....
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MessageSujet: Re: L'Ouragan de la Vengeance   L'Ouragan de la Vengeance EmptySam 2 Aoû - 19:02

L'Ouragan de la Vengeance Screen48

Le loup et les raptors de Ralgark et Towenak commencèrent à s’agiter dès qu’ils arrivèrent à proximité de la base orque, ce qui donnait un mauvais pressentiment aux voyageurs. Déjà, jamais rien de bon ne se passait à l’avant-poste Garrosh’ar, quand ils y revenaient c’était généralement pour apprendre de mauvaises nouvelles. Quand ils entrèrent dans la passe étroite, ils virent des sentinelles les observer avec un air sombre. Comme toujours, rien ne leur donnait l’impression qu’on avait vraiment envie de les voir dans les parages avant qu’ils ne retrouvent leurs amis, si seulement ils n’avaient pas été envoyés dans une mission entre-temps.
- Ça sent les embrouilles ici, marmonna Towenak entre ses défenses.
- Je le sens aussi. Une atmosphère pesante... Mais au moins, rien ici ne peut être pire que dans ces ruines. Ces gens ne vont pas nous sauter dessus sans raison, comme ceux qui ont succombé aux shas.
En progressant plus en avant, leur pressentiment que quelque chose de perturbant était arrivé quand ils virent leurs camarades rassemblés, en train de discuter vivement avec des airs alarmés. Ralgark haussa l’un de ses sourcils gris en voyant Shaorinn, cette jeune pandarène rousse de l’Île Vagabonde qui était récemment devenue son apprentie au Cercle Terrestre, avec une figure aussi animée et émotive dans cette discussion. D’habitude, elle écoutait en silence lorsque des discussions animées avaient lieu avec les amis de l’orc, posant de temps en temps des questions ; elle ne connaissait pas encore très bien le groupe, donc participait moins.
Ici, elle avait visiblement un motif d’être autant agitée que les autres. Ils virent de quoi il s’agissait lorsqu’elle fit un geste au loin, désignant un prisonnier. Un humain aux cheveux de feu, qui avait un bandage à l’épaule. Ralgark songea au début qu’il devait appartenir à l’Alliance, cependant rien ne semblait le confirmer à première vue. Son élève le connaissait-elle pour être à ce point bouleversée qu’on l’ait enchaîné au fond du campement ?

Quand ils arrivèrent vers eux, les deux taurens, le druide de la Griffe et l’oracle, ainsi que Shaorinn, affichèrent sans retenue leur satisfaction de voir l’orc âgé et son camarade troll. Ils étaient cependant plus soulagés parce qu’ils espéraient d’eux qu’ils puissent les aider dans ces moments très difficiles, même si les voir revenir en vie d’une mission dangereuse les rassurait.
- Content de vous revoir les gars, les salua Onashen. Nous avons vraiment besoin de vous ici.
- Maître Ralgark ! s’exclama Shaorinn dès qu’elle vit l’orc arriver. Le centurion a fait une grave erreur ! Je connais cet humain, c’est l’élève de mon oncle Hoji ! Il ne peut pas être un espion de l’Alliance comme le prétend cet affreux Gueule-de-Dragon !
- Woah, du calme les mecs ! fit Towenak, impressionné par cette agitation. Il s’est passé quoi ici ?
- Beaucoup de choses, répondit le druide. Marth a attaqué deux humains, dont on dit qu’ils étaient des espions bien que Shaorinn dit le contraire... et Arkalea a disparu.
Le chaman se figea en entendant cela, ses yeux gris s’agrandirent sous le choc. La nièce de son meilleur ami, qu’il avait juré de protéger en même temps que Marthenon après la mort de Drakgosh, disparue ? Il avait pressenti que de mauvaises nouvelles l’attendaient, mais il aurait tout préféré à une annonce de ce genre.
- J’aurais dû aller avec elle quand elle a dit qu’elle allait passer à l’action pour Marth..., murmura Nirsha qui était chagrinée par cette situation. J’avais vu que quelque chose de mauvais allait arriver, et si jamais elle était blessée... !
- Arkalea a disparu..., répéta Ralgark. Comment ? Et Marthenon, comment va-t-il ?
- On ne sait pas où elle est, lui répondit Onashen qui tentait encore de réconforter sa jeune amie. Molokh dit que la camarade de l’humain l’a enlevée.
Shaorinn réagit avec véhémence à ces propos. Même si elle savait qu’Onashen ne croyait pas en la version officielle qu’on leur donnait, son sang frémissait d’indignation quand elle entendait ces accusations contre un ami qui en plus importait énormément auprès de son oncle adoré.
- Molokh est un menteur alors !
- Du calme Shao, dit Ralgark qui essaya d’appliquer à lui-même cette intimation. Et qu’est-ce que Marth a dit sur tout cela ? Où est-il ?
- Il n’y a plus aucun moyen de le voir maintenant, soupira Nirsha. Mais maintenant, ce n’est pas seulement parce qu’il nous évite, tu imagines qu’après ça il voudrait essayer de la retrouver avec nous... Le centurion Rokhal lui-même le garde à l’écart de nous et de tous les soldats.

Décidément, aujourd’hui était le jour où tout devait empirer pour eux. Ses deux protégés étaient hors d’atteinte et plus que jamais en danger. Et pourquoi exactement est-ce que ces kor’krons prêtaient tellement d’attention au disciple de Drakgosh ? Un elfe de sang, un champion de la Horde... un homme brisé et rongé par le désespoir et la colère depuis la mort de la chasseresse kal’dorei. Ralgark préférerait se tromper, mais jusqu’à présent tout indiquait que le Général Sangdrake avait envoyé Marthenon dans les montagnes de Kun-Lai, non pour s’occuper d’une menace mineure que présentait l’Alliance, mais bien pour qu’il serve cette obsession absurde de s’approprier le pouvoir des shas.
Le vieux chaman se sentait frémir de rage comme jamais auparavant à cette idée que ceux de son peuple voulaient réitérer les mêmes erreurs du passé, une fois encore volontairement. Comme lui des décennies plus tôt, il avait décidé de goûter au sang du démon pour être plus fort et écraser leurs ennemis... les draeneis, soi-disant, ces immigrés de l’espace après les cieux qui restaient dans leur coin, à l’abri dans leurs structures brillantes qu’ils avaient bâties jusque sur les terres ancestrales du Clan Ombrelune, son ancien clan. Ralgark avait utilisé de viles magies contraires aux enseignements des anciens pour les massacrer jusqu’au dernier, alors qu’en vérité ce peuple ne cherchait aucun mal. Ils ne faisaient rien d’autre que se cacher des démons qui avaient réduit en esclavage les siens pendant tout ce temps.
Les orcs avaient échoué et refusé de comprendre ceux avec qui ils partageaient leur monde, malgré le peu d’efforts fournis de la part de ces derniers, et il suffisait de voir l’état dans lequel ils avaient amené Draenor pour savoir à quel point ils avaient commis une grave erreur. Voir les nouvelles générations sur le point de répéter les mêmes erreurs que lui, Drakgosh et son frère, et tant d’autres jeunes orcs de l’époque avaient commises le replissait d’amertume et de colère. Il ferait tout pour que ses amis et ses jeunes protégés restent saufs, même s’il devait se sacrifier pour cela.
- Je vais aller voir Rokhal, dit-il avec résolution. Il a intérêt à écouter les demandes d’un ancien, sinon... Nous allons devoir utiliser nos propres protocoles pour arriver jusqu’à Marthenon.


Rejoint par ses quatre camarades, Ralgark acheva sa marche jusqu’au siège de commandement de l’avant-poste, situé sur le promontoire. Le centurion Rokhal les avait observés pendant tout ce temps, ses poings appuyés sur une table couverte de missives codées et de vieux parchemins. Ce fier mag’har cacha à peine sa dissatisfaction de voir Onashen, Nirsha et Shaorinn accompagner l’orc et le troll. Il comprit immédiatement qu’il avait en face de lui une manifestation de contestation par rapport aux ordres qu’il avait donné, qui lui furent transmis de son supérieur direct à Krasarang.
Le groupe s’arrêta en face du bureau, laissant Ralgark et Towenak passer en avant pour faire face au commanditaire de leur précédente mission. Le centurion les salua formellement au lieu de faire remarquer la présence des taurens et de la pandarène avec eux. Un geste de prudence, face à tant de visages en colère.
- Vous revoilà tous les deux... Dans quel état est la patrouille ?
- La moitié est sauve, le reste a vu ses esprits anéantis par les shas, répondit Ralgark avec un ton ferme et sévère. Nous avons été obligés de les tuer, sinon ils auraient exterminé leurs camarades. Un conseil en passant, vous devriez vous garder d’envoyer quiconque jouer les plus forts à ouvrir des artéfacts remplis de ces aberrations. Ou alors vous vous fichez de garder cette base dans le but d’élaborer un avant-poste conséquent au nom du Chef de Guerre. Maintenant il y a quelques questions auxquelles il serait dans votre intérêt que vous me répondiez. Premièrement, où est Arkalea Lame de Givre ?
Un vague sourire de malaise s’afficha sur la figure de l’orc, qui avait légèrement reculé quand le visage furieux du chaman s’était trouvé juste en face du sien. Il était pas mal intimidé par Ralgark, qui était résolu à ne rien lâcher ; cependant il était évident qu’un centurion kor’kron n’allait pas non plus se laisser faire, pas même par un ancien.
- À propos de cela..., dit-il en essayant de regagner un peu d’assurance. Je pensais que vous et le troll pourriez aller à sa recherche...
- Pas avant de savoir exactement ce qui est arrivé, et que mes autres questions trouveront leur réponse.
Le centurion resta un moment stupéfait face à cette opposition de la part du chaman. Finalement, il poussa un soupir agacé et accéda à sa requête, visiblement à contrecoeur.
- Marthenon a repéré deux espions de l’Alliance, récita-t-il, et les a attaqué avec Arkalea. Mais l’un d’eux, une femme, s’est échappée avec elle...
- C’est un mensonge ! s’exclama Shaorinn, furieuse. Je connais cet humain, il ne travaille pas pour l’Alliance, il ne viendrait pas vous espionner !
- Les humains peuvent être de très bon menteurs, jeune pandarène..., marmonna Rokhal.
- Tout comme certains orcs, répliqua vivement Onashen.

La pique du druide fit mouche, et le silence s’installa pendant quelques instants tandis que l’atmosphère devenait de plus en plus tendue autour de la table. Les cinq soutinrent sans ciller les regards furibonds de l’orc brun, qui n’appréciait pas du tout de se faire défier par le groupe.
- Vous n’allez vraiment pas lâcher l’affaire, n’est-ce pas ? grogna-t-il.
- J’ai juré à mon ami, Drakgosh Lame-de-Givre, que je m’occuperais de deux personnes en particulier. Sa nièce, Arkalea, que je viens d’apprendre disparue et sans aucun moyen de savoir si elle est blessée ou même en vie. Avec elle, j’ai promis de veiller sur son disciple, qu’il considérait comme son fils. Marthenon Tranche-Marée... celui que vous vous acharnez à maintenir loin de moi quand il a besoin d’aide. Vous et vos hommes semblent bien veiller à ce que je manque à une promesse que j’ai faite à un orc valeureux dans ses derniers instants, alors non, je ne lâcherai pas l’affaire, centurion.
Rokhal se mordit la lèvre face à l’air accusateur de Ralgark qui ne le quittait pas des yeux. Il ne riait pas, et il était prêt à faire tout ce qu’il faudrait, même en-dehors des lois de la Horde, pour accomplir ce dernier serment à son meilleur ami.
- Il y a des raisons logiques pour lesquelles vous ne pouvez pas voir l’elfe de sang maintenant, grommela le centurion.
- Je suis son gardien par le testament d’un Maître-Lame honorable, répliqua Ralgark sans fléchir.
- Un Maître-Lame qui a déserté..., marmonna le mag’har qui était de moins en moins certain de pouvoir inverser les situations.
- Drakgosh n’a déserté aucune guerre, rectifia calmement Nirsha qui reprenait peu à peu de l’assurance, inspirée par la force de caractère de Ralgark. Il n’était même pas un soldat de la Horde.
- Je vous préviens, continua le chaman en accentuant sur le ton de la menace. Si quelque chose arrive à Marthenon et Arkalea par votre faute, j’espère que vous vous montrerez aussi bon pour me demander des excuses que pour me mentir !
Cette fois-ci leurs positions par rapport au début de l’entretient s’étaient complètement inversées. C’était Ralgark qui dominait l’orc et avait les poings fermement posés sur les parchemins pour mieux appuyer son regard, tandis que le centurion avait reculé de son propre bureau, maîtrisant  à peine ses tremblements d’indignation et d’angoisse.


- Et bien, si ce ne sont pas des menaces ! lança une voix sarcastique sur leur côté. Je crois que les nomades dans votre genre ont un peu trop la grosse tête à force de travailler sur plusieurs fronts, vous ne devriez pas oublier que les hiérarchies ne sont pas à traiter légèrement... surtout pas dans la Horde.
Ils se retournèrent, découvrant un orc à peau noire portant une armure de Voleur qui les défiait avec un regard perçant. Même s’il était relativement plus petit et fluet que ceux de sa race, il ne donnait pas l’impression d’être faible pour autant. Au contraire, son air rusé et sournois associé à sa tenue montrait qu’à la moindre erreur, ses dagues pouvaient se retrouver plantées dans la gorge. Ralgark ne l’avait pas tellement vu auparavant, comme on ne cessait de l’envoyer à l’autre bout de Kun-Lai, mais en remarquant des tatouages caractéristiques sur les bras et sur le cou, il comprit qui était l’orc ainsi que sa nature, qui l’emplit de dégoût.
- Vous devez être Molokh, remarqua-t-il sombrement. Un Gueule-de-Dragon, en effet...
- Mon clan ne vient pas de rejoindre la Horde, vous devriez le savoir frère orc. Les miens et moi-même sommes loyaux à nos vraies racines. Contrairement à d’autres...
Le Gueule-de-Dragon lança un regard provocateur vers Shaorinn, qui montra les crocs, excédée que Molokh la regarde incessamment de cette façon. Ce n’était pas que pour elle, et elle avait vite compris le motif derrière cette attitude. Le Voleur détestait les pandarens. Il méprisait ouvertement tous ceux qu’il voyait, et très spécialement les Huojin qui avaient été intégrés dans l’armée, ainsi que les fermiers de Kun Lai ayant cherché refuge auprès de la Horde après avoir été chassés de leurs terres par les yaungols.
- Chaman, chasseur, pourquoi n’allez vous pas chercher votre jeune protégée au lieu de vous lancer dans une dispute sans intérêt avec l’officier en charge de ce campement ? Préféreriez-vous que je m’occupe d’elle pendant qu’on vous mettra aux fers avec cet espion humain pour mutinerie... ?

Suivant ses paroles, le centurion Rokhal sembla reprendre de la consistance, affichant à nouveau un air autoritaire. Beaucoup étaient presque stupéfaits de voir comment est-ce que ce Gueule-de-Dragon, qui était quand même fort jeune, avait réussi à leur faire perdre l’avantage avec ses paroles prononcées calmement et sans émotion pour troubler son discours. La figure d’un serpent rusé et sinueux s’imprima dans leurs esprits après cette démonstration de force charismatique.
Les dernières paroles de Molokh n’étaient pas non plus faites pour rassurer. Les kor’krons voulaient à tout prix garder un contrôle absolu sur Marthenon, en l’isolant de ceux qui voulaient que son état s’améliore pour lui seul, pas pour en faire un sujet d’expérience de la Horde. Ils ne souhaitaient pas les avoir dans les parages, et s’ils avaient un prétexte pour les mettre hors-circuit par un acte de rébellion, ils n’allaient pas s’en priver... D’autant plus que Ralgark avait un mauvais pressentiment vu que le Voleur avait parlé de “s’occuper” d’Arkalea. Pas de la secourir, la ramener. Il venait de parler d’elle comme une cible, un élément gênant dont il fallait se débarrasser. Pas question de laisser un Gueule-de-Dragon pareil aller sur ses traces.
Reconnaissant leur défaite, les cinq s’inclinèrent avec réticence avant de s’éloigner. Ils allaient donc faire comme ils avaient dit, s’ils échouaient à obtenir ce qu’ils cherchaient auprès du centurion. Cependant, à peine eurent-ils fait quelques pas que le Voleur les interpella à nouveau :
- Oh, et seuls l’orc et le troll vont y aller bien sûr. Les deux taurens et la pandarène restent. Ce n’est pas négociable.
Ralgark et Towenak regardèrent leurs camarades, surpris autant que ceux-ci par cette décision. Si les kor’krons tenaient vraiment à se débarrasser d’eux, pourquoi vouloir garder Onashen, Nirsha et Shaorinn dans leur campement ?

Furieux, le coeur plein d'amertume ainsi que leurs esprits remplis de promesses de vengeance contre cet orc, ils s’éloignèrent encore un peu avant de prendre le temps de discuter entre eux. Onashen était furieux qu’ils se soient fait traiter comme de la saleté par Molokh, encore plus qu’ils n’aient porté aucun respect à Ralgark malgré le fait qu’il était leur ainé. Le troll trouvait cependant qu’ils avaient plutôt été considérés comme une menace par les orcs, plutôt que de simples déchets insignifiants.
- Cela n’importe plus à présent..., soupira le chaman. Maintenant j’ai compris, nous allons devoir agir par nos propres moyens. Shao, Onashen, Nirsha, faîtes attention à vous comme vous êtes obligés de rester ici. Nous vous contacterons dès que nous aurons trouvé Arkalea, afin de faire sortir Marth d’ici... Oh, et je m’assurerai à ce que l’humain puisse s’en sortir aussi, ajouta-t-il à l’intention de la pandarène, alors reste à ses côtés.
- Merci maître ! s’exclama la jeune chamane avec des yeux brillant d’espoir.
- Mais pourquoi nous séparent-ils donc ? murmura Nirsha qui était perplexe. S’il faut retrouver Arka efficacement, à nous cinq cela serait mieux et en plus ils ne nous auraient plus dans les pattes... du moins ils le penseraient.
- Ils veulent nous buter, lança Towenak.
L’assurance du troll sur la question les surprit un peu, certains haussèrent les sourcils de surprise. Il ne se démonta cependant pas, caressant la tête de son raptor pendant qu’il leur expliquait son point de vue, ainsi que son ressentiment.
- Ils savent qu’on va pas les lâcher, et s’ils veulent éviter ça il faut qu’ils nous séparent pour s’occuper de nous... Pensez peut-être que je suis parano, mais quand mon chef de tribu s’est fait attaquer par des sagouins comme eux, on peut pas baisser sa garde.

Le rappel de ce qui était arrivé à Vol’jin, dont le destin était plus qu’incertain pour le moment avec seulement quelques rumeurs affirmant qu’il était bel et bien en vie, leur fit revenir des souvenirs bien sombres. Ils se souvinrent tous, sauf Shaorinn qui ignorait tout de cet événement, lorsque Cairne était mort ; il avait été prouvé que Garrosh avait été autant manipulé que le grand chef tauren dans cette affaire criminelle, mais cela avait marqué le début de la fin de leur Nouvelle Horde.
Malgré la montée en puissance contestable de leurs nations grâce à la guerre, les choses n’avaient fait qu’empirer par la suite. Les relations entre les races membres de la Horde, ciment de sa solidité, s’étaient détériorées et rien ne s’arrangeait aujourd’hui. Pour ceux qui avaient espéré que lorsque Thrall retournerait de sa mission auprès du Cercle Terrestre pour reprendre le titre de Chef de Guerre les choses redeviendraient plus stables, la nouvelle qu’il prenait sa retraite avec sa femme et leur fils nouveau-né leur avait occasionné un grand choc. Surtout après ce qui était arrivé à  Theramore...
- Qu’est-ce que Drakgosh ferait s’il était encore là ? murmura Onashen.
- Il continuerait à se battre pour ce en quoi il croyait, répondit Ralgark après avoir réfléchi. Jusqu’à son dernier souffle. Et nous ferons de même.
Ils acquiescèrent ; même Shaorinn se joignit au mouvement. Elle savait qui était l’orc Maître-Lame, et regrettait un peu de ne pas avoir pu le connaître. Ralgark lui avait toujours dit qu’il était quelqu’un de formidable.
- Revenez sains et saufs mes amis, dit Nirsha.

Alors qu’ils se faisaient une dernière promesse avant de se séparer, ils furent soudainement interrompus par une orque soldat qui venait rappeler à Ralgark et Towenak qu’on les avait envoyé en mission, et que le centurion préférait les voir partis rapidement. Quand elle annonça qu’elle les escortait jusqu’à la sortie, le mécontentement devint encore plus palpable. L’envoyée resta cependant imperturbable face à l’hostilité autour d’elle, ne semblant pas se sentir concernée.
- Faîtes seulement comme ils veulent vous voir agir, dit-il, ça vous évitera des ennuis pour le moment. Je vous en dirai plus dès que vous aurez cessé d’attirer trop d’attention sur vous en affichant votre opposition au centurion.
Surpris par ces paroles, Ralgark et Towenak acceptèrent finalement de quitter leurs trois camarades, espérant les retrouver vite pour secourir l’elfe de sang, ainsi que l’humain ami de Shaorinn. L’orque marchait derrière eux, la tête droite et silencieuse. Alors qu’ils arrivaient dans la passe d’accès au campement, elle recommença à leur parler.
- Votre jeune camarade est blessée, murmura-t-elle, mais elle n’est pas entre de mauvaises mains. L’Alliance ne l’a pas enlevée, quelqu’un s’est occupé de l’amener en lieu sûr afin qu’elle soit soignée. Au Temple du Tigre Blanc.
- Elle est blessée ? répondit Ralgark avec inquiétude.
- Vous comprendrez quand vous serez là-bas.
- Comment vous savez tout ça ? demanda le troll.
- L’humain, Marlek, est mon ami. J’ai pu réussi à l’approcher sans éveiller les soupçons des autres, et il m’a raconté ce qui s’était passé. Maintenant, vous devez rester loin d’ici autant que possible, vous n’y êtes pas en sécurité. Vous posez trop de questions au sujet de Marthenon et cela déplaît aux officiers, ainsi qu’à la personne dont ils dépendent directement.
- Sangdrake, comprit Ralgark.
L’orque hocha la tête, montrant les crocs de colère à ce nom. Ils arrivèrent près de la sortie, le loup et le raptor qui leur servaient de monture vinrent les rejoindre, prêts à les porter jusqu’à leur prochaine destination.
- En effet. Vous ne voudriez pas attirer son attention sur vous sans vous être préparés à l’affronter au préalable... cet orc est dangereux, je le connais bien et je souhaite sa mort. Maintenant allez-y.
- Merci, dit Ralgark. Quel est votre nom ?
- Appelez moi simplement Mara. C’est mieux que mon nom leur reste inconnu.


Maintenant que la nuit devenait de plus en plus noire, les deux camarades chevauchèrent loin du campement, suivant les conseils de Mara. Ils se dirigèrent au départ vers le sud, comme s’ils comptaient chercher du côté de l’Alliance, coupables désignés par le centurion pour la disparition d’Arkalea. Cependant, une fois que Towenak estima qu’ils étaient hors du champ de vision des sentinelles du campement, ils firent bifurquer leurs montures plus à l’est afin de remonter plus loin pour atteindre le Temple du Tigre Blanc. Les indications de l’orque, qui semblait une espionne infiltrée, leur semblaient plus cohérentes que celles du centurion.
Cependant, ils se demandaient quand même comment est-ce qu’Arkalea s’était retrouvée emmenée chez les moines pandarens pour être soignée d’une blessure, alors que la base de la Horde était juste à côté. Marthenon aurait pu l’y ramener, il n’aurait pas laissé un inconnu l’emmener au Temple comme ça. Une question revenait fréquemment, malgré tout : qui avait blessé l’orque. Toute cette affaire était quand même très emmêlée, avec tous les mensonges qui se rentraient dedans et les inconnues à l’équation, l’orc et le troll devaient bien avouer qu’ils étaient pas mal perdus.
- Tout ça devient vraiment bizarre mec, marmonna Towenak. On fait bien d’agir par nous mêmes à présent. Et si on emmène pas Marth loin de cette guerre il risque d’y passer et on pourra plus rien faire pour lui.
- J’aurais dû revenir plus tôt pour prendre les choses en main. Je suis vraiment désolé...
- T’en fais pas Ral, même à quatre c’était quasiment pas possible de l’atteindre. J’crois que c’est bien que la mort de Nocturana qui l’a brisé. Elle devait vraiment être son âme soeur, si même après sa mort il peut pas décrocher.
- Peut-être... Peut-être également qu’il aurait pu trouver de l’amour ailleurs.
- Il a vu qu’on lui en portait, lui révéla Towenak. Mais son coeur répondait pas et ça lui faisait trop mal pour Arka. C’est bien possible qu’il repense à ce qui lui est arrivé avant.
- Ces pauvres jeunes..., soupira le chaman.
Même s’il n’arrivait pas à s’imaginer pour lui-même tous les tourments de l’amour, n’ayant toujours pas réussi à trouver une femme qui brillait particulièrement à ses yeux, voir dans quel état s’étaient retrouvés l’elfe de sang et la jeune orque lui donnait déjà un avant-goût assez amer. Il songea que ce sentiment était à double tranchant ; soit il permettait de vivre, soit il tuait à petit feu.

Le troll réfléchissait beaucoup à la question, à présent qu’ils avaient orienté le sujet sur ce lien emmêlé entre Marthenon et cette elfe de la nuit, qui bien que morte continuait néanmoins à vivre dans leur esprit, tant à cause des problèmes que sa perte causait que parce qu’elle manquait à ceux qui l’avaient connue. Ralgark avait été son camarade au combat, notamment lors du Cataclysme, et Towenak aimait bien jeter un oeil à sa collection d’animaux exotiques ; lui préférait toujours les raptors mais il était impressionné par ces bêtes rares du Norfendre que Nocturana avait un don pour dénicher. En repensant un peu plus à ces aventures à l’époque de la guerre contre le Roi-Liche, les dragons, une idée folle lui vint à l’esprit :
- Hé, tu crois pas que ce serait possible de retourner dans le temps et sauver Noc avant l’explosion ? suggéra-t-il. T’as été pote avec les dragons, ils ont certainement pas oublié que tu les as aidés, et pareil pour elle. Même s’ils sont plus les maîtres du temps, ceux de bronze continuent à vivre dans les Cavernes du Temps... On pourrait retourner dans le siège de Theramore, la sortir de là après qu’elle et Marth se soient tapés dessus, avant l’explosion.
- Ça créerait un paradoxe, et ça pourrait être dangereux pour le monde.
- Pas forcément... On la convaincrait de rester loin de Marth et de nous, puis elle irait le retrouver et tout irait bien qui finirait bien !
Ce plan était périlleux, mais le chaman songea qu’il pouvait peut-être marcher. Towenak avait un esprit bizarre et souvent assez tordu, mais il pouvait trouver de bonnes idées. Il se demanda un moment s’il ne pourrait pas agir de même pour sauver Drakgosh, cependant il comprit vite que cela ne marcherait pas, ils ne pouvaient pas défier les circonstances claires et définies de la mort de son meilleur ami. Pour Nocturana, en revanche, ils avaient plus de chances...
Repenser à ce genre de notions complexes et tordues tel qu’un voyage dans le temps ramena Ralgark dans un passé nostalgique. Il revit ce formidable compagnon draconique avec qui il avait découvert le Norfendre depuis les cieux, librement. Des écailles brillantes comme le feu, comme son esprit vif et indépendant qui le démarquaient des dragons bien plus posés et matures, Karostrasz avait été un ami exceptionnel. Il se souvenait que quand il n’était pas sous sa forme naturelle il prenait l’apparence d’un humain, qui reflétait d’emblée son caractère fougueux.
Après ce que son peuple avait fait aux dragons rouges lors de la Seconde Guerre, surtout ces Gueules-de-Dragon que Ralgark supportait encore moins après avoir connu la race gigantesque, le chaman n’aurait jamais imaginé devenir aussi proche de quelqu’un comme Karostrasz. Maintenant, le drake lui manquait cruellement. Il savait en plus que c’était de sa faute s’il était mort...

Ils devaient être presque arrivés à destination, à présent qu’ils voyaient la flèche du Temple pandaren percer les nuages sombres au loin. Leur détour pour ne pas avoir à repasser près du campement leur avait fait perdre du temps, ils espéraient que dans ce laps les habitants avaient pu soigner Arkalea. Ils comptaient également comprendre exactement ce qui était arrivé, vu qu’au campement ils refusaient clairement de leur dire la vérité.
Comme ils avançaient, Towenak tapota discrètement le bras de son camarade, ayant entendu un bruissement vers la gauche. Il y aurait eu du vent, ça aurait pu être un virevoltant. Quelque chose bougeait non loin d’eux, et il espérait que ce n’étaient que des lutins faciles à chasser même s’ils étaient particulièrement agaçants. Cependant, un sifflement caractéristique lui fit comprendre que c’était autre chose. Le troll repéra à temps un carreau d’arbalète filer droit vers Ralgark.
Ne pouvant pas l’attraper, il se redressa brusquement sur la selle de son raptor de monte, tendit le bras afin d’intercepter le projectile dans sa chair, au lieu qu’il ne frappe le chaman. La pointe traversa l’armure de son gantelet de maille, se fichant dans son bras. Elle n’avait pas traversé l’os, mais la douleur restait quand même intense, il tomba même de sa monture quand ses sens défaillirent suivant cette blessure.
Ralgark ne tarda pas à quitter son loup afin d’aller aux côtés de son camarade qui se tenait le bras, le carreau d’arbalète ressortant avec du sang qui fuyait depuis le trou dans le gantelet. Le projectile devait être fait d’un matériau particulièrement puissant pour avoir traversé cette protection ; si Towenak ne l’avait pas eu, il aurait perdu son bras. Comprenant qu’ils n’étaient pas en sécurité dans un espace ouvert, l’orc entraina son ami à l’abri d’un rocher, ses oreilles se dressant quand un autre sifflement traversa l’air à côté d’eux.
- C’est empoisonné..., gémit le troll. J’sens plus ma main, là.
- Je m’en occupe.

Sortant l’un des totems accrochés à sa ceinture et le plantant au sol, Ralgark appela par le biais de la relique les esprits de l’eau afin de secourir son camarade blessé. À leurs côtés, le raptor familier de Towenak flairait les alentours en sifflant, aux aguets au cas où leur attaquant réitèrerait, ce qui était très probable. Un flux liquide curatif se forma dans la paume du chaman, qui s’occupa de l’appliquer sur la blessure du troll après que celui-ci eut courageusement retiré le carreau de sa chair ; avant que trop de sang ne s’en écoule, le pouvoir élémentaire stimula la régénération du troll tout en brûlant le poison qui s’évapora dans l’air.
- Os de dragon, marmonna Towenak après avoir jeté un regard à la pointe de la flèche. Tiens donc.
Ils observèrent attentivement autour d’eux pour voir si le tireur était en vue. Évidemment, celui-ci était encore caché et devait chercher une opportunité pour les descendre depuis les ombres. Les deux camarades quittèrent l’abri de la roche pour retourner dans un espace découvert, se mettant dos à dos pour mieux voir leur environnement. Le troll parvint à reprendre son arc, même s’il attendait que sa régénération et le sort de Ralgark aient terminé de réparer son bras cassé pour pouvoir à nouveau tirer correctement. Le chaman, lui, avait placé ses totems au sol dans un mouvement fluide avant de préparer ses haches élémentaires.
Même s’il n’était pas évident que leur agresseur allait chercher à les attaquer en mêlée, il avait compris qu’il savait utiliser les ombres autant qu’il était bon tireur. Towenak n’aurait pas eu une excellente vision nocturne, il ne serait probablement plus en vie. Il était un peu inquiet sur les circonstances de cette embuscade, ne sachant déterminer si on les avait envoyés ici pour se faire attaquer ou si on les avait suivis depuis le début. Cependant l’heure était à la survie et pas aux spéculations.

Les deux camarades restèrent en position de défense plusieurs instants, restant aux aguets de tout signe d’une nouvelle offensive. Il leur sembla que des minutes entières s’écoulaient sans qu’ils n’osent bouger et que rien ne survienne plus pour tenter de les tuer. Towenak murmura néanmoins qu’un tueur n’avait que faire de la patience, qu’il pouvait attendre qu’ils perdent leur concentration pour réitérer.
Alors que l’attente se prolongeait, un bruit métallique se fit entendre, comme celui d’un mécanisme qui se déclenchait. Ralgark faisait face à cette direction, et souleva avec la puissance des éléments un rocher afin d’aller à la rencontre de la flèche qui filait vers lui. Le troll tourna un moment la tête afin de murmurer à l’oreille de son camarade, qui tressaillait. Son avertissement délivré, le chasseur fixa à nouveau en face de lui, alors que son raptor bondissait en l’air pour happer en vol un nouveau carreau d’arbalète qui se dirigeait tout droit sur son maître.
Ne laissant pas à l’attaquant le temps de se reprendre et de bouger à nouveau, le chaman appela à nouveau la terre, levant brusquement les bras pour la soulever en pointe à quelques mètres loin d’eux. Derrière le rocher, le tireur se retrouva brusquement propulsé en l’air ; un cri de surprise étouffé put être entendu quand ce qui s’avéra être un orc fut dévoilé à la faible lueur lunaire. Towenak arma son arc, à présent qu’il avait suffisamment repris contrôle de son membre pour tirer. Sa flèche traversa la distance entre eux et l’agresseur, quoiqu’en zigzaguant un peu ; visiblement il n’avait pas assez récupérer pour faire un tir droit et mortel, ce qui le déçut.
L’orc dans l’obscurité ne manquait pas de réflexes, comme même en chutant il détecta la menace de la flèche. Pivotant sur lui-même, il fit tourner autour de lui sa cape, qui dévia le projectile, et il put retomber sans se faire empaler par la pique de terre. Le troll ne se démonta cependant pas, et cette fois-ci son tir parvint à désarmer ce qui était effectivement un Voleur plus qu’un simple tireur d’élite. Comme l’arbalète volait hors de la poigne de leur agresseur, Ralgark renchérit en lançant un tir enflammé sur l’arme pour la mettre encore plus hors de portée de son propriétaire.
Le duo s’élança pour rattraper le Voleur afin de lui régler son compte. Celui-ci dût comprendre sa défaite, comme la seule chose qu’il lança sur le sol devant eux fut une simple boule fumigène noire qui masqua leur champ de vision pour un court instant, qui fut suffisant pour l’orc de disparaître. Le chaman et le chasseur restèrent sur leurs gardes tandis que le raptor familier arpentait le périmètre afin de flairer la trace de leur ennemi. Finalement, l’animal émit un sifflement strident en levant la tête vers la montagne.
- Il s’est barré vers le camp de la Horde, dit Towenak.
- Une tête de flèche fait d’os de dragon, une arbalète légère, un Voleur... C’est ce Gueule-de-Dragon, j’y mettrais ma main à couper.
- Je savais que ces bâtards voulaient nous tuer ! grogna le troll, furieux. Ils ont pas intérêt à toucher aux autres là-bas !
- Nous devrions nous dépêcher vers le Temple. Nous ne sommes pas en sécurité ici, surtout pas dans la nuit.


