Azeroth Adventurers' Chronicles
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 Lame - Le Sang du Voleur

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Laedera
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Laedera


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Feuille de personnage
Race: Hybride
Classe: Voleuse
Occupations: Apprend à faire des jeux vidéos! (soon)

Lame - Le Sang du Voleur Empty
MessageSujet: Lame - Le Sang du Voleur   Lame - Le Sang du Voleur EmptyLun 8 Déc - 17:36

Lame - Le Sang du Voleur Screen14

Mathias Shaw garda un sourcil levé alors qu’il méditait sur le rapport que venait de lui livrer Lame. À côté de  lui, Armantus finit par craquer, et relâcher le soupir qu’il avait déjà de coincé dans la gorge depuis qu’elle leur avait décrit le désastre dont son demi-frère s’était rendu responsable par son incapacité à tolérer et analyser la présence des agents de la Main Brisée. Il était au moins satisfait que l’orbe ait été détruit par le troll et l’orc... du moins c’était ce qu’il avait compris du récit de l’humaine.
Lame ignorait si son chef allait comprendre, lui, qu’elle avait joué un rôle bien plus important que ce qu’elle avait décrit dans son rapport, et s’il allait faire quelque commentaire positif ou négatif à ce sujet d’alliance avec la Horde. Mais elle s’en souciait peu sur l’heure, peu importe qu’elle se soit alliée à un troll ou non, l’objectif était accompli et le fragment d’âme du nathrezim détruit. Et elle n’avait pas envie de risquer de vendre ce Jin’teran après ce qu’ils avaient accompli en travaillant de concert, plutôt qu’en se combattant sans merci et sans utiliser leurs cervelles.

Et pourtant, c’était bien son demi-frère et ses compagnons d’unité qui avaient péri là-bas, aux mains de la Horde. Mais c’était encore son demi-frère qui avait commencé les hostilités, qui ne furent pas provoquées. Elle avait bien réfléchi à la question, et même si elle porterait le deuil de Thomas, son acte irréfléchi et indigne d’un commandant d’unité ne la pousserait pas à lancer une vendetta contre le troll qui s’était défendu comme n’importe qui l’aurait fait dans cette situation.
- Et bien, fit enfin Mathias Shaw, une chance que vous ayez eu plus de bon sens que Thomas. Sans cela nous aurions attendu des mois avant d’avoir la confirmation que l’orbe était bien détruit.
- Vous devriez aussi m’expliquer comment est-ce qu’un imbécile pareil a été nommé commandant, grommela le démoniste. J’ai reconnu au premier coup d’oeil le revanchard de la Première Guerre qui sauterait sur n’importe quelle occasion pour attaquer un orc, mission d’infiltration ou pas.
Inutile de lui raconter toute l’histoire à cet étranger à l’ordre, se dit Lame. Cela ne lui servirait pas de savoir que son demi-frère avait été pistonné pour servir les intérêts d’une famille qui voulait à peine de lui... mais le préférait quand même entre tous les bâtards dont elle avait été affligée, notamment avec la Première Guerre et le saccage commis par les orcs. Et il n’avait pas non plus besoin de savoir d’où lui venait cette envie de trucider tous les orcs sur son passage.
Armantus avait souffert de la première invasion de la Horde, il avait eu plus de flair que son chef dès lors qu’il avait vu celui qui allait mener l’expédition, mais quand même il n’avait rien fait remarquer. Peut-être que l’on n’attendait ni la Main Brisée ni les Nécrotraqueurs aussi rapidement, certes, mais il fallait toujours être prévoyant.
- Thomas était un expert quand il s’agissait d’infiltrer des forteresses telles que Stromgarde, rétorqua le chef du SI:7, et un très bon voleur au combat. Il avait de quoi tenir son rang, malgré tous ses défauts.
- Et il a provoqué la mort des hommes sous sa responsabilité, rajouta dédaigneusement Armantus. Je n’appelle pas cela un bon chef. Quant à cet agent, en revanche, il serait temps que vous lui accordiez un peu plus de responsabilités - s’il faut donner le titre de commandant d’unité à quelqu’un, ce serait à cette femme, qui a impeccablement fait ses preuves.
- Voudriez-vous maintenant nous proposer vos services de conseiller, démoniste ? rit Mathias Shaw. Je prendrai ma décision tout seul, si cela ne vous dérange point.
- Hmpf, marmonna l’homme. Je vous suis déjà reconnaissant de vous être assurés de la destruction de l’artéfact, cela me suffit pour cette fois-ci.

Suivant un salut à la va-vite pour Mathias Shaw, le démoniste se mit en chemin vers la sortie. En passant à côté de Lame, il s’arrêta un moment, le temps de la dévisager attentivement. Elle le laissa faire, il n’y avait pas de mal à cela de toutes manières.
- Vous allez avoir du boulot à faire pour augmenter le niveau ici, murmura-t-il avant de reprendre sa route.
La voleuse n’afficha aucune émotion, regardant tranquillement le démoniste descendre l’escalier puis traverser la cour en contrebas. Là-bas l’y attendait une jeune adolescente aux cheveux châtains, qui portait plein de grimoires de magie occulte, de ceux que l’on ne trouverait pas dans les rayons de livres pour étudiants à l’Académie des mages. Armantus afficha le premier sourire qu’elle put lui découvrir, dès qu’il vit cette fille - son apprentie, très probablement. Un bien étrange personnage pour elle, mais au moins il était fiable... pour le moment.
- Je pense ne pas me tromper en devinant que vous analysez la fiabilité d’Armantus, remarqua Mathias Shaw.
- En effet, maître. Il est bien sincère à ses idéaux, et nous avons pu trouver et détruire un objet effectivement dangereux grâce à ses informations. J’ai quand même repéré un point faible, qu’il serait dommage que d’autres découvrent.
- Qui est ?
- Cette jeune fille qui l’a accompagné dès la sortie. Une apprentie, et il a l’air d’y tenir chèrement.
- Nous n’avons donc qu’à espérer que rien n’arrive à cette demoiselle ni à son vieux professeur. Mais assez parlé d’Armantus, c’est de vous qu’il est question maintenant.
Comme elle s’y était attendue. Lame était aux aguets de chacune des mimiques qu’elle pouvait déceler chez son maître. Ce n’était peut-être pas une attitude que l’on pouvait recommander, mais elle n’y pouvait rien, c’était automatique chez elle d’analyser les gens, amis ou ennemis. On ne savait jamais quand est-ce qu’un allié supposé pouvait se retourner contre vous, de toutes façons - venir d’un milieu noble où ce genre de choses étaient fréquentes aidait à s’en souvenir et s’en prévenir.
- La mort de Thomas est sujet à nombre de réflexions bien justifiées, il me semble. Vous êtes issus du même milieu, avez un père commun, et pourtant, vous êtes radicalement opposés... mais pas dans le sens que l’on attendrait, cependant.

