Azeroth Adventurers' Chronicles
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 Elvyr - Libération et Vengeance

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Laedera
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Laedera


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MessageSujet: Elvyr - Libération et Vengeance   Elvyr - Libération et Vengeance EmptyLun 14 Juil - 15:59

Elvyr - Libération et Vengeance Screen12

I - L’esprit de meute et la volonté du Roi Liche

Ils courent de toutes leurs forces vers le bastion écarlate, cherchant un abri pour protéger leurs fragiles et misérables vies. On dirait un troupeau, une masse d’esprits faibles et crédules, qui s’imaginent que l’étable des croisés va les protéger de la meute de loups affamés que nous sommes. Autour de moi, les autres ont déjà commencé le massacre ; les membres déchirés, le sang et la chair pleuvent dans tous les sens tandis que leurs lames runiques découpent les corps des pauvres humains, et les cris commencent à s’intensifier en volume. Un son terrible pour des vivants, mais qui suffit pour moi comme seul appel à me joindre à la chasse ; je prends plaisir à semer la terreur pendant la course, je laisse la proie croire que la survie est à portée de main si seulement elle court assez vite pour sa vie.
C’est une jeune fermière qui détale devant moi. Je ne vois pas son visage, que ses cheveux rouges, mais j’entends qu’elle sanglote tandis que son coeur bat comme jamais il ne l’a fait dans sa pauvre vie. L’angoisse est tout en elle, la peur l’empêche de réfléchir et son instinct de survie essaye de marcher. Elle est bientôt aux portes du fort ; les croisés appellent les civils, les encouragent à faire un dernier effort pour être sauvés, mais ils n’iront évidemment pas descendre en bas de la colline pour nous affronter à l’épée, essayer de sauver ces vies. Ils savent qu’ils sont impuissants face aux Chevaliers de la mort.
Finis ça.
Je sens l’espoir naître chez ma proie alors qu’elle n’a plus que vingt mètres à franchir avant d’être à l’abri. C’est tout ce qu’il me fallait pour compléter le plaisir de la chasse ; obéissant au commandement du Roi Liche et à la nécessité de ma tâche, je concentre le pouvoir sombre dans ma main et l’expédie vers la fermière, qui se retrouve happée par une énorme griffe d’ombre, qui la tire en arrière, à mes pieds. Elle tombe, se retourne et me voit, l’épée à la main ; je ne peux m’empêcher de sourire à l’idée du massacre, c’est dans ma nature.
- Noooonn ! hurle-t-elle, hystérique. Pitié, ma famille est là-bas !
- Vous allez vous retrouver, répondis-je calmement. Dans la mort.

Ma lame s’abat sur la gorge de la jeune fille, qui comprend enfin que son heure est venue. Ses yeux verts croisent les miens, écarquillés d’horreur et plein de larmes. Je ne sens rien dans ce regard, je n’ai rien à ressentir de toutes façons. Un Chevalier de la mort du Roi Liche ne s'apitoie pas sur le sort de ses victimes. L’instant d’après, la tête de l’humaine vole dans les airs, va s’écraser aux pieds d’un autres fugitif qui crie de terreur en la voyant, pendant qu’un camarade s’occupe de lui.
La soif de sang à vif, je passe au civil suivant, puis à d’autres. Ma magie runique les gèle sur place, puis je passe entre eux pour les découper, mon armure se peignant du rouge de leur sang à mesure que leurs vies les quittent, en attente de leur réanimation.
Enfin, le massacre est complet ; la Sombre Fraternité regarde avec défi les croisés qui sont restés sur leurs murs, assistant à notre oeuvre sans oser bouger, essayer d’aider les humains.
- Z’êtes les prochains, mecs ! leur crie un troll avec toute la force de sa voix métallique sur un ton railleur.
Ils nous insultent en réponse, nous promettent de nous “purifier” par la Lumière, mais ils peuvent nous tromper. Malgré la distance, nous le vîmes, la plupart pâlirent comme des cadavres, et tremblèrent en serrant la garde de leurs épées. Ils savent que le Fléau ne peut être arrêté, et que d’ici quelques heures, ils rejoindront nos rangs... reste à savoir si ce sera en tant que goules ou camarades Chevaliers de la mort. Je pariai sur des zombies décérébrés tout juste bons à obéir aux ordres simples ; ces imbéciles ne méritaient même pas de devenir nos frères et soeurs dans la non-mort. En nous esclaffant, nous nous retournons tour à tour pour terminer le nettoyage des faubourgs écarlates.


- Le Généralissime a parlé, dit une elfe en arrivant à la salle supérieure où nous nous entrainions. L’assaut final va commencer d’ici une heure ; les croisés d’Atreval et Tirisfal vont tomber dans le piège.
- J’en peux plus d’attendre ! s’exclama un humain, l’un des plus impatients à cause de sa Faim. J’espère qu’ils ne prennent pas tout leur temps pour venir, ces imbéciles devraient se hâter d’aller au secours de leurs amis... et tomber dans nos griffes !
- Patience, mon frère, le raisonna une camarade. Il faut leur laisser le temps d’arriver tous au complet ; dès qu’ils seront tous arrivés dans l’enclave, nos lames festoieront, pour la gloire du Roi-Liche !
Nous approuvâmes tous en choeur, galvanisés par le nom de notre souverain. Une heure ce n’était pas bien long, mais il nous fallait faire attendre notre soif de meurtre pendant ce temps, qui était inhérente à ce que nous étions, des guerriers recréés dans la non-mort pour semer la dévastation sur notre chemin pour la gloire de notre souverain. Je savais la mienne sauvage, mais si je me concentrais bien elle pouvait rester calme jusqu’au moment propice.
Les autres Chevaliers se mirent à chercher une occupation pour faire passer le temps. La plupart s’entrainait encore sur des mannequins, des initiés qui n’avaient pas assez fait leurs preuves pour échapper aux brimades rituelles - certains se servirent des goules affaiblies quand tous furent occupés, mais pour la plupart c’était plus une sorte de passe-temps qui avait le mérite d’être amusant quand plusieurs se mettaient dessus. Une autre partie s’occupait de discuter avec ferveur de stratégie, ou bien ils se posaient avant la bataille des défis pour savoir qui tuerait le plus de croisés écarlates, ou qui arriverait à grimper sur une muraille pour détourner une baliste et détruire les rangs avec la machine.
Je préférais rester à l’écart, n’ayant en général pas beaucoup de raisons d’être avec les autres sauf quand il s’agissait de se joindre au groupe pour chasser le vivant ou de discuter de tactiques. Je n’existais que pour servir le Roi-Liche, pas pour discuter de trivialités. Cela avait été la première pensée qui me fut insufflée quand j’avais fait ma renaissance dans la non-mort. Contrairement à un nombre quand même important des miens, je n’avais aucune idée de qui j’avais été avant d’être réanimé, et je n’en avais pas plus grand chose à faire qu’eux. Qui s’en souciait, quand la poigne mentale d’Arthas était toujours sur nous ?

Le temps passait lentement, mais je pouvais attendre une heure avant de retourner sur le champ de bataille et mettre un terme à la Croisade Écarlate. Un visage familier vint cependant me rejoindre, celui d’un nécromancien que la majorité d’entre nous connaissaient et méprisaient d’instinct. C’était quelque chose que nous ne nous expliquions pas, un réflexe naturel de méfiance et de haine.
Cet homme était pourtant très important dans la hiérarchie du Culte des Damnés, l’un de leurs sorciers et savants les plus efficaces. Même si je n’en croyais pas un mot personnellement, parce que logiquement il devrait imposer plus de respect que de mépris, même auprès des Chevaliers de la mort. Néanmoins, Tirash’kor le Corrupteur, comme il se faisait appeler, ne semblait pas tellement se sentir vexé de notre méfiance affichée dès qu’il se trouvait en notre présence.
Plus d’un avait  d’ailleurs remarqué que ses yeux semblaient même briller d’une malice perverse quand il s’en rendait compte. Son regard était déjà déconcertant à la base : il avait un oeil en moins, à la place duquel il s’en était fait greffer un autre de couleur verte, qui avait appartenu à un haut-elfe.
Il avait l’air encore plus fou quand il se tournait vers moi, et en réponse je sentais une haine profonde me monter à la gorge dès qu’il passait à côté, me donnant l’envie d’essayer de lui arracher la tête. Peut-être parce que c’était lui qui m’avait relevé dans la non-mort avec les pouvoirs qui lui furent conférés par le Roi-Liche. Même si ce désir était très fort, je ne pouvait pas le faire librement sans en subir les conséquences, surtout sans n’avoir aucune raison véritable de le faire. Peu importait cette envie dévorante, il fallait prendre sur moi pour tolérer Tirash’kor quand il passait à côté.
- Elvyr, la maîtrise de soi incarnée, me dit-il avec une sorte d’ironie dans sa voix.
- Que voulez-vous ? répondis-je sèchement.
- Je vois que tu t’ennuies, et ça tombe bien car mes hommes m’ont ramené une surprise pour toi.
- Quelle attention..., soupirai-je. Qu’est-ce que c’est ?
- Si tu veux bien me suivre...
Je n’avais pas vraiment le choix ; je savais d’avance que si je refusais il allait me tenir la jambe et m’énerver encore plus. Quittant mon poste, je marchais derrière lui, espérant que ce serait rapide. Je vis nombre de mes camarades qui me jetaient des regards intrigués et perplexes quand ils nous virent nous diriger vers les profondeurs d’Acherus.