Fort heureusement, les montures n’avaient pas été blessées pendant cette rencontre, et ils les rappelèrent pour achever leur voyage vers le Temple. Vu l’heure, peu de gens étaient sur pieds, mais ils furent quand même accueillis par des moines sentinelles, qui ne cachèrent pas leur surprise de les voir arriver, ainsi qu’un peu de suspicion. Il leur apparut alors évident que Shaorinn et cette Mara avaient dit la vérité sur l’humain ainsi que l’endroit où Arkalea avait été emmenée ; ces pandarens étaient méfiants parce que la Horde s’en était pris à un moine qu’ils connaissaient.
- Bonsoir voyageurs... Qu’est-ce qui vous amène si tard au Temple du Tigre Blanc ?
- Nous sommes à la recherche de ma protégée, leur expliqua Ralgark. C’est une jeune orque, mage. J’ai entendu dire qu’elle était blessée et je suis très inquiet à son sujet.
- Oh, je vois. Vous pouvez nous laisser vos montures, nous avons quelqu’un qui pourra vous diriger ici. Qwando, viens par ici s’il te plait !
Ralgark et Towenak descendirent de leurs selles, laissant les pandarens s’occuper du loup et du raptor comme un troll approchait. Son premier regard en direction des deux arrivants ne fut pas très amical, puis il s’éclaircit quand le chasseur et lui se reconnurent comme frères de la tribu Sombrelance.
- Vous êtes pas avec ces types de Garrosh’ar ? demanda Qwando.
- Ils ont tenté de nous tuer, répondit Towenak. Nous avons des amis qui sont surement en danger eux aussi.
- Ah, vous aussi... Ce sont que des racailles là-bas, ces fanatiques de Hurlenfer. Même si elle dit que l’elfe de sang est juste confus, mal orienté, j’vais pas leur pardonner pour autant.
Le troll moine leur sembla visiblement furieux et amer, même s’il faisait un effort pour ne pas laisser sa rage déborder. Ils comprirent qu’il devait être un ami de ce Marlek.
- Qu’est-ce qui est arrivé ? demanda Ralgark.
- Un elfe de sang a attaqué mon frère et sa soeur sur la route. Ils étaient même pas à côté de la base, les Pandashan l’ont bien vu quand ils sont arrivés sur les lieux... trop tard. Il a blessé l’orque, et maintenant mon frangin a disparu et on sait pas s’il est en vie !
- Un humain ?
- Ouais ! Grand, musclé, cheveux comme le feu, et yeux verts. Vous l’avez vu ?
- Oui. Ils l’ont fait prisonnier et il est accusé d’être un espion de l’Alliance. Mais il est encore en vie.

Bien qu’il semblait rassuré d’apprendre que son ami était en vie, le moine troll afficha un air interloqué en entendant les accusations contre celui-ci. Il semblait être à mi chemin entre la crise de fou rire et de colère après cette nouvelle. Finalement, il resta dans un ton plus amer, sans élever la voix.
- Quoi..., marmonna-t-il. Marlek, un espion de l’Alliance ? Je serais pas en colère, j’exploserais de rire, c’est vraiment n’importe quoi mec ! Marlek n’a aucune raison de coopérer avec aucune de ces deux factions, il est comme moi et les autres, libre ! Je suis un troll et il est comme un frère pour moi. Il s’en fout de la Horde ou de l’Alliance mec.
- Je ne crois pas non plus qu’il soit un espion, répondit Ralgark. Et j’envisage de l’aider à s’enfuir.
- Ah, vous êtes des gars bien alors ! s’exclama Qwando avec un peu plus de sympathie pour les deux voyageurs. Bien, bien, on va vous aider et vous nous aiderez aussi. L’orque, elle est saine et sauve au fait, mais encore inconsciente. Elle a failli y passer, vous pourrez remercier Naeria pour le miracle.
Cette information rassura au moins Ralgark et Towenak au sujet d’Arkalea, qui vivait donc. Ils gardaient cependant un sentiment amer à l’idée qu’elle ait pu mourir, surtout qu’ils n’avaient pas encore d’idée claire de qui était responsable d’une blessure mortelle. Ce que leur avait révélé le troll leur donnait déjà un aperçu, et la perspective qui se profilait était tout sauf rassurante pour eux.
- Dîtes-nous, osa demander Ralgark. Celui qui l’a blessé... qui était-ce, exactement ?
- L’elfe de sang.
Leurs craintes confirmées, le choc qui s’ensuivit les laissa sans voix comme ils entendaient Qwando rapporter les paroles d’une certaine Elaria, qui était avec l’humain lors de cette attaque, avait tout vu jusqu’à ce que celui-ci lui demande de partir avec l’orque qui était mourante sur ce champ de bataille. Les détails ne permettaient aucune confusion, le troll décrivait exactement Marthenon tel qu’il était devenu. Un homme qui avait acquis une réputation de massacrer des soldats de l’Alliance, des cheveux rouges comme le feu, armé d’une hache orque que Ralgark ne connaissait que trop bien.
- Pourquoi..., marmonna le chaman. Pourquoi Marth ferait une chose pareille ?!
- Vous l’connaissez ? demanda Qwando. C’est pas son comportement normal, c’est ce que vous pensez ?
- Bien sûr qu’il n’agirait pas ainsi normalement ! répondit Ralgark avec plus de vigueur. Il est certainement rempli de chagrin et d’amertume, mais au point de tenter de tuer Arkalea ?! Non, ce n’est pas normal venant de lui !
Qwando hocha la tête, attentif à cette réaction engagée de la part de l’orc qui était réellement choqué par ce qu’il venait d’apprendre. Il était absolument convaincu que ce n’était pas normal pour son protégé d’avoir agi ainsi, que quelque chose derrière avait provoqué cet acte choquant.
- Si vous le connaissez assez bien pour juger, alors on dirait que la chasseresse a raison elle aussi. C’est la colère, les shas. Les Pandashan connaissent bien le truc, ils pourront sans doute confirmer.
- Alors on avait vu juste..., comprit amèrement Towenak. Les kor’krons, ils veulent transformer Marth en monstre avec ces aberrations.
Ralgark sentit son sang bouillir de rage maintenant que ses pires craintes étaient confirmées, et qu’en plus il savait ce qui arrivait vraiment à ses protégés. Sa nièce avait été mortellement blessée, par Marthenon, mais il peinait à lui en vouloir vraiment... non, cet acte ne lui ressemblait pas du tout, il n’avait pas agi en pleine conscience. Il n’aurait jamais tenté de blesser Arkalea s’il n’avait pas été assailli par tant d’influences négatives, lesquelles étaient sciemment entretenues par les kor’krons du campement. Ceux qui avaient causé la mort de Nocturana, ceux qui menaçaient sa disciple et ses deux amis, avaient déjà tenté de les tuer et accusaient un innocent.
Le chaman poussa un cri en frappant brusquement un arbre à côté. Même si son poing souffrait parce qu’il avait tapé n’importe comment, il avait au moins évacué toute cette colère qui lui montait à la tête, et il avait encore les idées claires. Les moines et son camarade le regardaient bizarrement, mais il se savait encore raisonnable et très loin de blesser qui que ce soit... du moins il pouvait en dire autrement pour ces apprentis sorciers à l’avant-poste.
- Je ne laisserai pas ces gens le blesser ! s’exclama-t-il avec résolution. Peu importe ce qu’il m’en coutera, je les empêcherai de transformer Marthenon en monstre !

Entendant cette brève explosion de colère, ceux du bâtiment proche qui étaient encore éveillés sortaient pour vérifier que tout allait bien, vu qu’on n’était jamais trop prudents avec les shas qui hantaient la région. Qwando s’occupa de les rassurer qu’il n’y avait pas de débordement, juste une démonstration de résolution “un peu forte”. Le chaman s’excusa pour son manque de contenance en face de ceux qui l’observaient. Il remarqua que certains n’étaient pas vraiment des moines, mais des aventuriers de races et de rôles assez variés.
Towenak se figea soudainement en apercevant une personne dans la foule, et secoua l’épaule de son camarade pour attirer son attention sur elle. Ralgark ne comprit pas au départ ce qu’il voulait, puis lui aussi écarquilla les yeux quand il vit l’elfe de la nuit à quelques mètres d’eux. Cielistrasza était à ses côtés dans sa forme d’elfe, ce qui pouvait être gênant pour lui en temps normal, mais pour l’heure, ce n’était pas important. Il avait du mal à croire ce qu’il voyait ; était-ce une hallucination ? Le troll marmonna quelque chose à propos de leur idée de retourner dans le temps, se demandant s’ils avaient fini par le faire à un certain point dans le futur.
- Ralgark, Towenak..., murmura Nocturana avec surprise. Ça faisait longtemps. Je me demandais si vous n’étiez pas dans les parages, mais quand même...
Les deux camarades se regardèrent, s’interrogeant du regard. Non, aucun d’eux ne rêvait. C’était bien elle : Nocturana Flèche-de-Drake, l’une de leurs anciennes camarades, amie proche de Drakgosh et encore plus de Marthenon. Elle était bien vivante.
- Ça va vous deux ? demanda Cieli. Je sais que ça fait très longtemps mais on croirait que vous avez vu un mort.
- Ha..., fit Ralgark avec un petit rire nerveux. Et comment... Nocturana, devant nous, après tout ce temps. Choquant en effet... C’est...
Finalement, le chaman n’y tint plus. Comment pouvait-on sérieusement envisager tenter de simuler des retrouvailles heureuses et tranquilles quand il venait de comprendre que pendant tout ce temps, ils avaient vécu un mensonge énorme, destructeur. Un mensonge qu’ils s’étaient stupidement construits, mais qui aurait quand même pu être brisé depuis longtemps, qui avait duré plus qu’il n’aurait pu être nécessaire.
- Nocturana..., reprit-il en essayant de garder son calme, ce qui fut au final un échec. Non, je n’y arrive vraiment pas... Je ne peux pas rester calme... POURQUOI ES-TU VIVANTE, ET POURQUOI NOUS N’EN AVIONS AUCUNE IDÉE PENDANT TOUT CE TEMPS !?
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MessageSujet: Re: L'Ouragan de la Vengeance   L'Ouragan de la Vengeance EmptyVen 8 Aoû - 1:18

L'Ouragan de la Vengeance Screen49

Personne ne vit Molokh revenir au beau milieu de la nuit, comme personne ne l’avait vu partir peu de temps après le départ de Ralgark et Towenak. Encore moins devait-on savoir qu’il avait été chargé de tuer ces derniers... ce qu’il n’avait pas réussi. L’orc était furieux contre lui-même de ne pas avoir songé que le troll pouvait avoir cette excellente vision nocturne qui lui avait permis d’intercepter ce carreau d’arbalète destiné à son ami, qui alors n’aurait pu le soigner. Il savait qu’il devait en finir rapidement, mais il n’avait pas réussi. Celui qui frappe en premier a le plus de chances de gagner la lutte ; dès qu’il avait vu que son plan n’allait pas dans la bonne direction, il avait compris qu’il avait perdu cette rencontre.
Maintenant que ces deux-là s’étaient enfuis, il était évident qu’ils allaient devenir une menace pour l’expérience. Heureusement que les trois camarades de Ralgark et Towenak étaient encore à proximité, cela leur donnait une garantie qu’ils n’allaient pas contre-attaquer trop vite. Ils avaient encore besoin de temps, afin que l’elfe de sang puisse prendre contrôle du pouvoir des shas. Contrairement à ce qu’avait dit ce vieux chaman, Molokh savait qu’il était possible de l’utiliser pour renforcer une armée. Il l’avait vu.
Le Voleur se faufila dans l’obscurité jusqu’à la tente qu’occupait le centurion. Même s’il était très tard, il savait qu’il l’y attendait ainsi que son rapport quant au sort du vieil orc et du troll. Quand il entra, Rokhal sursauta en le découvrant arriver alors qu’il ne l’avait pas entendu. Il se rattrapa cependant en essayant de reprendre au plus vite un visage sérieux tout en fixant le Gueule-de-Dragon qui restait stoïque, se fichant d’avoir vu son expression effrayée l’espace d’une seconde.
- Est-ce fait ? demanda le centurion.
- Non, j’ai perdu mon pari. Ils vivront et tenteront de nous mettre dans les bâtons dans les roues, à condition que nous puissions utiliser leurs camarades contre eux.
Comme il s’y était attendu, Rokhal n’était pas très content d’apprendre l’échec de Molokh. Il s’imaginait sans doute que c’était facile d’assassiner des vétérans, et surtout un ancien qui avaient fait les Trois Guerres ainsi que les campagnes en Outreterre, Norfendre et survécu au Cataclysme.
- Hmpf, grommela-t-il. Une chance que tu aies pensé à gardé les plus faibles ici en otages.
- Correction : ils ne sont pas spécialement faibles, intervint Molokh. La taurène peut avoir des visions du futur en plus d’être une excellente soigneuse. Son camarade n’est pas non plus à sous-estimer. Il a tout du tauren typique ; calme, taciturne à première vue, mais lorsqu’il est en danger il se transforme en un ennemi puissant. La pandarène, par contre, est une menace mineure. Elle est peut-être très vive et énergique pour quelqu’un de sa race, mais elle est très jeune et bien moins puissante que ses amis.
- Si tu es aussi bons pour analyser les talents des gens, comment as-tu réussi à échouer l’assassinat ?
- J’aurais réussi si j’avais pris en compte que le troll avait une vision nocturne. Le chaman à terre, il aurait été privé de soins... mais il a fallu qu’il voie le carreau et l’intercepte avec son propre bras pour le protéger.

Rokhal haussa les épaules, l’air pensif comme si l’explication du Voleur lui faisait réfléchir sur ses a-priori sur ses compétences, quand il avait entendu la nouvelle de son échec. Il devait comprendre la difficulté que présentaient ces cibles par leur capacité à se sacrifier pour protéger les leurs. Ce groupe qui avait décidé de prendre Marthenon comme leur protégé n’était pas à sous-estimer, bien au contraire. Molokh voulait que le centurion le comprenne, et prenne les bonnes mesures en conséquence. Le Général Sangdrake n’apprécierait pas qu’ils échouent.
- C’est bien vrai qu’ils ne sont pas faibles comme des grunts, grommela l’orc. Ils ont beaucoup d’expérience...
Le Gueule-de-Dragon comprit le sous-entendu à peine prononcé par Rokhal, qui l’agaça quelque peu même s’il n’en laissa rien paraître. Non, il n’avait pas passé des dizaines d’années à voyager dans le monde entier en affrontant les pires ennemis d’Azeroth qui soient. La plupart de ces événements majeurs, ils les avait passés dans les Hautes-Terres isolées à affronter des clans nains puis à devoir survivre quand leur ancien chef était subitement revenu d’Outreterre avec une peau rouge infamante, prétendant imposer sa souveraineté sur son peuple. Il supportait d’ailleurs très mal ces orcs portant les stigmates de la Malédiction du Sang, surtout ces anciens comme Ralgark qui se l’étaient infligés volontairement ; peu importe si la peau était verte ou rouge, pour lui c’était une marque de souillure et de déshonneur.
Même s’il manquait de ces années d’expérience dans le monde cruel d’Azeroth, Molokh savait malgré tout qu’il avait des ressources sur lesquelles il pouvait compter. Il n’avait peut-être pas une force physique assez considérable pour rendre l’officier jaloux, c’était indéniable ; cependant, il savait se servir de son cerveau au lieu de foncer dans le tas comme un brochepelle, ce qui était très important, peut-être bien plus encore pour survivre que de n’avoir que des muscles et rien dans la tête. C’était justement avec ce qu’il avait en plus qu’il allait amener cette expérience du Général Sangdrake à un résultat concluant ; exactement ce qu’on lui avait demandé de faire.
- Comment ça avance avec Marthenon ? demanda-t-il.
- On dirait qu’il se transforme, répondit Rokhal avec une grimace. Ce type fait vraiment peur maintenant, même les soldats d’élite avouent avoir la chair de poule avec ses yeux. Je crains un nouvel échec.
- Les mots d’un ancien effrayé t’auraient-ils ramollis dans ta foi et ta résolution, centurion ? répondit Molokh avec un ton sévère et presque méprisant.
- Molokh, répondit le centurion, piqué au vif. Je sais que le Général Sangdrake t’as assigné comme superviseur de l’expérience, mais tu restes un simple espion de la Main Brisée tandis que je suis l’officier en charge ici. Ne me manque plus de respect ainsi.
Quelque par satisfait de voir que l’officier reprenait plus de vigueur qu’il n’en montrait depuis que le vieux chaman l’avait dominé verbalement, le Gueule-de-Dragon s’inclina poliment en guise d’excuse. En regardant cependant dans le coin de l’oeil, il nota une mimique qui ne mentait pas ; Rokhal ne l’appréciait décidément pas du tout, et ça devait être pour bien plus que ce petit moment d’insolence. Il allait devoir faire attention à lui dans les jours à venir.
- Je vais te laisser maintenant, et m’occuper de l’elfe de sang.
- Très bien. J’espère que ton expérience dans les Terres de l’Angoisse vont être d’une grande aide pour l’expérience.


Le Voleur quitta toujours aussi silencieusement la tente, avant de se diriger vers une autre ailleurs dans le campement, celle-là gardée par deux kor’krons lourdement armés et un chaman pour les soutenir. Visiblement, ils en étaient arrivés au stade le plus délicat de la maîtrise du pouvoir des sha pour que Rokhal aie ordonné de doubler les surveillants auprès de Marthenon, ainsi qu’il y ait toujours des sentinelles même de nuit. En voyant certains traits tirés, les mains gantées crispées sur les haches, il comprit que ce qui l’attendait derrière ce mur de tissu n’était pas sans menace. Il devait y avoir de quoi effrayer deux grands gorilles comme ces gardes-là.
Molokh avait confiance, cependant. Il savait que ça ne durerait pas longtemps. Les gardes le laissèrent passer sans poser de questions, et il entra dans la semi-obscurité de la tente. Pas de torche, ni de lampe, ils devaient craindre qu’un geste intentionnel n’y mette le feu. L’orc sombre ne tarda pas à comprendre ce qui mettait tellement mal à l’aise ses camarades, quand le regard de Marthenon enchaîné au fond se posa sur lui. Il plissa les yeux, quelque peu impressionné par cette vision. Des iris elfiques, noirs et blancs fulminants, éclairaient faiblement le visage de l’elfe de sang, qui avait un air menaçant.
Le guerrier se mit à sourire avec un air fou, ayant surement reconnu Molokh quand il était entré. Celui-ci croisa les bras en regardant en silence l’elfe de sang, analysant le moindre détail qui l’aiderait à dompter cette fureur libérée.
- On m’a dit que tu développais des difficultés, dit-il sans montrer quelque émotion.
- Des difficultés..., ricana l’elfe de sang avec une voix déformée qui ne ressemblait plus à celle qu’il avait d’habitude. Oh, pas du tout... Si... Seulement ces chaînes... bonne idée. Mon seul souhait est de déchaîner ce pouvoir pour de bon, ici et maintenant.
Son timbre fluctuait, l’orc remarqua qu’il semblait y avoir une sorte de décalage au beau milieu de ses phrases. Il avait l’impression de se tenir face à deux personnes qui pourtant se réunissaient dans un seul corps, ce sentiment devenait net lorsqu’il voyait un changement rapide et imprévisible dans ses expressions. Un instant il paraissait souffrir, lutter contre quelque chose d’intérieur, et l’autre il abandonnait subitement et montrait un visage vicieux et malveillant, plein de mauvaises intentions.
Molokh trouva sur le moment qu’il ressemblait dans ce regard à l’un de ces dragons noirs dans les Hautes-Terres du Crépuscules que son Clan avait l’habitude de soumettre, avant le génocide de leurs montures de prédilection. Ça lui semblait quelque part ironique, pour quelqu’un qui était tombé amoureux d’une de ces admiratrices de dragons. Cependant, il connaissait bien ce genre de propensions au chaos et à la destruction de tout autour ; on pouvait persuader cet état d’esprit de s’allier à une cause, un ordre, moyennant de bons arguments et une solide persuasion.
- Tenter de détruire cette base serait idiot, répondit calmement Molokh sans chercher à être menaçant. As-tu oublié pourquoi tu as libéré ce pouvoir ?
- Pour protéger... Tout détruire ! ...

Réalisant une fois de plus ce qu’il venait de dire, qui semblait sortir tout droit de ses pensées alors que son coeur lui disait que c’était faux, Marthenon paniqua, cria en comprenant qu’il était en train de se perdre. Il avait peur à présent, mais d’un autre côté il sentait qu’il ne devait pas craindre ce qui arrivait, au contraire l’accepter et se débarrasser de tout ce qui l’oppressait. Ces chaînes, cette obscurité, cette armée... Mais il n’avait pas réellement envie, la Horde était son seul refuge, il ne voulait pas détruire ses alliés.
- Je vois..., murmura encore Molokh, qui ne semblait pas réaliser le danger qu’il représentait. Tu oublies ce que tu veux protéger, ce que tu dois détruire. Laisse-moi te rappeler quelque chose. “Lok’tar ogar ! La victoire ou la mort. Ces mots me lient à la Horde, car ils sont pour tout guerrier de la Horde la vérité la plus profonde et la plus sacrée qui soit...”
Le début du serment d’allégeance à la Horde le réveilla de cette torpeur effrayée, alors qu’il se souvenait du moment où il l’avait prononcé, marquant son entrée dans cette faction. Drakgosh était là, et il avait semblé réellement heureux qu’il le rejoigne dans ce qui avait pour lui été plus qu’un ordre purement militaire, à partir du moment où Thrall était devenu Chef de Guerre... Les choses avaient bien changé depuis. Mais il se rappellerait toujours qu’il avait juré à son maître de défendre la Horde contre ses ennemis.
- Je me souviens..., fit-il.
- Tu ne dois pas utiliser ce pouvoir n’importe comment Marthenon, surtout pas contre n’importe qui. Tu es un soldat de la Horde, une arme que le Chef de Guerre brandit à sa guise, pour la Horde.  Ton don doit contribuer à cet objectif. Et pas uniquement parce que tu as prononcé un serment. C’est parce que cela correspond à tes désirs. Qu’est-ce que tu cherches, Marthenon ?
- Mes désirs... La fin de cette souffrance. Vengeance. Une juste rétribution contre ceux qui m’ont tout pris !

Cette fois-ci, ses pensées étranges et son propre coeur ne pouvaient qu’être d’accords là-dessus. C’était tout ce qu’il souhaitait, il en avait assez de souffrir, il voulait détruire de ses propres mains ce qui l’empêchait d’être en paix. Exactement ce pourquoi il avait décidé de cesser de lutter pour repousser sa colère qui prenait forme en lui. Malgré l’obscurité presque omniprésente, il lui sembla voir un sourire satisfait traverser la figure de Molokh.
- C’est bien, dit-il. Et qui est responsable de la perte de ces gens que tu aimais ? Qui a tué Drakgosh, as mis ta propre famille contre toi par contrainte ?
Marthenon fut surpris de constater que l’orc noir savait que sa mère elle-même était contre lui. Même s’il savait que comme son oncle, elle n’avait aucun désir de se retrouver face à lui en combat, comme il l’avait bien vu lors de l’assaut de la Main Brisée contre le Territoire du Lion, il n’ignorait pas que sa position dans l’Alliance la forçait à être son ennemie. Exactement lorsqu’il avait affronté et tué le frère de cette dernière... si cet humain avait accepté l’accord qu’ils avaient passé pour libérer Drakgosh, si ces stupides soldats n’avaient pas cherché à apporter la mort sur eux-mêmes, il ne l’aurait pas tué pour sauver Arkalea.
Cependant, repenser à l’orque le remplit de culpabilité. Il ne pouvait pas oublier ce qu’il avait fait à sa fidèle camarade. Était-ce également la faute de l’Alliance cette fois-ci, il aurait été complètement stupide de répondre que oui. Comble de l’ironie, c’étaient les humains qui avaient alors cherché à la sauver alors qu’il s’en fichait, ne cherchant qu’à les tuer. Juste parce que la fille était de Theramore, ce qui se voyait avec cet emblème, provocateur à ses yeux, sur sa manche.
- Je ne suis pas certain d’avoir bien entendu ta réponse, reprit Molokh. Qui a égorgé ton maître, est-ce toi ? Est-ce que c’est toi qui désirait voir ceux que tu croyais être des amis s’opposer à toi pour défendre l’Alliance ?
- Non... Ce n’est pas moi ! cria le guerrier. Pourquoi... Pourquoi se sont-ils mis entre moi et ces pourritures, menteurs et assassins qui doivent être purgés !?
- Parce qu’ils ne veulent pas protéger la Horde, voilà la raison. Ils se fichent de la Horde, de ce que cela représente, tout ce qu’ils veulent c’est suivre leurs propres lois, dans l’anarchie la plus complète. Malheureusement, tes camarades se sont engagés sur ce chemin. Ils désertent... comme des lâches, ils nous abandonnent alors que nous avons en face de nous des sauvages qui ne cherchent qu’à voir nos peuples détruits !
- Cela ne se peut...

L’elfe de sang avait du mal à accepter cette idée implicite que ses propres camarades renoncent à leur discours comme quoi la Horde était importante pour leurs peuples respectifs. Cependant, il avait toujours en travers de la gorge leur acharnement à l’éloigner du champ de bataille auquel il était définitivement lié. Il avait tenté de les convaincre, avant d’abandonner l’idée de leur faire comprendre qu’il n’avait nulle part ailleurs où aller. La tentative d’Arkalea de l’emmener loin de la guerre pour de bon restait encore très vive dans sa mémoire, même s’il s’en voulait d’avoir réagi aussi violemment et quasiment tué sa camarade. Malheureusement, après cela il n’y avait aucun espoir de faire marche arrière, il ne se faisait pas beaucoup d’illusions là-dessus.
- La Horde a plus que jamais besoin de guerriers puissants pour rester dominante, et donc de gens comme toi. Nos ennemis de l’Alliance ne reculeront devant rien pour détruire tout ce qui compte, et nous avons des traîtres parmi nous qui croient que se jeter à genoux devant eux nous protègera, ce qui est un mensonge ! Malgré toutes les tentatives qui ont été faites, l’Alliance refuse toujours de vouloir partager ce monde avec la Horde, voilà pourquoi cette guerre a lieu !
- Je me battrai, gronda le guerrier. J’en ai plus qu’assez de cette Alliance !
Sa haine contre l’Alliance se trouva encore plus ravivée après qu’il ait entendu les paroles de Molokh. Il n’allait plus combattre seulement parce qu’il le fallait, juste parce que c’était devenu une habitude. Maintenant, sa volonté était de l’écraser, de mettre un terme à toute sa souffrance en anéantissant l’ennemi désigné. La fureur au fond de lui rugissait à l’unisson avec sa volonté de destruction pour ses ennemis. Il la sentait se répandre partout dans son corps, le changer, l’emplir d’une force telle qu’il n’en avait jamais connue.
Embrasse ta rage et libère ta haine, plus jamais tes ennemis ne se défieront de toi, ils trembleront tous de peur devant ta puissance...
- Nous y arrivons ! s’exclama triomphalement le Gueule-de-Dragon. Peux-tu sentir cette puissance que ta haine te confère ? Qu’est-ce que ça fait ?
- Comme une tempête qui apporte la vengeance sur mes ennemis ! J’écraserai mes ennemis, ceux qui sont contre moi et veulent me faire plier... je ne plierai plus jamais en face d’eux !

Un sourire satisfait, Molokh se rapprocha de Marthenon qui l’observa bouger dans l’obscurité, sans essayer d’agir contre lui. Il attendait de le voir exprimer ses intentions, et le monstre de puissance en lui éprouva de la satisfaction quand le Voleur brisa d’un geste professionnel les chaînes qui l’empêchaient de se mouvoir librement.
- La Horde se tient avec toi, frère, déclara l’orc. Toi, moi, le reste d’entre nous, nous serons tous unis pour un seul objectif : servir la gloire et l’honneur de la Horde et de son Chef de Guerre !
- Ainsi soit-il.
- Tu es prêt. Maintenant, il est temps d’avancer plus loin... l’heure de l’elfe de la nuit approche.
L’elfe de sang afficha un sourire à cette annonce, son envie de vengeance fortement animée par cette perspective de faire payer cette femme qui l’avait tant fait souffert par le passé. Cependant, alors que Molokh le laissait finalement seul, libre, il sentit qu’une part de lui était réticente, protestait même contre cet enthousiasme malsain. Il savait qu’il tenait toujours à Nocturana, n’était-ce pas la raison pour laquelle il avait souhaité la mort pendant cette guerre, afin de la rejoindre ?
Mensonge ! Elle est un mensonge, elle nous fait souffrir, elle nous rend faible ! Elle doit être détruite !


Cielistrasza trouva sa partenaire elfe de la nuit dans une position assez étrange quand elle alla la trouver le lendemain matin. Nocturana était assise contre le mur, la tête en arrière cognant dedans et les bras enserrant ses jambes repliées. Elle ne semblait pas avoir l’air particulièrement dévastée ni d’être en larmes, par contre elle avait un air très mécontent. Après la séance de reproches particulièrement intense qu’elle avait eue avec Ralgark hier soir, c’était peut-être pour cela qu’elle était dans cette position.
- Noc, ça va ? demanda la drake en forme elfique.
- Ouais..., marmonna-t-elle.
- Tu as l’air fatiguée.
- Je n’ai pas vraiment pu dormir cette nuit. Je suis une parfaite imbécile.
- Hm... Ral n’a pas pris de gants avec toi, c’est bien vrai... Mais il est sage. Enfin, plus qu’il y a quelques années, je trouve... Je pense qu’il va comprendre que tu étais tellement choquée par ce qui t’es arrivée que tu n’as pas pu savoir ce qu’il fallait faire après avoir manqué de mourir.
Nocturana grommela. Elle aurait bien sorti cette excuse auprès de Ralgark, mais elle trouvait que ça ne justifiait rien. Le chaman avait bien raison, même si le sort de Theramore et la peur que Marthenon y était activement mêlé l’avaient terrassée, elle aurait quand même dû trouver à un moment le courage d’envoyer un mot à ses camarades de la Horde qu’elle connaissait. Surtout Ralgark, ils avaient combattu côte à côte pendant des années, et lui était affilié au Cercle Terrestre,  il ne rendait pas de comptes à l’armée de la Horde.
Elle avait bien mérité de se faire incendier hier soir. Même si Towenak s’était montré un peu plus modéré que son ami, elle savait bien que le troll avait également été très choqué de la voir soudainement revenue d’entre les morts. Avec cela, tout ce désastre qui arrivait en ce moment même était de sa faute. Si elle n’avait pas été aussi butée dans son silence, Marthenon n’aurait pas sombré dans le désespoir à cause d’elle. Il ne serait pas devenu suicidaire, n’aurait pas fait souffert autant de gens, que ce soit ceux qu’il a tué ou ceux qui se préoccupaient de son état comme cette Arkalea ou encore Danessia. Et plus grave encore, si seulement elle avait trouvé le courage de chercher à lui reparler, lui faire savoir d’une quelconque manière qu’elle était encore en vie au lieu de s’enfuir, Marlek ne serait pas en ce moment en danger.
- J’ai vraiment énormément de choses à réparer, marmonna-t-elle.
- Oui, mais j’espère que tu ne comptes pas passer toute la journée comme ça à réfléchir à ce que tu pourrais faire pour ça au lieu d’agir ?
- Bien sûr que non, je suis fatiguée de pleurer dans mon coin ! fit-elle en se relevant avant d’aller chercher son arc. Je vais commencer par aider mes amis.
- Très bien, acquiesça Cieli avec un sourire. Je vais t’accompagner là où les autres se réunissent.
- Qui est-ce qui vient aider ?
- Évidemment, Hoji et les camarades d’apprentissage de Marlek sont là, avec sa soeur. Les Pandashan aussi. Simine et Estrana également, avec Towenak et Ralgark... Oh, et Seranis a dit que lui et les deux autres vont rester un peu plus longtemps pour nous aider. Comme ça ils vont payer la dette qu’ils ont envers nous pour les avoir aidés. Xa’na sera avertie.