En effet, Lame était consciente que beaucoup de gens se seraient attendus à ce qu’elle, de sang noble et pur, soit moins bien compétente que son demi-frère né d’une infidélité clandestine, qui lui devait fournir bien plus d’efforts qu’une femme comme elle afin d’atteindre un tel rang. Elle était née avec une cuillère d’argent dans la bouche, pas Thomas, qui avait vécu et travaillé dans la cuisine comme un domestique. Cependant, des deux c’était elle qui s’était le plus rapproché de ce que le SI:7 cherchait comme voleurs pour son ordre, tandis que son demi-frère était bien trop agressif et brutal contre leurs ennemis de la Horde, même s’il était un excellent infiltrateur.
Ironiquement, en plus, c’était lui qui avait été introduit au moyen de ces merveilleuses lettres de recommandation. Un moyen de servir les intérêts de leur père, dans la vie politique tellement passionnante des nobles de Hurlevent, et un ordre caché que Mathias Shaw et ses collègues gérant le SI:7 pouvaient difficilement refuser, surtout quand le paternel pouvait leur causer des problèmes assez considérables à l’aide de son titre.
Lame, elle, avait toqué elle-même à la porte du quartier général, et avait atteint sa position actuelle à force d’efforts. Elle était morte pour son père, en fait ; Thomas avait accepté de la couvrir, en souvenir de leur amitié quand ils étaient jeunes, et Mathias Shaw parce qu’il n’allait pas laisser partir une voleuse qu’il trouvait douée, pour qu’elle aille épouser un autre homme noble et rester cloîtrée dans un beau manoir en porcelaine, gâchant des capacités qui servaient mieux l’Alliance sur le terrain. Oui, qu’est-ce qu’elle enviait ce troll de pouvoir assumer sa fonction dans la Horde tout en gardant sa véritable identité sans que ça ne lui cause de tels ennuis.

- C’est une chance pour nous et l’Alliance que vous n’ayez pas suivi le commandement de votre frère, poursuivit Mathias Shaw. D’un côté le sort de Thomas, même s’il vous attriste, j’en suis bien conscient, servira au moins d’exemple à ces nobles, tellement enthousiastes à l’idée de donner les commandes à des gens remplis de haine contre les orcs et vides de bon sens. De l’autre, je pense que son successeur pour le titre de commandant d’unité est en face de moi, est tout désigné.
Elle savait qu’elle aurait pu s’y attendre, vu les présages favorables jusque là, mais entendre la confirmation à portée d’oreilles et juste en face d’elle causait un choc assez particulier - un mélange de joie, d’excitation mais aussi d'appréhension. C’était une lourde responsabilité qu’on lui donnait là, pas seulement une forme de reconnaissance pour toutes ses prouesses au nom de l’Alliance : on lui demandait d’être capable d’en faire encore plus, et de pousser d’autres hommes et femmes de faire de même, plus encore, de veiller à leur survie.
- Maître, vous me feriez un grand honneur avec ce titre, s’inclina-t-elle. Je ferais de mon mieux pour le mériter.
- Vous le méritez amplement, Lame. Depuis que vous avez rejoint le SI:7, vous êtes devenue de plus en plus douée dans les compétences qui vous étaient déjà très familières avant cela. Je sais que vous êtes maintenant parfaite pour le rôle.
De toutes façons, elle n’allait pas refuser. Quel intérêt ? Cette position pouvait même lui devenir utile pour un objectif qu’elle devait remplir depuis des années. Elle pourrait en plus bien mieux servir l’Alliance dans une position commandante plutôt qu’en tant que soldat qui devait se contenter d’obéir.
- Je vous laisserai la liberté de composer votre Unité avec les meilleurs hommes et femmes de votre choix. Il y en a beaucoup ici à Hurlevent, qui attendent un Commandant pour partir sur le terrain, mais nos alliés ont également leurs propres talents qui veulent servir l’Alliance, autant chercher de leur côté.
- Comme vous le souhaitez.
- Et souvenez-vous, Lame. En tant qu’officier de l’Alliance, et agent du SI:7, vos responsabilités à observer seront bien plus importantes. Faîtes toujours tout ce qu’il faudra pour que notre nation, celles de nos alliés, puissent survivre et prospérer dans cette âge de guerre. Mais n’oubliez jamais qu’honneur et justice doivent nous guider à travers les ombres, sans quoi nous sombrerions, tels les nobles d’Alterac et les Défias, entre autres. Est-ce bien clair ?
- Parfaitement, acquiesça Lame. Par la Lumière, je jure de ne pas vous faire regretter ce choix.


Elle y était donc, Commandante d’Unité du SI:7. Une voleuse faîte pour en commander d’autres, pour la gloire de l’Alliance. Elle allait combattre avec ses futurs hommes dans ce but... elle devrait se confronter avec la Horde, lorsque cela serait nécessaire. Retrouverait-elle Jin’teran sur un champ de bataille, comme ennemi ? C’était probable, mais elle ferait son devoir en fonction de la situation. Honneur et justice, comme disait Mathias Shaw.
Partant plus loin dans ses réflexions, comme la cour vide lui permit de ne pas être dérangée, elle se demanda comment est-ce qu’elle avait fait pour apprécier ce troll, alors qu’elle ne s’en serait jamais crue capable quelques heures à peine avant de le rencontrer. La vie réservait décidément bien des surprises. Surtout quand rien de ce qu’elle avait pu vivre n’aurait pu laisser prévoir qu’un jour, quand elle serait adulte, elle serait capable de travailler avec un membre de la Horde. Il n’y avait pas si longtemps, elle aurait été entièrement convaincu de la mauvaise nature incurable de ce groupement d’orcs, trolls... et d’autres races qui n’avaient rien à voir avec la première Horde, celle qui avait déferlé sur Hurlevent.
Quelque part, c’était quand même à cause de ces étrangers à Azeroth et de leur guerre que sa vie avait changé, tant en bien qu’en mal. D’un côté, elle avait énormément perdu, des gens qu’elle aimait avaient souffert, disparu, mais de l’autre, elle savait pertinemment que c’était à cause de l’invasion que son esprit s’était transformé, était devenu plus libre, plus mature. Elle s’était trouvé une voie, un nouveau sens à son existence que la richesse ne suffisait pas à lui apporter. Mais à quel prix...
* * *

Ce jour-là, elle s’en souviendrait comme si c’était hier.
Quel âge avait-elle alors ? Elle avait à peine atteint l’adolescence, même si elle n’était déjà plus une enfant. Elle se souviendrait toute sa vie de ce qui était arrivé après que les grands tocsins de Hurlevent aient résonné. Une fois lorsque la Horde était arrivée à leurs portes pour les assiéger. Une seconde lorsqu’elles avaient cédé - à ce signal, tout le monde savait qu’il fallait courir pour sa vie, ou se barricader chez soi en espérant que les orcs ne puissent pas rentrer... ce qui était une très mauvaise idée. Pourtant, c’était ce qu’ils avaient fait.
Elle avait eu une peur immense lorsqu’elle avait compris qu’ils ne partaient pas, que son père avait une foi inébranlable en leur garde privée, leur système de défense enchanté, et leurs mercenaires prêts à les défendre contre de l’argent. Son instinct ne pouvait pas la tromper : elle savait que ça ne suffirait pas. Mais comment l’expliquer à son père, qui était certain du contraire ?
Les richesses et les membres de la famille étaient quand même mis en lieu sûr, au cas ou. Mais pas question d’abandonner le manoir familial à des barbares. Quand on l’avait amenée à sa chambre, elle avait compris que si elle se pliait aux ordres et y restait, elle mourrait. Dès la nourrice partie, elle avait déguerpi aussi vite que possible pour se trouver une bien meilleure cachette. Néanmoins, pas avant d’avoir convaincu sa grande soeur adorée, Anna, de venir avec elle.
Trop tard.
Ce n’était même pas la porte principale qui avait craqué en premier, mais le mur nord, là où se trouvaient les vieilles cuisines, bâti en plusieurs mois, détruit en quelques secondes par les machines de siège orques. À ce signal, elle avait su que les orcs n’allaient pas tarder à s’infiltrer. Et ils étaient déjà en train de se répandre dans les couloirs alors qu’elle avait presque atteint la chambre où sa soeur attendait le calme, en vain.
Dès que les premiers bruits de pas lourds et les rugissements des guerriers à peau verte s’étaient mis à retentir jusqu’à la salle, accompagnés de cris de terreur poussés par les gens de la maison, elle avait compris que l’heure n’était pas de jouer les héroïnes pour sa soeur, mais de se cacher si elle voulait sauver sa peau. Alors elle avait abandonné Anna à son sort, en espérant quand même qu’elle ait aussi eu la présence d’esprit entre-temps de ne pas obéir à leur père et de se trouver une meilleur cachette...