Je devinai rapidement qu’il devait avoir trouvé quelque prisonnier contre lequel il voulait que je me batte, comme nous entrions dans l’aile où se trouvaient les geôles. C’était la partie d’Acherus dans laquelle pas mal des Chevaliers récemment créés pouvaient se sentir mal à l’aise, pour la simple raison qu’ils y avaient été avant d’être reconvertis pour rejoindre le Fléau. Avec le temps, ils apprenaient à oublier les anciennes peurs mortelles instinctives et à embrasser l’empire de la non-mort. Ce lieu ne me donnait aucune impression de ce genre.
Nous passâmes devant tous les champions de la Horde et de l’Alliance encore vivants qui y étaient enfermés ; certains avaient encore la témérité de nous lancer des regards défiants, d’autres essayaient de nous provoquer, mais la grande majorité s’était déjà résignée à leur sort : bientôt, des nécromanciens viendraient les sortir de là, ils seraient tués puis relevés dans la non-mort en tant que serviteurs du Roi-Liche. Nous n’avions pas besoin de nous en préoccuper alors que la bataille finale contre la Croisade Écarlate allait se dérouler d’ici moins d’une heure, alors qu’est-ce que Tirash’kor voulait donc que nous fassions ici ?


Finalement, il s’arrêta en face d’une cellule éloignée dans les couloirs, qui n’avait qu’une occupante. Je me sentis agacé en la découvrant, et crus que ce maudit nécromancien se moquait de moi : la prisonnière n’était qu’une jeune fille, même pas une humaine adulte. Elle était toute maigre et fragile, rien qu’à la voir on savait qu’elle n’avait jamais touché une épée de sa vie. Elle se retourna dès qu’elle nous entendit ; à ma grande surprise, son visage m’évoqua quelque chose de connu, même si je ne pouvais pas identifier qui ou quoi.
- Qu’est-ce que vous voulez que je fasse avec cette gamine ? grommelai-je.
- Elvyr ?! s’exclama la prisonnière.
Je fus surpris de l’entendre prononcer mon nom et me regarder comme si elle avait l’air de me connaître. Elle par contre ne me disait rien, mais après tout c’était normal. Je pensai comprendre la raison pour laquelle Tirash’kor m’avait conduit ici ; cette ordure voulait avoir la satisfaction de me voir assassiner quelqu’un qui avait été important à mes yeux de mon vivant. Mais quelle importance, à présent que je n’avais plus rien à voir avec celui que j’avais été de mon vivant, en quoi est-ce que le sort de cette fille m’affecterait si je la tuais maintenant ?
- Elvyr, tu ne me reconnais pas ? continua-t-elle. C’est moi, Claria ! Tu ne te souviens pas de moi ?
- Non je ne me souviens pas et ça n’a pas d’importance, répondis-je sans émotion. Il est l’heure de mourir.
Ma déclaration froide la fit bondir en arrière, les yeux écarquillés de terreur alors qu’elle se couvrait la bouche pour étouffer un cri. En voyant son visage qui commençait à se couvrir de larmes, cette fois, un étrange sentiment commençait à m’envahir. Je m’attardai sur les yeux saphir si vivants, les traits... ils devenaient de plus en plus familiers à force de les examiner. Pour la première fois depuis plusieurs mois, je sentis mon coeur s’alourdir subitement. Il me rendaient nostalgiques, me rappelant quelque chose de très cher que j’avais perdu, que je sentis regretter bien qu’en ignorant de quoi il s’agissait. Qu’est-ce que ça pouvait bien être ?
Je me ressaisis brusquement, détournant le regard de la jeune fille. C’était un début de faiblesse, auquel je ne devais pas succomber. J’étais un Chevalier de la mort, je tuais la veuve et l’orphelin et les transformait en goules ouvrières, je semais le carnage au nom d’Arthas. Je n’allais pas me mettre à éprouver des sentiments de vivants pour un passé auquel plus rien ne me liait que mon nom, tout ça en contemplant les larmes d’une gamine !
Il fallait que j’en finisse tout de suite avec elle. Même si j’ignorais si c’était possible sans avoir de mémoire, peut-être risquais-je de succomber à cette faiblesse que quelques rares personnes avaient connue ces derniers jours et qui avait nécessité qu’ils soient traqués et exécutés, parce qu’ils n’étaient plus dignes de servir le Roi-Liche. Je n’avais pas envie d’être jugé indigne, comme ceux-là, et d’être condamné en conséquence. Ma servitude envers Arthas était la seule chose qui comptait dans mon existence, il n’y avait rien d’autre. Je n’allais pas laisser de la pitié pour une jeune fille me priver de tout ce à quoi je ne pouvais que me raccrocher.

Tirash’kor se plaça soudainement entre moi et la porte de la cellule que je m’apprêtai à ouvrir, un rictus moqueur dévoilant ses dents sales. Je sentis la colère monter en moi. Qu’est-ce que ce cafard venait encore faire dans mes pattes, ne m’avait-il pas amené ici dans le but d’exécuter cette fille ?
- Poussez-vous, grondai-je. Je vais faire mon devoir.
- As-tu peur Elvyr ?
- Je n’ai peur de rien, je n’ai juste pas envie de perdre mon temps pour une gamine dont je ne me souviens pas.
- Aie confiance, Chevalier de la mort. Tu sens que tu la connais, pas vrai ? Et bien oui, vous étiez amis autrefois. Très amis.
- À quoi jouez-vous, nécromancien ?
- Mais je suis très sérieux vois-tu... Ceci est une de mes expériences, afin de prouver que la non-mort est plus forte que la vie et ce qui la caractérise. Tu sais, les souvenirs, les liens entre les individus...
- Je m’en fiche.
La jeune fille continua à m’appeler par mon nom. Je n’aimais pas le sentiment de familiarité qui commençait à remonter en moi, en plus de la forte envie de tuer Tirash’kor une fois pour toute. Le nécromancien s’appuya contre les barreaux, passa un instant sa main sur le visage de la prisonnière  qui s’était un peu trop approchée avant qu’elle ne recule d’un bond, dégoûtée. Je dois dire que  j’appréciai ce geste. J’aurais certainement fait pareil à sa place. Il ricana, prenant un plaisir malsain à son petit jeu.
- Une enfant charmante, n’est-ce pas ? Je suis certain que son coeur lui fait croire que tu peux te retourner contre nous et la sauver.
Je n’aimais pas du tout son regard ironique, ni celui encore trop plein d’espoir de la prisonnière. Pourquoi me harcelait-il ainsi, voulait-il ma perte en plus de celle de cette fille dont je n’avais aucun souvenir ?
- Est-ce que vous voulez que ça arrive ? grommelai-je.
- Et toi, le veux-tu ? T’en sens-tu l’envie ?
- Je veux juste faire mon devoir de Chevalier de la mort pour retourner attendre que vienne le temps de massacrer les ennemis du Roi-Liche ! Et vous êtes en train de me faire perdre mon temps, tous les deux !
- Brillant ! s’exclama-t-il, tout extasié alors que je devais me retenir de lui éclater la figure à cet endroit même. Glorieux ! Voilà comment un véritable Chevalier de la mort agit ! Mais poussons donc cette expérience un peu plus loin, si tu veux bien.
- Laissez moi tranquille, soupirai-je.
Peut-être devais-je partir et le laisser dans son délire. C’était ce qu’il y avait de plus sage et raisonnable à faire face à un fou pareil qui ne faisait rien de productif. Qu’est-ce que cet abruti pouvait bien fournir comme pots de vin au Culte des Damnés pour pouvoir se vanter d’un tel rang ? Je tournai les talons, prêt à remonter. Cette fois-ci cependant il alla me bloquer la route, continuant à faire face à la jeune fille avec son air malade caractéristique.
- Vas-y, jeune fille ! cria-t-il. Fais-nous entendre tes supplications pour sauver ta vie ! Essaye de convaincre mon enfant dans la mort de t’épargner !