Une chance qu’il y avait autant de monde volontaire pour aider Marlek. Ce n’était d’ailleurs pas bien étonnant, vu tout le bien qu’il avait fait autour de lui. Nocturana se demanda pourquoi est-ce qu’il lui arrivait de s’inquiéter au sujet de son lien avec son père dément, quand ils n’étaient vraiment pas pareils. Elle était aussi contente que les mercenaires, Seranis, Tyrathen et Doucaque, acceptent de rester pour eux ; elle aurait aimé que Xa’na soit là, certaine que si les orcs avaient la trollesse en face d’eux pour “négocier” la libération de leur camarade, ils capituleraient tout de suite de peur qu’elle ne leur coupe la tête. Cielistrasza lui dit également que l’elfe de sang paladin avait envoyé un mot pour Keera, son père et le demi-orc, et que peut-être qu’ils arriveraient à temps pour les aider.
Quand elles arrivèrent dans le dojo que les Pandashan avaient réquisitionné pour leur rassemblement, leur groupe était presque au complet. Elles arrivaient cependant avant Hoji et Ralgark, qui semblaient avoir eu une discussion importante ensemble. Le vieux moine était très inquiet, ce qui se voyait avec ses traits tirés. Il alla s’asseoir avec ses disciples, qui essayèrent de le rassurer sur leurs chances de sauver Marlek. Lorsque Nocturana croisa le regard de Ralgark, elle vit qu’il était encore un peu sévère, mais pas autant que cette nuit-là ; il semblait vouloir lui faire confiance pour aider à remettre les choses en ordre.
Sunaki fit le compte de ceux qui étaient présents au moment où la chasseresse rejoignait Estrana et Simine, avant d’annoncer qu’ils étaient au complet. Huoran la remercia et se releva pour prendre la parole.
- Merci d’être venus aussi vite. Commençons. Ces gens de la Horde nous ont gravement offensés, en attaquant l’un de nos camarades. Nous n’allons certainement pas rien faire pendant qu’il est en danger !
Des gestes d’approbations retentirent dans toute la salle, ne laissant plus aucun doute sur la résolution du groupe. Kuroshan éleva la voix à présent que son père avait fini, entrant d’emblée dans l’approche militaire. Le pandaren demanda à Ralgark et Towenak de dire à tous ce qu’ils savaient de la situation du moine et des activités du campement.
- Je m’excuse une fois de plus pour ce qui est arrivé à ce jeune humain, je m’assurerai avec vous à ce qu’il soit sauf, commença-t-il en préambule. Nous ne savons pas grand chose sur ce qui pourrait lui arriver, nous n’avons passé qu’à peine une trentaine de minutes là-bas avant d’être envoyés retrouver Arkalea. Cependant, il y a des personnes qui pourront le défendre en cas de besoin, même si je dois avouer qu’il est très probables qu’ils soient eux-mêmes menacés. Deux camarades taurens, un druide et une oracle. Il y a aussi Shaorinn... qui est la nièce de Hoji, et ma disciple au Cercle Terrestre. Enfin, une orque qui s’appelle Mara ; elle a l’air d’être une espionne, mais j’ignore pour qui elle peut bien travailler.
Certains réagirent à la mention d’une nièce du maître de Marlek qui se trouvait dans un endroit manifestement hostile. Le visage de Hoji se plissa encore plus d’inquiétude, montrant qu’il n’était pas non plus très rassuré à l’idée qu’un membre de sa famille se trouve impliqué. Le pandaren et le vieux chaman devaient avoir discuté de ce sujet avant de rentrer. Nocturana releva cependant cette mention d’une orque espionne au sein de la Horde.
Elle repensa à la discussion qu’elle avait eue avec Danessia à Fleur-de-l’Aurore, où la haute elfe était venue retrouver Mardaka pour lui proposer d’aller espionner un certain Général Sangdrake, qui avait des ordres spéciaux dans lesquels Marthenon était impliqué à un degré encore inconnu. Se souvenant qu’on lui avait donné une description peu flatteuse de cet orc, cela inquiéta encore plus l’elfe de la nuit.
- Vous n’avez rien entendu qui puisse indiquer ce qu’ils comptent faire de lui ? demanda encore Kuroshan.
- Non, répondit Ralgark.
- Mh... J’ai une idée, intervint Towenak, mais j’crois que vous allez pas apprécier.
- Nous avons besoin de toutes les informations possibles pour nous donner une idée, lui dit Huoran, et nous n’avons pas tous le temps.
- Ok, acquiesça le troll en haussant les épaules. J’crois qu’ils vont vouloir le torturer.

Effectivement, l’idée du chasseur suscita des réactions assez vives dans l’assemblée. Naeria fut celle qui montra le plus fort l’inquiétude que cela créait chez elle, comme après avoir crié de peur elle restait tremblante à cette pensée que son amoureux pouvait être maltraité sans aucune raison valable. Towenak et Andyana tentèrent de l’apaiser, mais eux-même étaient très tendus ; le troll était furieux, semblant lutter pour ne pas quitter la salle en trombe et aller forcer la Horde à libérer son frère d’apprentissage, et la naine ne devait pas être loin.
- Pourquoi est-ce qu’ils feraient un truc pareil ? s’exclama Hirokan, interloqué. Ils savent quand même que lui et Elaria n’étaient pas en train de les espionner quand cet elfe de sang les a attaqués, alors à quoi bon ?
- Aucune idée, dit Towenak en haussant les épaules. C’est juste une hypothèse vous savez... mais avouez qu’ils doivent quand même avoir une idée dans la tête pour l’avoir ramené comme ça.
- Vu à quel point ces gens sont des barbares, nous devrions aller immédiatement l’aider et leur montrer qu’ils ne peuvent pas enlever l’un des nôtres comme ils le veulent ! s’exclama Kuroshan avec résolution.
Même si le père du guerrier ne sembla pas approuver ce geste raisonnablement impulsif, beaucoup de gens se joignirent à Kuroshan dans son souhait d’agir au plus vite. Certains de ses camarades Pandashan, mais surtout les amis proches de Marlek et sa soeur.
- Ouais, pour une fois je suis d’accord avec lui, approuva Hirokan.
- Moi aussi mec ! fit Qwando.
- On s’en fiche de la Horde ou de l’Alliance, déclara Andyana en se levant avec sa masse en main. Tout ce qu’on veut c’est la liberté de notre ami !
L’orc se releva à son tour, mais sans avoir l’air d’accepter cette décision. Au contraire, ce mouvement de masse agressif l’alarmait plus qu’autre chose. Il pensait à ses camarades, son apprentie qui étaient encore là-bas et risquaient d’être pris en otages.
- Du calme ! s’exclama-t-il. On ne peut pas simplement accourir à leurs portes et dire qu’on veut que votre ami soit libre ! Il n’est pas la seule victime innocente en bas qu’ils ont à utiliser contre qui que ce soit !
- J’espère que vous ne nous parlez pas de ce Marthenon, orc ! gronda Elaria avec un air farouche. Je m’en fiche s’il est possédé par la rage, le chagrin ou je ne sais quoi d’autre parce qu’il est frustré de ne pas avoir été remarqué par Nocturana. Si ce bâtard blesse mon frère comme il a tué tant de mes camarades, je l’abattrai sans hésitation !
- Quoi ?! s’exclama l’elfe de la nuit, surprise et inquiète. Hé, je tiens quand même à lui, je ne vais pas te laisser faire ça sans rien dire !
- Tu t’en fiches s’il tue Marlek ?! répliqua furieusement l’humaine. C’est grâce à mon frère que tu es encore en vie et saine d’esprit, sinon on t’aurait déjà tuée quand tu as été possédée par le sha !

Nocturana resta stupéfaite face à tant d’agressivité de la part d’Elaria. Elle était bien d’accord qu’elle avait de quoi être inquiète pour son frère jumeau, elle aussi l’était. Cependant, elle ne voulait pas qu’ils en arrivent à ce qui lui paraissait un extrémisme qu’elle ne pourrait pas accepter. Peu importe ce qui pouvait se passer dans les jours qui suivraient, peu importe ce que l’elfe de sang pourrait faire, elle avait sincèrement du mal à imaginer qu’il doive nécessairement mourir de quelque manière. Elle se disait même que s’il fallait que quelqu’un expie, c’était bien  à elle que cela devait s’appliquer. C’était elle qui était à l’origine de tout ce problème.
Peut-être bien que la chasseresse en était consciente, vu que Ralgark avait clairement expliqué la situation telle qu’elle était lorsqu’il lui avait passé un savon lors de leurs retrouvailles. Comment expliquer autrement sa fureur mal contenue envers elle, étant donné qu’avant cela elles avaient quand même eu des relations assez amicales lorsqu’elles voyageaient ensemble. L’elfe de la nuit songea amèrement qu’Elaria ne devait peut-être pas être la seule dans cette salle à la juger sévèrement à cause de la grave erreur qu’elle avait commise et qui avait amené à cette crise.
Cependant, Kalterian se leva et alla se mettre entre elle et Elaria, tout en faisant face à sa bien aimée. Loin d’être agressif, le haut elfe tentait d’être conciliant envers elle. Cependant, la chasseresse eut une réaction interloquée en le voyant s’interposer de la sorte.
- Elaria, ne soit pas impolie comme ça ! dit le forestier. Marlek est ton frère, et il est notre ami, nous avons tous des raisons d’être en colère pour ce qui arrive et vouloir que des gens payent. Mais je te prie de te souvenir qu’il y a des gens ici, et même ailleurs, qui ne sont pas d’accord avec ton idée.
- Ah oui ?! répliqua sarcastiquement Elaria. Tu veux dire juste un orc, un troll, et une sentinelle fugueuse !
- Et Danessia, tu l’oublies ?! Marthenon est son fils ! Je sais que s’il meurt, même s’il est un champion de la Horde, elle en sera très affectée. Avant de tirer la flèche, s’il te plait, sois patiente pour une fois. S’il y a un moyen de le raisonner avant qu’il ne soit trop tard, je veux essayer.
L’humaine ouvrit la bouche pour répliquer, mais cependant elle ne prononça pas un mot. Elle semblait choquée que Kalterian s’oppose à elle, néanmoins se traits finirent par se détendre et elle hocha plus calmement la tête, l’air de comprendre. En s’excusant auprès de Nocturana, elle se rassit sur le tatami en gardant le silence. L’elfe de la nuit et le haut elfe firent de même ; en l’interrogeant à voix basse, elle apprit que son camarade forestier considérait Danessia comme une mère, à laquelle il tenait beaucoup. Elle avait bien vu qu’il y avait un lien spécial entre eux, et elle se demandait s’il y avait également une histoire derrière cela. En tout cas, elle lui était reconnaissante de vouloir aider Marthenon.

Comme le calme revenait peu à peu, les yeux commencèrent à se décrocher des deux chasseresses et du forestiers qui s’étaient confrontés. L’atmosphère redevint peu à peu calme maintenant qu’il n’y avait plus de dissension interne, et ils pouvaient revenir à ce qui les préoccupait réellement pour le moment.
- Hem..., fit Ralgark en toussant pour briser le silence gêné. Bien évidemment, nous voulons protéger Marthenon. J’espère qu’il n’y aura pas plus de danger pour lui que les kor’krons, précisa-t-il en fixant un moment Elaria. Mais il n’y a pas que cela, nous avons encore deux de nos amis, et ma disciple...
- Mais pourquoi est-ce que Shaorinn est là-bas ? demanda Naeria. Elle ne s’est pas enrôlée dans l’armée ?
- Non, répondit l’orc. Ça c’est de ma faute. Je suis venu ici uniquement pour tenter de raisonner Marth et lui faire comprendre qu’il devait s’éloigner de cette guerre pour son bien. J’avais pensé qu’elle pourrait me suivre comme son entrainement n’est pas encore achevé...
- Ça va, l’assura calmement Hoji, je ne vous en veux pas pour cela. Parfois quand on enseigne il arrive que cela nous entraine avec notre disciple dans des chemins ardus. Shaorinn est pleine de ressources, vous qui êtes à présent son professeur avez dû vous en rendre compte.
- C’est vrai. Mais les kor’krons à cet endroit sont très dangereux également.
- Donc encore plus de raisons de tout faire pour les empêcher de blesser ceux qui comptent pour moi, déclara résolument le pandaren.
Hoji gardait son calme, mais il était quand même très inquiet pour sa nièce. Il ne l’avait jamais été depuis la fois où on lui avait appris, ainsi qu’à tous ses amis de l’école Tushui, que ceux qui étaient allés auprès de la Horde étaient dorénavant leurs ennemis. Le pandaren avait été sincèrement effrayé par cette perspective que ce nouveau monde attende de lui qu’à sa prochaine rencontre avec sa nièce, il doive la considérer comme une adversaire mortelle. Un peu comme Marlek, il s’était enfui de Hurlevent peu de temps après, refusant de l’accepter, et au milieu de son voyage son coeur avait trouvé la paix quand il avait malgré tout retrouvé Shaorinn sans qu’aucun d’eux ne se sente forcés de combattre à mort.
Sa nièce avait dit avoir trouvé des amis de valeur dans la Horde, en plus de ceux qui étaient allés là-bas avec elle, ainsi il n’avait pas souhaité la forcer à quitter cette faction aussi belliqueuse  et implacable que l’Alliance à ses yeux de l’époque. Et il semblait qu’elle avait eu raison au final, elle avait trouvé un maître pour lui apprendre le chamanisme, des camarades qui s’inquiétaient pour elle et étaient prêts à la défendre en cas de besoin.

- Très bien, concéda Kuroshan malgré un certain ennui, donc nous convenons que nous ne pouvons pas nous ruer dans la base parce qu’il y a des otages pour la Horde...
Les membres du groupe acquiescèrent, même si comme dans le cas du guerrier, certains semblaient préférer qu’ils fassent un assaut rapide. Cependant, un point important avait été relevé, qui était que les kor’krons risquaient de prendre en otage leurs camarades dans le campement.
- Je doute quand même que les camarades de Ralgark et Towenak soient stupides malgré tout, intervint Seranis. Ils ne vont pas se faire capturer aisément, n’est-ce pas ?
- Vous avez raison, acquiesça Ralgark. Onashen et Nirsha savent se défendre, même en face de plusieurs ennemis à la fois. Peut-être moins pour Shaorinn, mais ils s’occuperont de compléter ses propres défenses.
- De toutes façons, dit Sunaki, si nous devons frapper nous créeront au préalable une diversion afin d’être certains qu’ils aient une chance de s’en sortir. Nous leur enverrons des messages...
- C’est vrai, répondit Huoran. Cependant, nous ne pouvons pas encore agir pour le moment. Il nous faut encore attendre que...
Kuroshan se redressa brusquement comme son père répétait à nouveau qu’ils n’avaient pas la possibilité d’attaquer immédiatement.
- Père, dit-il résolument, nous ne devons quand même pas trop attendre. Ils ont attaqué l’un des nôtres. Mon ami, notre camarade, et l’un de tes anciens disciples. Souviens-toi que nous n’avons pas un temps illimité pour le sauver !
- Je sais mon fils, répondit-il. Je veux sauver Marlek autant que toi et les autres ici présent, mais nous ne pouvons vraiment pas attaquer ainsi une base de la Horde.
- Ils ont l’un des nôtres, répliqua le guerrier. Et je doute qu’ils acceptent gentiment de relâcher Marlek si on le leur demande.
- J’dois dire que votre fils a raison, dit Towenak. Même si on peut pas foncer dans le tas, bien sûr.
Le moine poussa un grand soupir, avant de retrouver son calme. Évidemment, après ce qu’il avait entendu il savait qu’ils ne pouvaient pas rester sans rien faire, il ne le voulait pas. Cependant, son fils oubliait trop souvent que les Pandashan ne pouvaient pas agir à leur guise. Les Astres Vénérables n’apprécieraient pas d’entendre que des membres de son ordre aient lancé une attaque surprise contre la Horde, même s’il y avait un motif. De même, il était imprudent de se lancer tête baissée à l’assaut quand il s’agissait de récupérer un camarade prisonnier.
- Je sais..., dit-il. Mais comme je l’ai dit, nous ne pouvons pas lancer une offensive comme ça sans nous attendre à des représailles, qui pourraient dégénérer en guerre ouverte entre les Pandashan et la Horde.
- Si ça arrive, vous pourrez obtenir le soutient de l’Alliance, suggéra Elaria.
- Oh, pas encore..., soupira Kuroshan à cette proposition.
- Merci de vous en soucier, répondit Mei-Lan avec plus de calme que son camarade, mais les Pandashan resteront neutres. Cette guerre ne devrait même pas avoir à concerner notre peuple qui n’a rien à voir avec, alors nous ne nous laisserons pas entrainer dans quelque faction.

Voyant la chasseresse froncer les sourcils, Huoran craignit qu’elle ne s’énerve encore. La discussion avait assez duré à présent.
- Du calme s’il vous plaît. On ne va pas encore se disputer là-dessus. Pour l’heure, je vais envoyer Kagena à leur base. Kagena, tu leur donneras un avertissement, et tu retourneras avec leur réponse... n’en fais pas trop.
La pandarène voleuse, qui était restée silencieuse et attentive à chaque tournant de la conversation, se redressa et s’inclina tout en acceptant la mission qu’on lui confia. Hirokan s’étonna de ce qu’on l’envoie, seule, dans un endroit hostile, et Qwando suggéra de l’accompagner. Cependant, Huoran refusa cette proposition.
- Et qu’est-ce qu’on va faire pour Marthenon ? demanda Nocturana. En admettant qu’ils acceptent de libérer Marlek, on ne va pas l’abandonner alors qu’ils essayent de le transformer en monstre !
- Certainement pas, acquiesça le moine. Notre travail est de lutter contre les manifestations des shas, mais tant qu’ils ont notre camarade dans leur base, de même que ceux de Ralgark, nos possibilités d’actions sont limitées.
- Je vais faire de mon mieux, déclara Kagena. Ils comprendront leur intérêt à ne pas se moquer de nous, je peux vous le garantir.
L’attitude de la pandarène donna à la plupart cette juste impression qu’elle allait remplir cette promesse. Même si en apparence elle était calme et posée, il se dégageait malgré tout une aura menaçante qui faisait froncer les sourcils de Huoran, qui réitéra sa recommandation qu’elle n’en fasse pas trop. Kagena s’inclina en silence avant de quitter la pièce, allant accomplir sa mission.
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Laedera
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MessageSujet: Re: L'Ouragan de la Vengeance   L'Ouragan de la Vengeance EmptySam 9 Aoû - 15:00

L'Ouragan de la Vengeance Screen50

Dans l’avant poste Garrosh’ar, les soldats orcs vaquaient tous à leurs occupations sans avoir spécialement l’air de se douter qu’au grand Temple plus loin, des Pandashan et des aventuriers discutaient de quand et comment. Les grunts avaient déjà assez à surveiller pour en plus s’occuper des affaires des pandarens, qu’ils estimaient ne pas présenter de menace assez importante pour eux. Déjà qu’ils avaient un prisonnier à surveiller, ainsi que les routes, la plupart des soldats persistaient à garder personnellement un oeil sur l’elfe de sang, qui avait clairement été imprégné du pouvoir des shas.
Même s’il ne semblait pas leur être hostile -pour le moment en tout cas-, beaucoup se souvenaient des ravages que ces aberrations pouvaient causer. Et si certains avaient foi en leur Chef de Guerre qui disait que ce pouvoir pouvait être maîtrisé, d’autres se souvenaient encore de ces amis et ces proches morts à cause de ces bêtes. Ainsi, Marthenon était observé avec beaucoup d’attention, même par ceux qui n’étaient pas impliqués directement dans l’expérience qui se déroulait sous leur nez.
Parmi ces gens-là se trouvaient les camarades de Ralgark, évidemment, qui étaient horrifiés de voir ce qui lui arrivait, encore plus de ne rien pouvoir faire. Mais il y avait également l’orque. Mara, comme elle se faisait appeler ; pour être plus exact, c’était Mardaka Amecendre. Personne ne devait le savoir cependant. Son ex-mari n’apprécierait pas de savoir qu’elle était ici en train d’espionner les activités de ses subordonnés à Kun-Lai... pour le compte de l’Alliance. Elle n’appréciait pas spécialement d’aider les ennemis de son peuple, mais si c’était pour faire tomber Mogrosh Sangdrake, elle serait même capable de passer un pacte avec Sargeras. Elle le haïssait au point qu’elle se sentait souillée, humiliée d’être un jour tombée amoureuse de lui, de lui avoir donné un fils, pour qu’il détruise tout  cela de ses propres mains d’ogre.
Après avoir terminé sa tâche de supposée soldat, elle s’éclipsa pour sa pause afin de se faufiler entre les tentes, arrivant à sa cachette non loin de Marlek. Elle avait été incroyablement choquée de voir le Gueule-de-Dragon et Marthenon le ramener en tant que prisonnier, surtout avec les accusations qu’ils avaient portées contre lui qui donnerait presque envie de rire si la situation n’était pas aussi sérieuse. Une chance, elle avait pu obtenir de le soigner de sa blessure ; un autre aurait sûrement bâclé le travail et l’aurait aggravée, elle n’en doutait pas. Ça lui avait permis d’entrer en contact avec lui. Le moine savait au moins qu’il avait une alliée de plus dans cette base de fous, vu que Shaorinn était là aussi. La pandarène avait cependant ordre de ne pas l’approcher, vu qu’elle avait ouvertement dit qu’ils étaient amis.

S’assurant que personne ne pouvait la voir, elle annonça au moine qu’elle était là. L’entendant, Marlek fit de son mieux pour qu’on ne remarque pas qu’il était en train de parler, à première vue dans le vide.
- On dirait que Molokh a réussi là où tous avaient échoué, murmura Mardaka. Marthenon a vraiment l’air de contrôler le pouvoir des shas. Ils n’ont pas encore testé ce que ça va donner au combat cependant, mais ils ont l’air de tenir à ce que cela se fasse contre Nocturana.
- Des idiots. Il ne vont faire que saboter leurs propres plans. Ce qui serait pas mal, tout compte fait.
- Tu penses ?
- Marthenon et Nocturana ont besoin l’un de l’autre, ils le savent au fond d’eux. Il n’arrivera pas à la tuer, même si en ce moment il est surement furieux contre elle pour avoir oublié de lui dire qu’elle n’était pas morte... En comparaison ce n’est pas si difficile que ça d’avoir causé directement la mort du père de la femme qu’on aime.
- Oh, par pitié arrête avec ça. Ce n’était pas de ta faute.
- C’était ironique.
Mardaka poussa un bref soupir, même si quelque part elle se sentait rassurée que Marlek ne perdait pas son sang-froid même en étant prisonnier. Elle espérait quand même qu’il ne se montrerait pas encore trop provocateur envers ses geôliers au point de les énerver ; il avait ce défaut de souvent jouer au plus malin avec ses ennemis. Elle savait qu’elle supporterait mal de voir les kor’krons faire du mal à l’humain qui avait sauvé sa vie tant de fois.
- Je m’inquiète de ce qu’ils essayent de lui faire..., marmonna le moine. Si rien n’est fait, personne ne pourra le ramener à un état normal. Les sha sont vicieux.
- Comme d’habitude, tu peux toujours te montrer inquiet envers quelqu’un qui t’a blessé, si seulement il est apparenté à l’un de tes amis, remarqua l’orque avec une pointe d’amusement.
- Sans lui, Nocturana ne connaîtra jamais une vie meilleure, qu’elle mérite. Et sans elle, il sera condamné à errer dans les ténèbres jusqu’à ce qu’on le tue. Un peu comme mon père...
- Marlek... Ton père est devenu un homme mauvais, c’est vrai, et il faut t’en rappeler pour ne pas suivre son exemple. Mais tu avais une mère également, et elle n’était pas aussi dérangée que lui. Hérédité ou pas, il n’y a pas que Frader.
Le moine hocha la tête, pensif. Ils remarquèrent néanmoins que le Gueule-de-Dragon, accompagné de Marthenon, descendait du promontoire pour se diriger vers lui. Coupant court à leur conversation, Mardaka fut obligée de se faufiler hors du périmètre pour éviter que le voleur ne la repère. Elle lui recommanda de ne pas trop jouer les plaisantins avec Molokh, ce qu’il accepta de faire, silencieusement cependant comme celui-ci approchait.

Rien que de voir ce qu’il y avait dans les yeux gris de Molokh, il sentit que le Gueule-de-Dragon ne s’attendait pas à une discussion calme, qu’au contraire il attendait de la violence. Il n’allait pas lui donner satisfaction pour ça, cependant. Ça ne lui plaisait pas de devoir donner la position d’une camarade à un ennemi, mais dans le cas présent il n’avait pas exactement quelqu’un qui ne représentait que cela. Même si c’était très risqué, il fallait que Marthenon retrouve au plus vite Nocturana, avant qu’il ne soit trop tard pour lui.
- Nous t’avons fait attendre un peu trop longtemps, dit le Gueule-de-Dragon en essayant de paraître intimidant (sans grand succès). Nous avons à parler, humain.
- Et bien allons-y, répondit Marlek.
- Tu as une amie elfe de la nuit appelée Nocturana Flèche-de-Drake. Où est-elle ?
- C’est gentil à vous de penser à elle aussi vite, même si vous ne prenez pas vraiment la bonne direction à ce propos.
- Dis nous au lieu de bavarder ! s’exclama impatiemment Marthenon.
Marlek le détailla rapidement, plissant légèrement les yeux face à cette réaction. Il déduisit que l’influence des sha était particulièrement bien accrochée à l’elfe de sang ; raison de plus pour ne pas faire trainer les choses.
- La dernière fois que nous nous sommes vus, c’était au Temple du Tigre Blanc. Peut-être qu’elle est partie, peut-être pas. Je te l’ai dit Marthenon, elle est à ta recherche maintenant. Elle a compris ses erreurs et elle veut les corriger. C’est ta chance, saisis-la. Vous avez besoin l’un de l’autre tous les deux, alors va lui parler au plus vite !

La réaction de Marthenon lui donna un peu d’espoir. Ses traits semblaient se décrisper, perdre soudainement leur caractère agressif alors qu’il avait l’air affecté par ces propos. Cependant, l’entourage du guerrier se chargea vite de lui rappeler que sa transformation ne s’était pas faite par hasard, et que son discours dérangeait. Incapable de l’éviter, il se prit un coup de poing en plein dans la tête en réponse à son discours.
- Nous t’avons demandé sa position, pas d’encourager Marthenon à courir à sa perte dans ses bras !
- Fie-toi à ton intuition ! continua Marlek sans prêter attention à Molokh.
Une nouvelle rouée de coups vint récompenser son obstination à remettre l’elfe de sang sur le droit chemin. Marlek souffrit en silence, espérant que le message atteindrait Marthenon en dépit de ce qu’il devait subir pour cela. Le cri d’un grunt vint cependant interrompre les attaques du Gueule-de-Dragon, comme on annonçait l’entrée d’une émissaire des Pandashan dans le campement. Molokh sembla un peu surpris d’entendre ça.
- Les Pandashan ? marmonna-t-il. Qu’est-ce qu’ils font ici ?
- Soit ils viennent pour lui, dit Marthenon. Soit pour nous.
Redressant un peu la tête, le moine put apercevoir l’émissaire. Il s’agissait de Kagena, qui avançait sur son tigre noir couvert de l’armure Pandashan. La pandarène l’aperçut, fronça les sourcils en voyant qu’il venait d’être battu. Marlek ne put retenir un mince sourire en voyant qui est-ce qui venait donner un avertissement aux orcs. S’ils se montraient toujours aussi obstinés et arrogants qu’en ce moment-là, ils allaient avoir droit à une surprise de taille avec Kagena.
- Vous allez avoir de sacrés ennuis, ricana-t-il.
- Il n’y a rien à craindre des pandarens, grommela Molokh, leur race est faible... Allons-y, nous avons ce dont nous avons besoin.

Les mots de l’humain résonnaient toujours dans l’esprit de Marthenon, même s’il ne leur avait rien répondu. Au milieu de la tempête de colère, il doutait. Si Nocturana avait réalisé qu’elle avait commis une erreur en l’ignorant de la sorte, en le marginalisant en tant que simple “frère”, est-ce qu’à présent il avait enfin cette chance qu’il s’était vue dérober pendant toutes ces années par les caprices du sort ? Est-ce que le moine ne voulait cependant pas l’envoyer se jeter dans la gueule du loup, cela pouvait être possible.
Tout semblait de plus en plus confus, à chaque instant il fallait qu’il se retienne de ne pas relâcher sa nouvelle puissance sur tout ce qui bougeait afin de se défouler. Plus préoccupant, ces voix agressives qui traversaient ses pensées devenaient de plus en plus présentes dans sa tête. Il craignait de perdre le contrôle.
- Pourquoi restes-tu silencieux ? demanda Molokh. Cet idiot aurait-il perturbé ta conviction ?
- Je me demande..., marmonna l’elfe de sang.
- Ne l’écoute pas Marthenon. Surtout pas quelqu’un qui prône l’intuition... certainement pas fiable.
- Tu dis cela parce que tu es un voleur.
Il se sentit rire intérieurement de voir une grimace de déplaisir apparaître sur le visage du Gueule-de-Dragon. C’était assez distrayant pour le moment de le voir réagir, assez pour ne pas songer à tout démolir autour de lui.
- C’est vrai, concéda Molokh. Mais dans ton cas également, la discipline et la maîtrise de tes émotions sont les seuls véritables outils à employer, pas ça. Tu es un soldat.
- Peut-être que je pourrais être plus...
- Non, tu as prêté serment. Tu as juré de protéger la Horde, et en échange la Horde se tient à tes côtés. Il n’y a pas d’autre issue. Soit tu vis et combat au service du Chef de Guerre, soit tu seras exécuté pour trahison.
- Vraiment... Tu es très susceptible.
- Ce n’est pas une blague, Marthenon. Tu te montres un peu trop insolent et désordonné, n’oublie pas que ce pouvoir doit rester sous contrôle. Ne le libère que contre des ennemis, pas des alliés.
Encore et toujours le même discours, mais il y avait toujours un point qui le dérangeait. Il ne parvenait toujours pas à se mettre d’accord sur si Nocturana devait vraiment être considérée comme une ennemie. Molokh insistait énormément là-dessus cependant. Il avait le désir qu’elle paye pour l’avoir fait souffrir, mais était-ce vraiment la seule chose envisageable pour eux ?
- Pourquoi devrions nous commencer spécialement par Nocturana ? demanda-t-il. Il y a une base de l’Alliance au sud-ouest. L’endroit idéal pour tester ce don, et nous n’avons pas besoin de perdre du temps en recherches.
- Elle est une menace, dont il faut se débarrasser, déclara le Gueule-de-Dragon. L’amour est une faiblesse qui peut être mortelle pour un guerrier de la Horde. Cela, je ne le sais que trop bien...
- Qu’est-ce que tu veux dire par là ?
- J’ai été forcé de tuer la femme que j’aimais pour le bien de la mission... Les secondes perdues à hésiter entre mon serment envers la Horde et l’amour que j’avais pour elle ont coûté les vies de camarades de valeur. Depuis lors, j’ai décidé de ne plus jamais me laisser distraire par ce sentiment, qui rend faible plus qu’autre chose. Rien qu’en te regardant avant que tu ne trouves ce pouvoir, tu ne pourras pas me contredire.


Kagena descendit de sa monture avec grâce avant de monter la pente menant jusqu’au promontoire de commandement. En avançant, elle prenait soin de noter le moindre détail, ce qui servirait à ses camarades à son retour. Après Marlek, la pandarène repéra rapidement cet elfe de sang nommé Marthenon ; comment ne pas le remarquer, avec sa peau grisâtre et ses yeux luisant du pouvoir maléfique des shas. Elle s’appliqua à ne pas trop le dévisager, mais cette brève vision ne la rassurait pas. Son expérience lui disait clairement que le guerrier était au stade précédant tout juste la transformation irréversible en monstre. Ils ne devaient pas perdre de temps.
Le centurion orc, celui que Ralgark appelait Rokhal, l’attendait en haut avec un air hautain qui la surprit à peine. S’il comptait manquer de respect à son ordre, elle lui montrerait de façon très persuasive son tort. Kagena veilla à ce que les paroles de Maître Huoran ne quittent pas son esprit ; elle devait impressionner, mais sans en faire trop. Elle se connaissait assez bien pour savoir à quel point il fallait qu’elle y fasse attention.
Poliment, elle effectua un salut en face du centurion. Celui-ci ne prit même pas la peine d’y répondre, ce qui lui donna d’emblée une mauvaise impression du personnage. Le ton poli qu’il prit cependant en prenant la parole lui sonna affreusement hypocrite à ses oreilles :
- Votre visite est assez inattendue, Pandashan. Qu’avez vous à demander à la Horde ?
- Sachez que je viens en paix, orc. Hier, l’un de vos guerriers ont malencontreusement attaqué et enlevé un moine humain appelé Marlek Rivel, et nous avons entendu dire que vous l’accusez d’être un espion de l’Alliance. Vous devez savoir que cela est faux, car cet homme est un membre honoraire de notre ordre. Je viens donc vous demander au nom des Pandashan de le libérer dès cet instant.
- Hah ! s’exclama Rokhal avec un ton moqueur. Pour qui vous prenez-vous pour nous donner des ordres ?
- Il s’agit moins d’un ordre que d’une offre. Il est dans vos meilleurs intérêts de libérer Marlek. Vos accusations contre lui sont fausses, et nous ne tolèrerons pas que l’un des nôtres est gardé en captivité pour des motifs injustes.

L’arrogance de l’orc vexait beaucoup Kagena, mais elle résolut de garder son calme. Elle avait du mal à comprendre l’obstination de cet officier à vouloir conserver Marlek prisonnier, surtout qu’elle ne voyait pas ce que ça leur apportait. La voleuse songea qu’il cherchait à la provoquer plus qu’autre chose. Son pressentiment trouva confirmation quand l’orc à la peau sombre arriva sur le promontoire, accompagné de l’elfe de sang touché par les shas.
Croisant d’aussi près son regard duquel s’échappait une puissance sournoise et maléfique, elle sentit ses poils se dresser d’angoisse. Des souvenirs amers lui revinrent en mémoire comme cet homme maudit et manipulait semblait la narguer par sa simple présence. Elle se rappelait de cet instant où sa vie avait été entièrement bouleversée, où elle avait perdu sa famille, même si les Pandashan lui en avait offert une nouvelle, plus grande, plus chaleureuse et juste...
- Ah, j’aurais dû m’en douter, dit l’orc noir. Non seulement ce moine humain a bien été entrainé par l’un de votre race, mais en plus il fait partie de votre pitoyable organisation. Les Pandashan... grands maîtres de l’ombre en effet. Nous vous voyons à peine pendant que cette guerre que vous méprisez tant a lieu sur vos propres rivages.
- Vous pouvez vous répandre en provocations futiles si vous le souhaitez, cela m’importe peu tant que j’ai réponse à ma question.
- Et pourquoi exactement devrions nous libérer l’humain sur votre demande, pandarène ? ricana le centurion.
- J’y vois plusieurs raisons. Premièrement, il est l’un des nôtres, ce qui amène au second point que nous ne nous arrêterons à rien pour obtenir qu’il soit remis en liberté. Et à ce sujet, si vous pensez que refuser tout de suite est une idée... n’allez pas pleurer auprès de votre Chef de Guerre si nous y sommes allés un peu fort avec vous afin de sauver notre camarade. Je vous ai demandé, puis je vous ai averti, vous pouvez décider de la suite.
Le centurion éclata de rire à la fin de cette déclaration, peu impressionné par Kagena et ses avertissements. La pandarène secoua la tête, se demandant au passage comment il était possible que ces orcs aient réussi à atteindre ce degré d’industrialisation avec si peu de bon sens dans la cervelle. Elle comprit que comme les mots ne les atteignaient pas, il allait falloir maintenant en arriver aux actes. Face à des gens gonflés d’arrogance et emplis de leur personne, elle sut ce qui allait réellement avoir un impact.
Alors qu’elle se préparait, une ombre se plaça en face d’elle, à côté du centurion. L’orc noir vint la dominer de toute sa taille, un regard méprisant et menaçant fixé sur elle. Elle reconnut au premier regard un adversaire impressionnant, qui avait des talents de voleur très similaires aux siens. Une invitation à redoubler de prudence dans ses prochaines actions.
- Les gens de ta race ne nous effrayent pas, dit-il, qu’avons-nous à craindre d’être aussi pacifistes et effrayés à l’idée de se battre. Maintenant, nous avons des questions à poser.
- Vous ne voulez pas me donner une réponse satisfaisante, pourquoi en ferais-je de même ? répliqua-t-elle.
- Parce que nous avons les moyens de te faire parler.