Lorsque les orcs pénétrèrent dans cette antichambre, elle s’était accroupie dans l’ombre, contre un meuble. Elle avait extrêmement peur, surtout quand elle voyait les grandes créatures musclées et armées jusqu’au poing saccager tout, essayer d’enfoncer la première porte qui se présentait devant elle. Des objets jetés en vrac comme ils n’intéressaient pas les envahisseurs, des coupes, chandeliers, chaises, tombèrent à côté d’elle par moment, mais elle ne cria pas. Si elle était découverte, la Lumière savait ce qu’ils lui feraient...
Ne bouge pas. Ne fais pas un bruit. Respire régulièrement.
Ne fais plus qu’un avec la pièce, l’ombre de cette commode, les murs silencieux et imperturbables. Sois une partie du décor, que tes poursuivants négligeront comme tout le reste.
Anna hurla de terreur lorsque les orcs firent irruption dans la pièce. Elle ne pouvait pas voir ce qui s’y passait, mais son sang se refroidissait quand elle entendait bruits qui se dégageaient de là-bas, lui donnant une idée très nette de ce qu’elle ne pouvait empêcher. Les intrus riaient et criaient comme des sauvages passionnés, pendant que sa soeur les suppliait de la laisser, pleurait, puis haletait désespérément...
Reste imperturbable, quoi qu’il arrive.
Ne crie pas, ne pleure pas. Que le sang coule, que les gens crient, tu ne dois pas te dévoiler. Il n’y a rien que tu puisses faire pour elle.
Cela dura pendant ce qui lui parut être des heures. À mesure que le temps passait, les cris se firent moins prononcés dans tout le chaos, mais les gémissements et les râles d’agonie persistaient. À force de rester dans l’ombre, dissimulée à la vue des orcs, elle finit par s’y habituer, à ne pas réagir à cette souffrance des siens. Mais qu’est-ce qu’elle brûlait de colère de ne pas être capable d’intervenir pour aider Anna, qui n’avait pas encore été tuée mais semblait souffrir entre les mains des orcs... quoique ses cris portaient à confusion pour une jeune pré-adolescente.

Et puis finalement c’était l’aube. Les envahisseurs se retiraient du manoir avec la récolte de leur pillage, en laissant les humains à leur sort : ceux qu’ils avaient trouvé agoniser dans leur propre sang, ceux qu’ils n’avaient pas trouvé essayer de survivre à l’horreur de cette nuit. Ce ne fut qu’à ce moment que le dernier orc qui était resté profiter de sa soeur même quand tous les autres en avaient terminé quitta la chambre ; en dépit du risque encouru pour elle, elle osa jeter un oeil hors de sa cachette, décidée à retenir un élément pour le retrouver plus tard, et venger Anna.
Pile à ce moment-là, un autre orc vint se mettre dans son champ de vision, cachant le visage de son comparse. Ils ne la voyaient pas, trop occupés à se regarder l’un et l’autre, ainsi qu’en direction de la chambre. C’était à ce moment-là qu’ils s’étaient disputés.
Quoi ! Tu as laissé cette chienne d’humaine vivre ?!” avait crié en premier le nouvel arrivant.
Elle avait retenu chaque mot, et quand elle avait appris la langue des envahisseurs des années plus tard leur sens s’était enfin dévoilé, à sa grande confusion.
Le premier guerrier ne dit pas un mot, mais son visage se para d’une rage brusque et imprévue, prenant son congénère par l’épaule pour le jeter contre le mur avec une violence stupéfiante, avant d’abattre sa grande hache ornée d’un loup gris dans son dos. Elle était stupéfaite face à cet acte. Il n’y avait qu’un mot qui lui venait à l’esprit : Pourquoi ?
C’était le seul moyen...”, c’était ce qu’il avait marmonné avant de s’en aller, laissant le cadavre de son camarade dans l’antichambre, avec la fille qui avait tout vu et entendu et était toujours cachée par l’ombre.

Elle resta immobile encore un bon moment, craignant qu’un autre orc ne revienne après ceux-là. Après une longue attente, ce fut Thomas qui arriva, portant leur père, dont la jambe avait été coupée. Le moignon couvert de bandages de fortunes était d’un rouge écarlate, semblable à l’un des vins exquis qu’il adorait déguster. Elle avait été frappée par cette vision effrayante, et ce ne fut que quand son demi-frère hurla le nom d’Anna avec un ton horrifié et désespéré qu’enfin elle sortit de sa cachette.
Thomas avait été sincèrement heureux de la voir, indemne en dépit de son visage glacé par l’horreur qu’elle avait vécu depuis les ombres, même si les autres sentiments de chagrin et de désarroi restaient très présents. Tous les deux, avec leur père mutilé, ils allèrent trouver Anna.
Elle était bien réveillée et respirait toujours, mais irrégulièrement. Complètement dévêtue, marquée de contusions noirâtres et de légères coupures, elle était recroquevillée dans ce qui restait de sa robe. Ses yeux noirs étaient écarquillés d’horreur et brillaient de larmes. Même si l’orc ne l’avait pas tuée, elle semblait quasiment morte dans son esprit.
Et malgré les efforts de Thomas pour qu’elle ne puisse rien entrevoir de plus, ce fut à cette vision  de sa soeur, violée, humiliée, et affligée d’un fardeau qu’ils ne découvriraient que plus tard, que ce qui restait de son innocence était morte. À ce moment-là, elle était restée dans les ombres qui l’avaient protégée, et elle avait compris qu’elles deviendraient ses meilleures alliées si elle voulait survivre.
* * *

Lame quitta cette rêverie macabre quand ses oreilles perçurent un glissement de pas dans l’herbe, non loin d’elle. Elle se tourna vers l’intrus, sans montrer un seul signe qu’elle venait d’avoir un songe au contenu douloureux. Quand elle le reconnut, néanmoins, un petit sourire vint relever ses lèvres alors qu’elle le saluait.
C’était rare de sa part, et encore plus vu ce à quoi ressemblait le personnage : c’était un authentique nain Sombrefer. Néanmoins, Anvil Né-du-Soufre était un allié très loyal et fiable auprès de l’Alliance. La troupe de montagnards qui l’avait recueilli des bras de sa défunte mère alors qu’il n’était qu’un nourrisson s’en était assuré. Il servait surtout le SI:7 en leur fournissant des informations difficilement récupérables sur les Sombrefers des profondeurs du mont Rochenoire, et avait entrepris des recherches pour le compte de Lame après qu’ils soient devenus assez liés.
Cette fois-ci, il était en compagnie d’une gnome, que la voleuse ne reconnaissait pas. Une étrangère au SI:7, et il restait à savoir ce qu’elle faisait avec Anvil et pourquoi est-ce qu’elle venait ici. Son physique et son attirail permettaient déjà de l’identifier comme une dure à cuire (Lame visualisait très bien des membres de la Horde faire une blague à ce sujet). Ses cheveux pouvaient être d’un blond rarement atteint chez les gnomes, ce qui frappait surtout c’était le bandeau de cuir qui recouvrait son oeil gauche, dont la couleur avait dû être d’un beau bleu irisé de vert, comme celui qui était exposé et intact. Elle vit des armes de poing aux tranchants coupants rangées à sa ceinture, prêtes à être mises en place s’il fallait passer à l’action.