Je détestais quand il utilisait cette expression pour parler de moi, je sentais que j’allais bientôt lui casser la figure et le démembrer tellement j’en avais assez de ce taré. Peu importe si le Généralissime Mograine me privait d’assister au massacre qui arrivait en guise de punition, le Fléau ne se porterait que bien mieux sans lui et j’étais certain que d’autres avaient son génie sans être aussi lourds à supporter au quotidien. Mon aversion pour Tirash’kor était justement partagée par la prisonnière qui le traita de psychopathe, ce qu’il accueillit avec un grand sourire :
- Merci chérie, mais fais comme si je n’étais pas là.
- Je vais vraiment vous décapiter, nécromancien ! rugis-je, hors de moi. Laissez moi passer, ou alors ayez le courage d’ouvrir cette porte et de me laisser faire mon devoir, au nom d’Arthas !
- Oh..., fit la jeune fille avec un ton larmoyant. Elvyr, dis-moi que ce n’est pas vrai...
- Ça l’est, dis-je en essayant de ne pas la regarder. Je dois m’excuser de t’offrir une telle farce au lieu d’une mort rapide tout ça parce que cet idiot souhaite nous faire tous les deux mourir d’ennui !
- Non ! Elvyr, pourquoi est-ce que tu ne te souviens pas ? C’est moi, Claria ! Pourquoi... De tous les hommes, pourquoi as-tu été manipulé pour te battre avec eux ?!
- Je te l’ai dit, je n’ai aucun souvenir de ma vie d’antan et ça n’a aucune importance. Tirash’kor,  cessez de vous marrer comme ça ! repris-je en sortant mon épée, la brandissant devant son visage.
- Chuut, le meilleur est à venir !

La prisonnière entrait malheureusement dans le jeu du nécromancien, racontant sa vie et ce que j’étais censé avoir vécu avec elle. Je songeai que j’allais devoir la tuer avec mes sorts au lieu de l’épée si je voulais que ça cesse rapidement, mais certaines phrases me faisaient quand même hésiter et attendre, malgré le risque que ça présentait.
- Nous nous sommes battus contre des gens comme lui, à peine quelques mois auparavant ! Nous deux, et nos amis. Noscera, Genshan, Viulia, Mordaelan... moi... Nous étions une équipe ! S’il te plait, tu dois te souvenir !
- Je n’ai rien à...
- Si, si il le faut ! me coupa-t-elle. Il n’est pas trop tard pour contre-attaquer ! Tu es quelqu’un de bien, tu es gentil, intelligent ! Ça ne te conviens pas du tout d’être l’esclave du Roi-Liche !
C’était un mensonge. La servitude était tout ce que j’avais dans cette existence, rien d’autre. J’étais un sujet du royaume de la mort et je ne pouvais qu’obéir à son souverain incontestable. Il n’y avait aucun autre intérêt ailleurs ; plus de souvenirs de la vie, pas de famille, d’amis... Seulement un maître, le Roi-Liche, et mes frères d’arme Chevaliers de la mort.
- Je t’en supplie, tu dois essayer de te souvenir qui tu es vraiment, d’où tu viens. Tu avais une soeur, elle est surement toujours en vie, en train de te chercher !
Énervé, j’utilisai un sort impie pour l’étrangler. Qu’elle se taise, je n’avais pas à entendre ça, tout ce à quoi j’avais été lié dans le passé n’avait plus aucune importance !
- Ne sois pas... effrayé ! continuait-elle en essayant de conserver assez de souffle souffle. Nos amis... t’aideront... Si tu les trouves... Je m’en fiche si... Si... Si je dois mourir, au... au moins... Je souhaite... Je prie... Lumière... Sois libre Elvyr... Sois libre !
- Non...
Ses yeux blanchirent alors que s’échappait de sa gorge son tout dernier souffle de vie. Je vis ses membres tomber contre elle, engourdis et inertes, et quand je relâchai mon sort tout son corps s’affala sur les pavés glacials de la cellule. Enfin, je l’avais tuée. Je n’en tirais aucune satisfaction, aucun soulagement. Même si je tentais de paraître impassible, j’avais ce net sentiment que quelque chose en moi venait de se briser. Comment était-ce possible, alors que j’ignorais qui était cette fille ?
Autour de nous, les autres prisonniers murmuraient. J’entendis à peine ce qui se disait, ni ce que Tirash’kor leur cria pour les ramener au silence. Je songeai que j’avais tué tellement de gens depuis ma renaissance, mais c’était la première fois que quelqu’un priait avec ses derniers instants pour que je me libère. Mais pourquoi souhaiter que je me libère, quand je n’avais nulle part où aller...

Je n’étais plus du tout à l’aise. Il fallait que je parte. Alors que je suivais le couloir pour retrouver le niveau supérieur, Tirash’kor fut sur mes talons, en train de ricaner sinistrement. Une fois sortis des prisons, je n’y tins plus. Je fis volte-face et le saisit par le col pour le jeter contre la colonne proche, attirant les regards intrigués de mes confrères. Il continuait à sourire et me narguer, ce qui me rendait furieux.
- Vous êtes content ? grondai-je. Vous m’avez fait perdre mon temps pour une gamine que j’aurais pu exécuter en moins de temps qu’il ne faut pour le demander, tout ça pour quoi ?!
- Aahh, c’était tellement distrayant, dit-il. Je suis satisfait, très satisfait !
- J’espère que vous serez également satisfait quand je vous aurai transformé en goule, larbin ! Vous m’exaspérez, je peine à comprendre comment est-ce que le Généralissime tolère votre présence ici quand vous ne faîtes rien d’autre que jouer avec nos nerfs et donc nous mettre des bâtons dans les roues !
Voyant qu’il se mettait à présent à rire avec une hystérie incontrôlée, je n’y tins plus. Je le jetai sur le sol et dégainai, prêt à l’embrocher sur place. Un lieutenant tauren vint en vitesse bloquer ma lame, mais autour de nous j’entendais des voix m’encourageant à faire couler le sang de Tirash’kor. Celui-ci n’avait pas l’air de réaliser dans quels ennuis il venait de se mettre en me provoquant.
- Elvyr ! m’appela mon camarade. Ça suffit, tu ne peux pas agresser comme ça un membre aussi important du Culte des Damnés !
- Important ? repris-je. Il n’est pas important ! Ce n’est rien qu’un fou qui n’a rien d’autre à faire que des expériences sans intérêt et nous harceler à longueur de journée ! J’estime rendre service au Roi-Liche en le tuant !
Le lieutenant me fit reculer, se mettant entre moi et ma cible, qui se relevait en époussetant sa robe sans cesser de rire. Quelques-uns de mes camarades adhéraient visiblement à mon point de vue, mais le grand tauren les ignora, proposant de reconduire Tirash’kor loin de nous.
- Tu n’as pas à être en colère contre moi, me dit le nécromancien avant de partir. Tu devrais au contraire me remercier, car tu es un parfait Chevalier de la mort dont le Roi-Liche peut être fier.
- Je me demande s’il peut être autant fier d’un débile mental comme vous ! répliquai-je, ce à quoi il répondit par un rire dément.
- Elvyr, Elvyr, Elvyr... J’espère que tu te souviendras bien de cet instant, lorsque le moment sera venu. Ton existence est liée à la machine de guerre du Fléau, et rien d’autre. Repenses-y, et agis en conséquence.
Ignorant mes frères et soeurs qui soit cherchaient à avoir plus de détails sur l’affaire, je m’en allai. Depuis que la jeune fille était morte, j’avais l’impression que quelque chose en moi ne tournait plus rond du tout. Des sentiments divers essayaient de s’imposer à moi, ce que je devais à tout prix éviter ; si je ne pouvais pas les empêcher de m’assaillir, au moins il ne fallait pas que les autres s’en rendent compte.
Je devais lutter contre ce qu’elle m’avait insinué dans l’esprit, sinon j’allais perdre tout ce qui me restait...
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MessageSujet: Re: Elvyr - Libération et Vengeance   Elvyr - Libération et Vengeance EmptyMar 15 Juil - 10:50

II - Camaraderie et Sacrifice

Pourquoi est-ce arrivé ?! Pourquoi est-ce que ces monstres sont arrivés chez nous ?!
Ils doivent payer... Ils doivent tous payer ! Je les traquerai, je les détruirai tous jusqu’au dernier !!!

Nous étions autour d’un feu de camp, de grands arbres nous entouraient. Il y avait un grand tauren avec une armure dorée, un mort-vivant qui jouait nonchalamment avec le feu, deux filles, une guerrière et une prêtresse. Quelque chose de terrible était arrivé, mais ça nous avait encore plus rapprochés, nous donnant une résolution à présent inébranlable pour notre groupe.
- On va leur faire connaître l’enfer, dit le mort-vivant avec un grand sourire dément.
- Ils vont payer, acquiesça l’une des filles. Pour mon foyer, ma famille.
- Leurs cendres seront un hommage à la bienveillance d’An’she, murmura le tauren.
- Mort au Fléau, dis-je.