Kagena fronça les sourcils en entendant cela, une menace directe contre elle. Elle s’était attendue à ce que la Horde lui soit hostile comme elle prenait la défense de Marlek, mais pas à ce point là. Il allait falloir qu’elle soit prudente, si elle voulait avoir une chance de retrouver ses camarades et de les prévenir de ce qui se passait ici. Cela nécessitait qu’elle gagne du temps, jusqu’à trouver une bonne ouverture pour frapper et s’enfuir.
- Qu’est-ce que vous voulez ? demanda-t-elle sur un ton défiant.
- Il y a quelques jours une elfe de la nuit chasseresse appelée Nocturana se trouvait au Temple du Tigre Blanc ; y est-elle encore ?
Comprenant qu’il voulait parler de Nocturana, elle resta un moment sans rien dire, surprise par cette question. Pourquoi diable cet orc souhaitait-il savoir où elle se trouvait ? Et n’étaient-ils pas supposés la penser morte ? En jetant un regard rapide vers l’elfe de sang, elle comprit ; il craignait, à juste raison, que l’elfe de la nuit ne cherche à le tirer de cette mauvaise passe et le libère de l’influence des sha. Elle grimaça, ne souhaitant pas répondre que celle qu’ils cherchaient se trouvait à quelques heures de cerf-volant de leur base à préparer une attaque contre eux.
- Et bien, on a perdu sa langue ? Je devine que ça doit être le cas, sinon tu ne mettrais pas autant de temps à répondre qu’elle serait partie.
- Ah, un orc qui sait se servir de sa tête pour réfléchir, lança-t-elle sarcastiquement. Avec votre supérieur ici présent je croyais que ça n’existait pas, rassurée de voir que votre race se porte bien en fin de compte.
L’elfe de sang éclata de rire comme les deux orcs affichaient un air irrité à sa remarque provocatrice. Comme elle s’y était attendu, le centurion, qui représentait les muscles du duo, avait un visage couvert de rage, montrant les crocs. Le voleur noir, se montrait plus méprisant dans son attitude. Il n’aimait visiblement pas qu’une pandarène qu’il n’appréciait pas se moque ainsi de lui, encore moins de son peuple entier.
- Vous voyez ce que ça fait de se river à des généralités, déclara-t-elle. Depuis le début vous vous imaginer m’avoir cernée en tant que pandarène, mais vous ne savez rien, vous ne suspectez rien. Je ne suis pas à sous-estimer. J’ai tué mon père de mes propres mains !
Avant que ses ennemis n’aient le temps de réagir, ses pattes tirèrent hors de leur fourreaux ses dagues envenimées, dont elle planta une en plein dans l’oeil du centurion après avoir bondi agilement sur lui. Rokhal hurla de douleur en se plaquant ses mains sur sa blessure sanglante, tombant à genoux en même temps que Kagena se reposait sur ses pieds. Rapidement, elle jeta au sol sa boule fumigène qui explosa en nuage blanc qui les aveugla tous les trois. Sans perdre plus de temps, la pandarène se faufila vers la gauche, hors de la fumée, avant de se dissimuler dans l’ombre en passant d’abri en abri.
Comme elle s’était assez éloignée du promontoire, elle entendit l’orc noir hurler à tout le campement de la trouver avant qu’elle ne s’échappe. Le coeur battant, elle résolut de ne pas tomber entre les mains de ces soldats de la Horde, comme le voleur lui promettait sans même l’avoir sous les yeux de lui faire payer pour ce geste. Kagena songea qu’elle avait peut-être été un peu trop violente par rapport à ce que Maître Huoran aurait attendu d’elle, cependant elle constatait par la rumeur dans le campement qu’elle avait fait son effet. Dorénavant, le centurion y réfléchirait à deux fois avant de se moquer des Pandashan.


S’échapper de l’avant-poste n’allait pas être facile, comme les soldats et éclaireurs mobilisés fouillaient partout afin de la trouver. Pour le moment, Kagena était en sécurité derrière les caisses qu’elle avait trouvées, mais elle savait que ce n’était qu’une question de temps avant que quelqu’un ne passe de son côté. Elle osa jeter un regard vers Marlek qui était plus loin. Pouvait-elle l’aider à s’échapper tout de suite ? Cela allait être risqué cependant. Surtout qu’il y avait un autre voleur expert dans les parages, et il était le plus susceptible de la repérer quand elle se déplacerait.
Après avoir pris trois seconde pour respirer afin de faire le vide, regagnant son calme et un souffle régulier, la pandarène décida enfin de bouger. Projetant un pétard dans une rangée de tentes annexes, elle attendit que l’explosion se déclenche pour se précipiter vers une nouvelle cachette tandis que tout le monde était occupé à regarder vers la source du vacarme. Elle estima qu’en deux étapes elle parviendrait à atteindre son ami humain ; un recoin derrière plusieurs barils permettaient de se dissimuler aux regards tout en étant assez proche du prisonnier de la Horde.
Une nouvelle diversion provoquée par la chute d’une pile de caisses lui permit de sauter vers le second abri, se rapprochant de son camarade. Elle fut néanmoins surprise de voir qu’il gardait les yeux fixés vers un certain endroit, sans avoir l’air de prêter attention à l’agitation. Il ne semblait pas chercher à la trouver, même discrètement, ce qui l’inquiéta un peu. Qu’est-ce qui pouvait bien le pousser à agir comme ça alors que tous les soldats étaient en train de courir dans tous les sens à la chercher... n’étaient-ils pas d’ailleurs complètement au mauvais endroit, laissant Marlek sans surveillance alors qu’il serait plutôt logique de garder un oeil sur lui quand elle était ici pour obtenir sa libération ?
Kagena se mordit la lèvre en comprenant ce qui se passait : on lui tendait une embuscade. Après avoir constaté que l’orc voleur n’apparaissait nulle part, elle comprit que le moine savait où celui-ci se trouvait, et regardait dans cette direction dans l’espoir de lui faire réfléchir. Ce qui avait heureusement réussi, et elle lui en était reconnaissante ; cela accentua sa déception de ne pas pouvoir l’aider tout de suite.

Alors qu’elle cherchait une façon de gagner la sortie, un mouvement dans l’ombre à côté d’elle la fit tressaillir. Kagena brandit ses dagues face au furtif qui s’approchait, et celui-ci gronda doucement comme un félin. Elle s’apaisa un peu en reconnaissant un druide en forme de lion ; un tauren, à en juger par ses cornes caractéristiques. Il devait certainement s’agir de l’un des amis de Ralgark et Towenak, Onashen.
Onashen ne semblait pas pouvoir lui parler sous cette apparence. Cependant, la pandarène dressa les oreilles alors qu’elle entendait une voix étrangère résonner directement dans son esprit. Elle était douce et calme dans le fond, mais comme elle s’adressait à elle, les mots psychiques semblaient empreints d’urgence et de conviction. La télépathe se présenta rapidement à la pandarène.
Je suis Nirsha, une oracle taurène et une amie. N’ayez crainte, je ne fais que vous envoyer des messages par télépathie pour vous aider. Vous ne devez pas approcher l’humain pour le moment, Molokh le Gueule-de-Dragon essaye de vous tendre une embuscade. Votre ami ne le quitte pas des yeux d’ailleurs.
Ainsi elle avait vu juste. Elle était reconnaissante à cette Nirsha, qui devait être l’autre taurène amie de l’orc chaman, de lui confirmer le danger présent. Celle-ci lui annonça que son camarade druide allait s’occuper de la guider discrètement jusqu’à la sortie.
Le félin brun semblait également connecté en pensées avec Nirsha comme à ce moment-là il fit un nouveau signe de tête à l’adresse de la pandarène, avant de passer dans les ombres jusqu’à un autre endroit caché. Kagena s’appliqua à le suivre avec autant de finesse et de discrétion, échappant ainsi aux soldats qui la recherchaient. Avoir l’aide d’Onashen lui facilitait grandement la tâche, si bien qu’elle arriva plus rapidement que prévu à l’extérieur de l’avant-poste, où tous deux allèrent se réfugier à l’abri d’un rocher des steppes au cas où une sentinelle ne les aperçoive.
- Merci de votre aide, murmura la voleuse au druide qui reprit sa forme de tauren. Votre amie Arkalea est vivante, et Ralgark et Towenak sont avec elle, ils vont tous bien.
- C’est un soulagement, dit sincèrement le tauren. Les vôtres vont-ils nous aider ? Vous avez vu ce que les kor’krons tentent de faire à Marthenon, notre ami elfe de sang. Il faut le sortir d’ici !
- Je sais, nous l’avons convenu. Comme le centurion a refusé de libérer Marlek, nous allons faire d’une pierre deux coups lorsque nous allons attaquer. Cependant, faîtes attention tous les deux, ainsi que Shaorinn : vous risquez de leur servir d’otages.
- Nous ne leur en laisserons pas le temps. Allez retrouver vos camarades et nos amis, dîtes-leur ce qui se passe ici.
Kagena remercia son guide, avant de lui confier deux courtes limes qu’elle lui demanda de faire passer à Marlek afin qu’il les utilise pour s’échapper. Le druide acceptant, elle s’inclina face à Onashen, qui fit de même avant de se transformer en faucon pour retourner dans la base. Alors qu’ils se séparaient et que la pandarène allait reprendre la route à pieds, privée de son tigre, la voix de Nirsha résonna une dernière fois dans son esprit :
Une dernière chose. Ces orcs ne représentent pas toute la Horde. Nous en faisons également partie, et nous ne sommes pas vos ennemis.
- Je m’en souviendrai, promit la pandarène.


La soirée se profilant, la voleuse n’était pas encore rentrée mais les Pandashan et les aventuriers pouvaient déjà s’imaginer que les orcs devaient lui causer des soucis. On envoya Sunaki avec Hirokan pour aller à sa recherche, au cas où elle aurait des ennuis. Kuroshan continuait de soutenir qu’il ne fallait pas perdre de temps et passer à l’assaut, et son père n’était pas loin de le lui concéder. Il espérait quand même que Kagena aille bien et qu’elle puisse leur donner un rapport sur le campement, les points à attaquer.
Quand elle entendit qu’Arkalea s’était réveillée, Nocturana décida d’aller lui rendre visite. Elle lui devait bien ça, après que l’orque se soit appliquée à protéger Marthenon, même si au final celui-ci s’était retourné contre elle. L’elfe de la nuit découvrit l’orque assise sur son matelas, le regard perdu dans le vide avec une main posée sur son ventre, à l’endroit où elle avait été blessée. Elle réagit à peine quand elle vit la chasseresse entrer. Son visage restait empreint de tristesse et de colère profonde.
- Bonsoir, la salua doucement Nocturana. Je voulais voir comment tu allais...
- Tu veux une réponse honnête ? Dévastée, enragée, amère.
Bien que l’orque ait parlé calmement, ces émotions se constataient dans son timbre de voix. Nocturana se mit à genoux en face d’elle, bouleversée par une victime de plus parce qu’elle avait maintenu Marthenon dans l’ignorance de sa survie, le rendant fou, affectant son entourage. Elle regrettait de plus en plus son erreur.
- Je suis tellement désolée pour tout, dit-elle. C’est entièrement de ma faute que tu aies autant souffert.
- Tu ne peux pas dire mieux..., murmura Arkalea.

L’orque avait cette boule dans la gorge, de voir la rivale qu’elle avait crue morte autant que Marthenon se tenir à quelques pas d’elle, demander pardon alors que la catastrophe avait maintenant éclaté. Comme elle l’avait tant détestée, cette elfe de la nuit sans coeur qui avait rendu fou l’homme qu’elle aimait et avait continué à le tourmenter dans la mort... sans être morte, en fait ! Elle ignorait si son camarade avait déjà appris cela, mais elle savait que quand cela lui serait dévoilé, il deviendrait incontrôlable.
Arkalea aurait vraiment aimé faire plus que de rester assise sur le matelas sans bouger. Cependant, que pouvait-elle faire ? Elle n’avait même plus de volonté ni d’énergie pour agir de quelque façon. Avoir vu la mort d’aussi près l’avait glacée, mais le pire dans tout cela c’était qu’à présent on lui avait dérobé tout ce qui faisait d’elle une femme. Son amour l’avait trahie. Elle ne pourrait plus jamais espérer donner la vie un jour ; la moniale elfe de sang avait fait un bon travail en lui sauvant la vie, mais comme la pandarène lui avait annoncé à son réveil, restaurer tout ce qui avait été tranché dans son ventre tenait de l’impossible pour elle.
Tout semblait être devenu noir, étouffant autour d’elle, et elle ne pouvait rien faire contre cette oppression omniprésente. Elle ne savait même pas qui est-ce qu’elle devait blâmer pour tout ce qui lui arrivait. Si c’était Nocturana pour son mensonge, Marthenon pour lui avoir infligé cette blessure, la Horde pour avoir maintenu son amour dans un environnement sombre qui l’avait transformé en monstre, l’Alliance qui avait tout déclenché par la mort de son oncle et continué à harceler l’elfe de sang pour toutes les morts qu’il avait causées... ou elle-même, pour avoir été aussi faible et incapable de le protéger.
Après tant de silence oppressant, Nocturana finit par se relever avec ses familiers. L’orque la fit cependant s’arrêter. Même si elle détestait l’elfe de la nuit, elle savait qu’elle avait son rôle à jouer. Elle n’aimait pas l’admettre, mais c’était l’évidence. Elle seule pouvait sauver Marthenon, à condition qu’elle ne commette pas d’erreur. Et par les ancêtres, qu’est-ce qu’elle savait à quel point elle en avait commis jusqu’à présent !
- J’ai passé beaucoup de temps aux côtés de Marthenon, commença-t-elle. Deux ans, ça ne semble pas beaucoup, mais on aurait dit une éternité pour moi. Je ne pouvais qu’espérer qu’un jour, il verrait à quel point il comptait beaucoup pour moi. Parfois mes espoirs étaient au plus bas, parfois ils remontaient. Mais quoi qu’il arrivait, je restais... je pouvais sacrifier beaucoup pour lui. Je l’ai rejoint dans cette guerre, alors que je n’avais pas envie de participer à ce massacre, mais pourtant j’y ai pris part, uniquement pour lui. Il avait besoin de quelqu’un et je le savais. Il était blessé, son âme porte encore aujourd’hui des cicatrices profondes et douloureuses. Il ne me voyait que comme une “soeur”, je le sais. Mais je me disais que si je restais avec lui, quoi qu’il arrive, il finirait par guérir et m’ouvrir son coeur. Et puis nous en arrivons là, lorsque l’homme que j’aimais m’a infligé cette blessure...

Le récit d’Arkalea émouvait Nocturana, à un tel point qu’elle sentait des larmes affluer sous ses paupières. Elle se sentait cependant bizarre en apprenant que l’orque aimait Marthenon ; cela lui sembla une perspective presque gênante. Pourtant, elle était forcée de reconnaître que tant de dévotion aurait au moins dû lui apporter plus qu’une relation de frère et soeur d’armes... Des tas d’idées apparurent soudainement à son esprit à cette mention. Arkalea faisait-elle un parallèle entre sa situation et celle qu’avait connu l’elfe de sang quant il était encore proche d’elle, et elle était incapable de voir qu’il espérait plus d’elle, qu’elle ne le reconnaisse que comme un “frère” ?
- L’homme que j’ai toujours aimé depuis que je l’ai rencontré, continua l’orque avec une voix tremblante. J’ignore si tu peux imaginer à quel point c’est douloureux de le voir me tourner le dos subitement, ne montrer absolument aucun signe qu’il s’inquiète pour moi. C’en est une torture, et je... je n’ai plus envie que quelqu’un, quelque chose paye. Je ne sais pas qui exactement, le monde entier me semble parfait pour ça, mais il faut que ma colère puisse se déchaîner contre un responsable, sinon je pourrais en devenir folle.
- Est-ce que c’est vraiment comme ça que Marthenon voit les choses, depuis Theramore ? demanda l’elfe de la nuit.
- Oui... Lorsque nous avons assisté à l’explosion, une part de lui est morte à ce moment-là. Je sais à quel point l’Alliance adore se figurer que nous avons regardé la destruction de cette ville en poussant tous des cris de joie, que ça nous a tous fait plaisir. C’est faux, ça l’est encore plus pour Marthenon. Il n’a pas dit un mot sur le chemin du retour, il n’a pas eu la force de prendre part aux festivités. Il a passé la fête sur la tombe de mon oncle, Drakgosh. Ralgark n’aurait pas été allé le trouver, qui sait s’il en serait revenu... vivant. Dire que pendant ce temps-là, toi tu étais bien vivante...
Savoir exactement ce qui était arrivé à Marthenon après cette tragédie brisait le coeur de l’elfe de la nuit. Elle s’en voulait de ne pas avoir cherché à faire savoir qu’elle était encore en vie, de l’avoir condamné par son silence à une existence de souffrance pendant une année, qui avait dû lui sembler comme une éternité. Elle ne tenta même pas de comparer à cette période suivant la perte de Séréphios, parce qu’elle savait que ce n’était pas la même chose.
C’était indéniable, elle était entièrement responsable de ce qui arrivait, de ce qu’avait subi l’homme qui n’avait jamais cessé de l’aimer... qu’elle aimait également, refusant d’envisager une autre possibilité que celle de sa restauration. Cependant, elle devait aussi clarifier certaines choses. Même si d’eux deux elle ne pouvait pas prétendre être une véritable martyre, elle aussi avait  beaucoup souffert. Elle avait frôlé la mort, n’y avait échappé que grâce à un ami qui avait mis sa vie en danger pour elle. Et la raison de son silence, de sa fuite, était cette propagande mentionnée par Arkalea, qui l’avait convaincue que tous les soldats savaient ce qui devait arriver à Theramore. Elle avait cru que Marthenon, son “frère” l’avait trahie. Comment souhaiter le revoir avec ce mensonge à l’esprit ?

Arkalea réfléchit pensivement à l’histoire de l’elfe de la nuit. Elle comprit qu’elle avait eu tort de penser que Nocturana avait un coeur de pierre. Au final, elle aussi avait été abusée et menée par le bout du nez par sa propre faction, contre tout ce qui devait véritablement importer pour elle. Cela lui fit se sentir un peu coupable d’avoir oublié à quel point être témoin de l’explosion de Theramore, surtout du point de vue d’un défenseur qui y échappait de peu, était traumatisant. Pas étonnant qu’elle ait passé toute l’année à fuir, après ça...
- Finalement..., murmura Arkalea. Marth avait bien raison d’accuser l’Alliance pour ta perte. Ils ont autant eu leur rôle à jouer que la Horde...
- Nous avons tous nos torts dans cette histoire... Il faut corriger tout cela. Je te promets que je vais le sortir de là.
- Tu es la seule à le pouvoir. Même en te croyant morte, tu restais toujours dans son coeur, quoi qu’il arrive. Mais sois prudente cependant. S’il ignore que tu as survécu, et qu’il te revoit apparaître ainsi, attends toi à ce qu’il ait une réaction explosive...
Nocturana hocha la tête. Elle n’en attendrait pas moins de l’elfe de sang, qu’elle connaissait suffisamment pour savoir qu’il réagirait sûrement ainsi en la voyant. L’elfe de la nuit promit à l’orque de tout faire pour sauver Marthenon et le ramener à la raison.


Trois nouveaux arrivants ainsi qu’une meute de loups entrèrent dans le Temple alors que le soleil se couchait, attirant au départ de la méfiance avant qu’ils ne demandent à voir leurs camarades mercenaires. Les moines finirent par comprendre que l’orque et les deux hybrides qui venaient d’arriver n’étaient pas associés au campement de la Horde lorsque Seranis les accueillit avec un certain soulagement.
- Qu’est-ce que c’est que cette histoire que vous allez attaquer un camp et des orcs ? demanda Kosh après avoir salué son chef.
- Ils s’en sont pris à Marlek, leur expliqua l’elfe de sang. Les Pandashan, ainsi qu’un orc et un troll échappés de là-bas craignent en plus qu’ils ne tentent de transformer un certain Marthenon avec le pouvoir des sha.
- Laisse-moi deviner, intervint Keera, les responsables sont des fanatiques de Hurlenfer.
Le paladin acquiesça, ce qui la fit soupirer. Elle n’appréciait vraiment pas d’entendre parler des exactions commises par les membres de son peuple. Déjà que chaque mention de la Horde de Hurlenfer causait un sentiment presque instinctif d’exaspération et de rejet chez elle, et ce depuis longtemps, maintenant qu’elle savait que son père était un demi-draenei elle supportait encore moins ces gens racistes et arrogants. Elle en avait vraiment assez que ces abrutis donnent une telle image négative de son peuple.
- C’est une bonne occasion de rembourser la dette que nous avons envers eux, dit Seranis. Ça risque d’être dangereux quand même, et vu que nos ennemis sont principalement des orcs, la Horde... peut-être que vous voulez encore partir rejoindre Xa’na tout de suite, afin de ne pas être impliqués dans cette histoire.
Il regardait spécifiquement Kosh, qui affichait déjà une grimace à l’idée de s’en prendre à la Horde quand il savait que sa vie n’avait commencé à réellement prendre un sens que grâce à cette faction. Même si les orcs l’avaient recueilli comme un animal intrigant à l’origine -et ce n’était pas loin de la vérité-, ils lui avaient donné des sortes de racines, une chance d’apprendre à survivre. À présent il était un mercenaire indépendant, mais il était quand même reconnaissant quelque part envers ceux qui lui avaient permis de survivre. Cependant, Seranis lui parlait bien de gens qui s’en étaient pris à quelqu’un avec qui il avait combattu, qui avait aidé la Compagnie, sa famille.
- Ces orcs-là ne sont pas la Horde légitime, et ils souillent le nom de mon peuple, répliqua Keera avec un ton méprisant. Je me ferais une joie de les donner en pâtée à mes loups !
La meute aboya joyeusement à cette promesse de viande fraiche, ce qui ne manqua pas de faire tressaillir quelques passants. L’elfe de sang eut un sourire amusé face à la détermination de la chasseresse. Inspirés par sa résolution, les deux hybrides se rangèrent à son avis. Seranis afficha un air approbateur, puis les guida dans le Temple jusqu’à leur dojo réservé, où Huoran attendait.
Les mercenaires le trouvèrent en pleine conversation avec Kagena, que ses camarades avaient retrouvée sur la route et ramenée. Le vieux moine semblait très irrité par le rapport que sa subordonnée lui fit sur l’attitude des orcs. Elle parvint à modérer son courroux à la mention des deux taurens qui l’avaient aidé à s’échapper, en lui rappelant que toute la Horde ne ressemblait pas au centurion ou au voleur orc noir.
- Je veux bien le croire, acquiesça Huoran. Cependant, il n’empêche qu’ils dépassent les bornes. D’abord ils emprisonnent un camarade, ensuite ils attaquent notre émissaire...
- Maître Huoran, intervint Seranis, tous nos alliés disponibles sont arrivés. Keera, Negar et Kosh sont avec nous.
- Excellent. Allez rassembler tout le monde. Cette nuit, nous passons à l’attaque, nous allons secourir nos amis et mettre la malfaisance des sha en échec !
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MessageSujet: Re: L'Ouragan de la Vengeance   L'Ouragan de la Vengeance EmptyMar 12 Aoû - 23:58

L'Ouragan de la Vengeance Screen51

Une atmosphère d’agitation jamais précédée régnait dans l’avant poste Garrosh’ar. Nul n’avait pu trouver la pandarène, et on avait justement conclu qu’elle était parvenue à s’échapper. Le centurion Rokhal était fou de rage. Un bandeau de cuir couvrant son oeil mutilé par le couteau de la voleuse, il hurlait sur tous ses soldats, qui jugèrent prudent de ne pas répondre quoi que ce soit pour échapper à sa colère. Tantôt cette tactique fonctionnait pour eux, tantôt cela ne faisait que l’énerver plus encore. L’orc à la peau brune se retrouvait bientôt progressivement marqué par les attributs des sha, à force de crier et de frapper aléatoirement de pauvres grunts qui commençaient à regretter de ne plus être sous les ordres d’un autre Général.
- Bande d’abrutis ! rugissait Rokhal. Avez-vous tous été élevés par des humains pour être aussi stupides ?! Sont-ce les restes du sang de Mannoroth qui vous ont rendus aussi crétins, orcs ?! Cette pandarène va tout raconter à ses camarades Pandashan, et ils vont nous tomber dessus !
Face à la furie de leur centurion, les soldats restaient tremblants, indignés ou angoissés, craignant de voir une abomination sha prendre sa place. Dans leur for intérieur, la plupart des orcs songèrent qu’ils adoreraient voir cela se produire, afin d’avoir une excuse pour lui faire payer son insulte envers eux pour avoir la peau verte et non brune. Molokh comprit vite que l’officier allait perdre tout contrôle, et que la dégénération que cela produirait jouerait en leur défaveur.
- L’heure n’est pas à la discorde centurion, lui murmura-t-il. Ceci pourrait bien profiter à l’expérience tout compte fait, et nous donner la possibilité de nous venger de la pandarène.
- Comment peux-tu en être certain ? grogna-t-il.
- Nocturana est l’amie de cet humain. Quand elle entendra parler de Marthenon, elle se précipitera certainement ici... Qu’elle veuille se réconcilier avec lui ou pas importe peu, elle doit mourir si nous voulons réussir.
Rokhal hocha la tête, sa fureur sembla se modérer quelque peu en se rappelant de leur mission ici. Cependant, pour le moment il se fichait un peu de faire en sorte que le résultat de cette expérience soit bon ou pas, tout ce qu’il souhaitait c’était d’avoir sa revanche.
- Ainsi, nous allons devoir nous préparer au combat ce soir.
- Certainement, acquiesça Molokh. Envoie tes hommes rassembler les taurens et la pandarène.
- Je m’en serais occupé sans que tu cherches à me donner des ordres, grommela le mag’har.
- Centurion, ce n’est pas le bon moment de nous disputer là-dessus une fois encore. Nous allons nous confronter aux pandarens, et nous devons tenir bon pour la bonne continuation de l’expérience.

En grommelant, Rokhal s’avança à nouveau pour donner des ordres à ses soldats, sans pour autant changer de ton en s’adressant à eux. Des visages mécontents se firent de plus en plus visible à chaque parole qui émanait de lui et de ses vociférations incessantes. Pendant ce temps-là, Marthenon sortit de l’obscurité pour aller voir Molokh qui descendait du promontoire.
- Alors c’est l’heure de se battre, n’est-ce pas ? demanda-t-il.
- Oui, acquiesça le Gueule-de-Dragon. Nocturana devrait apparaître.
Cette nouvelle fit quasiment soupirer le guerrier. Affronter des Pandashan n’était pas un problème pour lui, d’autant plus qu’ils savait qu’ils allaient lui être très hostiles à cause de son nouveau pouvoir. Il était prêt à déchainer sa fureur sur quiconque oserait s’opposer à lui. Mais Nocturana ? Malgré sa fureur, ce n’était pas la personne sur laquelle il était le plus impatient de foncer afin de la tuer. Cependant, en tant que soldat il n’allait pas se permettre de rester sans rien faire si elle se joignait au combat contre lui et les autres.
- Si elle nous attaque, je ferais mon devoir, dit-il.
- Excellent. Prépare toi. Très bientôt, tu auras l’occasion de montrer tes pouvoirs contre les ennemis de la Horde !
Molokh laissa l’elfe de sang seul après une tape confortante sur l’épaule. L’envie de combattre se voyait dans ses yeux et cela le contentait. Il était quand même quelque peu agacé que Marthenon semble aussi continuellement réticent à l’idée d’affronter Nocturana, alors que c’était important qu’il la tue. Cette elfe de la nuit pouvait bien tout faire échouer, alors que cette fois-ci ils avaient un sujet particulièrement prometteur. Même s’il était conscient de ce qui arriverait inéluctablement à l’elfe de sang, que l’expérience soit un succès ou pas, le Gueule-de-Dragon se sentait fier de voir à quel point il savait maîtriser ce potentiel en lui jusqu’à présent.

Entre-temps, des rumeurs de surprise et d’indignation se répandirent lorsque le centurion Rokhal ordonna à ses soldats que soient arrêtés Onashen, Nirsha et Shaorinn. Les grunts hésitèrent tous à exécuter cet ordre, se rappelant des services que leur avaient rendu les taurens à côté d’eux. Ils espéraient que c’était une erreur et que Rokhal allait rectifier cela. Le druide et l’oracle, eux, n’étaient pas tant que ça surpris, mais ils n’en étaient pas moins énervés d’avoir la confirmation que la Horde se retournait contre eux parce qu’ils étaient plus intéressés par la sécurité d’un ami que par les machinations de leur Chef de Guerre dans une tentative de dépasser en puissance l’Alliance.
- Qu’est-ce que cela signifie Rokhal ? s’exclama furieusement Onashen en toisant d’un air menaçant les soldats qui tentaient de trop s’approcher.
- Nous nous préparons à une attaque imminente, répondit le mag’har, et vos deux amis, Ralgark et Towenak, seront très certainement au côté des attaquants...
- Vous en êtes certains, reprit le tauren avec un ton sarcastique. Comment pouvez-vous l’être, avez-vous des preuves, ou avez-vous mauvaise conscience au point de craindre l’un de vos anciens, qui a tant oeuvré pour sauver des vies ici ?
Des murmures furent échangés entre les soldats, tandis que le druide défiait du regard le centurion. Celui-ci répéta son ordre, et des grunts s’avancèrent vers les deux taurens, d’autres cherchèrent la pandarène. Shaorinn avait néanmoins complètement disparu, et des doutes sur la possibilité qu’elle ait à un moment répondu à l’appel de l’officier furent émis. Cependant, un groupe alla également se ranger du côté des accusés, avec l’intention ferme de ne pas laisser passer cela. Un tauren géant avec une grande hache menait ce mouvement.
- Qu’est-ce que c’est que cette mutinerie ?! rugit Rokhal, furieux.
- Notre frère a raison, déclara le meneur des rebelles. Depuis bien trop longtemps nous tolérons vos ordres qui ont coûté la mort de plusieurs de nos camarades, et nous ne savons même pas pourquoi vous vous acharnez à répéter les mêmes erreurs. Vos n’avez cessé d’envoyer au massacre les nôtres pour satisfaire les caprices du Chef de Guerre, tandis que Onashen, Nirsha, ainsi que leurs autres camarades, ont tout fait pour les sauver depuis qu’ils sont là. Donnez vos preuves, s’ils sont coupables de quoi que ce soit !
- J’ai dit que leurs amis vont attaquer cette base dans cette soirée avec les Pandashen ! Il n’y a pas besoin de preuves parce que c’est la vérité !
- S’ils le faisaient, ce ne serait pas sans raison n’est-ce pas ?! répliqua une orque. Mon frère est mort parce que vous l’avez envoyé dans ces ruines remplies de ces aberrations, sale ordure !

Outré de voir ses propres hommes se retourner contre lui, le centurion enchaina les menaces et promesses de châtiments douloureux à l’encontre des mutins. Cependant, les révoltés étaient tous prêts à en découdre. Ils criaient tous leur volonté de ne plus se laisser traiter comme de la chair à canon bonne à sacrifier pour un but qui ne leur était jamais expliqué à cet endroit.
- Très bien, vous l’aurez cherché ! rugit Rokhal. Que ceux qui sont fidèles au Chef de Guerre massacrent ces traîtres ! Et capturez les deux taurens et la pandarène !
La confrontation étant devenue inévitable, les deux camps en vinrent aux armes dès que cet ordre fut donné. Déjà préparés à devoir se battre pour leurs vies à présent qu’ils s’étaient révoltés, les rebelles arrivèrent à tenir lorsque les soldats encore fidèles au centurion chargèrent ; ils avaient cependant plus de la moitié des effectifs en face d’eux, ce qui rendait la lutte difficile pour leur camp. Le grand tauren et les autres rebelles se positionnèrent autour d’Onashen et Nirsha afin de les protéger. Onashen n’étant pas du genre à rester en arrière et laisser les autres de se protéger, il se transforma rapidement en ours brun géant qui retourna sur les premières lignes pour combattre. Sa camarade se chargeait de l’aider avec ses prières à An’she, qui se transformaient en puissants sorts de soin et de renforcement mental.
De même, loin de rester à ne rien faire sur le promontoire quand on s’opposait ouvertement à son autorité, Rokhal entra à son tour dans la mêlée, se taillant une place en tranchant et écrasant les membres des rebelles jusqu’à entrer en confrontation avec le meneur, ce guerrier qui lui avait tenu tête en faveur du druide et de l’oracle. Le grand tauren prouva aisément qu’il était un adversaire à la hauteur du mag’har entouré de son aura de colère.
Il faillit cependant être tué quand l’orc arriva à lui faire tomber un genou à terre, afin de tenter de lui éclater le crâne avec sa masse. Onashen se rua entre eux afin d’empêcher cette exécution, et dans un rugissement farouche il reprit le combat contre le centurion pendant que son congénère se relevait. Son corps puissant d’ours lui permettait de soutenir les attaques et de répliquer tout de suite après pour attaquer l’armure de plaque, qui se craquela aux endroits où ses griffes puissantes frappèrent.