- Salut, Lame ! s’exclama jovialement le Sombrefer. À ce qui se murmure, vous êtes promue Commandante d’Unité.
- C’est bien cela, acquiesça Lame qui était stupéfaite de la vitesse à laquelle le SI:7 se mettait à jour sur l’actualité. Je me porte bien, en ce qui me concerne, et toi ? Cela fait bien plus d’un mois que je n’avais plus de nouvelles, à croire qu’on t’avait capturé.
- Me capturer, moi ? s’esclaffa Anvil. Lorsque les poules auront des dents !
- Ça tombe bien, j’ai un pote qui a justement réussi à créer une variété de poulet à dents de rasoir, lança sarcastiquement la gnome. Tout ça pour dire que votre Sombrefer, il s’est fait prendre en train de rôder dans Forgefer en me cherchant, donc pas si imprenable que ça...
- Je ne rôdais pas ! protesta le nain. Je faisais profil bas par respect pour les autochtones qui n’apprécient pas la vue d’un nain à peau noire !
Comment est-ce que les deux avaient pu voyager ensemble de Forgefer à Hurlevent quand ils paraissaient si facile à mettre en conflit était un mystère qui échappait encore à Lame. Néanmoins, elle n’allait pas s’attarder là-dessus, elle avait un rapport qu’elle attendait depuis plus d’un mois. D’un signe de main elle fit comprendre à Anvil qu’elle ne voulait pas écouter une dispute au sujet de ses capacités de voleur, mais des informations.
- Bien..., marmonna le nain après avoir farfouillé nerveusement dans sa barbe noire. Et ben mon rapport, il va commencer par le témoignage de cette “charmante” demoiselle, j’ai nommé Tilly Coutelas. Elle en a peut-être pas l’air, mais elle est une vétéran de la Seconde Guerre, et en plus de cela elle a rencontré le garçon que vous cherchez. Mieux, c’était son mentor !

Lame haussa un sourcil de surprise à cette idée que celui qu’elle cherchait avait été sous la supervision d’une gnome. Mais d’un côté, vu le caractère flamboyant de Tilly Coutelas, elle avait peut-être pu discipliner un peu l’enfant rebelle qu’elle avait un jour rencontré. Elle espérait que cela avait été en bien. Tilly eut une grimace quand elle comprit qu’elle devait parler, et livra son rapport avec un ton un peu maussade
- Bon, je sais pas pourquoi ce rat Sombrefer voulait que je vienne en personne plutôt que de retransmettre, mais enfin v’la ce qui s’est passé. J’ai rencontré ce gars que vous recherchez. Le bâtard demi-orc que votre famille a affectueusement nommé... ben, “Bâtard”. Je vous collerais bien une baffe pour ça, mais on me dit que c’est pas une bonne idée de gifler un Commandant du SI:7.
- Je n’ai pas décidé de l’appeler ainsi, rectifia Lame. C’était mon père qui l’avait affligé d’un tel nom.
D’un côté, c’était compréhensible que le fils hybride né du viol d’Anna ait reçu aussi peu d’amour. Il était condamné depuis le début à devenir un symbole vivant de l’horreur qu’ils avaient vécu lors de la chute de Hurlevent. Cependant, lui faire porter tout le blâme pour ce que son géniteur avait fait, cela avait toujours semblé trop extrême pour Lame. Hélas pour le pauvre enfant, son grand-père était devenu très prompt aux extrêmes après avoir été mutilé et privé d’une jambe.
Comment lui en vouloir d’être parti tout d’un coup à ses dix ans, après avoir menacé sa mère avec un grand couteau de cuisine pour obtenir un croquis du visage de l’orc responsable de son existence, qu’il comptait tuer de ses propres mains...
- Ah, grommela la gnome. Ben si je le croise, ce sera lui que je giflerai.
- Si vous n’avez pas peur de vous attirer des ennuis de la part de la noblesse.
- Pas mon royaume, pas mon problème. Et vos nobles humains ne devraient pas décider de tout ce qui se passe dans l’Alliance et chez nos peuples, sinon vous allez perdre un paquet d’alliés au passage.

C’est qu’elle avait un tempérament très prononcé, cette petite femme. Lame admirait son audace, et était quand même amusée par sa logique assez particulière. En plus elle semblait vouloir éviter de se mettre le SI:7 à dos, d’après ce qu’elle avait dit, peut-être qu’elle cherchait à y faire carrière ? Néanmoins elle lui demanderait ça plus tard, pour l’heure la nouvelle commandante voulait qu’elle parle du demi-orc qu’elle recherchait. Son neveu.
- Ça fait longtemps que j’ai pas revu ce garçon en plus, mais je me souviens bien qu’on l’a trouvé après la Seconde Guerre, quand il était encore un gosse. Sacrément turbulent et suicidaire le petit, il s’était fait prendre par des orcs Rochenoire et n’arrêtait pas de crier qu’il allait trouver et tuer son père. Une chance pour lui qu’ils ont été assez amusés pour projeter de le garder en vie encore plus longtemps afin de le torturer, et surtout qu’on était pas loin pour le sortir de ce guêpier.
- Ça lui ressemble, soupira Lame.
Assurément, il avait dû tout prendre de son père au niveau du caractère, même si le physique  gracile d’Anna avait plus déteint sur lui, en faisant l’un des demi-orcs les plus maigres qu’elle ait pu voir dans toutes ces années après la Première Guerre. Peut-être qu’après toutes ces années il avait pu se développer un peu plus, elle aurait bien aimé être fixée rapidement. Elle avait juré de retrouver ce neveu impromptu lorsqu’elle quitterait le manoir, et elle ne comptait pas déshonorer la mémoire de sa soeur en ne le faisant pas.
- Du coup je lui ai appris quelques manières, continua Tilly, afin qu’il ne refasse plus les mêmes erreurs. Il est devenu un bon voleur pendant tout ce temps qu’il a passé avec nous, même s’il est resté très impulsif et bouillant de caractère... ça doit être un truc bien imprimé dans le sang de son père pour que ça aie pas changé. Et avec mes potes de la patrouille on lui a même donné un nom : il s’appelle Talzar maintenant, faudra pas l’oublier quand vous le reverrez. Mais ça fait déjà plusieurs années qu’il m’a pas donné de nouvelles... tch, sale gosse.