- Ça va Elvyr ? demanda la trollesse à côté de moi.
Je fus un peu surpris que quelqu’un m’interpelle à ce moment-là. J’essayai de ne pas avoir l’air trop troublé, mais ça devenait de plus en plus compliqué. Cette fois-ci je m’étais complètement perdu dans des pensées que je n’aurais pas dû avoir, mais qui semblaient très familières à mon esprit. Était-ce vraiment moi qui disait “Mort au Fléau” dans cette vision ? C’était pourtant impossible que je le pense vraiment, j’en faisais partie, c’était ma seule identité. Je devais cependant admettre que mon âme semblait particulièrement adhérer à ces trois mots.
Maudit soit le nécromancien, j’étais certain qu’il avait fait exprès de m’amener cette Claria sous les yeux pour semer le trouble dans mon esprit... non, ça ne collait pas cependant. Pourquoi avait-il souligné mon appartenance au Fléau, me disant de toujours m’en rappeler et d’agir en conséquence “le moment venu” ? De quoi parlait-il en plus par cette expression ?
Il fallait que je lutte... Je n’avais pas à me laisser distraire par des souvenirs futiles avec la bataille qui se profilait. Même si de mon vivant j’avais combattu le Fléau, à quoi bon vouloir revenir à cette époque maintenant que j’étais mort, que j’appartenais au Roi Liche...
- Mec, me murmura encore Xa’na. C’est pas le moment de rêvasser, on va attaquer.
- Je suis concentré, lui répondis-je.
- On dirait pas. Fais gaffe à toi, t’as ces yeux vacillants des autres qu’ont disparu en plein milieu de la purge.
Réalisant le risque, je fis un effort pour me ressaisir. Le Généralissime entonnait entre temps un discours de motivation avant notre attaque, tandis que l’on attendait que vienne le meilleur moment pour frapper et achever cette conquête des Maleterres. J’écoutai presque distraitement, cependant, ayant d’autres choses à penser sur le moment.
Ce que j’avais entendu dans cette cellule m’avait indéniablement affecté. Il ne fallait cependant pas que je m’affole trop là-dessus. Je le savais aussi bien que tous les autres Chevaliers : nous n’avions que le Fléau dans cette existence, rien de plus. Personne ne pouvait impunément se détourner d’Arthas ; si jamais quelqu’un tentait le destin, cela ne servirait à rien au final. Les vivants comme les non-morts pourchasseraient les renégats, qui finiraient pas tomber tandis que l’avancée du Roi Liche sur Azeroth était inexorable. La preuve était que nous venions d’anéantir une armée constituée de plusieurs milliers de soldats en n’étant que quelques centaines, avec les millions de morts-vivants.
Pour moi, la question restait claire. Peu importe les plaintes de cette fille ignorante, je ne voulais pas risquer un tel sort ; je n’avais rien qui en vaille la peine.
Ça semblait tellement évident que rien ne pouvait plus arrêter le Roi-Liche. Même des créatures en permanence auréolées de Lumière dans leurs vies d’avant avaient été tués et transformés en champions de ce contre quoi ils se battaient... Comme moi, comme tout le monde. Il n’y avait pas d’autre issue que de combattre au nom du Roi-Liche dans cette vie. Nous avions au moins le privilège d’être au-delà des autres serviteurs, une armée de combattants hors-pair sous son oeil vigilant. Ce serait dommage de le gâcher par une démonstration d’incompétence ou de doute pour rien au final.


Enfin, Darion Mograine lança le signal. Dans un rugissement féroce résonnant dans la forêt desséchée, nous franchîmes l’espace nous séparant de la Chapelle de l’Espoir de Lumière en un rien de temps, portés par nos montures de la mort. Les épées et haches runiques étaient tirées de leurs fourreaux tandis que nous nous préparions à répandre le sang dans notre sillage au cours de cette ultime bataille avant que le Fléau ne contrôle totalement les Maleterres.
Le chaos s’ensuivit lorsque nos forces mortes-vivantes entrèrent en collision avec celles de l’Aube d’Argent. Il était facile de les défaire, ce qui semblait ridicule après l’orgie sanglante qu’avait été l’extermination des croisés écarlates. Certains combattants opposaient néanmoins beaucoup plus de résistance, et nécessitaient que nous descendions parfois de nos destriers pour les affronter à pleine puissance. Je n’éprouvai pas réellement ce besoin, avant d’être forcé à descendre quand une humaine bondit sur moi comme une enragée, me percutant hors de ma selle.
Je parvins à parer la seconde lame qui s’abattit sur moi avant de la repousser, me préparant à un combat que je sentais d’instinct près de devenir redoutable. Un seul regard sur le visage de mon opposante me fit cependant hausser un sourcil de surprise alors que nous croisions le fer ; j’avais l’impression de la connaître. Ces cheveux couleur paille, cet air fier et farouche et ces yeux gris étaient familiers. Certainement une ancienne camarade, comme cette Claria était supposée l’être. Ce n’était pas le bon moment pour y songer.
La jeune femme était très forte et agile, ses frappes étaient de puissance égale aux miennes mais ça me donnait autant d’occasions qu’à elle de pouvoir prendre le dessus à un moment ou un autre. Utilisant mes runes, je parvins à obtenir que la balance penche en ma faveur, et la désarmai d’une de ses lames, perçant son armure d’une frappe en revers. Elle bondit en arrière en essayant d’empêcher le sang de couler, alors que je la poursuivis afin d’achever mon oeuvre. Mon épée se trouva cependant bloquée par un champ de force lumineux qui se forma subitement autour d’elle, infusant de l’énergie sur la blessure.
Cette fois-ci, je dus m’éloigner pour faire face à un tauren au poil brun qui arrivait à son secours. Je crus avoir un nouveau guerrier en face de moi, avant de voir qu’il utilisait directement des attaques de Lumière... un tauren paladin ? Ça existait ? Je me repris tout seul après cette réflexion ; le nom “guerrier d’An’she” me vint à l’esprit même s’il ne m’évoquait rien de précis, pas plus qu’il n’aurait rappelé quoi que ce soit à l’un de mes camarades actuels. Cet opposant ne sembla pas attaquer tout de suite, et je compris vite pourquoi lorsqu’une vague puissante de flammes gangrenées vint me passer dessus sans prévenir.
- Alors, fit une voix narquoise qui m’était aussi familière, on adore frapper les belles filles sans défense ?
- Mor, garde tes commentaires pour toi et sois sérieux pour une fois ! lui cria la guerrière qui revenait.
En face de moi j’avais donc une humaine guerrière, un tauren “paladin”, un mort-vivant démoniste - je le compris en voyant son gangregarde derrière lui - et bientôt une draenei chasseresse qui avait un faucon noir sur son épaule et une arbalète en mains. J’avais cependant beaucoup de mal à ne les voir instinctivement que comme des ennemis à abattre. La constitution de leur groupe, les façons qu’ils avaient de se parler, tout ça m’était très familier. Étaient-ils les gens de ma vision d’avant, des anciens amis ? Probable, cependant ça n’importait plus. Nous étions ennemis sur un champ de bataille et je n’avais pas le temps ni la nécessité d’essayer de me souvenir. Leur sort était scellé de toutes manières, ils étaient voués à rejoindre le Fléau comme moi.

Le tauren et l’humaine coururent sur moi tandis que la draenei violette préparait son arbalète et le mort-vivant ses sortilèges, envoyant leurs serviteurs respectifs. Fort heureusement, deux camarades vinrent m’épauler sinon j’aurais eu beaucoup de mal à leur faire face, peut-être aurais-je été défait dès les premières attaques. J’ordonnai à des goules proches de venir à notre aide afin que nous soyons à forces égales... ou presque.
Mes adversaires se battaient très bien et étaient visiblement habitués à être ensemble. J’arrivais cependant à saisir leur stratégie avec beaucoup d’aisance, et profitant de mes analyses je parvins à me glisser entre les deux combattants en mêlée pour viser la draenei, qui ne s’attendait pas à être ciblée aussi vite. Une poigne impie l’attira jusqu’à moi avant qu’elle ne puisse tirer sa flèche, et je transperçai son flanc en la laissant tomber au sol afin de passer au suivant. Ils n’avaient d’autres soigneurs que le tauren, donc c’était à lui que je devais passer si je voulais que la chasseresse reste au sol jusqu’à ce que j’aie le temps de l’achever.
Celui-ci opposa beaucoup de résistance, même s’il était moins agile que moi avec deux lames son bouclier parvenait à le couvrir suffisamment et sa hache était très rapide. L’un de mes frères vint m’aider dans le but de le vaincre, mais c’était compliqué à cause de ses sorts de soin agaçants ; je finis par lancer une de mes runes impies afin de l’empêcher de continuer à se guérir et se protéger avec la Lumière, permettant à mon camarade de se déchaîner sur lui avec toute sa fureur sanguinaire.