Alors que la confrontation interne semblait prête à se prolonger, malgré le nombre décroissant de belligérants des deux côtés, Marthenon décida d’aider son supérieur comme une fois de plus il se montrait incapable de gérer ses soldats, ce qui l’agaçait également. Le pouvoir des sha ne lui allait même pas, en plus. Sortant sa hache, l’elfe de sang bondit au centre de la mêlée, abaissant l’arme sur le sol. L’impact créa une onde de choc puissante, qui repoussa tous les belligérants au sol avec des vagues de fumée monochromatique. C’était la première fois qu’il utilisait directement son don, et les prémices de ce qu’il pouvait faire l’amusaient quelque peu.
- C’était très distrayant, lança-t-il en se redressant nonchalamment avec la hache sur son épaule. J’ai entendu dire qu’il allait bientôt y avoir un combat, mais pas entre soldats.
Les rebelles et les soldats le considéraient avec un mélange de peur et de colère, en le voyant se tenir complètement enveloppé par la puissance des sha avec laquelle il avait arrêté une légion à lui tout seul. Rokhal en particulier prenait mal que l’elfe de sang ait réussi à le faire plier au sol. Les deux taurens étaient angoissés de voir ce qui lui arrivait d’aussi près. Ils le furent encore plus lorsque les fidèles du centurion saisirent leur chance pour commencer à désarmer les rebelles, qui avaient mal préparé leur coup une fois désarçonnés.
- Cela suffit ! s’exclama Molokh en aidant les autres soldats à assommer des rebelles. Marthenon a raison, nous n’avons pas de temps à perdre, les Pandashan vont bientôt arriver.
- Marth, ces gens vont t’aider, tu n’as pas à te battre contre eux ! cria Nirsha à l’attention de son camarade.
- Je me battrai contre quiconque attaque la Horde, répondit-il en haussant les épaules. Je souhaiterais vraiment ne pas avoir à le faire contre vous deux, ni Ralgark, ni Towenak...
Il ne leur fallut pas lui demander de se répéter pour convaincre les taurens qu’il était froidement sincère. Si le chaman et son ami troll se montraient effectivement pour se battre contre le centurion, incarnation de l’autorité de la Horde dans cet endroit, Marthenon pourrait vraiment tenter de les tuer. Après tout, il avait bien tué son oncle dans une bataille pour sauver ceux qu’il voulait défendre. La seule différence était qu’il avait combattu pour ses amis, qui avaient le même but que lui.
- Qu’est-ce que ça veut dire ?! s’exclama Onashen, indigné. Ne sommes nous pas amis ?
- Je ne peux pas avoir d’amis Onashen, soupira l’elfe de sang. Je vais toujours finir par tout détruire.
- Non, ce n’est pas vrai..., tenta l’oracle.
- C’est moi qui ai mortellement blessé Arkalea, rétorqua Marthenon. Laissez moi tomber, pour votre propre bien.
Cette révélation fut un énorme choc pour les taurens, qui n’auraient jamais tenté d’imaginer sérieusement que cela ait pu arriver. Même si les circonstance pouvaient amener à le supposer, pour eux ce n’était pas envisageable. Arkalea était la protectrice de l’elfe de sang, son amie la plus  proche, comment pouvaient-ils penser qu’il ait pu la blesser vu ce qu’elle représentait ? Les regards incrédules, apitoyés qu’ils lancèrent à Marthenon lui firent se détourner, furieux qu’ils s’aveuglent de la sorte et n’arrivent pas à accepter le monstre qu’il était, et incapable de les soutenir.
Molokh remarqua tout à coup que quelque chose manquait dans ce campement, qui déjà menaçait de s'effondrer sur lui-même. Les rebelles étaient à présent agenouillés, les mains sur la tête et leurs armes éparpillées au sol, tenus en respect par leurs anciens camarades. Certaines tentes étaient en flammes, des touffes d’herbe se transformaient même en torches temporaires pour la nuit.  Tout était sans dessus dessous, au point que l’arrivée attendue des Pandashan ne pourrait pas apporter plus de chaos. Cependant, il y avait quelque chose qui n’aurait pas dû bouger normalement. Le Gueule-de-Dragon finit par comprendre qu’il s’agissait de leur prisonnier.
- L’humain s’est échappé ! prévint-il.
- Quoi ?! s’écria le centurion. Tu étais censé le surveiller, abruti !
- Maintenant je commence à en avoir assez de ton langage contre moi, répondit froidement Molokh. Occupe-toi de garder la tête froide pour rétablir l’ordre, je vais aller le retrouver. Il n’a pas pu aller bien loin.
L’animosité entre les deux orcs ne décrut pas malgré cette mise en garde, et ce fut avec de la jalousie envers la supériorité évidente de Molokh que Rokhal ordonna à ses soldats d’attacher les taurens amis de Ralgark et Towenak. Onashen se débattit furieusement, Nirsha implora Marthenon de les aider, mais rien n’y fit et de solides cordes vinrent les soumettre, prêts malgré eux à servir d’otages dans la prochaine confrontation qui s’annonçait. L’elfe de sang détourna tout simplement le regard, restant insensible à leurs appels. Il devait se préparer à agir en tant que soldat de la Horde, pas penser à ces liens qu’il aurait irrémédiablement compromis d’une façon ou d’une autre.


Tout en essayant de restaurer la vitalité de Marlek à l’aide des esprits de l’eau, Shaorinn jetait de temps à autres des regards angoissés en direction du promontoire. Les fidèles de Rokhal s’occupaient déjà d’exécuter les rebelles, déversant une pluie de balles mortelles vers ceux qui avaient été leurs camarades quelques instants plus tôt. La pandarène avait tellement peur de ce qui se passait, elle voulait s’enfuir loin de cet endroit et de ce massacre à donner envie de vomir. Cependant, il fallait qu’elle reste près de son ami, qui était encore trop faible pour pouvoir fuir dans ces conditions.
Pendant que les soldats étaient occupés à se battre entre eux, elle l’avait aidé à se libérer de ses chaînes grâce à la lime qu’Onashen avait reçue de cette Pandashan en l’aidant à s’échapper cet après-midi. Les membres du disciple de son oncle étaient bien trop engourdis, après plus d’une journée à être maintenu dans une position inconfortable sans pouvoir bouger. Il n’allait pas pouvoir combattre tout de suite après, encore moins s’enfuir. Shaorinn avait quand même l’espoir que ses capacités élémentaires allaient pouvoir lui restaurer ses muscles affaiblis. Elle ne pouvait rien faire de plus, s’ils quittaient la cachette ils seraient tout de suite repérés et capturés tous les deux.
- Ne regarde pas, souffla Marlek qui la voyait tourner une fois de plus la tête vers le peloton d’exécution. Tu n’as pas à assister à ça.
- Je sais..., murmura-t-elle en tremblant. Mais c’est... même si je ne regarde pas je les entends. Les coups de feu, leurs cris. C’est terrifiant...
- Désolé.
- Ce n’est pas de ta faute... Ralgark m’avait dit que ça risquait de devenir violent ici, mais j’ai aussi accepté de venir. J’espère que Nirsha et Onashen vont s’en sortir aussi.
Marlek sentait son engourdissement se dissiper petit à petit grâce à l’intervention de la pandarène, mais il savait que ce n’était pas pour autant qu’il se retrouverait capable de combattre si on les retrouvait. De ce qu’il avait vu, Mardaka avait réussi à s’éclipser intelligemment lors du combat, avant de réapparaître du côté des vainqueurs comme si elle avait été de leur côté, et personne ne l’avait repérée. La pensée qu’elle avait encore la possibilité d’agir était rassurante, il lui restait ainsi deux alliés dans cet endroit hostile. Il espérait que les Pandashan, sa soeur et ses amis feraient vite s’ils devaient attaquer ce soir. Ils étaient leur seule chance de s’en sortir.
Lorsque Shaorinn sursauta brusquement en poussant un cri de peur, il réalisa que leur moment de répit était terminé. Le moine tenta d’attaquer, uniquement pour se faire dépasser en vitesse par le même Gueule-de-Dragon, qui parvint à le coller au sol en deux mouvements, avec une clé de bras particulièrement douloureuse.
- Par ici ! cria Molokh. Et la pandarène est là également. Vous ne pensiez pas pouvoir m’échapper tout de même.
- Ça valait le coup d’essayer, marmonna Marlek.

Des renforts vinrent aider Molokh à soumettre complètement le moine et Shaorinn, avant de les ramener vers le promontoire, au pied duquel les cadavres des rebelles étaient entassés en pile, à laquelle un orc alla mettre le feu. Le brasier éclairait parfaitement le creux montagneux, peignant la nuit en rouge dans une odeur de chair rôtie. Bien qu’elle venait de perdre la moitié de ses soldats, la légion de la Horde paraissait toujours aussi difficile à défier avec tous les gardes lourdement armés et entourés d’auras puissantes.
Les deux orcs qui tenaient Marlek s’arrêtèrent en face de la flamme avec leur prisonnier, tandis que ceux qui s’occupaient de Shaorinn l’emmenèrent avec Onashen et Nirsha qui tentaient en vain de se débarrasser de leurs liens. Molokh ordonna que le moine soit bien maintenu sur place, alors qu’il trempait l’un de ses couteaux dans une fiole de venin rouge. L’humain se mordit la lèvre inférieure, comprenant ce que ça voulait dire.
- À quoi ça vous sert de faire ça..., marmonna-t-il.
- Nous avons besoin d’un bon argument pour forcer tes camarades à foncer sans réfléchir... et encore un pour faire sortir Nocturana de sa cachette.
- Vous n’allez pas gagner. Ils sont plus nombreux que vous maintenant.
- Nous avons Marthenon.
Marlek se débattit alors que l’orc noir brandissait son couteau, prêt à frapper. Sa tentative d’attaquer avant avec sa jambe fut arrêtée par l’un de ses gardiens, qui parvint à la bloquer avant, alors que la lame en os de dragon traversait son épaule. Sentant le poison se répandre dans son sang et tous ses membres, le brûler comme s’il avait été aussi jeté dans le brasier derrière eux, le moine poussa un hurlement de douleur terrible. Luttant comme un animal blessé pour se dégager, il ne pouvait cependant pas échapper aux nouvelles blessures que lui infligeait Molokh.
Bientôt, son corps entier le faisait tellement souffrir qu’il en souhaitait de mourir pour faire cesser cette douleur insoutenable. Ses cris résonnaient dans toute la montagne tellement ils étaient intenses, et couvraient ceux de Shaorinn qui suppliait leurs geôliers de le laisser tranquille. La cruauté du Gueule-de-Dragon ne semblait pas avoir de limites comme il allait s’emparer d’une épée dont la lame avait trempé dans les flammes depuis plusieurs minutes, déterminé à infliger encore plus de douleur à son prisonnier. Ses yeux gris brillaient d’une lueur malveillante qui terrifiait la pandarène.
Alors qu’il venait de dégager l’arme ardente, un trait du chaos puissant vint soudainement le heurter, le propulsant sur plusieurs mètres dans l’ombre dont il ne sortit pas, inconscient. Mardaka s’avança hors des rangs en jetant à terre ses épaulières de fausse chamane, un air furieux couvrant sa figure alors que des flammes gangrénées dansaient dans ses mains dirigées vers les deux autres orcs qui tenaient son camarade. Ceux-ci eurent un mouvement commun de recul en voyant ce danger approcher.
- Vous avez commis plus que je ne peux en tolérer, tonna-t-elle. Libérez-le. Tout de suite !

Rokhal vint se placer entre la démoniste en colère et le moine prisonnier, la détaillant avec un mélange d’intérêt et de mépris. Fronçant les sourcils en voyant cette brute épaisse s’interposer, Mardaka lança un coup de semonce, que l’orc intercepta sur son marteau, évitant la brûlure intense qu’il se serait prise autrement.
- Une démoniste..., grimaça-t-il. Dans mes propres rangs... Dommage pour ça, je t’aurais bien félicitée pour ce joli tir autrement.
- Vous avez raison de mépriser ma magie, lança l’orque. Mais vous devriez également montrer ce même mépris et méfiance envers le pouvoir des sha !
- Ce sont deux choses différentes, sorcière !
- Pauvres fous que vous êtes ! Vous condamnez notre peuple avec votre aveuglement !
La démoniste se retrouva rapidement en confrontation avec le centurion, déchainant le plus rapidement possible ses sorts du chaos contre son adversaire. Celui-ci tenait bon grâce à l’épaisseur de son armure, et pouvait se couvrir avec ses armes. Il finit par profiter d’une ouverture pour s’élancer vers Mardaka, qui se retrouva brutalement projetée en arrière par l’impact avec le marteau de son ennemi. À cause du danger, elle envoya sa shivarra en renfort contre Rokhal, tandis qu’un elixir s’occupait de lui redonner assez de vitalité pour ne pas flancher aussi vite.
Bien que le combat s’annonçait déjà destiné à être bref, comme les gardes d’élites ne comptaient pas rester à ne rien faire pendant que le centurion affronterait seul une démoniste, l’attention générale fut déviée par un sifflement à peine audible, puis un son à mi-chemin entre le cri et le gargouillis. L’un des orcs qui retenait le moine à moitié conscient dans son tourment se retrouva subitement avec une flèche en travers de la gorge, du sang coulant du centre de l’impact du missile ainsi que de sa bouche.
Une autre suivit rapidement, touchant son camarade qui parvint à éviter la blessure mortelle après avoir vu ce qui était arrivé à l’autre ; cependant, dans ce qui sembla être un geste de vindicte, un nouveau tir fit mouche dans son oeil. Privé de geôliers pour le tenir, Marlek tombait au sol en même temps que ceux-ci. Les trois flèches fichés dans les cadavres orcs retinrent l’attention de tous, surtout du centurion et de Marthenon, qui avaient déjà une idée de ce que cela impliquait. L’instant d’après, une explosion retentit dans le ciel, éclairant un pan de la montagne surplombant le campement.


Tous ceux qui avaient la possibilité de regarder découvrirent à cet endroit là une elfe de la nuit montée sur un sabre-de-brume, entourée de familiers exotiques qui grondaient et montraient les crocs en toisant avec elle les soldats de la Horde. Son arc n’était pas sorti, ce qui montrait qu’elle n’était pas le tireur, mais ça peu s’en rendirent compte. Défiant du regard ceux qui avaient enlevé et torturé sous ses yeux son ami, Nocturana repéra rapidement Marthenon, qui la fixait comme s’il avait vu une apparition. Ce n’était pas très loin de la vérité.
Alors qu’elle ressentait de l’inquiétude et de la culpabilité en le voyant entouré par l’aura malfaisante des sha, l’elfe de sang de son côté sentit qu’au fond de lui une flamme longtemps perdue regagnait en vigueur, rien qu’à la regarder. Même si elle avait l’air dangereuse, elle était aussi splendide que comme il se souvenait d’elle, ainsi assise sur sa monture, en compagnie de ses familiers les plus fidèles ; la fière Sephira, les jumeaux espiègles, le loup qui était le fils de la monture de Drakgosh, à présent sien, et ce vieil ours protecteur... Exactement comme auparavant, sauf qu’elle semblait avoir changé en un an. Elle avait l’air plus adulte à ses yeux.
Après avoir passé autant de temps à la croire morte, tenter inlassablement de conserver en mémoire une image d’elle qui lui donnerait une illusion qu’elle était encore présente, avec lui, il ne pouvait pas détacher ses yeux d’elle. Petit à petit, l’idée qu’elle l’ait abandonné et ait décidé de le maintenir dans l’ignorance pour le faire souffrir s’effaça de son idée. Il refusait maintenant de le croire, il ne le voulait plus. Il avait du mal à ressentir de la colère envers elle en la regardant, ce qu’il n’aurait pas imaginé avant. Sa figure triste quand elle le regardait lui fit même mal au coeur.
- J’ai entendu dire que quelqu’un me cherche ! cria bien fort l’elfe de la nuit. Suis-moi donc !
Les soldats virent avec surprise Nocturana tirer sur les rênes de sa monture, et faire demi-tour dans la montagne. Réfléchissant à toute vitesse, Marthenon avait du mal à croire qu’elle abandonnait le combat aussi vite, mais il réalisa alors qu’elle n’avait tout simplement pas attaqué ses camarades. Un débutant aurait d’ailleurs remarqué que le ou les tireurs qui avaient tué les deux orcs et envoyé cette fusée éclairante se trouvaient exactement à l’opposé de sa position. Elle n’avait rien fait d’autre que l’appeler à la suivre.
Cela pouvait être un piège. Mais l’elfe de sang savait au plus profond de lui qu’il devait aller à sa poursuite. Il devait avoir ses réponses, et c’était peut-être une chance qu’il n’aurait plus jamais. Derrière lui, Onashen et Nirsha l’encouragèrent avec véhémence à suivre Nocturana. Il se souvint de ce que l’humain lui avait dit, qui lui avait couté tant de blessures en réponse à toutes ses tentatives de le persuader d’aller vers l’elfe de la nuit. Elle devait certainement être furieuse de ce qui lui était arrivé, nul doute qu’elle avait pu en être témoin avant que la démoniste n’intervienne. Cependant, ce n’était pas lui qui avait saisi le couteau.
Le souvenir de son serment envers la Horde lui sembla superficiel quand il appela son loup, déterminé à la retrouver. Il avait dit que si elle les attaquait il riposterait, or elle n’avait rien fait de cela. Ignorant les cris du centurion, Marthenon fit accélérer sa monture dans les pentes, repérant rapidement l’elfe de la nuit qui l’attendait plus haut. Nocturana fit repartir son sabre-de-brume lorsqu’il approchait suffisamment, et tous deux partirent dans une course effrénée à travers les flancs enneigés de la montagne, loin du campement de la Horde. Les vociférations de Rokhal l’inspirèrent à peine de revenir auprès de ses camarades. Seule la chasseresse importait à ses yeux.

Alors qu’ils perdaient le guerrier et son pouvoir des sha, l’angoisse et l’incertitude s’installa parmi certains soldats, et même le centurion qui commençait maintenant à s’inquiéter sérieusement de voir tous ses hommes disparaître les uns après les autres. Sortant subitement des ombres où Mardaka avait tenté de le bannir, Molokh signala brusquement son retour en prenant son épaule depuis ses arrières.
- Défends le campement, dit-il. L’expérience doit continuer.
- Attends, il nous a clairement trahis ! cria le mag’har.
Ignorant dorénavant tout ce que pouvait dire Rokhal, qui avait une fois de plus prouvé son incompétence au Gueule-de-Dragon, Molokh appela son propre loup, et exhorta des soldats à venir le rejoindre pour suivre Marthenon et Nocturana. Tous se portèrent subitement volontaire afin de partir dans les montagnes. Personne n’était dupe, ils savaient qu’ils étaient condamnés en restant dans un endroit couvert par deux archers ennemis qui avaient une très bonne visée. Cependant, l’orc noir ne sélectionna qu’une dizaine de soldats sur la vingtaine, avant que le groupe ne quitte le périmètre à toute vitesse.
Déjà, des flèches vinrent siffler à côté de ceux qui s’échappaient. Molokh fit accélérer leur fuite, et aucun de ses suivants n’y trouva à redire. Laissé seul pour tenir une position que tous savaient condamnée, Rokhal tenta de faire reprendre courage à ses hommes restants, mais ceux-ci désiraient pour la plupart de trouver un moyen de s’échapper et de ne pas se faire tuer. De plus en plus paniqué par la tournure catastrophique de la situation, le mag’har se rabattit sur les otages, avant de constater finalement leur absence, et leurs liens tranchés reposant à terre. Seul Marlek restait, comme le brasier ne permettait pas à un furtif de profiter de l’ombre.
Ceux qui tentèrent de s’approcher furent tout de suite agressés par une naine et un troll qui bondirent sans prévenir du promontoire. Furieux et déterminés à ne laisser plus personne martyriser leur frère d’apprentissage, les moines étaient résolus à faire mal, ne pas se retenir même si leurs frappes devaient être mortelles. Andyana écrasa le visage d’un orc dans un tonneau de bière, avant de le faire chuter au sol avec un balayage puissant, laissant à Qwando le soin de finir le travail avec sa lance acérée. Suivant les deux disciples de Hoji, celui-ci se joignit à la mêlée, ainsi que Naeria, Keera et son père, Kosh, Elaria, Towenak, Kuroshan et Hirokan.
Tandis que l’elfe rousse se précipitait avec son maître vers Marlek pour s’occuper de lui, un visage couvert de larmes, les autres se chargeaient des derniers soldats de la Horde qui décidèrent de lutter jusqu’au bout. Les lames du pandaren guerrier, dont les yeux sous son heaume de Pandashan brillaient de fureur contre ceux qui avaient torturé son ami, s’occupèrent de dégager les rangs adverses. Il assisté dans sa tache par Hirokan qui était animé de sa malice fourbe et empoisonnait allègrement ceux qui lui tournaient le dos. Kosh s’occupait de faire jouer ses sabres, créant des fontaines de sang partout où il frappait.

Voyant ses hommes tomber comme des mouches face aux amis du moine, Rokhal prit peur. Sentant son arrogance et sa volonté de combattre habituelles faiblir, vite remplacées par le désir de survivre au détriment de l’honneur du guerrier, l’orc abandonna ses derniers soldats qui tentaient de tenir bon, ou commençaient déjà à tenter de fuir, bien que vite abattus par les flèches implacables d’Elaria. Le mag’har détala plus vite qu’il ne l’avait jamais fait dans sa vie. Il était tout bouillant de colère contre Molokh et ces kor’krons qui l’avaient abandonné au lieu de rester soutenir l’avant-poste, ces maudits rebelles dont il avait fallu se débarrasser, et encore cent autres nombreux responsables pour tous ses malheurs; autre que lui-même.
Alors qu’il parvenait à atteindre la passe, le mag’har trébucha soudainement quand des mâchoires brillantes surgirent de la nuit à nouveau obscure, loin du feu. Il parvint à rejeter en arrière le loup noir qui tentait de lui mordre la gorge pour se relever, uniquement pour se retrouver attaqué par un autre, puis encore un, si bien qu’une véritable meute était en train de le harceler pour le faire reculer vers le campement. L’orc persista, faisant jouer de sa hache et de son marteau pour écarter les animaux sur son chemin.
Comme il parvenait enfin à faire plusieurs pas loin des loups blessés, de nouvelles dents se refermèrent sur l’une de ses chevilles, des dents d’acier cette fois-ci. Surpris dans son élan, le centurion tomba tête en avant contre le sol rocheux. Il ne put même pas tenter de se relever suivant cette chute, comme une flèche puissante vint se planter dans son bras, juste à l’espace libre entre son armure et son gant. Il hurla en sentant son os se briser, encore plus quand une autre s’occupa de clouer au sol le second.
Entièrement immobilisé et impuissant, il releva en tremblant la tête alors qu’une silhouette agile tombait devant lui dans la nuit. Derrière lui, les loups avançaient en grondant, reniflant ses jambes paralysées par le piège et la peur. Le tireur s’approchait également, se révélant vite être une jeune orque qui l’observait avec mépris. Keera s’arrêta à quelques mètres de sa proie, prenant tout son temps pour bander son arc afin de ne pas rater son tir. Au sol, le mag’har baissa la tête, se résignant à son sort désormais inévitable.
- Tu as trahi notre peuple ! dit-elle froidement, avant de relâcher la flèche fatale.
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MessageSujet: Re: L'Ouragan de la Vengeance   L'Ouragan de la Vengeance EmptySam 16 Aoû - 12:18

L'Ouragan de la Vengeance Screen52

La course-poursuite entre Nocturana et Marthenon prit son terme une fois que l’elfe de la nuit arriva au lieu que ses camarades avaient repéré plus tôt pour cet événement. Suffisamment éloigné du campement de la Horde, dans le cas où l’attaque laisserait des survivants qui tenteraient d’aller retrouver l’elfe de sang, même si elle en doutait après avoir vu ce que ce Gueule-de-Dragon avait fait à Marlek. Son maître et ses frères d’apprentissage seraient certainement furieux, mais Elaria allait être la plus vindicative, elle en était absolument certaine. L’elfe de la nuit se surprit à espérer que l’humaine ne les rejoigne pas tout de suite dans les montagnes.
Faisant arrêter son sabre-de-brume avant d’en descendre, elle attendit que l’elfe de sang la rejoigne. Nocturana prit un moment pour prendre une grande inspiration et essayer de retenir les tremblements qui la secouaient. Pas à cause du froid, elle y était naturellement résistante. Elle était inquiète parce qu’elle savait qu’elle n’aurait qu’une seule chance de sauver Marthenon du sort qui l’attendait si elle échouait. Rien qu’en le revoyant avancer vers elle, sur son loup, elle était terrorisée à l’idée de ne pas parvenir à l’apaiser, pire, d’aggraver la situation. Il devait être furieux contre elle, ce qui était normal.
Pendant tout l’après-midi, après avoir parlé avec Arkalea, elle n’avait cessé de s’imaginer mille dialogues et leurs conclusions heureuses, à présent qu’elle arrivait à l’heure de leur rencontre elle avait tout à coup moins d’assurance quant à ses chances de succès. Elle avait soudainement l’impression qu’elle allait tout mettre en l’air, comme elle y arrivait toujours si bien... non, elle ne devait pas y penser. Tout ce qui importait était Marthenon, son futur, sa survie, pour lui il était interdit qu’elle échoue.
Elle le redécouvrait donc après une année de séparation, et constatait que si l’elfe de sang avait changé physiquement, psychologiquement également, il n’avait absolument pas perdu cette aura qui la faisait frémir à l’intérieur, comme si une flamme s’y allumait pour la réchauffer et l’éclairer même dans l’obscurité la plus complète. Il n’y avait plus de doutes à avoir, elle ne devait pas échouer, elle ne voulait pas le perdre à nouveau. Elle voulait retourner auprès de lui, peu importe le prix à payer s’il devait y en avoir un.

Ils passèrent ainsi plusieurs minutes à se détailler ainsi en silence, réfléchissant, incapables de savoir quoi se dire en premier après tout ce qui s’était passé. Nocturana était déterminée à le tirer de cette mauvaise situation et de se racheter ses erreurs passées avec lui, pendant que Marthenon hésitait. Les voix de sa colère au fond de lui voulaient qu’il lui fasse payer toute cette souffrance qu’il avait dû endurer pendant ce qui avait semblé une éternité, mais son coeur en disait autrement. Même s’il doutait que la séparation aurait changé quoi que ce soit sur la façon habituelle de Nocturana de le considérer, il ressentait une forme de bonheur rien qu’à l’avoir sous les yeux, en vie alors qu’il s’était imaginé qu’il en était autrement.
- Alors, commença-t-il, tu es vraiment en vie. Et tu l’as caché, jusqu’à présent. Pourquoi ?
L’elfe de la nuit marqua une pause avant de répondre. Elle analysait chacun de ses mots, ses expressions, le timbre de sa voix, afin d’être certaine de ce qu’elle devait lui dire. Marthenon n’avait ainsi pas l’air d’être tellement en colère contre elle, mais il était indéniablement à mi-chemin. Pour le moment il restait à peu près calme, sa réponse déterminerait de si cela durerait ou non, parce qu’il avait beaucoup à lui reprocher, ce qu’elle savait et regrettait.
- Quelqu’un m’a fait réaliser à quel point je me suis mal comportée envers toi pendant tout ce temps, dit-elle. Je suis désolée Marth, je... Je n’ai jamais voulu te blesser.
- Alors pourquoi est-ce que tu m’as écarté après ce qui est arrivé à Theramore ?! J’ai cru que tu étais morte, et ça, c’était tout ce qu’il fallait pour me blesser !
- Je ne savais pas que tu me croyais morte ! répondit-elle, les larmes aux yeux. Je ne savais absolument pas ce qui se passait, tout ce qui importait c’était que la Horde déclarait la guerre à mon peuple et ses alliés, que j’avais vraiment failli mourir dans d’atroces souffrances, si tu n’avais pas épargné Tecknin... Personne ne savait ce qui arrivait vraiment de mon côté. Il n’y avait aucun moyen clair de savoir si le fait que j’avais failli mourir avec tous les autres citoyens de Theramore et leurs renforts, c’était prévu et connu de tous les soldats, toi compris, ou si c’était un secret qui était ignoré par tous et tu ne savais pas que tu allais accidentellement me laisser mourir.
Marthenon fut choqué en entendant cela venir de Nocturana. D’un côté, il savait maintenant comment elle avait survécu, parce qu’il avait épargné le gnome qui allait pourtant achever Arkalea ; jamais il n’avait réalisé à quel point sauver une vie qui semblait pourtant de moindre importance pouvait changer le cours des choses quand il semblait inéluctable. Il comprenait également ce qui avait été à l’origine du blocage chez Nocturana, et cela il aurait pu le pardonner vu qu’il savait à quel point une machine de guerre comme l’Alliance, qui n’était pas bien différente de la Horde en cela, pouvait entrainer les gens dans sa marche.
Cependant, l’elfe de la nuit avait exprimé cette idée-là, qui le blessait profondément. Elle avait sincèrement cru qu’il aurait pu souhaiter sa mort, pire, l’abandonner volontairement dans la trajectoire d’une arme de destruction massive abominable. Il se crispa, révolté, déçu qu’elle pense cela de lui.
- Pourquoi est-ce que j’aurais voulu te tuer ?! s’écria-t-il. Qui est-ce qui t’as sauvée de Séréphios, ton “fiancé”, quand il a failli te décapiter ? Qui a fait ce qui était à faire quand tu persistais à prétendre le contraire, au risque d’en mourir ?
- C’était toi, je sais...
- Je savais que tu serais en colère contre moi, continua-t-il en sortant tout ce qu’il avait sur le coeur, mais je me disais que ça ne durerait pas. J’étais certain que tu finirais par comprendre et accepter que tu avais fait une erreur, aller de l’avant... Que tu l’aies vraiment aimé ou non, j’aurais attendu encore des siècles s’il l’avait fallu !
- Mais tu aurais attendu en vain..., murmura-t-elle.

Sur le coup, Nocturana s’insulta copieusement tout en se répandant en excuses dans sa tête pour avoir pensé ça de Marthenon. Bien sûr qu’il n’aurait pas pu souhaiter sa mort, surtout pas avoir été systématiquement en première ligne pour prendre sa défense, toujours à ses côtés pour la soutenir. Pourquoi s’était-elle mise cette idée dans le crâne pendant si longtemps ? Pourquoi avait-elle été aussi aveugle pendant plus de dix ans, jamais capable de voir ce qui se passait vraiment autour d’elle ? Elle avait pas mal irrité l’elfe de sang et elle le sentait, il avait bien raison d’être indigné par ses propos.
Et comme si ça ne suffisait pas, sa dernière remarque risquait de le pousser à bout, ce qu’elle voulait à tout prix éviter. Prenant son inspiration et son courage à deux mains, elle se jeta à l’eau. Il était encore temps pour elle de rattraper toutes ces erreurs de ces dernières années, elle n’allait pas tout gâcher.
- Calme-toi, ce n’est pas ce que tu crois, dit-elle doucement en essayant de ne pas fondre en larmes tellement elle culpabilisait. En vérité c’est... Jusqu’à maintenant, j’étais...
Avouer que par la faute de son amie d’adolescence elle avait été incapable de distinguer l’amour de l’amitié pendant toute sa vie était compliqué. Cela semblait tellement ridicule à entendre, elle en était consciente, mais pourtant sa naïveté avait transformé ce quiproquo stupide en un cauchemar à rallonge pour elle, Marthenon, et leurs amis. Plus tard, elle devrait avoir une discussion sérieuse à ce sujet avec Nearielle.
- Jusqu’à présent, j’étais incapable de distinguer l’amour véritable de l’amitié, lâcha-t-elle enfin. C’est une histoire très compliquée, j’en ai honte rien que de savoir que je me suis faite avoir pendant aussi longtemps. Mais il faut que j’avoue que pendant toutes ces années, lorsque je te voyais et je t’appelais un frère... en fait, j’avais tort. Je me trompais tellement que je te blessais sans cesse, sans le savoir, et pourtant tu restais à mes côtés.
- C’est vrai, acquiesça-t-il.
Il était maintenant attentif à chacune de ses paroles avec une lueur d’espoir dans ses yeux sombres qu’elle n’avait pas vue depuis longtemps. Nocturana prit encore un moment pour vérifier que ses sentiments étaient bien réels, qu’elle ne se trompait pas. Cependant elle s’était déjà assez trompée en confondant ce qu’elle avait ressenti, continuait de ressentir à cet instant. Son coeur flamboyant, cette nécessité saisissante d’avoir Marthenon à ses côtés et de pouvoir se tenir avec lui, tout cela ne mentait pas.
- Marthenon, je t’aime de tout mon coeur ! cria-t-elle sous le coup de l’émotion, comme elle avait peur d’être incapable de le dire assez fort. Je veux t’aider à surmonter tout ça, viens avec moi et cessons de nous fuir et de nous mentir une bonne fois pour toute !

Les traits du visage de l’elfe de sang s’adoucirent subitement lorsque ce cri honnête lui parvint, le surprenant tout comme ça l’apaisait au fond de lui-même. Il avait perdu espoir de jamais entendre cela venir de Nocturana, quand bien même il s’était toujours dit qu’il lui faudrait faire le premier pas malgré ses trop nombreuses hésitations dans le passé et les circonstances opposées. Voir son souhait se réaliser sous ses yeux semblait tellement surréaliste, pourtant il voulait que cela soit bien réel, pour une fois.
- Ce n’est pas un rêve cette fois ? murmura-t-il.
- Non, ça ne l’est pas. Je ne peux qu’en être certaine à présent que je te revois. Peu importe ce qui t’es arrivé, je vois encore l’elfe avec qui je me suis toujours sentie heureuse et le plus en sécurité dans toute ma vie. J’ai foi en lui, je sais que je peux le sauver !
- Est-ce que tu peux vraiment y arriver ? Quand tous ces mensonges, ces intrigues... l’ont déchiré ? Est-ce qu’il est seulement possible de revenir aux choses telles qu’elles étaient avant ?
Nocturana secoua la tête. Il faisait allusion à un retour au passé, mais elle ne le souhaitait pas, c’était impossible. Trop de mauvaises choses étaient arrivées, elle ne voulait pas retourner à cette époque. L’avenir était à eux et elle voulait qu’ils le saisissent ensemble.
- Nous ne pouvons pas, dit-elle résolument, et nous ne le ferons pas. Nous vivions dans l’erreur avant. Je veux avancer, avec toi.
- Je le souhaite aussi... Mais quel futur pourrais-je avoir, après tout ce que j’ai fait ?