La gnome finit sur une moue pendant que son oeil unique semblait briller ; assurément, malgré ses manières bourrues elle avait une certaine affection pour le demi-orc. Pour une fois qu’elle obtenait des informations concrètes sur ce qu’il était advenu de son neveu, Lame entrevoyait un peu plus d’espoir de le retrouver. Le fait que Tilly l’avait pris en charge et entrainé afin qu’il soit capable de survivre en tant que voleur augmentait surtout les chances qu’elle le retrouve enfin, bel et bien en vie.
- Je vous remercie de vous être occupée de mon neveu, même s’il n’était qu’un enfant inconnu et un sang-mêlé. C’est une chose que bien peu de gens auraient fait, et j’en sais quelque chose... Mais du coup, Anvil, est-ce que le témoignage de Tilly était tout ce que tu avais à rapporter ?
- Nan, répondit le nain, justement je profite de la transition. Je crois qu’on sait tous que VanCleef des Défias a été exécuté récemment...
Lame sentit sa peau se hérisser quand elle entendit ces noms, et comprit tout de suite ce qui était en jeu : Talzar s’était impliqué avec les renégats d’Elwynn, avait donc mal choisi son camp, et maintenant devait en subir les conséquences. Tilly se cogna la tête contre ses deux mains gantées, affichant autant de consternation et d’inquiétude que la voleuse humaine pouvait en ressentir pour son neveu. Le nain, voyant les réactions que son début de rapport suscitait, agita les bras en tentant de se rattraper :
- Oh ! Non, non, non ! Ce n’est pas ce que vous croyez ! Enfin... Oui, il a bien porté le masque rouge pendant un moment, mais il n’est pas en danger de mort ! Pas vraiment. Disons qu’on doit le juger à la Colline des Sentinelles au lieu de l’exécuter tout de suite.
- Qu’est-ce que ça veut dire... ? marmonna Lame avec un air suspicieux.
- Un sentiment de reconnaissance populaire m’dame.
- Et donc là, il est encore en prison ? demanda Tilly.
- Ouep. Ils l’ont capturé au début de cette semaine en fait.
- Il y est toujours ?!
- Ben... oui.
La populace de la Marche de l’Ouest avait demandé un tribunal pour un demi-orc, qui plus est un qui s’était ligué avec les Défias ? Lame vit Tilly grogner, puis échanger un regard contrarié avec elle. Décidément, c’était une journée très remplie, surtout si elle devait enfin retrouver son neveu, Talzar, donc, et apprendre en une fois tout ce qu’il avait fait depuis qu’il s’était échappé du manoir. Avait-il d’ailleurs déjà retrouvé son père, et exercé sa vengeance ? Elle verrait.
- Anvil, tu me donneras tous les détails en route, dit-elle. Je vais nous commander des griffons afin d’arriver là-bas le plus vite possible.
- Je viens aussi ! grommela la gnome en lui emboitant le pas. Ça fait longtemps que j’ai pas revu le petiot, et là je crois bien que son professeur lui manque. Comment ça, il est pas fichu de se sortir de taule en moins d’une semaine ?! Non mais je lui en mettrai moi, surtout s’il arrête de pratiquer ce que je lui ai appris dès que je suis plus dans les parages ! Gamin stupide !
* * *

Lorsque le demi-orc s’était enfui, elle ne s’en était pas autant soucié que cela. Elle l’avait certes mieux toléré que tous ses autres frères et soeurs, leur père et leur mère dans ses derniers jours, mais pas au point de se prendre d’affection pour lui ou de s’en rapprocher.
Il pouvait être un demi-orc, la progéniture d’un viol, le fils de sa soeur, être innocent ou coupable à cause de cela, rien de tout cela n’importait pour elle, cet enfant n’était même pas le seul de la lignée qu’elle avait exclu de sa vie. Depuis la tragédie de la chute de Hurlevent, elle s’était isolée de toute la famille. Au départ, elle n’avait plus parlé à qui que ce soit, enfermée dans son mutisme à mesure qu’elle constatait l’horreur de la réalité du monde, maintenant que les beaux murs polis du manoir avaient été détruits.
Thomas avait quand même réussi à l’atteindre et à lui donner espoir en l’avenir - après tout, lui connaissait cette facette du monde depuis bien plus longtemps, étant un bâtard de la famille. Cela ne le faisait malgré tout pas se rapprocher du demi-orc, qui rappelait à tous le viol d’Anna. Et comme il adorait sa demi-soeur, il le haïssait pour en être le produit.

De son côté, elle avait développé un fort ressentiment contre sa famille, avec comme seules exception de la pitié et des restes d’amour pour l’infortunée Anna, ainsi que le sentiment de proximité et de respect mutuel pour Thomas qui avait survécu à la tragédie. Elle ne pouvait pas sincèrement détester son “neveu” demi-orc, mais quand il s’agissait de son père, c’était une toute autre histoire.
Elle se souviendrait toujours de la fois où il lui avait passé un savon magistral pour être toujours aussi froide et maussade à la maison, pour s’habiller comme un garçon (elle avait une aversion pour les robes depuis qu’elle avait vu dans quel état Anna s’était retrouvée lors de la chute), et encore d’autres reproches qu’elle avait oublié tellement ils étaient futiles et ne valaient pas la peine d’être remémorés. Au final, il s’était énervé face à la façade de calme imperturbable qu’elle lui offrait - même si elle savait que ses yeux auraient pu lui jeter des éclairs à ce moment-là tellement elle était en colère contre lui. Il lui avait même lancé qu’il aurait préféré que ce soit elle qui passe entre les pattes des orcs plutôt qu’Anna...
Et c’était ainsi que son père était l’une des rares personnes envers qui elle ne pourrait ressentir que de la haine pour tout le reste de son existence, même si elle était capable d’une très grande maîtrise d’elle-même. Quand bien même elle comprenait sa peine et sa colère, rien de tout cela ne justifiait qu’il souhaite à sa fille cadette de s’être fait violer à la place de la plus grande, juste parce qu’elle ne parvenait plus à rentrer dans le moule de petite noble qu’on lui avait préparé depuis sa naissance.

C’était pour cela qu’elle avait prévu de quitter sa famille pour de bon. Elle n’en pouvait plus de cette vie où elle ne contrôlait rien, comme lors de la tragédie. Elle ne voulait plus être une marionnette, une gamine qui subissait tout et ne pouvait rien faire pour aider réellement son peuple. Parce que comme elle fuguait fréquemment, elle avait vu maintes fois à quel point la populace de Hurlevent souffrait de cette après-guerre, luttant bec et ongles pour subsister dans une misère totale, tandis que des raids orcs continuaient à les opprimer tout le long de la Seconde guerre, que des gens continuaient à mourir et disparaître pour devenir leurs esclaves.
Tout ce qu’elle voulait, c’était prendre une arme, n’importe laquelle, et aider ses compatriotes au long de cette crise. Et pour cela, elle devait quitter ce nid doré dans lequel on essayait de l’enfoncer par peur qu’elle ne s’en aille. Peut-être par crainte qu’elle ne s’écrase si elle le faisait, mais elle se savait capable de voler de ses propres ailes.