Je me retrouvai néanmoins vite occupé par un autre opposant : la guerrière mit toute sa vigueur pour m’éloigner du tauren, augmentant la rapidité des échanges qui devenaient très dur à tenir. Au bout d’un moment, ce fut à elle d’avoir l’avantage, et elle tenta un coup direct à la tête. En me retournant au bon moment j’évitai d’avoir la tête transpercée par son épée, mais mon heaume se brisa en morceaux sous l’impact brutal. Profitant de l’ouverture qu’elle présenta subitement, je l’envoyai au sol d’un coup de botte, faisant suivre à cela une attaque de givre afin de l’immobiliser.
Le réprouvé enflammé était le prochain, et celui-ci semblait prêt à tenter de me faire vivre l’enfer, arborant un sourire presque aussi déments que ceux de Tirash’kor même si ceux-là étaient beaucoup moins teintés de perversion ; juste de la malice et de la fourberie. Puis, soudainement, il me regarda droit dans les yeux et les traits ricaneurs s’affaissèrent soudainement en même temps que sa mâchoire trouée sur les côtés.
- Par la petite culotte de Blanchetête ! s’écria-t-il, surpris. C’est Elvyr !
Je restai sur place, interloqué en entendant ce juron complètement absurde et décalé par rapport à la situation. En revanche, je prêtai un peu plus d’attention au fait qu’il me connaissait bel et bien. Ses camarades également, vu qu’après avoir tué mes alliés, ils marquèrent une pause le temps de regarder mon visage, avec un air ébahi unanimement partagé. J’aurais pu en profiter pour les attaquer pendant qu’ils avaient baissé leur garde, mais une partie au fond de moi essaya de m’empêcher de le faire. Ils devaient effectivement être ceux de ma vision... Étaient-ils également les personnes qu’avait mentionné la jeune fille avant que je ne la tue, ses amis ?

Le sol se mit soudainement à trembler encore plus fort sous nos pieds à cet instant. Au milieu du chaos une voix puissante retentit. Un cavalier, seul, venait d’entrer dans la bataille, s’adressant au Généralissime par son prénom comme s’il le connaissait, alors que celui-ci semblait avoir des difficultés à maîtriser son arme impie Porte-Cendres, chose dont ses opposants profitaient. Je vis alors l’improbable se passer : nos renforts morts-vivants s’enfuyaient.
L’armée que le Roi-Liche nous avait permis de commander, quelques-uns de nos soi-disant frères dans la mort, les voilà qui nous abandonnaient en sous-nombre aux mains des survivants l’Aube d’Argent. J’en restai stupéfait. Qu’est-ce qu’il se passait, que faisaient-il ?
- Revenez ici, bande d’enfoirés ! rugissaient des camarade. Lâches !!!
- On aura ta peau Orbaz !!!
Voilà donc la conclusion de toute cette campagne à la gloire d’Arthas ? Après avoir détruit la Croisade Écarlate, nous étions laissés à la merci des derniers résistants, alors que nous étions ses champions, selon ses propres termes ? Voyant mes camarades aussi impuissants et déroutés que moi, je compris ce qui s’était passé. Nous avions été trahis, manipulés. Tout cela pour quoi, cependant ? Quelle en était la raison, quel avantage cela pouvait-il donc procurer au Roi-Liche de perdre autant de ses champions ?
Les soldats d’Argent se ruèrent sur moi et mes frères et soeurs, cherchant surtout à nous désarmer ; la plupart étaient tellement stupéfaits et démoralisés qu’ils n’étaient pas compliqués à soumettre. Une fois la surprise passée, un fort sentiment de révolte et de colère s’empara de moi. Je refusai de me laisser emmener par qui que ce soit pour une exécution certaine. Je continuai à me battre de mon côté et croisai le fer avec les vivants. Ma résolution était ferme ; j’allais partir d’ici, retrouver ces traîtres, et obtenir vengeance et justice pour cette trahison lâche !
- Mais qu’est-ce que c’est que cet enragé de demi-elfe ?! gémit un soldat à qui je venais de couper la main armée.
- Abattez-le si vous ne pouvez pas le soumettre ! ordonna l’un des officiers, poussant plusieurs lanceurs de sorts et archers à me mettre en joue.

Je me trouvai finalement bien vite cerné. J’aurais pu mourir définitivement et à coup sûr si la guerrière n’avait pas couru s’interposer, vite rejoint par le réprouvé, le tauren et, un peu moins engagée qu’eux, la draenei qui titubait à cause de sa blessure. J’étais tellement surpris par ce geste, auquel je ne m’attendais pas du tout à cause de mon état. Des vivants et un réprouvé qui cherchaient à protéger un Chevalier de la mort du Fléau ? Je n’aurais jamais cru cela possible.
- On se calme ! vociféra le démoniste. Rangez vos armes ! Et vos bras, là, si vous croyez que je vous vois pas !
- Ne prenez pas sa défense bande d’idiots ! cria un officier. Il a tué nos camarades et a failli faire de même pour vous !
- Et bien on a tué des masses de ses anciens alliés, ça fait une bonne contrepartie ! rétorqua le mort-vivant sans se démonter. Allez, circulez, on est assez grands pour gérer ça tout seuls ! C’est notre camarade et on a confiance en lui pour se libérer ! Ouste ! Du balai !
Stupéfait, je vis les quatre parvenir à envoyer les soldats à un autre endroit, me permettant d’être l’un des rares de mon espèce à être encore en liberté dans les parages, tandis que les autres étaient maintenus sous une garde vigilante. Je réalisai vite que j’étais incapable d’intervenir pour les aider, et donc me résolus à rester pour savoir ce que ce groupe qui semblait si bien me connaître attendait de moi...
- Elvyr, nous ne pensions pas pouvoir te retrouver un jour, dit le tauren avec émotion.
- Qui êtes-vous pour moi ? demandai-je.
Ils me regardèrent avec un air choqué, l’humaine semblait particulièrement affectée par ma déclaration. En la regardant plus attentivement, des impressions fortes et marquantes commencèrent à se frayer un chemin jusqu’à mon esprit. Elle avait été quelqu’un de particulièrement important à mes yeux, mon instinct me le disait. Mais comment ? Pourquoi est-ce que rien ne me venait à l’esprit ?
- Nous sommes tes amis, dit le réprouvé. Moi c’est Mordaelan, tu m’appelles souvent Mor... Non ? Genshan, le guerrier d’An’she... non plus ? Viulia, l’immigrée des ténèbres de l’au-delà... Noscera... Ça ne te dit vraiment rien ?
- Comment ça, “immigrée des ténèbres de l’au-delà” ? réagit la draenei en fronçant les sourcils.
- Je ne me souviens pas..., dis-je.
Je jetai un regard rapide vers l’entrée de la Chapelle. Le paladin, qui apparemment répondait au nom de Tirion Fordring, semblait bel et bien sur le point de tuer mes camarades, en commençant par notre chef. Y avait-il un moyen pour les aider à s’en sortir ? Cependant, mes “camarades” ne me laisseraient surement pas tenter de les secourir. Je vis aussi que des soldats de l’Aube d’Argent nous surveillaient avec méfiance.
Pendant que j’étais distrait, cependant, j’entendis le nom de Claria surgir. Je n’osai pas y répondre, comprenant que ces quatre-là étaient bel et bien les amis dont elle avait parlé avant de mourir. Cela impliquait donc que j’avais tué l’une des leurs... tenteraient-ils ainsi de me “sauver”, s’ils le savaient ?
- Nous avons combattu le Fléau ensemble pendant des années avec l’Aube d’Argent, continua inlassablement Mordaelan. On a fait de sacrées balades, décapité et cramé des armées de goules... Nom d’un chien, comment, comment est-ce que ça a pu t’arriver ?! T’avais fait le sacrifice le plus altruiste qui soit pendant l’invasion des zombies, j’aurais jamais été capable de ça, et tout ça pour... Maudit soit le Fléau !
- Un sacrifice ? demandai-je, perdu.
- On était cernés par le Fléau dans un tunnel, m’expliqua le tauren avec un ton chagriné. Il n’y avait aucune issue et tu as voulu nous téléporter en sécurité avec ce qu’il te restait de magie... Mais tu n’avais pas assez pour tout le monde et tu nous a tous sauvés...
- Sauf toi..., murmura douloureusement l’humaine qui avait les larmes aux yeux. Tu as voulu rester derrière, au détriment de ta vie...


Cette fois-ci, je sentis quelque chose revenir, pour une fois. Quelques images floues, correspondant vaguement à ce qu’ils racontaient. Je me souvins d’avoir ressenti une grande terreur, de la résignation. J’avais combattu les morts-vivants qui affluaient avec des épées, n’ayant plus de magie, jusqu’à tomber... C’était comme ça que j’étais mort ?
- Arrêtez, ne le tuez pas tout de suite !
Non, la mort ne venait pas aussi vite finalement. Les morts-vivants s'arrêtèrent à ce commandement, me laissant un répit. Était-ce la voix de Tirash’kor dans mes souvenirs ?
- Sale gamin... Tu m’as dérobé ma proie ! Un guerrier d’An’she, te rends-tu compte de la chance qu’il faut pour en trouver un hors de leurs tribus antiques et isolées ?! J’aurais pris tellement de plaisir à le corrompre, en faire un serviteur dévoué du Roi-Liche... Et il a fallu que tu gâches tout !!! Fort bien. Je me contenterai de toi... Un demi-elfe, comme c’est amusant !