Avant qu’elle n’ait le temps de trouver une réponse pour le rassurer et l’encourager à croire en cet avenir, un cri résonna dans les montagnes autour d’eux. Ils eurent tout juste le temps de relever la tête pour découvrir une grosse dizaine de kor’krons répartis en cercle autour d’eux, à une distance sûre. Ils les tenaient en joue avec divers arcs, arbalètes ou fusils, et d’autres moins équipés se préparaient à jeter des sorts. Visiblement à la tête du groupe, Molokh visait Nocturana avec son arbalète mortelle. Il cria aux deux elfes de ne plus bouger, ce qui n’empêcha pas Marthenon de s’interposer entre lui et sa bien-aimée, exprimant un air furieux, même si en réalité cette situation le rendait confus et inquiet.
- Non ! s’exclama-t-il. Personne ne tire !
- Nous n’en aurons pas besoin, répondit Molokh. Nous visons pour ta sécurité Marthenon. Cette elfe est dangereuse, tu dois porter le coup de grâce, maintenant !
- Molokh, c’est ridicule ! protesta l’elfe de sang. Je ne peux pas faire ça !
- Ne laisse pas ses doux mensonges te tromper Marthenon. Crois-tu vraiment qu’elle soit sincère avec toi, quand tu détiens un pouvoir qu’elle et l’Alliance craignent et veulent nous empêcher de maîtriser ?
L’elfe de sang secoua la tête, refusant de le croire. Il était certain que Nocturana était sincère, et refusait d’envisager qu’elle lui ait menti quand elle lui avait crié qu’elle l’aimait. Ça ne pouvait pas arriver, pas après tout ce qui lui était arrivé, ce serait trop cruel. De son côté, l’elfe de la nuit était furieuse que le Gueule-de-Dragon vienne les interrompre et mettre en doute l’honnêteté de ses sentiments envers Marthenon. Comme si ça ne lui avait pas suffi de torturer Marlek, il fallait en plus qu’il répande ses mensonges infâmes parce qu’il tenait à transformer l’elfe qu’elle aimait en monstre !
- Je suis sincère ! s’exclama-t-elle. J’aime Marthenon plus que tout au monde et je ne vous laisserai pas en faire votre marionnette !
- N’est-ce pas étrange, continua Molokh, qu’au moment où il s’apprêtait enfin à prendre son destin en main, avec un pouvoir inimaginable, tu reviennes soudainement pour tenter de le convaincre de tout abandonner, seulement pour être avec toi ?
- Vous ne m’avez pas laissé le choix ! J’étais prête à aller à sa rencontre, quand vous avez enlevé mon ami et à cause de ça j’ai découvert ce que vous comptez faire de lui, ce que je ne laisserai pas arriver ! Je sais ce qu’il risque avec les sha, j’ai été possédée par ces horreurs également !
Cette information-là semblait avoir échappé au réseau d’informations de Molokh, vu qu’il sembla autant surpris que Marthenon lorsque Nocturana l’exprima à voix haute. L’elfe de sang prêtait une attention exemplaire à chacun de ses propos sur ce qui lui était arrivé à ce moment-là. Son récit, dans lequel elle révélait que la seule chose qui l’avait empêché de s’abandonner à ce sombre pouvoir était la peur de blesser ses amis et sa soeur, mais qu’à l’intérieur son âme mourait petit à petit, était très dissuasif. Elle refusait catégoriquement que cela arrive aussi à son âme soeur.
Le guerrier se sentit bouleversé également, en réalisant maintenant avec netteté que Nocturana avait dû traverser des épreuves éprouvantes de son côté. Ils avaient tellement souffert, et tous deux avaient commis leurs fautes pour qu’ils en soient arrivés à cela. Cela ne devait plus se reproduire, plus jamais.

Molokh n’était absolument pas convaincu par le récit de Nocturana cependant. Il continuait inlassablement à l’accuser de mentir, tentant de pousser l’elfe de sang à la tuer sur le champ. Un nouveau récit sur les dangers des sha et de leur pouvoir ne l’intéressait pas, tout ce qu’il souhaitait était d’amener à son terme l’expérience dont il était ici responsable et offrir un rapport satisfaisant au Général Sangdrake.
- Elle ment ! criait-il. Tue-la !
- Parlons donc de mensonges, vous êtes le voleur ! répliqua Nocturana.
- Elle nous fait perdre notre temps Marthenon. Il est temps de faire ton devoir, en tant que soldat de la Horde !
Cependant, l’elfe de sang commençait à présent à fixer Molokh avec des yeux emplis de fureur à peine contenue, sa main crispée sur le manche de sa hache qu’il était prêt à dégainer. Cette dispute entre le Gueule-de-Dragon et l’elfe de la nuit était tellement révélatrice sur ce qui se passait autour de lui que c’en était affreusement irritant. Il en avait assez que l’orc persiste à le pousser à tuer Nocturana quand il n’avait aucune raison de le faire, et surtout qu’elle était sincère dans son intention de le protéger. Lui, en revanche, ne s’en occupait absolument pas.
L’elfe de sang pouvait se remémorer dans leur entièreté tous les échanges qu’ils avaient eus sur le pouvoir des sha. Il fallait toujours que Molokh lui rabâche son serment à la Horde et ses implications, à la lettre, en affirmant au passage à quel point il ferait honneur à sa faction avec un tel don. Il doutait que cette histoire d’obtenir de la puissance pour ne plus jamais souffrir ni subir l’oppression du monde était véritablement ce qui importait aux yeux du Gueule-du-Dragon. Il commençait à être certain que celui-ci voulait simplement faire de lui une arme, une marionnette comme Nocturana l’avait si bien pointé du doigt.
- Ne me mets pas plus en colère Molokh, tu sais très bien que je ne le ferai pas et que je ne le pourrai pas ! s’exclama-t-il avec défi. J’ai juré que je combattrai les ennemis de la Horde, mais elle n’en est pas une. Elle n’a porté aucune attaque contre mes camarades ni le campement, alors je n’ai aucune raison de me battre contre elle, ni vous de la poursuivre !
- C’est une elfe de la nuit ! argument le Gueule-de-Dragon. Son peuple appartient à l’Alliance !
- Le fait que ma nation soit alliée à l’Alliance ne dicte pas à tous ceux de ma race d’agir ainsi, imbécile ! riposta Nocturana.

Sentir l’elfe de la nuit se positionner avec lui, et argumenter avec une telle vivacité d’esprit et une si grande conviction lui arracha un petit sourire amusé. Marthenon espérait vraiment que le Gueule-de-Dragon allait cesser son petit jeu et les laisser tranquilles parce qu’il se sentait sur le point d’éclater de rage. Heureusement que Nocturana était à ses côtés, sa présence l’apaisait. L’orc noir, cependant, ne montrait aucun signe qu’il comptait battre en retraite et concéder qu’ils n’avaient aucun intérêt à se battre entre eux.
- Est-ce que cela veut dire que tu es prêt à trahir ton serment au Chef de Guerre, en sympathisant avec une ennemie ? demanda-t-il sévèrement.
Marthenon gronda, énervé qu’une fois de plus il lui relance à la figure ce serment d’allégeance comme argument ultime. Il connaissait très bien son texte, il savait qu’aucune ligne ne commandait au soldat de la Horde de ne pas tomber amoureux de quelqu’un hors de la faction ; cela serait en plus d’une absurdité sans bornes. Qui pouvait contrôler son coeur et sa façon de sélectionner une personne à aimer ?
Si le Gueule-de-Dragon voulait vraiment insister sur le fait qu’il soit officiellement engagé dans l’armée, l’elfe de sang se sentait maintenant capable de crier ici et maintenant qu’il désertait. La dernière fois qu’il avait rejoint un appel aux armes pour effectuer une vengeance, il avait perdu Nocturana. Il n’allait pas laisser cela recommencer. Le Chef de Guerre pouvait aller se faire voir si les affaires de coeur de chaque individu de son peuple l’intéressait à ce point.
- Il ne s’agit pas de “sympathiser”, idiot ! répondit-il. Elle est ma vie, tout comme la Horde ! Mon serment ne me commande pas de tuer toutes les personnes qui ne l’ont pas prêté. Le Chef de Guerre ne m’ordonne pas personnellement de la tuer, il n’a aucune raison de s’en soucier. Et s’il le faisait... Et bien qu’il aille déjà s’occuper de ses affaires avec Zaela, au lieu de celles des autres !
À cette réponse ouvertement provocatrice, une grimace de mécontentement vint s’afficher sur le visage de Molokh. Marthenon dégaina enfin sa hache, tandis que Nocturana préparait son arc et ses familiers qui tournaient autour d’eux sur le qui-vive.
- Je vois..., marmonna amèrement le Gueule-de-Dragon. Très bien, c’était intéressant de t’observer pendant tout cela, Marthenon. Malheureusement, en dépit de mes avertissements, nous y voilà, à la mauvaise fin. Tu es un nouvel échec de plus.


L’orc lança le signal à ses hommes, qui relâchèrent toutes les munitions et les sorts qu’ils avaient préparé entre temps sur le couple. Marthenon restait stupéfait de voir les kor’krons se retourner ainsi contre lui, même s’il savait pertinemment qu’il y était allé un peu trop fort dans sa réponse à Molokh. Cependant, ce qui l’affectait le plus étaient les derniers mots de celui-ci, qui le perturbaient. Que voulait-il dire par “un nouvel échec de plus” ? Alors qu’il restait suspendu à cette question, comme aucune issue ne semblait se présenter pour les sauver tous les deux, Nocturana lui agrippa soudainement le bras pour le tirer au sol.
Alors qu’ils tombaient tous les deux sur la neige, un motif bleu lumineux caché sous l’épaisse couche blanche se mit à luire dans la nuit, un puissant champ de force s’en élevant pour dévier les projectiles lancés contre les deux elfes. Surpris par cet imprévu, les kor’krons se retrouvèrent subitement avec des ennemis derrière eux pour les étrangler ou les désarmer, pour ceux qui n’avaient pas pris garde de couvrir leurs arrières. Les Pandashan et les camarades de Marthenon  sortirent de leurs cachettes, prêts à défendre le couple à nouveau réuni contre Molokh et ses hommes.
Celui-ci fut directement confronté par Ralgark, qui descendait des airs sur le dos de Cielistrasza. La dragonne laissa échapper une bouffée de flammes furieuse en reconnaissant un Gueule-de-Dragon. L’un de ces orcs qui avaient martyrisé sa Reine, ses amis et son frère, Karostrasz.
- Vous..., fit Molokh avec un air stupéfait. Vous êtes si nombreux à être venus pour l’elfe de sang ?!
- Qu’est-ce que tu t’imaginais, Gueule-de-Dragon ? répondit le chaman avec un ton de défi. Il n’était absolument pas question de le laisser entre vos sales pattes, et ni toi ni ton Général ne vont l’empêcher de retrouver la femme qu’il aime !
- Comme c’est beau pour un vieux célibataire endurci de joueur les entremetteurs ! ricana l’autre, hilare.
Le chaman, piqué au vif par la moquerie de son adversaire, sauta à terre afin de l’attaquer directement au sol, ce qui paniqua et agaça un peu Cielistrasza, qui avait compté s’en charger en tant que dragonne et se retrouvait maintenant incapable de le faire avec son cavalier juste en bas. Entre-temps, les kor’krons qui restaient se défendirent avec vigueur contre les Pandashan et les aventuriers qui les attaquaient. Rares furent ceux qui parvinrent à s’enfuir à temps et ainsi obtenir une chance de survie. La bataille s’annonçait déjà gagnée d’avance par les alliés de Nocturana et Marthenon, grâce à la supériorité numérique.
Cependant, même si la victoire paraissait un acquis évident, le guerrier elfe de sang n’allait pas laisser Molokh à Ralgark comme ça. Il était furieux contre le Gueule-de-Dragon pour avoir tenté de tuer Nocturana, et lui avec. Mais il voulait quand même avoir une explication quand aux paroles qu’il avait prononcé en étant certain qu’il allait réussir à les exécuter tous les deux. Ce que cela présageait dans son esprit n’était déjà pas très bon, mais il souhaitait en avoir le coeur net là-dessus. Qu’est-ce qu’il avait voulu lui faire, exactement ?

Voyant que l’elfe de sang s’élançait tête baissée dans le combat, l’elfe de la nuit tenta de le rappeler. Il était cependant trop tard, vu qu’il progressait rapidement, malgré les sorts et les flèches qui volaient dans les airs. Il avançait peut-être même un peu trop vite, pour un guerrier avec une armure quand même assez lourde, sans parler de la hache. Nocturana écarquilla les yeux de peur, quand elle vit les griffes de sha pousser autour des gants écarlates de Marthenon. Alors qu’elle allait se lancer à sa poursuite, un corps alla soudainement la bousculer et la faire tomber le nez dans la neige.
Se redressant, éternuant au passage, elle se trouva nez à nez avec une chamane kor’kron qu’un de ses alliés avait projeté avec un sort, la faisant malencontreusement entrer en collision avec elle. L’orque cligna des yeux, un moment stupéfaite de voir un adversaire différent, avant de retrouver ses sens et de se relever pour continuer à attaquer, vaincre ou mourir. L’elfe de la nuit fut forcée d’aller à reculons pour éviter ses haches courtes acérées et couvertes de givre, envoyant tous ses familiers lui mordre les jambes ou les bras.
Alors qu’elle préparait un tir surpuissant pour en terminer rapidement, elle vit un javelot de glace filer vers l’orque depuis sa droite, lui traversant le crâne en faisant éclabousser plus de sang sur la neige. Elle tourna la tête pour découvrir Estrana avec la main tendue, réalisant avec un visage frappé d’horreur et des membres tremblants à quel point elle avait très bien visé. Nocturana se précipita vers elle, voyant qu’elle n’allait pas bien.
- Ne reste pas si tu ne te sens pas bien, je vais pouvoir m’occuper de ceux qui restent.
- Je... Je ne pensais pas que ça allait traverser, marmonna la jeune elfe. Je voulais juste l’assommer. Elle a dû avoir horriblement mal...
- Ça va aller. C’est ainsi quand on se bat, soit c’est l’autre, soit c’est toi, ou tes alliés.
- Je sais... Il va falloir que je m’habitude on dirait...
- Rien ne te force à te jeter au centre de l’action systématiquement Estra. Mais je te remercie de m’avoir aidée.
Le sourire réconfortant qu’elle adressa à sa petite soeur sembla l’apaiser un peu, même si elle continuait à frémir sous le coup de l’émotion. Nocturana la redirigea doucement vers Tyrathen, qu’elle vit se tenir en retrait, aux côtés des autres qui s’étaient occupés de secourir Marlek et les deux taurens et qui venaient de les rejoindre. Elle remarqua que le moine était réveillé, même s’il était soutenu par Naeria. Au moins, il semblait qu’il allait s’en sortir... ce qui n’empêchait pas que le Gueule-de-Dragon devait payer pour ce qu’il lui avait fait. L’elfe de la nuit chercha à retrouver Marthenon dans l’obscurité.


Ralgark et Cielistrasza avaient très bien combattu contre Molokh, les pouvoirs élémentaires du chaman ainsi que ses capacités au combat armé lui permettaient de faire des échanges intenses avec le voleur, pendant que la dragonne dans sa forme d’elfe de sang renforçait son camarade avec des soins. Leur combat prit une tournure dangereuse quand le Gueule-de-Dragon parvint à bondir derrière elle pour s’en servir comme bouclier, tout en veillant à ce que ses poisons paralysent son esprit pour qu’il ne se retrouve pas subitement avec un grand drake entre les bras. Heureusement pour le duo, ce fut à ce moment là que Marthenon lui tomba dessus.
Surpris par son intervention inattendue pour lui, l’orc sombre lâcha Cieli quand il tomba dans la neige, avant de se relever pour contre-attaquer. Il eut également un mauvais contre-coup quand il crut pouvoir profiter de ce que le guerrier combattait avec une lourde arme, quand celui-ci sortit ses deux épées courtes dans le but d’atteindre à peu près sa rapidité à l’escrime. Marthenon, insensible à tout ce qui se passait autour de lui, ne se focalisant que sur sa cible, n’entendit pas ce que Ralgark criait à côté alors que Molokh était en face de lui et encore en état de combattre.
Le Gueule-de-Dragon était un adversaire redoutable, même quand on le confrontait en combat singulier. Ses deux lames étaient rapides et empoisonnées, et il cherchait sans cesse un point faible dans la cuirasse de l’elfe de sang afin de les y planter pour s’assurer une victoire plus facile. Le voleur orc étant agile, rapide, quasiment insaisissable en plus d’avoir la nuit qui jouait pour lui, Marthenon réalisa instinctivement la difficulté que présentait ce combat. Ce n’était pas en tentant des coups réguliers qu’il allait le vaincre ; heureusement pour lui, il avait un atout non négligeable.
Alors qu’une fois de plus l’orc surgissait dans son ombre pour frapper dans le dos, Marthenon concentra toute sa fureur dans son coeur, avant de la relâcher brutalement autour de lui, de la même manière qu’il avait jadis manipulé les énergies magiques quand le manque du Puits de Soleil le faisait aussi douloureusement souffrir. Surpris par cette attaque imprévue, Molokh fut renversé pour la seconde fois au sol, désorienté par le flux d’émotions violentes qui l’avaient frappé de plein fouet.

L’elfe de sang n’eut pas besoin d’attendre une autre occasion pour lui tomber dessus et le maintenir à terre, à sa merci. Réalisant sa défaite aux mains du guerrier, le Gueule-de-Dragon soupira amèrement.
- Regarde-toi donc..., murmura-t-il en fixant ses yeux noirs. Tout ce pouvoir dans tes mains, et tu veux le jeter ? Très bien, je ne te retiens plus.
- Qu’est-ce que tu voulais dire par “un nouvel échec de plus” ?! demanda Marthenon avec un ton furieux. Réponds !
Molokh émit un ricanement moqueur à la question de l’elfe de sang, ce qui le poussa à se montrer plus persuasif en lui prenant soudainement la gorge, menaçant de l’étrangler s’il continuait ainsi. Ce geste fit grogner l’orc, qui finit par répondre ; Marthenon ne le réalisait pas encore, mais le Gueule-de-Dragon avait maintenant compris son avantage à lui dire toute la vérité.
- Est-ce que tu pensais vraiment que tu étais spécial, Marthenon ? Que tes prouesses t’ont fait devenir un guerrier dont la Horde peut être fière, au point d’avoir droit à un don puissant en récompense de ton dur labeur ? Oui, tu avais du potentiel, tu étais prometteur... au point que le Général Sangdrake, qui déteste pourtant ton espèce, a pensé que peut-être tu étais le sujet parfait.
- Un sujet... ? répéta Marthenon, incrédule.
- Tout ceci, ce n’était qu’une expérience ! Rokhal n’avait pas besoin d’aide pour s’occuper des vermines l’Alliance, mais cet endroit est celui où ta colère, ta haine et ta soif de sang, pouvaient prendre forme et te conférer ce pouvoir que Hurlenfer cherche à maîtriser pour nos guerriers. J’étais censé m’assurer qu’il grandisse et reste sous ton contrôle... J’ai tenté de faire de toi le prototype du guerrier parfait de la Horde.
- Comment ça, un prototype ? Qu’est-ce qui serait arrivé si j’avais réussi ?!
Un nouveau rire secoua l’orc à terre, ce qui ne donnait pas de bons pressentiments à Marthenon. Tout ce qu’il entendait jusqu’à présent le laissait glacé. Qu’est-ce que ses efforts, ses victoires pour la Horde lui apportaient donc ? Qu’était-il devenu à force de faire sienne cette guerre, après avoir tout perdu ?
- Tu ne serais jamais devenu le “guerrier parfait”, annonça Molokh. Nous aurions fini par te tuer, même si tu avais acquis une maîtrise infaillible du don...
- Pourquoi... Qui a ordonné cela ? Est-ce que c’est de l’initiative de Sangdrake, ou... ?
- Ha... Tant d’espoirs, tout en vain. Ce projet a été ordonné par le Chef de Guerre lui-même, Sangdrake n’est qu’un simple agent dans cette longue quête pour maîtriser ce pouvoir... et toi, rien de plus qu’un sujet raté comme tous tes prédécesseurs. Peu importe les progrès.
- Je..., fit Marthenon, choqué. J’ai tué tous ces gens... Mes mains se sont couvertes du sang de l’Alliance, je criais “Pour la Horde” avec tout mon coeur ! Et tout ça pour... pour devenir votre cobaye ?!
- Tellement naïf. Comme ton maître...

Poussé à bout, Marthenon hurla de rage, tentant de décapiter le voleur pour lui faire payer toutes ses manipulations, en plus de cette insulte à la mémoire de Drakgosh. Molokh s’était cependant préparé, évitant de justesse la lame pour jeter à la figure de l’elfe de sang de la neige glacée et l’aveugler momentanément. Comme tous ses autres ennemis accouraient, le Gueule-de-Dragon sembla juger plus prudent de disparaître dans la nuit, plutôt que de tenter de tuer son adversaire avant qu’il ne se rétablisse.
Le guerrier se retrouvait maintenant en proie à un violent conflit interne, suivant les révélations de Molokh. Il était fou de rage et de chagrin, après avoir réalisé ce qu’il avait fait autour de lui pendant tout ce temps. On lui avait fait croire qu’il était un champion, un “héros”, mais tout cela n’était qu’un mensonge. Il était devenu un meurtrier, incapable de distinguer la justice de la vengeance, ne parvenant plus qu’à créer des massacres abominables partout où il allait. Tout cela parce qu’il avait mis en fuite tout seul la femme qu’il aimait, parce qu’il avait été incapable de sauver son maître d’une mort affreuse !
Il avait tout sacrifié pour la Horde, tout cela pour obtenir quoi en retour ? Il s’était transformé en tueur en série, un monstre qui ne pourrait plus jamais marcher dans Azeroth sans être reconnu par les citoyens de l’Alliance comme celui qui avait tué un ami, un membre de la famille, traqué et pourchassé dans une tentative compréhensible d’obtenir rétribution pour une perte douloureuse. Et en récompense, sa faction qui l’aurait normalement protégé, comme il avait cru que cela fonctionnait ainsi, le trahissait bassement. Elle se servait de lui pour assouvir les envies destructrices d’un Chef de Guerre qui méprisait et utilisait comme bon lui semblait tout ce qui n’appartenait pas à sa race.
Alors que ses amis avaient voulu le sortir de là, il les avait blessés. Arkalea avait-elle seulement survécu à cette blessure qu’il lui avait infligée ? Et que dire de l’humain moine, après que celui-ci se soit fait torturer avec le poison douloureux de Molokh ? Ces deux personnes avaient tout fait pour l’aider, lui montrer le droit chemin, mais il avait été incapable de le comprendre et par sa faute ils avaient frôlé la mort... Il les avait fait tous souffrir, au nom de la Horde qui l’avait trahi, alors qu’il avait promis à Drakgosh qu’il la protègerait. Il avait échoué en tout, et il avait lui-même trahi tous ceux qu’il estimait.
- Il s’est échappé ! s’exclama rageusement Nocturana qui revenait vers l’elfe de sang. Marth, est-ce que ça va ? Il t’a blessé ?


Elle se mit à genoux à côté de l’elfe de sang, qui restait dans un état de prostration très inquiétant, surtout vu son état. Marthenon ne disait rien et couvrait son visage, pourtant rien ne laissait paraître qu’il était en train de pleurer. Inquiète, Nocturana secoua doucement son épaule, l’appelant à nouveau. Alors qu’elle faisait ça, le guerrier la repoussa brutalement en arrière, dans un geste qui semblerait tout simple s’il ne l’avait pas projetée à plus de dix mètres plus loin à l’aide de véritables griffes noires.
Voyant ce qui se passait, les Pandashan et les aventuriers se rassemblèrent autour de Nocturana, assistant avec elle à un présage sinistre pour Marthenon. Alors que l’elfe de sang se relevait enfin, lentement, une aura grise l’enveloppait, étouffant ses couleurs rouges habituelles. La stupéfaction et l’angoisse se trouva à son comble quand il fixa le groupe, un masque aux motifs agressifs couvrant entièrement son visage. Tous savaient ce que ça voulait dire.
- Non, Marth ! NON ! cria Raglark, désespéré.
- C’est arrivé..., murmura Huoran avec stupéfaction. Pas de panique, nous pouvons encore le sauver ! Avec moi, Pandashan !
Le maître-moine se précipita vers le guerrier transformé, rejoint par son fils et ses camarades de l’ordre. Hoji et deux de ses disciples, Andyana et Qwando, allèrent leur prêter main-forte, tout comme Ralgark et ses camarades, ainsi que les mercenaires. Tyrathen et Estrana se hâtèrent d’aller emmener Nocturana en sécurité à l’arrière, alors que sa chute violente l’avait désorientée. L’elfe de la nuit avait cependant encore assez de sens pour réaliser ce qui se passait, et désespérer en conséquence.
Elle s’en voulait de ne pas être restée à ses côtés, de l’avoir laissé partir tout seul après le Gueule-de-Dragon qui l’avait visiblement suffisamment mis en colère pour qu’il se transforme. Cielistrasza, qui s’occupait de la soigner, lui interdit formellement de s’accuser de tous les maux du monde et lui ordonna de ne pas perdre espoir, lui rappelant qu’Huoran avait dit qu’il n’était pas trop tard. Cependant, jusqu’à présent le combat entre Marthenon et les Pandashan ne laissait rien présager de bon ; la colère aveugle de l’elfe de sang, combinée à sa haine et son penchant pour la violence, le transformaient en un ennemi formidable contre lequel même une dizaine de guerriers vétérans avaient beaucoup de mal à tenir.
Ainsi que Molokh et la Horde l’avait souhaité pendant tout ce temps-là, Marthenon était devenu un guerrier quasiment invincible, renforcé par ses sentiments négatifs. Et le prix à payer pour tant de puissance était un danger immédiat pour son esprit égaré, ainsi que sa vie.
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MessageSujet: Re: L'Ouragan de la Vengeance   L'Ouragan de la Vengeance EmptyDim 31 Aoû - 13:21

L'Ouragan de la Vengeance Screen53

Aveuglé par sa fureur, Marthenon faisait des ravages autour de lui. Les Pandashan, les mercenaires et ses camarades tournaient incessamment en rond, cherchant à trouver une bonne opportunité pour frapper rapidement et le rendre inconscient avant que son état n’empire encore plus. Ses épées doubles constituèrent cependant une défense redoutable même contre autant d’opposants, si bien qu’à chaque assaut manqué ils étaient forcés de céder du terrain comme à présent l’elfe de sang frappait pour tuer, sans plus aucune distinction entre les alliés des ennemis. Huoran faisait de son mieux pour essayer de le faire immobiliser afin d’entamer le rituel de purification ; néanmoins, après que Kagena, qui avait semblé être la personne la plus qualifiée pour le faire, se soit fait éjecter de la même façon que Molokh bien plus tôt, chacun devait y aller de ses propres ressources pour tenter d’atteindre cet objectif à présent si délicat. L’elfe de sang était un adversaire redoutable, même contre tant de combattants vétérans en face de lui. Il avait en plus ce dangereux atout de continuer à utiliser ses propres techniques mortelles, combinées à ses sombres pouvoirs.
Elaria décida cependant qu’ils pouvaient venir à bout de sa force monstrueuse, si seulement les autres ne montraient pas tant de complexes à s’approcher de lui ou le blesser. Ainsi décidée, l’elfe fit tressaillir de panique Nocturana et d’autres lorsqu’enfin l’une de ses flèches arriva à percer la carapace de Marthenon pour s’enfoncer dans son torse.
- Elaria ! cria l’elfe de la nuit en voyant ça. Arrête ça tout de suite, je ne te laisserai pas le tuer !
- Bien compris Noc ! répliqua la chasseresse, agacée. Malgré tout le sang qu’il a sur les mains, tu es certaine qu’on peut sauver ton sin’dorei chéri. C’est très bien pour toi, mais moi j’essaye de l’empêcher de nous tuer tous avec du poison. Paralysant, je précise. On a déjà assez de problèmes avec un monstre sha, ne va pas devenir un second !
Ignorant l’elfe de la nuit qui la menaçait d’un dur châtiment si jamais elle tuait l’elfe de sang, Elaria continua à envoyer ses flèches magiques pour ralentir suffisamment Marthenon. L’influence du sha lui faisait ignorer toute douleur, même grave, mais en touchant l’essence de colère elle savait qu’elle obtiendrait une réaction souhaitable pour passer à la phase suivante. Elle ne comprenait pas ce que Nocturana trouvait à cet elfe, pour elle il ne s’agissait que d’un meurtrier à la solde de la Horde, qui avait participé au massacre de Theramore. Sa maison, là où sa mère était morte par la faute de Hurlenfer.
Et si encore il n’y avait qu’elle et ces orcs, trolls et taurens pour être ainsi obsédé par la possibilité d’une rédemption pour ce tueur... Elle peinait à comprendre pourquoi est-ce que Marlek et Kalterian s’occupaient aussi de son cas. Son frère était très altruiste, elle le savait, mais par la Lumière, cet elfe l’avait quand même enlevé et torturé ! Et que dire de son petit-ami, qui ne cessait de retourner à l’attaque parce qu’il se souciait de leur chef, Danessia. Pourquoi faisait-il ça, quel était son intérêt à sauver son fils quand il était justement devenu de son plein gré leur ennemi mortel ?

Alors que les mouvements de l’elfe de sang devenaient de plus en plus lents et incertains, Elaria saisit finalement sa chance. Tandis que Huoran venait de le saisir avec une prise d’immobilisation, sans attendre s’il allait réussir ou non à le soumettre, elle arma une nouvelle fois son arc, ne perdant aucune seconde, et décocha le trait qui alla décrocher le masque affreux de la figure de Marthenon. Elle crut qu’elle avait réussi à mettre un terme à cette lute, alors que le guerrier cessait soudainement de se débattre, lâchant brusquement son arme dans la neige. Cependant, les Pandashan semblèrent à ce moment-là devenir complètement paniqués, quand ils virent ça. Huoran s’écarta de sa cible, criant aux autres de battre en retraite.
Incapable de comprendre la raison de cette agitation au départ, l’humaine finit par réaliser qu’elle n’avait peut-être pas agi aussi brillamment qu’elle l’aurait voulu. Un rugissement de douleur et de rage horrifiant s’échappa de la gorge de l’elfe de sang. Ce n’était clairement pas lui qui poussait le cri, mais autre chose. Tandis qu’il se tordait ainsi dans la neige, souffrant d’un mal invisible et poignant, une colonne de fumée noire et blanche se formait autour de lui. Elaria comprit trop tard qu’elle avait libéré une force bien plus dangereuse que Marthenon lui-même. Dans un dernier espoir de rectifier le tir, elle se précipita vers lui malgré les appels des autres, tentant de le faire sortir de ce périmètre avant que l’énergie négative n’explose.
Avant qu’elle ne parvienne à seulement bondir sur lui, l’explosion qui se produisit la renversa et l’envoya voler au loin. Complètement sonnée et désorientée, la chasseresse ne put survivre que grâce à l’intervention bien minutée de Mei-Lan qui s’occupa d’un sort pour réduire sa vitesse de chute ; en retombant lentement vers la neige, Elaria constata avec surprise et frayeur le monstre qui se tenait en lieu de l’elfe de sang.

Un sha immense, qui devait bien faire la taille des primordiaux de Pandarie, faisait face aux aventuriers et aux Pandashan. Ce monstre-ci ressemblait quasiment à un squelette, avec une sorte de base en forme de cage thoracique dégageant un épais voile de fumée en-dessous, mais la tête et les bras redoutables étaient bien caractéristiques des bêtes infernales de ce continent. Il n’y avait plus moyen de voir l’elfe de sang, certains craignirent qu’il se soit transformé en cette abomination géante. Huoran répondit pour que la chose soit bien claire auprès de tous, que lorsqu’un masque de sha était retiré, les émotions violentes s’échappaient pour prendre forme à l’extérieur de l’hôte. Cela n’était cependant pas plus rassurant, parce que s’ils détruisaient la bête, ils tueraient Marthenon avec.
Bien évidemment, Nocturana, Ralgark et leurs compagnons respectifs dans cette entreprise étaient complètement opposés à cette éventualité, et ils allaient se battre jusqu’au bout pour empêcher cela. Le moral n’était cependant pas au plus haut, après que Marthenon seul ait réussi à tenir tête à plus d’une dizaine de vétérans ; maintenant qu’un sha monstrueux se tenait à sa place, ils pouvaient s’attendre au pire.
Pendant que les moines valides se dépêchaient de se positionner autour du sha, dans l’espoir d’infuser leur chi positif afin de repousser la manifestation furieuse devant eux, Kalterian laissait aux autres le soin de les protéger afin d’aller récupérer Elaria. Bien qu’il était préoccupé par l’état de sa camarade, le haut-elfe était visiblement en colère lui aussi, et échoua à se retenir de sermonner l’humaine blessée alors qu’il la reconduisait à l’arrière avec ceux qui avaient également été blessés.
- Est-ce que tu es fière de toi maintenant ?! gronda-t-il avec un ton sévère.
- Désolée, je ne savais pas que ça se passerait comme ça ! s’écria Elaria.
- Tu aurais pu demander autour de toi au lieu d’agir en solo ! Ces gens ne sont peut-être pas de l’Alliance, ni du Concordat, mais ils n’en restent pas des alliés, et quoi de plus, des alliés qui savent exactement les risques encourus dans ce genre de crises ! J’espère que tu n’as pas causé la mort du fils de Danessia, quand on aurait pu l’éviter !
Elaria fut offusquée de voir Kalterian la menacer et se montrer aussi dur avec elle. Elle reconnaissait qu’elle avais commis une faute, qu’elle aurait dû chercher à savoir ce qui se passerait après son geste. Cependant, elle peinait encore plus à comprendre pourquoi il était aussi furieux ; elle pensait pourtant qu’il avait des sentiments pour elle, si ça avait vraiment été le cas elle se serait attendu à autre chose. Elle méritait bien son sermon, mais une explosion de colère pareille ? Visiblement, elle s’était trompée. Ou alors, pour une raison qui lui échappait, Danessia devait toujours passer en premier avant toutes choses.
- Très bien, retourne au combat sire, je peux marcher toute seule pendant que tu t’amuses à secourir un meurtrier qui donne à ta “mère” des insomnies ! s’exclama-t-elle sarcastiquement.
L’ironie poussée sur le terme qu’elle utilisait pour désigner leur chef le fit se crisper furieusement. Pour la première fois, elle lui découvrit ce visage sombre, violent et fermé qu’il avait toujours veillé à ne jamais lui montrer auparavant.
- Tu ne sais rien de pourquoi je me soucie d’elle, alors arrête avec ça ! gronda-t-il.
- Mais je ne sais rien de toi de toutes manières ! Tu ne me dis rien ! J’aurais bien aimé que tu me parles de toi de temps en temps... Comme... Comment as-tu eu ces cicatrices ?
- Je... Ce n’est pas le bon moment. Encore moins pour être en colère. Désolé, je vais retourner les aider.
L’air complètement bouleversé et désorienté par sa question, qui faisait référence à ces marques effrayantes qu’elle avait pu voir sur sa peau et surtout sur son dos, Kalterian lui offrit une étreinte maladroite, avant de la laisser rejoindre les soigneurs à l’arrière. L’humaine le regarda partir sans bouger. Décidément, elle ne parvenait pas du tout à comprendre cet elfe qu’elle aimait pourtant. Lui était-il arrivé quelque chose de terrible dans le passé, Danessia avait-elle joué un rôle important pour lui ? Si seulement il pouvait lui faire plus confiance et s’ouvrir à elle... Elle songea cependant avec amertume qu’elle devait avoir ruiné ses chances.