Finalement, elle en vint au jour où toutes ses affaires étaient prêtes, ses contacts établis pour s’échapper de la maison et commencer sa carrière ailleurs, loin d’ici. Elle savait qu’elle ne reviendrait probablement plus jamais, mais n’en éprouvait aucune tristesse. Elle se sentait même de plus en plus proche de ce neveu demi-orc, se demandait si lui et elle avaient ressenti cette même excitation, cette appréhension aussi, à l’idée qu’au lever du jour ils seraient bien loin de la tyrannie de cette famille qui ne voulait pas d’eux pour ce qu’ils étaient.
Ce fut le jour où elle devait partir - une fois le soleil couché - qu’Anna demanda tout à coup à lui parler en privé. Ce qui n’était alors pas arrivé depuis un bon bout de temps. Sa grande soeur avait été occupée à rencontrer l’homme qu’elle devait épouser prochainement...
Un type choisi par leur père, évidemment. Mais au moins il avait l’air d’un homme bon et honnête, ce qui changeait dans le milieu de la noblesse. Non, elle n’en avait pas une bonne opinion, même aujourd’hui ce sentiment ne changeait pas.

Anna avait retrouvé un peu de sa beauté perdue à présent qu’elle était entrée dans l’âge adulte, mais même si elle était capable d’afficher un doux sourire, elle ne s’y laissait pas tromper. Ce n’était qu’un masque, une façade qui avait pour but de faire plaisir à leur père et à leur société. À l’intérieur, elle n’était plus que chagrin et mélancolie.

“On dirait que Hurlevent est bien partie pour retrouver sa gloire d’antan.” avait murmuré Anna en prémices à leur conversation.
Sa grande soeur avait peur d’aborder directement le sujet. Elle comprit qu’elle se doutait qu’elle allait quitter leur famille sous peu.
“C’est tout ce que tu voulais me dire ?” demanda-t-elle en réponse.
“Non. Elysea... Je sais que tu t’en vas, que tu vas rejoindre le combat contre la Horde.”
“J’espère que tu n’as pas l’intention de m’en empêcher.”
“À quoi bon... Pour que tu sois aussi malheureuse en restant avec nous ? Non merci.” soupira Anna.
Elle devait admettre qu’elle avait été touchée d’avoir la confirmation que sa grande soeur avait compris son mal de vivre à cause de leur famille, et qu’elle comprenait qu’elle devait s’en éloigner, que ça serait mieux pour elle.
“Est-ce que tu iras dans le nord ?” demanda Anna.
“Probablement. Je préférerais quand même aider les citoyens du royaume à reconquérir leurs terres, ils en ont besoin. Et traquer la Horde, cet orc...”

Le visage d’Anna pâlit quand elle comprit de qui elle voulait parler. Des souvenirs atroces devaient lui revenir en mémoire, mais à part ses mains qui tremblaient et son regard hanté, elle garda un minimum de contenance. Elle s’était demandé si l’idée que justice ait été faite contre son tortionnaire pourrait ramener un peu de lumière dans l’âme de son aînée.
“Il m’a quand même sauvé la vie, quelque part...”, murmura Anna, “Mais à quel prix.”
“Justice sera faite.”
“Non, sa mort n’apportera pas la justice. Il y a plus à faire... Pour mon fils.”
“C’est la première fois que je t’entends l’appeler ainsi.”
Jamais avant Anna n’avait reconnu l’enfant demi-orc issu du viol comme son fils. Elle ne s’était absolument pas occupée de lui suivant sa naissance, et il avait fallu tirer à la courte-paille quelle servante allait devoir le nourrir et le laver. Leur famille s’était montrée très cruelle contre le sang-mêlé ; quand bien même personne ne voulait de lui et qu’il était haï avant même d’avoir eu l’occasion de commettre quelque offense réelle, on le gardait malgré tout en vie parce que c’était considéré immoral de tuer un bébé.
Mais malgré tout ce beau discours sorti tout droit du porche de la cathédrale de la Lumière, il devait devenir l’esclave de la maison jusqu’à ce qu’il ne s’enfuie dix ans plus tard. Et lorsqu’il était allé attaquer Anna pour qu’elle lui dise ce qu’elle savait au sujet de son père, c’était la seule fois où la mère et le fils avaient été réunis... en quelque sorte.


Cet événement où le demi-orc avait agressé Anna devait avoir causé un déclic dans sa conscience, pour qu’elle appelle enfin ouvertement son enfant qu’elle avait rejeté par son silence et sa peur “mon fils”. Une fois qu’elle avait entendu de sa bouche toute la souffrance qu’il avait enduré, elle devait avoir réalisé son erreur... mais pourquoi lui en parlait-elle maintenant ?
“J’aurais dû être plus juste avec lui. Il n’aurait pas dû souffrir autant pour ce que son père a fait... et pourtant j’ai laissé tout le monde être aussi méchant avec lui. Pas étonnant qu’il m’ait menacé d’un couteau quand il s’est enfui. On aurait dû se soutenir l’un et l’autre, et au final je me suis comportée comme une mauvaise mère, et j’en ai fait un véritable bâtard en l’abandonnant comme ça. Je regrette tellement ce que j’ai fait... Il ne le méritait pas, il n’était qu’un bébé. Mon bébé...”
Anna se remit à pleurer à chaudes larmes tout au long de cette confession, puis elle tomba sur les genoux. Elle avait essayé de la réconforter du mieux qu’elle pouvait, bien qu’elle ne savait pas quoi lui dire pour la faire aller mieux. Elle ne voyait pas comment elle allait réussir là où tous avaient échoué au cours de ces dernières années.  
“Pourquoi ramener le sujet maintenant ?” demanda-t-elle. “Tu vas enfin te marier et retrouver une vie qui te convient plus ; on cessera enfin de te mépriser à cause de ce qui t’es arrivé.”
“Rien ne change Ely. J’ai l’impression que c’est la même scène que lorsque j’ai été forcée de... d’être avec cet orc.”
Elle s’était crispée, craignant le pire au sujet du fiancé d’Anna. Mais celle-ci se hâta de la rassurer, bien qu’à moitié.
“Il ne m’a pas maltraitée. C’est juste que je sais qu’il va m’épouser parce que je lui fais pitié, en plus des avantages que ça va lui apporter. Aucun autre homme ne voudra de moi à cause de ce qui m’est arrivé, ils me disent souillée. Lui me donne une chance... mais c’est un acte de charité qui ne vient pas du coeur.”
“Je lui parlerai”, marmonna-t-elle avec colère contre ce noble insensible à la souffrance de sa grande soeur et surtout incapable de lui guérir ses profondes blessures de coeur.
“Non, ce n’est pas la peine, je t’assure... Tu as une carrière à débuter de ton côté.”
“Alors pourquoi est-ce que tu m’en parles ?”
“Parce que je voudrais te demander une faveur, avant que tu ne partes... S’il te plaît, redresse mes torts. Retrouve mon enfant, aide-le à trouver la paix dans son existence, à devenir un homme bien. Je ne trouverais jamais le repos si jamais sa vie a été gâchée par ma faute...”
* * *