Le ricanement en écho me donna l’impression de faire éclater mes tympans tellement il était atroce à entendre ainsi. Je me sentais sans défense, désorienté... Impossible de rester impassible face à un tel souvenir empreint de terreur et de haine. À présent, je comprenais pourquoi je haïssais tant Tirash’kor, à présent. Tout était de sa faute. Il n’avait pas fait que me réanimer parmi d’autres champions morts. Il m’avait enlevé pour faire de moi un monstre, tout cela parce qu’il était après l’un de mes camarades et que je m’étais sacrifié pour le sauver... C’était à cause de lui que j’étais un Chevalier de la mort, que je n’avais plus rien que ça... Une malédiction ! L’une des horreurs qui avaient ravagé mon pays natal !
- Je vais le tuer..., marmonnai-je enragé. Je vais tuer ce nécromancien et tous ses camarades !
- Voilà ! s’exclama le démoniste. C’est l’esprit ! Tu peux le faire, tu peux te libérer ! Tu es bien aussi têtu et anarchiste que moi, prendre des ordres après d’un tyran c’est tout bonnement le contraire de ce que tu es vraiment !
- Elvyr, intervint la draenei d’un ton plus posé. Oublie les ordres qui te viennent du Roi Liche, pense avec ton coeur, ton âme qui a été si noble. Trouves-tu que cette voie soit celle à laquelle tu aspires vraiment ? Tu peux y échapper, nous sommes là pour toi.
Disaient-ils la vérité ? Quelle autre voie pouvais-je donc trouver en-dehors du Fléau, qui nous avait abandonnés lâchement ? La réponse finit par arriver, dans un puissant éclair de Lumière qui détruisit tous ces mensonges sur la toute-puissance du Roi Liche. Ces peurs et ces croyances que l’on nous avait consciencieusement imposées afin de faire de nous ses serviteurs supérieurs aux autres par nos pouvoirs, mais tout autant asservis par notre incapacité à voir la vérité en-dehors du lavage de cerveau permanent dans la fourmilière qu’était le royaume de la non-mort.
Une évidence à la fois délivrante et angoissante nous frappa à l’unisson alors que notre maître était repoussé, banni de ces terres désolées. Nous étions libres, sans maître pour nous dire comment agir, que penser, où aller... cependant, notre liberté nous laissait orphelins dans un monde qui ne voulait pas de nous, qui tremblerait constamment de peur ou de colère partout où nous irions. Pour l’heure, cependant, une idée commune s’imposait alors que nous reprenions petit à petit conscience de ce qui nous était arrivé, de ce fossé immense entre ce que les autres avaient été et ce qu’ils étaient à présent. Le Roi Liche et ses serviteurs devaient payer.
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Elvyr - Libération et Vengeance Empty
MessageSujet: Re: Elvyr - Libération et Vengeance   Elvyr - Libération et Vengeance EmptyMer 16 Juil - 13:48

III - Rédemption er Rétribution

La bataille à la Chapelle de l’Espoir de Lumière avait fini par se conclure avec un événement très inattendu : le Roi-Liche avait été repoussé, forcé de s’enfuir au Norfendre face à Tirion Fordring et Porte-Cendres se trouva restaurée en arme sacrée comme jadis. Mes frères et moi étions définitivement libérés de son contrôle mental grâce à son pouvoirs, et nous avions été épargnés grâce à notre rébellion. Nous allions nous joindre au combat contre notre bourreau, qui nous avait volé nos existences, nous avait mentis, abusés et finalement trahis dans son arrogance.

Le Généralissime nous avait conduits à la victoire dans Acherus, qui devenait dorénavant le Quartier Général de l’ordre de la Lame d’Ébène. Des émissaires étaient déjà partis requérir des alliances auprès de la Horde et de l’Alliance, suivant respectivement Koltira Tissemort et Thassarian. Je n’étais pas encore parti, et je n’étais pas vraiment le seul. Après notre soudain abandon de la part du Fléau, ceux qui avaient pris conscience de leur liberté s’en étaient trouvés soit particulièrement remontés contre Arthas, d’autres étaient encore confus, peinant à réaliser ce qui arrivait. Quelques-uns avait commis un acte extrême, que la plupart des nôtres trouvèrent lâche. Tout le monde n’avait pas décidé de s’en retourner auprès de leurs factions d’antan, certains n’avaient même rien à voir avec la Horde ou l’Alliance, comme Xa’na ; dans mon cas très spécial, j’ignorais d’où je devais me réclamer. Étais-je plus attendu du côté des humains et de rares hauts-elfes, ou avais-je créé des liens plus forts avec des elfes de sang qui me seraient apparentés ? Mes camarades neutres me suggérèrent d’essayer d’alterner entre les deux, comme mon sang mêlé me donnait cet avantage de passer dans les deux milieux.

Cependant, ce n’était pas le plus grand problème qui me préoccupait pour le moment. J’étais complètement perdu après ce qui s’était passé, incapable de me souvenir de ce qui m’était important en-dehors de mon appartenance à la Sombre Fraternité... mon ancienne servitude par rapport au Fléau. Seules les raisons de ma mort et l’existence d’un groupe d’amis auquel j’avais été rattaché m’étaient revenus, le reste restaient encore très flous. Bien peu de gens étaient dans mon cas, comme je le constatai après avoir demandé autour de moi. Je me demandais ce qui avait bien pu arriver pour que je me trouve dans cet état, si ça serait possible qu’un jour je puisse me rappeler de qui j’étais.
Avec cela, il allait falloir que je décide ce que je devais faire par rapport à ces anciens amis que j’avais retrouvé. Mes efforts pour tenter de retrouver ne seraient-ce que quelques souvenirs d’eux, de moments passés ensembles, restaient vains. Pour le moment, la seule chose qui me poussait à revenir vers eux était qu’ils m’avaient sauvé la vie en me protégeant contre leurs propres alliés. Je me sentais plus en confiance par rapport au réprouvé, même s’il avait l’air pas mal instable. Au moins, il était plus proche de moi à cause de son état.
Néanmoins, j’ignorai quoi faire par rapport à l’assassinat de la jeune fille, qui était notre camarade à tous. Même si c’était ce fou de Tirash’kor qui m’avait conduit devant la cellule alors qu’on n’avait normalement pas besoin de s’en préoccuper lorsqu’on préparait l'annihilation de la Croisade Écarlate, c’était moi qui avait consciemment lancé le sort qui l’avait tuée. Comment allais-je parler de cela à mes camarades, qui avaient eu foi en moi pour que je me libère ? Allaient-ils tous me rejeter en apprenant que j’avais tué Claria ?
J’enrageai à la pensée que ce taré de nécromancien était encore en vie, s’étant échappé d’Acherus avant que nous ne revenions de cet endroit où on voulait nous envoyer à notre mort. À présent que nous avions de nouveau notre libre arbitre, la plupart de mes camarades avaient résolu de partir sur ses traces et mettre un terme à ses crimes ; Aerdun le draenei et sa “soeur” elfe de la nuit Maelün en étaient. Il les avait tous deux arrachés à leur vie et transformés en monstres bafouant toute leur culture et leurs croyances. Déjà très proches dans la servitude au Fléau, après avoir été libéré leur douleur et le tourment de réaliser ce qui leur était arrivé ne les en avait que plus rapprochés. J’allais les rejoindre dans la traque. Cet enfoiré devait payer par le sang ce qu’il nous avait tous fait à partir de ses idées malades.


Un frère orc vint me trouver et m’informer que mes camarades venaient d’arriver, avec des envoyés de la Croisade d’Argent nouvellement fondée. Je fus surpris de l’apprendre, et me sentis quelque part inquiet qu’ils soient ici, à l’endroit où se trouvait le corps sans vie de Claria. Il allait bien falloir qu’ils sachent ce qui s’était passé, mais je n’étais pas sûr de vouloir que cela se fasse aussi rapidement...
Mordaelan, Genshan, Noscera et Viulia se trouvaient sur l’un des balcons, à proximité de griffons qui s’agitaient face à des montures squelettiques à côté. Comme les soldats d’Argent, ils n’étaient pas bien à l’aise. Seul le démoniste se comportait normalement, sans réserve, analysant d’un oeil curieux la structure d’Acherus. Je restai un moment à l’écart pour savoir ce qu’il se passait, tandis qu’un officier parlait avec l’un de mes frères. Je compris avec un début d’angoisse qu’ils étaient là pour vider les prisons du Fort, raccompagner les survivants et donner une tombe à ceux dont les corps n’avaient pas encore été profanés.
Tandis que les quatre suivaient les émissaires et le guide de la Lame d’Ébène, je restai dissimulé dans l’ombre, incapable de me résoudre à les rejoindre pour le moment. Ils allaient apprendre ce qui était arrivé à Claria, ce que je lui avait fait, et j’ignorai ce qui suivrait. Me rejetteraient-ils après avoir pris ma défense, comprendraient-ils ma situation au moment où j’avais commis l’acte impardonnable ?
Je passai un long moment avant de me décider de monter les rejoindre. S’ils choisissaient de m’abandonner, je ne m’en retrouverais pas pour autant complètement coupé du monde. J’aurais toujours la Sombre Fraternité était avec moi. En dehors de cela, j’étais déjà mort, un Chevalier de la mort dont le corps et l’âme avaient été reconstruits et torturés pour faire de moi une machine à tuer, donc un paria si je cherchais à aller en-dehors de la Lame d’Ébène.
Il fallait quand même reconnaître que ce groupe devait être particulièrement important pour moi, afin que même sans aucun souvenir d’eux je m’inquiète autant de leur réaction lorsqu’ils apprendraient le crime que j’avais commis.