À cause de ce qui venait d’arriver, l’atmosphère était très tendue quand Elaria retrouva son frère, qui se faisait du soucis supplémentaires en plus de son empoisonnement récent ; déjà sa soeur avait risqué sa vie, mais en plus de cela elle avait quasiment condamné Marthenon qu’il avait voulu sauver. Mais celle qui était surtout la plus furieuse de tous ceux qui avaient une raison de l’être, c’était bien Nocturana. L’elfe de la nuit avait tout vu, et elle était maintenant folle de rage contre la chasseresse, lui criant dessus de la même façon que Kalterian plus tôt, ce qui arracha un soupir à l’humaine. Cette réaction n’aida pas à calmer Nocturana, qui se retrouva très vite à accuser Elaria d’avoir souhaité faire dégénérer la situation parce qu’elle savait qu’elle ne portait pas l’elfe de sang dans son coeur.
- Je n’ai pas voulu que ça arrive ! s’écria Elaria, énervée. Mais je ne vois pas non plus pourquoi je devrais absolument souhaiter sa survie avec vous tous, ce sin’dorei a massacré mon peuple, blessé des gens que j’aime !
- Ça suffit toutes les deux, intervint Marlek avec un ton sévère.
Le court rappel à l’ordre du moine suffit, et les deux femmes cessèrent leur dispute stérile avec un sentiment d’amertume et de culpabilité partagé. L’elfe de la nuit était dans le pire état des deux d’entre elles, elle s’en voulait pour ce qui arrivait, malgré les tentatives répétées de Marlek pour l’apaiser. Elle était convaincue que c’était de sa faute si cette catastrophe s’était produite ; Elaria n’osa pas lui rappeler qu’elle était celle qui avait décroché le masque et libéré le sha enfoui dans le coeur de Marthenon. Si elle le faisait, elles repartiraient dans une nouvelle dispute qui n’aurait aucun sens et pas plus de productivité.
Seranis finit par accourir près d’eux. Malgré la grande estafilade sanglante, issue d’une griffure qui visiblement avait failli lui coûter son oeil droit sans une esquive judicieuse, il arborait cet air sérieux du second de Xa’na, de meneur d’hommes. Il venait discuter stratégie avec ceux qui étaient encore en état de parler de plans d’attaque, résolu à résoudre cette affaire et escomptant d’eux de participer activement, sans larmes ni gémissements.
- Huoran et les autres vont essayer de retenir le sha aussi longtemps qu’ils peuvent, les prévint-ils, en attendant j’espère que vous avez des idées brillantes pour sauver ton petit ami, Nocturana.
- Comment est-ce que la transformation a fonctionné ? demanda Elaria qui voulait au moins se racheter pour ce fiasco. Est-ce que ce monstre est Marthenon ?
- Il est bien à l’intérieur de cette chose, masqué par l’énergie sombre, acquiesça le paladin. Je parie qu’il essaye de conserver sa source de pouvoir à l’abri, très spécialement de toi.
Au début, Nocturana haussa un sourcil comme Seranis la regardait particulièrement à cette remarque. Elle finit par saisir ce qu’il voulait dire. Selon la philosophie pandarène, les shas avaient leurs opposés en émotions ; celui de la haine étant l’amour, il était logique que le sha se concentre plus sur elle dès qu’elle approchait, d’où ses dernières blessures. Marlek confirma ces propos, comme son enseignement de moine lui avait appris les clés pour vaincre les sha. À la colère, le désespoir, le doute, la peur, la haine et la violence s’opposaient la camaraderie, l’espoir, la foi, le courage, l’amour et la paix.
- Donc..., murmura Naeria. Il va falloir que Nocturana crie à quel point elle aime Marthenon, ou quelque chose dans le genre ?
- Je crois que ça serait plutôt ridicule en comparaison à ce qui se passe vraiment.

Tous les regards se posèrent sur Tyrathen qui venait de dire cela sans marquer d’hésitation. Pendant tout ce temps où Nocturana se lamentait sur ce qu’elle attribuait être son échec personnel et quand Mei-Lan et Naeria essayaient de soigner les blessures de plus en plus graves, il n’avait cessé d’observer ses alliés lutter contre le sha monstrueux. Le demi-elfe en tirait une mine inquiète et nerveuse, se mordant par habitude la lèvre inférieure.
- Pourquoi pas ? demanda la moniale elfe.
- Ce n’est plus seulement une histoire d’être aimé en retour ou pas, s’expliqua-t-il sans trop lâcher des yeux le combat plus loin, Marthenon sait maintenant à quel point Nocturana l’aime. Il y a tellement plus de problèmes maintenant... Il a été trahi par sa faction, ceux qu’il pensait être ses camarades et qui en fait l’ont manipulé pendant tout ce temps pour commettre des massacres. Je ne crois pas que ça se limite uniquement à la colère, ou la haine, la violence... Ce serait juste de dire qu’il a fini par accumuler tous ces fardeaux que Marlek vient de mentionner.
L’observation juste de Tyrathen ne rassura personne. Déjà que s’occuper d’une seule manifestation de sha était compliqué, que dire de six à la fois sinon que c’était un véritable cauchemar. Maintenant que le demi-elfe avait relevé cela, tout le monde attendait de lui une idée. Cependant, il n’était pas certain que celle à laquelle il avait pensé conviendrait.
- Qu’est-ce que tu proposerais ? demanda Seranis.
- Une rune, visiblement... Mais ça risque d’être très dangereux.
- Je crois voir à quoi tu as pensé, murmura Nocturana. Tu m’avais parlé d’une rune, dans les steppes en bas. Une qui peut sceller une conscience.
- Est-ce que c’est seulement possible ? demanda Marlek, sceptique. Et sage ?
Le moine avait mis le doigt sur le problème, et Tyrathen pensait également que son idée ne devrait être appliquée que si la situation devenait vraiment désespérée. Cependant, comme Keera et une partie de sa meute venaient tout juste de se faire balayer en arrière dans la neige par l’énorme monstruosité, il songea qu’après tout, ils étaient déjà dans ce cas. Si personne ne faisait rien, soit ils allaient tous y passer, soit Marthenon n’aurait tout simplement plus aucune chance de survivre à cette crise. Il n’avait pas envie de mourir ici, pas quand il n’avait toujours pas accompli sa propre quête.
- Ça va être très compliqué, murmura-t-il. D’après le livre, un sceau runique qui doit prendre effet directement sur un esprit doit être réalisé correctement ; autrement les conséquences seront désastreuses.
- Si ça ne marche pas, Marthenon va..., souffla Nocturana avec peine.
- On te fait confiance Tyrathen, déclara Seranis.
- Je peux essayer, mais je n’ai encore jamais fait ça auparavant.
- Tyr, tu es un demi-elfe, tu as un héritage d’audace et de précision. Tu peux me faire confiance là-dessus.
Intrigué par ces propos vagues bien que précis, Tyrathen n’avait cependant pas le temps de demander à son protecteur de se clarifier un peu plus sur ce qu’il venait de lui dire. Plus il passait de temps avec lui, plus il avait l’impression que Seranis était en train de l’associer avec quelqu’un qu’il connaissait, semblait regretter... son fils décédé, probablement. Il fallut néanmoins qu’il discute avec ses camarades de ce qu’ils allaient faire afin qu’il puisse appliquer la rune, comme un sceau ne pouvait être inscrit sur des cibles vivantes que si elles étaient immobiles.

Ayant une idée soudaine, Marlek se releva brusquement, courant retrouver Mei-Lan un peu plus loin. La jeune pandarène s’inquiéta de le voir bouger, alors qu’on lui avait recommandé de rester éloigné de ce combat et d’essayer de se reposer comme il était en train de recouvrir d’un grave empoisonnement général. Cependant, l’humain avait autre chose dont il devait se préoccuper, qui était plus important que son état actuel.
- Mei-Lan, on va avoir besoin de toi, dit-il sérieusement.
- Euh... Hein ? Quoi ? Comment ? Ne bouge pas comme ça Marlek ! fit la pandarène, qui ne comprenait rien en plus de s’inquiéter pour  l’état son camarade.
- On a trouvé une solution grâce à Tyrathen, lui expliqua Seranis qui arrivait avec le demi-elfe. Marlek pense que tu peux nous aider.
- S’il te plaît, utilise tes capacités en mentalisme pour trouver l’esprit de Marthenon, puis sers-t’en pour l’assommer. Tyrathen pourra utiliser un sceau sur lui, qui durera assez longtemps pour qu’on puisse chasser le sha de son esprit.
Mei-Lan roula un peu des yeux, confuse à cause de cette agitation supplémentaire. Elle repassa rapidement en revue tous ses enseignements sur l’esprit et le mental, afin de vérifier par elle-même si ce plan aussi audacieux que dangereux pourrait fonctionner. Les réflexions de Tyrathen sur l’état actuel de Marthenon finirent par faire pencher son opinion de son côté. Après avoir vu Huoran et ses amis moine peiner ainsi à ne serait-ce que faire fluctuer ce monstre d’énergie ténébreuse, elle craignait effectivement qu’il faille recourir à une solution radicale... à quitte ou double.
- C’est vrai..., dit-elle. Mais je crois avoir compris que tu es encore un apprenti avec les runes, ça pourrait être dangereux pour vous deux. Laissez-moi faire le sort moi-même. Ensuite, tu appliqueras le sceau sur Marthenon, puis sur moi. Nos esprits seront connectés et je pourrai garder le sha emprisonné. Avec ta protection je ne risquerai pas d’être affectée par tous ces sentiments négatifs.
- Ça semble parfait, acquiesça Seranis. Allons-y !


Huoran se retourna quand Seranis vint le rejoindre avec le reste du groupe, espérant que l’elfe de sang avait trouvé une solution qui leur épargnerait de passer encore des heures à tourner en rond autour du sha et éviter de leur mieux ses griffes mortelles. Comme si avoir un monstre géant en face d’eux ne suffisait pas, chaque entaille dans la matière noire créait des abominations plus petites, mais toujours dangereuses malgré tout. À un moment, Kuroshan avait failli se faire ouvrir en deux, entre les bêtes et le monstre géant, ce qui avait mis son père dans un énorme état de stress.
Le paladin lui expliqua rapidement ce qu’il avait en tête, obtenant l’accord du vieux moine pour résoudre ce problème qui devenait de plus en plus épineux à mesure que le temps passait, et nécessitait une résolution immédiate. Comme prévu, Nocturana s’avança vers le monstre, tirant une flèche arcanique qui explosa juste à côté de sa tête pour attirer son attention. Voyant l’elfe de la nuit aussi proche, le sha se déchaîna furieusement sur elle en poussant des rugissement abominables. Elle offrit en réponse une admirable démonstration d’esquive, capable de sauter suffisamment haut pour échapper aux balayages, ou d’exécuter des roulades bien minutées. Ses camarades vinrent la rejoindre afin de la couvrir, comme s’ils attendaient qu’elle puisse atteindre Marthenon intacte. La diversion fonctionna sur le sha, qui oublia tout le reste tant que la chasseresse était à portée de ses griffes.
Pendant que le monstre était focalisé sur Nocturana, Mei-Lan se trouvait juste derrière lui, à présent en méditation pour que son esprit puisse s’évader et partir à la recherche de celui de Marthenon, doucement pour ne pas attirer l’attention du sha. Tout en prenant soin de ne pas perdre le chemin de retour vers son corps, elle se dirigea en pensée vers l’amas d’énergie négative plus loin, traversant prudemment le flot noir en essayant de ne pas se faire emporter. Ceci présentait un défi conséquent pour une âme tranquille comme la sienne, tant il y avait d’émotions oppressantes emmêlées entre elles dans ces vagues.
Finalement, la pandarène repéra l’elfe de sang au milieu de la tornade, replié sur lui-même dans sa souffrance. Il ne semblait pas percevoir sa présence à ses côtés, et il fallut que son essence vienne le toucher pour que finalement il réagisse. À ce moment-là, il devint véritablement agressif. L’aura sombre en lui se matérialisa soudainement devant la pandarène, et lui attrapa violemment la gorge. Alors qu’elle tentait de se débattre, le spectre lui hurlait de le laisser seul ou de mourir, ce qui effraya beaucoup Mei-Lan.
- Arrête! Je suis là pour t’aider ! gémit-elle.

Bien que son esprit seul était ainsi attaqué, l’effet se fit directement sentir sur le corps de la pandarène en-dehors de la colonne de fumée. Ses camarades comprirent qu’elle rencontrait des ennuis quand elle montra des signes de difficulté respiratoire alarmants, et comme si ça ne suffisait pas déjà le sha comprit ce qui se passait à cause de cette perturbation. En hurlant, le monstre pivota sur son torse fumant pour leur faire face, préparant une frappe lourde à l’aide de ses griffes tranchantes.
Ils avaient la possibilité de s’enfuir et esquiver l’attaque, cependant Mei-Lan était toujours dans sa transe, et bien vulnérable ; une seule attaque lui serait fatale. Seranis prit l’initiative dangereuse de rester pour lui placer une bulle de Lumière protectrice afin d’assurer sa survie, même si cela impliquait qu’il allait se prendre le coup de plein fouet, peut-être mourir. L’ombre de la patte griffe se rapprocha avant qu’il ne puisse s’écarter suffisamment ni trouver assez de temps pour relancer le sort sur lui-même. Avant qu’il ne se fasse écraser cependant, le bras d’énergie négative se retrouva cependant coupé en deux en passant sur lui. Quelque peu surpris par ce miracle, l’elfe de sang chercha des yeux qui venait de lui sauver la vie, et repéra bien vite Tyrathen, qui venait d’activer une de ses runes protectrices sur lui, juste à temps.
Après cette perturbation-là, le combat fut vite interrompu quand l’aberration géante commença à réduire en taille, signe que Mei-Lan devait avoir réussi. Le monstre rugissait de rage, luttant pour subsister, mais fut malgré tout aspiré dans le flux qui convergea à nouveau vers Marthenon. À la vue de l’elfe de sang inconscient sur la neige, Nocturana se précipita maintenant qu’elle n’avait plus aucun obstacles pour la gêner, appelant désespérément son amour qui ne se réveillait cependant pas.
Mei-Lan quitta également sa transe, dans un état qui devint aussi préoccupant que celui de Marthenon. Tombant sur ses genoux, elle tremblait de tous ses membres, haletant comme si elle avait d’immenses difficultés à respirer... l’aura grisâtre qui l’enveloppait montrait que c’était tout sauf le froid qui l’affectait.
- Mei, ça va ? demandèrent ses camarades, inquiets.
- Tant de colère, de chagrin..., marmonna-t-elle en pleurant. Je ne peux pas supporter... À l’aide !
Le sort qu’elle avait lancé sur Marthenon pour bloquer son esprit afin de mettre un terme à la présence du sha géant avait des répercussions directes sur la Mentaliste. Il n’aurait pas fallu attendre longtemps avant qu’elle ne devienne elle-même la source du monstre, qui serait ressurgi d’elle. Ses camarades ne laissèrent cependant pas cela arriver, et Tyrathen se précipita vers la pandarène frémissante. Le demi-elfe demanda à ce qu’on amène à côté d’eux l’elfe de sang évanoui, afin qu’il puisse lancer le sort sur eux trois à la fois ; après avoir vu dans quel état se trouvaient ces deux-là, il estima qu’il fallait rajouter une protection, en passant par le sorcier des runes lui-même.
Quand les deux sujets touchés par les sha furent rapprochés de lui, il prépara sa magie, visualisant dans son esprit plusieurs symboles parcourant les flux magiques, dont les deux qui les aideraient. Dès qu’il les repéra, il utilisa ses paumes afin de les transmettre sur Mei-Lan et Marthenon, tout en se créant un nouveau motif sur lui-même. Une fois qu’il eut terminé, l’aura grise autour de la pandarène s’évanouit ; celle de l’elfe de sang perdit de son intensité, mais elle subsistait malgré tout.
- Est-ce que vous pouvez le sauver maintenant ? demanda Nocturana à Huoran.
Le pandaren prit un moment pour considérer la situation qui se présentait à eux, maintenant que le sha avait à nouveau été scellé. Après un instant glacé, il finit par secouer négativement la tête.
- Je suis désolé, c’est devenu en-dehors de mes compétences. Il va falloir consulter notre chef, murmura-t-il.


Le Monastère des Pandashan n’avait pas abrité autant d’étrangers à l’ordre depuis très longtemps. Après avoir maîtrisé Marthenon, Huoran et ses hommes avaient escorté l’elfe de sang et leurs camarades jusqu’à leur repaire, dans une course effrénée contre le blizzard et les pentes ardues de la montagne. Cielistrasza s’était occupée d’amener le guerrier inconscient en urgence, avec Mei-Lan et Tyrathen qui lui étaient reliés, pendant que les autres avaient fait aussi vite qu’ils pouvaient pour arriver à temps et expliquer la situation.
À présent, Nocturana, sa demi-soeur et Simine, Cielistrasza, les camarades de Ralgark et lui-même, ainsi que les Pandashan qui les avaient assistés attendaient avec nervosité que Huoran revienne avec des nouvelles sur la condition de Marthenon. Mei-Lan était en sécurité grâce au sceau de Tyrathen, mais ce qu’elle avait ressenti à partir de l’esprit troublé de l’elfe de sang continuait de la hanter ; ses camarades Pandashan s’appliquaient à rester près d’elle pour la rassurer par leur présence, même si elle continuait de frémir continuellement. L’expérience avait été très violente pour elle, et malgré la protection qu’elle avait reçue elle savait que son esprit était toujours connecté à celui de Marthenon.
Marlek et ses camarades, ni sa soeur, n’étaient pas présents vu que le moine était encore trop faible et ils voulaient s’assurer qu’il ne reste pas seul. Seranis et ses mercenaires avaient décidé de retarder encore leurs retrouvailles avec le reste de la Compagnie, vu que Tyrathen avait joué un rôle important au cours de cette nuit-là, et ils devaient savoir ce qui allait suivre pour lui. Quelque part, certains avaient l’impression que le paladin elfe de sang n’avait vraiment pas envie d’aller sur l’Île du Tonnerre tout de suite, encore moins si son protégé demi-elfe allait l’accompagner.
Au milieu de l’inquiétude générale, Nocturana en particulier n’arrêtait pas de s’agiter, incapable de modérer sa nervosité quoi qu’elle fasse. Debout elle faisait des aller-retours constants dans la pièce, assise elle se mordait les phalanges de nervosité ou vérifiait son arc pour s’occuper. Certains étaient légèrement agacés par ce remue-ménage, mais au fond ils savaient tous qu’elle était mortellement inquiète pour son bien-aimé qu’elle avait mis trop longtemps à reconnaître comme tel, ce qui avait amené à ces derniers événements. Elle était consciente de sa responsabilité dans l’affaire, et devoir attendre sans se voir donner l’occasion de réparer ses torts la hantait.

Finalement, la porte s’ouvrit et Huoran vint les rejoindre, suivi par le seigneur des Pandashan ; il n’y avait aucun signe que Marthenon allait les suivre par cet accès, ce qui rajouta plus de tension dans le groupe. Comme à son habitude, Taran Zhu étudiait depuis les ombres de son masque écarlate les étrangers en face de lui, décidé à découvrir tant les valeurs que les dangers qu’ils présentaient.
- Des nouvelles ? demanda Nocturana.
- Modérez votre angoisse kaldorei, répondit-il avec un ton calme et infiniment sérieux, même si les choses ne vont pas comme vous le souhaiteriez. Huoran a le don de m’apporter des cas très problématiques, et cette fois-ci ne change malheureusement pas d’habitude. J’ai bien peur qu’il va vous falloir faire preuve de beaucoup de patience et d’attention si vous souhaitez que votre camarade soit sauvé des sha.
Le verdict tombé, la tension augmenta d’un niveau dans le groupe. L’elfe de la nuit semblait statufiée, sur le point de s’effondrer en larmes, et Kalterian se leva pour aller la réconforter. Cependant, elle eut du mal à se sentir mieux malgré ce geste de soutient, parce que comme Danessia, elle arrivait trop facilement à assimiler le haut-elfe avec son bien-aimé, même si les sentiments qu’elle avait n’étaient pas égaux. Ralgark jura en marmonnant que si Marthenon mourait à cause des sha il aurait la peau du Gueule-de-Dragon qui avait été responsable de ce grave incident. De toutes façons il chercherait à le tuer, c’était une certitude ; il ne pouvait qu’espérer que ça n’arriverait pas parce qu’il avait perdu l’elfe de sang. Pour rien au monde il ne voulait que ça se passe, et il savait que ni lui ni aucun autre de ses compagnons ne supporterait de devoir l’annoncer à Arkalea.
- Vous avez quand même dit qu’il y a un moyen de le sauver, intervint Nirsha.
- Oui, acquiesça le pandaren. Dans son état actuel, il est devenu impossible de chasser les sha de son esprit, ils y sont bien trop ancrés. Lui seul peut agir sur lui-même à l’heure actuelle, et il vaudrait mieux qu’il ne se réveille pas tout de suite. C’est le meilleur moyen de le protéger, ainsi que ceux qui sont autour, de ce mal.
- Combien de temps est-ce que ça lui prendra pour guérir ? demanda Ralgark.
- Tout dépendra de vous maintenant. Trouvez-lui un endroit pour se reposer, là où aucune influence ne pourra l’affecter et empirer les choses. Cela peut aussi bien inclure votre présence ; il ressent beaucoup de culpabilité, le fait qu’il vous ait attaqués tout à l’heure doit jouer. Surtout, emmenez-le loin de cette guerre entre vos peuples, si vous voulez vraiment qu’il ait une meilleure chance de s’en sortir.

Le seigneur des Pandashan les laissa discuter entre eux du problème qui se posait, après avoir désigné Huoran pour leur donner plus de détails s’ils en avaient besoin. Ils ignoraient ce qu’il allaient faire à présent, en arrivant ici ils avaient espéré que les grandes capacités de Taran Zhu seraient suffisantes pour purger une année de souffrances du coeur de Marthenon.
- Je ne sais pas ce qui conviendra le mieux..., marmonna Nocturana. Nous pourrions trouver refuge à Shattrath, ou s’il faut un endroit encore plus éloigné le Temple du Repos du Ver pourrait aller.
- J’aime bien cette idée, dit Ralgark. Mais je ne sais pas s’il va falloir être encore plus prudent que ça. Marthenon est un criminel aux yeux de l’Alliance, et maintenant un déserteur pour la Horde.
- En plus Molokh, voire son supérieur, vont peut-être tenter de le retrouver, non ? demanda Kalterian.
Avec tous les problèmes qu’ils avaient, la dernière chose qu’ils souhaitaient voir arriver était que ces orcs tentent de revenir dans l’action malgré la défaite particulièrement brutale qu’ils leur avaient infligée. Cette suggestion sonna comme une dangereuse mise en garde, que le haut-elfe faisait bien de soulever. Nocturana avait heureusement une idée afin d’être fixée sur le problème :
- Mardaka, dit-elle à l’orque qui était revenue avec ses camarades, si je me souviens bien tu étais la femme de Mogrosh Sangdrake ?
- Je n’en suis pas fière, fit l’orque avec un air dégoûté. Vous voulez savoir ce qu’il pourrait faire, vu qu’il est le supérieur de Molokh?
Ils acquiescèrent, à présent entièrement concentrés sur ce qu’elle allait dire, qui allait être important sur leur prochaine décision.
- Tout dépend de ce que le Gueule-de-Dragon lui dira, dit-elle gravement. Mais je pense qu’il va vouloir s’assurer que Marthenon ne s’en tire pas ainsi. Soit il tentera de le ramener sous son contrôle, soit il s’assurera lui-même que le “sujet raté”, qui plus est devient un déserteur, soit éliminé. Surtout après que son subordonné ait échoué là-dessus.
- Pourquoi ferait-il ça ? demanda Seranis.
- Pour la gloire du Chef de Guerre et l’honneur orc, quelle question.
Mardaka ne se trouva pas la seule à afficher une grimace de déplaisir sur ses propres propos : Keera grognait comme l’un de ses loups, au point de pousser son père à la regarder en haussant les sourcils de surprise et faire rire Kosh. À côté d’eux, les autres n’étaient pas du tout rassurés par ce diagnostic donné par la démoniste. Ceux qui avaient travaillé à la Halte de la Domination avec Arkalea purent valider ses propos sur le caractère de Sangdrake, un orc acharné et prêt à tout pour obtenir satisfaction à ses objectifs.
- Shattrath semble être une bonne idée, dit Nirsha. C’est le refuge idéal pour des fugitifs, et je pense que l’armée des Sha’tar ne doit pas être en bons termes avec le Chef de Guerre et ses partisans depuis ce qui est arrivé à Theramore. Sangdrake est obstiné, mais de là à risquer une guerre ouverte contre eux ?
- Nan, il aura pas besoin, grommela Towenak. C’est un Général, il lui suffit de demander un peu partout pour avoir les soldats qu’il faut pour infiltrer une ville et enlever quelqu’un sans que personne puisse avoir de preuves que la Horde est passé par là. Z’avez déjà entendu parler de la Main Brisée ?
Certains réagirent à ce nom, ayant à un moment donné été témoins de ce dont étaient capables les voleurs d’élite de la Horde. D’autres avaient seulement lu des rapports ou écouté des témoignages, et savaient que ce n’était pas parce qu’il différaient de leurs rivaux du SI:7 de l’Alliance par leur plus grande discrétion et subtilité qu’ils n’en étaient pas moins redoutables. Nocturana avait du mal à imaginer qu’elle pourrait seulement avoir à les considérer comme ses ennemis, après qu’un nombre impressionnant de leur guilde soit venu les assister dans la jungle de Strangleronce quelques mois plus tôt. Elle devait cependant se souvenir que Molokh était un membre de la Main Brisée également.
- S’ils font appel à eux, ils le trouveront à Shattrath, dit-elle. Ils vont savoir qu’on va tenter de l’abriter là-bas, c’est presque obligé.
- Je pense qu’il vaudrait mieux exclure le Temple du Repos du Ver également, acquiesça Cieli, et tous les lieux peuplés par mon peuple où nous serions susceptibles de chercher un abri pour Marthenon. Molokh sait que tu es revenue pour le protéger, et que moi et Ralgark sommes avec toi ; ils vont chercher dans les endroits où nous avons nos contacts communs.

Elle avait raison, leurs cachettes seraient bien trop évidentes, en plus de ne pas être forcément bien adaptées pour la régénération de Marthenon. Se trouver dans une position aussi faible en enrageait plus d’un, surtout avec le temps et les ressources qui leur manquaient afin de prendre une décision. Finalement, Kuroshan déclara qu’il allait parler à Taran-Zhu, avant qu’il ne reparte sur l’Île du Tonnerre.
Ils prirent une pause dans leur discussion après son départ, décidant que ce n’était pas en s’acharnant continuellement pendant des heures qu’ils obtiendraient un meilleur résultat. Nocturana se précipita la première pour aller voir Marthenon, même si elle savait qu’il ne pourrait pas lui parler. Le retrouver après tout ce qui s’était passé était poignant, elle avait encore plus mal de savoir que c’était à cause de sa négligence qu’il était à présent enfermé dans un coma dont seuls un demi-elfe et une pandarène pouvaient le sortir... à condition qu’il soit libéré de ses démons intérieurs. Mais comment pouvait-il y arriver ainsi ?
- Tu devrais reculer un peu, fit Mei-Lan. Il ne réagit pas bien quand toi et les autres sont autours...
Elle l’avait à peine entendue arriver, trop occupée à observer mélancoliquement l’elfe de sang inconscient. La pandarène affichait également un air triste, et depuis qu’ils étaient rentrés plus personne n’avait pu la voir sourire à nouveau. Nocturana fronça les sourcils, se demandant pourquoi elle lui demandait ça ainsi.
- Comment tu pourrais le savoir ? répondit-elle un peu abruptement.
- Je le sens..., murmura la jeune Mentaliste avec une petite voix. Ce n’est pas contre toi, c’est juste que... ça le rend encore plus confus, surtout après ce qui s’est passé.
- Je ne le tiens pas pour responsable ! C’est de ma faute ce qui lui arrive !
- Et bien, il pense le contraire, et se sent encore plus mal que tu t’accuses pour rien.
Légèrement perturbée par ce qu’elle entendait, Nocturana accepta de s’écarter légèrement. Elle se sentait très mal, n’arrivait pas à supporter que l’elfe de sang soit dans un état pareil. En plus de cela, l’état dans lequel se trouvait Mei-Lan était également assez inquiétant pour qu’elle s’arrête assez dessus.
- Laissez-lui un peu de temps, continua la pandarène, c’est ce dont il a besoin après ce qui vient d’arriver. Si vous mettez trop de pression, même sans vous en rendre compte, vous risquez de le perdre pour de bon.
- On ne peut pas l’abandonner quand même.
- Je sais que c’est difficile pour vous, après ce que vous avez essayé...
- Non ! Je l’ai abandonné plus d’une fois et je l’ai toujours regretté. Je ne vais pas commettre la même erreur une fois de plus !
- Ne t’en fais pas, je resterai avec lui, où que vous déciderez d’aller. Nos consciences sont reliées maintenant... je ne peux pas m’en aller après ce que j’ai vu.
Mei-Lan avait vu des choses éprouvantes à travers ce sort qu’elle avait lancé directement depuis son esprit. Du rejet, de la solitude, des pertes dramatiques, et la violence de la guerre... c’était omniprésent chez lui. Elle devrait faire une autre recherche pour trouver des images plus heureuses, mais à l’heure actuelle c’était impossible et elle ne voulait pas risquer d’ouvrir à nouveau ce nid de sha. La jeune pandarène avait surtout été complètement traumatisée par la  vision destruction de cette ville humaine, la “Theramore” dont ces étrangers parlaient si souvent. Rien que d’y repenser, elle se disait que cela expliquait tant de violence et de haine dans leurs coeurs...
L’elfe de la nuit comprit tout de suite ce dont la pandarène voulait parler, et ainsi pourquoi est-ce qu’elle avait l’air aussi triste et déprimée. Elle eut instinctivement de la sympathie pour Mei-Lan, un témoin involontaire et inattendu des tragédies majeures auxquelles elle et Marthenon avaient assisté au cours de cette années. Ce sentiment était renforcé par le fait que malgré ce qu’elle avait vu, elle était volontaire pour aider son bien-aimé. Elle la prit donc dans ses bras, la remerciant  fortement pour son altruisme et son endurance providentiels et précoces pour son très jeune âge.

Les deux femmes restèrent ainsi seules encore une minute, avant qu’elles ne voient Marlek suivi par sa soeur arriver. Le moine semblait bien rétabli, même si elles savaient qu’il devait se reposer après avoir été empoisonné aussi brutalement. Au moins l’une des Tisse-Brumes qui s’étaient occupées de lui, sinon les deux, devaient être en train de le chercher pour s’assurer qu’il aille bien, même si Elaria était là pour ça. Elle ne voulait pas qu’il subisse encore plus de dégâts après ce qu’elle avait eu du mal à supporter pendant cette nuit.
- Alors, vous avez décidé quelque chose ? demanda Marlek avec un air parfaitement naturel.
- Marlek, qu’est-ce que tu fais ! s’exclama Nocturana, surprise. Tu n’as pas encore récupéré !
- Peut-être pas assez pour combattre, acquiesça-t-il avec un certain agacement. Mais je ne suis pas forcé de rester au lit pour autant, et je veux savoir ce que vous allez faire maintenant.
La chasseresse leur fit signe qu’il était inutile d’insister encore plus là-dessus avec son frère, et elles comprirent cela assez vite. Elle devait elle-même avoir essayé, avant d’abandonner et de choisir de l’accompagner pour s’assurer elle-même que rien n’arrive. Après tout, le moine était solide, et l’avait prouvé à plusieurs reprises, elles pouvaient lui faire confiance pour évaluer sa propre santé.
- On ne sait pas encore, dit Mei-Lan. Nocturana et les autres ignorent où est-ce qu’ils pourraient mettre Marth en sécurité, surtout si la Horde menace d’aller le retrouver.
- Pourquoi pas ici ? demanda Marlek.
Elles écarquillèrent les yeux, n’y ayant pas pensé. Mei-Lan faillit répondre que les Pandashan n’abriteraient pas forcément des étrangers, surtout venant d’au-delà des Brumes, mais après tout ils avaient bien accueilli Hoji et ses disciple pendant une période assez longue il n’y avait pas si longtemps. Nocturana était quand même inquiète que leurs ennemis orcs ne pensent que ce serait justement l’endroit où ils iraient le cacher.
- Ils ne lâcheraient vraiment pas le morceau ? demanda Marlek.
- Selon Mardaka, non.
- D’accord, ils sont vraiment obstinés. Dans ce cas, pourquoi ne pas essayer de perturber leurs informations ?
- Qu’est-ce que tu veux dire ?
- Oh, je vois, fit Elaria. Vous pourriez faire circuler une fausse information comme quoi il est mort, comme ça la Horde n’aura aucune raison d’aller à la poursuite de quelqu’un qu’ils n’auront plus besoin d’exécuter.
L’intervention soudaine de l’humaine pour leur offrir une solution étonna surtout Nocturana, qui digérait mal tout ce qu’elle avait dit et fait contre l’elfe de sang dernièrement. Elle n’avait pas plus l’air concernée, tout ce qu’elle faisait à présent c’était de donner une idée, surement un moyen de se racheter pour avoir provoqué la transformation monstrueuse. Marlek était malgré tout content de la voir participer pour les aider et lui accorda un sourire appréciatif, auquel elle répondit  plutôt faiblement.