Le garde leur pointa du doigt la porte de la cellule dans laquelle se trouvait le fameux prisonnier. Lame sentait un étrange mélange d'appréhension et d’accomplissement monter en elle, ainsi que la tristesse qu’elle avait éprouvé à cause du sort ultime d’Anna. Elle se posait maintenant une montagne de questions tout en pensant que Talzar était juste en face d’elle, encore caché par un panneau de bois, mais malgré tout si proche après qu’elle l’ait cherché pendant des années.
Il devait avoir incroyablement grandi après tout ce temps ; déjà il était presque un homme, avec ses dix-neuf ans. Comment est-ce qu’il s’était développé au cours de cet exil ? Ressemblerait-il plus à son père orc, ou avait-il gardé ces traits si humains de sa mère ? Elle se demandait comment est-ce qu’ils allaient réussir à communiquer, comme c’était la toute première fois qu’elle lui parlerait véritablement. Il risquait fort de lui être hostile, ce qui pouvait être compréhensible. Mais elle voulait malgré tout pouvoir l’aider, elle l’avait promis à Anna avant qu’elle ne disparaisse.
- C’est quand vous voulez miss, lança Tilly Coutelas. Moi j’irai lui dire un mot de toutes manières.
Elle ferma les yeux et prit une grande inspiration, le temps de calmer les tensions internes qui risquaient de lui faire perdre le contrôle. Ce n’était absolument pas le moment de décrocher, et il n’était pas question de trahir sa promesse d’aucune façon. Lame fit signe au garde, qui ouvrit la porte de la cellule, puis laissa le passage aux trois voleurs.

Même si la pièce n’était pas très bien éclairée, la lumière qui entrait de la petite fenêtre en hauteur permettait quand même de voir les visages de ceux qui y étaient présents. Elle put ainsi redécouvrir le demi-orc, qui était assis sur une chaise à laquelle il y était menotté, en face d’une table d’interrogation qu’on avait préparé spécialement pour l’entretient qui allait suivre.
L’émotion manqua de submerger Lame alors qu’elle détaillait Talzar, lequel la regarda également avec d’abord lassitude, puis avec surprise et colère comme il la reconnaissait. Comme elle l’avait déjà noté auparavant, lorsqu’il était petit, son neveu avait les superbes yeux bleus d’Anna, qui malgré le regard farouche qu’ils lançaient restaient humains. Cette façon de reconnaître sa soeur la prit au coeur, et elle parvint de justesse à empêcher que des larmes se frayent un chemin vers ses yeux si noirs en contraste...
La ressemblance avec Anna s’arrêtait cependant aux yeux, parce qu’en-dehors de cela et de sa musculature digne d’un humain mâle de base, il avait énormément pris de son père. Entre sa peau d’un vert grisonnant, ces crocs sous-développés qui émergeaient de sa bouche pourtant fermée, ces oreilles pointues, son héritage issu des envahisseurs de Draenor était flagrant. Dans les traits de son visage elle pouvait reconnaître l’orc qui s’était emparée de sa mère le temps d’une nuit de cauchemar, tel qu’elle l’avait plus tard reproduit sur un croquis à la demande impérieuse de Talzar - pour rajouter au tableau, il avait la même couleur de cheveux bleu sombre.

Personne ne disait encore mot, mais Lame était prête à entamer la discussion à présent que le choc de la découverte était passé. Elle n’en avait rien à faire que Talzar la regarde avec autant de fureur depuis ses yeux maternels, elle avait maintenant la résolution qu’elle ne quitterait pas cette pièce tant que son neveu accepterait qu’elle l’aide à s’en sortir. Avant qu’elle ne puisse s’emparer de la chaise vide et s’asseoir en face du demi-orc, cependant, Tilly bondit comme un chat sauvage sur la table, faisant face à son élève qui ouvrit de grands yeux surpris en la voyant, pendant que ses traits semblaient se détendre quelque peu.
- Talzar ! cria la gnome. Tu vas m’expliquer tout de suite comment ça se fait que tu sois menotté dans cette prison depuis une semaine, malgré tout ce que je t’ai appris ! Non mais quel fauteur de troubles tu fais, et pourquoi en plus est-ce que je n’ai pas reçu un seul mot pendant toutes ces années ! Hein ?!
- Grah... Pardon Tilly, je pensais que t’étais morte avec tous les autres gnomes, grommela le demi-orc en levant les yeux au ciel.
- Idiot, t’avais juste la flemme de pratiquer ton écriture, j’en suis sûre ! T’as oublié que je suis une survivante ou quoi ? Maintenant tu vas me faire le plaisir d’écouter ce que la dame ici présente a à te dire, ça fait un bon bout de temps qu’elle aussi te cherche !
Talzar reporta son attention sur Lame, qui regarda à son tour Tilly afin de lui faire comprendre qu’elle voulait pouvoir prendre place à la table. La gnome acquiesça, et bondit sur le sol en laissant le champ de vision libre pour la voleuse, qui s’assit tranquillement en face du demi-orc. Celui-ci se renfrogna comme elle se mettait à son niveau.
- Bonjour Talzar, dit-elle en gardant son calme. Me reconnais-tu ?
- Elysea DeChapel..., marmonna-t-il avec rancoeur. Comment va la famille alors ? Ah non, en fait j’en ai rien à foutre.
- Ça tombe bien, moi non plus. Quoique je ne serais pas aussi vulgaire, mais passons, j’ai vu bien pire. Et pour toi ce sera “Lame” dorénavant.
- Grand-père t’as foutue a la porte finalement ?
- C’est moi qui suis partie, pour les mêmes raisons que toi, Talzar... J’aime bien ce nouveau nom d’ailleurs.

Finalement, la nouvelle qu’ils étaient aussi déshérités l’un que l’autre ne sembla pas le convaincre de vouloir se rapprocher d’elle. C’était dommage, cependant elle ne se démonta pas aussi rapidement. Elle laissa le silence planer, attendant qu’il se lasse de son attitude fermée et que sa curiosité prenne le dessus, ce qui ne tarda pas à arriver en fin de compte.
- Et donc qu’est-ce que tu veux, pourquoi tu me cherchais ?
- Ta mère m’a fait promettre de te retrouver et de t’aider.
- Je n’ai pas besoin de sa pitié, grommela-t-il.
- Non, mais tu aurais eu grand besoin de son amour de mère, ce qu’elle a échoué à te donner, et qu’elle regrette.
- Dans ce cas pourquoi est-ce qu’elle n’est pas venue elle-même au lieu d’envoyer sa petite soeur qui n’en a jamais rien eu à foutre de moi jusqu’à présent ?! rugit-il.
Lame avait du mal à lui en vouloir pour une réaction aussi violente, vu qu’il avait toutes les raisons du monde pour être autant en colère. Ni elle ni personne ne pourrait sainement lui reprocher d’insulter le manque d’implication d’Anna à essayer de le retrouver, et elle était encore moins bien placée pour cela vu qu’elle avait été incapable de comprendre ce que sa grande soeur s’était déjà préparée à faire dès le jour où elle lui avait demandé de retrouver Talzar pour elle.
- Elle est morte, avoua-t-elle avec un ton chagriné.
- Quoi ?! s’exclama le demi-orc, choqué.
- Elle s’est jeté dans le canal, dans la semaine après mon départ... Sans espoir pour l’avenir, elle n’en pouvait plus de vivre. Et je l’ai compris trop tard. Son dernier souhait était que toi, tu puisses survivre dans ce monde.
Talzar était complètement atterré par cette nouvelle dévastatrice, et s’enfonça vers le dossier de sa chaise, le regard hanté. Elle le voyait devenir incroyablement nerveux alors qu’il digérait l’idée que sa mère s’était suicidée, et elle se demandait s’il pensait seulement que malgré ce geste elle avait souhaité qu’il ne connaisse pas un sort aussi misérable. Il secouait de temps en temps la tête, refusait de la regarder dans les yeux à présent, et sombrait dans un état qui faisait de la peine à regarder.
- Bon sang, mais c’est horrible ! s’exclama Tilly, outrée. Et vous le lui jetez à la figure comme ça !
- Je vais bien Tilly ! marmonna Talzar avec un ton qui prouvait le contraire.
- Tu rigoles ?! répliqua-t-elle.