Genshan et Viulia étaient à l’entrée, en train de discuter entre eux sans regarder ce qu’il y avait au tour. Ils n’avaient pas l’air du tout d’être à l’aise dans cet endroit, ce qui était bien compréhensible. Je me demandai donc pourquoi étaient-ils venus jusqu’ici.
- Ah, te voilà, dit Viulia avec un mince sourire. Nous nous demandions quand est-ce que tu allais arriver.
- Vous êtes montés jusqu’ici seulement pour me voir ? demandai-je.
- Bien évidemment, répondit Genshan. J’imagine qu’après tout ce qui est arrivé, c’était bien plus compliqué pour toi de quitter d’un coup la sécurité de votre... foyer ?
- Oui...
Je tentai d’en apprendre plus sur mon passé en parlant avec eux. Visiblement, pour le moment, personne n’avait encore découvert Claria... J’écoutai le tauren et la draenei me rapporter ce que je leur avais raconté sur moi-même, tentant de tout assimiler, guettant toute image qui pourrait revenir. J’appris les conditions de ma naissance, l’importance de ma grande demi-soeur dans toute ma jeunesse, la destruction de ma ville, Colline-aux-Corbeaux, à cause des morts-vivants.
Genshan me parla de mon voyage vers le nord en compagnie de celui qui m’avait pris en charge, Reignar Farwolf, qui avait été tué à la Forêt des Pins Argentés le jour où je l’avais rencontré avec Mordaelan ; son corps n’avait jamais été retrouvé, probablement dévoré par les worgen sauvages. Le reste ne fut que récits d’aventures avec les deux amis improbables, bientôt rejoints par deux soeurs adoptives, Noscera et Claria dont les foyers avaient été dévastés par le Fléau, et quelques années après par Viulia, qui s’était portée volontaire pour lutter contre les morts-vivants au nom de la Lumière.
- J’imagine que ça doit te faire bizarre de combattre aux côtés de morts-vivants contre des morts-vivants, fis-je remarquer à la draenei. Déjà le démoniste, Mordaelan, ... et après cela, peut-être moi.
- C’est vrai, répondit-elle. Je me suis déjà posée le problème en arrivant dans ces terres, lorsque j’ai vu ces réprouvés combattre leur propre espèce et leur créateur. Notre Guide nous rappelle souvent que “Tous ceux qui errent ne sont pas perdus”, alors j’estime qu’en vous battant contre les responsables des horreurs qui arrivent et dont vous avez été victimes... peut-être que ce serait injuste de refuser votre aide quand nous avons le même objectif. Peut-être pouvez vous avoir la rédemption au bout du chemin, même si cela n’effacera jamais le fait que vous n’êtes pas naturels, que vous représentez tout l’opposé de ce en quoi j’ai foi. En ce qui concerne Mordaelan..., soupira-t-elle. J’ai horreur de ses méthodes, mais je suis forcée de reconnaître qu’il est malgré tout un très bon allié.
Au moins elle ne se faisait pas d’illusions à mon sujet. Je me demandais comment est-ce qu’elle pourrait bien réagir en rencontrant un draenei qui avait été transformé en machine à tuer comme moi. Quelque chose au fond de moi me dit qu’elle ne serait pas plus différente qu’à ce moment, peut-être plus touchée.
- Pourquoi dis-tu “peut-être moi” ? demanda alors Genshan, perplexe. Ce n’est pas parce que tu subis cette malédiction de la non-mort que tu ne devrais plus rester avec nous. Regarde Mor’...

Le tauren m’amenait finalement sur le point sensible de ce que représentait leur présence à cet endroit pour nous tous. J’hésitai sur ce que j’allais lui dire. Devais-je révéler tout de suite ce qui attendait Noscera et Mordaelan qui étaient manifestement dans les couloirs de la prison, en leur disant que c’était moi le responsable ? Devais-je garder le silence là-dessus en espérant que personne ne découvre ce que j’avais fait ? J’étais inquiet de leur réaction. Mais il allait falloir qu’ils sachent ce qui s’était passé, et je ne pensais pas qu’ils seraient autant à l’écoute quand ils sauraient que je leur avais caché ma responsabilité pendant tout ce temps.
- Claria est morte, leur dis-je. C’est de ma faute.
En voyant leurs visages choqués, je compris qu’il allait falloir bien choisir mes mots. Je tentai du mieux que je le pouvais de leur raconter ce qui était arrivé, les circonstances qui m’avaient imposées de la tuer... Néanmoins, si j’échouais à me convaincre que je pouvais être pardonné, je doutais de réussir pour mes camarades. Quand j’eus fini, je vis bien à leurs airs sombres que j’avais brisé quelque chose en eux.
- Que la Lumière aie son âme..., murmura tristement Viulia qui n’osait plus me regarder. Elle était une bonne personne.
- Le Fléau paiera, gronda Genshan. Je devine aisément que tu vas te mettre en chasse pour tuer ce Tirash’kor, alors je t’accompagnerai. Ce bâtard ne va pas s’en tirer impunément après avoir causé la mort de deux de mes amis !
- C’est moi qui ai lancé le sort.
- C’est lui qui t’a conduit en face d’elle lorsque tu n’aurais normalement pas cherché à aller dans cet endroit. Il est celui qui a organisé le crime, et j’estime que...
Un hurlement de douleur résonna soudainement dans les couloirs, nous surprenant et coupant Genshan dans sa déclaration. C’était Noscera. Elle avait découvert sa soeur. Un silence gêné s’ensuivit, alors que nous attendions de la voir arriver. La guerrière finit par paraître dans le couloir, courant vers nous en tenant le corps glacial de Claria dans ses bras. Mordaelan suivait, affichant un air perturbé.
- Genshan ! s’exclama Noscera en déposant sa soeur aux sabots du tauren. Genshan, je t’en conjure, est-ce que tu peux la ramener ?!
Le guerrier d’An’she observa le cadavre de la jeune fille avec chagrin, avant de se pencher et de tenter d’invoquer de la Lumière au-dessus d’elle. Pendant un instant, j’eus le faible espoir que cela puisse marcher, que ce drame soit réglé de façon heureuse pour eux. Néanmoins, le tauren finit par arrêter le sort, secouant avec résignation la tête.
- C’est trop tard, dit-il tristement. La magie impie a brisé son lien avec son corps...
- H... Hein... ? fit Noscera qui semblait espérer que son ami lui fasse une blague. Non... non... Claria... Ce n’est pas possible ! Fais un effort !
- Je ne peux rien faire Noscera. Je suis désolé. On ne peut pas la ramener. C’est trop tard.