Juste au moment où ils avaient mis le grappin sur cette solution, Kuroshan les aperçut dans le couloir et alla les rejoindre. Contrairement à tant d’autres, il ne fit pas de commentaire sur le fait que Marlek se promène dans le Monastère alors qu’Haruta avait expressément décrété qu’il devait prendre du repos ; il savait qu’il était endurant et responsable, en dépit de son habitude à prendre des risques pour les autres.
- Vous avez tous l’air soulagé, remarqua-t-il. Avez vous trouvé quelque chose ?
- Oui, acquiesça Nocturana. Elaria vient de suggérer que nous faisons passer de fausses informations sur Marth auprès de nos ennemis. Marlek pense qu’il pourrait être en sécurité dans votre Monastère...
- J’y ai pensé, répondit le pandaren. Le Seigneur Zhu est d’accord également, à condition cependant que vous et vos camarades nous aident sur l’Île du Tonnerre.
- Marché conclu ! s’exclama l’elfe de la nuit, soulagée.
Elle se rasséréna cependant, vu que Ralgark et ses camarades voudraient sûrement avoir leur mot à dire quand il s’agissait quasiment de devenir des mercenaires à la solde des Pandashan, en échange de la vie et de la sécurité de Marthenon. Alors que l’atmosphère était redevenue un peu moins étouffante, Elaria essaya de s’éclipser discrètement et poliment, jugeant qu’elle avait passé suffisamment de temps ici pour s’assurer que son frère allait bien.
- Bien, je pense que mon frère et ses camarades seront satisfaits avec ce marché. Moi je ne me soucie pas de ce qui pourra arriver à cet elfe de sang, donc je vais vous laisser entre vous conclure cet accord.
- Quoi, après nous avoir donné une solution pour l’aider ? s’étonna Marlek.
- Je l’ai fait parce que je peux me soucier de ce que toi et Kal veulent, même si vous ne vous préoccupez jamais de ce que je pense et pourquoi je pense ainsi, répondit-elle avec un peu d’amertume. Mon allégeance va envers l’Alliance avant tout, et c’est avec eux que je vais combattre Lei-Shen. J’ai assez retardé mon retour comme ça...
Suivant un assez faible souhait de réussite envers Marlek et ses amis, pratiquement pas sincère, la chasseresse tourna les talons. Sin dressa la tête d’un air surpris vers les autres, avant de suivre Elaria en la rabaissant. Même si certains s’étaient attendus à ce départ, ils étaient quelque part stupéfaits de la façon dont il se déroulait ; Kuroshan n’appréciait cependant pas du tout ce qu’il voyait chez la jumelle de son ami.
- Tu devrais rester sur tes gardes Elaria, l’appela-t-il. Quand j’ai rencontré ton frère pour la première fois il était exactement comme toi. Tourmenté et amer, après avoir perdu ses amis d’une façon si cruelle. Son coeur penchait vers les ténèbres, mais il s’en est détourné pour un chemin meilleur. Tu es sur la même route, avec le même pouvoir de poursuivre et te perdre, ou de faire demi-tour.
- C’est bon, marmonna-t-elle en se retournant vers le pandaren. Je sais que vous vous imaginez que l’Alliance est aussi mauvaise que la Horde, et que si je reste fidèle à mon allégeance je deviendrais ainsi. Je peux vous dire que vous pourriez bien être au bord de découvrir pourquoi je hais la Horde à ce point-là.
- Comme tu veux..., soupira le guerrier. La guerre est un cercle vicieux, la vengeance entraine plus de morts et de haines, ainsi le conflit devient une souffrance sans fin pour tous, jusqu’à ce que certains ne comprennent enfin que plus ils s’acharnent dans cette direction, plus ils accumulent de fardeaux.
Frappée par les mots de Kuroshan, Elaria émit un grognement qui ressemblait presque à un feulement. Elle ne s’arrêta cependant pas pour répondre et poursuivit sa marche vers la sortie. Cette obstination désola Marlek, qui était triste de voir sa soeur jumelle s’éloigner ainsi de lui. Le pandaren lui assura qu’elle était peut-être têtue, mais qu’il lui faisait confiance pour savoir prendre la bonne décision lorsque le moment viendrait pour elle. Cependant, le moine craignait quel chemin elle pourrait prendre, même s’il refusait de partager ses pensées à voix haute pour si peu. Il commençait à trouver que sa soeur ressemblait beaucoup à leur père avec cette obstination et son tempérament vengeur. Clairement, il était hors de question de laisser cela arriver.


* * *


Son rapport terminé, Molokh attendit le verdict de son supérieur. Malgré ses efforts pour se contrôler, il bouillait de rage à l’intérieur d’avoir échoué quand le Général Sangdrake lui avait fait confiance pour cette mission. Il avait sa part de responsabilité dans cet échec, tout comme l’elfe de la nuit, Ralgark, les taurens, les humains, les pandarens... tous ceux qui s’étaient opposés à la Horde lors de cette nuit sur les montagnes de Kun-Lai. Il aurait dû être plus prévoyant que cela, ne pas se laisser distraire par la mise en scène de leurs adversaires qui avait laissé à Marthenon le temps de s’éloigner, avoir vu le trait du chaos venir.
- Molokh, tu as agi comme un imbécile cette nuit-là, gronda le Général. Pourquoi a-t-il fallu que tu tentes de le forcer à tuer la femme qu’il aime, c’était exactement le faux pas à commettre pour qu’il se retourne contre nous.
- Général, si j’avais réussi à lui en faire comprendre la nécessité, il serait devenu un véritable soldat de la Horde, fidèle seulement à son allégeance... au moins pendant l’expérience.
Mogrosh Sangdrake poussa un long soupir à cette réponse. Son subordonné était un excellent voleur, c’était indéniable. Cependant, il se disait que les gens comme lui devraient s’intéresser de temps en temps à la nature des émotions telles que l’amour, cela les empêcherait de commettre des erreurs comme celle que Molokh avait faite quelques jours plus tôt, qui leur avait coûté de perdre Marthenon.
- Non, fit-t-il, non. Tu penses de cette façon parce que tu as oublié depuis trop longtemps ce que cela veut dire d’aimer. Marthenon n’est pas un voleur, il n’a pas besoin de votre nécessité de bannir l’amour et de le cacher. S’il aime cette elfe de la nuit, peu importe quelles couleuvres tu peux vouloir lui faire avaler, instinctivement il voudra toujours la protéger. Le forcer à rompre de lui-même ce lien naturel revient à le briser, à le rendre imprévisible et dangereux.
- Voudriez-vous dire que l’elfe de la nuit aurait dû survivre et qu’il aurait dû continuer à nourrir des sentiments pour elle ?
- Ces sentiments étaient l’essence de cette haine qu’il portait contre l’Alliance. Tu aurais dû t’assurer à ce qu’il croie qu’elle était toujours morte parce qu’ils l’avaient retournée contre lui, et t’occuper en secret à ce que sa mort reste authentique. Concernant l’humain, c’était un manque d’imagination complet. Il devait y avoir un moyen plus simple de lui faire “avouer” que c’était un mensonge qu’il a proféré afin de déstabiliser Marthenon en combat. La simplicité, Molokh, parfois c’est ainsi que l’on obtient de meilleurs résultats.
Le Gueule-de-Dragon acquiesça, et s’excusa de cet échec face à son supérieur. Mogrosh savait qu’il allait trouver un moyen de se racheter, que ce soit en réussissant sa prochaine mission... ou en le servant involontairement pour ramener Marthenon dans leur camp. Molokh s’imaginait qu’il était seulement un guerrier, qui préférait combattre directement plutôt que d’utiliser de la ruse et de la tricherie. Si la couleuvre ne faisait pas attention, cependant, elle allait se faire piétiner sans pouvoir déverser son venin.
- Maintenant, nous allons récupérer l’elfe de sang. Il ne doit pas être trop tard pour un sujet aussi parfaitement avancé...
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Laedera
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MessageSujet: Re: L'Ouragan de la Vengeance   L'Ouragan de la Vengeance EmptyLun 13 Oct - 1:01

L'Ouragan de la Vengeance Screen54


Plus d’une semaine avait à présent passé depuis le grave incident dans Kun-Lai, qui avait vu les aventuriers s’allier aux Pandashan dans l’espoir de sauver Marthenon de ses démons intérieurs. À présent, sa guérison était un peu plus sérieusement envisagée qu’au départ de l’épreuve. Grâce à l’assiduité de Mei-Lan qui veillait sur l’elfe de sang, elle commençait à être envisagée pour la fin du mois. Ce qui rassurait surtout, c’était qu’entre-temps, personne de la Horde ou de l’Alliance, s’ils s’étaient un jour intéressé aux fausses rumeurs qui avaient été propagées dans les réseaux d’espionnage, ne semblait encore avoir réussi à retrouver la localisation exacte du guerrier disparu.
Conformément à l’accord passé avec les Pandashan, ils avaient dû partir sur l’Île du Tonnerre pour aider dans la lutte contre le Roi-Tonnerre Lei Shen. Évidemment, Marlek, et ses camarades restaient exclusivement avec leurs alliés pandarens dans l’île, refusant de s’impliquer avec la Horde ou l’Alliance. Les Mercenaires réunis avaient leur propre camp d’établi, et comme ils avaient été mis au courant des derniers événements Xa’na et ses hommes acceptèrent de fournir leur aide si jamais il y avait des problèmes avec les très probables poursuivants de Marthenon.
L’attente semblait extrêmement longue pour les amis de cet elfe de sang, surtout Nocturana qui désespérait d’avoir un jour l’annonce que son amant était réveillé, tout comme elle craignait ce qui arriverait par la suite. Pourraient-ils seulement envisager une relation à nouveau normale et sans animosité, sans rencontrer d’obstacles ? Leur brève rencontre seul à seul sur la montagne l’encourageait cependant  à penser que oui, et garder espoir.
En attendant que ce moment arrive enfin, elle se dédiait à accomplir les tâches que les Pandashan et l’Alliance lui confiaient sur l’Île afin de l’en nettoyer de la présence des mogus et autres alliés du Roi-Tonnerre. C’était son moyen de s’occuper et d’avoir le sentiment de ne pas perdre son temps quand elle ne pouvait rien faire pour Marthenon, qu’aller le voir de temps en temps afin de montrer qu’elle le soutenait moralement. Pour cela, Mei-Lan lui avait dit qu’il l’avait bien compris et en était rassuré, ce qui la réconfortait autant que l’elfe de sang.

L’elfe de la nuit profitait de ce service qui s’annonçait fort long afin de renforcer ses liens de soeur vis à vis d’Estrana. Elle ne pouvait pas être plus heureuse de l’avoir rencontrée et de l’avoir acceptée, comme la jeune Bien-née était d’un soutient inconditionnel dans cette épreuve. Son enthousiasme et sa candeur étaient surtout très réchauffants, ce qui était un atout lorsqu’elle se rendait à la Cime Pourpre vu que cela faisait partie de son contrat d’aller assister le Kirin Tor.
Depuis qu’elle avait combattu aux côtés de Ralgark et de ses compagnons, des mercenaires, et qu’elle avait retrouvé Marthenon, elle supportait de moins en moins l’ambiance hostile et fortement anti-Horde qui régnait là-bas. Elle cherchait surtout à absolument fuir Jaina Portvaillant. Voir l’emblème de la tolérance et de la modération, qu’elle respectait énormément dans le passé, s’être métamorphosée en guerrière impitoyable et prête à tout pour obtenir justice et vengeance pour son peuple l’effrayait quelque part.
Heureusement, ce n’était pas à elle qu’elle alla rendre le sac contenant la mojanite qu’elle avait récupérée sur le corps d’un éclaireur, ainsi que les vieux parchemins volés aux zandalaris. Simine vint la voir quand elle vit les elfes de la nuit rentrées ; la gnome sortait beaucoup moins qu’elle ou d’autres camarades plus alignés vers l’Alliance, comme elle était souvent d’aide pour l’analyse de vieux artéfacts du Roi Tonnerre.
Parfois, la gnome regrettait de ne pas avoir signé pour aller plus souvent sur le terrain. En se souvenant à quel point c’était vachement grand un mogu ou un zandalari, elle se disait que tout compte fait... elle allait vraiment rouiller à ne pas mesurer ses talents dehors face à d’aussi belles cibles d’entrainement. Cependant, ce n’était pas comme si elle était enfermée ici; ses assistants allaient juste flipper un bon coup si elle les laissait se débrouiller tout seuls sans son expertise pour les objets pyrotechniques.
- Comment c’était la chasse ? demanda-t-elle d’un ton jovial en allant vers les soeurs.
- Hm... Intense ! répondit Estrana.
- Amusante, mais j’espère que la prochaine fois ils auront plus besoin d’aide avec les sauroks ou les mogus, soupira Nocturana. Je commence à voir trop de zandalaris, c’est fatigant à la longue.
- Au moins on n’est pas en train de faire la course contre la montre avec eux, dit la Bien-née. Il s’agit juste de les affaiblir pour que Lei-Shen ait moins d’alliés dans sa guerre.
La chasseresse secoua la tête ; elle savait bien ça, mais elle n’avait pas signé pour ne faire que tirer sur des zandalaris chaque jour. Le point positif était qu’à force, elle apprenait comment les gérer et se défendre contre leur magie vaudou infernale. Simine se chargea cependant lui proposer un changement à venir pour demain :
- Reçu, demain on aurait besoin de quelques gens pour collecter des artéfacts dans la cour des ossements, vider un peu les rangs des mogus, et surtout libérer les pauvres gars qui se sont fait capturer. Jaina veut qu’on ne s’occupe que des nôtres, mais franchement on en sauvera autant que l’on peut, et peu importe la race et la faction.
- Je suis bien d’accord ! s’exclama Estrana. Ce que font les mogus est tellement horrible !
- D’ailleurs, rajouta la gnome avec un clin d’oeil à l’adresse de sa jeune camarade, il devrait y avoir des parchemins sur la magie des runes, ça devrait intéresser ton copain Tyr.
Les joues d’Estrana s’empourprèrent légèrement à cette remarque. Elle était beaucoup intéressée par le jeune demi-elfe si savant dans la magie mystérieuse des runes, un fait que beaucoup avaient déjà remarqué et dont ils s’amusaient. C’était néanmoins quelque chose qui laissait Nocturana perplexe ; elle était bien consciente qu’elle et Estrana allaient avoir une existence très longue, beaucoup plus que celle du demi-elfe. Elle se demandait si cela serait sage que sa demi-soeur ait des sentiments véritablement forts envers lui, comme elle en avait pour Marthenon qui lui était quand même un vrai elfe, pas un sang-mêlé.

La chasseresse garda cependant ce genre de réflexions pour elle, il n’y avait pas encore lieu d’en parler. Cela ne faisait pas si longtemps qu’Estrana avait rencontré le jeune homme, et pour le moment son enthousiasme démesuré semblait ne provenir que de son énorme intérêt dans leurs discussions sur la magie des runes. Pendant ce temps-là, Simine continua sur un sujet un peu plus différent mais malgré tout lié au sujet actuel de la conversation.
- Au fait, il a trouvé quelque chose sur son père ?
- Je ne sais pas, dit Estrana, mais il n’a plus l’air très optimiste à ce sujet récemment.
- Comment ça ? s’étonna Nocturana.
- On dirait qu’il a encore un problème avec Seranis.
La gnome et Nocturana levèrent les yeux au ciel. Ce n’était pas la première fois qu’ils en entendaient dire que l’elfe de sang et son protégé se disputaient à cause de l’impatience de Tyrathen d’apprendre l’identité de son vrai père. Déjà, lorsqu’ils avaient quitté le Monastère des Pandashan les deux étaient entrés en confrontation comme Seranis argumentait qu’il était trop dangereux que le demi-elfe les accompagne sur l’Île du Tonnerre, à présent qu’il était responsable du sceau qui maintenant Marthenon dans le coma qui empêchait le sha en lui de ressortir.
Simine avait pris la défense de Tyrathen là-dessus, et lui avait permis de rejoindre Xa’na et les mercenaires malgré l’opposition de l’elfe de sang. Il avait néanmoins accepté de ne pas quitter leur campement pour sa protection, un fait qui l’avait légèrement énervé. Aucune des trois femmes ne parvenait à comprendre ce qui pouvait tellement pousser Seranis à soudainement agir ainsi contre le demi-elfe qu’il avait pris sous son aile. Elles savaient en plus qu’elles n’étaient pas les seules à spéculer sur la possibilité qu’il devait en savoir plus sur l’objet de sa recherche qu’il ne tentait de le faire croire.
- Si tu comptes aller le voir, dit Nocturana, tu peux peut-être lui annoncer que Kalterian a réussi à avoir des nouvelles sur l’une des pistes dont on a parlé le mois passé. Le Chasseur Nocturne est en route vers l’Île du Tonnerre en ce moment.
- Et il n’en sait pas plus sur qui il peut bien être ? demanda Simine. Ça me semble quand même un peu bizarre qu’on n’aie aucun moyen de connaître son nom, d’où il vient... Bon, ça doit être Quel’thalas comme tous les autres, mais quand même, qu’est-ce qui fait que son identité soit aussi impénétrable depuis tout ce temps ?
- Tu n’es pas la seule à se poser ce genre de questions selon Kal. Mais bon, je pense que cela ferait gagner du temps à Tyrathen de venir ici. Et ce sera moins probable que quelqu’un ne fasse tout un scandale de voir un demi-elfe à la Cime Pourpre.
- Surtout avec Vereesa Coursevent dans les parages ! Ce serait un beau tirage d’oreilles !
L’image exprimée par la gnome leur arracha un petit sourire. Il était bien évident qu’avec la Générale des Forestiers du Concordat Argenté à proximité, qui avait elle-même deux enfants demi-elfes du regretté Archimage Rhonin, le premier qui allait s’énerver de la présence d’un hybride risquait de se faire très mal voir de l’une des figures d’autorité les plus importantes du campement. Ce qui n’était pas très conseillé si on voulait monter en grade dans cet ordre militaire.
Estrana annonça alors son intention de partir retrouver Tyrathen de suite, dès lors qu’elle n’avait plus rien à faire pour le Kirin Tor à présent. Sa soeur savait qu’elle était capable d’arriver au campement des mercenaires en un rien de temps et sans se faire repérer par les nombreux ennemis patrouillant la jungle. Xa’na et ses hommes étaient installés juste au nord, près d’une falaise surélevée par rapport à la cour occupée par les trolls, ce qui leur permettait d’avoir une excellente vue des déploiements de leurs troupes ainsi que de leurs activités. Grâce à la magie des runes fournie par le demi-elfe, ils n’étaient jamais découverts par leurs ennemis.


La jeune Bien-née quitta son mentor gnome et sa soeur avec le sourire, promettant d’être prudente sur le chemin. Nocturana se mit à adresser une prière pour qu’elle soit sauve pendant son voyage, à l’adresse du premier dieu qui serait à l’écoute - Elune avait fait la sourde pendant des siècles, alors la chasseresse avait décidé qu’elle en avait assez de parler à un mur tout le temps pour espérer un réconfort qui n’arrivait jamais.
À présent seule avec Simine, elle pensait qu’elle allait discuter un peu avec son amie sur les dernières nouvelles qui leur étaient parvenues ; apparemment il y avait de l’agitation en cours du côté de nombre de leurs anciens camarades avec qui ils avaient démantelé un Culte dangereux. Cependant, quelqu’un vint la prendre à part alors qu’elles venaient de commencer à converser : Danessia Flèche-d’Aurore.
Nocturana accepta d’aller avec elle en privé, et Simine n’y vit aucune offense, sachant parfaitement que c’était tout naturel pour les deux elfes. Après tout, ils avaient fait courir la rumeur que le fils de cette officière, champion de la Horde craint par l’Offensive Bouclier, avait trouvé la mort dernièrement. Danessia savait ce qu’il en était vraiment, mais elle avoué à l’elfe de la nuit qu’il y avait des moments où elle avait le sentiment qu’elle allait craquer, à cause de ses camarades qui lui demandaient régulièrement si elle en savait plus sur cette histoire, afin d’être sûrs que leurs hommes étaient saufs.
Elle peinait à supporter que son fils soit constamment référé comme un monstre, et qu’en plus on attende d’elle qu’elle le renie, souhaite sa perte alors qu’elle ne pouvait rien faire d’autre que d’aimer son enfant en dépit des erreurs qu’il avait commises. Parfois, l’envie de démissionner lui venait. Cependant, elle ne pouvait pas abandonner, pas quand les véritables responsables de l’enfer dans lequel Marthenon était tombé étaient encore au pouvoir et que sa position pouvait lui permettre de lutter contre ceux-ci. Elle ne pouvait pas non plus quitter le refuge affirmé des derniers représentants de son peuple, en train de disparaître de la surface d’Azeroth. C’était tout ce qui lui restait aujourd’hui, quand son fils était loin d’elle.

La chasseresse sentait la souffrance de la haute-elfe, sans avoir besoin d’attendre qu’elle se mette à parler. Maintenant qu’elle avait enfin compris la nature de ses sentiments envers Marthenon, elle se sentait coupable d’avoir mis autant de temps. S’il fallait mettre un nom sur la raison de la chute de l’elfe de sang, c’était bien sur son ignorance qui l’avait torturé pendant des années. Nocturana avait demandé à Danessia si elle avait été au courant que son fils était amoureux d’elle - la forestière l’ignorait, évidemment elle n’avait jamais eu l’occasion de parler à Marth sur le sujet de ses histoires de coeur vu qu’ils étaient souvent brouillés.
Elle se sentait ainsi encore plus désolée pour l’état dans lequel la haute elfe se retrouvait à cause de cette histoire. Elle avait une part de responsabilité importante, et ce n’était pas rare que la chasseresse s’attende à ce que Danessia exprime à voix haute les reproches envers elle qu’elle aurait pu légitimement avoir. Cependant, celle-ci ne voyait pas Nocturana comme la personne qu’il fallait absolument accuser ; l’étourderie de jeunesse n’était pas un crime, pour elle la guerre dévastatrice entre la Horde et l’Alliance était la seule et véritable cause de tous ces drames.
- Comment va mon fils ? demanda Danessia lorsqu’elles furent assez éloignées de la Cime Pourpre, sans pour autant s’être aventurées hors du territoire.
- Nous camarades disent qu’il devrait être remis vers la fin du mois. Je lui ai rendu visite il y a trois jours, et... il semblait un peu plus apaisé que lorsque nous l’avons amené là-bas. Un peu... Mais ne vous en faîtes pas, je fais confiance à Mei-Lan. Elle sait ce qu’elle fait.
- Je vois. Merci.

Danessia semblait résignée à ce que son fils doive passer tant de temps dans un coma qui le maintenait en vie et dans un état stable, alors que cela aurait pu être évité après cet échange qu’il avait eu avec Nocturana dans les montagnes, tel qu’on lui avait rapporté. Elle peinait à se l’imaginer forcé dans l’inconscience, à attendre sa guérison sans pouvoir agir. Cela n’était tellement pas habituel pour Marthenon, lui qui avait toujours été si actif et difficile à la patience depuis qu’il était un petit garçon. Cependant, ce changement paraissait lui être bénéfique ; peut-être que cela lui apprendrait quelques leçons de valeur pour l’avenir.
Elle remercia Nocturana, tant pour cette information que pour le fait qu’elle continuait à veiller sur lui, même engagée dans le conflit sur cette Île. La haute-elfe était extrêmement reconnaissante envers l’elfe de la nuit, ainsi que ses nombreux camarades qui étaient là pour sauver la vie de Marthenon, tandis qu’elle était incapable de faire quoi que ce soit pour lui. Elle ne pouvait pas s’absenter du front pour aller rendre visite à un fils qui était supposé être mort pour ses alliés, et si elle le faisait, elle craignait de ce qui arriverait s’il comprenait que sa mère était venue pour lui. Cela faisait maintenant longtemps qu’ils s’étaient retrouvés face à face pour la dernière fois dans le Territoire du Lion, en tant qu’ennemis, mais la scène continuait à lui briser le coeur et ramener des larmes douloureuses à ses yeux chaque fois qu’elle la revoyait. Elle tourna la tête, espérant que Nocturana ne le voie pas. Cependant, les yeux bleus humides n’échappèrent pas au regard de la chasseresse, qui tenta de la rassurer en lui posant la main sur l’épaule.
- Vous êtes sûre que ça va aller ? demanda doucement Nocturana.
- Il le faut, murmura Danessia. Mes hommes ont besoin que leur capitaine soit forte en face d’un ennemi aussi imposant. Mais je souhaiterais tellement pouvoir faire plus pour Marth. Il est mon seul enfant, et je sais que rien ni personne ne pourra jamais le replacer dans mon coeur, peu importe les erreurs qu’il a commises.
- Quelle chance il a de vous avoir comme mère... Vous savez, si vous le voulez je peux vous amener à Marlek et ses amis. Ils pourront vous permettre de le voir.
- Non, je préfère attendre qu’il soit remis. Il faut que nous puissions parler sérieusement... ne plus jamais reproduire les mêmes erreurs que dans le passé. Merci quand même, cela me touche beaucoup que vous y pensiez.
Un mince sourire vint s’afficher sur le visage de l’elfe de la nuit. Cela lui donnait un sentiment étrange de voir Danessia aussi concernée par le sort de son fils en tant que mère. Elle n’avait jamais pu en avoir une qui aurait pu se mettre dans un tel état par inquiétude pour elle... Elle avait toujours pensé que sa mère n’avait aucun coeur, l’avait abandonné égoïstement, et quand Estrana lui avait raconté que celle-ci avait fini par éprouver du remords et tenter de la retrouver, c’était déjà trop tard.
Nocturana n’avait jamais pu avoir de parents pour s’occuper d’elle et se soucier de sa vie comme le faisait constamment Danessia... Et quand ils le faisaient, c’était pour mourir peu après. Sa mère en premier, dans le silence le plus total avec l’elfe qu’elle avait choisi dans sa nouvelle vie avec ses véritables proches ; ensuite son père, qui avait pris une blessure fatal qui lui était au départ destiné.
Alors qu’elle se remémorait les tragiques fins que son père et sa mère avaient connues à cause d’elle, elle eut soudainement un frisson, comme une mauvaise prémonition. Danessia retournait superviser ses hommes à ce moment là, mais elle sentit qu’il lui faudrait certainement la mettre en garde à un moment donné. Elle avait le sentiment que l’angoisse folle de la haute elfe pour son fils elfe de sang pourrait la conduire à se mettre en très grave danger si sa vie devait être en jeu. Nocturana refusait que cela arrive, et elle ne laisserait jamais cela se faire sous sa vigilance. La forestière était une bonne mère, une véritable femme qui ferait tout pour ses enfants et ne pourrait sérieusement envisager de s’en retrouver séparée. Même lorsque Marthenon était parti rejoindre la Horde dont elle s’était toujours méfiée, qu’il était devenu un elfe de sang en dépit de son opposition, au final elle avait lutté pour le retrouver à Quel’danas même et réussir à se réconcilier avec lui. Nocturana ne pouvait pas la laisser devenir victime de ces conflits et mésententes dramatiques qui prenaient la vie de bons parents. Marthenon était un adulte maintenant, mais il n’avait pas besoin de savoir que sa mère était morte en se sacrifiant pour lui, peu importe les causes ou les circonstances.


Comme elle se faisait ces réflexions, Nocturana cherchait du regard Simine à présent qu’elle et Danessia avaient terminé leur conversation. La gnome était cependant en pleine discussion pour le coup - avec la Dame Portvaillant. Sentant ses muscles se tendre à la vue de la chef du Kirin Tor avec ses cheveux décolorés et ses yeux glacials, l’elfe de la nuit tourna les talons avec sa panthère et alla voir ailleurs. Elle eut ainsi l’agréable surprise de voir qu’Holi était dans les parages, et qu’elle était ouverte à la discussion.
Alors qu’elle approchait, la naine lui adressa un grand sourire amical et l’invita à s’asseoir à côté d’elle sur le rebord du mur sur lequel elle-même avait pris place. Holi avait semblé s’être un peu ennuyé, vu qu’elle avait ouvert son vieux libram du code des paladins, un ouvrage qu’elle ne lisait pas souvent d’habitude. Son mari n’était pas à proximité pour le moment, et comme elle ne s’en rongeait pas les ongles il ne devait pas y avoir de problème. Nocturana prit un moment pour observer la nouvelle armure qu’elle portait, depuis qu’elle l’avait revue.
Tel que le couple Hacheroc l’avait prévu, Holi et Fagnar étaient allé en pèlerinage près des bassins sacrés du Val de l’Éternel Printemps pour restaurer la magie de la naine. Leur voyage avait été couronné de succès, comme après avoir été immergée suffisamment longtemps dans les eaux enchantées, elle avait vite recouvert sa capacité à appeler la Lumière, les dernières traces de corruption implantées en elle ayant été anéanties. Ses pouvoirs regagnés, Holi avait du coup pris une nouvelle armure de paladin, une robe de plaques dorée de fabrique pandarène.
L’elfe de la nuit était sincèrement réjouie de voir que pour son amie, les choses avaient retrouvé leur cours normal avec une petite amélioration. Y repenser lui donnait de l’espoir par rapport aux épreuves qu’elle traversait, ainsi que pour Marthenon. Elle se mit à sourire, après avoir affiché un visage triste ; Holi répondit par une expression amusée à ce changement subtil.
- Je savais pas que rien que de me voir suffisait à t’remonter le moral maintenant, plaisant la naine. Il s’est rien passé de mauvais au moins ?
- Non, ne t’en fais pas. J’ai seulement eu un mot avec Danessia au sujet de son fils. Cette histoire l’affecte beaucoup.
- Elle vous affecte tous de ce que j’ai vu. Toi, elle... Même Ralgark et ses copains. Oui, on les a croisés avec Fagnar et quelques camarades. D’ailleurs je sais pas si toi ou d’autres ont remarqué quoi que ce soit de bizarre autour de vous, mais faîtes gaffe parce que Ral m’a dit qu’ils sont surveillés.
Tel qu’ils s’y étaient attendus. Nocturana grommela en apprenant cela, agacée de voir qu’effectivement la Horde ne les lâchait pas. Ils voulaient certainement confirmer les rumeurs en espionnant les amis proches de l’elfe de sang.
- Sans eux, sans la mémoire de Drakgosh, je perdrais encore foi en toute la Horde.
- Oh t’en fais pas, peut-être que des oreilles trainent du côté de la Cime Pourpre, quand vous regardez pas... Pauvre Marth, je l’aimais bien moi, c’est dommage qu’il soit passé par toutes ces embrouilles.
- Peut-être que si vous m’aviez dit sans passer par quatre chemins que je me trompais complètement au sujet de notre relation, ça ne se serait pas passé comme ça.
- Franchement... Moi je ne vous connaissais pas assez bien avant que les choses ne partent en
cacahuète à cause de Serephios, et je m’occupais plus de Fagnar vu que c’était mon homme. Mais je comprends ce que tu veux dire.
Elle haussa les épaules. Après tout, c’était vrai qu’à l’époque de la campagne du Norfendre, Nocturana et Marthenon ne connaissaient pas assez bien Holi. Elle était la nouvelle habituée à leur trio, comme Fagnar et tant d’autres avant elle, et n’avait certainement pas compris tous les problèmes qui s’emmêlaient à cause du retour de Serephios...
La chasseresse se surprit à nouveau de se rendre compte qu’elle avait à présent réussir à repenser à l’elfe de la nuit sans se sentir obligée de pleurer sa perte. Ce n’était pas la première fois, mais elle continuait toujours à en être étonnée. Après s’être lamentée pendant si longtemps qu’il soit mort pour de bon, à présent elle ne se sentait plus aussi triste sur son sort ; mieux encore, elle comprenait et acceptait que Marthenon avait bien agi, en plus de lui avoir sauvé la vie en risquant de se brouiller avec elle vu qu’elle avait refusé toute aide de ses camarades. Elle avait bien changé au cours de ce mois-ci.

Les deux femmes changèrent de sujet, vu qu’il ne servait à rien de ramener celui de l’elfe de la nuit Chevalier de la mort dont le cas avait été réglé depuis déjà assez longtemps. À la place, elles parlèrent du véritable amour de Nocturana, de sa situation actuelle et de ce qui était prévu pour lui. L’elfe de la nuit était confiante sur la possibilité qu’il puisse s’en tirer, mais d’un autre côté elle se sentait craindre ce que pourrait faire le Général Sangdrake. Holi hocha la tête avec approbation quand elle exprima cette idée.
- Je vois le type, dit-elle, Mardaka nous en a parlé. Y’a pas moyen pour moi de croire que cet orc soit capable d’aimer quelqu’un pour de vrai, vu comment il l’a traitée et virée juste à cause de la magie qu’elle pratique. Honnêtement, il va falloir que tu t’en occupes dès que possible. Tu peux pas le laisser vivre et vous harceler indéfiniment.
- Et bien, c’est... direct.
- Je dis ça par expérience Noc. Un sorcier m’a gardée en esclavage pendant un an, et mon mari m’a crue morte. Quand il a enfin cassé sa pipe, les choses sont redevenues normales, enfin... bon, ensuite il a fallu attendre que j’aille au Val pour que tout soit vraiment rétabli comme avant. Mais tu vois où je veux en venir. Cet orc, Mogrosh, il va vous pourrir la vie peu importe si Marth est réveillé ou pas. Vous allez devoir vous assurer qu’il ne soit plus en mesure de vous causer des ennuis à tous les deux, et vite.
Hochant la tête, Nocturana se demanda comment est-ce qu’elle allait bien pouvoir réussir à éliminer la menace de Mogrosh Sangdrake. Il ne s’agissait pas du premier grunt venu, surtout que Ralgark et ses camarades, sans compter Mardaka, lui avaient dressé un portrait bien imposant de cet orc.
- Je ne peux cependant pas tuer un Général de la Horde comme ça, marmonna-t-elle furieusement.
- Ouais, c’est sûr. Mais tu as l’avantage d’être une elfe de la nuit, à savoir tout ce qui est susceptible de tuer un Général de la Horde sans avoir trop d’ennuis après. Si jamais tu le vois en combat, n’hésite pas. Lance ta flèche, et vise le coeur... ou plutôt la tête... non, les yeux, c’est mieux, surtout s’il a un casque.
- Par les deux lunes, mais où sont les codes des paladins que tes instructeurs t’ont fait apprendre mon amie ! s’esclaffa l’elfe.
- Ha ! Parce que j’étais une paladin pleine de miséricorde avant que cette sale magie noire ne me pourrisse ?
- Hm... Non. Ta philosophie était déjà “Casser les têtes des méchants, pour la Lumière”. Ce n’est vraiment pas étonnant que toi et Fagnar allez si bien ensemble.
Holi rit de bon coeur à cette remarque, qu’elle trouvait très véridique. Mais quand bien même Nocturana arrivait à trouver quelques opportunités de continuer à sourire en dépit des difficultés, à l’autre bout de l’île c’était une toute autre affaire...
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