Mais le demi-orc restait muet malgré tout, poussant la voleuse à tenter le contact comme il s’était accoudé à la table et se cachait la tête dans ses mains. Alors qu’elle essayait de lui prendre le bras, il se retira brusquement en poussant un rugissement furieux et désespéré.
- Anna n’est pas morte par ta faute ! affirma Lame sans fléchir dans son intention.
- LA FERME ! hurla-t-il au sommet de sa voix, qui résonna dans la pièce en faisant trembler les murs. RIEN DE TOUT ÇA NE SERAIT ARRIVÉ SANS CE CONNARD D’ORC ! JE NE SERAIS PAS LÀ, MA MÈRE NE SE SERAIT PAS TUÉE COMME UNE CLOCHARDE ! ET LE PIRE C’EST QUE CET ENFOIRÉ DE SALOPARD DE FILS DE CHIENNE EST ENCORE EN VIE ET J’AI AUCUN MOYEN DE SAVOIR QUI IL EST !!!
La violence de son cri était telle que même Lame recula par instinct, plus que parce que Talzar hurlait tellement fort que ses tympans se mirent à siffler à cause du choc - Tilly et Anvil avaient eux-même mis les mains sur les oreilles pour s’en couvrir. Elle était impressionnée par cette démonstration de fureur pure qui sortait tout droit du coeur d’un homme injustement tourmenté par la vie, et elle se sentait y adhérer avec une très grande facilité. Si elle n’avait pas eu cette facilité naturelle à bannir toute émotion et accès de rage pour garder un avantage dans sa profession, elle aurait très bien pu réagir ainsi.
Une fois qu’il tomba à court de souffle, Talzar se laissa complètement retomber sur la table avec accablement. Il ne pleurait pas, mais s’ils le laissaient seul, c’était probable qu’il ne se retiendrait pas une fois isolé. Après avoir attendu que la tempête soit fini, Lame se rapprocha encore de son neveu, qui ne chercha même pas à la repousser, surement trop fatigué à présent pour résister.
- Je comprends ta douleur Talzar, dit-elle doucement, parce qu’il s’agit de ma soeur, mais aussi de toi qui est son fils, et donc mon neveu. Cet orc a commis un crime immonde, et il doit être en répondre devant la justice, qu’importe si ce sera celle de son peuple ou la nôtre.
- Et comment tu vas réussir là où j’ai échoué pendant toutes ces années..., marmonna Talzar.
- J’ai été promue commandante d’unité au SI:7, j’ai un réseau et des ressources que tu n’avais pas. Ce qui tombe à merveille, c’est qu’on m’a demandé de trouver des hommes et femmes de valeur pour constituer une nouvelle unité... Je veux que tu en fasses partie.
Le demi-orc releva lentement la tête quand elle émit cette demande, et lui adressa un regard témoignant de son scepticisme.
- Sérieusement ? fit-il.
- Où est-ce que tu veux aller autrement ? En plus c’est ta meilleure porte de sortie hors de cette prison. Même si la populace t’as accordé un sursis parce que tu as sauvé plus d’une jeune fille des mêmes horreurs dont ton père est coupable, tu as quand même été membre des Défias, un ennemi du royaume... en plus un demi-orc, que nombre de juges voudront condamner au bûcher par pure bigoterie.

Talzar garda le silence encore un moment, le temps de réfléchir. Mais comme elle l’avait espéré, il hocha la tête, l’air d’accepter l’offre - il devait cependant encore écouter les conditions. Lame ne voulait pas intégrer son neveu juste pour qu’il puisse piocher dans leur réseau, trouver son père, avoir sa vengeance puis ne pas savoir quoi faire de sa vie après cela et éventuellement finir comme sa mère. Elle avait promis à Anna de veiller sur lui et de lui permettre de grandir et d’avoir une vie qui lui conviendrait plus que celle d’un bâtard qui n’aurait comme seule obsession que la mort de son géniteur, et elle le ferait.
- Cependant, continua-t-elle, avant de commencer les recherches je veux que tu sois au moins prêt à affronter cet orc qui est ton père. Il te faudra fournir des efforts au sein du SI:7 si tu veux atteindre rapidement ton objectif sans entraves, et pour cela prouver ta valeur tandis que tu seras sous mon commandement.
- Maintenant tu ne vas pas m’aider ? grogna-t-il. Je ne te suis plus.
- Bien sûr que si, je vais t’aider. Mais il faut aussi que tu réalises qu’on ne peut pas tout obtenir sans rien fournir en échange. Tu es dans une situation délicate, et même si je t’offre une occasion en or d’échapper à la prison et peut-être à la condamnation à mort si jamais tu ne devais pas avoir de chance avec tes juges, on attendra de toi que tu fasses tes preuves, parce que tu as été un membre des Défias. Vrai, ou faux?
- C’est vrai... Mais je n’avais pas le choix, il fallait bien survivre.
- Possible, mais cela on n’en a pas grand chose à faire, parce que VanCleef et ses hommes sont des ennemis du royaume, et donc de l’Alliance. Et quand bien même j’affirmerai que tu n’es pas comme eux et que tu es de notre camp, il va falloir que toi tu agisses dans ce sens, au lieu de repartir de ton côté pour faire tes recherches individuelles et donc de te mettre dans une situation encore plus délicate.
Même s’il voulut chercher à argumenter un peu plus, Lame vit que Talzar avait conscience qu’il ne serait pas tiré d’affaire parce qu’elle obtiendrait qu’il soit libéré pour qu’il les accompagne. Ça ne lui plaisait visiblement pas de devoir faire comme elle lui disait de faire, vu que tout ce qui l’intéressait c’était d’avoir sa vengeance, encore plus maintenant qu’il avait appris qu’Anna s’était tuée en conséquence de ce qui lui était arrivé. Néanmoins, comme Tilly vint éventuellement l’appuyer, qu’il soit voleur, traqueur ou assassin, s’il voulait parvenir à ses fins, il devrait apprendre une qualité essentielle et dont il manquait encore, la patience.

Et qu’est-ce qu’il en aurait besoin, de patience, parce qu’elle n’allait pas le lâcher tout de suite après l’orc qui avait violé Anna et détruit leurs vies à tous. Son neveu allait devoir apprendre à trouver sa propre voie dans la vie, indépendamment de sa soif de vengeance, que cela lui plaise ou non.
Il était tout ce qu'il lui restait de sa soeur qu'elle n'avait pas pu protéger quand elle était une enfant, et elle refusait l'idée de le laisser s'enfoncer dans la misère et la souffrance. Demi-orc, progéniture d'un viol, voleur, ancien Défias, elle se moquait bien de ce que ses collègues pourraient dire lorsqu'elle le ramènerait au SI:7. Talzar était la seule personne qu'elle pourrait dorénavant appeler de sa famille, et elle le protégerait en conséquence.
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Lame - Le Sang du Voleur
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