Elle resta un long moment à le fixer d’un air hébété pendant que ses mains se crispaient autour du corps de sa soeur. Un sentiment de malaise m’envahit en les regardant toutes les deux, surtout Noscera. Finalement, la guerrière poussa un cri qui ressemblait à un rugissement de douleur, avant d’affaisser sa tête sur la poitrine figée de Claria. Viulia s’agenouilla auprès d’elle, tentant de la réconforter. Genshan me jeta un regard navré. Je me sentais isolé. C’était moi le responsable de cette tragédie, le sort qui l’avait tuée était le mien et pas celui du nécromancien.
- Qui a fait ça ? gronda-t-elle avec un ton féroce. QUI A TUÉ MA SOEUR ?!
Un long silence suivit sa demande enragée. Elle dut comprendre en voyant l’expression mal à l’aise partagée par la draenei et le tauren que la réponse à sa question serait plus compliquée à accepter que prévu. Finalement, son regard se posa sur moi. Ses yeux noisette remplis de larmes me fixèrent avec un air interrogateur douloureux... elle avait l’air d’espérer quelque chose, mais je savais que j’allais la décevoir.
- Elvyr..., fit-elle avec une voix lente. Est-ce que tu sais... Qui a tué Claria ?
C’était insupportable ; je n’arrivais pas à trouver les bons mots pour lui expliquer ce qui s’était vraiment passé, je ne voulais pas avoir à lui dire mais pourtant elle le saurait. Si ce n’était pas moi qui lui avouait, ce serait Genshan ou Viulia. J’aurais dû ignorer Tirash’kor. J’aurais dû le tuer quand il m’avait assez énervé, et laisser ce que je ne voyais que comme une gamine insignifiante à son sort, qui ne me concernait pas à cet instant. Noscera répéta sa question, avec plus de colère dans sa voix.
- Qui a tué Claria ?!
Il fallait que j’avoue, je ne pouvais plus y échapper à présent.
- C’est moi, dis-je.
Je l’avais brisée. Cela se voyait sur son visage. J’avais tout détruit ; la vie si précieuse de sa soeur, l’espoir qu’elle avait placé en moi pendant un instant. Elle restait figée comme un bloc de glace, sans lâcher le corps de Claria, sans cesser de me fixer avec ces yeux écarquillés d’horreur qui ne cillaient que quand il y avait trop de larmes dedans. Au bout d’un moment, elle se mit à trembler, baissant la tête et sanglotant sans parvenir à s’arrêter. Je me laissai tomber contre un mur, me maudissant pour ce que j’avais fait. Personne n’osait parler.
- Quelqu’un lui a ordonné de le faire..., murmura finalement Genshan. Il n’aurait jamais fait ça si cette personne n’était pas venue le chercher dans ce but.
- Qui ? demanda Mordaelan qui affichait un air choqué.
- Un nécromancien. Son nom était...
- Assez ! ASSEZ ! rugit Noscera.
- Je pense qu’on devrait y aller, dit Viulia. Nous aurons plein de temps après pour en reparler à tête reposée... Cet endroit est bien trop sinistre.
La guerrière se redressa, rejetant la main réconfortante que la draenei avait posée sur son épaule. Elle me fixait avec des yeux emplis de colère brûlante, les poings serrés. Je ne pouvais pas lui en vouloir d’être autant furieuse contre moi, c’était bien normal après avoir trouvé sa soeur morte...
- Toi..., gronda-t-elle en me pointant du doigt. Elvyr... Tu... Sois maudit. SOIS MAUDIT !
Sans prévenir, elle se jeta sur moi, levant son poing. Je bloquai par réflexe, mais elle parvint à me faire reculer d’un pas tellement sa colère la rendait forte et violente. Genshan intervint pour la tirer en arrière, tandis que mes camarades de la Lame d’Ébène accouraient à mon aide. Noscera se débattit comme une possédée, hurlant qu’elle allait me tuer pour de bon et me souhaitant une existence misérable pour avoir tué Claria. Sur ce point, elle avait déjà eu son voeu d’exaucé.

Les soldats d’Argent restant finirent par arriver à leur tour, enjoignant aux quatre de les suivre à présent qu’ils avaient terminé de faire sortir les prisonniers faits par le Fléau. Viulia obtempéra la première avec un air attristé, tandis qu’elle emmenait Noscera qui avait pris contre elle le cadavre de Claria. En revanche, Genshan hésitait, et Mordaelan ne semblèrent pas avoir l’intention de bouger.
- J’ai pas eu de récit détaillé sur ce qu’il s’est passé donc je ne condamne pas mon pote sans savoir exactement ce qui est arrivé, déclara le réprouvé.
- Je vais rester encore un moment également, dit finalement le tauren.
Les deux femmes regardèrent longuement leurs camarades. Viulia promit sincèrement à Genshan qu’elle l’attendrait mais Noscera ne semblait pas contente de les voir se solidariser avec moi. Après m’avoir adressé un dernier regard meurtrier, elle suivit les soldats qui étaient reconduits vers leurs montures afin de partir du Fort d’Ébène.
- Pourquoi ? demandai-je au démoniste et au guerrier.
- Je sais toujours pas ce qui s’est passé, répondit Mordaelan avec un ton presque détaché.
- Elvyr a été forcé à faire ça par un nécromancien fou du nom de Tirash’kor, lui expliqua Genshan. C’est lui, le malade qui nous a attaqués dans ce tunnel et qui a transformé Elvyr en Chevalier de la mort.
- Ah, le “Corrupteur”, hein...
À en juger par son expression, il en avait déjà entendu parler et pas du tout en bien. C’était à peine étonnant. Je lui racontai tout ce qui était arrivé, et l’entendis déclarer qu’il ne changeait pas sa position. J’étais vraiment reconnaissant que Genshan et Mordaelan décident de rester avec moi pour me soutenir dans ces épreuves.
- Mes frères et soeurs vont aller à sa poursuite, dis-je. Je vais avec eux.
- Rajoute-nous dans le groupe alors, déclara le réprouvé. On va lui faire regretter tout ce qu’il a fait, jusqu’à sa naissance !
- Merci...


Ils finirent par partir à leur tour, après m’avoir suggéré d’aller les chercher à Brill, où ils allaient rester pour préparer avec tous les réprouvés l’assaut contre Arthas. Je leur promis de faire ainsi, avant de les voir quitter la nécropole sur leurs griffons. Leur confiance et leur volonté de rester à mes côtés m’emplissaient de reconnaissance à leur égard, et dorénavant j’avais bien moins cette impression d’avoir été lâché dans un monde hostile, qui me rejetait entièrement.
Malgré tout, il restait une dernière chose à régler avant que je ne puisse commencer mes propres préparatifs. Après des recherches intensives dans les dernières grimoires du Fléau ayant encore échappé à la purge qu’on en faisait, je montai sur le sommet de notre nécropole avec les composants nécessaires à mon rituel.

J’ignorais comment est-ce que mon geste serait accueilli, mais j’avais besoin de parler une dernière fois à Claria, à travers son esprit. Finalement, elle apparut telle qu’elle était avant que je ne la tue, dans un corps translucide auréolé de bleu. Elle ouvrit les yeux, me découvrant avec un mélange de surprise et de crainte.
- C’est fait, lui annonçai-je. Je suis libéré du Roi-Liche. Mes frères également.
- Hein ? Vraiment ? s’exclama-t-elle. Oh, quelle joie ! Je suis tellement heureuse que tu t’en sois sorti !
- Merci...
Elle me souriait doucement, ses yeux fantomatiques semblaient si pleins de vie que c’en était à la fois déconcertant et déplorable. Si jeune, et par ma faute elle était partie prématurément. J’étais surpris de son attitude conciliante, malgré le fait que je l’avais tuée de sang-froid. Était-elle entièrement persuadée, comme le tauren et le réprouvé, que je ne devais porter aucune faute, parce que j’avais été poussé à ce meurtre par Tirash’kor et obligé d’agir en meurtrier par l’influence du Roi-Liche ?
- Je t’ai appelée pour savoir si tu pourras un jour me pardonner pour ce que j’ai fait, dis-je.
- Je te pardonne, répondit-elle sincèrement. Je ne pourrais jamais passer l’éternité à te haïr...
Sa déclaration était très touchante. J’aurais tellement aimé pouvoir me rappeler de notre lien d’antan, comprendre comment elle pouvait m’accorder cela aussi aisément.
- Tu es vraiment une âme noble, jusqu’au bout. Je vais m’assurer que ce nécromancien regrette de m’avoir forcé à faire cela.
- Oui, il faut l’empêcher de faire d’autres victimes comme nous. Mais ça risque d’être dangereux. Voudrais-tu que je t’accompagne ? Je pourrai t’aider avec ma magie, et si tu veux je peux te guider pour que tu retrouves tes souvenirs...
- Dans ton état ? m’étonnai-je. Je ne pense pas que ça soit une bonne idée... Quoique...
Claria semblait réellement sincère dans son intention de m’aider, ce qui était touchant de sa part, malgré ce que je lui avais fait. Je n’avais pas envie de la forcer à quitter son repos éternel uniquement pour moi, cependant elle insistait, et je songeai qu’elle pouvait réellement m’aider. Je n’avais aucune idée de par où je devrais commencer à chercher pour chercher à me rappeler de qui j’étais, mais elle si.
Je lui demandai une dernière foi de répondre sincèrement à cette question : voulait-elle véritablement et sincèrement revenir dans ce monde pour m’aider ? La jeune fille acquiesça sans montrer d’hésitation. C’était particulièrement déconcertant qu’on m’adresse autant de confiance, mais j’acceptai d’honorer sa demande. Plantant ma grande épée au sol, je commençai à inscrire les runes qui lieraient le fantôme de Claria à la lame, jusqu’à ce que nous ne nous séparions, le moment venu...

Enfin, nous étions prêts. Le Norfendre nous attendait au-delà des mers nordiques, ainsi que le Fléau et ses dangereux meneurs. Le Roi-Liche, le Culte des Damnés... et Tirash’kor. L’heure de la vengeance avait sonné.
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